Chapitre 98 : La bienveillance de l’autre

ShiroiRyu
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Chapitre 98 : La bienveillance de l’autre

« AHHHH ! Enfin mon bras est de nouveau opérationnel ! » s’écria t-elle avec une joie non-contenue en retirant les bandages autour de son bras droit.

« Héhéhéhé ! Bravo, Samus. Moi, j’en ai encore pour une semaine malheureusement. » dit-il avec le même entrain que la jeune femme alors qu’elle faisait quelques mouvements de bras devant lui comme pour lui montrer que tout était parfait.

« Maintenant, il n’y aura plus besoin de se nettoyer le dos mutuellement. Je vais pouvoir me doucher et me laver sans aucun problème ! Pareil pour manger et se… »

« Hey ! Je suis bien content pour toi, Samus ! Moi… J’ai encore une semaine de paralysie du bras gauche héhéhé ! » dit-il avec moins de joie en écoutant les paroles de Samus.

Hum ? Qu’est-ce qui n’allait pas ? Même si il ne le montrait pas, elle sentait qu’il n’était pas aussi heureux qu’il devrait l’être. Ce n’était quand même pas à cause de ça non ? Il n’allait pas se mettre… Enfin… Depuis qu’elle avait fait ses achats, ils avaient passé une semaine où chacun portait ses sous-vêtements pour se laver le dos avant de se laver tout seul. Puis bon… Pour la nourriture, ils trouvaient toujours cela drôle…
Enfin… Il avait pensé qu’elle trouvait ça drôle mais vue la tête qu’elle faisait… Il se disait que cela était plus une plaie qu’autre chose. Il y avait même de fortes chances. Hahaha… Mais quel idiot… Mais quel idiot de croire cela… Il se faisait des idées… Car il n’arrivait pas à mettre un nom à ce qui le reliait à Samus. Une simple amie… n’irait pas vous laver le dos… ne mangerait pas avec vous en utilisant votre bras… Oh… Et puis zut… Il était assez confus… Depuis deux semaines, aucun des deux n’arrivait à réellement dormir et même si aucun ne le montrait réellement, la fatigue devenait de plus en plus pesante.

« Orion ? Tu ne vas quand même pas me dire que tu es triste de ne plus m’aider ainsi ? Tu m’aides déjà énormément rien qu’en restant avec moi. » murmura t-elle en s’approchant de lui, un léger sourire aux lèvres qu’elle ne cachait pas.

« Triste ? Je ne vois pas où. Maintenant, je vais me débrouiller seul comme auparavant, ça ne changera pas hein ? » répondit le jeune homme avant de hausser l’épaule droite.

« Arrête tes bêtises… Tu m’aideras à préparer le repas et toutes ces choses. Quand au fait de se lave, je pourrai te laver le dos MAIS… Je n’aurai plus besoin de toi pour ça. Pas trop déçu ? » dit-elle avec une ironie non-cachée mais nullement malveillante.

« Bof… Je dirai que j’ai déjà marqué bon nombre de points par rapport à n’importe quel autre mâle de l’univers. Je ne crois pas que beaucoup ont pu voir la chasseuse de primes la plus célèbre en sous-vêtements même si c’est de dos. »

« Oui… Oui… C’est vrai, c’est vrai… Et tu as déjà dormi avec elle, ne l’oublies pas. Mais bon… Interdiction de s’en vanter sinon, je risquerai d’être très mécontente. »

Oh… C’était une menace de sa part ? Pourtant, il n’arrivait pas à la prendre au sérieux. Néanmoins maintenant qu’elle avait les deux bras disponibles, elle n’allait plus avoir besoin de lui… et il le savait. Mais bon… Ce n’était pas comme si LUI allait avoir besoin d’elle.

« Orion ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu ne prends quand même pas un bain ? Pas avec ton bandage ?! Arrête tes idioties et ouvre-moi la porte ! »

« Après que j’en sois sorti. Je ne voulais pas te le dire mais ce n’est pas la première fois que j’ai un bandage, Samus… Or lorsque tu prends un bain, la seule chose qui te reste à faire est de mettre un sac en plastique autour du bandage et de le serrer complètement de telle sorte que l’eau ne rentre pas. Moi, j’en ai mis deux justement parce que c’est un bandage… Avec un plâtre, un seul est nécessaire. »

Il se moquait d’elle ou quoi ?! Un sac plastique autour du bras ?! Et il avait fait comment pour le serrer ?! Avec les dents ?! Ou alors il avait pris un sac poubelle ! Mais qu’importe ! Il allait la mettre en colère à réagir comme un gamin ! Elle tapait avec violence contre la porte mais rien n’y faisait, il ne voulait pas sortir.
Trente minutes plus tard, elle avait eu la sensation de se retrouver avec un imbécile. Déjà qu’il lui avait montré clairement les deux sacs poubelles autour de son bras gauche lorsqu’il était sorti de la baignoire, maintenant… Il faisait… ça… Il tenait sa fourchette avec les dents, la plantant dans sa viande alors que sa main droite venait couper un morceau. Il était ridicule… Mais surtout… SURTOUT…

« J’en ai marre ! JE NE VEUX PAS MANGER AVEC UN ANIMAL ! »

« Keschtoudi ? » lui demanda t-il en parlant avec la fourchette dans la bouche.

« CA ! ESPECE DE CON ! » hurla t-elle avant de lui jeter le contenu de son assiette au visage. La jeune femme quitta la cuisine, furibonde.

POURQUOI ?! Pourquoi est-ce qu’il voulait lui montrer à tout prix qu’il n’avait pas besoin d’elle ?! Quitte à se rendre pathétique et ridicule ! Il se moquait d’elle ou quoi ?! Elle n’avait rien fait de mal pourtant ! Elle s’était même proposée pour continuer comme avant ! Alors bon… C’était quoi son problème ?! Elle était agréable et serviable non ? Il n’allait quand même pas se mettre dans cet état simplement parce qu’elle… Parce qu’elle n’avait plus besoin de lui ? Ah… C’était peut-être…

« Il y a d’autres moyens que la provocation… L’imbécile… »

Si c’était à cause de ça… Alors elle allait devoir se sacrifier un peu… pour lui. Enfin non… C’était quand même très gênant… Mais… Il avait quand même sa fierté d’homme ? C’était ça ? C’était ça qu’elle devait penser ? Il voulait se rendre utile pour elle ? Elle quitta sa chambre, passant dans la cuisine pour voir que la vaisselle avait été faite par le jeune homme. Elle le retrouva avachi sur le canapé, zappant sans réelle motivation alors qu’elle s’approchait de lui, un petit sourire triste aux lèvres :

« Orion ? Est-ce que tu veux passer la soirée à regarder les étoiles ? Depuis que l’on a l’appartement, nous n’avons pas pu le faire… Car nous avions peur de casser… »

« Tu as deux mains, tu sais t’en servir, alors utilises-les. » répliqua t-il séchement.

« Allons… Tu sais bien que sans toi… Je suis perdue… »

Hum ? Il redressa la tête, ayant entendu une phrase bien singulière. Sans lui, elle était perdue ? C’était vrai ce mensonge ? Il se tourna vers elle, la jeune femme faisant un petit sourire gêné comme pour réellement jouer son jeu. Il se leva avant de soupirer :

« Bien entendu… Je t’ai appris les étoiles… Mais tu ne sais pas tout… Allons-y alors. »

Héhéhé ! Gagné ! Elle avait parfaitement réussi à manipuler le jeune homme sur ce coup ! Elle le regarda avancer vers elle puis passer à côté d’elle alors qu’ils se dirigeaient vers la pièce réservée à l’astronomie. Ah… Une pièce avec une bibliothèque où une bonne centaine de livres avait été déposés… Tous différents bien entendu ! Orion prit l’un d’entre eux, le déposant près de la petite table à côté du télescope alors qu’elle s’installait là-bas.

« Orion… Nous sommes le… »

« Je le sais très bien. Alors, prépares-toi et regarde vers l’est, 45 degrés et avec un zoom de troisième rang, tu devrais réussir à voir Ranastor. »

Elle l’écouta avec attention, suivant ses ordres avant de pousser un petit cri d’émerveillement. Même sans qu’il ne règle de lui-même le télescope… Il arrivait à lui donner la perfection. A chaque fois… Elle était tout simplement époustouflée par les connaissances d’Orion. Elle le força à venir en lui prenant la main droite avant de dire :

« Maintenant, tu restes tranquille et tu regardes les étoiles aussi ! Tu ne vas pas rester en retrait ! Je te préviens, Orion ! »

« Mais lâche-moi ! Tu n’as pas besoin de moi pour ça ! »

« Maintenant, j’ai mes deux mains alors je peux facilement te forcer à regarder les étoiles avec moi ! Et ne dit pas que je n’ai plus besoin de toi ! C’est toi qui te force à faire semblant de ne plus avoir besoin de moi ! Manger en tenant sa fourchette avec les dents, il n’y a qu’un imbécile pour faire comme ça ! » lui répondit-elle en se collant contre son dos, le maintenant contre elle en le serrant de ses deux mains autour de la poitrine.

« Pfff… Tu l’as dit toi-même… Tu n’as pas compris ? Tu as dit toi-même que tu n’avais pas besoin de moi pour manger et cuisiner… et te laver… »

« Et avant que tu ne viennes, comment je me débrouillai ? Seule. Alors je ne vois pas pourquoi ça changerait. »

« Tu n’as rien compris… Samus… Quelque chose… change… Et je n’aime pas le changement… Pas quand il m’affecte… »

« Alors ne te soucie pas de lui… Et parfois, il vaut mieux subir que s’enfuir. »

HA ! C’est elle qui voulait maintenant jouer les philosophes ? Il devait en rire ou en pleurer ? Il ne savait pas du tout… Tout ce qu’il savait… C’est qu’il… C’est qu’il était légèrement perturbé par tout ça…. Elle le gardait contre elle, le libérant d’une main avant de commencer à régler à son tour le télescope. Elle lui murmura qu’il ne restait plus que deux semaines de vacances et qu’elle ne voulait pas les gâcher alors que tout avait si bien commencé.

« Ca ne sert à rien de parler avec toi, Samus… Je ne comprendrai jamais ton côté féminin. »

« Tu préfères mon côté chasseuse de primes ? C’est toi qui m’a rendu aussi gentille alors maintenant, assumes ce que tu m’as fait devenir. »

« Ha… Assumer… Oui… C’est vrai… C’est vrai… Je n’aurai jamais du tenter de te transformer… Nous allons voir les étoiles alors ? Même si je suis éclopé d’un bras et que tu n’as plus besoin de moi ? »

« Il y a tant de choses dont j’ai besoin de toi… Alors arrête de faire la tête. »

Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Il ne le savait pas du tout mais bon… Il valait mieux parfois ne pas poser de questions visiblement. Même si il ne pouvait plus utiliser son bras gauche, il était toujours utile envers la jeune femme. C’était cela… qui lui avait fait peur… Ne plus être utile… Envers elle… Ah… Pourquoi il s’était mis dans tous ses états… pour elle ? Cela faisait combien de temps qu’il était avec elle ?

Plusieurs mois non ? Et depuis tout ce temps… Elle avait appris bien plus de choses sur lui que jamais personne ne l’avait su… Sa phobie des femmes, le fait que Bartholomé était une extraterrestre… Puis avec elle… Il avait vécu la mort de Garmi… Il avait faillit souvent mourir… Tout… Il avait vécu tellement de choses en moins d’une année avec elle… C’était pour ça qu’il voulait se rendre utile… pour elle… C’était simplement pour la remercier d’être à ses côtés non ? Rien de plus… Rien de moins… Enfin, il le pensait…

« Orion ? Tu cogites ? Orion ? Orion ? »

Hein ? Que quoi ? Il tourna son visage vers Samus qui semblait être inquiète de ne pas le voir réagir. Ah… Qu’est-ce qui s’était passé ? BRRRR ! Il trembla légèrement de froid à cause de la hauteur et de la fraîcheur de la nuit. Et puis… Il était si tard ? Il s’était enfoncé dans ses pensées pendant combien de temps ?

« Tu es peut-être fatigué, Orion ? Tu veux que l’on arrête ? Même si ça ne fait que sept heures ? » lui demanda t-elle d’une voix douce.

« Sept heures ? Déjà ? Le temps passe vite… en ta compagnie, Samus. »

« Disons que regarder les étoiles fait que nous ne voyons pas le temps passer. »

« Tu as entièrement raison… Mais je ne sais pas si j’arriverai à dormir… Personnellement. »

« Je ne sais pas non plus… Je n’arrive pas à expliquer pourquoi il est impossible pour nous deux de dormir depuis deux semaines. Qu’est-ce qui a pu changer ? »

Ils avaient chacun leur petite idée sur la question mais aucun des deux n’osait la donner. Il n’y avait qu’une chose qui avait réellement changé depuis qu’ils avaient l’appartement. Avec lenteur, elle alla lui prendre la main, retournant dans la chambre avec lui. Elle ferma la double fenêtre de son autre main alors qu’ils se mettaient tout les deux à rougir faiblement. Elle prenait les devants… Et il s’était mis rapidement à trembler. C’est vrai… En deux semaines… Il y avait une chose qui les empêchait de dormir.
Lentement, elle tirait la couverture du lit pour l’ouvrir, invitant le jeune homme à s’enfoncer à l’intérieur, chose qu’il fit avec bon nombre de soubresauts alors qu’il la regardait. Elle était toujours debout, rougissant violemment avant de venir le rejoindre. Ils se regardèrent pendant de longues secondes avant qu’il ne murmure :

« Après ? Qu’est-ce que l’on fait après ? »

« Rien… Rien du tout… On attend et on ferme les yeux… Tu crois que j’ai vraiment envie… de t’avoir dans mon lit ? Alors qu’on ne sait même pas… Enfin… C’est juste un test… hein… Je suis quand même Samus Aran, je n’ai pas peur de dormir toute seule ! »

« Et moi, je m’appelle Orion ou Ophiuchus ou Théodore Astrum ! »

« Alors… On ne fait qu’un test… Et si ça se confirme… On appliquera ce qu’il faut… »

Il hocha la tête alors qu’elle fermait déjà ses yeux, le jeune homme aux cheveux blancs faisant de même. Ils étaient face à face dans le lit mais assez éloignés… Et bien qu’ils avaient les yeux fermés, chacun savait que l’autre était en train de l’observer. Après plusieurs minutes, elle alla chercher la main droite d’Orion dans la sienne, le jeune homme commençant à dire :

« Mais qu’est-ce… »

« Tais-toi… Orion… Tais-toi… vraiment… s’il te plaît… »

Il ne devait pas lui répondre tandis qu’elle joignait ses doigts pour les croiser avec ceux d’Orion. Ah… Vraiment… Cette sensation de chaleur qu’il ressentait dans sa main droite… était si spéciale… si protectrice… C’était cette sensation qu’il avait perdu il y a deux semaines… C’était cette sensation… que Samus lui procurait…

Elle avait toujours vécu… sur ses gardes… Toujours sur le qui-vive… Elle n’arrivait jamais à dormir réellement… Elle était toujours… prête… à réagir… Mais avec Orion qui se comportait avec insouciance… Elle pouvait souffler… et se calmer… Vivre tranquillement et sereinement… Comme si il était une drogue… Une morphine… Hahaha… C’était bête de le comparer à ça… Mais avec lui… Elle pouvait se reposer.

Lui… Depuis que Bartholomé était mort, il avait du vivre dans l’inquiétude permanente d’un attentat et s’il n’y avait jamais eu Garmi avec lui, il n’aurait jamais pu se reposer… Et malgré cela, le sommeil n’arrivait jamais à venir le chercher. Mais avec Samus… qui avait tout ce qu’il fallait pour le réconforter et le protéger… Il se sentait mieux… Et avec la mort de Garmi… Il n’avait plus qu’elle… Et personne d’autre…

« Bonne nuit, Samus… Dors bien… » souffla t-il à la jeune femme.

« Bonne nuit, Orion… Fais de beaux rêves… Et à demain… » termina t-elle.

Oui… Ils allaient dormir paisiblement tout les deux… Et ils le savaient aussi bien l’un que l’autre. La seconde main de Samus alla enserrer la main droite d’Orion alors que les deux personnes faisaient un léger sourire sans se regarder. Malgré ce qu’ils pensaient et disaient… Ils étaient certains d’une chose dorénavant : Ils avaient besoin de l’autre.

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