Chapitre 60 : Finalement arrivé

ShiroiRyu
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Chapitre 60 : Finalement arrivé

La nuit était finalement tombée. Ils avaient mangé sans pour autant quitter le charrette. Dehors, l’obscurité était présente. Pourtant un peu de lumière était visible puisqu’il pouvait apercevoir les arbres grâces aux petites lampes accrochées à l’intérieur du charrette. Déjà une grande majorité des personnes était en train de dormir. Lui ? Eh bien, il ne dormait pas. Avec Katérina, depuis un mois, ils marchaient même pendant la nuit alors bon …

« Je devrais peut-être quand même m’endormir … surtout si nous arrivons demain. » souffla-t-il doucement alors qu’il tournait son visage vers Katérina. L’adolescente avait les yeux grands ouverts, sans pour autant prendre la parole.

Finalement, la femme de l’Antre des Artisans s’approcha de lui, lui tendant une couverture de laine brune, assez grosse et grande pour lui permettre d’emmitoufler Katérina avec. Il remercia la femme de l’Antre, remarquant qu’il ne lui avait même pas demandé son prénom. Néanmoins, cela attendrait demain. Il vint murmurer à Katérina :

«  Tu as vu ? Au final, nous avons une couverture pour nous recouvrir tous les deux. C’est une bonne chose non ? Tu ne crois pas ? Tu en veux un peu ? »

Aucune réponse de la part de l’adolescente. Celle-ci avait toujours les yeux ouverts pourtant. Pourquoi est-ce qu’elle ne lui répondait pas ? Est-ce qu’il l’avait énervée ? Il espérait que ce n’était pas le cas car il n’avait jamais voulu une telle chose ! Il n’était même pas au courant, c’était pour dire ! Il vint approcher une main du bras droit de l’adolescente pour la faire réagir mais même à son contact, rien du tout.

« Katérina ? Ça ne va pas ? Katé … »

La tête de l’adolescente pencha sur le côté, venant atterrir sur son épaule alors qu’il évitait de pousser un cri de surprise. Se contrôler … et ne pas avoir peur. Les yeux de Katérina restaient grand ouverts mais il entendant maintenant le souffle de l’adolescente. Elle dormait ? Elle était en train de dormir les yeux ouverts ? C’était vraiment très spécial. Il passa sa main devant ses yeux, les aidant à se refermer.

« Bon ben … Euh … Je vais devoir tout faire pour que tu dormes bien, Katérina. »

Il souleva la couverture, l’étendant correctement avant de bien la placer sur le corps trop court vêtu de Katérina à son goût. Puisque l’adolescente dormait sur son épaule, il allait devoir faire attention à ne pas la réveiller et cela en évitant de bouger le moins possible.

C’était bizarre pour lui d’avoir Katérina qui dormait paisiblement contre son épaule. Très bizarre même. L’adolescente n’était pas du genre pourtant à faire une telle chose. Est-ce qu’elle était vraiment trop fatiguée ? Et qu’elle était tombée d’épuisement ? Elle semblait si fragile en ce moment même. Comme une poupée de porcelaine qu’on risquait de briser si on la touchait en ne faisant pas attention.
Peut-être était-ce un peu trop présomptueux de sa part mais avec un peu de gêne, il vint placer son bras gauche autour de la hanche de Katérina pour pouvoir la serrer un peu plus contre lui. Elle était chaude … C’était vraiment une sensation plaisante que d’avoir un corps chaud contre le sien. Et en même temps, ce n’était pas de l’excitation qu’il ressentait.

C’était autre chose … Quelque chose de plus doux et tendre. Il ne savait pas vraiment … Mais là, comme elle ne parlait pas, comme elle ne faisait rien, comme elle dormait … tout simplement, il avait une autre impression à son égard. Il espérait ne pas trop en profiter mais maintenant qu’il avait une main autour de la taille de Katérina, il vint placer sa seconde main autour d’elle comme pour l’enlacer.
Sa tête posée contre la sienne, il la serrait dans ses bras pour ne pas la lâcher. La couverture tomberait surement pendant la nuit mais il en avait envie. Il avait envie d’être comme ça avec elle. Avec Sélia, c’était arrivé rarement ce genre de situations mais en même temps, Sélia avait quelques années de plus que lui.

De toute façon, ce n’était pas très important. Le plus important, c’était le fait qu’il avait l’adolescente dans ses bras. Pour lui, ça valait tout l’or du monde à l’heure actuelle, rien de plus, rien de moins. Il avait envie de la garder le plus longtemps possible dans ses bras et de ne jamais la lâcher. Pourquoi est-ce qu’il pensait ça ? Pourquoi est-ce qu’il ne lui disait pas ça quand elle était réveillée ? Car l’adolescente avait un comportement trop exubérant.

Du moins quand elle était réveillée. Car pendant qu’elle dormait, elle avait tout d’un ange. Un véritable ange tombé des cieux. C’était pour ça qu’il devait la protéger comme il le lui avait promis. Cela avait été une demande incongrue de la part de Katérina mais il l’avait parfaitement acceptée. Ça lui semblait tellement normal … de son côté mais il essayait de raisonner en mettant ses sentiments de côté.
Est-ce que Katérina était plus faible qu’il ne le pensait ? Non ! Quand même pas ! C’était juste qu’il aurait bien aimé avoir affaire à la véritable Katérina. Du moins, une autre parcelle de la part de l’adolescente. Bah ! De toute façon, pour le moment, il s’en fichait royalement. Tant que Katérina n’ouvrait pas les yeux brusquement pour le frapper et lui crier qu’il en profitait un peu trop, c’était bon pour lui.
« Eh bien, eh bien … On dirait qu’elle avait déjà fait son choix avant même d’arriver dans le charrette, n’est-ce pas ? Il n’avait aucune chance. »

Il rouvrit ses yeux pour apercevoir la femme de l’Antre des Artisans. Celle-ci était assise en face d’eux, un sourire tendre aux lèvres. Elle-même avait une couverture sur le corps. Il sembla surpris par ses paroles avant de dire :

« Comment ça ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? Elle avait déjà fait son choix ? »

« Et bien … Elle semblait être accrochée à toi avant même que vous montiez dans le charrette, n’est-ce pas ? Tu ne l’as pas remarqué ? »

« Je ne dirai pas vraiment qu’elle était accrochée … C’est un peu faux comme jugement. Enfin … Je pense plutôt qu’elle est toujours à mes côtés. » bafouilla l’adolescent.

« Mais n’est-ce pas la même chose ? »

Heu … Ca, par contre, il ne le savait pas du tout. Il fallait dire que ce n’était pas le genre de questions qu’il s’était posé. Il ne s’imaginait pas l’adolescente réagir de la sorte non plus. C’était tout simplement impossible à ses yeux, impossible.

Mais il ne relâchait pas Katérina car il avait envie de s’accrocher à l’idée qu’avait proférer la femme de l’Antre des Artisans. Peut-être qu’il pouvait quand même … en profiter un peu ? Pendant qu’elle dormait ? Avec rapidité et anxiété, il vint embrasser l’adolescente sur la joue, rougissant violemment devant ce qu’il venait de faire.
Il avait … Il avait … A part Sélia, il n’avait jamais fait ça. Et encore, c’était sur une fille de son âge. Comment est-ce qu’il avait osé faire ça ? Beaucoup penseraient que ce n’était pas grand-chose mais pour lui … envers Katérina ? AH ! Elle commençait à bouger un peu après ce qu’il avait fait. Si elle se réveillait … Il était foutu !


Vraiment foutu ! Elle allait le tuer, il en était sûr et certain ! Faites qu’elle dorme ! Faites qu’elle dorme et ne se réveille pas ! Si elle se réveillait, c’en était foutu de lui et … Et rien du tout ? Rien du tout ? Il entendit juste le soupir de Katérina sans qu’elle ne bouge. Ah … Il poussa à son tour un soupir mais d’apaisement.

Elle dormait … Elle dormait profondément. C’était à son tour alors de dormir. Il ferma les yeux, sa tête déposée sur celle de Katérina alors que ses mains restaient sur le haut de son dos. Maintenant, il se sentait bien plus soulagé par tout ça. Il espérait juste que demain, au réveil, elle ne le tue pas sur place pour cette position.

Alors qu’il plongeait dans son sommeil, il ne remarqua pas les yeux dorés de Katérina qui fixaient son torse. Les yeux clignèrent, devenant bleus puis rouges alors qu’une aura noire émanait de son corps. Elle serrait le tissu de la veste de Kéran avec force avant de ne plus rien faire, s’endormant à son tour complètement.

Le lendemain matin, il fut le premier à se réveiller. Il aurait bien pensé que cela était à cause des rayons de soleil mais voilà, il n’y en avait pas. Vraiment, s’il pouvait un jour régler cette histoire de nuages dans le ciel … mais définitivement, il n’irait pas se priver. Bon ? Katérina n’était pas encore debout. Il devait se placer correctement pour éviter qu’elle ne se réveille et voit ce qu’il avait fait pendant la nuit.

Retirant ses mains, il remarqua qu’elle aussi s’était accrochée à lui pendant la nuit. Et bien … Euh … Là, dans une telle situation, il devait avouer qu’il ne savait pas du tout quoi faire. Est-ce qu’il devait lui retirer ses mains à elle aussi ? Peut-être … D’ailleurs, il remarqua que les autres personnes étaient déjà réveillées en grande majorité.

« Bonjour à tous et à toutes. » dit-il en s’adressant aux personnes autour de lui.

« Bonjour. Je ne pense pas que j’ai besoin de te demander si tu as bien dormi. » annonça la femme de l’Antre des Artisans avec un grand sourire aux lèvres.

« Euh … Je crois que … J’ai bien dormi. Enfin, je n’ai pas eu de problèmes durant la nuit. »

Il rougissait en se grattant la joue, n’osant pas regarder la femme, ni Katérina d’ailleurs. Il préférait observer … dehors, tiens ! C’était une bonne chose à observer la route ! Elle n’était pas si laide quand on l’étudiait de plus près ! Quelques marmonnements se firent entendre près de lui alors que Katérina bougeait un peu.

« Ah … Putain … C’était une sacrée sieste ça ! » s’écria-t-elle subitement.

« Bonjour, Katérina. » murmura Kéran tandis qu’elle se tournait vers lui, gardant la couverture sur son corps.

« Ouais, ouais … Je ne sais pas si ce jour est bon … T’as rien fait pendant que je dormais ? Avec ton allure de pervers, ça ne m’étonnerait même pas. »

Il hocha la tête brusquement pour bien montrer qu’il n’avait rien fait même si ce n’était pas totalement vrai voire même complètement faux. Un petit rire se fit entendre tandis que les membres de l’Antre des Artisans les prévenaient que d’ici le milieu de la journée, ils allaient arriver à bon port.
Ainsi … Le voyage était déjà terminé ? Dommage car il aurait bien aimé repasser quelques nuits de la sorte avec Katérina. Mais bon, c’était une illusion que de croire que tout ça pouvait continuer indéfiniment. Il était peut-être candide mais pas trop malheureusement pour lui. Dommage … Vraiment dommage.

Bon et bien … Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire en attendant ? Rien du tout. Katérina ne lui parlait pas et il se demandait si elle se posait des questions sur la sincérité de ce qu’il avait dit ? Il espérait que ce n’était pas le cas. Il ne voulait pas de problèmes avec elle car sinon, elle pouvait facilement se venger et cela ferait très très mal.

Néanmoins, rien de cela ne se passa durant les prochaines heures. Non, ils avaient de petites discussions mais rien de plus. Elle ne semblait pas être gênée ou se poser quelques questions à ce sujet. C’était tant mieux … car il n’arriverait pas à la regarder en face en lui avouant ce qu’il lui avait fait. Bon, en même temps, ce n’était pas monstrueux … juste gênant.

Très gênant même. Depuis qu’il avait vu Katérina dormir aussi paisiblement durant cette nuit, il n’arrivait pas à se retirer cette image de sa tête. Il avait l’impression de découvrir une autre personne ! Une autre adolescente ! Mais toute aussi charmante et intéressant que celle habituelle ! Néanmoins, ses pensées furent rapidement remplacées par autre chose.
Autre chose ? Tout simplement le fait qu’ils arrivaient finalement dans une imposante ville ou plutôt aux abords de cette ville. Pourquoi ? Car Katérina avait demandé à descendre. Il parut surpris, autant que les autres personnes. Il lui demanda :

« Euh … Tu ne veux pas rentrer dans la ville ? Les soldats ne vont rien te faire, Katérina. »

« J’en ai pas envie, c’est tout. Si ça ne me plaît pas, tu vas pas me forcer non plus ? Soit tu descends maintenant, soit je pars de mon côté. »

Aïe ! Une menace ! Il bredouilla quelques excuses aux personnes de l’Antre des Artisans et aux quelques soldats de la Sainte Alliance. Il voulait s’excuser du comportement de Katérina mais aucun ne s’en offusqua. En une journée, ils avaient pu parfaitement définir à quoi ressemblait exactement l’adolescente aux cheveux argents. Il descendit du charrette, la femme de l’Antre des Artisans lui annonçant :

« Normalement, le bâtiment que tu recherches est à l’Est de la Ville. Je dirai à cinq cents mètres voire un kilomètre. Tu devrais facilement le trouver puisqu’un chemin t’y emmène. Bonne route et faites attention à vous les enfants. »

« Merci beaucoup pour tout ! » répondit l’adolescent en s’inclinant respectueusement devant la femme de l’Antre. Celle-ci lui envoya la couverture brune, un sourire aux lèvres.

« Tu peux la garder. Vous aurez moins froid dehors avec elle. C’est un cadeau que je vais devoir mettre sur mon compte. »

« Merci vraiment ! Merci ! » s’écria Kéran.

« Tu me fais pitié, Kéran … Tu n’as aucune décence … C’en est ridicule. » marmonna Katérina en croisant les bras au niveau de sa poitrine.

Il ne lui répondit pas, un peu gêné par l’insulte alors qu’il serrait la couverture brune dans ses mains. Il regarda les deux charrettes qui s’éloignaient avant de pénétrer dans la ville. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle ne voulait pas rentrer dans la ville ? Il lui posa la question mais elle répliqua sèchement :

« En quoi est-ce que ça te concerne ? J’ai juste pas envie, c’est tout. Je suis peut-être pas sociale, tu t’es pas posé la question par hasard ? Je me doute bien mais bon ! »

« Euh … Je ne sais pas … Pour moi, comme tu n’arrêtes pas de me parler, je trouve que tu es plus sociable que tu ne le fais croire. »

« Oh putain … Donne-moi cette couverture que je la déchire ! Tu vas voir ce que j’en fais des cadeaux que tu reçois ! Tu me fais chier ! DONNE ! »

Hors de question ! Il la rangea dans son sac avant même que Katérina ne la prenne. Pourquoi est-ce qu’elle s’énervait de la sorte ? La femme ne lui avait tendu qu’une simple couverture. Une couverture dans laquelle ils allaient dormir tous les deux.

« Bon sang ! Tu vas me la filer ou je t’étripe ! »

« Pas si tu ne me dis pas ce qui ne va pas ! Et non, en fait, non, je ne te la donne pas tout court ! Pourquoi tu veux la déchirer ? C’est un cadeau et sans mentir, il commence à faire froid dehors donc ça serait une bonne chose pour nous deux. »
TSSS ! Quel chieur ! Bon ! Elle l’emmerdait profondément et n’allait pas lui répondre pour la peine ! Voilà, comme ça, c’était fait ! L’adolescent poussa un profond soupir, reprenant la parole après quelques instants :

« Katérina, on ne va pas se disputer pour ça quand même non ? Tu ne veux pas m’accompagner au moins jusqu’à l’Enceinte aux Esclaves ? »

« Je ne vois pas pourquoi je perdrai mon temps avec toi. »

« Comme tu le désires … C’était juste une petite demande comme ça. » murmura l’adolescent, la tête baissée avant de se diriger vers l’Est comme lui avait conseillé la femme de l’Antre.

Qu’est-ce qu’il était énervant quand il faisait ce regard ! Elle avait envie de lui exploser la face ! Elle revint à sa hauteur, prête à le suivre jusqu’au bâtiment de l’Enceinte.

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