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Chapitre 1 : Imperméable

ShiroiRyu
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Première partie : Pour une paix définitive dans le royaume

Chapitre 1 : Imperméable

Quinze ans maintenant. C’était son âge alors qu’il était maintenant à nouveau un chevalier de la princesse Terria. Toujours recouvert de son armure dorée, il ne faisait qu’éviter que les émeutes ne se propagent dans le royaume. Depuis quelques temps, le peuple pouvait souffler un peu, ce qui était une bonne chose mais ce n’était pas pour autant qu’ils devaient se reposer. L’adolescent aux cheveux blonds était méconnaissable, œuvrant du mieux qu’il le pouvait pour son royaume. Il faisait de son mieux … oui …

De son mieux … Il ferma les yeux alors qu’il était assis sur un banc. Son casque doré posé à côté de lui, il regarda le ciel avant de pousser un soupir. Il faisait son travail, c’était le plus important à l’heure actuelle. Le reste ? Il n’était pas sûr d’y accorder un quelconque intérêt pour le moment. Ah … Il soupira une nouvelle fois, passant ses mains sur son visage. Il avait quinze ans mais pourtant il lui semblait en avoir tellement plus.

« Ce n’est plus pareil de toute façon. J’ai échoué depuis le début. »

Depuis le début, il s’était trompé, il avait échoué … Il avait complètement raté ce qu’il devait faire. Protéger son royaume ? Ah … C’était bien beau. Protéger son peuple ? Ah … C’était risible. Protéger la princesse ? Ah … C’était son devoir. Mais protéger sa famille ? Ah … Il avait bien échoué là-dessus. Risible, c’en était risible.

« Je ne vaux rien du tout. » murmura-t-il à l’unique personne, c’est-à-dire lui.

Il ne pouvait pas se retirer cette idée de la tête, cette idée macabre et lugubre où il était l’unique responsable de la mort de sa sœur. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Sa famille passait avant le royaume, il ne devait pas l’oublier. Non … Ce n’était pas ce qu’un chevalier devrait penser mais qu’est-ce qu’il en avait à faire ? Ce n’était pas eux qui avaient perdu un proche non ? Hein ? Si … Surement, chacun avait perdu une personne importante, malgré tout ce qu’il pouvait penser. Tout le monde pouvait perdre quelqu’un du jour au lendemain.

« Ça ne changera rien. Rien du tout. Rien … Rien … Rien. »

Il était ainsi depuis la fin des évènements. Il n’avait fait qu’œuvrer à protéger son royaume, ne laissant personne lui adresser la parole ou presque. Tout ce qu’il voulait, c’était ruminer ses pensées sans qu’on le dérange. Que ça soit Férast, que ça soit Lisian, que ça soit n’importe qui. Il s’en fichait cordialement.

« Bon … Il vaudrait mieux que je m’occupe de surveiller les alentours du château. Autant aider les soldats à faire leur travail. »

Il se leva de son banc, remettant son casque sans grande conviction alors qu’il se dirigeait vers les couloirs protégés par un toit soutenu par plusieurs colonnes. Il s’en fichait de tout cela, il n’en avait rien à faire. La seule chose qui l’importait était de terminer tout ça. Pourquoi est-ce qu’il avait des pensées aussi négatives ? Tout cela à cause de cet évènement. Il s’en voulait, il s’en voulait depuis tellement de mois. Il souffrait … terriblement.

« Earnos. » murmura une douce voix féminine alors qu’il s’immobilisait.

« Princesse Terria. Que puis-je faire pour vous ? » murmura faiblement l’adolescent sous son casque doré alors qu’en face de lui, la princesse du royaume se trouvait là. Oui … Depuis les derniers évènements, elle avait le droit de parcourir le château sans aucun garde. Une restriction que le roi avait finalement levée. Une restriction absurde.

« Tu ne voudrais pas que l’on parle un peu tous les deux ? C’est une bonne idée non ? »

« Non, ce n’est pas une bonne idée, désolé de vous l’annoncer de la sorte, princesse Terria. »

« J’estime quand même que c’est une bonne idée. Tu es mon chevalier et tu vas alors m’écouter parler pendant des minutes s’il le faut. » annonça l’adolescente aux cheveux blonds et aux yeux rubis comme lui.

« Princesse Terria, cessez donc tout cela. C’est plus ridicule qu’autre chose. Je n’ai guère envie de parler de choses inutiles. Vous le savez pertinemment. »

« Je le sais mais ça ne m’empêche pas que j’ai besoin que l’on discute, toi et moi. Je ne sais pas où tu comptais te rendre mais tu as un ordre royal à accomplir. »

« Un ordre royal ? » murmura Earnos avec interrogation avant d’hausser les épaules. Il était obligé de l’accepter. Ils se dirigèrent à nouveau vers le banc qu’il avait quitté il y avait encore quelques minutes. Restant assis, il ne murmura aucun mot, Terria brisant le silence :

« Tu pourrais quand même parler un peu hein ? Tu ne vas pas me laisser faire toute seule le travail non plus hein ? Earnos, je te parle. »

« Princesse Terria, c’est vous qui vouliez une telle chose. Personnellement, je ne suis pas intéressé par une discussion qui ne mènera à rien. »

« Earnos, arrête de faire ta tête de mule, ce n’est pas de ça dont je veux parler. J’ai envie que tu te confis à moi. Tu sais très bien que … »

« Je sais très bien que je n’ai pas à me confier à personne. Princesse, si vous n’avez rien à me dire, s’il vous plaît, veuillez ne pas me déranger inutilement. Si encore, vous aviez des nouvelles d’Olistar, cela aurait pu m’intéresser mais ce n’est pas le cas. » coupa l’adolescent, évitant de faire entendre l’agacement dans sa voix.

« Des nouvelles d’Olistar, des nouvelles d’Olistar, pourquoi est-ce que tu veux savoir ça ? Ce n’est pas parce que tu n’as pas de nouvelles de sa personne depuis bientôt un an que … »

« Avec lui, il était bien plus facile de se confier. Vous êtes une princesse, je suis un soldat. Je n’ai pas à parler de ça à des personnes de votre rang. » coupa une nouvelle fois Earnos.

« Et quand elle est morte, c’était qui qui était à tes côtés hein ? C’était moi, Earnos ! Et quand on a perdu un proche chacun, le rang n’a rien à voir ! J’ai perdu ma mère, tu as perdu ta sœur, il est normal que l’on se réconforte tous les … »

« ASSEZ ! Ne parlez plus de ma sœur ! C’est compris ? Elle est morte ! Morte et enterrée ! Je ne veux plus qu’on parle ! » hurla Earnos, se redressant vivement.

Il n’avait pas envie d’en parler avec quiconque ! Il avait évoqué Olistar pour qu’ils changent de sujet mais elle avait eu la mauvaise idée de continuer sur le même. L’idiote ! Elle était tout simplement idiote ! Il en voulait à la princesse de parler de ça ! Il en voulait au roi … Il en voulait tellement … ah … Quel idiot … Quel imbécile.

« Je ne voulais pas te mettre en colère, Earnos, je te le promets. »

« Je ne veux plus en parler ! C’est compris ? La seule chose qui m’intéresse, c’est qu’on me laisse tranquille ! Princesse Terria, je suis désolé mais je m’en vais, j’ai des choses vraiment plus importantes à faire que de discuter de ça ! »

« Attends un peu, Earnos ! » répondit Terria, se levant à son tour pour tenter de lui prendre le bras. Mais vu l’épaisseur de l’armure dorée sur le corps du Coconfort mais aussi celle de la petite main gracile de l’Apireine, cela fut impossible.

« Quoi encore ? » demanda Earnos, grognant sous son armure, n’ayant pas montré son visage à la princesse depuis le début de la conversation.

« Ça ne sert à rien de se lamenter sur son sort. Elle est morte, Earnos. Moi aussi, j’ai eu beaucoup de mal à admettre que ma mère était morte. Je ne pouvais rien y faire, tu n’as rien pu y faire. Il faut que tu continues d’avancer. »

« J’étais pourtant clair à ce … »

« ASSEZ ! Earnos ! Ne devient pas mon père qui n’a toujours pas oublié ma mère ! Il n’a pas réussi à passer outre cet événement. Tu sais … aussi bien que moi. »

Il ne lui répondit pas, restant imperméable à tout ce qu’elle disait. Il n’avait pas besoin d’en entendre plus, il n’avait pas besoin d’en savoir plus. Sans un mot, il s’éloigna de la princesse Terria, laissant seule la future monarque de ce royaume.

Celle-ci le regardait partir avec tristesse, cherchant à le suivre. Pourtant, il s’arrêta de marcher, l’adolescente faisant de même. Il fit un pas, elle faisait la même chose. Puis il se retourna pour lui faire face, ses yeux rubis posés sur ceux de la princesse.

« Princesse Terria, arrêtez ce petit jeu stupide. »

« Je n’arrête rien que je n’ai pas commencé. Si tu considères que tout cela est basé sur un jeu, tu te trompes lourdement. Je ne t’abandonnerai pas, Earnos. Tu es bien trop important pour moi. » souffla l’adolescente aux cheveux blonds.

« Vous l’êtes pour moi mais l’inverse est faux. Je ne suis qu’un soldat. N’accordez pas d’importance à ma personne alors que cela est inutile. »

« Ce n’est pas le cas ! Tu n’es pas inutile ! Tu es … »

Mais il s’était mis à courir, profitant de la confusion de l’Apireine pour mettre un maximum de distance et disparaître de sa vue. La laissant décontenancée, l’adolescent ne semblait plus maintenant se préoccuper de sa relation avec celle qui serait un jour la future reine.