Chapitre 100 : Si proches

« Hmm … Sommeil encore un peu. »

L’hylien commence à marmonner alors qu’il ne sait pas exactement ce qu’il fait et ce qu’il se trouve. Il sait juste qu’il s’est endormi comme une souche après les derniers soins appliqués par Midona. Il semblerait qu’il en avait grandement besoin car il ne s’est pas réveillé pendant plus d’une dizaine d’heures. Il sent aussi que maintenant, il s’est mis en position couchée par rapport à avant. Il a surement bougé pendant la nuit, ce n’est pas possible autrement. Enfin, ce n’est pas un problème et …

« Aaaah. » soupire une voix féminine non-loin de lui. Aaah ? Qu’est-ce que ça veut dire ce aaah ? Qu’est-ce qui se passe ? Il commence à rouvrir ses yeux, regardant à gauche puis à droite. Il est bien couché mais en même temps, il se trouve sur …

« Midona ? Je … Je suis … »

Aucune réponse de la part de la jeune femme aux cheveux auburn. Elle dormait ? Alors pourquoi est-ce qu’il avait entendu son soupir ? Il comprit lorsqu’il remarqua qu’en fait, il y avait que … quelques centimètres de distance par rapport à Midona. Enfin, leurs deux visages étaient proches, beaucoup trop proches même.

« Elle … elle est en train de dormir en fait. »

Il se répétait cela dans la tête alors qu’il ne bougeait pas pourtant de sa position. Il avait toujours Midona en face de lui et … sa main était plutôt mal placée. Il n’y avait pas que ça, pas du tout. Il ne l’avait pas vraiment remarqué de suite mais les jambes de Midona avaient tout simplement serré la proie qu’il était, bloquant l’une des siennes. Si on rajoutait aussi que sa tenue s’était relevait légèrement, dévoilant bien mieux ses longues jambes fines et …

« Ce n’est pas vraiment très conseillé de sa part. Il vaut mieux … »

« Link. Link. Link. Je suis si heureuse que tu ailles bien, si heureuse, tellement heureuse. » murmura la femme aux cheveux auburn dans son sommeil, passant ses bras autour de son cou pour le tirer à elle. Trop près ! Beaucoup trop près ! BEAUCOUP TROP…

Gloups. Il ose plus bouger mais la sueur froide qui s’écoule de son front est bien présente. Midona … Midona est là … ce n’est même plus une dizaine de centimètres, c’est quoi ? Un souffle d’air ? Le souffle qui sort de sa bouche. Il a les yeux grands ouverts mais est complètement paralysé. Quand il se dit que sa main est sur la poitrine de la jeune femme, il est impardonnable. Mais s’il commence à retirer sa main, elle va réagir et …

« Link ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Je … »

« Bonjour, Midona. »

Elle est finalement réveillée mais elle reste statufiée à son tour. Elle a compris dans quelle position ils sont ? Il est sur elle, vraiment sur elle. Alors bon, là, c’est dangereux, beaucoup trop dangereux et… elle est en train de rougir ? Etrangement, son cœur se calme aussitôt alors qu’il continue de la fixer. Si elle commence à trop parler et inversement, ils …

« Link … » chuchota tout simplement la jeune femme aux cheveux auburn.

Ils n’osaient pas parler et lui-même commençait à être rouge aux joues. Est-ce qu’ils devaient bouger tous les deux ? Ca serait vraiment la meilleure chose à faire pour chacun. Oui, c’était beaucoup mieux mais bon, là, vu comment ils étaient empêtrés l’un par rapport à l’autre, ce n’était pas forcément une excellente idée.

« Midona, je vais me mouvoir. »

Il fallait quitter cette position embarrassante tout de suite. Ils ne pouvaient pas rester ainsi tous les deux. C’était beaucoup trop grave pour être ignoré. Enfin, pas forcément grave, pas du tout même. Si quand même un peu !

Il se redressa mais Midona agrippa son bras comme pour bien montrer qu’elle ne voulait pas le lâcher. Des petits cris, des mouvements en arrière et finalement, leurs positions vinrent s’inverser tous les deux. Ce fut elle qui se retrouvait au-dessus de Link bien que la distance entre leurs visages avait maintenant repris un chiffre raisonnable.

« Link … tu crois que … »

« Je dois croire que … tu crois que ? »

« Non, rien du tout Link. C’est surement une idée absurde, je trouve. Vraiment une idée plus qu’affreuse même. Ce n’est pas réalisable. »

Elle lui fit un petit sourire délicat, passant une main dans une boucle de cheveux auburn avant de se rapprocher de lui. C’est juste stupide … non … Elle ferme les yeux à moitié, rapprochant ses lèvres des siennes avant de se mettre à trembler.

« C’est juste complètement bête. Malgré toute l’inquiétude, malgré le fait que je t’ai retrouvé, malgré tout ce qui s’est passé en si peu de temps, je n’arrive pas à m’y résoudre, Link. Je n’y arrive pas du tout. Quand tout sera terminé, ça sera pareil. Comme auparavant. »

Qu’est-ce qu’elle racontait là ? Il sentit quelques larmes qui s’écoulaient de ses joues, tombant sur son visage. Non, non, elle ne doit pas pleurer. C’est triste quand elle pleure. Il passa une main sur sa joue, essuyant ses larmes d’un geste du doigt.

« Ne soit pas triste, d’accord ? Si j’ai voulu te chercher pendant tous ces mois, c’est que je comptais bien rester avec toi, Midona. »

« Tu ne comprends pas, Link. Tu ne comprends pas. Ce monde baigné par la lumière n’est pas ma place. Je suis là simplement car tu es à mes côtés, car tu as besoin de moi. Je ne pourrai rien faire sans toi. Lorsque tout sera fini, je repartirai … et je souffrirai comme la dernière fois ! Là encore, j’ai eu terriblement peur avec cette malédiction ! J’étais pieds et mains liés, je ne pouvais rien faire pour te sauver ! »

« Midona, pourtant, c’est ce que tu as fait, non ? Sans toi, je serai mort. Alors, maintenant que je vais mieux, je peux te le dire, tu ne crois pas ? Merci. Merci pour tout. Merci d’être à mes côtés, Midona. J’ai besoin de toi. »

Elle hoqueta de surprise en sentant les lèvres de Link sur sa joue. C’était un baiser rapide, très rapide même mais … c’était la première fois qu’il avait une telle marque de tendresse de sa part. Elle vint rougir violemment, balbutiant quelques mots avant de chercher à se redresser. Néanmoins, vue comment elle avait du mal à se relever avec leurs jambes croisées entre elles, elle s’écroula une nouvelle fois sur lui, n’osant plus bouger.
Les mains de Link se posèrent sur son dos, le caressant comme pour la rassurer alors qu’elle recommençait à sangloter. Combien de temps est-ce qu’elle avait attendu ça ? Juste ce simple geste. Il avait vraiment fallu qu’il soit au seuil de la mort pour qu’il agisse ainsi ? C’est ça ? Être presque mort pour juste une caresse et un baiser sur la joue ? Princesse ou non, elle se sentait … légèrement frustrée mais en même temps, tellement ravie. Elle voulait rester ici.