Chapitre 7 : Un début de remboursement

ShiroiRyu
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Chapitre 7 : Un début de remboursement

Une semaine s’était écoulée : Une semaine où il s’était donné à son maximum. Maintenant qu’il pouvait utiliser la magie, chaque heure où il était réveillé était un prétexte pour s’entraîner. Les cinq livres dans le sac, il ne s’intéressait plus vraiment à ce qui l’entourait et malgré l’effervescence qui animait la ville, il ne semblait pas se soucier des personnes autour de lui. D’ailleurs, ils étaient arrivés à Midès mais ils n’avaient guère profité de la capitale à l’heure actuelle. Il semblait même ne pas s’y intéresser. Non, le plus important était les moments qu’il avait passés avec l’Ombre cette semaine.


L’ombre encapuchonnée restait assise pendant des heures en l’observant. Il s’exerçait avec minutie et les deux premières journées s’étaient soldées par des échecs monumentaux. Il n’avait pas réussi une seule fois à se concentrer suffisamment pour faire apparaître une pierre dans sa main. Mais au milieu du troisième jour, un ridicule caillou s’était finalement présenté à l’intérieur de sa main. Un caillou du diamètre de son petit doigt mais quel caillou ! Il s’était retourné vers l’ombre avec un magnifique sourire dessiné sur ses lèvres. Il arriva à sa hauteur, montrant la pierre comme un trésor qu’un enfant aurait découvert :


« Regardez l’Ombre ! Regardez ! J’ai réussi ! J’ai enfin réussi ! Vous avez vu ? Et je n’ai même pas eu besoin de vous dans le fond ! C’est une bonne nouvelle hein ? »
L’ombre se redressa, ses deux yeux saphir étrangement posés sur lui. Même si il était un adulte, apprendre le sort le plus simple de l’élément de la terre en seulement trois jours était remarquable. Les yeux bleus à travers le masque ne cessèrent de fixer Tery tandis que le jeune homme arrêta de sourire. Avait-il commis une faute pour que l’Ombre ne dise rien du tout ? Depuis deux jours, elle ne s’exprimait que très rarement et il se demandait si elle n’était pas en colère envers lui. Enfin, elle prit la parole :
« Mes félicitations Tery. Ce n’est qu’une petite pierre mais tu as été capable d’en créer une. »
Le ton était impérial et éloigné, bien différent de celui qu’il lui connaissait. Il baissa la tête, légèrement confus avant de refermer le livre. Il jeta la petite pierre dans l’herbe avant de soupirer. C’était gênant … de parler de la sorte. Il répondit :
« Ce n’est pas grand-chose. Je me souviens que mes camarades faisaient pareils alors qu’ils n’avaient que huit ans. Ce ne sont que les bases élémentaires. Sinon…Ça ne va pas ? »
Il ferma rapidement la bouche : Depuis quand s’intéressait-il aux états d’âme de l’ombre ? Ils ne se connaissaient pas plus que ça et ce n’était pas son souci. Enfin… Il n’était pas habitué à voir l’ombre aussi froide. Celle-ci haussa un sourcil derrière son masque blanc : s’inquiétait-il de son sort ? Etait-il au courant de quelque chose ? Pourtant, elle ne se rappelait pas avoir parlé de ça. Ou alors, était-il vraiment inquiet à son sujet ? Elle murmura :


« Si, si. Ne t’inquiète pas pour ça. Je reste juste étonné de voir tes progrès dans l’élément de la terre. Je pense que si tu t’entraînes autant pour les quatre autres éléments, tu seras capable de créer les petites choses de base. Mais bon, pas tout de suite.
« Vous voulez bien m’apprendre ? Je vous en prie. Enfin … Je n’aime pas prier. »
Elle resta stupéfaite par la demande de Tery. Le jeune homme était visiblement très gêné par sa demande et il lui sembla même remarquer un léger rouge sur ses joues. Pourquoi lui demandait-il ceci ? Etait-ce parce qu’elle ne semblait plus s’intéresser à lui ? Ce n’était pas réellement de sa faute : Les ordres de l’Oracle étaient formels mais elle ne pensait pas voir ça de la part de celui qui devait être son compagnon.
Pourquoi avait-il ouvert la bouche ? Il regrettait déjà ses propos un peu trop rapides à son goût. Il n’osait pas se l’avouer mais il avait un peu honte : Pour lui, il savait que l’Ombre était au courant de son but. Ses nombreux arrêts dans la ville pour observer les soldats de l’armée de Midès, les nombreuses affiches de propagande, il était difficile de ne pas voir son intérêt à ce sujet. L’Ombre l’avait sûrement remarqué et s’était éloigné de lui : C’était de sa faute et il voulait se faire pardonner. C’était bien là l’unique moyen qu’il avait trouvé. Finalement, elle accepta en hochant simplement la tête
Trois jours s’écoulèrent à nouveau et il était maintenant capable de créer une petite flammèche au bout de l’un de ses doigts. Aujourd’hui, c’était mercredi et il voulait passer un peu de temps sur l’élément de l’eau. Si il était capable de réussir à remplir ne serait-ce qu’une petite coupole d’eau, il serait déjà content.
« L’Ombre ? L’Ombre ? Êtes-vous là ? »
Des bruits de pas lents sur le plancher. Quelques secondes s’écoulèrent et la voix de l’ombre encapuchonnée se fit entendre, plus faible qu’à son habitude.
« Il… y a un problème Tery ? Je suis bien là … Oui. »
« Vous n’êtes pas encore prête pour aujourd’hui ? J’aimerais bien commencer à apprendre le sort de base élémentaire de l’eau si cela ne vous dérange pas. »
« Tu… pourrais étudier seul aujourd’hui ? Je ne me sens pas très bien, désolé. »
Elle ne se sentait pas très bien ? Il resta interdit pendant plusieurs secondes avant de passer une main dans ses cheveux bruns. Cette personne qui était si vive et excitée pendant plus d’un mois et demi était capable d’être malade ? Il n’y croyait pas un instant mais ne préféra ne pas poser d’autres questions.
« Je serais à l’endroit habituel si vous me cherchez et si vous vous sentez mieux. »
« D’accord Tery. Bon entraînement. » murmura la voix de l’autre côté de la porte.
Il hocha la tête avant de s’éloigner de la chambre. L’Ombre encapuchonnée posa son dos sur cette dernière en murmurant :
« Ca ne peut plus durer. Il me faudra bien un jour m’y résigner avant qu’il ne devienne trop dangereux mais pourquoi dois-je le faire ? Oracle … »

Il avait descendu les escaliers, retournant au rez-de-chaussée avant de se faire héler par l’aubergiste. Celui-ci connaissait son nom puisque cela faisait maintenant pas mal de temps qu’ils étaient ici. Il lui demanda de le suivre pour lui parler en privé d’un petit souci. Assis sur une chaise, il l’écouta parler du fait que selon la personne masquée, ils n’allaient plus pouvoir payer leurs chambres très bientôt. Ainsi, il lui laissait jusqu’à la fin de la semaine prochaine pour trouver une solution. Il n’était pas un mauvais bougre et il appréciait le jeune homme et celui qui l’accompagnait mais bon … Il avait un commerce à faire vivre.
Il se releva de sa chaise avant de s’apprêter à se retirer de la pièce, le regard assombri par cette nouvelle. Ainsi, le problème provenait d’un manque d’argent ? L’argent … Tout dans ce monde était régi par l’argent et il le savait bien. Le temps de l’insouciance et de l’apprentissage était révolu. Il s’arrêta devant le pas de la porte :
« D’ici ce soir ou demain, vous aurez l’argent pour tout un mois. »
« Comment ça ? Tu connais le prix de deux chambres dans cette auberge au moins ? Revois un peu ton jugement et dis-toi que tu ne pourras que payer pour une semaine et encore, je vois difficilement comment tu pourras faire. »
« Ne vous souciez pas de ça ! J’ai dit que je trouverais le moyen. » termina le jeune homme.
Il quitta la cuisine sans attendre que l’aubergiste lui réponde. Quelques secondes plus tard, il remonta dans sa chambre, déposant les nombreux livres avant de se positionner devant le miroir. Il se regarda longuement pour s’étudier sous toutes les coutures : Oui, ça pouvait aller. Il était quand même présentable.
Prenant ses deux griffes pour les mettre dans le sac à côté de ses cinq livres qu’il avait récupéré, il claqua la porte de sa chambre avant de quitter l’auberge en courant dans la capitale. L’Ombre encapuchonnée observa le jeune homme par la fenêtre. Qu’allait-il faire ?
« Pardonnez-moi, vous êtes bien de l’armée de Midès ? » demanda-t-il.

Il avait trouvé l’idée parfaite. Les deux hommes étudièrent le jeune homme avec minutie : C’était bizarre que quelqu’un vienne leur adresser la parole. A part quelques enfants et encore, ils n’étaient pas habitués à ce qu’on les arrête pendant une mission de patrouille.
« Oui, c’est bien cela. Que pouvons-nous pour toi ? » dit l’un d’entre eux.
« J’aimerais rejoindre l’armée de Midès mais je ne sais pas où se trouve le bureau de recrutement. » annonça le jeune homme avec neutralité, espérant obtenir une réponse.
« Heu…Tu es sûr de ton choix ? » questionna l’un des soldats, plutôt surpris.
L’un des hommes semblait soucieux de la demande de Tery tandis que les regards de quelques personnes se dirigeaient vers eux. Le second homme fit un petit geste de la main pour signaler que cela n’était pas important tandis que Tery haussa un sourcil. Il était tout ce qu’il y avait de plus sérieux quand il s’agissait d’une telle chose. Une nouvelle recrue plausible ? Oui … Mais non … Il valait mieux stopper cette foire tout de suite.
« Bon…Nous ne sommes pas des recruteurs mais je vais te donner l’endroit où tu devras te tendre. Tu as de quoi écrire ? »
Il hocha la tête d’un air négatif tandis que le soldat soupira avant de sortir de sa moche un bloc-notes. De nombreux chiffres étaient écrits sur la première page. Il déchira une page vierge avant de se mettre à réfléchir. Il se mit à écrire pendant plusieurs secondes avec quelques arrêts pour se plonger dans sa réflexion avant de tendre le morceau de papier au jeune homme. Il reprit la parole :
« Voilà pour toi. Rends-toi là-bas et tu pourras postuler chez nous. J’espère que tu as bien lu les conditions et que tu as réfléchis aux conséquences de tes actes avant ça. »
« Aucun problème ! Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait. »
Il s’inclina devant les deux soldats avant de se mettre à courir à nouveau à travers la ville. Il se rapprochait de plus en plus de son but. Il n’avait pas encore le D tatoué sur son corps mais il savait manier une arme et il pouvait utiliser tous les éléments. Enfin, tous les utiliser, ce n’était pas totalement vrai. Il n’en était qu’aux bases et avec cette nouvelle qu’il venait d’apprendre, il ne savait pas si il était capable de manier l’eau, le vent et l’électricité.
Le second soldat s’adressa à celui qui avait pris la parole, demandant quelle adresse il avait donné à Tery. A l’écoute de celle-ci, il fit un petit commentaire négatif et désapprobateur. Il déplora l’acte que le premier soldat venait de commettre avant de se remettre en route pour accomplir sa patrouille. Après une dizaine de minutes où il s’arrêtait continuellement pour lire le chemin à suivre, il finit enfin par atterrir devant un bâtiment à l’aspect assez vétuste. Sur son toit se trouvait un emblème représentant un magnifique dragon doré entouré d’une aura couleur blanc-gris. Malgré l’état déplorable du bâtiment, Tery semblait émerveillé par ce qu’il voyait et pénétra à l’intérieur de ce dernier.
Visiblement, il était le seul…Un homme était assis sur une chaise, semblant s’intéresser à un bout de papier tandis qu’il n’avait pas remarqué Tery. Il y avait aussi peu de monde dans cet endroit ? Les murs bruns s’écaillaient et quelques petites fissures étaient visibles sans pour autant signaler que le bâtiment allait s’écrouler. Tery s’installa sur l’une des nombreuses chaises, posant son sac à côté de lui avant d’observer l’homme qui se trouvait sur la chaise. Des cheveux blonds en bataille, la trentaine avancée, une barbe mal-rasée, il ne semblait pas avoir remarqué la présence de Tery tandis qu’une porte se trouvait derrière lui. Après cinq à dix minutes, Tery toussa légèrement, les yeux bruns de l’homme se relevant enfin de la feuille pour le regarder. D’un air étonné, il lui demanda :
« Que venez-vous faire ici ? »
« Je viens me présenter pour me faire recruter dans l’armée royale de Midès. »

Il avait très mal entendu, n’est-ce pas ? Il demanda si il voulait vraiment une telle chose, Tery confirmant ses propres paroles. L’homme murmura quelques paroles qu’il ne pouvait pas entendre avant de se redresser, quittant sa chaise pour toquer plusieurs fois à la porte. Une voix forte se fit entendre derrière celle-ci, lui demandant d’entrer. Plusieurs minutes passèrent où des nombreux cris résonnaient dans l’immeuble. Violente … La personne à qui s’adressait l’homme aux cheveux blonds devait l’être toute particulièrement.

« Mais tu sers vraiment à rien ! Je suis sûr que c’est qu’un pauvre type qui s’est perdu ! Montres lui la sortie avant que je vienne te botter l’arrière-train ! » s’écria une voix, l’autre étant trop faible pour qu’on puisse l’entendre. Elle reprit en réponse : « JE SAIS BIEN ! Fais le rentrer avant que je m’énerve ! »
S’énerver ? Ce n’était pas déjà le cas ? Tery ferma les yeux un instant, se demandant qui pouvait parler avec tant de véhémence dans ces propos et surtout avec une voix aussi forte et brutale. L’homme aux cheveux blonds sortit de la pièce avant de lui demander de pénétrer à l’intérieur en murmurant :
« Bonne chance. Je crois que tu vas en avoir bien besoin. »
De la chance ? Et pourquoi cela ? Lentement, il marcha vers la salle derrière l’homme aux cheveux blonds. Quelques instants après, il se retrouvait devant un homme de petite taille au crâne dégarni. Les joues bouffies, une moustache noire allant jusqu’à ses pattes de même couleur, il regardait d’un air mauvais le jeune homme. Sa voix grinça au moment où il s’adressait à lui, signe de son quasi-dégoût envers Tery :
« Vous êtes qui ? Vous êtes maigrichon et vous voulez rentrer dans l’armée royale de Midès ? C’est une blague n’est-ce pas ? Je n’ai pas de temps à perdre. »
« Je ne rigole pas. Je veux vraiment devenir un soldat de Midès et du royaume de Shunter. »
« Non. Tu ne veux pas rentrer dans l’armée. »
Non ? Il ne voulait pas rentrer dans l’armée ? C’était quoi le problème ? S’était-il mal exprimé ? L’homme l’observait de ses yeux onyx, des yeux perçants et fixés sur lui. Il se sentait mal à l’aise mais se rappela la seconde raison de sa présence en ce lieu : Trouver de quoi rembourser l’Ombre.
« J’ai dit que je voulais devenir un soldat de l’armée de Midès. Je pensais avoir été explicite. »
Comment ce gamin osait s’adresser à lui de cette manière ? Il n’avait pas froid aux yeux mais cela ne suffisait pas ! La majeure partie des hommes qui se présentaient à lui s’éloignait après sa petite phrase, l’autre partie quant à elle… Il se leva de sa chaise, montrant toute sa stature du haut de ses un mètre cinquante tout en s’approchant de Tery :
« Et de quel droit penses-tu pouvoir rentrer chez nous ? Regarde donc ton corps. Tu es maigrichon et il suffirait d’un ennemi utilisant l’élément du vent pour que tu t’envoles ! De plus, tu ne voudrais pas me faire croire qu’un gamin comme toi est de rang D n’est-ce pas ? Sais-tu ce que tu risques en mentant de la sorte ? »

« Je le sais bien et je n’ai pas peur des risques à encourir ! Je veux devenir l’un de vos soldats. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? » s’écria-t-il presque aussi fort que le petit homme en tapant du poing sur le bureau. Il tremblait de tout son corps, espérant n’en avoir pas trop fait. Il était bien plus faible que le recruteur et il le savait ! Il devait simplement s’armer de courage et lui tenir tête. L’homme s’immobilisa pendant plusieurs secondes avant de le frapper au ventre avec violence. Le corps de Tery fut pris de soubresauts avant qu’il ne se mette à vomir sur le sol, recrachant quelques morceaux de son petit-déjeuner tandis que l’homme reprit la parole :
« Ne fais pas la forte tête avec moi d’accord ? Si tu veux vraiment rentrer chez nous, il faudra faire bien mieux que ça ! Pour qui te prends-tu gringalet ? Des imbéciles dans ton genre, il y en a dans toutes les armées ! Tu sais à quoi ils servent ? Simplement à chair à canon et en tant que boucliers humains ! Ils sont trop stupides pour penser à autre chose qu’à leur ridicule existence et à celle de leurs familles ! Ils rêvent de gloire et de fortune et pensent devenir quelqu’un de célèbre dans le royaume de Shunter ou dans ce monde ! Alors dis-moi… »
Il sentait sa tête se faire tirer par les cheveux tandis que l’homme montrait son visage au niveau du sien. Quelques rides étaient présentes sur le visage de l’homme mais il n’avait pas l’alcool mauvais d’après l’odeur qui émanait de lui. Il avait naturellement ce comportement :
« C’est pour qui que tu veux faire ça ? Pour toi ? Pour ta famille ? Pour le royaume ? Réponds-moi avant que je m’énerve ! Foutu gamin. »
Pour qui voulait-il se battre ? Pour qui voulait-il brandir son arme ? En rentrant ici, il avait deux réponses à ces questions : Le royaume de Shunter et l’ombre encapuchonnée. Mais maintenant, il n’était plus aussi sûr de vouloir devenir un soldat mais sa fierté allait en prendre un coup et il ne voulait pas paraître risible par rapport à cette brute.
« Vous n’avez pas à savoir ! Je me bats pour des choses que vous ne connaîtrez jamais ! »
Bonne réponse mais ça n’allait pas suffire ! Il envoya la tête de Tery dans le sol, la faisant baigner dans le liquide jaunâtre qu’il avait recraché il y a quelques minutes. Le second homme aux cheveux blonds pénétra à l’intérieur de la pièce avant de soupirer, relevant le jeune homme encore secoué par ce qu’il venait de subir. Il dit avec véhémence :
« Vous pourriez éviter d’aller jusque-là ! Il venait simplement pour s’inscrire ! »
« On n’a pas besoin de types pathétiques de son genre dans l’armée ! S’il veut vraiment rentrer chez nous, qu’il me ramène la tête du scorpion qui habite dans la grotte désertique à quelques lieux d’ici ! Sinon, il n’a même plus besoin de se présenter devant moi ! T’as entendu blanc-bec ? Alors maintenant, retournes vivre comme les autres gamins de ton âge et ne vient plus m’importuner ! Maintenant, dégagez tous les deux avant que je m’énerve ! »

L’homme aux cheveux blonds emmena Tery hors de la pièce. Celui-ci se retrouva assis sur l’une des chaises de la première salle, serrant les dents. Cet homme… Il se croyait fort ? Il se pensait au-dessus de lui ? Il allait lui faire cracher ces tripes la prochaine fois ! Pas maintenant bien entendu, mais un jour… De l’eau fut projeté sur son visage, lui permettant d’ouvrir les yeux et de faire disparaître la désagréable odeur qu’il avait maintenant.
« Désolé jeune homme mais il est toujours comme ça. Je ne sais pas qui t’a donné notre adresse mais il s’est bien moqué de toi. Il y a plusieurs autres bureaux de recrutement dans la capitale, tu devrais poser ta candidature là-bas. »
« Où… Où se trouve la grotte désertique dont il parlait ? » murmura Tery avec lenteur.
« Abandonne cette idée, tu n’as aucune chance. Tu pourras te faire recruter autre part. Ne perds pas la vie à cause de ça. Tu ferais même mieux d’éviter le recrutement. »

Le jeune homme se redressa faiblement avant de s’éloigner en empoignant son sac. Sans un mot, il quitta le bureau de recrutement, le regard baissé sur le sol. Saleté ! Il détestait rarement une personne mais là, il avait la haine. Cet homme, il se croyait plus important que lui ? C’était sûrement le cas mais quand même… Une comparaison avec l’Ombre encapuchonnée et il regrettait déjà cette dernière. Il ne pouvait pas revenir en arrière, voilà tout ! Les habitants le regardèrent d’un air dégoûté, chose tout à fait normale quand on savait dans quoi il avait baigné sa tête. Son regard se posa sur une affiche qu’il lut :
« Guilde des magiciens de l’ordre de Barkan recherche pattes de Gnomold pour formation d’ingrédients. Chaque patte de Gnomold sera achetée pour le prix de dix pièces d’argent. Si vous êtes intéressé, veuillez-vous rendre au quartier des mages dans la section Est de Midès. »
Tuer des Gnomolds ? Et sachant que chaque Gnomold avait deux pattes, cela faisait vingt pièces d’argent par tête. Il suffisait d’en tuer quelques-uns. Faire plaisir à l’Ombre encapuchonnée et la voir sourire derrière son masque blanc, ce n’était pas un si mauvais but. Quant à la grotte désertique, elle pouvait bien attendre quelques semaines. Il se dirigea vers la sortie Sud de la ville capitale de Midès, les quatre gardes habituels l’interpellant pour savoir où était l’Ombre. Il signala qu’elle ne se sentait pas très bien et qu’il allait se balader un peu tout seul au cas où. Il devait partir chasser des Gnomolds. L’un des gardes lui demande faire extrêmement attention au cas où.

Heureusement qu’il y avait quelques soldats de ce genre dans l’armée royale de Midès. Il s’inclina respectueusement pour remercier le soldat et ses trois comparses. Il se retira en les saluant pour marcher pendant deux kilomètres avant d’arriver à l’orée de la forêt. Il déposa son sac sur le sol, l’ouvrant pour y extirper les deux griffes.
« Il est l’heure de remercier l’Ombre. » se murmura-t-il à lui-même.

Les deux griffes à la place de ses mains, il pénétra à l’intérieur de la forêt, prêt à débusquer des Gnomolds. Dans l’auberge, deux heures après le départ de Tery, le poignet d’une porte se tourna légèrement avant que celle-ci ne s’ouvre pour laisser paraître l’ombre encapuchonnée. Elle toqua deux fois à la porte de la chambre de Tery, aucune réponse. Il était parti s’entraîner comme elle le pensait. Elle descendit les escaliers pour arriver au rez-de-chaussée, l’aubergiste l’arrêtant avant même qu’elle ne quitte l’auberge.
« Hey ! Ton camarade n’est pas revenu pour déjeuner, tu pourrais aller le chercher ? »
« Je comptais le rejoindre. » dit la personne masquée avec lenteur.
« Ah…Et au sujet de ce que tu sais… Je l’ai quand même prévenu : Tu ne devrais pas lui cacher ce genre de choses. Vous êtes des amis non ? »

Comment ? Monsieur Rank avait prévenu Tery au sujet de son problème d’argent ? C’est vrai qu’il ne restait plus que deux à trois pièces d’or mais elle pensait faire quelques missions de mercenariat pour se renflouer mais avec les derniers évènements et la nouvelle qu’elle avait apprise.. .Sans lui répondre, elle se retira de l’auberge avant de se mettre à courir à toute allure dans la ville. Quelques minutes plus tard, elle se retrouva en-dehors de Midès, allant vers la plaine où ils s’entraînaient tous les deux habituellement. Une mauvaise surprise l’attendait : Aucune présence de Tery.

Imbécile ! Quel imbécile il était ! Comment est-ce qu’il avait pu laisser faire ça ? Où était-il passé ? Elle devait amorcer les recherches et le retrouver. Ses gestes du moment étaient en contradiction avec les paroles de l’Oracle mais elle ne pouvait pas se résigner à l’abandonner comme ça ! Ce n’était pas possible de le laisser se débrouiller tout seul ! Il n’était encore qu’un débutant en ce qui concernait le combat et la magie ! Retourner en ville : Voilà ce qu’elle devait faire ! Retourner en ville et questionner les gens !

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