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Romans de Chibi

Chapitre 7 : Un début de remboursement

ShiroiRyu
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Chapitre 7 : Un début de remboursement

Une semaine s’était écoulée : Une semaine où il s’était donné à son maximum. Maintenant qu’il pouvait utiliser la magie, chaque heure où il était réveillé était un prétexte pour s’entraîner. Les cinq livres dans le sac, il ne s’intéressait plus vraiment à ce qui l’entourait et malgré l’effervescence qui animait la ville, il ne semblait pas se soucier des personnes autour de lui. D’ailleurs, ils étaient arrivés à Midès mais ils n’avaient guère profité de la capitale à l’heure actuelle. Il semblait même ne pas s’y intéresser. Non, le plus important était les moments qu’il avait passés avec l’Ombre cette semaine.


L’ombre encapuchonnée restait assise pendant des heures en l’observant. Il s’exerçait avec minutie et les deux premières journées s’étaient soldées par des échecs monumentaux. Il n’avait pas réussi une seule fois à se concentrer suffisamment pour faire apparaître une pierre dans sa main. Mais au milieu du troisième jour, un ridicule caillou s’était finalement présenté à l’intérieur de sa main. Un caillou du diamètre de son petit doigt mais quel caillou ! Il s’était retourné vers l’ombre avec un magnifique sourire dessiné sur ses lèvres. Il arriva à sa hauteur, montrant la pierre comme un trésor qu’un enfant aurait découvert :


« Regardez l’Ombre ! Regardez ! J’ai réussi ! J’ai enfin réussi ! Vous avez vu ? Et je n’ai même pas eu besoin de vous dans le fond ! C’est une bonne nouvelle hein ? »
L’ombre se redressa, ses deux yeux saphir étrangement posés sur lui. Même si il était un adulte, apprendre le sort le plus simple de l’élément de la terre en seulement trois jours était remarquable. Les yeux bleus à travers le masque ne cessèrent de fixer Tery tandis que le jeune homme arrêta de sourire. Avait-il commis une faute pour que l’Ombre ne dise rien du tout ? Depuis deux jours, elle ne s’exprimait que très rarement et il se demandait si elle n’était pas en colère envers lui. Enfin, elle prit la parole :
« Mes félicitations Tery. Ce n’est qu’une petite pierre mais tu as été capable d’en créer une. »
Le ton était impérial et éloigné, bien différent de celui qu’il lui connaissait. Il baissa la tête, légèrement confus avant de refermer le livre. Il jeta la petite pierre dans l’herbe avant de soupirer. C’était gênant … de parler de la sorte. Il répondit :
« Ce n’est pas grand-chose. Je me souviens que mes camarades faisaient pareils alors qu’ils n’avaient que huit ans. Ce ne sont que les bases élémentaires. Sinon…Ça ne va pas ? »
Il ferma rapidement la bouche : Depuis quand s’intéressait-il aux états d’âme de l’ombre ? Ils ne se connaissaient pas plus que ça et ce n’était pas son souci. Enfin… Il n’était pas habitué à voir l’ombre aussi froide. Celle-ci haussa un sourcil derrière son masque blanc : s’inquiétait-il de son sort ? Etait-il au courant de quelque chose ? Pourtant, elle ne se rappelait pas avoir parlé de ça. Ou alors, était-il vraiment inquiet à son sujet ? Elle murmura :


« Si, si. Ne t’inquiète pas pour ça. Je reste juste étonné de voir tes progrès dans l’élément de la terre. Je pense que si tu t’entraînes autant pour les quatre autres éléments, tu seras capable de créer les petites choses de base. Mais bon, pas tout de suite.
« Vous voulez bien m’apprendre ? Je vous en prie. Enfin … Je n’aime pas prier. »
Elle resta stupéfaite par la demande de Tery. Le jeune homme était visiblement très gêné par sa demande et il lui sembla même remarquer un léger rouge sur ses joues. Pourquoi lui demandait-il ceci ? Etait-ce parce qu’elle ne semblait plus s’intéresser à lui ? Ce n’était pas réellement de sa faute : Les ordres de l’Oracle étaient formels mais elle ne pensait pas voir ça de la part de celui qui devait être son compagnon.
Pourquoi avait-il ouvert la bouche ? Il regrettait déjà ses propos un peu trop rapides à son goût. Il n’osait pas se l’avouer mais il avait un peu honte : Pour lui, il savait que l’Ombre était au courant de son but. Ses nombreux arrêts dans la ville pour observer les soldats de l’armée de Midès, les nombreuses affiches de propagande, il était difficile de ne pas voir son intérêt à ce sujet. L’Ombre l’avait sûrement remarqué et s’était éloigné de lui : C’était de sa faute et il voulait se faire pardonner. C’était bien là l’unique moyen qu’il avait trouvé. Finalement, elle accepta en hochant simplement la tête
Trois jours s’écoulèrent à nouveau et il était maintenant capable de créer une petite flammèche au bout de l’un de ses doigts. Aujourd’hui, c’était mercredi et il voulait passer un peu de temps sur l’élément de l’eau. Si il était capable de réussir à remplir ne serait-ce qu’une petite coupole d’eau, il serait déjà content.
« L’Ombre ? L’Ombre ? Êtes-vous là ? »
Des bruits de pas lents sur le plancher. Quelques secondes s’écoulèrent et la voix de l’ombre encapuchonnée se fit entendre, plus faible qu’à son habitude.
« Il… y a un problème Tery ? Je suis bien là … Oui. »
« Vous n’êtes pas encore prête pour aujourd’hui ? J’aimerais bien commencer à apprendre le sort de base élémentaire de l’eau si cela ne vous dérange pas. »
« Tu… pourrais étudier seul aujourd’hui ? Je ne me sens pas très bien, désolé. »
Elle ne se sentait pas très bien ? Il resta interdit pendant plusieurs secondes avant de passer une main dans ses cheveux bruns. Cette personne qui était si vive et excitée pendant plus d’un mois et demi était capable d’être malade ? Il n’y croyait pas un instant mais ne préféra ne pas poser d’autres questions.
« Je serais à l’endroit habituel si vous me cherchez et si vous vous sentez mieux. »
« D’accord Tery. Bon entraînement. » murmura la voix de l’autre côté de la porte.
Il hocha la tête avant de s’éloigner de la chambre. L’Ombre encapuchonnée posa son dos sur cette dernière en murmurant :
« Ca ne peut plus durer. Il me faudra bien un jour m’y résigner avant qu’il ne devienne trop dangereux mais pourquoi dois-je le faire ? Oracle … »

Il avait descendu les escaliers, retournant au rez-de-chaussée avant de se faire héler par l’aubergiste. Celui-ci connaissait son nom puisque cela faisait maintenant pas mal de temps qu’ils étaient ici. Il lui demanda de le suivre pour lui parler en privé d’un petit souci. Assis sur une chaise, il l’écouta parler du fait que selon la personne masquée, ils n’allaient plus pouvoir payer leurs chambres très bientôt. Ainsi, il lui laissait jusqu’à la fin de la semaine prochaine pour trouver une solution. Il n’était pas un mauvais bougre et il appréciait le jeune homme et celui qui l’accompagnait mais bon … Il avait un commerce à faire vivre.
Il se releva de sa chaise avant de s’apprêter à se retirer de la pièce, le regard assombri par cette nouvelle. Ainsi, le problème provenait d’un manque d’argent ? L’argent … Tout dans ce monde était régi par l’argent et il le savait bien. Le temps de l’insouciance et de l’apprentissage était révolu. Il s’arrêta devant le pas de la porte :
« D’ici ce soir ou demain, vous aurez l’argent pour tout un mois. »
« Comment ça ? Tu connais le prix de deux chambres dans cette auberge au moins ? Revois un peu ton jugement et dis-toi que tu ne pourras que payer pour une semaine et encore, je vois difficilement comment tu pourras faire. »
« Ne vous souciez pas de ça ! J’ai dit que je trouverais le moyen. » termina le jeune homme.
Il quitta la cuisine sans attendre que l’aubergiste lui réponde. Quelques secondes plus tard, il remonta dans sa chambre, déposant les nombreux livres avant de se positionner devant le miroir. Il se regarda longuement pour s’étudier sous toutes les coutures : Oui, ça pouvait aller. Il était quand même présentable.
Prenant ses deux griffes pour les mettre dans le sac à côté de ses cinq livres qu’il avait récupéré, il claqua la porte de sa chambre avant de quitter l’auberge en courant dans la capitale. L’Ombre encapuchonnée observa le jeune homme par la fenêtre. Qu’allait-il faire ?
« Pardonnez-moi, vous êtes bien de l’armée de Midès ? » demanda-t-il.

Il avait trouvé l’idée parfaite. Les deux hommes étudièrent le jeune homme avec minutie : C’était bizarre que quelqu’un vienne leur adresser la parole. A part quelques enfants et encore, ils n’étaient pas habitués à ce qu’on les arrête pendant une mission de patrouille.
« Oui, c’est bien cela. Que pouvons-nous pour toi ? » dit l’un d’entre eux.
« J’aimerais rejoindre l’armée de Midès mais je ne sais pas où se trouve le bureau de recrutement. » annonça le jeune homme avec neutralité, espérant obtenir une réponse.
« Heu…Tu es sûr de ton choix ? » questionna l’un des soldats, plutôt surpris.
L’un des hommes semblait soucieux de la demande de Tery tandis que les regards de quelques personnes se dirigeaient vers eux. Le second homme fit un petit geste de la main pour signaler que cela n’était pas important tandis que Tery haussa un sourcil. Il était tout ce qu’il y avait de plus sérieux quand il s’agissait d’une telle chose. Une nouvelle recrue plausible ? Oui … Mais non … Il valait mieux stopper cette foire tout de suite.
« Bon…Nous ne sommes pas des recruteurs mais je vais te donner l’endroit où tu devras te tendre. Tu as de quoi écrire ? »
Il hocha la tête d’un air négatif tandis que le soldat soupira avant de sortir de sa moche un bloc-notes. De nombreux chiffres étaient écrits sur la première page. Il déchira une page vierge avant de se mettre à réfléchir. Il se mit à écrire pendant plusieurs secondes avec quelques arrêts pour se plonger dans sa réflexion avant de tendre le morceau de papier au jeune homme. Il reprit la parole :
« Voilà pour toi. Rends-toi là-bas et tu pourras postuler chez nous. J’espère que tu as bien lu les conditions et que tu as réfléchis aux conséquences de tes actes avant ça. »
« Aucun problème ! Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait. »
Il s’inclina devant les deux soldats avant de se mettre à courir à nouveau à travers la ville. Il se rapprochait de plus en plus de son but. Il n’avait pas encore le D tatoué sur son corps mais il savait manier une arme et il pouvait utiliser tous les éléments. Enfin, tous les utiliser, ce n’était pas totalement vrai. Il n’en était qu’aux bases et avec cette nouvelle qu’il venait d’apprendre, il ne savait pas si il était capable de manier l’eau, le vent et l’électricité.
Le second soldat s’adressa à celui qui avait pris la parole, demandant quelle adresse il avait donné à Tery. A l’écoute de celle-ci, il fit un petit commentaire négatif et désapprobateur. Il déplora l’acte que le premier soldat venait de commettre avant de se remettre en route pour accomplir sa patrouille. Après une dizaine de minutes où il s’arrêtait continuellement pour lire le chemin à suivre, il finit enfin par atterrir devant un bâtiment à l’aspect assez vétuste. Sur son toit se trouvait un emblème représentant un magnifique dragon doré entouré d’une aura couleur blanc-gris. Malgré l’état déplorable du bâtiment, Tery semblait émerveillé par ce qu’il voyait et pénétra à l’intérieur de ce dernier.
Visiblement, il était le seul…Un homme était assis sur une chaise, semblant s’intéresser à un bout de papier tandis qu’il n’avait pas remarqué Tery. Il y avait aussi peu de monde dans cet endroit ? Les murs bruns s’écaillaient et quelques petites fissures étaient visibles sans pour autant signaler que le bâtiment allait s’écrouler. Tery s’installa sur l’une des nombreuses chaises, posant son sac à côté de lui avant d’observer l’homme qui se trouvait sur la chaise. Des cheveux blonds en bataille, la trentaine avancée, une barbe mal-rasée, il ne semblait pas avoir remarqué la présence de Tery tandis qu’une porte se trouvait derrière lui. Après cinq à dix minutes, Tery toussa légèrement, les yeux bruns de l’homme se relevant enfin de la feuille pour le regarder. D’un air étonné, il lui demanda :
« Que venez-vous faire ici ? »
« Je viens me présenter pour me faire recruter dans l’armée royale de Midès. »

Il avait très mal entendu, n’est-ce pas ? Il demanda si il voulait vraiment une telle chose, Tery confirmant ses propres paroles. L’homme murmura quelques paroles qu’il ne pouvait pas entendre avant de se redresser, quittant sa chaise pour toquer plusieurs fois à la porte. Une voix forte se fit entendre derrière celle-ci, lui demandant d’entrer. Plusieurs minutes passèrent où des nombreux cris résonnaient dans l’immeuble. Violente … La personne à qui s’adressait l’homme aux cheveux blonds devait l’être toute particulièrement.

« Mais tu sers vraiment à rien ! Je suis sûr que c’est qu’un pauvre type qui s’est perdu ! Montres lui la sortie avant que je vienne te botter l’arrière-train ! » s’écria une voix, l’autre étant trop faible pour qu’on puisse l’entendre. Elle reprit en réponse : « JE SAIS BIEN ! Fais le rentrer avant que je m’énerve ! »
S’énerver ? Ce n’était pas déjà le cas ? Tery ferma les yeux un instant, se demandant qui pouvait parler avec tant de véhémence dans ces propos et surtout avec une voix aussi forte et brutale. L’homme aux cheveux blonds sortit de la pièce avant de lui demander de pénétrer à l’intérieur en murmurant :
« Bonne chance. Je crois que tu vas en avoir bien besoin. »
De la chance ? Et pourquoi cela ? Lentement, il marcha vers la salle derrière l’homme aux cheveux blonds. Quelques instants après, il se retrouvait devant un homme de petite taille au crâne dégarni. Les joues bouffies, une moustache noire allant jusqu’à ses pattes de même couleur, il regardait d’un air mauvais le jeune homme. Sa voix grinça au moment où il s’adressait à lui, signe de son quasi-dégoût envers Tery :
« Vous êtes qui ? Vous êtes maigrichon et vous voulez rentrer dans l’armée royale de Midès ? C’est une blague n’est-ce pas ? Je n’ai pas de temps à perdre. »
« Je ne rigole pas. Je veux vraiment devenir un soldat de Midès et du royaume de Shunter. »
« Non. Tu ne veux pas rentrer dans l’armée. »
Non ? Il ne voulait pas rentrer dans l’armée ? C’était quoi le problème ? S’était-il mal exprimé ? L’homme l’observait de ses yeux onyx, des yeux perçants et fixés sur lui. Il se sentait mal à l’aise mais se rappela la seconde raison de sa présence en ce lieu : Trouver de quoi rembourser l’Ombre.
« J’ai dit que je voulais devenir un soldat de l’armée de Midès. Je pensais avoir été explicite. »
Comment ce gamin osait s’adresser à lui de cette manière ? Il n’avait pas froid aux yeux mais cela ne suffisait pas ! La majeure partie des hommes qui se présentaient à lui s’éloignait après sa petite phrase, l’autre partie quant à elle… Il se leva de sa chaise, montrant toute sa stature du haut de ses un mètre cinquante tout en s’approchant de Tery :
« Et de quel droit penses-tu pouvoir rentrer chez nous ? Regarde donc ton corps. Tu es maigrichon et il suffirait d’un ennemi utilisant l’élément du vent pour que tu t’envoles ! De plus, tu ne voudrais pas me faire croire qu’un gamin comme toi est de rang D n’est-ce pas ? Sais-tu ce que tu risques en mentant de la sorte ? »

« Je le sais bien et je n’ai pas peur des risques à encourir ! Je veux devenir l’un de vos soldats. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? » s’écria-t-il presque aussi fort que le petit homme en tapant du poing sur le bureau. Il tremblait de tout son corps, espérant n’en avoir pas trop fait. Il était bien plus faible que le recruteur et il le savait ! Il devait simplement s’armer de courage et lui tenir tête. L’homme s’immobilisa pendant plusieurs secondes avant de le frapper au ventre avec violence. Le corps de Tery fut pris de soubresauts avant qu’il ne se mette à vomir sur le sol, recrachant quelques morceaux de son petit-déjeuner tandis que l’homme reprit la parole :
« Ne fais pas la forte tête avec moi d’accord ? Si tu veux vraiment rentrer chez nous, il faudra faire bien mieux que ça ! Pour qui te prends-tu gringalet ? Des imbéciles dans ton genre, il y en a dans toutes les armées ! Tu sais à quoi ils servent ? Simplement à chair à canon et en tant que boucliers humains ! Ils sont trop stupides pour penser à autre chose qu’à leur ridicule existence et à celle de leurs familles ! Ils rêvent de gloire et de fortune et pensent devenir quelqu’un de célèbre dans le royaume de Shunter ou dans ce monde ! Alors dis-moi… »
Il sentait sa tête se faire tirer par les cheveux tandis que l’homme montrait son visage au niveau du sien. Quelques rides étaient présentes sur le visage de l’homme mais il n’avait pas l’alcool mauvais d’après l’odeur qui émanait de lui. Il avait naturellement ce comportement :
« C’est pour qui que tu veux faire ça ? Pour toi ? Pour ta famille ? Pour le royaume ? Réponds-moi avant que je m’énerve ! Foutu gamin. »
Pour qui voulait-il se battre ? Pour qui voulait-il brandir son arme ? En rentrant ici, il avait deux réponses à ces questions : Le royaume de Shunter et l’ombre encapuchonnée. Mais maintenant, il n’était plus aussi sûr de vouloir devenir un soldat mais sa fierté allait en prendre un coup et il ne voulait pas paraître risible par rapport à cette brute.
« Vous n’avez pas à savoir ! Je me bats pour des choses que vous ne connaîtrez jamais ! »
Bonne réponse mais ça n’allait pas suffire ! Il envoya la tête de Tery dans le sol, la faisant baigner dans le liquide jaunâtre qu’il avait recraché il y a quelques minutes. Le second homme aux cheveux blonds pénétra à l’intérieur de la pièce avant de soupirer, relevant le jeune homme encore secoué par ce qu’il venait de subir. Il dit avec véhémence :
« Vous pourriez éviter d’aller jusque-là ! Il venait simplement pour s’inscrire ! »
« On n’a pas besoin de types pathétiques de son genre dans l’armée ! S’il veut vraiment rentrer chez nous, qu’il me ramène la tête du scorpion qui habite dans la grotte désertique à quelques lieux d’ici ! Sinon, il n’a même plus besoin de se présenter devant moi ! T’as entendu blanc-bec ? Alors maintenant, retournes vivre comme les autres gamins de ton âge et ne vient plus m’importuner ! Maintenant, dégagez tous les deux avant que je m’énerve ! »

L’homme aux cheveux blonds emmena Tery hors de la pièce. Celui-ci se retrouva assis sur l’une des chaises de la première salle, serrant les dents. Cet homme… Il se croyait fort ? Il se pensait au-dessus de lui ? Il allait lui faire cracher ces tripes la prochaine fois ! Pas maintenant bien entendu, mais un jour… De l’eau fut projeté sur son visage, lui permettant d’ouvrir les yeux et de faire disparaître la désagréable odeur qu’il avait maintenant.
« Désolé jeune homme mais il est toujours comme ça. Je ne sais pas qui t’a donné notre adresse mais il s’est bien moqué de toi. Il y a plusieurs autres bureaux de recrutement dans la capitale, tu devrais poser ta candidature là-bas. »
« Où… Où se trouve la grotte désertique dont il parlait ? » murmura Tery avec lenteur.
« Abandonne cette idée, tu n’as aucune chance. Tu pourras te faire recruter autre part. Ne perds pas la vie à cause de ça. Tu ferais même mieux d’éviter le recrutement. »

Le jeune homme se redressa faiblement avant de s’éloigner en empoignant son sac. Sans un mot, il quitta le bureau de recrutement, le regard baissé sur le sol. Saleté ! Il détestait rarement une personne mais là, il avait la haine. Cet homme, il se croyait plus important que lui ? C’était sûrement le cas mais quand même… Une comparaison avec l’Ombre encapuchonnée et il regrettait déjà cette dernière. Il ne pouvait pas revenir en arrière, voilà tout ! Les habitants le regardèrent d’un air dégoûté, chose tout à fait normale quand on savait dans quoi il avait baigné sa tête. Son regard se posa sur une affiche qu’il lut :
« Guilde des magiciens de l’ordre de Barkan recherche pattes de Gnomold pour formation d’ingrédients. Chaque patte de Gnomold sera achetée pour le prix de dix pièces d’argent. Si vous êtes intéressé, veuillez-vous rendre au quartier des mages dans la section Est de Midès. »
Tuer des Gnomolds ? Et sachant que chaque Gnomold avait deux pattes, cela faisait vingt pièces d’argent par tête. Il suffisait d’en tuer quelques-uns. Faire plaisir à l’Ombre encapuchonnée et la voir sourire derrière son masque blanc, ce n’était pas un si mauvais but. Quant à la grotte désertique, elle pouvait bien attendre quelques semaines. Il se dirigea vers la sortie Sud de la ville capitale de Midès, les quatre gardes habituels l’interpellant pour savoir où était l’Ombre. Il signala qu’elle ne se sentait pas très bien et qu’il allait se balader un peu tout seul au cas où. Il devait partir chasser des Gnomolds. L’un des gardes lui demande faire extrêmement attention au cas où.

Heureusement qu’il y avait quelques soldats de ce genre dans l’armée royale de Midès. Il s’inclina respectueusement pour remercier le soldat et ses trois comparses. Il se retira en les saluant pour marcher pendant deux kilomètres avant d’arriver à l’orée de la forêt. Il déposa son sac sur le sol, l’ouvrant pour y extirper les deux griffes.
« Il est l’heure de remercier l’Ombre. » se murmura-t-il à lui-même.

Les deux griffes à la place de ses mains, il pénétra à l’intérieur de la forêt, prêt à débusquer des Gnomolds. Dans l’auberge, deux heures après le départ de Tery, le poignet d’une porte se tourna légèrement avant que celle-ci ne s’ouvre pour laisser paraître l’ombre encapuchonnée. Elle toqua deux fois à la porte de la chambre de Tery, aucune réponse. Il était parti s’entraîner comme elle le pensait. Elle descendit les escaliers pour arriver au rez-de-chaussée, l’aubergiste l’arrêtant avant même qu’elle ne quitte l’auberge.
« Hey ! Ton camarade n’est pas revenu pour déjeuner, tu pourrais aller le chercher ? »
« Je comptais le rejoindre. » dit la personne masquée avec lenteur.
« Ah…Et au sujet de ce que tu sais… Je l’ai quand même prévenu : Tu ne devrais pas lui cacher ce genre de choses. Vous êtes des amis non ? »

Comment ? Monsieur Rank avait prévenu Tery au sujet de son problème d’argent ? C’est vrai qu’il ne restait plus que deux à trois pièces d’or mais elle pensait faire quelques missions de mercenariat pour se renflouer mais avec les derniers évènements et la nouvelle qu’elle avait apprise.. .Sans lui répondre, elle se retira de l’auberge avant de se mettre à courir à toute allure dans la ville. Quelques minutes plus tard, elle se retrouva en-dehors de Midès, allant vers la plaine où ils s’entraînaient tous les deux habituellement. Une mauvaise surprise l’attendait : Aucune présence de Tery.

Imbécile ! Quel imbécile il était ! Comment est-ce qu’il avait pu laisser faire ça ? Où était-il passé ? Elle devait amorcer les recherches et le retrouver. Ses gestes du moment étaient en contradiction avec les paroles de l’Oracle mais elle ne pouvait pas se résigner à l’abandonner comme ça ! Ce n’était pas possible de le laisser se débrouiller tout seul ! Il n’était encore qu’un débutant en ce qui concernait le combat et la magie ! Retourner en ville : Voilà ce qu’elle devait faire ! Retourner en ville et questionner les gens !

Chapitre 6 : L’entraînement

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Chapitre 6 : L’entraînement

« Aller ! On se lève Tery ! On commence l’entraînement maintenant ! » s’écria une voix qu’il n’arrivait pas à décrire comme féminine ou masculine.
« Non maman… Je ne veux pas ! Il est trop tôt ! » marmonna le jeune homme.
« Je ne suis pas ta mère mais ton pire cauchemar si tu ne te réveilles pas d’ici deux minutes ! »

Il remontait le drap jusqu’à sa tête, ne se préoccupant pas de la personne qui venait de s’adresser à lui. Le drap fut retiré subitement tandis qu’il ouvrit légèrement ses yeux émeraude pour voir qui il avait en face. Le masque blanc avec un sourire l’observait alors qu’il n’était qu’à quelques centimètres de lui. Il poussa un cri strident en voyant les deux yeux saphir froncés. Il se redressa subitement avant de dire :
« Non mais t’es dingue ? Ne t’approche pas autant de moi ! Je suis levé, c’est bon ! »
« Alors tant mieux, je vais te chercher ton petit déjeuner en bas. Attends moi ici et laves toi un peu. C’est bien compris ? Sinon … Quand je reviens, tu risques … »
« Oui « maman ». » ironisa-t-il alors qu’elle était proche de la porte de la chambre.
« Sachant que j’ai ton âge, je dois le prendre comment ? »
L’ombre encapuchonnée rigola faiblement après ces paroles avant de quitter la chambre. Cela faisait déjà plusieurs jours qu’ils avaient commencé à s’entraîner … et à voyager aussi. La personne masquée avait signalé qu’ils devaient se rendre à Midès, capitale de Shunter bientôt proche. Heureusement qu’elle ne s’était pas posée de questions à son sujet, sinon il se serait senti coupable. Il se leva de son lit, retirant son haut pour aller se passer un peu d’eau sur le visage et le corps. Il se regarda dans le miroir, marmonnant un :
« Il était temps que tu muscles ces trucs qui te servent d’abdomen et de thorax. »
« Et aussi le reste du corps n’est-ce pas ? »
« EXAC…HEY ! Je suis en train de me laver ! » s’écria t-il en comprenant à qui appartenait cette seconde voix derrière lui.
L’ombre encapuchonnée était arrivée avec un plateau contenant le petit-déjeuner qui consistait en quelques biscottes avec différents accompagnements. La personne masquée s’assit sur le lit tandis qu’il remettait son haut en grognant. L’être sourit pendant qu’il l’observait en grignotant ses biscottes :
« Tu n’as pas faim l’ombre ? Tu pourrais retirer un peu ce masque non ? En quoi cela est-il si gênant ? Je n’arrive vraiment pas à comprendre à quoi ça sert tout ça. »
« Non merci, j’ai déjà mangé, tu n’as pas à t’en faire pour moi. Quand à mon masque, je n’ai pas à le retirer. Arrêtes avec ça, c’est embêtant à la longue. Pourquoi tu veux savoir qui et ce que je suis ? En quoi cela te concerne ? »
« Car je n’aime pas ça ! Tu veux un récapitulatif de tout ce que tu fais pour moi ? Alors tu m’as sauvé la vie, tu me nourris et tu me loges, tu m’entraînes alors que je suis le plus imbécile des débutants, tu me portes lorsque je suis exténué et évanoui, tu es beaucoup trop gentil ! On pourrait même dire trop gentil pour être honnête mais je sais que ce n’est pas le cas. Tu es quelqu’un d’attentionné or je n’ai rien fait pour mériter cette attention, c’est même tout le contraire ! Mais je n’ai rien fait pour toi ! » dit-il, reprenant ensuite son souffle après cette longue tirade. Il n’aimait pas … prononcer de telles paroles.
« Tu veux vraiment savoir ce qu’il y a sous ce masque ? » demanda l’être masqué.

« Hein ? Bien sûr ! Au moins, comme ça, je serai certain de ce que tu es réellement. »
« Alors donnes moi une biscotte. » termina-t-il de dire au jeune homme aux cheveux bruns.
Il obéit sans vraiment comprendre ce que l’ombre encapuchonnée avait comme idée en tête. La biscotte à la main, elle commença à retirer légèrement son masque avant de se retourner subitement. Sous l’étonnement, il resta paralysé tandis qu’il entendait les bruits de la biscotte qui croquait sous les dents. L’ombre encapuchonnée se retourna quelques secondes plus tard avec son masque à nouveau sur son visage, reprenant la parole :
« Voilà, tu sais ce qu’il y a sous ce masque : Il y a un visage avec une bouche. Merci pour la biscotte ! Tu vois … J’ai même fini par manger rien que pour toi. »
« Hein ? Que ? Quoi ? Mais tu t’es foutu de ma gueule ? Attends que je t’attrape ! »
Il se releva, la chaise tombant au sol alors que l’ombre se mit à courir avec le jeune homme aux cheveux bruns à sa poursuite. S’il avait autant d’énergie pour la poursuivre en la menaçant, alors l’entraînement d’aujourd’hui allait être mouvementé, très mouvementé. Aujourd’hui, ils n’allaient pas combattre, simplement marcher pour se rendre vers Midès. Elle lui avait dit que cela ne servait à rien de s’entraîner continuellement. Il valait mieux partager en deux le quotidien. Devant la mine déconfite du jeune homme, il lui dit :

« Ne t’en fait pas, on trouvera bien un autre arbre solitaire au sommet d’une colline. J’ai bien remarqué que tu aimais ce genre d’endroits. »

« Disons … que la vue était belle, voilà tout. » coupa t-il aussitôt.

Après quelques jours où ils alternèrent entre marche et entraînement, ils étaient très proches de Midès selon l’ombre encapuchonnée. Celle-ci pourtant, avait décidé de ne pas encore rentrer dans la capitale, annonçant qu’ils allaient rechercher un endroit où s’entraîner. Comme elle lui avait « promis », ils retrouvèrent rapidement une colline avec un unique arbre. Oh … Elle était encore plus resplendissante que celle d’auparavant. Elle trouvait toujours de bons endroits hein ? Elle était même plutôt douée à ce petit jeu. Elle sortit à nouveau les armes utilisées auparavant, Tery reprenant en main les deux griffes. Elle fit une remarque :
« Tu as donc de décider de continuer à combattre avec ces deux armes ? Tu es sûr de ton choix ? Généralement, on ne pourra exceller que dans un seul domaine sauf pour certaines personnes qui ne font que cela de leurs vies. »
« Tu sais… Si je fais ça, je veux dire… Si je m’entraîne, c’est pour une unique raison. »

Laquelle ? Allait-lui lui révéler qu’il pensait rentrer dans l’armée royale de Midès ? Que tout ce qu’elle faisait n’allait servir qu’à Tery et non à elle ? Il se redressa avec les deux griffes sur ses mains, le regard vert pomme et sérieux pointé vers l’ombre encapuchonnée :
« Je veux simplement payer ma dette envers toi. Et je ne parle pas seulement de ma dette de vie. Il y a aussi celle monétaire ou temporelle. Tu perds beaucoup de choses à cause de moi alors le seul moyen pour moi de te rembourser est de mettre de l’ardeur à l’entraînement. »

Elle était surprise par les paroles de Tery. Elle esquiva rapidement l’une des griffes du jeune homme avant de se rapprocher du sac, y prenant deux dagues tandis qu’un véritable sourire était gravé sur ses lèvres camouflées par le masque. Soit, puisque Tery voulait donner le maximum de ses capacités, elle allait tout faire pour lui donner envie de continuer.

Une semaine s’écoula, puis une seconde et une troisième. Et il s’améliorait peu à peu sans qu’il ne le remarque lui-même. L’ombre encapuchonnée dormait dans la chambre d’à côté et malgré les trois semaines qui s’étaient écoulées, jamais il n’avait su ce qu’elle était. Au final, il s’en fichait un peu. Son but n’était pas de faire plus ample connaissance avec l’ombre encapuchonnée mais de devenir assez puissant pour avoir un D qui apparaîtrait fièrement sur son plexus solaire. Mais il ne savait pas pourquoi cette lettre restait toujours aussi noire. De toute façon, d’après l’ombre, il était temps qu’ils arrêtent l’entraînement avec les armes et qu’ils passent à la pire des choses.
« L’Ombre ? Tu es réveillée ? L’Ombre ? Si tu ne te réveilles pas, je rentre dans ta chambre. »
« Je peux savoir à qui tu parles ? » dit une personne derrière lui.
Il se retourna pour voir l’Ombre qui l’attendait avec des livres dans ses mains. Voilà qu’ils allaient faire ce qu’il détestait, la lecture… Lire et relire, c’était vraiment pas sa tasse de thé.
« Tu veux te rendre où pour faire la lecture sur les sorts et les éléments de base ? On se rend à la bibliothèque ou alors tu préfères… »
« Direction l’arbre ! On a commencé avec lui, on terminera avec lui. Question de principe et il n’y aura personne pour venir nous déranger. Donnes tous ces livres, tu vas te fatiguer pour rien. » annonça avec entrain le jeune homme.

« Depuis quand es-tu devenu aussi serviable ? C’est mon influence qui te fait cet effet ? »
« Ne dis pas de bêtises et donnes moi ces livres. » termina t-il de dire.
Sans attendre d’avis de la part de l’ombre, il prit trois des cinq livres de la personne avant de descendre les escaliers. Accompagné par la personne qui cohabitait avec lui depuis bientôt un mois, il se dirigea vers la colline que seuls l’ombre et lui connaissaient. Il posa les quelques livres au sol avant d’en lire les titres : « Le début du feu », « Le commencement de l’eau », « L’essence de la terre » L’ombre déposa ses deux livres à côté des trois autres avec écrit dessus : « L’origine du vent » et « La naissance de la foudre ».
« Bon, il est l’heure des aveux. L’Ombre, je vais te le dire : Je ne sais pas lire. »
« Tu te moques de moi n’est-ce pas ? » dit-elle, un peu étonnée.
« Oui. Mais plus sérieusement, j’ai beaucoup de lacunes en lecture. Je ne lisais que très rarement lorsque j’habitais dans mon village. Donc, tu veux encore t’occuper de moi ? »
« Bien entendu, pourquoi ne le ferais-je pas ? Je suis resté avec toi pendant tout ce temps, c’est que j’avais une bonne raison. Tu es mon compagnon voir mon ami maintenant et donc, cela ne me gêne pas de passer du temps avec toi. »
« Mais tu as ces médaillons à récupérer ! Tu ne veux pas partir à la recherche de ces derniers au lieu de rester avec moi ? C’est vrai quoi … Je comprendrai hein ? »
L’ombre encapuchonnée sembla surprise par les propos de Tery. A part le moment où ils en avaient terminé avec le Gnomold, elle n’avait jamais continué à parler du médaillon. Visiblement, Tery semblait avoir une mémoire importante : Une capacité qu’elle ne lui connaissait pas. Elle reprit la parole pour lui dire :
« Chaque chose en son temps, ce n’est pas comme si le monde allait se détruire parce que je prends du retard sur ma mission tu sais ? Tant que j’en ai un, ils ne peuvent rien faire. »
« Qui donc ? Tu ne veux vraiment pas m’en dire plus ? » tenta t-il de la questionner.
« Je ne peux pas… Tu sais, si tu venais avec moi voir l’Oracle un jour, peut-être que je pourrais t’en dire plus à ce sujet et tu pourras même… Mais bon, au lieu de parler de ça, on va commencer par ce petit livre. »

« L’essence de la terre » , elle s’assit à côté de lui avec un petit sourire derrière son masque blanc. Lentement, elle ouvrit le livre tandis qu’il observait les écritures à l’intérieur. Ce n’était pas en une langue inconnue mais pour lui, ces phrases et ses mots ne voulaient presque rien dire tandis que l’ombre se mit à lire :
« L’Essence de la terre : La Terre est l’élément naturel qui nous entoure et dont les humains sont les plus proches. La Terre, nous habitons sur cette dernière. La Terre, nous faisons des objets à partir de cette dernière. Les premiers pots, les premiers outils, les premiers bâtiments, tout est issu de la Terre. Que cela soit sous la forme d’un grain de sable ou d’une immense montagne, nous côtoyons la Terre et nous devons la remercier car c’est elle qui nous nourrit et qui nous permet de vivre. »

Elle continuait de lire tandis qu’il l’observait d’un air enchanté. C’était la première fois qu’il entendait une telle chose et il se plaisait à entendre la voix de l’ombre près de lui. Il se rapprocha légèrement pour coller sa hanche gauche contre la sienne avant de lire avec elle. Bien qu’il ne comprenne pas le sens des phrases, il se sentait intrigué par ces dernières et il avait envie d’apprendre à les connaître.
Les minutes s’écoulèrent comme si le temps passait à côté d’eux sans les toucher. Elle récitait le livre tandis qu’il ne disait aucun mot, absorbé par sa voix. Pour la première fois qu’il était avec l’ombre, il était vraiment heureux de la savoir près de lui et se disait qu’elle était un sacré puits de connaissance. Après plus d’une heure, elle ferma le livre :
« Et voilà, tu en as pensé quoi Tery ? Ce n’est que l’histoire de l’élément de la Terre. Les sorts les plus simples et basiques se trouvent après mais avant de vouloir utiliser un élément, le connaître est primordial non ? Mais bon, l’élément de base parmi les cinq est bien la Terre. »
« Ce que j’en ai pensé ? C’était vraiment super. Tu voudras bien … »
Il commença à bailler longuement. Il était vraiment fatigué … par cette lecture. Il faut dire que malgré le fait que ça soit intéressant, c’était aussi assez … soporifique. C’était bizarre en un sens mais bon … Sa tête pencha sur le côté, celle-ci atterrissant sur les genoux de l’ombre encapuchonnée. Oui, cette histoire contée par la personne qui était avec lui depuis un mois, prenait toute son ampleur à ses yeux. Ses yeux émeraude se fermèrent alors que l’ombre souffla dans les cheveux bruns du jeune homme, sa main droite gantée de rouge caressant ces derniers. Ah … Il n’avait rien contre ça, lui, l’être masqué de blanc
« Il va falloir tenir plus longtemps pour la prochaine leçon. Mais en attendant, tu peux dormir un peu. » chuchota-t-il au jeune homme endormi.
Il rêvait au futur qu’il pouvait entrevoir maintenant : Un futur où il était l’un des nombreux soldats de l’armée capitale de Midès. De simple soldat, il allait devenir un puissant capitaine. De capitaine, il deviendrait chevalier au service du roi. De chevalier, il ferait tout pour devenir l’une des membres de la garde personnelle du roi, voir son général. Des rêves de grandeur qu’il se permettait égoïstement en ne pensant pas une seule fois à la personne qui s’occupait de lui depuis plus d’un mois. Au fond, il était un ingrat et il le savait. Les bases du combat avec une arme, c’était grâce à l’ombre encapuchonnée. Il ne lui restait plus qu’à avoir un magnifique D sur le corps ainsi qu’à savoir quel était son élément et tout serait parfait.
Il se réveilla après une sieste d’une à deux heures, ses yeux verts regardant le masque blanc de la personne qui l’avait prise sur ses genoux. Il se redressa légèrement pour ne pas la réveiller avant de prendre le livre sur l’élément de la terre, se décidant à le lire. Cela semblait si facile quand l’ombre encapuchonnée avait fait la lecture mais pour lui, il se demandait si ce n’était pas écrit dans une langue étrangère. Il se donna des petites claques sur les joues.
« Réflexion Tery. Réflexion et envie. Tu ne pourras rien faire si tu ne réfléchis pas assez et si tu n’es pas motivé ! » murmura-t-il à lui-même pour se donner du moral.
Pendant que l’ombre encapuchonnée dormait, il se coucha sur le sol. Bon, bon, bon, il avait réussi à se rappeler l’histoire dont elle avait parlé mais il recherchait quelques informations pour lui. Il tourna les nombreuses pages du livre avant d’arriver à ce qui l’intéressait le plus : Les sorts de base. Il reprit avec lenteur et faiblement :
« Comment créer une pierre. C’est l’un des premiers … sorts à apprendre. »
Sur le moment, il se disait que cela pouvait paraître complètement risible de vouloir créer une pierre. Mais après quelques secondes de réflexion, il marmonna quelque chose entre ses dents. C’était normal de commencer par créer une pierre avant de s’imaginer vouloir produire des tremblements de terre. Un petit regard envers l’ombre encapuchonné et il s’éloigna d’elle. Autant il savait qu’il allait se rendre ridicule, autant il ne voulait pas qu’il le soit devant l’ombre encapuchonnée. Question de principe et de fierté purement masculine.
Alors pour créer une pierre, il faut déjà être de l’élément terre. Bon point : Il ne savait pas son élément alors il avait une maigre chance qu’il soit de cet élément. Ensuite, se concentrer et ressentir son flux magique en soi. Son flux magique ? C’était quoi ? Il ne connaissait pas son flux magique ! Bon, se concentrer, c’était bien plus facile à dire qu’à faire mais après ? Il avait l’air malin à ce moment. Une main posée sur le livre ouvert, debout dans l’herbe, les yeux fermés, il laissa le vent s’abattre sur son visage.
Rien… Rien du tout ! Rien de rien ! Cela faisait bien une dizaine de minutes qu’il se concentrait mais il ne ressentait pas son flux magique. Avait-il fait une erreur ? Ou alors son élément n’était pas celui de la terre ? Ce n’était pas possible ! Même si ce n’était pas son élément, il devait quand même pouvoir ressentir son flux magique, ce n’était pas sorcier ! Il n’était quand même pas aussi mauvais que ça.
« Tu t’énerves intérieurement Tery et ce n’est pas bon. » murmura une voix derrière lui.
Il ouvrit ses yeux verts avant de se tourner vers l’ombre. Celle-ci se leva en s’étirant quelques instants. Il ne s’était pas autant éloigné de l’arbre qu’il le pensait. Elle se dirigea vers lui avec un autre livre à la main. La couverture était rouge flamboyante et il était écrit dessus : « Le début du feu » . L’être masqué reprit la parole avec lenteur :
« Regarde-moi faire. Je vais te montrer un exemple avec le sort le plus facile qu’il soit pour les magiciens par rapport à l’élément du feu, d’accord ? »
« Ca ne servira à rien, je ne sais pas mon élément donc… »
« Tais-toi un peu et arrête d’être aussi pessimiste. Regarde-moi, je vais prendre tout mon temps. Tu devrais pouvoir jeter un oeil à mon flux magique en m’observant. »
Elle ouvrit le livre rouge avant de le regarder brièvement en tournant les pages. Elle s’arrêta à l’une d’entre elle avant de fermer ses yeux à travers son masque blanc. Puis plus rien : Il ne se passait rien du tout pendant une bonne minute. Et enfin, il vit des veines blanches apparaître sur le poignet droit de l’ombre encapuchonnée. Quelques instants après, une petite flammèche était présente au bout de l’index de la main gantée droite. La flammèche s’envola autour de Tery avant de disparaître tandis qu’il ne savait pas comment réagir. Il était un peu jaloux d’elle … mais surpris en même temps. Il lui demanda :


« C’était très bien l’ombre mais… Pourquoi j’ai vu des lignes blanches sur ton poignet ? »
« Normalement, ils apparaissent sur la partie du corps qui projettera le sort. C’est là que se localisera ton flux magique la majorité du temps. »
« La couleur blanche, c’est de quel élément ? Je n’ai jamais vu ça de toute ma vie. »
« Disons que la couleur blanche me permet d’utiliser tous les éléments mais cela a un certain désavantage : Je ne peux pas me spécialiser dans l’un d’entre eux. Enfin … Je le pourrais mais ça demanderait beaucoup de temps. C’est gênant non ? »
« Mais non ! C’est super ! Tu n’as pas à te demander au sujet de quel élément tu peux utiliser ou non ! J’aimerais bien être de couleur blanche aussi mais mon tatouage reste noir. »
« Noir tu dis ? Cela veut signifier que tu ne sais pas de quel élément tu es encore. On essaye à nouveau ? » dit-elle avec une petite pointe d’hésitation dans la voix.
Il hocha la tête d’un air positif tandis qu’il reprenait le livre à la couverture brune. Trouvant facilement la page sur laquelle il s’était attardé, il ferma les yeux pour se concentrer à nouveau. Il ouvrit subitement ses yeux lorsqu’il sentit la main gantée de l’ombre sur la sienne.
Qu’est-ce … Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Ah … Il demanda des explications, la personne masquée lui signalant qu’elle voulait simplement l’aider. Pour cela, elle allait guider son flux magique vers sa main, c’était tout. D’ailleurs … Il avait remarqué finalement quelque chose la concernant … Après plus d’un mois, comme elle était à côté de lui, il vit … qu’elle était plus petite que lui. Elle lui dit de plutôt se concentrer en rigolant légèrement à cette anecdote.

Il haussa un sourcil avant de remettre son regard devant lui, porté sur l’immense plaine verdoyante. Ce n’était pas totalement vrai car il y avait une forêt à l’est de celle-ci mais il se concentrait sur la plaine et uniquement elle. Ses yeux émeraude se fermaient lentement tandis qu’il se concentrait. La main de l’ombre était posée sur la sienne, ses doigts croisant les siens.
Les minutes s’écoulèrent comme auparavant mais il ne ressentait pas la même chose : Cette fois-ci, il entendait les battements de son coeur… et celui de l’ombre. Ils battaient au même rythme et à l’unisson et il lui semblait « voir » des lignes noires apparaître sur son bras pour arriver jusqu’à sa main. C’était une sensation bizarre : Comme des petits picotements qui se transféraient peu à peu vers sa main droite tandis qu’il sentit celle de l’ombre se retirer de la sienne. Il ouvrit les yeux tandis qu’une petite lueur brune entourait sa main droite, une pierre de la taille d’un demi-poing apparaissant dans sa paume. Il jeta la pierre au sol avec amusement. Il n’arrivait pas à y croire mais … mais … Il s’écria :


« J’ai réussi ! Vous avez vu l’Ombre ? Vous avez vu ? »

Il se retourna avec un grand sourire vers la personne encapuchonnée, celle-ci le regardant de ses deux yeux saphir avec un certain éloignement. Ses lignes noires… Qu’est-ce que cela voulait dire ? L’Oracle s’était-il trompé ? Et pourtant, cela n’était pas possible. Déjà elle concentrait sa magie dans l’une de ses mains, une magie très pure entourée d’une aura blanche avant de voir le sourire de Tery. L’aura blanche disparut aussi vite qu’elle était apparue tandis qu’elle se mettait à sourire elle aussi à travers son masque blanc :
« J’ai vu et toutes mes félicitations. Je sens que tu seras capable d’utiliser tous les éléments aussi. Au passage, tu sais que c’est la première fois que je te vois sourire comme ça ? Cela te va plutôt bien. Ca change un peu de tes grognements intempestifs. »
« Pour une fois, je ne me m’énerverais pas et je vous permettrais même de vous moquer de moi. Mais quand même, je ne pensais pas réussir aussi vite ! » répliqua t-il, toujours gai.
« Maintenant que tu sais que tu es capable d’utiliser la magie, tu devrais te concentrer un peu plus dans les livres non ? Tu veux essayer les autres éléments ? »
Il hocha la tête d’un air affirmatif. Sa motivation était maintenant au maximum et il se sentait prêt à tout faire pour s’améliorer. Elle se dirigea vers l’arbre où se trouvaient les autres livres, prenant celui avec une couverture bleue avant de se diriger vers Tery, son regard légèrement assombri. L’entraîner, était-ce vraiment une bonne chose ? Elle n’en était plus aussi sûre maintenant. Mais … C’était peut-être une erreur. Il ne semblait vraiment pas connaître la magie … Alors … Elle allait plutôt patienter au cas où.

Chapitre 5 : Un but inavoué

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Un but inavoué

« Bon, bon, bon, alors qu’est-ce que tu as comme trucs de valeur ? Tenez-le pendant que je lui fais les poches. » annonça l’homme qui dirigeait la petite troupe.
Tery se retrouva soulevé par deux des trois hommes qui étaient au service de la personne qui au départ s’était montré si amicale. Une inspection minutieuse qui dura quelques secondes et l’un des hommes hocha la tête d’un air navré :
« Rien de rien, il est fauché comme le blé. On en fait quoi ? On le jette ? On s’amuse avec lui ? On peut le torturer pour le punir d’être aussi pauvre. »
« Je ne sais pas, on va lui demander son avis : Alors, dis moi mon gaillard, tu veux qu’on te fasse quoi ? On te casse les membres les uns après les autres ? Je te lacère le corps avec ma dague ? Je t’éborgne ou te rend aveugle ? » reprit le jeune homme au regard si menaçant depuis qu’il avait décidé de montrer son véritable visage.
Il ne répondit pas, trop apeuré par la situation qui se déroulait devant ses yeux. Ses jambes comme ses mains tremblaient tandis qu’il gardait la bouche fermée. Ses dents claquèrent pendant plusieurs secondes et intérieurement, il espérait la venue de l’ombre encapuchonnée : Encore elle. Il était des plus inutiles et surtout, il ne savait rien faire sans elle ! Il fermait les yeux pour se concentrer et ne plus voir les hommes devant lui.
« Tu ne réponds pas et tu oses fermer les yeux ? » dit l’un des hommes avec énervement.
Un poing s’enfonça dans son ventre et il ouvrit les yeux en râlant de douleur. Une petite pensée amusante était arrivée dans sa tête : Le coup était bien moins puissant que celui de l’ombre encapuchonnée et il se disait qu’un entraînement avec elle pouvait le rendre imperméable à ces coups. Visiblement, il cachait difficilement ses sentiments puisqu’un coup de poing arriva à son visage. Quelques gouttes de sang tombèrent de ses lèvres tandis qu’on le forçait à relever sa tête, l’homme qui lui avait administré le coup lui disant :


« Cela t’amuse de te prendre des coups ? T’es encore plus stupide que j’y pensais ! Bon les gars, vous savez ce qu’on va faire ? Simplement se servir de lui comme d’un sac dans lequel on va frapper jusqu’à ce qu’il ne ressente plus rien. Je commence ! »

Ce qui s’était passé après ces paroles ? Il ne s’en rappelait plus : Seules les douleurs au visage et sur la totalité de son corps étaient encore là mais il ne s’était pas enfui. Il avait même arrêté de trembler quand il avait pensé à l’ombre encapuchonnée. Il s’était dit que peut-être, il aurait dut rester avec elle mais au final, qu’est-ce que cela changeait maintenant ? Une voix d’homme résonna à ses oreilles alors qu’il fut envoyé au sol :
« Hey ! Revenez ici saleté de brigands ! Kalan, soigne cet homme avant qu’il ne soit trop tard ! On ne sait pas dans quel état il est mais ce n’est pas l’heure de réfléchir à ça ! »
« Aucun problème Ceryl ! Fais attention à toi pendant que tu les poursuis ! »

C’était quoi ça ? L’ombre encapuchonnée était arrivée à temps ? Ses blessures se refermèrent les unes après les autres alors qu’il sortait de la demi-inconscience dans laquelle son corps l’avait emmené. Il ouvrit ses deux yeux verts avant de se relever faiblement tandis qu’un homme portant une robe blanche et noire se tenait devant lui pour vérifier son état. La première chose qu’il remarqua était l’emblème de dragon de bronze qu’il avait au niveau de la poitrine droite. L’homme devait avoir une quarantaine d’années et semblait serein en voyant qu’il allait beaucoup mieux. Il lui demanda :
« Vous allez bien jeune homme ? Ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité. Je viens de vous soigner. Rien de cassé ? »
« Mer… Merci mais, je… Comment… Et ces hommes ? Où est-ce qu’ils sont ? »
« Mon compagnon d’armes est en train de les poursuivre. On ne dirait pas mais il est de grade C, ils n’ont aucune chance. Ils ne pourront pas quitter la ville de toute façon. »
Il était maintenant debout et remarqua enfin sa tenue déplorable. Et dire que l’ombre encapuchonnée avait payé l’aubergiste pour lui donner des vêtements propres, voilà ce qu’il en faisait. Il se mordit légèrement la lèvre inférieure de colère envers lui-même : Il était temps d’arrêter les conneries ! Ca ne menait à jamais rien de bon !
« Vous semblez aller bien mieux. Faites donc attention la prochaine fois et éviter de vous rendre dans les ruelles sombres ! » annonça l’homme dans sa robe blanche et noire.
« Ah ! Mais attendez avant de partir ! Je dois remercier qui ? »
« Vous n’avez pas besoin de nous remercier. Nous ne sommes que la milice de cette ville. C’est notre devoir quotidien. Nous travaillons pour l’armée de la capitale Midès bien que nous ne sommes pas directement reliés à Shunter. »

L’homme à la robe noire et blanche partit aussitôt après ces dernières paroles tandis que Tery restait immobile après ce qu’il venait d’attendre. Stupide … C’était particulièrement stupide hein ? Pas après tout ce qui s’était passé … mais avec ça … Cet évènement … Il avait envie d’essayer. Il avait vraiment envie d’essayer ! Il voulait rentrer dans l’armée de Shunter ou alors dans une milice ! Mais … Il y avait un gros problème. Il ne connaissait aucune arme et il ne savait pas se battre. Sortant de la ruelle sombre dans laquelle il avait été emmené de force, il réfléchissait à la situation avant d’entendre un cri :
« TERYYYYYY ! TERYYYYYYY ! »
« L’ombre ? » dit-il avec un peu d’étonnement avant de la voir.
C’était sa façon à lui de la nommer maintenant puisqu’il ne connaissait pas le nom ni le physique de la personne qui se cachait sous la cape. Celle-ci arriva à sa hauteur, légèrement essoufflée avec un sac sur le dos. Elle reprit une respiration calme tandis qu’il se demandait ce qu’elle allait dire. Maintenant qu’il s’en rappelait, il n’avait pas hésité à la frapper. Il posa ses mains sur son ventre pour se protéger, inquiet par la réaction de l’ombre.
« Tery ? Mais qu’est-ce qui t’es arrivé ? Et ta tenue ? Et ton corps ! Quelqu’un a utilisé une magie de soin ! » dit la personne masquée, s’approchant de lui pour vérifier qu’il allait bien.
« Tu n’es pas en colère ? » balbutia Tery, surpris par cette réaction.
Mais c’était quoi cette personne ? Il l’avait frappé, il n’avait pas hésité à lui crier dessus et à dire ce qu’il pensait d’elle mais là… Cela dépassait son imagination. Il poussa un long soupir avant de se retourner pour se mettre à marcher. Un début de dialogue et il en avait déjà marre. Comment l’ombre arrivait-elle à lui prendre la tête ? Il ne savait pas et il s’en fichait. Une petite idée lui traversa la tête, une idée qu’il se retira aussi vite qu’elle était venue.
« Non, je ne suis pas en colère. Tu as le droit de m’en vouloir mais quand même, tu fais mal. Tu n’as aucune délicatesse ! » reprit la personne encapuchonnée, marchant à côté de lui.
« Je crois que tu inverses les rôles ! C’est toi qui devrais m’en vouloir ! Oh et puis zut, tu me fatigues. Maintenant que tu es là, je me dis que je préfère être tout seul. Tu ne veux pas me lâcher un … Attends quelques secondes. »
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda l’Ombre, s’arrêtant à côté de lui.

Il s’était stoppé devant une série d’affiches : Des demandes de mercenaires, du travail pour les sans-le-sou et…Voilà ! Une affiche de propagande pour rentrer dans l’armée royale de Shunter. Alors, c’était quoi les conditions ? Dominer son élément, c’était sans lui. Savoir utiliser une arme et se battre avec elle, second point négatif. Être de grade D minimum, c’était terminé. Il baissa la tête de dépit. Il était inutile.
« Tu m’as l’air bizarre Tery. Tu ne vas pas bien ? »

La main gantée de rouge se posa sur son front et il recula instinctivement. Qu’est-ce lui prenait à l’Ombre ? Il avait e un petit moment où il s’était imaginé être dans l’armée royale de Midès mais maintenant… A y réfléchir, peut-être qu’il pouvait faire ça. Oui ! C’était une bonne méthode ! Puisque l’ombre voulait l’aider, alors elle allait l’aider !
« J’ai une bonne nouvelle l’ombre ! Je veux bien que tu m’entraînes ! »
« SUPER ! Il était temps que tu acceptes ! On commence dès maintenant ? Ah non ! D’abord, on va retourner à l’auberge et tu vas te laver à nouveau ! »
« Tout ce que tu veux mais on commencera quand ? Je suis pressé ! »
« Dès que tu te seras lavé, je ne veux pas entraîner quelqu’un qui a traîné dans les ordures ! »

Parfait ! L’ombre ne se posait pas de questions au sujet de son soudain dévouement. Si seulement, elle savait ce qu’il faisait en ce moment. Une petite pointe de remords traversa son cœur en y réfléchissant : Ce n’était pas sympathique de sa part mais bon… A la base, c’était elle qui avait décidé de vouloir l’entraîner et de le suivre partout ! Il savait qu’elle ne pouvait pas l’accompagner dans l’armée royale. De toute façon, elle n’était pas obligée d’être au courant de toute cette histoire.
« Tu as terminé de te laver ? Il se fait tard tu sais ! » dit l’Ombre de l’autre côté de la porte.

« Ca ne fait rien ! On va s’entraîner en-dehors de la ville ! »
Il termina de s’arroser, prenant une nouvelle chemise blanche pour la mettre sur son corps. Il espérait qu’il n’avait pas à se salir une nouvelle fois pour l’entraînement. Ayant terminé de s’habiller correctement, il sortit de la chambre tandis que l’ombre encapuchonnée l’attendait dans le couloir, un sourire dessiné sur ses lèvres mais caché par son masque blanc.
« Est-ce qu’un jour, tu décideras de le retirer ce foutu masque ? »
« Je ne peux pas malheureusement. L’Oracle me l’a interdit comme le fait de me montrer, c’est pourquoi j’ai cette cape. Tu pourras toujours essayer de la retirer mais un sort magique très puissant recouvre mon image et il est impossible de voir qui je suis. »
« Alors pourquoi tu portes cette cape si tu as de quoi rendre ton image « malléable » ? »
« Car j’aime bien porter cette cape ! Cela me donne un air mystérieux, tu ne trouves pas ? »
« Tu es… bizarre. J’ai l’impression que tu me mens depuis le début. »

Elle haussa simplement les épaules, émettant un petit rire amusé alors qu’elle moi demandait ensuite de le suivre. L’aubergiste remarqua les deux personnes et prit la parole en les hélant :
« Hey ! Si vous comptez vous balader cette nuit, je vous préviens : Je ferme les portes à minuit. Une minute plus tard et vous irez dormir dans l’écurie ! »
« Ne vous inquiétez pas pour ça messire ! Nous reviendrons à temps ! » répondit l’ombre avec entrain avant qu’ils ne quittent l’auberge tous les deux.

Ils se dirigèrent vers la sortie de la petite ville où ils se trouvaient, les gardes les prévenant de rentrer avant minuit s’ils ne voulaient pas finir la soirée dehors. Lorsqu’ils furent assez éloignés ce qui les conduit à se rendre à un arbre solitaire, la personne masquée reprit :


« Tu ne peux pas savoir comme ça me fait tant plaisir de savoir que tu veux bien apprendre le maniement des armes et de la magie ! Bien entendu, tu ne deviendras pas un archimage ou un maître d’armes aussi rapidement mais au moins, tu pourras te défendre. Je serais fier de moi après ça ! Donc bon … Par où commencer ? »
« D’avoir permis à un imbécile ne sachant pas tenir une dague de pouvoir se battre ? »
« Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ! Euh non… En fait si. Et zut, tu m’embrouilles ! Rapproches toi, je vais te montrer les différentes armes. »
Il haussa les épaules avant de se diriger vers l’arbre et l’ombre encapuchonnée. Elle ouvrit le sac avant de laisser tomber son contenu sur le sol. Deux dagues, deux épées courtes, deux épées longues, une hache, un marteau, un marteau qui se tenait à deux mains, deux katars, deux griffes, une hache double et de nombreux livres avec différentes couvertures.
« Mais tu as dévalisé une armurerie ou quoi ? » s’écria t-il avec étonnement.
« Hihi ! Tu n’as pas à t’en faire pour ça ! L’Oracle m’a annoncé que je pouvais dépenser tout l’argent que je voulais pour me permettre de réussir ma mission et j’ai décidé que j’allais te payer un équipement convenable ! C’est tout ! Rien de si étonnant quand même ! »
« Tu es trop altruiste et ça te perdra. Qui te dit que je ne fais pas cet entraînement uniquement pour moi-même et non pas pour t’aider dans le futur ? J’ai peut-être autre chose en tête non ? »
« Car je sais que tu n’es pas comme ça, voilà tout. » conclut-elle nonchalamment.

Il se donna une claque sur le front, évitant de montrer ensuite l’air dépité sur son visage. Comment cette ombre pouvait-elle être aussi puissante et pourtant aussi naïve ? Le remord revint rapidement au moment où elle se pencha pour prendre une arme et la lui montrer.
« On va faire un test avec toutes les armes pour voir avec laquelle tu te débrouilles le mieux, d’accord ? J’ai pris les petites armes en double au cas où. »
« Si je ne sais pas manier une arme, je ne risque pas d’être ambidextre avec l’une d’entre elles mais bon, si c’est ce que tu veux. Je vais prendre la dague comme première arme. »

« L’arme avec laquelle tu m’as sauvé du chef Gnomold. »

Elle éclata de rire avant de prendre l’autre dague dans sa main droite gantée de rouge. Elle se positionna devant lui en souriant avant de lui faire une remarque :

« Je ne sais pas utiliser cette arme aussi ! Nous allons donc nous entraîner tous les deux. »

« Ce n’est pas conseillé. On va se blesser à cette allure. Mieux vaut arrêter avant même de commencer. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns.

« AH NON ! Tu as décidé de t’entraîner alors on ne va pas abandonner maintenant ! Restes tranquille deux minutes, je vais faire un petit sort pour nous aider. »

L’ombre encapuchonnée plaça sa main sur la lame de sa dague, une petite aura bleue apparaissant au bout de ses doigts. Le gant rouge caressa la lame de la dague pour la recouvrir d’une couche bleutée. L’ombre prit ensuite l’arme de Tery pour lui faire subir la même chose avant de pousser un petit rire. Elle donna subitement un coup de dague au niveau du visage de Tery qui se protégea instinctivement en criant :

« Mais tu es dingue ? Je ne suis pas prêt ! Tu veux me tuer ou quoi ? »

« Regardes au lieu ! Tu n’as pas même pas une égratignure ! J’ai posé une aura liquide autour de la lame. Elles glisseront sur nos corps à chaque fois que l’on se touchera. »

« Pas… mal du tout. J’aime bien. » avoua t-il finalement en récupérant l’objet.

« Je ne rêve pas ou tu viens de me faire un compliment ? Tu es en train de changer Tery ! »

Hein ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Il ne changeait pas de comportement car il lui faisait un compliment ! L’ombre encapuchonnée s’imaginait de ces choses, c’était obligé. Il tenta une première attaque au niveau de la hanche de son adversaire, celui-ci mettant sa dague pour se protéger du coup.

« Ne t’énerves pas aussi rapidement d’accord ? Nous avons plusieurs armes à tester ! Si tu sens que tu n’y arriveras pas avec celle-ci, prends en une autre mais il me faudra faire un sort avant ! » annonça la personne masquée de blanc, un sourire ravageur aux lèvres.

« Attends un peu avant de dire ça ! Je n’ai pas encore fini ! »

Il amorça une nouvelle attaque au niveau du visage mais encore une fois, la dague de l’ombre encapuchonnée para le coup comme si de rien n’était. Elle ne savait pas utiliser cette arme ? Mais elle se foutait de lui ! Voilà qu’il donnait des coups dans le vide avec l’unique intention d’arriver à la toucher, mais elle poussait des petits rires amusés. Après un quart d’heure de lutte inutile, il tomba à genoux, reprenant son souffle.

« Tu es trop prévisible Tery. On peut lire en toi comme dans un livre ouvert. Tu ne fais que les mêmes gestes mais surtout, ils sont beaucoup trop lents et visibles. »

« Merci de tes remarques, je le sais bien ! Tu crois que je fais ça pour m’amuser ? Et puis zut, j’en ai déjà marre ! » cria t-il avec colère. ASSEZ ! Il en avait assez !

Il jeta sa dague avant de s’apprêter à partir mais la main droite gantée de rouge se posa sur son bras. Il fut tiré vers l’ombre, semblant choqué. C’était imperceptible mais il avait une drôle de sensation à ce moment-là. La personne au masque blanc s’égosilla :

« Tu ne vas pas abandonner maintenant ! Tu dois continuer à t’entraîner ! Arrêtons d’utiliser la dague et passons aux autres armes. Il y en a tellement d’autres ! »
« D’accord, d’accord mais lâches moi s’il te plaît. Je ne suis pas un gamin que je sache ! »
« Tu promets de ne pas abandonner ? Allez … Tu me fais une promesse hein ? »
« Je le promets mais maintenant lâches moi. » dit-il avec énervement, cherchant à repousser cette personne parfois un peu trop collante à son goût.

L’ombre encapuchonnée rigola faiblement avant de lâcher le bras de Tery. Elle déposa sa dague à côté de l’autre au sol avant de prendre une épée courte. Quelques secondes plus tard, elle tendit l’épée courte recouverte d’une protection bleue à Tery. Son sourire à travers le masque s’était agrandi depuis qu’elle lui avait pris son bras.
Pff.. .Il soupira légèrement avant de récupérer l’épée courte qu’elle lui tendait. Des fois, il ne pouvait pas comprendre cette personne et ça l’énervait. Néanmoins, il éprouva une légère honte en voyant toute l’ardeur qu’elle mettait à vouloir l’aider. Il avait envie un petit moment de lui dire la vérité au sujet de cet entraînement.
Il y avait de quoi être content et l’ombre encapuchonnée l’exprima à plusieurs reprises tandis qu’il continuait l’entraînement malgré la fatigue. Contrairement à elle, il n’avait pas l’expérience de ces dures journées où il fallait passer plus de dix à quinze heures avec une arme ou des livres pour savoir l’utiliser. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait lui faire subir la même chose qu’elle ! Ah non ! Il s’approcha d’un marteau de taille imposante et aussi d’un poids visiblement considérable, posant ses deux mains sur le manche.
« Bon, je vais tester le marteau à deux mainnnnnnnns ! »
*Pouf* Il venait de s’écraser au sol, surpris par le poids de l’arme. L’ombre encapuchonnée éclata de rire avant de s’approcher de lui pour voir si tout allait bien. Le pauvre, c’était un peu de sa faute. Elle savait bien qu’il ne pouvait pas porter ce maul ou cette hache à deux mains mais bon… Elle retira avec une faible difficulté l’arme posée sur Tery avant de l’aider à se relever. Il avait sur ses deux mains deux griffes, les dernières armes utilisées pour l’entraînement. Elle demanda après quelques secondes :
« Je suis désolé, c’est de ma faute. Je crois qu’on en a assez fait pour aujourd’hui. Alors le bilan de cette soirée, tu penses maîtriser quelle arme à peu près ? »
« L’épée courte, le katar et les griffes. Les autres, ça ne me plaît pas vraiment.
« Il y a un problème avec les griffes : Elles sont tellement légères mais aussi tellement aiguisées que des fois … »
« Que des fois….AHHHHHH ! JE SAIGNE ! » hurla t-il avec violence.

Il avait eu une soudaine envie de se gratter la joue droite, son épiderme lui ayant demandé cette petite chose. Et voilà qu’il se retrouvait avec trois longues entailles ensanglantées sur la joue droite. L’ombre encapuchonnée poussa un petit cri avant de s’approcher de lui, faisant jaillir une aura blanche autour de son gant droit. Elle caressa la joue de Tery pour faire disparaître l’infime blessure avant de terminer sa phrase :
« On oublie que l’on porte ces griffes. Fais attention la prochaine fois, d’accord ? »
Elle tapota délicatement sa joue avant de se retourner pour regarder le ciel étoilé et seulement éclairé par la lune. Trop tard, il était déjà trop tard et elle le savait. Tery s’était mis assis contre un arbre. Exténué, il était exténué mais il se sentait fier de son travail. Dire qu’il y a à peine deux voir trois jours, jamais il ne se serait douté qu’il allait mettre autant d’ardeur dans un travail physique. SURTOUT pour apprendre l’art du combat avec une arme. Pfff ! Pourtant, au fond de lui, il ne pouvait pas réellement apprécier tout ça. Hum … Il ferma ses yeux émeraude tandis que l’ombre encapuchonnée retira son masque pour laisser voir ses yeux saphir ainsi que la globalité de son visage. Elle était de dos, se parlant à elle-même :
« Ne jamais se montrer à visage découvert, garder le secret de sa mission et découvrir l’autre moitié. Oracle, je pense l’avoir trouvée mais serais-je capable de le faire devenir comme vous le voulez ? Son envie soudaine de se battre et apprendre le combat, elle cache quelque chose mais quoi ? Je ne devrais pas me poser ces questions mais pour une fois… J’aimerai vraiment que l’on me laisse … décider … par moi-même. »
Le masque revint sur son visage alors que l’ombre encapuchonnée s’approcha de Tery. Il dormait déjà paisiblement, exténué par l’entraînement qu’ils avaient fait. Celui-ci avait duré bien plus longtemps qu’il ne l’aurait pensé. Elle se positionna à côté de lui, la cape recouvrant le corps du jeune homme pour qu’il n’attrape pas froid. Cela n’était que le début de ce qu’elle comptait lui apprendre.
« Bonne nuit Tery. » murmura la personne masquée avec douceur.

Elle se logea bien contre lui, fermant ses yeux saphir. Avec cette cape sur eux, ils n’allaient pas avoir très chaud mais elle n’avait pas vraiment le choix, elle le savait parfaitement. L’être au masque blanc trouva très rapidement le sommeil, beaucoup plus vite qu’à son habitude. Oui … Ils allaient devoir encore travailler plus dès demain.

Chapitre 4 : S’équiper correctement

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : S’équiper correctement

Ce n’était pas si mal de dormir après un combat. Il ronfla légèrement, le souffle court, signe qu’il était apaisé. Il aimait bien ces petits moments où il savait que rien n’allait le déranger pendant sa sieste. Sauf peut-être cette chose à laquelle il ne s’était pas attendu. La tête de l’ombre encapuchonnée tomba sur ses genoux : Visiblement, la personne avait le sommeil agité mais quand même…
« Tu me dis si je te dérange quand tu dors ? Car bon, s’installer sur moi … »
Il murmurait cela l’ombre encapuchonnée, se disant qu’elle ne devait sûrement pas l’entendre vue la façon dont elle dormait. Mais pourquoi une telle personne existait en ce monde ? Il tenta de fermer ses yeux verts mais n’y arrivait pas : Il devait voir ce qu’il y avait sous cette capuche mais comment l’ombre allait-elle prendre son geste ? Le souvenir du corps du chef de clan Gnomold qui explosait revint aussitôt dans sa mémoire. Sa main se retira de la capuche avant qu’il ne soupire un long moment. Les yeux fermés à nouveau, il chercha à retrouver le sommeil disparu tandis qu’un sourire se dessina sur le visage sous le masque. Il n’avait pas fait de bêtises, ce n’était pas un si mauvais bougre.
L’Oracle avait été formel : Dans cette forêt, il y allait avoir un jeune homme complètement perdu et inapte au combat. C’était à elle, l’ombre encapuchonnée, de devoir s’occuper de lui et de le rendre capable de très grandes prouesses. Néanmoins, l’Oracle n’avait pas réussi à voir plus loin dans l’avenir et cela l’avait inquiété. Son tatouage … Sur son corps … Elle n’avait pas oublié qu’il était présent mais c’était la première fois … qu’elle voyageait aussi loin. Quant au jeune homme, elle allait se charger de lui. Dès demain, ils allaient se rendre dans une ville et prendre un équipement décent pour Tery. L’une de ses mains gantées de rouge se posa sur la bourse qu’elle avait. Oui, tout était prêt pour demain mais lui, comment allait-il le prendre ? Enfin … Il verrait cela en temps et en heure. Pour le moment, il allait dormir surtout que Tery lui servait ses jambes comme reposoir.
Le lendemain matin, l’ombre encapuchonnée bougea sa tête de gauche à droite sur les genoux de Tery comme si elle avait du mal à se réveiller. Le duo avait dormi plus d’une demi-journée et le soleil se levait à peine dans le ciel.
« Tu comptes dormir pendant combien de temps sur mes genoux ? Je ne suis pas un oreiller que je sache ! » annonça le jeune homme, grognant un peu en voyant la personne qui gesticulait sur lui. C’est bon quoi ! Il avait assez donné !

« Hein que quoi ? AH ! Désolé, désolé ! Mais pour une fois que ce n’était pas un morceau de bois ! J’ai pris l’habitude, moi ! » s’écria la personne masquée.

L’ombre encapuchonné se releva aussitôt d’un air gêné. Drôle de réaction. Tery le regarda d’un air interrogateur avant de faire de même. Il remarqua que ses jambes n’étaient plus paralysées et qu’il était prêt à enfin quitter cette personne un peu trop bizarre à son goût.
« Tu veux bien m’indiquer la sortie de ces ruines ? J’aimerais pouvoir m’en aller et vivre dans mon coin, seul et isolé du monde. Si ça ne te dérange pas trop bien entendu.
« Comment ? Tu ne peux pas rester seul après ce que tu as fait hier ! » répondit l’être encapuchonné avec surprise comme si Tery venait de proférer une aberration. Celui-ci ne tarda pas à répliquer aussitôt avec ironie :

« Tu veux dire : Me casser la figure, me faire casser les doigts de la main droite et être paralysé sur une majeure partie du corps ? Donc, tu me conseilles le suicide, c’est cela ? »
« Ne dis pas n’importe quoi et accompagne moi ! On va aller en ville ! »
« NON ! Je ne viendrai pas ! T’es bouché ou quoi ? » s’égosilla le jeune homme.
L’ombre encapuchonnée avait pris sa main tout en commençant à courir alors qu’il retirait aussitôt celle-ci. Non, cette fois-ci, il n’allait pas se laisser manipuler encore une fois ! Il grogna légèrement avant de croiser les bras devant lui :
« Je ne t’accompagnerais pas cette fois-ci ! Je veux simplement partir ! Je t’ai répété que je ne voulais pas combattre et te suivre ! C’est pourtant bien clair non ? Alors, qu’est-ce que tu ne me comprends pas dans mes paroles ? Je sais pourtant m’exprimer, je crois !
« S’il te plaît ! Accompagnes moi en ville et je te livrerais un secret ! Qu’en penses-tu ? » dit la personne encapuchonnée avec entrain, le jeune homme semblant dubitatif :

« Quel genre de secrets ? C’est encore quelque chose de foireux je suis sûr ! »
« Je ne rigole pas ! Je te dirais pourquoi j’ai besoin de ce médaillon. Je te promets que c’est très important mais tu devras te taire après et de ne JAMAIS le répéter ! »
Pour la première fois depuis qu’il l’avait rencontré, l’ombre encapuchonnée s’était adressé à lui avec une voix sérieuse. S’étant tournée vers lui, elle le regarda à travers son masque blanc. Elle attendit pendant plusieurs secondes qu’il prenne la parole. Il ne sut pas quoi répondre avant de murmurer :
« Je veux bien te suivre mais dis moi ton nom au moins ! J’ai l’impression d’être un domestique qui ne connait pas le nom de son maître et ça m’énerve ! »
« Alors, je vais t’appeler Rufus si tu préfères et tu peux m’appeler « Sa Seigneurie ». Qu’en penses-tu ? » le questionna-t-il avec amusement.
« Toi… Toi… TOI… TOI… TOI ! Je te laisse cinq secondes avant de te faire la peau ! »
Elle avait réussi à détourner la conversation à nouveau et l’ombre encapuchonnée éclata de rire avant de se mettre à courir à toute allure, poursuivie par le jeune homme. Celui-ci avait brandit son poing droit dans les airs, cherchant à la rattraper pour lui faire payer ce qu’elle venait de dire. Elle allait voir s’il lui mettait la main dessus !


Après une course qui dura plus de trente minutes, l’ombre encapuchonnée s’arrêta pour se tourner vers Tery. Le jeune homme était exténué et à bout de souffle, arrivant près de l’ombre. Vraiment, il n’était pas endurant pour un sou et poursuivre cette personne l’avait épuisé. Il s’arrêta, une main sur le coeur. Il reprit sa respiration en marmonnant :
« Tu pourrais éviter de courir comme ça ? J’ai plus mes vingt ans ! »
« Tu en as à peine dix-huit et j’ai le même nombre. C’est ça quand on ne fait pas d’exercices quotidiens hein ? » répondit l’ombre, amusée par les paroles de Tery.
« Quoi ? ! Mais m… Oh et puis zut ! Dis tout ce que tu veux, ça ne m’atteint pas. »
Il fit un petit geste de la main, continuant de reprendre son souffle. Il n’avait pas envie de s’amuser et c’était normal : L’ombre encapuchonnée avait réussi à le faire courir à nouveau. Celle-ci s’approcha de lui en rigolant comme à son habitude. Ainsi, il était trop fatigué pour la poursuivre ? A quelques centimètres de lui, un sourire se dessina sur les lèvres de Tery.
« Dommage. Tu as joué et tu as perdu. » murmura-t-il avec lenteur.
« Ah bon et pourquoi ? » demanda t-elle, souriant à son tour.

Rapidement, la main droite de Tery se posa sur la cape de l’ombre encapuchonnée : Puisqu’elle voulait s’amuser à ça, alors lui aussi ! Il était temps de voir qui se cachait sous cette cape ! Il tira subitement sur la cape au même moment où celle-ci le recouvrit au niveau du visage, la voix derrière le masque blanc lui répondit :
« Ce n’est pas bien Tery, pas bien du tout ! Tu ne devrais pas faire ce genre de choses ! Je suis désolé mais il est temps pour toi de dormir encore quelques heures ! »
« Ah non ! Arrête ça ! Ne fais pas ça ! NON ! NON ! » s’écria t-il, tentant de se mouvoir et de retirer la cape, la personne masquée l’en empêchant.
« Tu es sûr ? Vraiment sûr ? Je peux retirer cette cape mais tu devras fermer les yeux pour toujours. Enfin … Tu ne pourras plus jamais voir tant que je serais là. »
« Mais pourquoi tu ne veux pas que je te vois ! Tu es difforme ? Tu as un troisième bras ? Une bosse dans le dos ? Un œil dans chaque paume ? »
« Ahhhhh…Tery, Tery, Tery, depuis le temps que l’on se connait, tu devrais savoir qu’il vaut mieux ne pas poser trop de questions. Bonne nuit ! On se revoit dans quelques heures ! »
« Depuis quoi… » commença t-il à parler avant de se stopper net.
Deux coups de poing vinrent le frapper dans le ventre alors que la cape avait recouvert la globalité de son corps pour l’aveugler. Il tomba en avant, inconscient comme à son habitude tandis que l’ombre remit la cape autour d’elle poussa un léger soupir :
« Tu devrais arrêter d’être aussi embêtant hihi. Cela te causera trop de problèmes dans l’avenir. Allons bon, je suis sûr que tu profites de moi de cette façon ! Si tu es qui je pense, alors j’ai une idée sur l’endroit où se trouve ton tatouage. »

Sans un autre mot, l’ombre souleva le corps inanimé de Tery avant de se mettre en route. Plus une minute à perdre ! Il était temps de l’emmener dans une ville pour lui prendre un équipement décent avec l’argent que l’Oracle lui avait donné !
« Hey, enfin réveillé mon gars ? T’as fait un sacré somme ! » murmura une voix masculine.

Il ouvrit ses deux yeux verts avant de se redresser. Il était couché dans un lit de bonne qualité et un homme de forte stature avec une moustache et une barbe noire se tenait devant lui.
« Je peux savoir où je suis ? Ou c’est trop demandé ? » dit-il, se redressant dans le lit.
« Aucun problèmes mon petit, tu es dans une auberge. Tu as été emmené par un drôle de type assez bizarre, toujours en train de rire, avec un masque blanc. »
« C’est le cinglé ! Il est où ? » s’écria le jeune homme, prêt à se lever.
« Ohla ! Calmes toi ! Sans lui, tu serais sûrement en train de dormir sur le sol du trottoir à l’heure où je te parle. Ce n’est peut-être pas l’auberge la plus chère de la ville mais elle a une certaine qualité et c’est pas tout le monde qui peut y dormir. Tu devrais remercier cette personne ! Elle m’a dit que tu devais attendre ici et ne pas commettre de bêtises. »
« Mais je ne suis pas un gamin ! Bon, c’est décidé, je me barre ! » reprit Tery, s’apprêtant à quitter son lit. Il en avait déjà assez, rien qu’à regarder cet homme.

« Ohla mon gaillard ! Je ne crois pas que tu vas pouvoir bouger ! »
L’homme posa ses mains sur les épaules de Tery pour le coucher sur le lit et l’immobiliser. Tery tenta de se débattre tout en le regardant. Il n’avait pas le temps de se redresser que déjà la porte se referma avec l’aubergiste. Un bruit de clé qui tournait et le voilà enfermé. De l’autre côté de la porte, l’aubergiste vint lui dire :
« Désolé mais on m’a payé quelques pièces d’or pour éviter que tu partes. Il parait que tu es plutôt important mais ça, c’est pas mon problème. On me paye, j’exécute. Reste tranquille et je t’emmènerais ton repas dans quelques heures. »
« Bien sûr, compte dessus et bois de l’eau fraîche. Je me tire ! J’aime pas être enfermé ! »
Il avait prononcé cela alors que l’aubergiste était déjà parti depuis quelques minutes. Il se releva avant de regarder la chambre autour de lui. Il siffla d’admiration : Ce n’était pas n’importe quoi ! Le lit était pour deux personnes, les meubles à l’intérieur de la pièce semblaient de bonne qualité et il y avait même un miroir et une bassine pour se raser le matin. Aucune poussière ou débris dans cet endroit, combien de pièces avait donné l’ombre encapuchonnée pour une telle chambre ? Il retira son haut en soupirant, il devait se laver un peu avant de s’enfuir. Trop d’évènements ces derniers jours et il n’aimait pas sentir l’odeur de la transpiration sur son corps. Une bassine remplie d’eau chaude était posée dans un coin de la chambre et il se déshabilla rapidement avant d’y plonger. Il prit la louche à côté de la bassine avant de la mettre dans l’eau. Il s’arrosa plusieurs fois le visage et les cheveux avec la louche en soupirant d’aise : Voilà quelque chose de chaud et de bon. Il ne manquait plus que ce soit de la soupe et il était au paradis. De la soupe… Dans sa bassine, il ferma les yeux, toute envie de partir disparaissant à ce moment précis. Il se redressa subitement en entendant la clé qui tournait dans la serrure.
« Qui est là ? «  s’écria t-il, se redressant dans la bassine, ayant pourtant une idée de la personne qui tentait de pénétrer à l’intérieur de la chambre.
« Devines donc ? Sa Seigneurie ! » répondit une voix enjouée alors que la porte s’apprêtait à s’ouvrir. Il hurla de toutes ses forces :
« NE RENTRES PAS ! Je te l’interdis, c’est bien compris ! »
« Et pourquoi ça ? C’est quand même une chambre pour nou … »
« CAR JE ME LAVE ! C’est pourtant pas compliqué à comprendre ! »

Un bruit de métal qui tomba et voilà que l’ombre encapuchonnée semblait choquée par ce qu’elle venait d’entendre. Maintenant, il n’y avait plus aucune action envers la porte. Tandis qu’il prit les quelques serviettes déposées sur une chaise pour s’essuyer, l’ombre encapuchonnée lui annonça d’une voix un peu troublée :
« Signales moi quand c’est bon. J’ai été faire quelques emplettes et je veux te les montrer. »
« Mais arrêtes de me coller ! Je devrais te remercier pour ce que tu fais pour moi mais je ne te connais pas, tu ne me connais pas. Tu sais que tu es lourd comme type ? »
« Mais je fais ça car l’Oracle me l’a dit. » reprit la personne masquée de blanc, la phrase étant dictée comme un automatisme depuis des années.
« L’Oracle ? C’est qui ce type ? Oh et toute façon, je m’en fiche. Dès que j’ai fini de me laver, je me tire de là ! J’en ai ma claque de toute cette histoire ! »
« Mais tu ne peux pas ! Je…Je fais comment moi sans toi ? »
« Tu te débrouilles, c’est tout ! Puis bon, fais pas semblant de pleurer ou je ne sais quoi … Ce n’est pas comme si tu avais réellement besoin de moi ! » termina t-il de dire, énervé.
Pendant toute la durée de la conversation, il avait fini de se sécher et s’était approché du miroir. Il plissa légèrement les yeux avant de poser une main au niveau de son plexus solaire, gémissant de douleur avant qu’une lettre entièrement noire apparaisse dessus : La lettre E était représentée sur son plexus solaire. Pfff, de toute façon, elle n’allait jamais changer de forme alors pourquoi s’inquiéter. Le fait qu’elle soit noire annonçait qu’il n’avait pas encore déterminé son élément et de toute façon, il s’en fichait. Il remit une chemise propre déposée sur le bureau, il se tourna vers la porte pour parler :
« Où sommes-nous ? Car je ne crois pas connaître cet endroit. Où est-ce que tu m’as encore embarqué ? Et comment tu as fait ça pour ne pas changer ? »
« Dans la capitale Midès. Tu connais, n’est-ce pas ? »
« QUOI ? C’est juste impossible ! Tu racontes n’importe quoi ! » hurla t-il.
Midès se trouvait à des centaines de kilomètres de son village natal ! Enfin, c’est ce qu’il avait appris … ou du moins cru entendre dans son village. Comment s’était-il déplacé aussi rapidement ? L’ombre encapuchonnée… Encore elle ! Toujours elle ! Marre, marre, marre, marre, marre ! Remettant le dernier habit qui lui restait, il grogna :
« C’est bon ! Je suis prêt ! Tu peux ouvrir la porte ! »
« D’accord, tu vas voir, j’ai acheté pas mal d’armes, on va voir avec quoi tu te débrouilles ! Je suis vraiment pressée de savoir quelle arme sera ta spécialité. »
« Ou PAS ! Désolé mais c’est terminé notre petite aventure à deux ! »

Alors que la porte s’ouvrit peu à peu, il donna un violent coup de pied dans celle-ci. L’ombre encapuchonnée vola contre le mur, à moitié sonnée tandis qu’il se mit à courir à toute allure. Descendant les escaliers à la volée, il quitta l’auberge devant le regard ahuri des quelques personnes se trouvant à l’intérieur. LIBRE ! Il était LIBRE ! ENFIN LIBRE ! Plus d’ombre démoniaque, plus de manipulation ! Plus rien de tout ça ! Il prit une grande bouffée d’air après une course de plusieurs minutes dans la ville avant de rire. Les personnes l’observaient avant de s’éloigner de lui : Un fou, voilà ce qu’il devait être à leurs yeux.
« Bon ! Je ne sais pas ce que je vais faire mais au moins, j’en suis débarrassé. »
« T’as l’air sacrément joyeux. Je pourrais savoir pourquoi ? » lui dit une voix, le forçant à s’arrêter pour regarder qui s’adressait à lui.

Un garçon de son âge se trouvait devant lui, un air interrogateur sur le regard. Tery l’observa avec un sourire aux lèvres : Si seulement il comprenait à quoi il venait d’échapper ! Il lui répondit avec entrain :
« Disons que je viens de m’enfuir d’un paquet d’ennuis marchant sur deux jambes et camouflé ! Mais bon … Tu ne peux pas savoir comme ça fait du bien. »
« Hahahaha ! T’as l’air bien marrant toi ! Aller, suis moi, je vais te payer un coup ! »
Trop joyeux pour questionner son nouvel ami, Tery le suivit sans réticence, ne remarquant pas qu’il l’emmenait dans une ruelle sombre. Quelques secondes plus tard, il se retrouva nez dans une flaque d’un liquide à la couleur brune et au goût des plus douteux.
« Et bien, je vois que tu nous as ramené un nouveau pigeon ! On lui fait quoi à lui ? La totale ? Peut-être que si il a quelques pièces, on pourra éviter de l’éborgner ou de le tuer. » annonça une seconde voix qu’il ne reconnut pas.
Il redressa légèrement la tête : le jeune homme qui avait été si amical au départ montrait maintenant un sourire mauvais, une dague à la main. Trois autres personnes de son âge l’entouraient alors qu’il semblait comprendre où il était tombé : dans un traquenard. Pourquoi était-il si facile à berner ? Il préférait encore l’ombre encapuchonnée à tout ça !

Il tenta de se relever mais un coup de pied le coupa dans son geste, le faisant voler un mur. AIE … AIE ! Ça faisait mal ça ! AIE ! Où est-ce qu’il était ? Ah oui … Dans une ruelle … Il regarda à gauche et à droite, cherchant à crier pour avertir diverses personnes mais une main se posa sur la bouche. La main le poussa violemment contre le mur, le jeune homme qui s’était adressé à lui auparavant reprenant :

« C’est un petit conseil si tu tiens à la vie, il vaudrait mieux que tu ne l’ouvres pas trop. »

« Qu’est-ce … Qu’est-ce que vous allez me faire ? » arriva-t-il à dire malgré la main posée en majeure partie sur sa bouche. Il avait parfaitement compris le message mais … mais … Dans quel pétrin s’était-il fourré encore une fois ? Il ne pouvait pas mener … une vie tranquille ? C’était si compliqué que ça ou quoi ? A croire que oui … Et bon … Il n’y avait aucune chance que l’Ombre vienne le sauver. Il s’était enfuit … alors qu’elle avait voulu l’épauler depuis le début. Quel idiot … Mais quel idiot ! Mais quel idiot !

« Ce que l’on va te faire dépend tout simplement de ce que tu as sur toi, ce n’est pourtant pas si compliqué que cela quand tu y réfléchis bien, n’est-ce pas ? »

« Mais je n’ai rien sur moi ! Ce n’est pas si difficile à comprendre pourtant ! Sinon, je ne serai pas dans cet endroit pourri ! » s’écria t-il avec un peu de peur dans la voix.

« C’est pas vraiment l’impression que tu me donnes avec ton air joyeux comme si le fiston avait reçu une jolie somme de ses parents. Tu crois vraiment qu’on va te croire alors que t’as été dans l’une des meilleures auberges de la ville ? »

Ca ne servait à rien de parler avec eux. A rien du tout ! Il allait tout simplement en baver … et avoir super mal … Sans même avoir pu souffler un petit peu … Depuis qu’il avait quitté la demeure familiale, il ne lui arrivait que des ennuis !

« Vous pouvez … Vous pouvez me faire tout ce que vous voulez. » bafouilla le jeune homme aux yeux verts, baissant la tête en signe d’abandon. Ca ne servait à rien … Il ne pouvait pas se battre contre eux, ils étaient trop nombreux, plus musclés, bref … Non … C’était complètement inutile … d’espérer s’en sortir.


Ailleurs, dans l’auberge, le corps recouvert par la cape s’était immobilisé. Son sac tombé à côté de lui, la personne semblait comme évanouie. Pourtant, quelques petits mouvements se firent voir, jusqu’à ce que la personne ne murmure avec lenteur :


« Oracle ? Pourquoi cela se passe-t-il comme ça ? Est-il vraiment celui qui doit m’accompagner ? Est-ce que j’ai fais quelque chose de mal ? »
L’ombre encapuchonnée se releva, regardant son sac rempli d’armes et de livres ouvert sur le sol. Sans d’autres mots, elle remit les objets dans le sac avant de le refermer : Qu’importe ce qu’il disait, elle était là pour lui apprendre tout ce qu’il fallait. Mais pour ça, il fallait déjà le retrouver ! Un petit sanglot se fit entendre de la part de la personne masquée de blanc.

« J’espère … J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de mal. » dit l’Ombre avec un petit trémolo dans la voix. Malgré le fait que le jeune homme l’ait envoyée dans le décor, elle ne semblait pas lui en vouloir plus que cela. Elle avait parfaitement remarqué que Tery ne se sentait pas à sa place ici ! C’était pour cela … C’était … pour ça qu’elle voulait l’aider.

Mais lui … Il ne semblait pas comprendre tout ce qu’il voulait faire pour lui. C’était pourtant très simple ! Il voulait devenir son professeur ! Tout lui expliquer, du début à la fin ! Rien d’autre ! Rien du tout … d’autre … Ah … Bon … Bon …
Ce n’était pas le moment d’être triste … même si ça lui faisait mal en un sens. Il était temps d’aller le retrouver et de tout lui dire, de parler avec lui. L’être masqué quitta la chambre puis l’auberge, partant à la recherche de Tery.

Chapitre 3 : Un médaillon bien spécial

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Chapitre 3 : Un médaillon bien spécial

« Alors ? Alors ? On a décidé d’arrêter de courir ? Héhéhé … T’as bien fait … T’inquiète pas … Je ne te ferai pas mal … enfin pas trop ! »

Oui mais … Il n’était pas convaincu du tout. Vu l’épaisseur du monstre et son obésité … Est-ce qu’il pouvait essayer de courir à nouveau ? Ainsi, il pourrait alors l’épuiser plus que nécessaire et ça permettrait de retourner chercher la personne encapuchonnée, de la récupérer et ensuite de s’enfuir avec. Oui … C’était une excellente idée ! Il allait faire ça !

« Ne t’avise même pas de recommencer … » grogna le gnomold, comprenant ce qu’il tentait de faire. Le jeune homme sprinta en arrière. Il avait aussi une seconde idée … Jouer sur l’aspect psychologique … Car si il se rappelait vers où il se dirigeait. Peut-être que là … Il aurait alors une chance de s’en sortir. Ou alors, si il arrivait à mettre de la distance avec le gnomold, ça serait encore mieux mais là … Il ne fallait pas rêver.

Combien de temps allait-il garder cette allure ? Le monstre était-il vraiment aussi endurant que ça ? Cela faisait déjà bien une dizaine de minutes qu’il courait à travers les ruines, passant à côté des nombreux cadavres des congénères du gnomold qui le poursuivait. Visiblement, il voulait jouer sur la découverte de la mort des membres de sa tribu. Un cri de colère arriva dans son dos tandis qu’il se retournait pour voir le gnomold furieux :

« Ah mais c’est TOI le SALOPARD qui a fait ça ! Je vais t’étriper ! Ou alors c’est ton ami ? Je m’en fous, je vais vous tuer tous les deux ! Ah non, je vais faire mieux ! Je vais aller m’occuper de ton ami évanoui au loin. »
« Ce n’est PAS mon ami ! » répliqua le jeune homme en colère.

« Alors tu vois aucun problème à ce que j’aille le tuer maintenant ? » annonça le gnomold, souriant de toutes ses dents ou du moins de celles qui lui restaient.
Les deux personnes s’étaient arrêtées de courir. Tery reprit son souffle en se retournant : Voilà que le Gnomold se tenait là, heureux et fier de son idée. Puisque cet humain ne faisait que s’enfuir, autant aller s’occuper de celui qui était inconscient par ses soins. L’homme aux cheveux bruns poussa à son tour un cri de colère avant de courir vers le Gnomold qui semblait surpris par sa réaction : Il allait enfin combattre ?!
Il ne pouvait pas l’abandonner ! Il ne pouvait pas laisser l’ombre toute seule ! Mais quand est-ce qu’elle allait se réveiller ? Il ne savait pas combien de temps durait une inconscience ! Il devait néanmoins tenir le plus longtemps possible mais avec ces nombreuses courses, il était déjà fatigué. Ne pas montrer qu’il était épuisé et tenter le tout pour le tout en attaquant. La lame de sa dague percuta la masse de fer du Gnomold avec toute la force qu’il avait avant qu’il ne se mette à donner des coups au hasard et dans le vide.
Cet humain ne savait pas se battre ? Vu la façon dont il frappait avec la dague, il se posait des questions qui disparaissaient aussi vite qu’elles étaient venues. Il n’avait pas à s’en faire si son adversaire était aussi pathétique que ça mais méfiance, rien n’était sûr. Il positionna sa rondache pour parer l’un des coups de la dague. La lame de celle-ci pénétra le bois du bouclier circulaire. Voilà ce qu’il appelait se battre : Défendre et contre-attaquer aussitôt ! Sa masse vint se loger une nouvelle fois dans le ventre de l’humain, celui-ci tombant à genoux, poussant un râle de douleur.
Mal ! Ca faisait sacrément mal ! Il tint avec difficultés la dague dans sa main droite, sa main gauche posée sur son ventre. Heureusement qu’il n’avait pas grandement mangé sinon il était bon pour recracher son repas. Il observa de ses yeux verts la créature qui poussait des petits ricanements : Elle était contente de son résultat cette garce ! Il fallait lui rendre la monnaie de sa pièce avant qu’il ne soit trop tard. Alors que la masse de fer allait venir le frapper à la tête pour l’envoyer dans le royaume des morts ou au minimum de l’inconscience, il s’avança subitement, dague en avant. La lame de l’arme pénétra à travers la peau épaisse du Gnomold, celui-ci lâchant sa masse par surprise.
Cet homme ?! CET HOMME ?! Il avait profité du fait qu’il pensait qu’il était aussi faible pour attendre le bon moment pour planter sa dague en lui ?! SALOPARD! C’était vraiment d’une bassesse sans normes et il allait lui faire payer ! Dès l’instant où Tery retira la lame de sa dague, plus apeuré qu’heureux par la situation, la rondache le frappa à la tête avec colère.
« SALETE ! Fini de rire et de plaisanter ! Tu m’as bien eut sur ce coup stupide humain ! Je ne pensais pas que tu étais capable de te battre mais puisque tu viens de me blesser… »
Il ne finit pas sa phrase, de la bave coulant de ses lèvres tandis que Tery était à nouveau à terre. Combien de temps cela allait-il durer ? L’homme aux yeux verts ne savait pas mais il n’allait plus tenir très longtemps. Il avait senti sa lame s’étant bien logée dans le corps du Gnomold alors pourquoi celui-ci ne ressentait-il pas la douleur? Etaient-ils si différents l’un de l’autre ? Sauver l’ombre encapuchonnée, c’était une bonne chose, il était un peu fier de son acte mais LUI, qui allait le sauver ? Il se releva avec une légère difficulté dans le geste. Le Gnomold avait une légère blessure au niveau du torse gauche. Une entaille dont s’écoulait du sang à cause de son attaque. Il avait réussi à faire ça avec cette dague ? Il n’était peut-être pas si mauvais et se repositionna correctement avec un petit sourire : Peut-être qu’il pouvait tuer ce gnomold ? Cela serait le premier pas de son existence en tant qu’adulte et peut-être que son tatouage allai t… Mais qu’est-ce qu’il se racontait ?


« Ah ! Mais… Mais… » balbutia le jeune homme sans comprendre.

Ses pieds tremblèrent soudainement avant qu’il ne s’écroule au sol. Ses jambes ne répondaient plus ! Ce n’était pas normal ! Maintenant qu’il y réfléchissait, il n’avait que des petites blessures causées par la masse de fer du Gnomold mais… Il regarda d’un air apeuré la créature qui arrivait vers lui, celle-ci se mettant à ricaner :
« Erk erk erk ! T’as enfin compris ? Je n’ai pas cherché à te tuer avec mes coups ! Je voulais simplement te frapper à certains endroits de ton corps pour t’empêcher de trop bouger. Tu es tombé dans mon piège petit humain. Ton misérable coup n’est rien comparé à ce que je vais te faire subir héhéhé ! »
Le Gnomold s’avança vers lui tandis que le jeune homme reculait en se traînant avec ses deux mains : De la peur, il était passé à la terreur. Qu’est-ce qu’il s’était mis à penser il y a quelques secondes ? Qu’il allait pouvoir battre un Gnomold tout seul ?!C’était complètement stupide ! Il ne pouvait pas battre un chef Gnomold aussi facilement ! Et voilà qu’il allait mourir une journée après son anniversaire ! Ce n’était vraiment pas de chance. Mais pourquoi n’était-il pas resté dans son village ? POURQUOI ? Il sera sa dague dans sa main droite, donnant des coups dans le vide pour empêcher le chef Gnomold de s’approcher de lui. Il ne voulait pas mourir ! Il ne voulait absolument pas mourir aujourd’hui ! Il était trop jeune pour ça ! Il avait encore toute sa vie devant lui !
« Lâches donc cette arme, elle te sera inutile là où tu vas. » dit le gnomold, frappant dans sa main avec sa masse pour bien lui montrer ce qui l’attendait.

Fini de rigoler, il pouvait tout donner maintenant! Il avait récupéré sa masse de fer et venait fracasser la main droite de Tery. Plusieurs craquements sinistres, la dague vola en éclats tandis que les doigts de l’homme aux cheveux bruns étaient maintenant brisés, celui-ci roulant sur le sol en criant de douleur. Sans arme, sans défense, sans magie, il n’était rien, rien du tout. Pourquoi ne savait-il pas utiliser la magie? Pourquoi avait-il évité de suivre les cours pendant toutes ces années ? Il le regrettait presque ! Il sanglota, chose normale quand on savait qu’on allait mourir dans quelques instants.
« Et puis zut héhéhé ! Attends un peu, ça sera encore plus drôle ! Tu voulais sauver l’autre humain n’est-ce pas ? Ne bouges pas d’ici ! » s’écria le gnomold.

Il sauta sur le ventre de Tery qui gémit de douleur avant que la masse de fer ne s’abatte sur ses deux genoux et sa main gauche encore indemnes. Non, ce n’était pas comme avec le dernier coup qu’il avait donné, c’était différent. Il ne sentait plus rien, plus rien du tout, comme si les nerfs de ses muscles ne répondaient plus. Qu’est-ce qu’il venait de faire ? Le chef de clan mineur Gnomold s’éloignait en ricanant. Tery ne pouvait plus bouger depuis ces coups et vu l’humeur sadique du Gnomold, il n’allait pas se gêner pour le faire souffrir psychologiquement. ZUT ZUT ZUT ! Il devait se débattre et bouger ! ALLEZ ! Que son corps lui réponde ! Il pouvait lever la tête … mais pas le reste … Il était … paralysé ?
Pourquoi ? Pourquoi le Gnomold l’avait-il abandonné ? Qu’est-ce qu’il avait en tête ?! Il avait parlé de l’ombre encapuchonnée mais c’était quoi son idée ? Il ne pouvait plus bouger, seulement se tenir sur son épaule droite puisque le reste de son corps ne répondait plus. Son épaule droite … Ah … Ah … Quelques minutes après, le Gnomold revenait en traînant le corps inanimé de l’ombre encapuchonnée dans sa main gauche. Sa rondache était attachée à son dos tandis qu’il présentait l’être dans sa cape brune à Tery, lui disant :


« C’est pour ça que tu as osé te battre contre moi héhéhé ! Ou alors le médaillon t’intéressait aussi ? Mais personne n’aura ce médaillon ! PERSONNE ! Vous êtes trop faibles pour ça ! »
« Mais je m’en fous du médaillon, je voulais simplement rendre service à cette personne ! De toute façon, puisqu’on est entre nous, t’as vraiment une sale trogne ! Tu as déjà pensé à te laver un jour ? Non, je ne crois pas ! Je suis sûr que tu ne sais même pas ce que c’est l’eau ! » répondit aussitôt le jeune homme, encore enclin à riposter verbalement.
« Tu as toujours une grande gueule pour quelqu’un au sol et qui ne peut plus bouger ! De toute façon, je vais te régler ton compte avant celui de l’autre puisque tu désires tant mourir. »
C’était bien l’unique chose qu’il pouvait encore faire pour donner un peu de répit à la vie de cette ombre. Mais qu’est-ce qu’elle avait voulu faire ?! Il ne comprenait pas les raisons de sa présence ici, il ne savait pas à quoi servait ce médaillon et il s’en fichait pas mal. Il allait rembourser bien trop tôt sa dette de envie envers l’ombre encapuchonnée. Vie qui allait bientôt disparaître à cette allure. La créature se rapprocha de lui tandis qu’il mettait sa main droite cassée devant son visage, un rictus de douleur peint sur ses lèvres.
« Je pense qu’il est temps de mettre un terme à ça. Fini la mascarade. »
L’ombre encapuchonnée se releva sans aucun souci tandis que Tery l’observait avec étonnement. La cape ne se releva que très peu avant que cinq flèches viennent se planter dans le dos du Gnomold qui poussa un hurlement de colère. Il se retourna, furieux. Elle n’était donc pas évanouie depuis tout ce temps ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Vous êtes tous plus fourbes les uns que les autres ! » s’écria le gnomold.
« Je dirais simplement que c’est une tactique comme une autre. Tery, fermes les yeux et tente de t’éloigner, ça va faire mal bientôt. » dit la personne recouverte par la cape brune.
« MAIS JE NE PEUX PAS BOUGER ! » s’écria le jeune homme.
« Hein? Oh oh… Ca, par contre, ce n’était pas prévu. ATTENTION ! »

L’ombre encapuchonnée poussa un petit cri tandis que les cinq flèches plantées dans le dos du Gnomold se mettaient à s’illuminer de cinq couleur différentes : Rouge, vert, bleu, brun et jaune. La créature gémit de douleur avant de crier comme une damnée. L’ombre courut en direction de Tery pour se retrouver à sa hauteur. AH ! Il arrivait enfin à voir son visage : Un visage entièrement caché par un masque blanc avec un sourire dessus. Seuls deux yeux saphir étaient visibles, deux yeux exprimant l’inquiétude de la situation. Une main gantée de rouge l’empoigna subitement avant de le soulever tandis que le chef de clan Gnomold semblait être pris de soubresauts, son corps gonflant sur de nombreuses parties.
Quelques secondes plus tard, ils étaient déjà éloignés à une dizaine de mètres avant qu’une explosion ne se fasse entendre dans les ruines. Lorsqu’ils jetèrent un regard vers l’origine de l’explosion, ils purent constatés l’ampleur des dégâts. Le corps du Gnomold n’était plus que résidus de chair et de morceaux tombés au sol. L’ombre encapuchonnée déposa Tery sur le sol avant de se diriger vers là où se trouvait les restes du Gnomold. Elle se pencha légèrement pour récupérer le médaillon pour lequel elle était venue avant de retourner auprès de Tery. Elle n’était plus qu’à quelques mètres de lui avant que son pied droit ne s’empêtre dans sa cape, la faisant tomber au sol. Le médaillon quitta sa main, atterrissant non-loin du jeune homme qui était stupéfait. Cette ombre, c’était quoi exactement ? Le masque blanc était tombé et rapidement la main droite vint le récupérer pour le positionner à nouveau sur son visage. Il reprit avec entrain :
« Ah ! Cela m’apprendra à être trop excité par cette nouvelle. On a réussi Tery ! On a récupéré le médaillon de Tarka. Enfin une bonne nouvelle ! C’est le premier d’une longue série ! »
« Tu portes un masque car tu es un bouffon ? Du moins, vu tes gestes et tes réactions, je me demande si ce n’est pas le cas. » annonça le jeune homme aux cheveux bruns, n’arrivant toujours pas à bouger à cause de la paralysie.
« Ce n’est pas très gentil de ta part ! Surtout envers la personne qui t’a sauvé la vie. »
L’ombre encapuchonnée poussa un léger rire avant de se rapprocher de lui, récupérant le médaillon. Elle se mit à genoux devant lui, le jeune homme étant couché sur le sol. Rien à faire … Son corps ne lui répondait pas, sauf les doigts de sa main droite … Sauf qu’ils partaient dans tous les sens. Lentement, elle sortit ses deux mains gantées de rouge pour prendre celle aux os brisés de Tery. Elle appuya sur chacun des doigts comme pour les étudier, le jeune homme commençant à hurler :
« AIE ! OUILLE ! MERDEEEEEEEE ! Mais arrêtes, ça fait mal ! MAIS TU M’ECOUTES ?! ASSEZ ! Qu’est-ce que je t’ai fait ? »
« Ce que tu peux être douillet quand tu le veux, tu es vraiment un enfant mais bon…Merci sinon. » répondit la personne masquée de blanc, recommençant à triturer ses doigts.
« Hein? AIEEEEEE ! De quoi ? S’IL TE PLAÎT ! Ah … ah … C’est … fini … »
Elle retirait enfin ses deux mains gantées avant de faire apparaître une petite sphère blanche autour de sa main droite. Une sphère qui recouvra intégralement la main cassée de Tery, ses doigts se remettant en place, les petites blessures disparaissant les unes après les autres. Lentement, il bougeait l’index de sa main droite puis le reste de ses doigts : Parfait ! Il pouvait tous les bouger ! OUILLE ! Ca faisait quand même un peu mal !
« Et bien, tu es venu m’aider alors que j’étais évanoui à cause du Gnomold. En plus, tu as utilisé une arme pour me sauver, tu t’es même battu ! Et dire que tu disais que tu ne pouvais pas te battre, tu vois bien que c’est possible ! » reprit la personne masquée de blanc, le sourire du masque semblant définir son émotion du moment.

« Ne me prends pas la tête, j’ai compris ton manège ! »
« Quel manège ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Fais attention à ne pas trop bouger quand même. Ce n’est pas parce que j’ai réparé tes doigts que tu es complètement soigné. On a quand même eut de la chance, ce n’était pas si grave que cela hein ? »
« Tu n’étais pas inconscient, tu pouvais facilement le tuer quand tu le voulais et tu m’as laissé faire le boulot à ta place ! » s’énerva t-il, ne semblant pas s’être intéressé à ce que la personne en face de lui venait de dire à son sujet.
« En fait…Comment dire : Tu vois, dans la vie, il y a des hauts et des bas. Toi, tu étais en bas et je devais te remonter des abysses dans lesquels tu t’enfonçais. Alors j’ai imaginé ce petit stratagème pour voir si tu étais capable et tu vois que c’est le cas ! »
« C’est ce que je disais : Tu t’es foutu de ma gueule ! Et arrête de raconter n’importe quoi avec tes belles paroles ! Ça ne marche pas comme ça ! »

L’ombre encapuchonnée rigola à nouveau d’un rire cristallin en voyant la moue boudeuse du jeune homme. Tery était de plus en plus exaspéré par sa présence. Elle l’utilisait à sa guise et il n’aimait pas ça : il n’était pas son jouet ! Le sourire sur son masque devait être dessiné pour montrer que la personne qui le portait était souvent d’humeur joyeuse.
« Par contre… » commença à dire l’être au masque blanc, le jeune homme le coupant :
« Quoi encore ? Je ne veux plus rien à voir avec toi ! C’est bon ! Laisse-moi tranquille ! »
« Non mais laisses moi parler Tery ! Je disais que pour la paralysie de ton bras gauche et de tes deux pieds, je n’y peux rien. Il va te falloir attendre quelques heures avant de pouvoir marcher correctement. Je vais donc te quitter. Adieu ! »

L’ombre encapuchonnée se releva, le médaillon avec la pierre brune dans sa main droite. Tery ouvrit la bouche pour lui crier dessus, lui rappelant qu’il ne savait pas où il était et qu’il ne voulait pas être seul dans cet endroit. L’ombre encapuchonnée l’avait foutu dans cette galère, c’était à elle de l’en sortir ! L’ombre éclata à nouveau de rire. Elle se dirigea vers lui avant de soulever le jeune homme avec facilité. Celui-ci lui dit en marmonnant :
« Non mais tu sais que tu ressembles à ma mère ? »
« Je dois le prendre comment ? » demanda t-elle en rigolant encore une fois.
« Comme une insulte ! T’as la force d’un monstre ! »
L’ombre pouffa de rire avant de déposer le jeune homme contre les ruines d’un mur. Sans plus attendre, elle se mit à côté de lui. Quelques secondes plus tard, elle sortit de quoi boire sous la forme d’une gourde, pour porter le conteneur à sa bouche. Le liquide s’infiltra à travers le masque blanc puis finalement, elle tendit la cruche en direction de Tery.
« On va se reposer un peu, il n’y a pas à s’inquiéter pour les Gnomolds. Ils sont tous morts donc fermes tes yeux et laisses toi bercer par le chant mélodieux des oiseaux. »
« Le chant mélodieux des oiseaux? Mais t’entends des trucs bi… »
Il s’arrêtait de parler, remarquant que l’ombre encapuchonnée n’avait pas tord sur ce coup. Maintenant qu’ils étaient tranquilles et que le clan avait été totalement détruit, la nature allait reprendre ses droits dans les ruines. Enfin bon … C’était quoi cette histoire ?

« Je ne te connais même pas ! Je ne sais pas qui tu es et je n’ai clairement pas envie de le savoir ! Dès que je peux bouger, je m’en vais d’ici et je compte … »

Il comptait quoi faire ? Il avait pensé à l’idée de retourner à son village mais rien que le fait d’y réfléchir était une aberration ! Il allait se faire insulter voir même sacrément en baver par rapport à sa mère. Non … C’était mieux de ne pas y penser.

« Et bien, on aura tout le temps de se connaître, n’est-ce pas ? Tu n’es pas pressé que je sache, n’est-ce pas ? » dit la personne masquée de blanc tandis que Tery bougeait son unique main valide pour commencer à boire un peu.

« Je ne suis pas pressé et je ne sais même pas ce que tu racontes, je tiens à te le dire ! » annonça le jeune homme après avoir bu, tendant la gourde à la personne à côté de lui. Celle-ci la récupérant, la fermant avant de la remettre dans son sac.

« Et bien … Dorénavant, nos deux existences sont liées ! C’est le destin qui fait que tu as été mis sur ma route … ou non ! Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Que tu es tout simplement dingue … Je crois que même avec une seule main, je vais plutôt m’éloigner de toi car ce n’est pas bon pour ma santé mentale. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Il se traînait avec difficulté sur le sol, utilisant toute la force de son bras pour avancer. Cela avait plus un aspect comique et pitoyable qu’autre chose. Elle poussa un profond soupir amusée, se remettant debout. Elle posa ses deux mains sur ses épaules, gardant son éternel sourire figé par le masque.

« Et si tu arrêtais tes bêtises ? Tu n’es pas en état de te mouvoir. »

« Je ne compte pas arrêter mes soi-disant bêtises ! » dit-il avec énervement, se laissant néanmoins faire par la personne masquée.

Pfff … Où est-ce qu’ils allaient maintenant ? Et zut … Elle le ramenait à nouveau contre le mur en ruines. Il poussa un grognement, fermant les yeux en marmonnant quelques paroles incompréhensibles. Ça ne lui plaisait pas … Pas du tout même … Il n’aimait pas cette histoire, pas le moins du monde même !

« Dès que je peux bouger à nouveau, je te préviens, je me barre de mon côté, c’est bien compris ? Car je ne compte pas rester avec toi. »

« Tu ne veux pas plutôt en parler un autre moment ? Du genre, dans quelques heures ? Car là … J’ai envie de me reposer un tout petit peu. »

« Avec tout ce sang autour de nous ? Et cette odeur affreuse ? Désolé, je n’ai pas du tout sommeil personnellement ! Ça ne me donne même pas envie de rester ici ! »

« Tu racontes n’importe quoi. Il n’y a pas d’odeur et de traces de sang ici. »

… … … Pfff … Il savait qu’elle avait raison mais bon … Ca ne lui plaisait pas du tout. Non …. Il n’aimait pas cet endroit. Pfff … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pour une première journée comme ermite, ou plutôt une seconde … Enfin, il ne savait pas l’heure exacte mais … Elle s’était passée très différemment de celle à laquelle il s’était attendu. Il avait espéré quelque chose de bien plus calme.

« D’ailleurs, au passage, je sais même pas comment tu t’a… »

Une petite forme vint se poser contre son épaule. Qu’est-ce que … La tête de cette personne ? Il entendit son léger souffle se faire entendre alors qu’il était plus que surpris. Elle avait réussi à s’endormir aussi vite ? Cette personne ? Ce type ? Comment est-ce qu’il avait fait ça ? Il aurait bien aimé le savoir.

« Ouais … Enfin bon … Il ne faudrait quand même pas exagérer non plus. Je ne suis pas un reposoir hein ? On se sert pas de mes épaules comme d’un … »


Oh et puis zut. Pour l’heure voir celles qui allaient suivre, il pouvait bien se taire un peu aussi hein ? Gardant les yeux fermés, il marmonna :

« De toute façon … Dès demain, je règle cette histoire. »

Car il était hors de question qu’il reste avec une telle personne. Il ne voulait surtout pas … que sa vie soit problématique. Mais là … Il allait tout simplement dormir un peu.

Chapitre 2 : Premier combat

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : Premier combat

Le réveil se déroula sans aucun problème. Ses yeux verts s’ouvrirent pour regarder où il était : Une magnifique forêt autour de lui, une ombre encapuchonnée faisait tourner un lapin au-dessus d’un feu créé par magie. Ah…Bien sûr, il n’était plus chez lui et il poussa un petit rire amusé avant de se relever : C’est vrai ! Il était enfin libre et il n’avait plus à se poser de questions sur son avenir ! En entendant le rire, la personne encapuchonnée se tourna vers lui, lui demandant d’une voix neutre :
« Je vois que tu es en pleine forme. Cela fait plaisir à voir. Tu prendras un peu de lapin? »
« Heu…Non désolé, pas au réveil. Mais j’ai une petite question : Normalement, cette forêt réunit pas mal de monstres mais je n’ai eu aucun problème et vous non plus. Vous avez même réussi à chasser ! » s’écria le jeune homme avec entrain.
« Tu ne m’as donc pas écouté? Enfin bon, tu n’étais pas en bon état hier. Prends donc ce morceau de pain et cette eau. Ils sont aussi frais que ceux d’hier. Je vais donc t’expliquer quelques principes si tu le désires. »
L’ombre encapuchonnée se releva avant de se mettre à marcher en rond autour de Tery qui la regarda faire en écoutant d’une oreille distraite. Il dévora avec appétit le mini-repas, se disant que cela n’allait pas le remettre d’aplomb mais au moins lui remplir l’estomac pour les prochaines heures. Il était toujours aussi insouciant par rapport à cette histoire. L’être prit la parole avec lenteur, comme pour chercher à s’exprimer correctement :
« Alors … Par quoi je peux commencer ? Et bien … Disons que c’est de la magie, n’est-ce pas ? Je suis capable de créer une zone telle que les odeurs qui émanent de nos corps sont transportées par le vent ailleurs. Ainsi, les créatures et autres monstres qui tenteraient de venir vers nous seront alors attirés ailleurs et nous serons en sécurité. Est-ce que cela te convient ? Ou non ? J’ai essayé de faire simple. »

« Et c’est tout ce qu’il y a à savoir ? » demanda le jeune homme sans réellement s’intéresser à ce qui venait de se dire. La personne encapuchonnée haussa les épaules, répondant :

« Et c’est tout. Rien de bien spécial, n’est-ce pas ? »

« Alors, ça me suffit amplement ! Je n’ai pas besoin d’en savoir plus !
Il finit son morceau de pain, passant un doigt sur ses lèvres pour retirer une miette. Il remarqua enfin la dague qui était posée à quelques centimètres de lui tandis que l’ombre lui tournait le dos. Il se releva en tenant l’objet entre les mains, l’observant sous toutes les coutures : Une dague tout ce qu’il y avait de plus normale mais dont la lame brillait, signe qu’elle était de bonne qualité. A part ça, rien de bien spécial. Il s’adressa à la personne :
« Hey, vous avez fait tomber votre arme. »
« Ceci est ton arme maintenant… C’est Tery, ton nom, n’est-ce pas ? »
« C’est bien ça et le vô… Mais attendez un peu ! Je ne veux pas de votre dague ! Je n’ai pas besoin de cet objet ! »
Il jeta l’objet au sol d’un geste rageur avant de croiser les bras : Il avait quitté son village car il ne voulait pas utiliser d’armes ou de magie justement ! Et cette personne, bien qu’elle lui ait sauvé la vie, tentait maintenant de lui donner une arme ?! L’ombre encapuchonnée se retourna, un petit sourire aux lèvres :
« Et pourquoi tu n’aurais pas besoin de cette chose? Quitter la forêt sans arme sera très difficile. Peut-être devrais-je t’abandonner en ce lieu et voir comment tu te débrouillerais sans moi ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ce n’est pas une bonne idée ?
« Ah ! Mais c’est du chantage ça ! Je ne marche pas ! » s’écria t-il, croisant les bras.
« Soit, alors adieu. » termina de dire la personne recouverte par sa cape brune.
Alors qu’il n’y eut aucun cri autour de lui, ce fut le cas après une dizaine de secondes. Il se redressa, se retournant pour voir son sauveur. Profitant de sa confusion, l’ombre encapuchonnée s’était enfuit sans lui laisser le temps de parler. Il se sentait mal, très mal et il reprit la dague, celle-ci se mettant à trembler en même temps que sa main droite. Une branche qui se brisait, un souffle dans son dos alors qu’il s’avançait à travers les arbres et voilà que tout ses sens étaient déjà en éveil. Il n’avait pas peur, il n’était pas de ce genre mais cette ombre, était-ce un ennemi ou un ami ? Il ne savait pas mais quel enfoiré de l’avoir abandonné ici. Il releva subitement son regard : Il n’avait pas rêvé ! Il en était sûr ! Quelque chose ou quelqu’un se trouvait dans les arbres ! Ou alors, était-ce tout simplement son imagination ? A gauche, aucun danger. A droite, il en était de même. Derrière lui, il n’y avait aucune présence alors il lui suffisait de toujours avan…
« BOUH ! » s’écria subitement une voix en face de lui.
« AHHHHHHHH ! » hurla t-il aussitôt, apeuré par ce qu’il venait de voir.
La dague fut jetée en l’air tandis qu’il tomba sur les fesses en voyant l’ombre encapuchonnée à cinq mètres de lui. Même de là, il n’arriva pas à voir les détails de la personne qui se tenait devant lui. Cette foutue ombre avait la tête à l’envers et sa tenue ne tombait pas malgré la gravité. Encore de la magie ? Il tenta de reprendre ses esprits, marmonnant :
« Non mais t’es complètement dingue ! C’est quoi ça ?! »
« Tu ferais mieux de te taire si tu ne veux pas avoir de problèmes. Récupères la dague et suis-moi. Je vais nous emmener ailleurs. Ça sera bien mieux que de rester ici. »
« Non. » répliqua le jeune homme sèchement, visiblement en colère.

« Qu’est-ce que tu as dit ? Tu peux répéter pour voir ? J’ai cru mal entendre. »
L’ombre encapuchonnée atterrit sur le sol avec un petit rire. Cela avait été assez drôle de voir la réaction du jeune homme lorsqu’elle était apparue devant lui. Mais maintenant, il valait mieux qu’il arrête de refuser sinon, tout allait très mal se finir. Tery restait assis sur le sol, les bras croisés au niveau de son torse. Les yeux plissés, il reprit :
« Je n’ai pas d’ordres à recevoir de ta part. Je ne te connais pas, tu ne me connais pas. C’est tout ! Merci pour ce que tu as fait mais c’est bon, maintenant, on n’a plus rien à voir ! »
« Tu ne me laisses pas le choix. Et dire que tu as le même âge que moi, je n’arrive pas à croire que j’ai affaire à un gamin mais bon, nous sommes tous de grands enfants n’est-ce pas? Accroche-toi, ça va faire mal ! »

Une aura brune entoura légèrement le corps de l’ombre encapuchonnée avant que des morceaux de terre ne se mettent à sortir du sol. Il se releva, inquiet par ce qu’il voyait : Qu’est-ce qu’elle comptait faire ?! Il n’eut pas le temps de réagir que le poing recouvert d’une protection de pierre vint le frapper au ventre. Il pouffa sous le coup avant de s’évanouir aussitôt. Il n’avait pas de force physique ni de magie, il n’était qu’une simple chenille sous forme humaine. L’ombre encapuchonnée poussa un profond soupir avant de murmurer :

« Ce n’est pas possible d’être aussi borné que ça. Néanmoins, tu vas devoir m’accompagner puisque j’ai besoin d’un compagnon. Et dire que je débute moi-même par rapport au monde extérieur, je n’arrive pas à croire qu’il y ait tant de différences. »
Elle le réceptionna avant qu’il ne tombe en arrière. Ce n’était pas une chose très difficile d’après les dires de celui qui l’avait envoyé, il valait mieux être plus prudent. Il avait parlé de trouver une personne dans la forêt avoisinant le village de Leskar qui serait là pour l’épauler. L’Oracle ne se trompait jamais dans ses prédictions mais quand même, pourquoi l’avoir envoyé là-bas? L’ombre sourit tandis qu’elle soulevait Tery sans ménagement.
« Mais c’est quoi ce BORDEL ! » s’écria le jeune homme en rouvrant les yeux, regardant où il se trouvait. C’était quoi cet endroit ? Des colonnes de marbre brisées en plusieurs morceaux sur le sol herbeux, des murs à moitié détruits mais aussi des cadavres de gnomolds un peu partout … Il se trouvait où ? Il entendit la voix de l’être encapuchonné, s’adressant à lui d’une voix énervée comme à son habitude :
« Ah? Tu es enfin réveillé ? Il était temps ! Tu as encore dormi tout le trajet. »
« Mais pourquoi je suis ligoté ? Et pourquoi on est dans un temple super louche et surtout POURQUOI il y a des gnomolds morts autour de MOI ? »
« Car nous sommes dans le temple où se trouve le médaillon que je devais récupérer. Est-ce que tu as d’autres questions ou est-ce qu’on peut y aller ? » demanda la personne dont il ne savait guère si elle était une amie ou une ennemie.

L’ombre encapuchonnée avança tranquillement dans le temple en ruines autour d’eux. Il y avait plusieurs tas de gravats qui jouxtaient l’endroit où ils se trouvaient. Des cris d’animaux en colère se firent entendre … mais était-ce réellement des animaux ? Tery était attaché et ligoté par une corde qui se tenait toute seule dans les airs comme animée par une main invisible tandis que l’ombre lui tournait le dos comme à son habitude. De nombreuses flèches partaient du corps de l’ombre sans qu’il ne puisse voir l’arme : Etait-ce un archer ? Elle se tourna vers lui avant de reprendre la parole :
« Est-ce que tu es décidé à m’aider ? J’ai besoin d’un allié pour prendre le médaillon qui est gardé par un chef de clan mineur de Gnomolds. Ils seront beaucoup trop nombreux pour moi seul alors autant me donner un coup de main. Après ça, je te libère et tu pourras faire ta vie comme tu le désires. C’est un bon marché n’est-ce pas ? »
« Je ne sais pas utiliser d’armes ! » répondit-il avec véhémence.

« Et la magie ? » demanda t-elle aussitôt, semblant n’en avoir que faire des cris du jeune homme, se rapprochant de lui. Il était temps qu’il parle.
« C’est pareil ! Je ne sais rien faire car je ne veux rien faire en rapport avec ces foutus trucs ! C’est bon ? Tu peux me libérer maintenant ? »
« Où est ton tatouage ? » questionna une nouvelle fois la personne encapuchonnée.
« Tu crois que je vais te le dire ! Je ne suis peut-être pas doué au combat mais je sais bien qu’il ne faut jamais révéler l’emplacement de son tatouage car c’est là que se focalise notre point vital et principal ! »
«Tu n’es pas aussi bête que tu en as l’air hihi. » termina t-elle de dire.
L’ombre encapuchonnée rigola avant que deux créatures au bonnet rouge ne fassent leur apparition dans son dos. Sans plus attendre, elle se retourna à nouveau, faisant apparaître deux pieux de glace au bout de ses paumes. Quelques secondes plus tard, les pieux s’étaient plantés dans les corps des Gnomolds qui tombèrent en arrière, morts sur le coup.
« Mais tu n’as pas besoin de moi vu comment tu te débrouilles ! Libères moi au lieu ! »
« Puisque c’est ton choix. » marmonna l’autre personne avec lenteur.
La corde qui le ligotait tomba au sol avant de disparaître. Encore un tour de magie. L’ombre ne savait que se battre comme ça ou quoi ? Il se frotta les bras, les observant longuement. Il allait garder ces marques pendant quelques heures mais au moins, il était libre.
« Bon, je te laisse et je ne te remercie pas pour ce que tu viens de me faire ! »
Il s’éloigna avant que des grognements ne se fassent entendre dans son dos ainsi que des cris humains. Ce n’était pas des cris de détresse mais plutôt de guerre. Maintenant qu’il y réfléchissait, même avec le son de sa voix, il ne savait pas si c’était une femme ou un homme qui l’avait sauvé. De toute façon, au final, il s’en fichait pas mal. L’ombre n’avait pas besoin de lui et il avait décidé de ne pas se mêler de ça !
Quelques minutes plus tard, il était de retour tandis que la cape de la personne était légèrement trouée, signe que des projectiles avaient été envoyés sans réussite envers elle.
« On se rapproche. Tu as donc décidé de venir me rejoindre ? » demanda la personne encapuchonnée en se tournant vers lui.
« Non ! Mais j’ai une question : Tu peux m’indiquer la sortie ? » dit-il avec lenteur.

Quelques secondes où le temps s’était arrêté : Il ne blaguait pas. Il ne connaissait pas la sortie de ces foutues ruines. En fait, c’était pire que ça : Il ne savait même pas où il était ! Puis un puissant rire cristallin sortit de l’ombre encapuchonnée qui tentait de se contrôler, bafouillant dans ses paroles comme à la recherche de son souffle :
« Tu es vraiment un cas Tery ! Restes près de moi et ne t’éloignes pas. Je m’occupe du médaillon et ensuite, on sortira des ruines tout les deux. Ca te convient comme marché ? »
« Est-ce que j’ai vraiment le choix ? Je devrais me battre ? »
«Non et c’est à toi de voir mais c’est dommage de ne rien savoir faire de ses deux mains. Tu es comme un bébé qui apprend à marcher. Tu es sûr de ne pas vouloir ma dague ? » questionna t-elle en lui tendant une nouvelle fois l’arme de courte taille.

« Je t’ai déjà répondu à ce sujet : Je ne veux pas me battre! Et je ne sais pas me battre ! Et je ne sais pas utiliser de magie ! Et je ne sais pas de quel élément je suis ! » dit-il avec appréhension, un peu énervé comme à son habitude depuis qu’il était avec cette personne.

« Au moins, on a un point en commun : Je ne sais pas de quel élément je suis non plus. C’est pourquoi j’utilise tous les éléments ! Dès que nous sommes sortis de là, on prendra un peu de temps pour t’apprendra les bases. Voilà tout ! »
« Mais TU ME GONFLES! Je t’ai dit que… » commença t-il à parler avant d’être coupé.
« Tu ne voulais pas te battre mais pas ne pas apprendre les sorts élémentaires. » termina t-elle de dire sur un ton amusé par la situation.
Il allait ouvrir la bouche mais il préféra se taire pour éviter de proférer des insultes. Cette ombre… Elle arrivait à l’énerver trop facilement et ce n’était pas bon. Il n’aimait pas être pris pour un imbécile mais elle avait réussi là où peu de gens y arrivaient : le mettre en colère pour des futilités. Il maugréa avant de se mettre à suivre la personne qui continuait de tracer son chemin à travers les ruines comme si elle savait où se rendre. Pourtant, subitement de derrière une ruine imposante, un gnomold se jeta sur elle, une masse à la main. Un coup vint la frapper au niveau du crâne, l’envoyant contre une ruine tandis que la dague tombait au sol à plus de trois mètres de l’ombre.
« Erk erk erk. T’étais venu pour prendre ça n’est-ce pas ? »
Ah ! Il ne l’avait pas remarqué! L’homme aux yeux émeraude se cacha derrière une ruine, jetant un oeil à la créature qui venait de frapper l’ombre. La créature avait un bonnet bleu sur son crâne qui était dégarni, deux pics sortant de son dos, une masse en fer dans la main droite ainsi qu’une rondache dans main gauche. Il était possible de voir un petit médaillon qui brillait d’une lueur brune autour de son cou, une pierre de même couleur incrusté à l’intérieur. Du Gnomold, il en avait l’apparence sauf qu’il mesurait bien un mètre vingt-cinq de hauteur et semblait avoir plus de muscles et d’intelligence que ces congénères.
« Trop d’humains sont venus pour lui erk erk erk. Je sais pas ce que tu es mais tu vas les rejoindre ! » s’écria le monstre en s’approchant du corps qui semblait inanimé.
L’ombre encapuchonné ne bougeait plus : Etait-elle évanouie ? Si c’était le cas, il ne pouvait plus rien pour elle et il valait mieux s’enfuir mais bon… Ce n’était pas vraiment son genre non plus de s’enfuir, du moins pas quand il avait une dette de cette importance. Mais pourquoi devait-il se battre ? Ce n’était vraiment pas son truc ! Il s’approcha en catimini vers la dague qui était tombée au loin du chef de clan Gnomold et de l’ombre. Il devait la serrer, la tenir bien en main et s’approchait de la créature. Il commença à courir à toute allure vers le gnomold. Un seul coup dans la tête et c’en était terminé ! C’était comme ça !
« CREVE SALE BÊTE ! » hurla t-il de toutes ses forces, le gnomold se retournant :
« Nierk ? Un autre humain ! Erk erk erk. Ca va être chouette. Deux fois plus de nourriture ! »
La lame de la dague vint frapper la masse du Gnomold qui s’était retourné pour être en face de Tery. Dieu qu’il était laid, surtout quand il se mit à sourire avec ses nombreuses dents en moins. La masse se leva en même temps que la dague, la tête du Gnomold venant se loger dans le ventre du jeune homme aux cheveux bruns qui fut envoyé au loin. Il roula pendant quelques secondes avant de gémir de douleur : Voilà pourquoi il ne voulait pas combattre ! Il n’aimait pas souffrir, il n’aimait pas du tout ! Pourquoi s’était-il permis de croire qu’il pouvait faire quelque chose contre un chef de clan Gnomold même mineur? Ces monstres même si faibles étaient bien plus doués au combat que lui. Mais il ne pouvait pas abandonner l’ombre, c’était un principe simple comme le monde ! Si quelqu’un t’avait sauvé la vie, tu devais sauver la sienne ! Il se releva, il n’avait pas si mal que ça, il était encore capable de se battre. Tenant la dague à la main d’une manière qui montrait son absence d’utilisation habituelle dans cette arme, il se positionna pour faire face au Gnomold.
« T’as l’air de tenir un peu mieux les coups que l’autre erk erk erk! Ranges ton arme, tu vas te couper ! » s’égosilla le gnomold avec amusement.
« Parles pour toi tête de Glumarx ! » répondit aussitôt Tery.

Il avait fait mouche : Le visage du chef de clan Gnomold prit peu à peu une teinte rouge, signe qu’il allait exploser de colère avant de proliférer des insultes à tout va. Tery ferma ses yeux avant de les ouvrir aussitôt : Se concentrer et ne pas écouter les insultes, seulement se préoccuper de la créature qui allait courir à toute allure vers lui. Ses deux jambes tremblaient, signe de son anxiété. Ca s’annonçait mal, très mal. Mais … Il n’avait pas vraiment le choix hein ? Il n’avait jamais combattu de toute son existence ! Alors pourquoi est-ce qu’il devait le faire maintenant ?

« Je vais te faire regretter le jour où tu as proféré ces paroles, sale humain ! »

« Parle toujours, tu ne m’intéresses pas ! Laisse-moi tranquille et dégage de là plutôt ou sinon, je risque de te faire mal ! C’est compris ?! »

Lui faire du mal ? Il n’arrivait même pas à s’enfuir ! Si ce gnomold savait qu’il n’arrivait pas à se battre, non, qu’il ne s’était jamais battu, c’était fini pour lui. La seule chose qu’il pouvait faire, c’était passer le temps pour que l’ombre se réveille et en termine avec le gnomold. Car lui de son côté …

« NE T’AVISE MÊME PAS DE T’ENFUIR SALE HUMAIN ! »

« Tu crois vraiment que je vais t’écouter ou quoi ?! » répliqua-t-il aussitôt, faisant quelques pas en arrière. Ça ne servait à rien de se battre. Rien du tout ! Il n’arriverait pas à battre le gnomold s’il restait là. Il valait mieux courir dès maintenant ! Il se retourna avant de bondir en avant, voulant mettre le plus de distance entre lui et le gnomold. Celui-ci ne tarda pas à réagir, courant à son tour pour venir le rattraper.

« Arrête un peu de bouger que je t’assomme et te lapide morceau par morceau ! »

Hors de question ! Il n’allait pas se laisser faire de la sorte ! Il devait se cacher derrière une ruine ! Mettre le plus de distance avec le gnomold avant qu’il ne l’attrape ! C’était plus facile à dire qu’à faire, il n’était pas adepte des courses d’endurance ou des sprints !

Ah … Ah … Ah … Il devait se reposer. Adossé contre un mur à moitié détruit, il reprenait son souffle, serrant avec force la dague. Pourquoi est-ce qu’il faisait tout ça ? Pourquoi ? Si cette personne encapuchonnée lui avait sauvé la vie, c’était bien pour qu’il continue à vivre non ? Alors chercher le combat avec ce chef gnomold, ce n’était pas du tout une bonne idée.

« Où es-tu petit petit petit ? Montre toi donc … »

Gloups … Le Gnomold se rapprochait peu à peu de lui. Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Il ne devait pas stresser … Ce n’était pas bon. Il devait garder son calme et … ne pas faire de bêtises. Il entendait les bruits de pas qui avançaient au fur et à mesure des secondes qui s’écoulaient. Gloups … Il devait réagir … Réagir et vite ou sinon, il …

« AH ! TE VOILA ! Hein ? Comment ça ? » dit le Gnomold, bondissant sur le côté, sa masse à la main avec un sourire de vainqueur. Sourire qui disparut lorsque le jeune homme n’était pas présent devant ses yeux. Il était sûr pourtant … de l’avoir senti ici. Il reprit : « Nierf … Pas normal ça … Pas normal du tout même … Si t’es pas de ce côté … Ca veut dire … QUE TU ES DE L’AUTRE ! »

Mais encore une fois, rien du tout. Pourtant, il en était sûr ! Il entendait des bruits de pas ! Il était là ! Il voulait s’amuser à changer de côté tandis qu’il passait de l’autre ? Il n’était pas comme ça ! On ne se moquait pas de lui ! D’un geste rageur, il frappa de sa lourde masse dans le mur, celui-ci s’écroulant en morceaux. La destruction du mur laissa paraître le jeune homme, surpris par un tel geste.

« Alors ? On essayait de se cacher hein ? Fini de s’amuser ! Je vais t’apprendre à m’insulter de Glumarx, saleté d’humain ! »

« Je ne fa … Je ne fais que dire la vérité à ton sujet ! » reprit le jeune homme, tremblant en tenant sa dague à la main.


Bon … Se calmer et se concentrer … Son petit jeu était terminé. Ça n’avait pas duré cinq minutes mais visiblement, cela avait suffi à énerver le gnomold. Bon … Qu’est-ce qu’il devait faire ? Quand est-ce que l’autre personne allait se réveiller ?! Il n’allait pas l’attendre trop longtemps non plus hein ! Il était mal barré … Il n’allait quand même pas devoir … se battre hein ? NON ! Ce n’était pas possible !

« C’est pas dans mes cordes ça ! »

« A qui est-ce que t’es en train de parler, l’humain ? » demanda le gnomold. « Enfin, je m’en fous … Maintenant que tu n’as plus d’endroit ou te cacher, c’est foutu pour toi ! »

Il le savait bien que c’était foutu ! Il n’était pas bête non plus mais … mais … Ah … Il devait garder son calme … Ca ne servait à rien de s’apeurer. Mais il était dans de beaux draps !

Chapitre 1 : Départ

ShiroiRyu
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Première Partie : Dur dur d’être un héros
Chapitre 1 : Départ

« Tery, debout ! Il est l’heure de te lever ! Il est déjà plus de midi ! Ne me force pas à venir te chercher, c’est bien compris ? » cria une voix de l’autre côté de la porte.

« Non, je ne veux pas, maman ! On est dimanche ! J’ai besoin de dormir moi ! » répondit un jeune homme en marmonnant de telle sorte que la voix féminine put l’entendre.

« Tery, je me répète une fois, deux fois… mais après… Tu sais ce qui t’attends … »

« J’ai dit que je ne voulais pas ! Ne m’embête pas avec ça ! » reprit-il sèchement.

Il grommela quelques paroles intelligibles en enfouissant sa tête sous le coussin. Un pas, puis un second et il savait qu’elle montait les escaliers. Rapidement, il se cacha sous la couverture alors que la porte s’ouvrit à la volée pour laisser apparaître une femme à forte ossature. Elle posa ses deux mains sur un bord du lit, le soulevant comme si ce n’était qu’un vulgaire bout de bois. Sa tête fut la première à quitter le lit pour venir se percuter avec violence sur le sol. Légèrement secoué, le jeune homme aux cheveux bruns passa une main sur son front en gémissant de douleur. Quelle brute ! La femme dit avec un peu d’énervement :

« Quand je te demande de te lever, je veux que tu te lèves, d’accord Tery ?! »

« C’est bon, c’est bon ! J’ai compris, Maman ! J’ai compris ! T’étais pas obligée de faire ça ! Ça fait mal hein ?! Et puis … » dit-il avant de s’arrêter aussitôt en observant le regard de cette femme. Oups … Il valait mieux se taire.

Dire qu’il n’avait pas peur d’elle serait mentir. La femme d’une quarantaine d’années était assez enveloppée, un tablier blanc par-dessus une robe de paysanne verte. Celle-ci allait de pair avec ses yeux mais le plus inquiétant était quand même le fait qu’elle avait soulevé le lit avec facilité. Des petites veines brunes étaient présentes sur ses deux mains avant qu’elle ne repose le lit. Dès qu’elle eut terminé, elle lui tourna le dos, lui signalant :

« Tu devrais te mettre un bas sur toi avant que tu n’attrapes un rhume. Je te laisse dix minutes pour descendre et tu n’as pas intérêt à te recoucher sinon… »

« C’est bon ! Je ne le ferais pas ! » coupa t-il aussitôt, ne voulant surtout pas énerver sa mère une nouvelle fois. Il n’était pas stupide pour commettre cette erreur.

Avec un léger tremblement dans la voix, il se releva en culotte noire alors que sa mère s’éloignait en claquant la porte de la chambre. Il poussa un grognement, passant une main dans ses cheveux bruns en regardant son lit défait. Vraiment, quel monstre ! Elle ne savait pas se retenir ou quoi ?! Un soudain bâillement et sa main se mit devant sa bouche. Il se dirigea vers son lit, fouinant à l’intérieur pour y trouver un pantalon de tissu noir qu’il enfila ainsi qu’un haut en toile brune quelques secondes après. Tout ce qu’il avait de plus basique, n’est-ce pas ? Il n’avait besoin de rien de plus.

« Je vous jure… Dimanche et je n’ai même pas le droit de roupiller un peu. » bougonna-t-il alors qu’il observait son lit. Bon … Ca ne servait à rien de continuer à le regarder.

Il s’approcha de sa fenêtre, tirant sur les rideaux avant d’être aveuglé par les rayons du soleil. Il cria légèrement sous le déchaînement de lumière, sa main droite ramenant les rideaux à leur position initiale. Vraiment… Le soleil apparaissait de plus en plus tôt ! M’enfin, c’était de la mauvaise foi aussi. Il ronchonna dans son coin, quittant sa chambre pour se diriger vers la salle de bain. Ce n’était pas le grand luxe mais qu’importe, cela lui convenait amplement. Il passa de l’eau sur son visage, s’observant dans le miroir. Des yeux verts, un visage juvénile et assez finement dessiné, il n’était pas forcément un vilain garçon physiquement.

« Bon… Je dois me dépêcher sinon elle va encore me crier dessus. »

Il se donna deux petites claques sur les joues, se coiffant à la va-vite tout en se donnant une allure néanmoins assez propre. Il quitta la salle de bains, faisant une quinzaine de pas pour pénétrer dans une petite pièce où se trouvait sa mère. La cuisine était toute simple et n’avait rien de bien spéciale mais il fallait reconnaître que la femme d’une quarantaine d’années s’occupait plutôt bien de sa demeure et que les couverts étaient de bonne facture. Il vint s’asseoir, passant ses mains sur son visage en marmonnant :

« Maman… C’est trop tôt… Il n’est que midi. »

« Tu ne vas pas faire la tête ? Manges ça, il te faut des forces pour aujourd’hui. »

« Aujourd’hui ?! Ah ! Où elle se trouve ? »

Il se releva, comme légèrement excité par cet évènement. Il quitta la cuisine pour revenir après deux minutes avec une sphère de cristal dans sa main droite. Celle-ci était remplie de fumée blanche et noire. La femme soupira tout en posant une assiette sur la table :

« Tu ne crois pas que tu as passé l’âge de jouer avec ça ? »

« Boule mystique, dis moi si j’aurais de la chance aujourd’hui ? »

Il se mit à secouer la sphère de cristal avec entrain, la fumée noire se mélangeant à la blanche pour former un mot. Tery eut un sourire qui en disait long, alors qu’il déposa la sphère sur la table. Il se mit à manger, avalant quelques morceaux avant de dire :

« Bon et bien… Je n’aurais pas de chance aujourd’hui selon elle. »

« Ne pense pas comme ça ! Aujourd’hui, c’est le grand jour ! »

« Je peux enfin quitter la maison, c’est super ! » répliqua t-il avec entrain.

« Mais non, espèce d’idiot ! Aujourd’hui, le tournoi aura lieu ! Vous serez environ une douzaine pour ce mois-ci. » répondit la femme tout en récupérant son assiette.

« Tiens… Je pensais que c’était aussi mon anniversaire. »

« Bon anniversaire mon fils.  Ton corps doit te démanger, non ? » demanda t-elle, attendrie.

Il termina son assiette, haussant les épaules d’un air désintéressé. Bien sûr que ça le démangeait mais qu’est-ce que cela faisait ? C’était le lot quotidien de tout nouvel adulte ou presque hein ? Enfin, c’était comme cela qu’il le voyait. Il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Il se leva de sa chaise, se dirigeant vers la sortie de la cuisine en prenant la parole :

« Je vais aller me balader maman ! »

« Tu devrais plutôt t’entraîner, Tery ! Les autres sont préoccupés par cet évènement depuis des années mais toi… Tu manies quelle arme ? » le questionna-t-elle.

« Aucune maman, aucune. » répondit-il avec lenteur, haussant les épaules.

« Et ton élément ? Tu as une idée ? Même si il est rare que cela prenne autant de temps. »

« Pas du tout, maman, pas du tout. Je ne le savais pas avant, je ne le saurai pas après. »

« Mais alors qu’est-ce que tu vas faire pendant ce tournoi ? »

« Pffff ! Je verrais ! Je m’en vais maintenant ! Merci bien ! »

Il pouffa pour dire qu’il n’en avait aucune idée. Tout ça, c’était à peine s’il y portait un quelconque intérêt. Elle le regarda quitter la cuisine en soupirant : Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir faire du jeune homme ? Tery était retourné dans sa chambre, enfilant une veste noire avec un grand sourire : C’était l’heure !

Finalement, il partit de la modeste demeure dans laquelle habitait sa famille. Les mains dans les poches, il observa le village dans lequel il habitait. Rien de bien énorme, tout semblait si commun… Il salua quelques personnes qu’il connaissait, s’approchant de la sortie du village. A chaque coin se trouvait un garde. L’un devait avoir la trentaine bien avancée, l’autre la cinquantaine mais ce fut le plus jeune qui s’adressa à lui :

« On peut savoir où tu comptes aller Tery ? »

« Me balader un peu sur le chemin. Un petit besoin de réfléchir. »

« Dans quelques heures, le tournoi mensuel va commencer. Tu devrais te préparer plutôt et t’entraîner. C’est vrai quoi… » reprit le même soldat d’une trentaine d’années.

« Vous savez que moi et les entraînements… »

« HAHAHA ! Laisse lui un peu de détente. Ca ne lui fera pas de mal de s’aérer l’esprit avant le tournoi, certains se calment de cette façon. Tu peux y aller, Tery. »

Le plus vieux des deux soldats laissa passer le jeune homme aux cheveux bruns, celui-ci le remerciant d’un hochement de la tête et d’un grand sourire. Les mains dans les poches comme avant, il se dit que tout allait lui manquer mais c’était sa vie. Et sa vie était telle qu’il ne voulait pas s’embêter avec tout ça. L’entraînement, les éléments, les tournois, très peu pour lui. Il se retourna, son sourire restant sur ses lèvres en observant le village :

« Désolé maman et les autres mais cette vie n’est pas pour moi. Me battre comme un chiffonnier même si ce n’est que pour une journée, ce n’est pas mon style. Je crois que je vais me trouver un petit coin tranquille et vivre là-bas jusqu’à la fin de mes jours. Héhéhé. »

C’était bien beau d’avoir des ambitions lorsqu’on était jeune. Il savait ce qu’il allait devenir : Un ermite ! Mais pour cela il devait s’éloigner du chemin et du village le plus vite possible. Il ne voulait pas qu’une personne des villages voisins le trouve non plus. Avec une petite bourse d’argent dans ses poches, rien sur son dos, sa nouvelle vie d’adulte ne faisait que débuter mais il était motivé, très motivé !

Faim… Faim… Faim… Il avait faim, si faim ! Dire que ça ne faisait qu’une heure qu’il marchait. Il aurait dû prendre un petit encas pour le chemin mais sur le coup de l’émotion, il n’y avait pas pensé. Il savait juste qu’il était seul dans les environs, personne n’osait y habiter donc… Il n’y avait qu’un endroit ! Il se dirigea vers la forêt avoisinante, quittant la route qu’il avait prit à la base pour son voyage.

Grimper aux arbres tel un animal et y manger les fruits qui s’y trouvaient, c’était pas une mauvaise idée quand il y réfléchissait ! Qu’importe si les fruits étaient comestibles ou non, il se désintéressa de tout ceci. Il escalada avec agilité le premier arbre qu’il trouva. Heureusement qu’il était quand même doué pour ça sinon, sa survie allait en prendre un sérieux coup. L’arbre était un pommier et il prit quelques fruits avant de se mettre à les manger. Assis le dos contre l’arbre et sur une branche, il se dit à lui-même :

« Et bien voilà ce que j’appelle la vraie vie. Heureusement que je suis tombé sur un arbre avec des fruits comestibles sinon je ne sais pas ce que je serais devenu. Mais bon, je ne vais pas pouvoir rester là plus longtemps…AHHHH! »
Un objet venait d’être envoyé en sa direction. Il eut juste le temps de se pencher sur sa branche mais tomba sous le geste. Il se rattrapa à une main à la branche, se disant qu’il était sauvé. Les petits cris qui se trouvaient au-dessous de lui n’auguraient pourtant rien de bon. Il baissa le regard vers la créature qui lui avait lancé la pierre d’après le constat qu’il avait établi. Surpris, il lui dit :

« Un Gnomold ? Qu’est-ce que tu fais ici toi ? Oh merde… »

En y réfléchissant, c’était tout à fait normal de rencontrer un tel monstre dans la forêt. C’était un lieu qu’il valait mieux éviter de fréquenter. Dedans se trouvait des créatures assez faibles mais pourtant mortelles pour des personnes non équipées … Un peu comme lui à l’heure actuelle. Le monstre portait une sorte de bonnet de nuit rouge, mesurait un mètre de hauteur et avait une bosse dans le dos. Vêtu d’un pagne rudimentaire, il avait un gourdin de plus de cinquante centimètres dans sa main droite et surtout sa tête était hideuse. Une créature facile et simple à battre même pour un débutant en combat mais ce n’était pas son cas! Et dire qu’il n’allait pas tenir plus longtemps vu le peu de force dans ses mains.

« Héhéhé ! Mon repas vient de tomber de son nid ! C’est l’heure de se mettre à table ! »

« T’approches pas de moi sale bête ! Cache toi le visage avec ton bonnet, tu me donnes envie de vomir en te regardant ! »

Sans même lui laisser le temps de répliquer, il se mit à courir à toute allure pour échapper au Gnomold. C’était chose aisée quand on voyait les petites pattes de la créature mais à part ça… Où aller ? Il ne connaissait pas cette forêt mais à l’écoute des cris du Gnomold, il ne se privait pas pour prendre le maximum de distance. C’était aussi simple que ça : S’il s’arrêtait, il était un homme mort. Retournant la tête pour voir où en était la créature par rapport à lui, il ne vit pas la racine saillante par rapport au sol. Il trébucha, se cognant la tête contre une pierre. Il venait de sombrer dans l’inconscience alors qu’un filet de sang s’écoulait de son front. Le Gnomold s’approcha de lui, un sourire carnassier aux lèvres, sa voix triomphante :

« Héhéhé ! Te voilà enfin devant moi, petite proie ! Tu me facilites la tâche en plus ! »

« Il ne s’est pas battu une seule fois ? C’est… bizarre. » murmura une voix autour du gnomold, celui-ci s’exclamant avec appréhension :

« Qui… Qui est là ?! MONTRE-TOI ! QUE JE T’ECRASE ! »

Le Gnomold tourna sur lui-même, certain d’avoir entendu une voix mais rien… Rien du tout. Une flèche vint se planter dans l’arbre qui était responsable de la perte de conscience de Tery. La créature regarda d’où provenait la flèche : Il y avait un ennemi, elle en était sûre ! Récupérant une pierre au sol, il envoya celle-ci dans les airs avant de pousser un cri strident. La voix murmura d’une voix calme et lente :

« Ca ne servira à rien d’appeler tes congénères maintenant. Tout a été décidé dès l’instant où tu as voulu t’en prendre à cet humain. Eloignes toi de lui. »

« JAMAIS ! Je n’ai pas à recevoir d’ordres de la part d’un hum… »

Une flèche alla se loger directement dans le crâne du Gnomold, le tuant sur le coup. Son corps s’enflamma subitement puis plus rien. Le corps calciné de la créature tomba au sol. Quelques secondes s’écoulèrent et finalement, une ombre atterrit devant Tery. Elle portait une longue cape brune et une capuche de même couleur. Son corps était entièrement recouvert par ces vêtements, ne laissant rien entrevoir de sa personne. Elle s’approche de Tery, le regardant avant de se parler à elle-même :

« Il n’a pas d’armes ? C’est insensé de se rendre dans un endroit comme celui-ci sans avoir de quoi se protéger. Il ne sait peut-être pas se battre alors… pourquoi est-il ici ? Bon, je ne vais pas l’abandonner puisque je viens de le sauver ! Aller, accroche toi ! »

Elle rigola légèrement avant de soulever le corps du jeune homme avec facilité. Il était aussi léger qu’un fétu de paille. Elle devait trouver un petit coin tranquille et le cadavre du Gnomold s’éloignait peu à peu dans l’horizon. Ah… Ce que la vie pouvait être belle et si paisible ! Elle sifflota un petit air connu d’elle-même tout en marchant.

Une vingtaine de minutes plus tard, Tery était couché dans l’herbe, un petit feu étant allumé. De l’autre côté des flammes, la personne encapuchonnée semblait préparer à manger, ayant sorti du pain, quelque fruits et de quoi boire. Les yeux du jeune homme s’ouvrirent, celui-ci ne se relevant pas tout en demandant :

« Snif… Snif… Ca sent bon ! C’est l’heure du repas ? »

« Tiens… Déjà réveillé ? Ne bouge pas trop s’il te plaît. Ta blessure n’était peut-être pas aussi profonde que je le pensais mais tu restes atteint. »

« Hein ? Qui… Qui êtes vous ? Vous êtes du village de Leskar ? » bafouilla le jeune homme en se redressant finalement, inquiet par l’étrange personne en face de lui. Il poussa un petit gémissement de douleur sous le mouvement, se rappelant par là ce qui s’était passé.

« Je connais ce village mais non, je ne viens pas de ce dernier. Mange donc un peu avant de te reposer pendant quelques heures. De toute façon, les Gnomolds ne nous feront rien, ils ne peuvent pas traverser ce bouclier. »

« Pfff… Je n’avais pas besoin d’aide de toute façon. Je veux vivre seul. »

« Alors tu n’as pas faim ? Tant mieux, cela en fera plus pour moi ! »

Même si il n’avait plus cette blessure au front, il restait quand même encore convalescent. Son ventre se mit à gronder de faim et il baissa ses yeux verts, honteux de se montrer comme ça. Sans un mot, l’ombre encapuchonnée de brun fut debout devant lui, déposant un morceau de pain et un verre d’eau. Il prit le morceau de pain, croquant à l’intérieur avant de pousser un léger cri :

« Mais… comment ?! C’est si … bon … »

« Tu ne savais pas qu’il était possible de garder le pain tendre comme ça ? Pourtant, avec des sorts très basiques, c’est très simple. Pareil pour l’eau. Oh, la majorité crée une eau non-consommable mais dans mon cas, c’est possible. J’espère que tu peux la boire. »

« Je m’en fiche des sorts, j’en ai rien à faire mais … merci, c’est quand même très bon. » marmonna le jeune homme. « Sinon, tu peux prendre ce qui est dans ma bourse. Ce n’est pas grand-chose mais bon … »

Il amorça un geste vers l’une de ses poches pour extirper la petite bourse de cuir mais l’ombre lui signala que ça ne servait à rien. Elle ne l’avait pas sauvé pour obtenir une récompense. Il n’arrivait pas à voir correctement son interlocuteur mais il eut un léger soupir d’apaisement. Au moins, il était en sécurité avec cette personne. Elle ne semblait pas hostile à première vue et elle avait tué le Gnomold. D’ailleurs, la personne encapuchonnée reprit :

« Couche-toi maintenant. Mon petit sort de guérison t’a soigné mais n’a pas retiré la fatigue dans ton corps. Tu es normalement fatigué, j’en suis sûr. Tu me raconteras ton histoire demain, d’accord ? Quand tu seras en meilleure forme. »

« Ce n’est pas de refus. Bonne nuit. » conclut le jeune homme aux cheveux bruns, peu soucieux du reste du monde autour de lui.

« Et bien ? Tu ne t’inquiètes même pas un petit peu ? » demanda son sauveur.

« Et où est-ce que je dois m’inquiéter ? »

Il s’était redressé, cherchant à savoir où voulait en venir son interlocuteur. Celui-ci rangea correctement le reste de la nourriture avant de reprendre :

« Et bien, nous ne nous connaissons pas, n’est-ce pas ? »

« Je m’appelle Tery et comme vous vous en doutez, je viens du village de Leskar. »

« Je vois, je vois … Mais tu me dis cela alors que je suis peut-être un tueur ? » reprit la personne encapuchonnée, le jeune homme haussant simplement les épaules.

« Je ne suis pas plus inquiet que ça. Personnellement, j’aurai dû mourir face au Gnomold il y a quelques heures. Enfin … Si, j’ai un peu peur de mourir pendant que je dors … Mais je pense que je m’y habituerai. Donc … Merci beaucoup pour le sauvetage, la nourriture et la boisson, sans vous, je serai mort à l’heure où je vous parle. Bonne nuit ! »

Il se coucha finalement dans l’herbe et malgré la dureté du sol comparée à celle de son matelas, il s’endormit rapidement, en moins de cinq minutes. Il ne vit pas le sourire de l’être sous sa cape brune, celui-ci semblant l’étudier longuement du regard. Ah … C’était donc lui … qu’il devait chercher ? Du moins, qu’il devait trouver ? Enfin … Maintenant, c’était fait. C’était donc … ce dénommé Tery, néophyte dans l’art du combat et de la magie, qu’il allait devoir prendre sous son aile ?

« C’est plutôt … intéressant quand on y réfléchit bien. » murmura d’une voix calme l’être avant de se rapprocher de Tery. Sa cape brune se souleva légèrement, laissant paraître une dague tout ce qu’il y avait de plus basique. Il souleva la dague avant de la déposer à une vingtaine de centimètres du jeune homme.
Façonner cette personne comme il le désirait … Etait-ce simplement possible ? Il se posait cette question en étudiant le jeune homme si rapidement endormi. Il avait tout à apprendre ! Depuis le début, les bases même ! Ça n’allait pas être … facile. Pourtant, c’était un jeune homme, n’est-ce pas ? Comment était-ce possible alors de ne rien savoir ? Les explications n’allaient pas tarder à se faire entendre mais pour l’heure …

« Tu m’as fait une impression assez … spéciale, il faut le reconnaître. » dit l’ombre avec un peu d’amusement dans sa voix.

Mais c’était ce genre d’impression qui lui permettait de donner un premier avis positif sur les personnes qui l’entouraient ! Le fixant de ses yeux bleus, l’être camouflé dans une cape brune recula son visage avant de se redresser. Bon … Ce n’était pas tout ça mais pour la nuit, il valait mieux s’éloigner !

« Dors bien, n’est-ce pas ? Tu auras besoin de toutes tes forces dès demain ! »

Avec lenteur puis en commençant à courir peu à peu, l’ombre s’éloigna du jeune homme, le laissant seul en pleine nuit. Oh … Avec le feu à côté de lui, il ne devrait pas avoir trop froid, n’est-ce pas ? Mais ce n’était pas le plus important. Si il avait peur de se faire attaquer durant la nuit, il ne serait pas si loin que ça de lui.
Logé contre un arbre, la personne encapuchonnée sortit son arc, le gardant auprès de lui avant que ses deux yeux bleus ne se ferment. Pour l’heure, il était temps de se reposer lui aussi. Ensuite, dès demain, ils iraient se mettre en route car ils avaient beaucoup de moments à passer dorénavant, tous les deux ! Oh que oui !