Chapitre 230 : Se faire dresser

ShiroiRyu
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Chapitre 230 : Se faire dresser

« Elyséa … Est-ce que toi et moi, nous avons fait la paix ? »

C’était important pour lui de savoir. Il devait savoir cela … Mais bon … Comment dire, il n’y avait pas d’autres choses que … Enfin, Elyséa le regarda avec lenteur, penchant la tête sur le côté avant de murmurer faiblement :

« Et toi ? Est-ce que tu me considères comme une plaie ? »

« Hein ? MAIS MAIS MAIS ! Pourquoi est-ce que tu dis ça ?! Elyséa ! »

Il vint aussitôt marcher à quatre pattes jusqu’à elle, arrivant à sa hauteur. La jeune femme aux cheveux blancs resta assise au sol, le laissant venir jusqu’à elle. Elle ne semblait pas choquée par ses paroles, contrairement au jeune homme.

« Je t’ai posé une simple question. Est-ce que tu peux y répondre ? Ça serait plus simple. »

« Bien sûr que non ! Jamais je ne te considérerai comme une plaie ! Pourquoi est-ce que je le ferai hein ? Réfléchis un peu ! »

« Je réfléchis … et je constate qu’amoureusement, tu ne veux pas que je me mêle de tes problèmes de cœur. De même, il n’y a pas que ça … Loin de là. Il y a aussi … le fait que le seul intérêt que tu me portes, c’est parce que je suis en toi. Si je n’étais pas en toi, est-ce que tu aurais dit la même chose ? Est-ce que tu m’aurais porté un quelconque intérêt ? »

Drôle de question … C’est vraiment très drôle. Enfin non ! Ce n’était pas drôle dans le sens humoristique, loin de là même ! C’était … vraiment non … Comment il devait penser ça ? Et surtout, pourquoi est-ce qu’elle lui posait une telle question ?

« Tu es en moi et j’ai besoin de toi pour vivre. C’est la chose la plus importante qu’il faut noter non ? Sans toi, je serai mort depuis longtemps. »

« … … … Oui … Peut-être. Un autre spectre ou créature ténébreuse aurait pu faire la même chose. C’est ça …. Et pas d’une autre façon. »

Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle était étrange, vraiment étrange. Il avait l’impression de lui faire terriblement mal depuis qu’il n’était plus avec Katérina. Depuis quand est-ce qu’Elyséa montrait des signes flagrants de faiblesse … physique ?

« Quand même … Tu n’as pas besoin de te mettre dans cet état. Enfin, je crois … »

« Sûrement. Je ne devrai pas me montrer faible. Ce n’est pas dans mon caractère, loin de là. Si je commence ainsi, c’est alors le début de la fin, rien d’autre. »

« J’espère que ça ne sera jamais une véritable fin. Mais bon, tu sais, un jour, je vais mourir. Peut-être très vieux. Dès que tu verras que je suis inutile, tu pourras partir. »

« Partir ? Est-ce que tu veux vraiment que je commence à m’éloigner ? C’est bien ça ? » murmura la femme aux cheveux blancs. Bien sûr que non !

« NON ET NON ! Rien du tout ! Rien de tout ça ! »

Comment expliquer correctement ! Elyséa, il avait tellement de mal à la comprendre ! Katérina, c’était simple, Sélia, c’était simple ! Elyséa, c’était tellement de nœuds que c’était impossible de la comprendre !

« Je n’arrive pas à penser à ce que je suis pour toi, Elyséa ! C’est tout ! »

« Ce que tu es pour moi ? Tu es Kéran, rien d’autre. Pourquoi est-ce que tu essayerais d’être quelqu’un que tu n’es pas … juste pour moi ? »

« Ce n’est pas du tout ça. Loin de là même. Je … Elyséa, je suis fatigué. »

Il était vraiment exténué. Il n’arrivait pas à saisir correctement ces pensées. Voilà tout ! Il … Il … Il était trop perplexe à cause d’elle. Elyséa. La femme aux cheveux blancs était toujours immobile, toujours au visage neutre et froid.

« Je sais ce que c’est le problème avec toi, Elyséa. Je commence réellement à comprendre … J’ai pu le voir un peu depuis que je ne suis plus avec Katérina mais dans la chambre … »

« Ah ? Quel est le problème alors, Kéran ? Je t’écoute et je suis sérieuse sur ce point. »

« Tu n’es pas assez émotionnelle. Enfin … Je l’ai remarqué depuis déjà pas mal de temps, avec ton passé et toutes ces choses. Tu souris que rarement, tu n’exprimes jamais réellement tes sentiments, tu … »

« Je ne souris pas sur commande, je ne rigole pas car on me le demande. Les sentiments n’ont pas besoin d’être exprimés et … »

« Pourtant, là, quand tu es sortie brièvement dans la chambre de l’auberge, je trouvais ça amusant de te voir me « provoquer » un peu. C’était bizarre mais ça changeait. Mais je n’étais même pas préparé. Je ne sais pas comment le prendre ! Je ne sais pas sur quel pied je dois danser avec toi ! Voilà tout ! Et pas autrement ! »

« Donc, qu’importe ce que je fais, je suis comme une étrangère, n’est-ce pas ? »

« Pas réellement une étrangère … Mais c’est complexe, vraiment très complexe. Je suis désolé mais c’est bien trop difficile de saisir exactement ce que je veux faire avec toi. »

« Ne te complique plus l’existence par rapport à moi. Je resterai la même … définitivement. Je ne pense pas que j’aurai besoin de changer pour plus tard. »

« Ne fait pas ça, restes toi-même. Si tu ne veux pas exprimer tes émotions, ne le fais pas. Je n’aime pas forcer les gens, pas du tout, d’accord ? »

Cette conversation … Il en souffrait. Surtout que la femme aux cheveux blancs restait vraiment imperturbable. Elle semblait si … dénuée de sentiments. En fait, tout cela semblait ne lui faire ni chaud, ni froid. C’était horrible … car il savait que ce n’était pas le cas, pas d tout même. Et puis … Elle avait aussi dormi contre lui en vrai, auparavant, non ?

Ce n’était pas … aussi simple que ça. Pas du tout même. Comment … Elyséa ! Elyséa ! Il … Il n’y arrivait pas du tout ! Voilà tout ! C’était aussi simple que ça ! Il regarda la femme aux cheveux blancs avant de dire avec lenteur :

« Est-ce que je peux partir de ton rêve ? Si ça ne te dérange pas ? »

« Comme tu veux, Kéran. Je ne vais pas te forcer, tu le sais bien. »

« Merci pour tout ce que tu as fait, Elyséa. »

« Ce n’est rien du tout. C’est une chose normale, rien de plus, rien de moins. »

Il ne savait plus comment réagir alors, il préférait s’enfuir. C’était un acte d’une très grande lâcheté mais ça ne faisait rien. Tout autour de lui commença à se brouiller mais il tendit la main vers Elyséa. Elle resta parfaitement immobile sans rien faire, le laissant seul de son côté … jusqu’à ce qu’il se réveille.
Et il se réveilla, le regard tourné vers le plafond. Sauf qu’il se sentait mal, terriblement mal. Ses pensées étaient toutes tournées vers quelque chose qu’il ne comprenait pas. Il passa une main sur son visage, celui-ci se modifiant légèrement par la surprise. Ses yeux étaient embués par les larmes ? Il avait pleuré ? Il continuait à pleurer ?

« Peut-être que dans le fond … Je ne comprends vraiment rien aux femmes. Qui est-ce que je cherche à rendre réellement heureux dans le fond ? »

Qui est-ce qu’il comprenait réellement ? Personne … Vraiment personne. Il tourna son visage vers Sélia qui dormait encore paisiblement. Et elle ? Est-ce qu’elle avait des soucis avec la femme en elle ? Cette Hyathéna ? Il n’en était pas si sûr. Et Katérina ? Avec Hodan ? Peut-être pas. Il se frotta le bras avant de murmurer :

« Elyséa ? Est-ce que tu es là ? »

« Je le suis … Mais ne parlons plus, nous nous sommes mis d’accord à ce sujet. »

« Je … sincèrement … Elyséa. Est-ce que tu m’en veux ? »

« Pourquoi devrai-je t’en vouloir ? Kéran, ce n’est pas cela. Mon seul désir est vraiment de te protéger, que cela soit des autres ou de toi-même. Que cela soit physique ou psychologique. Il est stupide de penser une telle chose. Il est stupide de penser cela … car un être qui n’a jamais souffert n’apprendra rien du monde qui l’entoure. Je suis une femme stupide, une femme tellement stupide mais tu as déjà perdu tellement de personnes, que cela m’est insupportable. Je ne veux plus de cela … et si je suis celle qui te cause tant de peine, alors … je préfère ne plus être présente. Mais ne t’en fait pas … »

« Je ne m’en fais pas … au sujet de ? »

« Pendant des années, je suis restée immobile et imperceptible. Tu n’as jamais remarqué ma présence. S’il le faut, je scellerai si nécessaire ta mémoire une nouvelle fois … pour que tu puisses être heureux encore une fois. Je suis prête à tout pour cela. »

« Arrête, Elyséa. Arrête s’il te plaît. Ce n’est pas ce que je veux. »

« Mais je suis perdue. Je n’arrive plus à te protéger même dans tes rêves. Je commence à perdre mes habitudes. Je ne veux pas de cela Je m’investis trop pour toi. »

« Est-ce une mauvaise chose ? Est-ce que tu regrettes de vouloir conseiller mon cœur pour que j’aille vers Sélia et Katérina ? »

« Je ne regretterai pas … cela … Je ne peux pas le regretter. Je sais parfaitement que ce que je fais, dans le fond, est bon pour toi. Mais je ne peux … pas … Je ne peux pas regretter ça. »

« Alors continue. Je t’écouterai. Même si je le refuse, continue ce travail, continue ce que tu fais, tu es celle qui me protège depuis des années, discrètement, comme si tu n’avais jamais voulu te dévoiler. Tu es mon ange gardien et je t’en remercie. »

« Je … suis d’accord. Je suis contente, Kéran. »

« Alors, j’espère te revoir encore une fois durant cette nuit. Et je suis désolé d’être aussi lunatique. Si toi, tu ne montres pas souvent tes sentiments, moi, j’ai du mal à les garder très longtemps correctement. Hahaha … Et Elyséa, malgré tout ce que j’ai dit, je tiens énormément à toi … même si je ne sais pas l’exprimer de la meilleure façon qui soit. Dis-toi que je reste assez bizarre … pour me dévoiler. »

« D’accord, Kéran. Je note cette remarque. » murmura la voix en lui, plus chaleureuse qu’auparavant, chose qui n’échappa pas au jeune homme.

« Et toi ? Tu devrais normalement me répondre et me dire que c’est ton cas aussi ? »

« Pourquoi devrai-je déclarer quelque chose qui est logique ? »

« Tu vois … C’est pour ça que je tiens à toi. »

Elle plongea dans son mutisme mais il sentit une forte chaleur l’envahir alors qu’elle ne disait plus un mot. Il était satisfait … de la fin de cette discussion entre elle et lui. C’est tout ce qu’il avait voulu désirer de toute façon.

« Kéran … Je tiens à toi. »

Elle avait murmuré cela faiblement après quelques minutes de silence alors qu’il était resté dans le lit. Ah … C’était ce qu’il avait voulu entendre de sa part. Et oui, il était heureux. En un sens, il ne savait pas pourquoi mais entendre cela de la part d’Elyséa le mettait dans un état bien plus euphorique que si cela avait été Katérina ou Sélia. Peut-être parce qu’il savait que c’était déjà le cas pour elles ?

« Non … C’est sûrement une raison bien stupide ça. »

Il le savait parfaitement. Mais les discussions avaient Elyséa avaient un autre goût. Un goût bien étrange, délicieux … Comme pour bien lui montrer qu’elle était différente des autres femmes. Heureusement pour lui, il bloquait cette pensée pour qu’elle ne puisse pas la lire.

Katérina était allongée au sol, haletante et en sueur alors qu’elle se trouvait dans un rêve. Hodan était là, ses griffes toujours à la place de ses mains.

« PUREE ! Mais comment ça se fait ?! »

« Cela se fait quoi, Katérina ? » murmura l’homme aux cheveux blonds.

« Que tu sois aussi fort ! Ce n’est pas normal ! Normalement, tu ne devrais pas être aussi fort ! Ce n’est pas logique ! Depuis quand tu l’es ? »

« Comment … Est-ce que je suis … ? Fort ? C’est cela que tu veux dire ? »

« Bien entendu ! A la base, tu n’es qu’un simple esprit ! Comment est-ce possible ? BON SANG ! Je suis crevée maintenant ! Je veux me reposer ! Ou pas ! Maintenant que je me suis entraînée, j’ai un autre besoin à combler ! »

« Katérina … Tu idéalises trop nos rapports dans les rêves. Je tiens à te le signaler … »

« Alors … Tu n’as qu’à venir en vrai, c’est tout. On verra si tu es aussi doué ou endurant en vrai, tiens ! Ca t’apprendra et … »

« Katérina, il y a des limites à ne pas dépasser. Ce que tu dis en est une. » coupa Hodan avec lenteur alors qu’elle semblait songeuse, réellement songeuse avant de se recroqueviller sur elle-même, assise par terre.

« Si ce que tu as dit est vrai, ça ne devrait pas réellement te déranger non ? Et puis … Depuis que j’ai recommencé avec toi, t’es le seul … à y arriver. »

« Tu n’as pas laissé beaucoup de chance à Kéran non plus. Est-ce que tu es certaine … à son sujet ? Il est vrai qu’il fut le premier à découvrir ce que tu étais réellement par ma faute. »

« J’ai peut-être été trop rapide en besogne. Ca arrive à tout le monde de se tromper non ? Bref, tu en as envie ou pas ? Que je sache si je vais dormir après m’être fait plaisir toute seule ou non. J’ai pas envie de perdre mon temps. »

« … … … Katérina, tu dois comprendre que j’aime aussi ma sœur. Enfin, elle n’est pas ma sœur naturelle, je tiens à te prévenir. »

« Elle est pas là et j’ai été violée par mon père alors sur l’inceste, si en plus, il est faux, je ne vais pas te jeter la première pierre. Tu feras ce que tu veux de ta vie sauf si elle cherche à me tuer, là alors, je répliquerai. Bon… Tu viens ? »

« Katérina, tu vas tromper Kéran … réellement, tu le sais ? »

« Et lui alors ? Vu comment il gueulait par rapport à Elyséa, tu ne crois quand même pas qu’il en profite ? Et puis bon … Tu n’as qu’à essayer de me conquérir si ce que tu disais était vrai … sauf si tu racontes des mensonges, ce qui ne serait pas digne de toi. »

Elle venait de briser ses dernières réticences. Mais … S’ils retrouvaient Kéran….

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