Chapitre 103 : Distante

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 103 : Distante

« Purée, je préviens une nouvelle fois, je ne rentre pas dans cette foutue ville ! »

« Je le sais, je le sais. Tu n’arrêtes pas de le répéter, Katérina. Si tu veux te rendre intéressante, tu n’as pas besoin de faire ça, tu le sais hein ? »


Il avait dit cela sur un ton las, poussant un soupir après quelques secondes, les deux femmes se tournant vers lui. Katérina l’observait avec colère tandis que Loa semblait suspicieuse et un peu inquiète. Depuis son retour, le jeune homme ne semblait guère réellement heureux, c’était même plutôt le contraire. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire ?

« Ne me parle pas comme ça, c’est compris ? Si t’as la rage et la haine, tu vas passer tes nerfs sur une autre personne ! » répondit Katérina sur le même ton colérique que d’habitude.

« Des fois … Je me dis que Swar a raison. Je dois être trop indulgent. »

HEIN ? Elle s’immobilisa, le fixant longuement. Ca voulait dire quoi ça ? Indulgent ? Envers qui ? Envers elle ? Il se foutait de sa gueule ! ELLE ALLAIT L’ECRASER ET ENSUITE …

« Nous sommes arrivés. » coupa la voix de Loa alors que Katérina allait prendre la parole, prête à faire souffrir le jeune homme atrocement.
Les trois personnes étaient à portée du village. Tous pouvaient voir que celui-ci n’avait rien de glorieux ou de bien fameux. Il devait avoir une centaine de personnes au maximum. La milice provenait surement de la Sainte Alliance pour les protéger.

« Je reste dehors, Loa. Je vais tenir compagnie à Katérina. »

« Ta compagnie, j’en ai rien à battre. »

Il haussa les épaules une nouvelle fois, s’éloignant de Katérina sans pour autant pénétrer dans le village. Loa observa d’abord la jeune femme puis le jeune homme avant de soupirer à son tour. Qu’ils se débrouillent tous les deux, elle avait quelques achats à faire. Katérina vint s’adosser à un arbre en face de Kéran, croisant les bras tout en fronçant les sourcils.
Lui ? Il était de marbre, parfaitement de marbre, dans la même position qu’elle, les bras croisés mais sans l’air contrarié sur le visage. Il semblait même indifférent à comment Katérina le regardait. Chose qui troublait d’ailleurs à moitié la jeune femme. En elle, une petite voix masculine vint lui murmurer :

« Et alors ? Tu l’as bien cherché non ? Si tu ne voulais pas qu’il te fasse la gueule, il valait mieux éviter de le traiter comme un Caninos, hahaha. »

« La ferme, Dumasch. Je n’ai rien à voir avec son comportement ! Je n’en ai strictement rien à battre ! Et ça ne m’intéresse pas le moins du monde ! Arrête de me faire chier ! »

« Pourtant, ton petit ustensile se durcit quand il est là non ? Tu as peur de sa réaction … Mais tu as peur aussi qu’il te touche, tu as peur qu’il se rapproche toi, tu es effrayée. Tu n’es qu’une pauvre petite fille fragile et délicate, comme la rose dans tes cheveux. »

« TA GUEULE ! » hurla Katérina, commençant à s’étrangler à moitié.

« Ca n’a pas l’air d’aller bien de son côté. » murmura le jeune homme, regardant Katérina au loin qui tentait réellement de s’étrangler.

« Cette fille est folle et possédée. Pourquoi pensais-tu que je t’avais mis en garde, Kéran ? »

« Tu me reparles ? Je pensais que nous étions partis pour plusieurs semaines sans que l’un n’adresse la parole à l’autre. Je me préparais déjà à cela, tu sais ? »

« … … … Si tu préfères, nous pouvons éviter de nous adresser la parole. Si tu le désires autant, c’est que tu es motivé à cela, n’est-ce pas, Kéran ? »

« Pas vraiment … Je n’aime pas ne pas pouvoir te parler, Swar. Surtout après tout ce que tu as fait pour moi. Dis … Est-ce que tu crois que si Katérina acceptait Dumasch en elle et surtout qu’ils avaient une relation plus amicale, ça passerait mieux entre eux deux ? »

« Je ne sais pas et je ne me suis jamais posé la question si tu veux tout savoir. »

« Ah … Oui … Sûrement, je n’aurai pas dû te dire cela, pardon. C’est juste que … Quand je te vois avec moi, je ne sais pas, je ne peux pas m’empêcher de penser que j’ai de la chance de te connaître. En plus, avoir une pokémon qui ressemble à une femme, c’est quand même surprenant et étonnant. Je ne sais pas … Enfin bon, j’ai de la chance, c’est tout ce que j’ai à dire en ce qui te concerne. Mais ne prend pas tout pour argent comptant non plus ! »

« Je le sais parfaitement en ce qui te concerne, Kéran. Tu sais, Kéran … En ce qui concerne ce que je suis réellement, peut-être qu’il vaudrait mieux que … »

« AH ! Mais arrête ça, Katérina ! T’es en train de devenir bleue ! » hurla le jeune homme soudainement, coupant Swar. Il était vrai que la jeune femme aux cheveux gris n’avait pas cessé de s’étrangler, quitte à se couper définitivement la respiration. Elle était folle ou quoi cette fille ?! On ne faisait pas ça du tout !

Il retira de toutes ses forces les mains autour du cou de Katérina, celle-ci commençant à respirer bruyamment, cherchant à reprendre le plus d’air possible alors qu’une voix amusée s’adressait à Kéran, provenant de l’intérieur de Katérina :

« Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. Elle voulait se tuer, ce n’est pas la première fois qu’elle me fait ce manège. Mais elle sait pertinemment qu’elle ne le peut pas. Je ne l’autoriserai pas à se tuer … Mais il est si bon de la laisser se rapprocher de la mort avant de la bloquer. »

« Vous … ne pourriez pas faire la paix, tous les deux ? Sincèrement. »

« Hum ? Moi et elle ? Hahaha ! Peut-être que la créature dans ton arme ne veut pas te posséder et semble amicale mais de mon côté, Katérina connait sa position. Elle est un objet que je peux utiliser quand je le désire. Elle n’a pas d’autres choix que de celui de se plier à ma volonté, qu’elle le veuille ou non. »

« Tu es abject. Katérina ? » murmura le jeune homme, caressant la joue de Katérina.

La jeune femme ne lui répondit pas alors qu’il venait la soulever pour la mettre assise. Ah … Elle semblait si faible et si fragile, vraiment … Dès l’instant où elle ne criait pas, où elle n’insultait pas, ce n’était pas la même femme. Pas du tout même. Sans hésitation, il vint la forcer à poser sa tête contre son torse.

« Repose-toi un peu. Et surtout, évite de t’étrangler devant moi. Je n’aimerai pas avoir à te bloquer les bras pour ça. Ça ne me plaît pas vraiment. »

« La … La ferme, Kéran. J’en ai rien à … battre. »

Elle avait encore du mal à parler correctement, quelques marques rouges étant présentes à son cou tandis que le jeune homme lui caressait doucement le crâne. Il ne pouvait pas en vouloir longtemps à cette femme … Ni à elle, ni à Swar. Il était encore trop faible pour éviter de les contrarier ou alors être en colère envers elles.

« Ca ne fait rien alors. J’y suis habitué. Maintenant, repose-toi donc … »

« J’ai dit … que je ne voulais pas. Foutu … corps ! »

Son corps ne lui répondait pas, affaibli par le manque d’oxygène pendant quelques instants. Il s’était mis assis contre l’arbre, gardant Katérina contre lui. Quelques instants plus tard, elle était avachie à moitié sur les genoux du jeune homme, les yeux fermés. Elle semblait s’être calmée. Ah … Oui. Est-ce qu’il était … Hum … Tant qu’il ne le disait pas de vive voix, il ne pouvait pas l’affirmer pour lui-même. Le problème serait la réaction de Katérina.
Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que Loa revienne, ayant un sac bien plus rempli qu’auparavant mais aussi d’autres sacs dans ses mains. Elle se rapprocha d’eux, remarquant que Katérina s’était endormie tandis que Kéran continuait de bâiller plusieurs fois à la suite. Il cligna des yeux en apercevant Loa, marmonnant :

« Alors, quoi de neuf dans tout ce que tu as ramené et appris ? »

« Alors … Il y a la seconde tente pour toi et Katérina. J’ai aussi pris un autre sac de couchage au cas où. Vue comment elle réagit, on va éviter d’en avoir qu’un seul pour vous deux. A côté, ce sont des vivres et … Pourquoi est-ce que tu me regardes ainsi, Kéran ? »

« Car tu as encore dépensé le peu d’argent qu’il te restait pour nous … Je … Il n’y a pas de travail ? Du genre, éliminer des pokémons ou autres ? Pas de capture, je sais ce qui leur arrive. Juste du mercenariat, rien du tout ? »

« Je n’ai pas été me renseigner à ce sujet, Kéran, j’en suis vraiment désolée. Mais par contre, je peux te parler de ce qui se passe aux alentours de ce village. »

« Ah bon ? Euh … Bon, ben, installes-toi là où tu peux. Tu as beaucoup fait. Dès que je trouverai le moyen de te rembourser, tu auras ton argent. »

Elle fit un geste négatif de la main pour dire que ce n’était pas grand-chose tandis que Kéran hochait quand même la tête positivement. Qu’elle le veuille ou non, ça ne changeait rien ! Il la rembourserait ! Puis quoi encore ? Bon, il devait juste l’écouter d’abord.

« Cela concerne principalement la Sainte Alliance, Kéran. Je pensais que tu avais envie de te tenir au courant, non ? Donc, tu veux que je t’en parle ? »

« Est-ce que ça concerne aussi Sélia ? Du moins, elle personnellement ? »

« Pas vraiment … Enfin bref, tout cela pour te dire … Hum ? »

Loa s’était arrêtée, Katérina bougeant un peu dans son sommeil pour venir jusqu’à se loger et coller plus son corps contre celui de Kéran. Elle semblait même en profiter un peu, Kéran toussant légèrement tout en rougissant.

« Tu vois, Loa, quand elle dort, elle est vraiment … différente. »

« Ca ne semble pas te déplaire, Kéran, est-ce que je me trompe ? »

« Pas … Pas vraiment, on va dire. » bredouilla le jeune homme aux cheveux argentés, invitant Loa à continuer à parler. Il fallait dire que la position n’était pas vraiment dérangeante pour Kéran, loin de là. Il appréciait grandement le contact de Katérina contre le sien. Même si bien entendu, il fallait que la culotte « rembourrée » de la jeune femme soit sur sa cuisse, ce qui lui permettait alors de … ahem … sentir cette particularité.

« Bref … Tout cela pour te dire que la Sainte Alliance a un sérieux problème interne. De plus en plus de personnes sont possédées par les pokémons spectres et il semblerait qu’un ménage ait commencé. Néanmoins, difficile de savoir qui est réellement possédé ou non. »

« Euh … J’espère qu’ils ne vont pas penser à les torturer. Qu’ils ne touchent pas à Sélia sinon, je risquerai de me fâcher. »

« Non, non, je ne pense pas qu’ils vont torturer, ce n’est pas dans leurs méthodes. »

« Tu as l’air d’oublier l’autre « faction » de la Sainte Alliance. » rétorqua Kéran avec un peu d’ironie dans la voix. « Oh ! Désolé, ce n’était pas contre toi que … »

« Ce n’est rien, c’est déjà oublié. Et tu as sûrement raison mais bon, cette Sélia est une femme forte, très forte, non ? »

« Oh, ça je ne te le fais pas dire ! Elle possède même un pokémon métallique ! Tu imagines ? J’en ai jamais vu ou presque ! En fait, pour tout te dire, j’en ai jamais vu à part le sien. »

« Un pokémon métallique … Ce que tu dis est quand même surprenant. Il paraîtrait que ce sont des pokémons issus d’une ancienne civilisation. Ils avaient une résistance hors du commun et des pouvoirs spéciaux. »

« Ah oui ? Enfin bon, la résistance, je veux bien te croire. Si c’est du métal, ça doit être sacrément costaud. Pour les pouvoirs spéciaux, chaque pokémon en possède un ou plusieurs donc bon … » marmonna le jeune homme. Ils avaient dérivés de la conversation initiale qui concernait indirectement Sélia. Ah … Sélia … Il était quand même un peu inquiet pour elle. Malgré les saloperies qu’elle avait faites. Même si ce n’était pas elle directement, il … Ah … Vraiment … Ce n’était pas de bien penser à une femme quand on en avait une autre sur soi.

Ailleurs, Sélia était entourée par plusieurs hommes et femmes, son armure étant tachée de sang. Plusieurs corps étaient au sol, que cela soit des pokémons ou des humains, ils ne faisaient pas la différence. Elle rangea son épée, ayant délaissé ses haches depuis le temps.

« Quel est le rapport de nos pertes ? »

« Trois hommes, mademoiselle Sélia. Mais ces spectres n’ont pas cherché réellement à se battre contre nous. Nous devrions vérifier qu’aucun d’entre nous ne soit possédé. »

« De mon côté, aucun spectre n’a pu me toucher et j’étais à distance de tout cadavre. » déclara la jeune femme aux cheveux bleus, peu inquiète.

Elle observa les soldats qui commençaient à parler entre eux, donnant quelques questions pièges auxquels aucun ne tomba dedans. D’autres vinrent même blesser faiblement leurs alliés pour être sûrs mais tout ne donna rien.

« Personne n’a été possédé, mademoiselle Sélia ! »

« Alors, retournons en ville. Nous allons faire le rapport au chef Elian. »

« Comme vous le désirez, mademoiselle Sélia ! » répondirent en chœur tous les soldats alors qu’elle rangeait son arme. Ah … Une mission accomplie. Cela lui faisait un peu bizarre d’avoir réussi cela mais bon, c’était tant mieux, n’est-ce pas ?


Oui … C’était surement le cas. Elle n’était pas motivée, pas vraiment … Pas du tout même. El poussa un profond soupir avant d’accompagner les soldats jusqu’en ville. Bon … Où était le quartier de la Sainte Alliance ici ?

« Rendez-vous là-bas. Pendant ce temps, je vais aller me reposer dans une auberge. Je n’ai pas besoin des chambres de la Sainte Alliance. »

« Euh … Sélia, il vaudrait mieux que vous nous accompagnez au cas où. Ça serait bien mieux que celle qui nous dirige soit celle qui fasse le bilan. »

« … … … Oui, sûrement. C’est même très logique. »

Tellement logique mais en même temps, elle était tellement démotivée. Elle avait envie de revoir Kéran, de vraiment mettre les points sur les i. De discuter à cœur ouvert avec lui. Peut-être même de lui avouer quelque chose … de vraiment personnel.

« Je ne suis dans le fond qu’une gamine. »

« Mademoiselle Sélia ? A qui est-ce que vous parlez ? » demanda l’un des soldats.

« A personne, à personne. Allons donc voir Elian. »

Que cette affaire soit réglée et qu’ensuite, elle aille se reposer. Partir à la recherche de Kéran ? Tout abandonner ? Mais ça voudrait vivre du mercenariat. On ne pouvait pas effacer ce qui s’était passé. Dorénavant, c’était trop tard, elle le savait pertinemment.

Laisser un commentaire