Chapitre 44 : Chacun ses secrets

ShiroiRyu
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Chapitre 44 : Chacun ses secrets

« Il faut que j’aille la retrouver. J’ai été stupide. » dit Earnos, prêt à retourner dans le désert pour rechercher Lisian. Il savait pertinemment qu’il avait été un peu trop violent. Olistar et Férast n’essayèrent pas de l’en empêcher. « Elle avait l’air vraiment sincère quand elle ne savait pas … Et je suis autant fautif qu’elle sur le moment. »

« Si tu as compris ta bêtise, au moins, ça permettra d’avoir de meilleures relations. Je savais tout ça rapport aux Cheniselles. C’est pourquoi je t’ai empêché de trop te rapprocher d’elle. Du moins, jusqu’à ce que tu puisses apprendre la vérité. D’ailleurs, ce Libegon n’a pas été doué sur le coup. Il aurait pu voir que Lisian ne se sentait pas bien. »

« Ce que le Libegon a fait ne m’intéresse pas du tout. Je veux retrouver Lisian qui doit être perdue dans le désert. Pourquoi est-ce que tu as fait ça, Olistar ? »

« Car je ne suis pas habitué à te voir en colère et que ça ne servait à rien de te parler car tu ne m’écoutais pas. As-tu d’autres questions où tu veux que l’on y aille enfin ? » demanda le Rapion calmement pour bien montrer qu’il était aussi pressé que lui de retrouver Lisian.

« Nul besoin de se déplacer pour elle. Vous risqueriez de vous perdre vous aussi dans le désert. » annonça un Libegon âgé d’une vingtaine d’années, qui avait été mis au courant de la situation par le vieux Libegon. « Nous allons nous occuper de la rechercher avec d’autres personnes. Néanmoins, il se pourrait qu’elle soit emmenée dans un autre clan de Libegons, pas simple mesure de précaution. »

« Hein ? Mais pourquoi ça ? Je dois aller m’excuser quand même pour ce que j’ai dit. Ce n’est pas normal qu’elle soit emmenée ailleurs. Il vaudrait mieux que ça soit moi ! » s’écria Earnos, peu enclin à ne pas revoir la jeune fille qu’il avait fait souffert. De plus, c’était elle qui semblait avoir été le plus affectée par cette découverte. Son père avait été tué par sa mère qui lui avait donc menti à ce sujet.

« Earnos … Je pense que la proposition de ce Libegon est la meilleure. » dit le Rapion, voulant éviter que le Coconfort s’emporte une nouvelle fois. Férast murmura :

« Peut-être que Lisian n’est pas la seule Cheniti ou la seule Cheniselle à vouloir aimer réellement un homme … Mais elles n’ont pas le choix. C’est comme des règles ancestrales qu’elles ne peuvent pas éviter. »

« C’est un peu ça, Férast. Les rares Cheniselles qui agissent de la sorte préfèrent s’enfuir avec leurs maris mais souvent, elles sont retrouvées et leurs maris sont tués devant leurs yeux. Ensuite, d’après mes souvenirs, soit la Cheniselle traîtresse est tuée … Soit … Non, vous êtes encore trop jeunes pour les détails. Sachez juste qu’une Cheniselle traîtresse peut ne plus avoir d’enfants … Cette race d’insectes est monstrueuse en soi … mais pas toutes les femmes qui en sont issues. C’est comme pour les Scorvols et les Scorplanes, tous ne sont pas méchants. » reprit Olistar. Earnos sembla réfléchir aux paroles du Rapion, songeur pendant de longues secondes. Une idée lui avait traversé l’esprit tout simplement … Aussi simple que ça.

« Et ça ne serait pas possible d’essayer de motiver les Cheniselles qui veulent être indépendantes ? En les protégeant bien entendu … Et pareil pour les Scorvols et les Scorplanes … Je veux dire … S’il est possible de changer leurs caractères … Je ne sais pas, du genre, ils pourraient facilement aider les autres insectes. Tous les insectes ne sont pas capables de voler aussi bien qu’eux. Alors, ils pourraient les sauver. Ou alors, aller chercher de la nourriture dans les montagnes. Enfin … Y a sûrement d’autres races d’insectes pour ça. Mais je trouve que ça ne serait pas une si mauvaise idée. »

« … … … Earnos. » murmura Olistar, un petit soupir tendre sortant des lèvres du Rapion. Quoi ? Qu’est-ce qu’il avait dit ? Avec une telle réaction, il avait peur d’avoir murmuré une bêtise. Mais le Libegon souriait aussi à sa proposition. Et même Férast cachait faiblement un sourire discret sur son visage. Quoi ? Qu’est-ce qu’il avait dit ?

« D’ailleurs … Messire le Rapion, il semblerait qu’il y a quelque chose vous concernant et qu’il faudrait que nous mettions en clair avec les autres Libegons. »

Hein ? Maintenant, c’était quoi par rapport à Olistar ? D’abord surpris, l’adolescent aux cheveux violets parut un peu sur le choc comme pour réfléchir ce que ça pouvait être. Puis finalement, il fit plusieurs gestes de la main pour dire que ce n’était pas bien grave.

« Ne vous en faites pas, il n’y a aucun problème ! Je peux facilement me débrouiller ! »

« Vous en êtes sûrs ? Nous ne comprenons pas pourquoi … vous faites ceci. Si vous pouviez vous expliquer avec les quelques Libegons présentes, je pense que ça sera bien mieux. » reprit le Libegon âgé d’une vingtaine d’années.

« Je le ferais, je le ferais … Mais maintenant, il faudrait que l’on aille s’entraîner avec Earnos et Férast. Même sans Lisian, on ne peut pas perdre de temps. » coupa court à la discussion l’adolescent aux cheveux violets.


Il emporta le Coconfort avec lui, Férast derrière eux. Qu’est-ce qui se passait avec le Rapion ? Il ne se comportait pas comme ça d’habitude non ? Le Rapion savait quelque chose que lui-même et Férast ne savaient pas. D’ailleurs, peut-être était-ce …

« Olistar ? Ce que le Rapion voulait dire … Etait-ce que tu voulais me dire avant que Lisian ne vienne t’interrompre et avant tout ce qui a été dit sur les Cheniselles ? »

« Hum ? Hein ? Euh … Ah non ! Ce n’est pas ça du tout ! Loin de là même ! Ne t’en fait pas pour ça, ce n’est pas du tout important. C’est juste un petit détail sans importance en ce qui me concerne. Sincèrement, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. »

« D’accord … Si tu le dis, mais si c’est un problème, je peux venir t’aider hein ? »

« Oh … Je ne crois pas que tu puisses m’aider … Mais des fois, je me dis que ça serait tellement mieux que ça se passe autrement. Enfin, ça serait beaucoup plus facile. » rétorqua le Rapion avec un petit sourire au coin.

De quoi est-ce qu’il parlait ? Il avait encore l’impression que l’adolescent cachait quelque chose d’important. Même s’il prétendait le contraire, on ne pouvait pas reconnaître que ça semblait être … assez important pour le Rapion. Peut-être pas pour eux mais … OUPS ! Il ne devait pas penser à ça mais plus se concentrer par rapport à son entraînement. D’ailleurs, Sania était revenue pour accompagner les Kraknoix. Il se passait quelque chose ? D’après le regard qu’elle lui lançait, il était concerné par ce qu’elle allait dire.

« Après ces derniers mois, nous avons pu remarquer un petit détail te concernant, Earnos. » dit-elle en l’observant longuement.

« Ah bon ? Lequel ? Ce n’est pas trop grave, j’espère. » murmura le jeune garçon.

« Nullement … C’est un détail que m’ont rapporté les enfants. Il semblerait que tu sois toujours le dernier à t’écrouler lors des entraînements, n’est-ce pas ? D’ailleurs, il semblerait aussi que tu sois de plus en plus difficile à faire s’évanouir et à assommer. »

« Ah ? Euh … Vous parlez de ça ? Est-ce que c’est important ? Ou alors grave ? »

« Nullement … Nous pensions juste que tu as une endurance hors du commun. Connaitrais-tu la raison qui fait que tu as une telle capacité de résistance ? Ce n’est pas normal … Bien que les Coconforts soient basés sur leur endurance la majorité du temps, ton corps semble vraiment résistant, bien plus que ne le serait un simple Coconfort. »

Mais il n’avait pas d’explication à donner. Il avait toujours été comme ça. Toujours à porter de lourdes charges, à donner son maximum pour son travail. Il ne voyait pas pourquoi ça changerait maintenant. C’était aussi simple que ça … Enfin à ses yeux. Il haussa les épaules pour bien répondre à la femme Libegon.

« Hum … Je vois, je vois … Toi-même, tu n’es pas vraiment au courant à ce sujet. »

« Il s’est entraîné avec moi depuis plusieurs années dans l’armée du royaume des insectes. C’est peut-être pour ça qu’il est plus que costaud, le petit Earnos. »

« Hey ! Je ne suis pas forcément très grand par rapport à toi, mais je te rappelle que c’est parce que tu as quelques années de plus que moi, Olistar ! » rétorqua le Coconfort, un peu gêné par l’appellation du Rapion.

« Roh … Tu n’as pas à t’en faire. Tu es déjà bien plus grand d’une autre façon, Earnos. Oh oui … Tu me l’as encore montré aujourd’hui. »
Mais maintenant, il valait mieux pour eux qu’ils retournent s’entraîner, espérant que Lisian reviendrait quand même assez tôt. D’ailleurs, il était motivé, très motivé … et Olistar aussi. Mais Férast de même. Le Pomdepik semblait de plus en plus enclin à s’entraîner et à faire parler de lui, ce qui était vraiment une très bonne chose.

Très très loin du désert, là où le sable n’était guère présent que dans des bacs, une jeune fille aux cheveux blonds observait l’extérieur à travers les vitres de sa fenêtre. Portant un rubis qui semblait être ancré sur le crâne. Elle poussa un profond soupir, murmurant :

« C’est d’un ennui … et ils ne font rien pour arranger les choses. Père ne fait que des bêtises depuis quelques mois. Ça va lui causer de plus en plus de problèmes. Pourquoi ne veut-il pas comprendre que ça ne sert à rien, tout ce qu’il fait ? »

Vraiment … Pourquoi ne pas accepter tout ça ? Pourquoi ne pas vouloir la laisser sortir ? Elle n’était pas fragile comme du verre ! Elle était une Apireine, comme sa mère ! Elle pouvait parfaitement vivre son existence en-dehors de sa chambre !

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