Chapitre 8 : Refus d’agir

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Refus d’agir

« Sélia ? Est-ce que je peux rentrer ? Est-ce que ça va mieux ? » murmura l’adolescent alors qu’il avait toqué deux fois à la porte. La voix de la jeune femme se fit entendre de l’autre côté alors qu’il s’apprêtait à ouvrir :

« Tu peux rentrer, Kéran … De toute façon, il faut que nous parlions tous les deux. »

Hum ? Normalement, c’était lui qui devait dire cela mais il n’avait rien contre. Il pénétra dans la chambre remarquant que la jeune femme était assise au milieu de son lit, semblant l’avoir attendu. Elle avait encore les yeux rougis et il ne chercha pas trop longtemps l’explication à ce sujet. Il ne voulait surtout pas … raviver sa mémoire. Elle tapota avec délicatesse l’emplacement à côté d’elle, lui demandant par-là de s’asseoir.

« Qu’est-ce qu’il y a de si important, Sélia ? » dit Kéran avant de s’exécuter, la jeune femme attendant qu’il soit assise pour reprendre la parole :

« Et bien … Il faut que je discute … avec toi de ce qui s’est passé … Il faut que l’on en parle car c’est quand même très important. Alors … Je vais être directe … J’ai été dégoûtée par toi. Oui … Par rapport à ce que tu as fait … Cette folle avait raison, entièrement raison. »

Hein ? Que … Quoi ? Elle avait raison ? Katérina avait raison ? Qu’est-ce que …Il resta immobile, tremblant un peu. Aller ! Il avait quand même prit du courage en parlant avec son arme, il pouvait bien avoir une conversation avec Sélia, non ? C’était juste … normal entre eux deux de discuter comme des êtres civilisés !

« Il faut dire … Que tu m’avais menti … sur une chose plus qu’importante. Comment est-ce que je peux encore te faire confiance après ce que tu m’as dit hein ? Qu’est-ce que je suis sensé faire ? Dis-le moi … Kéran … Tu sais … Ce dégoût … Elle n’avait pas totalement tord … mais pas tout à fait raison … Je suis dégoûtée par ton arme … »

« Tu n’as pas à l’être ! Sans mentir … J’ai parlé avec elle … » dit-il avant de s’arrêter, le regard effaré et inquisiteur de la jeune femme se posant sur lui alors qu’il disait aussitôt : « Je … Je … Sans mentir … Elle m’a parlé … Et nous avons discuté … Elle ne me semble pas maléfique du tout. Il faut lui laisser une chance ! »

« Avant qu’elle ne cherche à te posséder, Kéran ! Comprends donc ça ! Tous les spectres sont maléfiques de naissance ! Comme les pokémons ténébreux ! Sinon … Pourquoi vivons-nous actuellement dans un monde sans lumière ? Pourquoi ? » dit-elle en posant ses mains sur ses épaules pour être sûr qu’il comprenne bien ce qu’elle disait.

« Je ne sais pas … Je n’ai pas pensé à lui poser la question … Mais c’est vrai que … D’un côté … Mais en même temps, pourquoi est-ce que tu dis ça ? Pourquoi est-ce que tu penses que tous sont mauvais ? Tu ne peux pas en être sûre non ? Moi … Avec cette arme … »

« Imbécile ! IMBECILE ! IMBECILE ! » hurla-t-elle avec colère avant de venir subitement le serrer contre elle. « Je ne veux pas que tu possèdes un tel objet, tu n’as pas compris ? Je ne veux pas ! Ces armes et ces armures sont démoniaques ! Si je t’ai protégé, c’est bien pour éviter que tu te fasses toucher … et avoir par l’une d’entre elles. Il faut s’en débarrasser …Si cet esprit comprend … alors il te laissera partir … Sinon, je le forcerai à partir. »

Il n’avait pas vraiment la possibilité de parler … Pas du tout même. Il resta logé contre elle, ne murmurant plus rien. Ce n’était pas … envers lui son dégoût. Il se sentait soulagé … Et c’était la première fois depuis longtemps qu’elle avait une telle marque d’affection envers lui. Oui … Il appréciait grandement … tout cela … Oui … Hum … Il ferma les yeux, continuant de l’écouter tandis qu’elle reprenait la parole :

« Quand même … Ce n’est pourtant pas compliqué ! Surtout que dès l’instant où tu possèdes un tel objet, tu seras mal vu par tous et par toutes ! Est-ce que tu as déjà entendu parler de l’Enceinte aux Esclaves ? Là-bas, ils sont détestés et haïs par le reste de la population. »

« J’en ai entendu parler … Swar … Enfin … Mon arme m’en a parlé … Je n’aime pas cette idée … d’utiliser les créatures spectrales et ténébreuses comme ça. »

« Bien entendu ! Qui aimerait être ainsi ? A part ces fous ? C’est pourquoi … Attends un peu … Swar ? Ton arme ? Tu as donné un nom à cette créature dans ton arme ? KERAN ! »

Voilà qu’il tremblait un peu à nouveau, la jeune femme le serrant avec plus d’insistance contre elle. Est-ce qu’il ne cherchait pas à comprendre ce qui se passait ? POURQUOI est-ce que ça clochait dans sa tête hein ? POURQUOI ? Pourtant, ce n’était pas bien compliqué ! Du moins … Elle le pensait … mais maintenant … Avec les paroles de l’adolescent …

« Kéran … Espèce de petit idiot … Tu ne comprends pas que tu es sur une mauvaise pente ? » murmura-t-elle avec douceur alors qu’elle retirait sa tête de sa poitrine pour le forcer à la regarder. Ses deux yeux rubis étaient posés sur lui tandis qu’elle avait ses deux mains posées sur ses joues, reprenant délicatement : « Ce n’est pas bon … Tu es ma seule famille, Kéran … Mon unique famille … Je ne veux pas te perdre … car je sais parfaitement que tu commettras une bêtise si tu continues … »

« Sé… Sélia … Je … Euh … » balbutia l’adolescent, intimidé par les paroles de la jeune femme et rougissant à cause du fait qu’ils étaient trop proches l’un de l’autre.

« Kéran. Tu vas dormir avec moi ce soir. » annonça-t-elle, le prenant sur le coup alors qu’il ne savait plus du tout où se mettre. Qu’est-ce qui lui prenait de réagir ainsi ?!

« Sé … Sélia, je suis un garçon et tu es une fille. »

« Idiot … Ce n’est pas ce que tu penses. »dit-elle, lui faisant un petit sourire, le premier depuis l’incident avec Katérina et la mort de son Pyroli. « Tu es pour moi comme un petit frère … Et je veux te faire comprendre pourquoi tu ne dois pas faire une telle chose. »

« C’est quoi … cette méthode que tu veux me montrer ? Car ça m’inquiète un peu. Est-ce que tu vas bien, Sélia ? Je comprendrai que ça ne soit pas le cas. Tu es sûrement fatiguée. »

« Tu dormiras avec moi, Kéran. » répéta-t-elle pour être sûr qu’il avait parfaitement compris son message. Il déglutit, cherchant un moyen … avant de se dire intérieurement que ça ne le dérangerait pas tant que ça. Oui … mais en même temps … Il n’avait pas rêvé ou elle avait dit qu’il n’était qu’un petit frère pour elle ?

« D’accord … Comme tu veux. » dit-il, soudainement dépité, sans même comprendre pourquoi. Il allait dormir avec elle … voilà tout.

Une trentaine de minutes plus tard, il était couché dans le même lit que la jeune femme, celle-ci s’étant collée contre son dos. Il n’osait plus bouger, ne sachant guère quoi dire. C’était bizarre … comme impression … Ça lui rappelait … Ça lui rappelait … après ce qui s’était passé il y a plus de sept ans … lorsqu’elle l’avait sauvé.
Il avait mis tellement de difficultés à s’endormir qu’il avait fallu deux bonnes semaines avec Sélia pour qu’il puisse enfin réussir à dormir seul. Et depuis, ce n’était que par intermittences … quand ça revenait … mais là, depuis plus de trois ans, ce n’était plus le cas. Enfin … Là, maintenant, il était un adolescent … et presque un adulte. Il avait des réactions propres à cela … et sentir Sélia contre lui … Ça n’allait rien arranger.

« Est-ce que tu comprends maintenant, Kéran ? Est-ce que tu comprends ce que je veux dire par là ? Quand tu n’auras plus rien … plus rien du tout … Quand tu seras possédé, tu ne ressentiras plus rien, ton corps ne t’appartiendra plus. Il n’y aura plus jamais ce genre de moments … Est-ce que tu saisis ce que je veux dire ? »

« Je crois … mais je ne suis pas sûr, Sélia. Pas sûr du tout même. Mais … Merci … »

Il était heureux d’être avec elle … et par sa faute … Il devait être sûr que son arme ne le trahirait pas. Il devait faire quelque chose avec Swar. Même si elle n’était pas maléfique … Il devait faire quelque chose, oui. Il comprenait … ce qu’elle voulait dire … C’était pour sa sécurité … parce qu’ils étaient ensembles … tous les deux.

Le lendemain matin, lorsqu’il se réveilla, la jeune femme était toujours endormie, chose parfaitement normale pour lui. Il comprenait … qu’elle avait besoin de sommeil. Il passa une main dans ses cheveux bleus tandis qu’il souriait. Il allait éviter qu’un nouveau drame arrive. Mais … Comment faire … Pour la satisfaire ?

« Je vais peut-être quand même … devoir utiliser mon arme. »

Oui … C’était sûrement le cas. Bon … Peut-être qu’il pouvait aller en bas de l’auberge et lui emmener le petit déjeuner ? Pourquoi pas ? C’était surement une bonne idée. Il s’apprêta à se lever avant de sentir une main lui tirer le tissu de son bras. Sélia était réveillée, les deux yeux rubis posés sur lui.

« Reste donc ici … Je veux que l’on discute encore. »

« Encore ? Attends quand même … Je reviens … Je vais te faire plaisir. » murmura l’adolescent, retirant son bras avant de quitter la chambre. Cinq minutes plus tard, il revient avec un petit plateau, le déposant sur le bord du lit. « Voilà pour toi … Je pensais que tu voulais manger ici … exactement. »

« Merci beaucoup … Mais ça ne va pas t’épargner la discussion avec moi. » dit-elle alors que Kéran rigolait faiblement. Ils commencèrent à manger tous les deux, ne parlant que peu. Ils ne pouvaient même pas savoir quelle heure il était … Oui … Avec l’absence de soleil dans le ciel, il était impossible … pour eux de connaître l’heure. Enfin bon … D’après ce qu’il avait remarqué en bas, une bonne partie des personnes s’était levé.

« De quoi est-ce que tu veux parler ? » demanda-t-il finalement après avoir fini de déjeuner avec elle, la jeune femme s’essuyant la bouche.

« De ce que l’on va faire maintenant … Il y a des chances que l’on s’installe dans cette ville … pour quelques temps … Car il va falloir que je trouve du travail. »

« Alors, laisse-moi t’aider. Je sais me débrouiller ! Je te le promets ! » s’écria aussitôt l’adolescent, le regard rubis le fixant ardemment.

« Je pensais que la conversation d’hier avait été comprise … Kéran … Il en est hors de question, tu m’attendras dans l’auberge et je vais voir si je peux gagner assez d’argent pour te trouver un tuteur qui t’apprenne un métier sain et non-dangereux. »

« Hein ? Mais pourquoi ? Et pourquoi je ne peux plus t’accompagner ? »

« Pourquoi ? Pourquoi ? Est-ce une blague, Kéran ? Si c’est le cas, elle est de très mauvais goût. Le déjeuner est terminé, je vais me préparer et voir en ville ce que je peux trouver comme travail. Toi, tu restes ici, c’est tout ce que je te demande … Et je te l’ordonne. Désobéis-moi et je te promets que tu le regretteras, Kéran. »

« NON ! Sélia ! Tu ne peux pas te débrouiller toute seule ! » répondit l’adolescent aux cheveux blancs avant de se prendre une violente baffe de la jeune femme.

« Je me suis juré de te protéger … Ce n’est pas pour que tu te mettes en danger tout seul. La discussion est maintenant terminée, Kéran. »

… … … Il la regarda partir, une main posée sur sa joue endolorie alors qu’il se retenait de pleurer. C’était la semaine … ou quoi ? Des premières fois ? Se prendre une claque de sa part … C’était encore plus douloureux qu’il ne le pensait. Pourquoi est-ce qu’elle ne comprenait pas qu’elle n’allait pas y arriver toute seule ? Elle ne pouvait pas supporter ce poids toute seule. Hier … Cela avait servi à quoi dans le fond ?

A rien du tout … Rien de rien … Il s’approcha de la fenêtre, observant la jeune femme qui avait quitté l’auberge. Elle s’éloignait peu à peu sous son regard tandis qu’il soupirait. Un tuteur ? Un métier sans-risque ? Pour qui est-ce qu’elle le prenait ? Si il se plaisait autant depuis quelques années, c’était bien parce qu’elle était là et parce qu’elle l’embarquait à chaque fois dans ses aventures. Même si … Il ne faisait rien du tout.

« Mais maintenant … Je peux toujours rêver, hein ? » se dit-il à lui-même, arrêtant de regarder par la fenêtre avant de s’asseoir sur son lit.

Pfff … Il n’allait quand même pas réellement rester ici toutes ses journées hein ? Il pouvait quand même quitter l’auberge pour se balader en ville non ? Enfin … C’était ça, n’est-ce pas ? HMMMM ! CA L’ENERVAIT ! Il poussa un cri de rage, tapant du poing sur le lit. Il n’aimait pas se mettre en colère pour ça !

« Pourquoi est-ce qu’elle ne veut pas me laisser ? Je suis bientôt un adulte ! »

Bientôt un adulte … Il ne savait plus quoi penser d’elle … Est-ce qu’elle était proche de lui ? Ou alors elle s’éloignait ? Qu’est-ce … Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre ? Ah … Ah … Mais il n’était pas seul dans le fond ! MAIS NON ! Il s’approcha de son arme déposée sur le bureau, retirant la lame avant de dire :

« Swar … Est-ce que tu m’entends, Swar ? »

« Je t’entends parfaitement … aussi bien que la conversation qui s’est déroulé hier et aujourd’hui … Visiblement, tu sembles avoir quelques problèmes avec cette femme. »

« Et pas qu’un peu … Mais quand même … Tu nous écoutais quoi ? »

Il allait devoir se méfier … grandement se méfier même … Et d’ailleurs, en y réfléchissant bien, si il avait écouté, cela voulait dire que …

« J’ai pu entendre toute la conversation … du début à la fin. Visiblement, il semblerait que vous cherchiez à m’éliminer, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas vraiment ce que tu crois, Swar … Comme tu as pu l’entendre, Sélia est quand même un peu … perdue. La mort de son Pyroli la fait divaguer je dirai et puis … »

« Ainsi, tu préfères mentir et cracher sur celle qui t’a élevé depuis des années pour tenter de te protéger plutôt que de confirmer ses dires et annoncer que tu comptes te débarrasser de moi ? Visiblement, tu es un adolescent bien pathétique. »

… … … Gloups … … … Il marquait … un point … même plusieurs. Ce qu’il disait être loin d’être faux … Et merde ! Maintenant, il se sentait encore plus risible qu’avant. Mais … Cette arme … Si ça ne la gênait pas de partir, alors il n’allait pas la retenir. Serrant la poigne de son arme, il ouvrit la fenêtre, s’apprêtant à la jeter par celle-ci avant de s’arrêter.

« Et bien … Que comptais-tu faire ? Je ne t’en empêchais pas … »

« Je … Je … Je n’ai jamais critiqué … Sélia, pas du tout même. Mais … En même temps, je n’ai pas menti … Tu n’es pas maléfique. »

« Ne juge jamais une personne envers ses paroles … mais envers ses actes. Je peux facilement te charmer pour peu à peu te posséder. » répondit l’arme avec neutralité.

« Oui … Mais pour l’heure, ça n’a pas l’air d’être le cas. »

« Ou alors, tu l’es déjà mais tu ne peux pas t’en rendre compte. » reprit une nouvelle fois l’objet de métal alors que Kéran s’emportait :

« Au final, qu’est-ce que tu veux faire avec moi hein ? C’est quoi ton souci ! »

« Mon souci ? Je n’en ai aucun contrairement à toi … Visiblement, tu sembles énervé par la vérité. Je vais donc me taire et te laisser plonger dans tes pensées. »


QU’EST-CE QUE … MÊME PAS EN RÊVE ! RAHHHHHHH ! L’arme venait d’arrêter de parler alors qu’il semblait être au bord de la crise de nerfs. Sa journée était maintenant totalement gâchée. Pourquoi est-ce qu’il ne s’emportait pas ? Il n’arrivait pas à s’énerver.

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