Chapitre 93 : Persona

ShiroiRyu
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Chapitre 93 : Persona

Jour vingt-et-unième du sixième mois, année X+12 :

Ces deux années d’attente depuis la naissance du futur projet ont été longues et fastidieuses mais ma patience a été récompensée : L’enfant est entre mes mains. Ses parents n’ont pas hésité un seul instant à me le vendre à prix fort. Ils semblaient même… soulagés de s’en être débarrassés. Il vaut mieux pour moi que j’évite de poser de trop de questions inutiles. Mais comment une chose aussi petite et fragile peut-elle être celle que j’ai attendue toutes ces années ? Et pourtant, en la regardant, j’ai l’impression qu’il est bien celui que je recherchais sur cette planète…

« Au moins, Orion… Nous avons la confirmation que Bartholomé n’était pas de Terra. » murmura Samus alors qu’il hochait la tête en tournant une page.

« Je ne sais pas si cela veut dire que c’est une bonne ou mauvaise nouvelle. »

« Libre à toi de voir ce que tu penses… On continue la lecture, Orion ? » demanda t-elle une nouvelle fois alors qu’il reprenait d’une voix lente :

Jour treizième du huitième mois, année X+12 :

Les premiers tests se sont bien opérés : Comme je m’en doutais, les créatures de cette planète secrètent différents poisons. J’ai commencé par une dose de Chenipan couplée à celle d’un Aspicot. J’ai décidé d’appeler cet enfant Théodore, Théodore Astrum. Cela correspond bien avec le prénom Bartholomé dont je me suis affublée. Quand à l’enfant, il semble dépassé par les évènements et d’un calme olympien. Cela m’a choquée, rares sont les enfants de cet âge et de cette espèce à ne pas rire ou courir en balbutiant quelques mots. Je me demande bien ce qui le pousse à rester aussi tranquille. Peut-être le saurai-je au fur et à mesure des tests ?

« Le gentil petit Orion était vraiment très sage et calme ? »

« Je ne me rappelles plus vraiment de mon enfance… » murmura t-il d’une voix qui sonnait fausse alors qu’il s’apprêtait déjà à tourner une nouvelle page du journal.

« Mensonge, mensonge… Mais bon… Je comprends que tu ne veuilles rien me dire. Chacun a envie de garder une petite part de soi secrète… »

« Je n’ai rien à dévoiler car je n’ai rien à cacher… Mais on dirait… Que tu vas mieux, Samus… C’est une bonne chose… Je n’aime pas te voir triste, ça ne te correspond pas. » souffla le jeune homme alors qu’elle détournait un peu le regard.

Et s’ils continuaient plutôt de lire non ? Ce n’était pas une bonne idée ? Elle lui posa la question alors qu’il tournait la page du journal, s’apprêtant à lire à nouveau ce qui était écrit à l’intérieur… Ce que Bartholomé avait mis… Même si il avait légèrement peur…

Jour premier du troisième mois, année X+13 :

Les imbéciles. Le comité de l’organisation que j’ai crée pour passer inaperçue ont des idées belliqueuses envers ma personne. Les idiots. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire. Néanmoins, je me suis jurée de ne plus utiliser mes armes contre autrui. De plus ma technologie étant plus évoluée que celle de cette planète, je ne peux me permettre de riposter et répliquer sans que cela mette en péril ma mission personnelle. Je vais évacuer tout mes soucis en regardant les étoiles. Cette planète est si peu polluée qu’il est possible d’observer les étoiles sans outils mais bon, autant les utiliser si j’en ai, non ? Cette planète est l’une des plus belles… que j’ai pu connaître dans ma vie… Et voir les étoiles à partir d’elle doit être sublime.

« Et bien… Maintenant, tu sais d’où vient ma passion pour les… »

« Chut ! Continue, je suis sûre que ça devient encore plus intéressant. »

« Hum ? Attends un peu, Samus… D’accord, d’accord… Visiblement, Bartholomé avait des choses à raconter. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau dedans ? » s’interrogea t-il avant de commencer à tourner une nouvelle page… Encore une… Le livre semblait plutôt épais.

Jour dix-septième du douzième mois, année X+13 :

Choquée… Non, étonnée, c’est le seul mot qui me vient à l’esprit au moment où j’écris ces mots. Hier, l’expérience Puer Stella est venue me voir pendant que j’étudiais les étoiles. Elle m’a demandé de tout lui expliquer mais… Jamais, je n’aurai pensé qu’elle serait capable de l’écouter pendant des heures. Elle était si… captivée mais elle a fini par s’endormir. J’ai du la porter jusque dans sa chambre. Ce petit être humain sembla très prometteur. Peut-être aurons-nous d’autres discussions au sujet des étoiles. Je vais lui apprendre ma passion.

« Et bien… Ce que tu voulais dire… Je pense que la fin de ta phrase était étoiles, non ? »

« C’est exact, Samus… Ca … Je m’en souviens parfaitement. Il avait un télescope mais j’étais beaucoup trop petit pour regarder à partir de celui-ci alors il m’a légèrement porté et j’ai pu jeté un œil… C’était magnifique… Vraiment magnifique… On aurait cru que c’était un tout autre monde… Et je n’avais à peine que trois ans et demi à cette époque… »

« Je me disais, Orion… Ton anniversaire, c’est le 21 juin ? »

« C’est exact… Je suis né le jour de l’été… mais visiblement, je n’étais pas un rayon de soleil aux yeux de tous et de toutes. » murmura t-il avec un peu d’ironie dans sa voix.

« Ce n’est pas vrai et tu le sais très bien, arrêtes de te défavoriser, Orion. Et je veux savoir la suite, alors tu es prié de continuer. »

« Oui ma générale. » annonça t-il en haussant les épaules avec un léger sourire, reprenant la lecture en passant à une nouvelle page du journal.

Jour vingtième du septième mois, année X+14 :

Théodore a maintenant un peu plus de quatre ans et est d’une intelligence et mémoire remarquable pour son âge. J’ai remarqué que l’Arcanin femelle dont je m’occupe semble l’avoir en grande affection. Au niveau des tests, pour ne pas oublier mes objectifs, je peux simplement qu’il se laisse faire avec docilité. Mais pourquoi ai-je l’impression de le sentir si seul et triste ? Il est vrai que je l’empêche de nouer des liens avec autrui pour éviter que l’information sur mes projets soit diffusée malencontreusement par sa faute même si je sais pertinemment qu’il ne serait pas responsable de cela.

« Orion… Tu… Comment… »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » murmura le jeune homme en haussant les épaules, reprenant ensuite : « Je n’ai pas eu une enfance facile… au niveau de l’amitié et autres. »

« Mais maintenant, c’est différent. Continuons… Ce livre ne nous a pas encore tout dit. »

Oui… C’était vrai… Mais plus la lecture avançait, moins il se sentait confiant… Moins il avait envie d’en lire… Une expérience ? Lui ? Il le savait pertinemment… Mais le lire… et savoir que Bartholomé pensait ainsi de lui… lui faisait mal. Enfin bon…

Jour cinquième du premier mois, année X+15 :

Je ne peux l’exprimer clairement. Ayant décidé de fêter Noël, une coutume de cette planète où tout le monde offre des présents à tout le monde, je ne pensais pas que le cadeau offert à l’expérience Théodore allait me montrer une chose que je ne croyais jamais voir : Un sourire sur les lèvres du jeune garçon. Il m’a littéralement sauté dans les bras en me remerciant pour ce livre. Je ne suis pas du tout habituée aux marques d’affection de ce genre. Je crois que je vais devoir lui apprendre un peu de ma langue natale pour qu’il puisse lire ce livre.

« Oh… Orion est donc un sentimental dans l’âme ? »

« Tais-toi, Samus… S’il te plaît… Ce sont des choses comme ça qui sont gênantes… »

« Et ce n’est pas toi qui disait que c’était mignon de voir les autres côtés des personnes ? Et bien, c’est mon cas aussi… Je trouve ça mignon… »

« Ouais… Ouais… Bon… On continue de lire non ? »

Bien entendu ! Elle voulait savoir la suite ! C’était comme un journal intime et ça lui apprendra à mieux connaître Orion. Elle le regardait d’un air légèrement intimidé… Elle se rappelait encore ce qui s’était passé il y a quelques minutes. Elle était confuse à cause de ça mais le jeune homme reprit la lecture :

Jour seizième du dixième mois, année X+15 :

Ma surprise à Théodore semble faire son effet : Les chiots de Xolotla sont déjà les amis de Théodore. Sa relation avec eux semble si parfaite mais je ne dois pas oublier la raison de ma présence sur Terra. Créer l’humain capable de mettre en marche le processeur pour la paix universelle. Une utopie quand on le pense ainsi mais ce n’est pas un rêve chimérique : J’en ai la possibilité et les capacités. Je vais devoir commencer à utiliser les poisons de plus en plus violents car cela ne peut trop durer malheureusement.

Aucun… Aucun mot ne sortit de leur bouche. Ils préféraient ne rien dire. Plus ils avançaient… Plus il était mal à l’aise… Il avait l’impression de se faire souffrir inutilement. Il s’était même mis à légèrement trembler alors que Samus posait sa main gauche sur sa main droite en lui disant de continuer. Il ne fallait pas s’arrêter à mi-chemin.

Jour neuvième du second mois, année X+16 :

Attachant… Voilà le mot qui me vient à l’esprit quand Orion est venu me voir aujourd’hui. Orion ? C’est exact. Le jeune garçon a décidé que je devais l’appeler comme ça dorénavant à cause de l’amitié entre lui et Garmi. La petite Caninos semble si chétive comparée à Cerberus mais le jeune garçon ne la rejette pas : Mieux même ! Il se préoccupe d’elle pour l’aider à s’améliorer. Gentil, aimable, doux, intelligent (Il a déjà appris la majorité de mon alphabet et a commencé à lire le livre que je lui ai offert à Noël.) : Ce jeune garçon est celui que je recherchai depuis toutes ces années.

« Cela te correspond parfaitement, Orion… Il suffisait de voir ton amour par rapport à Garmi pour savoir que tu étais vraiment très attaché à elle. Tu veux t’arrêter maintenant, Orion ? Je te sens un peu… perturbé. »

« Non… Non… On doit continuer, Samus… Sinon… Je n’oserai pas l’ouvrir une nouvelle fois. Est-ce que… tu veux lire à ma place ? » demanda t-il en lui tendant le livre, sa main droite légèrement tremblante.
Elle accepta en le regardant d’un air inquiet, commençant à lire à son tour avant de s’arrêter. C’était elle ou… Hum… Est-ce qu’Orion l’avait remarqué aussi ? Maintenant qu’elle pouvait lire… Une évidence sonnait dans sa tête.

Jour troisième du troisième mois, année X+16 :

Quelle idiote… MAIS QUELLE IDIOTE ! Comment ai-je pu commettre une bêtise pareille ?! Les doses étaient beaucoup trop fortes ! Le maître du poison avait un antidote mais il n’a pas marché. Les deux professeurs m’accompagnant n’ont rien pu faire. Ce qui m’a poussé à faire ce choix est le regard fiévreux d’Orion et surtout ses mots : « Je suis désolé, Maman. Je ne pourrai pas regarder les étoiles avec toi ce soir. » Je me suis demandée si il y avait eu un dysfonctionnement mais les regards des trois humains me montèrent qu’il était simplement en train de délirer. Je n’ai pas eu le choix : J’ai utilisé mon propre sang et ma technologie pour sauver Orion… Je n’avais que cette idée en tête.

« Orion… Est-ce que tu crois que… »

« Continue, Samus… Continue simplement… Je ne veux pas d’avis… Je ne veux pas d’avis, s’il te plaît. » marmonna t-il en baissant la tête, son corps s’étant mis à trembler de partout.

« Comme tu le désires… Mais si tu es dans cet état, j’arrêterai la lecture. »

Elle ne voulait pas qu’il se mette dans un sale état à cause de journal. Plus les secondes avançaient, plus son visage se décomposait. Le pauvre… Ce journal n’était pas n’importe quoi… Non… C’était une histoire.

Jour sixième du neuvième mois, année X+16 :

Cela fait six mois depuis cet incident. J’ai révélé aux trois humains qui j’étais réellement. J’aurai pu les faire disparaître mais je savais pertinemment qu’ils avaient des enfants et le visage d’Orion était revenu dans a mémoire. Je ne sais pas ce qui me prend : Cela fait quinze ans que je suis ici et je ne peux pas faillir maintenant. Je dois essayer de mettre le plus de distance entre Orion et moi. De mes réactions, dépend la survie de ce projet que j’ai monté il y a plusieurs années.

Alors… Koga et les parents de Phoebe… étaient au courant de tout ça… De ce dossier… De l’existence extra-terrestre de Bartholomé. Ils cachaient bien leurs jeux… C’était pour ça qu’ils étaient restés auprès de lui ? Elle l’observa brièvement, remarquant son allure pour voir si elle devait continuer ou non. On dirait que c’était possible… Soit… Elle reprenait alors la lecture de ce journal.

Jour vingt-quatrième du huitième mois, année X+17 :

Deviendrai-je plus sociable ? J’ai invité les deux professeurs, le maître empoisonneur et leur famille à venir passer la journée chez moi. J’ai remarqué qu’Orion appréciait la compagnie d’enfants de son âge mais avec modération. Il me ressemble sur ce point : Il ne montre guère ses sentiments si facilement. Néanmoins, il semblerait que le fait d’avoir un pokémon attire sa sympathie, la preuve étant avec la fille des deux professeurs et son pokémon spectre.

Tiens donc… Spectra… C’était de elle dont Bartholomé parlait sur cette page. Elle n’était pas au courant que cela faisait déjà depuis plusieurs années qu’il la connaissait. Elle se tourna vers lui, faisant un petit sourire avant de dire d’une voix douce :

« Orion… C’est bientôt terminé… Il ne reste plus beaucoup de pages… Est-ce que tu veux savoir le reste ou non ? »

« Au point où j’en suis, je… Je… Je pense que c’est la seule chose qu’il me reste. »

La seule chose qu’il lui reste ? Au point où il en était ? Il était vrai… que le jeune homme… était dans un triste état. Elle avait peur de continuer… Puisque le jeune homme serrait son poing droit à tel point qu’elle avait l’impression qu’il tentait de s’enfoncer ses ongles dans la peau. Elle tourna une nouvelle page avant de se mettre à lire.

Jour huitième du sixième mois, année X+18 :

Je ne peux plus supporter les attaques du comité… mais surtout ma relation avec l’expérience… Non, je ne peux même plus l’appeler expérience Puer Stella mais Orion. Orion est notre petit secret, je suis la seule à pouvoir l’appeler ainsi car je suis la seule à connaître ce surnom. Je dois prendre une décision : Une décision que ma raison approuve mais que mon cœur rejette. Je vais devoir enfouir tout mes projets et ce journal d’études au plus profond de mon être.

Ah… Elle poussa un léger soupir de surprise, ils se rapprochaient de la fin… Il suffisait de regarder les pages restantes mais surtout le fait qu’elles étaient presque totalement toutes blanches. En fait… Il ne restait plus qu’une seule journée… d’après ce qu’elle pouvait voir.

Ah… Ils se rapprochaient de la fin. Avec lenteur, il lui demandait de continuer… Ce n’était pas des sanglots qui parcouraient sa voix mais il était facile de voir qu’il se retenait de ne pas exploser… mais de quoi ? De rage ? De colère ? De tristesse ? Ou alors de tout à la fois ? Elle devait terminer ce livre… maintenant que tout se rapprochait… Mais elle avait la sensation de savoir… ce que la fin réservait.

Jour vingtième du sixième mois, année X+18 :


Les professeurs sont prévenus ainsi que le maître empoisonneur. Les dossiers sont déjà envoyés chez eux pour que le projet Orion continue si le jeune garçon le désire. J’ai décidé de passer ma dernière journée en prenant le premier congé de mon existence avec Orion. Il semblait si surpris mais j’ai pu voir à quel point j’étais attachée à lui. Je ne pensais pas qu’un, je développerai l’instinct maternel, surtout pour un enfant d’une autre race. Et finalement… Je n’ai pas osé lui mentir… En un sens… Je lui ai dit qu’aujourd’hui, j’allais mourir. Orion est un enfant merveilleux : Il n’a pas pleuré. Il a simplement hoché la tête d’un air compréhensif, je me suis sentie mal à cet instant. Je suis simplement une imbécile. Je vais ramener ce livre aux deux professeurs pour qu’ils le gardent avec eux mais avant… Il ne me restera plus qu’une dernière chose à faire.

Et puis ensuite ? Plus rien… Rien du tout… Orion s’était redressé, la tête dirigée vers le sol en serrant son poing droit. Elle s’apprêtait à refermer le livre et à parler mais ce fut lui qui prit la parole en disant d’une voix légèrement énervée :

« Voilà ! Maintenant, on sait tout ! ON SAIT TOUT ! J’aurai préféré ne rien savoir ! Bartholomé… Bartholomé… Bartholomé… »

« Etait une femme, Orion… Une femme extraterrestre qui avait sûrement un équipement pour se faire passer pour un autre. Je suis désolée… »

« Désolée de quoi ?! Qu’est-ce qu’il y a à être désolée ?! Ca ne changera rien ! J’ai… JE N’AURAI JAMAIS DU OUVRIR CE LIVRE ! » hurla t-il en prenant le livre de la main de Samus avant de le jeter au sol, le livre s’ouvrant sur la fin sur une double page blanche.

« ATTENDS ! ORION ! Le livre… Regarde un peu ! »

Quoi encore ?! Est-ce qu’il n’avait pas déjà assez souffert ?! Elle récupéra le livre, commençant à titiller le bord de la double page… avant de laisser apparaître des nouvelles pages ? Et celles-ci était remplies de nombreux signes qu’elle ne connaissait pas. Elle tendit avec lenteur le livre ouvert alors qu’Orion haussait un sourcil :

« Mais… C’est écrit… dans la langue… De mon livre… »
En y réfléchissant bien, elle n’avait jamais entendu parler de ce livre. Il ne lui avait jamais montré même… C’était bizarre… Ou alors, il y avait autre chose ? Néanmoins, le jeune homme murmura d’une voix lente :

« C’est un message… adressé à moi… de la part… »

Jour système du mois galactique de l’année universelle :

Orion… Si tu lis ce livre, c’est que les deux professeurs ont estimé qu’il était temps pour toi de savoir la vérité à mon sujet. Je sais que ce livre… a montré une bien mauvaise partie de moi-même et je n’en suis pas fière. De quel droit pouvais-je te considérer comme une expérience ? Peut-être qu’au départ, c’était ainsi… Mais tu étais… si spécial… Apprendre ma langue, le nom des étoiles, des constellations, ce n’était pas donné à n’importe qui. Tu étais un enfant très spécial, principalement à mes yeux. Il m’a fallut du temps pour admettre que tu avais une part importante dans mon cœur… Ce temps a commencé lorsque tu as été malade, la fois où j’ai injecté mon sang dans le tien pour te sauver. Tu as été fiévreux pendant une semaine mais je me suis occupée de toi… non pas par principe ou par devoir… mais parce que je voulais que tu vois mon visage lorsque tu irais mieux.

Je devrai m’excuser de t’avoir menti pendant toutes ces années… sur ma véritable forme. Moi-même, je ne m’accepte pas en tant que femme… Car j’ai oublié cette idée dès l’instant où je suis devenue une scientifique sur ma planète. Exilée de celle-ci et surtout pourchassée, je me suis installé sur Terra et j’aurai… aimé… terminer ma vie avec toi. Mais malheureusement, je suis une lâche, Orion. Je n’ai pas accepté les sentiments que j’éprouvais pour toi et c’est pour cela que j’ai planifié ma mort… pour disparaître de ta vie… Et pour que tu disparaisses de la mienne. Au moment où tu liras ces lignes, il y a de fortes chances que je ne sois plus dans cette galaxie… Je ne pense pas que nous nous reverrons Orion. J’ai été très heureuse de t’élever pendant ces six ans et tu as été mon petit rayon de soleil, toi l’enfant né le jour de l’été sur votre planète. Personia.

« HAHA… HAHAHA ! HAHAHAHAHAHA ! » éclata de rire le jeune homme en refermant le livre alors qu’elle se demandait si il avait perdu la tête. Elle s’était plutôt attendue à des pleurs de la part du jeune homme mais celui-ci n’était pas n’importe quel homme.

« Orion… Tu vas bien ? Orion ? »

« Samus… Qu’est-ce que tu en penses de tout ça ? Hein ? Sois sincère… Dis ce que tu en penses ! DIS-MOI CE QUE TU EN PENSES ! »

« Que… Bartholomé ou plutôt Personia… t’aimait énormément… malgré le fait que vous ne soyez pas de la même planète… et que tu n’étais pas son réel enfant… »

« Et ensuite ? Et ensuite ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Elle a décidé de partir car elle avait… »

« PEUR ! Voilà ! Elle avait peur de ces sentiments ! ELLE AVAIT PEUR ! MAIS TU SAIS QUOI ?! TU SAIS QUOI ?! » hurla t-il avant de poser sa main droite sur l’épaule de la jeune femme aux longs cheveux blonds.

« Non… Orion… Qu’est-ce que je dois savoir ? » murmura le jeune femme, un peu intimidée.

« C’est le destin qui se venge de moi ! C’est le destin ! Depuis toutes ces années, je vivais avec une femme sans le savoir ! Depuis toutes ces années, je n’ai fait que mentir… TOUJOURS MENTIR ! J’ai joué avec la mort, faisant semblant de disparaître et de ne plus exister pour éviter mes responsabilités ! COMME PERSONIA ! COMME ELLE ! Et puis… Puis… Cette phobie… Ah… Cette phobie qui fait que je ne peux jamais assumer mes sentiments… HAHAHA ! Je suis un lâche mais quelqu’un a été encore plus lâche que moi ! Quelqu’un pour qui j’avais de m’émerveillement ! Quelqu’un qui était plus important pour moi que n’importe qui d’autre ! Et qu’est-ce… Qu’est-ce… Qu’est-ce que j’apprends ? Qu’elle m’a fait subir… exactement la même chose… que j’ai fait subir… pour les mêmes raisons… Samus… C’est injuste ! Même… Même moi… Je ne mérite pas ça… Je ne méritais pas ça… Même moi… Malgré tout ce que j’ai fait… Ah… Je me sens brisé… »

Après avoir prononcé ce dernier mot, il se mit à pleurer tout ce qu’il s’était retenu de déverser pendant la lecture de ce livre. Samus alla le serrer contre elle, le jeune homme explosant en de trop nombreux sanglots, encore pires que la fois où Garmi était morte. Le mensonge… Il avait vécu dans un perpétuel mensonge… Un mensonge que lui-même avait utilisé envers autrui… Un mensonge qui s’était retourné contre lui à son insu.

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