- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 36 : Requiem
« Triste destin qui a lié ces deux êtres. »
La voix de DornRek résonnait dans tout le décor : Il avait annoncé que sa voix continuerait d’être présente jusqu’à leurs fins et Ryusuke serrait avec plus de force la Gardevoir aux cheveux dorés. Il voulait la sentir contre elle pour ses derniers moments. Il déposa de longs baisers sur son cou nu tout en la couchant sur le sol, elle se laissait faire, le regard implorant.
Ils avaient accompli l’impossible ensemble et pourtant, ils n’avaient pas le droit de vivre? Le destin était vraiment laid…très laid. Tout le contraire de l’homme qui s’était positionné au-dessus d’elle : Ils étaient seuls dans ce rêve, isolés des autres hommes et pokémons. Telle une malédiction qui débutait, quelques entailles apparaissaient sur leurs corps, signe que le Requiem venait de débuter. Le sang ne s’écoulait pas, ce n’était pas une technique très visible puisqu’elle agissait à l’intérieur du corps de ceux qui devaient subir ce chant.
« Dis…Ryusuke, tu crois à ce qu’a dit DornRek avant de mourir? Que nous nous retrouverons dans une autre vie et qu’on pourra enfin vivre heureux tout les deux? Je te poses cette question car je…Je ne suis pas sûre que ton existence ai été très joyeuse avec moi. Dès le départ, je t’ai causé du mal et tout cela est de ma fau… »
Il se coucha sur elle avant de l’embrasser longuement, ses deux mains posées derrière la nuque de la Gardevoir à la rose blanche cristallisée. En parlant de cette rose, celle-ci venait de perdre l’une de ses nombreux pétales, pétale qui allait se briser à côté des deux corps allongés l’un sur l’autre.
Qu’elle arrête de dire ces absurdités, tout mais pas ça, il ne pouvait pas supporter d’entendre ces paroles sans aucun sens. Ces mots n’avaient plus aucune signification depuis de nombreux mois alors qu’elle se taise, c’était tout ce qu’il demandait.
« Pourquoi Juperus voulut un tel désastre? »
La voix de DornRek venait d’émettre une seconde phrase et les deux amants posèrent une main sur leurs coeurs qui venaient de se serrer de douleur. Une rime en alexandrins, DornRek voulait-il offrir un dernier cadeau à ses adversaires? Le jeune homme aux cheveux bruns se releva de Clemona avant de s’asseoir à côté d’elle, la Gardevoir aux cheveux dorés faisant de même. Main dans la main, ils regardaient ensemble l’immensité cosmique qui s’étendait tout autour d’eux. Clemona brisait le silence, parlant d’une voix douce :
« Désolée Ryusuke, je ne sais pas ce qui m’a pris mais dès qu’il y a un problème, je considère que c’est en majeure partie de ma faute. Je suis la poké…non la femme la plus heureuse au monde et si je dois mourir, je n’ai pas peur de cela puisque c’est à tes côtés. »
« C’est la première fois…que l’on regarde le ciel étoilé ensemble en tant qu’amoureux, voir la première fois tout court. Il y a tant de choses que j’aurais aimé faire avec toi : Avoir des enfants, une maison rien qu’à nous et des petits-enfants aussi. Je t’imagine aussi en train de danser au son de mon violon tout en portant des robes que j’ai imaginé pour toi. Oui, j’aurais aimé faire tellement de choses avec toi. »
Le rouge parcourait les joues de la Gardevoir aux yeux verts. Ainsi, il avait pensé sérieusement à tout un avenir avec elle. Il était si…tendre et mignon. Elle s’était donnée à lui de tout son âme et un court instant, elle avait imaginé que la nuit n’avait été qu’une simple passade à cause de la tête qu’il avait fait. Elle déposa sa tête sur le torse de l’homme qu’elle aimait, celui-ci passant sa main droite autour de sa hanche pour coller le corps de la Gardevoir aux cheveux dorés contre lui. Peut-être avait-elle une petite chance de faire une dernière chose, un ultime but? La lueur qui brillait dans les yeux émeraude de Clemona avait quelque chose de triste comme si elle s’était préparée…mais préparée à quoi? A nouveau, la voix de l’envoyé céleste se faisait entendre :
« Sublime relation existant entre vous deux. »
« Je ne savais pas qu’il avait des talents de poète. C’est pas mal, il faut l’avouer non? »
« Arrêtes de te moquer Ryusuke et laisses le continuer, ce sont ses dernières paroles et elles sont très belles, ce n’est pas comme si tu étais capable d’en faire autant. »
Piqué au vif, l’homme aux cheveux bruns détourna le regard : C’est vrai qu’il n’était pas vraiment capable de ce genre de choses mais dans un moment aussi critique, elle pouvait quand même éviter de le lui rappeler. Il poussa un léger soupir avant de serrer un peu plus délicatement Clemona contre lui : Il était loin d’être parfait et il se demandait comment avait-elle put l’aimer un jour? Il regardait la Gardevoir aux cheveux dorés avant de passer une main dans ces derniers.
Un peu de sueur coulait du son front et de celui de Ryusuke : La troisième phrase avait fait son effet et elle poussa un petit gémissement de douleur. Elle devait se concentrer et rechercher au plus profond d’elle ce qui lui restait comme force. Elle se retira des bras de l’homme à la mèche brune, se levant lentement pour lui faire face. Elle voulait qu’il l’observe alors qu’elle allait lui donner sa dernière danse en son honneur : Une danse pour lui montrer tout l’amour qu’elle avait pour lui.
« Est-ce un au revoir ou un dernier adieu? »
Elle s’arrêta brusquement au beau milieu de la danse, signe que le requiem venait de s’enfoncer de plus en plus en eux. Une main posée sur son coeur, Ryusuke s’était relevé pour s’approcher d’elle mais elle lui indiqua que c’était bon d’un signe de la main. Qu’il reste assis pendant qu’il l’observait en train de danse. En ce lieu, elle avait pris sa robe blanche caractéristique des Gardevoir, robe qui se levait à chacun de ses pas pour montrer ses deux jambes de couleur blanche, si fines et douces.
Elle était vraiment splendide et une larme d’émotion coula sur la joue de Ryusuke : Oui…Il aurait tellement aimé vivre avec elle. Il la regardait avant de penser à quelque chose : Autant l’accompagner jusqu’à ses derniers instants. La main gauche tenant le violon à la couleur azur avec délicatesse, sa tête rapprochée de l’instrument de musique, il avait pris l’archet dans la main droite et s’était mis à jouer du violon. Dans ce vide cosmique, seuls les pas de danse et la musique résonnaient, tous empreints d’une très grande tristesse.
« Clemona, je t’aime. »
« Ryusuke, je t’aime. »
Deux phrases toutes simples, dites sur le moment et pourtant, ils avaient chacun besoin de l’entendre de la part de la personne qu’ils aimaient. Peu à peu, la danse suivait le rythme de la musique que Ryusuke jouait avec son violon, faisant penser à un ballet joué en duo par Clemona et lui.
Plus il l’observait et plus il l’aimait. Maintenant qu’il savait qu’ils allaient mourir dans quelques minutes, il ne pouvait pas imaginer un monde sans elle, un monde où elle n’existerait pas. Comment avait-il cru un instant pouvoir penser à quelqu’un d’autre, elle était tout ce qu’il avait désiré depuis toutes ces années : Gentille, calme, douce et belle. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle était une cruche sans cervelle, non, elle savait se mettre en colère et avait une très grande intelligence. Pourquoi devaient-ils disparaître aujourd’hui? Etait-ce un test pour évaluer sa dévotion et son amour envers elle? Il déposa le violon au sol avant de prendre les mains de Clemona, celle-ci étant légèrement surprise par l’action de Ryusuke. Quelques secondes plus tard, il l’accompagnait sur ses pas de danse, un petit sourire aux lèvres. Il murmura alors qu’elle n’était qu’à quelques centimètres de lui :
« Unis jusqu’à la fin des temps. Même si on meurt, on restera ensemble je te le promets. Nous vivrons heureux au Paradis. Dire que je ne croie pas en la religion, il faut que je te dise ça maintenant. Je tiens énormément à toi. Et dire que nous étions de petits enfants… »
Quelle était cette dernière phrase? Ce n’était pas ce qu’il voulait dire mais elle était sortie de ses lèvres comme ça et le reste de la phrase arrivait dans sa tête. Ces lignes…Ces mots…Ils occupaient ses pensées et il devait les lui dire. DornRek s’était arrêté de parler bien que le requiem n’était pas terminé.
« Et que je t’ai toujours aimé depuis ce temps.
Tes cheveux flamboyants et tes petits yeux verts.
Tout cela n’était-il qu’un rêve éphèmère? »
Il gémissait et elle aussi, le requiem venait de finir sa seconde partie et elle pleurait mais ce n’était pas des pleurs de tristesse, elle pleurait devant le discours de Ryusuke qui avait fermé les yeux, s’arrêtant de danser avec elle. Il s’était immobilisé et elle avait peur de le perdre bien plus tôt : Contrairement à elle, il avait été déjà sévèrement blessé et brûlé et peut-être que…qu’il allait mou…Non ce n’était pas possible, elle ne devait même pas penser à ça.
« Ce n’est pas un rêve Ryusuke, enfin si…Ca l’est mais ce que je ressens pour toi est bien réel, ne l’oublies jamais. Tu continueras à vivre mon dresseur. »
Son…quoi? Pourquoi parlait-elle de dresseur maintenant? Il avait ouvert ses yeux verts pour la regarder avec interrogation. Elle semblait si calme, comme si la mort ne semblait pas la déranger. Il passa une main sur les yeux de la Gardevoir aux cheveux dorés pour essuyer sa larme avant d’ouvrir la bouche pour prendre la parole mais elle déposa un doigt sur les lèvres du jeune homme avant d’approcher les siennes pour les lier. Cela se répétait inlassablement mais ni l’un, ni l’autre ne pouvaient s’empêcher de recommencer ces petits gestes qui prouvaient les sentiments qui les liaient.
Elle sentait à nouveau l’énergie l’envahir, une énergie nouvelle et capable de transcender tout ce qui a été créé dans cet univers. Oui…Elle se sentait capable de le sauver, lui…cet humain qu’elle aimait tant. Elle n’avait pas oublié les paroles de DornRek : Ils ne pouvaient pas quitter ce rêve. Oui, ce n’était pas possible sauf si…Il existait une puissance capable de rivaliser avec DornRek voir de la surpasser et donc de mettre un terme à ce cauchemar. Elle retira ses lèvres collées à celles de Ryusuke, le regardant droit dans les yeux : Il devait vivre.
« Pourquoi as-tu parlé de dresseur? Tu n’es pas ma Pokémon que je sache, tu es… »
« Je suis une Pokémon Ryusuke et tu ne pourras pas changer la réalité des choses. Le fait de pouvoir parler ne fait pas de moi une humaine. C’est peut-être là mon plus grand regret, j’aurais tellement aimé devenir une véritable humaine. Je ne sais pas si les pokémons peuvent avoir des enfants de la part d’humains et inversement. Tu penses que c’est possible? »
Il tremblait d’énervement : Qu’est-ce qui lui prenait de dire qu’elle était une Pokémon?! Ce n’était plus ce qu’il pensait alors pourquoi vouloir penser ça à nouveau?! Sa main droite se leva rapidement pour aller gifler Clemona. Ce n’était pas une dispute qui allait s’amorcer mais simplement pour lui remettre les idées en place. Lentement, il ouvrait la bouche pour qu’elle puisse bien comprendre ce qu’il allait dire :
« Tu… n’est… pas… MA… Pokémon! Tu vas comprendre ça bordel?! Jamais je ne coucherais avec une pokémon! Si je suis tombé amoureux, c’est de Clemona et non pas d’une créature douée de paroles! Tu es unique…U…NI…QUE! Si je pensais à toi comme une simple pokémon, est-ce que je ferais ça?! »
Après la claque, il s’était mis à la prendre dans ses bras, la serrant avec une étreinte chaleureuse. De nombreux pétales de la rose blanche étaient maintenant tombés, la fleur ne ressemblant plus à grand chose. Il tremblait légèrement mais il était sûr de son choix : Dès l’instant où il s’était donné à elle, il avait pris sa décision.
« Cle…mo…na, est-ce que tu veux bien… »
Il n’osait pas le dire bien qu’il savait que le moment n’était pas à la perte de temps. Même si ils ne le montraient pas, leurs deux corps souffraient de plus en plus du requiem crée par DornRek. Elle relevait légèrement la tête, montrant un décolleté généreux à Ryusuke qui n’arrivait pas à la regarder en face.
Qu’est ce qu’il allait lui dire? Il n’avait pas terminé sa phrase mais une petite idée venait de germer dans sa tête. Est-ce qu’il…Non, il n’allait pas lui demander ça? Si c’était le cas, sa réponse était déjà toute trouvée mais…
« Clemona! Estquetuveuxbienmépouser? »
Il avait dit ça, d’une traite, sans reprendre sa respiration. Il espérait seulement que cela avait été possible à comprendre car jamais il n’aurait le courage de reposer cette question une seconde fois. Il regardait subitement le ciel parsemé de constellations, de planètes et d’étoiles. Il était rouge… rouge de timidité. Si un seul instant, il avait imaginé Clemona comme une pokémon, jamais il n’aurait trouvé le courage de lui demander sa main.
« Je…Je ne sais pas trop Ryusuke…Je et bien oui, je veux bien. Je l’accepte si tu veux bien de moi. »
Elle avait…accepté? Elle…Elle…Il abaissa son visage, les yeux brillants pour la regarder. Elle voulait bien l’épouser? Enfin, il avait eut le courage de tout lui avouer mais quand même, tant d’évènements pour son anniversaire, il était gâté. Il l’observait avec tendresse, si heureux de voir qu’elle avait accepté de l’épouser.
A partir de cet instant où elle avait répondu « Oui », ils étaient maintenant considérés comme un couple. Un couple un peu spécial, il fallait le reconnaître mais un vrai couple. Jamais il ne s’était soucié de la race de la Gardevoir aux cheveux dorés depuis ce jour où il lui avait sauvé la vie, ce jour béni où ils s’étaient embrassés pour la première fois.
« Clemona, si nous devons disparaître, ça sera en tant que mari et femme à partir de maintenant. Tu ne peux pas savoir comme je suis si heu… »
Du sang fut projeté sur le visage blanc de la Gardevoir aux yeux verts. Du sang qui venait de sortir de la bouche de Ryusuke qui tomba en arrière, raid comme une planche. Les entailles, les brûlures, tout venait de réagir au requiem de DornRek et du sang s’écoulait des plaies, créant une flaque sur le sol.
« RYUSUKE! »
Elle criait son nom avant de se mettre à genoux, tachant sa robe blanche du sang de l’homme à la mèche brune qui venait de fermer les yeux. Elle aurait dut s’en douter, elle aurait dut! Mais non, à force de trop prendre son temps, elle venait de perdre l’être qu’elle aimait, l’être qu’elle devait sauver!
« Aujourd’hui, je sens que la vie va me quitter.
Tu vois, je crois que je suis loin d’être attristé.
C’est sûrement stupide mais j’ai fantasmé.
Sur ce corps dont je n’osais voir la beauté.
J’ai appris à ne plus cacher la vérité.
Clemona et Ryusuke, ensemble à jamais. »
Elle voulait crier, le traiter d’imbécile alors qu’il terminait le poème commencé par DornRek mais elle ne se sentait pas la force. Elle déposa sa main sur la bouche ensanglantée de l’homme pour lui intimer de se taire et celui-ci s’arrêta d’entrouvrir ses lèvres.
Il respirait difficilement, très difficilement. Il sentait son coeur se compresser comme si quelque chose tentait de l’écraser. D’après ses souvenirs, le requiem emmenait à l’évanouissement de l’adversaire si celui-ci n’était pas mis à l’abri rapidement mais ici…Cela devait être une version améliorée de cette technique.
Pourquoi restait-il immobile? Elle voyait son corps se lever faiblement, trop faiblement à son goût. Elle tentait de lui administrer quelques soins mais rien n’y faisait et elle s’était mise à sangloter : C’était ça ce qu’avait ressenti Ryusuke lorsqu’elle avait senti ses forces la quitter à cause du virus DornRek? Un sentiment d’impuissance tandis que les autres étaient renforcés? Qu’elle soit une Pokémon importait peu, elle aimait cet homme couché sur le sol de tout son être et elle devait faire de son mieux pour le sauver. Il y avait une solution…Elle savait qu’il y avait une solution mais laquelle? Toute son énergie était revenue mais il ne restait plus que trois pétales à sa rose blanche cristallisée.
« Je m’étais trompée. Tu es un excellent poète Ryusuke mais s’il te plaît, ne me quitte pas. Tu m’avais annoncé que tu voulais partir avec moi, tu ne peux pas prendre de l’avance n’est-ce pas? Aller, ouvres moi ces petits yeux verts qui me regardent avec tant d’amour. »
Elle voulait être sûre qu’il reste avec elle, que ses yeux ne restent pas fermés pour l’éternité. Une petite lueur était apparue dans la main droite de Clemona, une lueur blanche. Sa puissance était revenue à son summum, elle allait avoir recours à ceci mais cette fois-ci…Les yeux verts de son amant s’ouvraient légèrement et on pouvait apercevoir le regard fiévreux de l’homme, il semblait si mal en point et le vide sidéral avait refait surface. Elle déposa le violon azuré et l’archet sur le corps de l’homme.
« Cette fois-ci, je ne dois pas m’attendre à revenir. Enfin bon…Un jour ou l’autre, cela devait arriver. Tu l’avais si souvent répété : Un amour contre-nature. Mais tu l’as accepté et moi aussi, nous avons fait des choses interdites par les lois humaines voir divines mais ce n’est pas l’heure des regrets. Au final, j’ai eut une vie très heureuse et donc, je me dis que je n’ai rien à envier aux autres à part Riza. Elle pourra te voir tout les jours et peut-être que vous serez ensemble tout… »
« STOP! Je t’arrêtes là tout de suite! »
Le haut de son corps s’était relevé malgré les nombreuses entailles et brûlures qui le parcouraient. Où avait-il encore assez de force pour ne pas souffrir et abandonner? Il savait déjà ce qu’elle comptait faire cette fois-ci et il en était hors de question! Il se releva, titubant légèrement en respirant très rapidement. Un pétale de rose blanche cristallisée tomba au sol :
« Restes couché Ryusuke, tu n’es pas… »
« NON! Tu crois que je ne sais pas ce que tu vas faire?! Je connais les caractéristiques des Gardevoirs et je sais ce qu’elles peuvent faire! Je te l’interdis! Tu voulais me considérer comme ton dresseur alors voilà mon ordre : INTERDICTION DE L’UTILISER! Si je dois mourir, je meurs mais je ne veux pas que tu fasses cette bêtise! J’ai été clair ou je dois me répéter?! »
A chacune de ses syllabes un crachat venait les rejoindre, un crachat ensanglanté. Il se sentait déjà légèrement anémique mais restait debout, les bras pendant vers le sol. Elle s’était approchée de lui pour le prendre dans ses bras, sachant pertinemment que jamais il n’aurait accepté mais était-il en état de dicter ses ordres?
Elle poussa un profond soupir avant de laisser le jeune homme contre elle puis de faire une manoeuvre pour qu’elle se couche sur lui. Elle voulait profiter de ces derniers moments avec lui et elle reprenait la parole :
« Soit Ryusuke. Puisque tu le désires tant, je ne ferais rien du tout pour toi. Alors maintenant, reposes toi car le moment est bientôt arrivé. Nous allons nous retrouver tout les deux dans un endroit merveilleux. »
« C’est…C’est vrai? Tu ne me mens pas? Tu sais…Riza, mon travail, mes parents adoptifs, tout ça…Ca n’a aucun sens sans toi, je ne pourrais plus vivre sans t’avoir à mes côtés. Mon coeur a tellement besoin de toi, ma vie n’aurait plus aucun sens sans ton regard chaleureux, ce corps merveilleux et cette voix qui m’accompagne toujours. »
Qu’il arrête donc de parler, il ne comprenait pas qu’il la faisait souffrir en disant de telles choses? Elle ne voulait pas mourir…Elle ne voulait pas l’abandonner. Sans elle, qui s’occuperait du jeune homme? Qui veillerait sur lui toutes ces nuits? Qui dormirait à côté de lui dans son lit? L’avant-dernier pétale tomba sur le visage de Ryusuke tandis qu’elle passait une main sur ses yeux pour qu’il les ferme. Qu’il se repose, il le méritait tant après ce combat. Il n’avait pas eut le temps de remarquer qu’elle venait d’utiliser sa force psychique pour l’endormir que déjà un profond soupir se faisait entendre. Il ne restait que peu de temps et elle tournait son visage vers le ciel :
« Dieu Juperus, cela a t-il suscité ton intérêt? Est-ce que tu t’es diverti en nous regardant mourir à petit feu par ton envoyé céleste? Même si l’Homme est la pire des engeances à laquelle tu as donné vie, certains d’entre eux ne méritent pas de mourir. Nous avons réussi à battre DornRek et pourtant tu estimes que nous devons rejoindre le paradis maintenant alors que nous pouvions vivre heureux tout les deux? Je suis désolée pour toi mais je refuse de te laisser nous manipuler plus longtemps. Mon petit Ryusuke, ne fais pas de bêtises et ne meurs pas dans le futur d’accord? Je t’attendrais là-bas, qu’importe le nombre d’années qui s’écoulera. »
Lentement, sa main droite se recouvrait d’une aura blanche, complètement blanche. Sa chevelure dorée elle aussi s’était mise à briller comme le reste du corps. Les blessures de Ryusuke se refermaient complètement tandis qu’il disparaissait peu à peu. Elle positionna ses lèvres sur les siennes pour goûter une dernière fois au fruit défendu en souriant, quelques larmes s’écoulant sur sa joue. Elle aussi s’était mise à disparaître mais c’était différent. Dans le cas de Ryusuke, on pouvait s’attendre à ce qu’il réapparaisse autrepart mais ici, il ne semblait pas y avoir de retour. Le violon bleu et son archet avaient déjà disparus. Lentement, elle prononçait son souhait :
« Moi Clemona, je fais le voeu que Ryusuke retourne dans le monde réel et soit indemne. Que ce voeu soit exaucé. »
Voeu prononcé, voeu accompli : Le corps de Ryusuke se volatilisait peu à peu, Clemona le regardant, les larmes aux yeux. Accomplir cet ultime souhait pour l’être qu’elle aimait. Normalement, ce n’était qu’un évanouissement mais la force nécessaire pour le sauver et l’emmener requiert tellement de puissance psychique. Tout était terminé pour elle : La dernière pétale de sa rose blanche cristallisée tomba au sol, se brisant. Un jour, un adolescent lui avait offert cette fleur. Un adolescent qui ne savait pas quel pied danser. Un garçon qu’elle aimait tendrement…
« Adieu Ryusuke. »
Elle ferma les yeux, se laissant emporter en disparaissant dans l’immensité cosmique. Tout était terminé cette fois-ci, il n’y avait pas de possibilité de revenir en arrière. Dans le lit de Ryusuke, le jeune homme dormait tendrement dans les bras froids d’une Gardevoir aux cheveux dorés. Tout son corps était gelé mais il ne le remarquait pas…pas encore. A côté du lit se trouvait le violon de couleur azur et son archet. Eleanor et Isalia étaient rentrées dans la chambre, attirées par la puissance psychique que Clemona avait utilisé. Le regard abaissé vers le sol, elles n’osaient pas réveiller le jeune homme. Quelques heures avant que tout ce qu’il avait construit avec elle soit détruit…à jamais.
Maintenant qu’il n’était plus enfoui dans un rêve crée des mains de DornRek, à quoi pouvait-il penser? Est-ce que les derniers évènements avaient une emprise sur ce rêve? Il s’imaginait en train de gambader dans les vertes prairies avec Clemona, main dans la main. Une image idyllique et vraiment niaiseuse si on la regardait d’un point de vue extérieur. Le soleil disparaissait peu à peu dans le ciel pour laisser place à des nuages, une puissante bourrasque venant frapper la prairie, séparant le couple. Ryusuke s’était retrouvé au sol, le regard dirigé vers le ciel d’où tombait des flocons de neige ainsi qu’un froid hivernal, un froid à glacer les os.
Lentement, le décor se brouillait pour devenir complètement noir. La dernière chose qu’il pouvait apercevoir en se relevant était Clemona qui s’éloignait, le corps livide ayant pris une teinte bleutée.
Il avait froid…Si froid…Comme si il dormait contre un bloc de glace. Il ouvrait faiblement ses yeux verts en bâillant longuement : Tout était terminé, DornRek n’existait plus mais rapidement, tout se reliait dans son cerveau : Pourquoi était-il ici?! Il devait normalement mourir dans ce rêve! Son regard se posait sur la Gardevoir aux cheveux rouges, elle avait un sourire aux lèvres et lui aussi souriait, ils s’en étaient sortis vivants de cette histoire. Il ne savait pas comment mais…
« Il y a un problème Isalia et Eleanor? Que faites vous dans ma chambre? Je sais que je… »
Il s’arrêta de parler en observant les deux pokémons : Quelque chose clochait. Elles semblaient si tristes. Elles regardaient Clemona qui était couchée sur le lit. Il posa une main sur son visage et la retira subitement : Elle était gelée! Il frottait ses mains contre la peau de la Gardevoir aux cheveux rouges en criant :
« Hého Clemona, t’as froid?! Réveilles toi ma grande, je vais te réchauffer. Tu pouvais me dire que tu étais malade hein? »
Il ne voulait pas croire à la dure réalité et c’était normal. Il devait trouver des raisons autres que celle qui rendait le corps nu de Clemona aussi froid. Il devait trouver un moyen de la réchauffer. Ses mains parcouraient les bras et les jambes de la créature aux cheveux rouges tout en déposant la couverture sur elle. La tête posée contre le coeur de Clemona, il tentait de l’écouter en sanglotant mais rien n’y faisait : La bataille pour la vie venait d’être perdue, le tambour du corps de Clemona ayant arrêter de battre.