Chapitre 123 : Protectrice depuis des années

ShiroiRyu
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Chapitre 123 : Protectrice depuis des années

Il … était mort ? N’est-ce pas ? S’il ne voyait plus rien, c’est qu’il devait l’être, n’est-ce pas ? Il était mort alors. Peut-être … Cet Absol avait été puissant, très puissant, trop puissant. Et il avait perdu une épée. Au moins, cela n’avait pas été la plus importante. C’est con … vraiment très con même. D’avoir préféré sauver Swar plutôt que lui. Mais au moins, il avait fait ce qu’il pensait être bon. Bon mais con … Ah …

« Ca ne doit pas être si mauvais la mort. Je me demande si je deviendrai un spectre ou une créature ténébreuse ? Si c’était le cas, est-ce que … ça voudrait dire … Non. De toute façon, même si je devenais un spectre ou une créature ténébreuse, je ne changerai pas de mentalité. Je continuerai à protéger autrui. Oui … C’est comme ça … que je vois les choses. »

Il se parlait à lui-même, souriant doucement alors qu’il savait pertinemment que ça servait à rien de continuer de se battre. Il devait se laisser faire et mourir … tout simplement. Il était triste pour Katérina, il n’avait jamais pu lui dire ce qu’il ressentait pour elle. Il était triste pour Sélia, il aurait voulu faire définitivement la paix avec elle. Oh … Il avait tellement de regrets, n’était-ce pas à partir de là qu’il deviendrait alors un spectre ? Peut-être … Il ne savait pas … Il ne savait pas du tout même.

« Swar … Katérina … Loa … Sélia … et mes pokémons. Je continuerai … »

Il continuerait de les protéger, qu’importe la forme qu’il allait avoir. C’était ça qu’il se promettait. Qu’importe la forme qu’il aurait, il les protégerait. Il allait les protéger, protéger toutes ces personnes comme il aurait voulu le faire depuis le début.

Pourtant, rien n’arriva, rien du tout. Du moins, pas ce qu’il avait prévu. Peut-être qu’il rêvait ? C’était sûrement ça car il se retrouvait … chez lui ? Chez son ancien chez lui. Là où il avait habité pendant des années. Mais ça remontait à si longtemps … car la maisonnette était encore intacte. Si longtemps ? Est-ce que c’était les souvenirs de sa vie passée ? Il allait peut-être retrouver son père et sa mère ?

Ah ses parents, ça faisait vraiment longtemps qu’il ne les avait plus vus. Il fallait dire qu’il n’avait aucun souvenir d’eux, rien du tout même. Même pas une gravure, un tableau ou autre. Et avant ses huit ans, ses souvenirs avaient été confus et brouillés … comme s’il avait tout perdu sans même s’en rendre compte.

« Comment ça se fait que je n’ai aucun souvenir d’eux ? »

Qu’il ne s’en rappelait pas ? Qu’il n’arrivait pas à les voir ? A s’en rappeler exactement ? Il ne savait même pas à quoi ressemblait sa mère. Ni même à quoi ressemblait son père. C’était le vide total avant ses huit ans … avant qu’il ne voit Sélia pour la première fois.

« Bizarre, c’est franchement bizarre et inquiétant, là. »

Il se parlait tout seul alors qu’il avançait vers la maisonnette, pénétrant à l’intérieur comme s’il était un fantôme. Peut-être allait-il trouver des réponses ? A ses questions ? Peut-être … Peut-être que oui … Il ne savait pas, il ne savait pas du tout. Il ne savait rien. Rien du tout.

« Kéran, s’il te plaît, fais attention à toi. »

« Mais oui, maman ! Ne t’en fait pas ! Je vais juste dehors avec un livre ! »

Alors qu’il pénétrait dans la maison, une petite ombre en sortait, le représentant à l’âge de ses huit ans … ou un peu moins. Livre ? Il croyait qu’il ne savait plus lire ? C’était quoi le livre qu’il avait en main ? Enfin non ! C’était pas ça qui l’intéressait !

« Ne t’en fait donc pas pour lui, Zaryne, il se débrouillera très bien. De toute façon, il ne peut pas aller très loin. Tu ferais mieux de t’occuper d’elle. »

D’elle ? De qui est-ce qu’il parlait ? De qui est-ce qu’il parlait ? Il ? Oui … Il voyait un homme d’une trentaine d’années. Il avait des cheveux blancs. Peut-être alors qu’il avait des cheveux blancs de naissance ? Mais l’homme ne semblait pas forcément très imposant bien qu’il respirait la joie de vivre. Il avait aussi des yeux bleus.

Mais c’était surtout sa mère qu’il voulait voir. Il voulait voir à quoi ressemblait sa mère ! C’était le plus important ! Donc elle s’appelait Zaryne ? C’était un très joli nom ! Un nom très beau oui ! Il l’aimait bien ! Et il aimait encore plus sa mère quand il la vit ! C’était une jolie femme. Une très jolie femme d’une trentaine d’années ! Elle avait de longs cheveux bleus, deux boules se trouvant sur le sommet de son crâne. Et ses yeux bleus azur ! Ils étaient magnifiques ! Elle portait aussi un kimono blanc avec des bouts de couleur bleu ciel tandis qu’un obi de couleur rouge, se terminant avec un joli nœud de papillon derrière elle.

« Maman … » murmura le jeune homme, ne pouvant s’empêcher d’avoir les larmes aux yeux alors qu’il regardait sa mère qui allait dans une pièce.

Il la suivit, restant bouché bée alors qu’il apercevait une femme qui était couchée dans un lit. Une femme qu’il reconnaissait parfaitement puisqu’il s’agissait de Swar. Son corps était translucide et elle semblait salement blessée d’après le sang qui recouvrait les draps.

« Vous ne devriez pas vous … occuper de moi. Vous avez un enfant et un mari dont vous devez vous occuper. » murmura Swar faiblement.

« Et abandonner une créature spectrale ou ténébreuse ? Il en est hors de question. »

« Vous êtes une Docte … n’est-ce pas ? C’est bizarre … Je ne ressens pas de créature en vous, comment est-ce cela que se fait ? » demanda la jeune femme aux cheveux blancs.

« La créature qui m’accompagnait est morte une seconde fois pour me sauver. Mais j’ai gardé une partie de ses pouvoirs. »

« Etonnant … Est-ce que cette créature était très proche de vous ? » demanda Swar.

« C’était ma sœur jumelle. Elle est morte à l’âge de dix ans pour me sauver d’un accident mortel. C’est à ce moment que j’ai su ce que je devais devenir. »

« Je comprends parfaitement … mais vous ne devriez pas vous occuper de … » commença à reprendre la femme aux cheveux blancs, son armure noire se trouvant déposée au sol. Même si elle était un spectre, elle pouvait être blessée … extrêmement blessée. Pourtant, Zaryne ne semblait pas y tenir compte, lui demandant de se taire et de se reposer.

Quelques heures plus tard, le jeune garçon jetait un coup d’œil à travers la serrure, arrivant difficilement à voir. La porte était fermée tandis que le jeune homme observait ce que son double plus jeune tentait de faire. Une main se posa sur le jeune Kéran, le faisant sursauter.

« Ma … Maman ! Je … Pourquoi je peux pas rentrer dans la chambre d’amis ? Dis, dis ? »

« Car quelqu’un l’occupe actuellement, voilà tout. »

« Mais mais mais … Cette personne va bien ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blancs, posant une nouvelle question alors que sa mère lui caressait le crâne.

Elle lui demanda d’aller jouer avec son père ou dehors tandis qu’elle attendait que celui-ci soit parti. Quand ce fut le cas, elle retourna dans la chambre, prenant des nouvelles de Swar. Celle-ci était assise, son corps ayant du mal à rester comme il était.

« Il me faut partir car sinon, vous serez en grave danger. Je suis recherchée … et activement. Cette apparence que vous voyez … n’est pas ma véritable forme. »

« Qu’importe ce que vous êtes et ce que vous avez vécu, tant que vous n’allez pas mieux, je ne veux rien entendre. Vous pouvez rester ici pendant des semaines si c’est nécessaire. »

Pourquoi est-ce que cette femme ne voulait pas comprendre ? Qu’est-ce qui la poussait à venir l’aider alors qu’elle aurait pu être des plus dangereuses ? Elle ne comprenait pas … Elle n’arrivait pas à comprendre mais elle savait juste qu’ils étaient en danger.
Pourtant, malgré tout ce qu’elle avait dit, les deux adultes s’étaient occupés d’elle pour qu’elle reprenne des forces. Malheureusement, ce n’était pas assez, loin de là même. Elle avait besoin d’autre chose, quelque chose de plus fort … mais elle ne pouvait pas se le permettre. C’était tout simplement impossible. Elle ne pouvait pas faire ça à cette famille. Elle arrêta de ruminer ses pensées, regardant l’œil qui l’observait à travers le trou de la serrure. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire, murmurant :

« Est-ce que le spectacle est à ton goût ? Tu t’appelles Kéran, n’est-ce pas ? »

L’œil disparut aussitôt, des bruits de pas rapides se faisant entendre alors que le jeune garçon était parti. Il semblait avoir été plus que gêné par la voix de Swar. Celle-ci eut un petit rire. Même si elle ne l’avait jamais vu, elle pouvait se douter qu’il était plus que mignon. Les enfants étaient souvent ainsi, surtout ceux issus des Doctes car ils apprenaient à aimer autrui, qu’importent leurs origines.
Mais … Elle ne pouvait pas rester ici plus longtemps. Elle le savait pertinemment. C’était mieux pour elle qu’elle disparaisse de cet endroit. Seulement, son corps était bien trop affaibli. Malgré les soins apportés, elle ne pouvait pas se déplacer. Et pendant ce temps, ils étaient à sa recherche. Ils voulaient la trouver pour la tuer … comme les deux autres créatures ténébreuses … et ce roi des spectres.

« Je dois partir … maintenant. » murmura le jeune femme spectrale, se levant faiblement. Pourtant, son corps ne répondit plus, la faisant s’écrouler sur le lit. Les blessures n’étaient plus là mais le corps restait épuisé, plus qu’épuisé.

Et ils finirent par la retrouver … Comme la maisonnette était éloignée du village dans lequel Kéran et ses parents habitaient, nul n’avait été mis au courant, nul n’avait pu le remarquer avant que les créatures ténébreuses ne viennent attaquer la maisonnette, dirigée par un Léopardus. Elle ? Elle avait essayé de bouger mais Zaryne l’en avait empêchée, disant :

« Restez ici ! Je vais m’occuper de ces créatures avec mon mari, vous n’avez rien à craindre. Cela ne sera pas très difficile de les repousser. »

« Ils sont bien plus nombreux que vous et ils sont galvanisés à cause de mes blessures. Ils savent qu’ils peuvent me battre maintenant et feront tout ce qu’il faut pour … »

« Assez ! Je ne permettrai à personne, que ça soit un humain ou un pokémon, d’attaquer une personne blessée. S’ils veulent se battre, ils comprendront pourquoi je suis une Docte ! Mais … S’il vous plaît, veillez sur mon fils. Il est dans sa chambre, celle à côté de vous. Il est en train de dormir actuellement. »

Dormir ? Mais s’ils combattaient à côté, cela voulait tout simplement dire que … le jeune garçon était en danger ? Et pourquoi est-ce que cette femme disait ça ? Elle n’avait pas la force de se lever, elle était bien trop affaiblie ! Comment est-ce qu’elle pouvait accepter que son corps soit aussi faible, elle qui avait combattu les dragons il y a de cela des siècles ? Elle qui avait livré bataille pendant des années ! COMMENT ELLE POUVAIT ACCEPTER CA ?! COMMENT POUVAIT-ELLE ABANDONNER AINSI ?

« Je dois les aider … Si je me montre … Ils les laisseront en vie. Non … Ca ne sert à rien. Ils les tueront, je dois les combattre aussi. »

Mais elle n’en avait pas la force. Elle n’en était pas capable. Pas maintenant, pas avec son corps si faible. La maisonnette commença à trembler, des cris se faisant entendre, que cela soit des pokémons ou alors la voix de Zaryne qui criait :

« Igléan ! NON ! Vous allez me le payer ! »

Elle ne pouvait même pas observer le spectacle par la fenêtre car sinon, elle aurait pu voir le nombre de corps autour de Zaryne. Celle-ci avait fait un véritable massacre alors que le corps de son mari était au sol, tenant une épée dans ses mains et portant une armure sur le corps. Lui ? Kéran ? Celui qui rêvait de ça ? Il était juste stoïque et immobile. Il ne se rappelait pas de ça … de rien du tout. C’était le vide total et pourtant, maintenant, tout lui revenait en mémoire. Tout … Mais ce n’était pas ses pensées car lui, à ce moment précis, il avait tout simplement murmuré :

« Maman ? Se passe quoi dehors ? »

« Kéran ? RENTRE A LA MAISON ET VITE ! » hurla la femme aux cheveux blancs, le terrain se retrouvant gelé autour d’elle alors que par une fenêtre, le jeune garçon était à moitié endormi.

Le Léopardus et ses sbires avaient profité de la confusion pour cibler le jeune garçon, celui-ci ne comprenant pas ce qui se passait avant que sa mère ne saute par la fenêtre pour pénétrer à l’intérieur de la maison. Puis tout vint se brouiller … Une nouvelle fois.

Tout … Car il ne savait pas ce qui s’était passé et même si ce n’était pas sa mémoire, il sentait juste que la maison était tombée en ruines. Ce qui s’était passé ? Le Léopardus avait surement décidé de ravager la maison pour emporter Swar dans la tombe définitivement ainsi que les habitants de la maison.
Le jeune garçon avait réussi à sortir des ruines, étant recouvert de sang mais indemne. Quelque chose avait cloché à ce moment-là. Pourquoi n’était-il pas blessé ? Pourquoi ? Le Léopardus avait crié :

« Tu t’es caché ! Tu t’es caché ! Mais tu ne t’enfuiras plus très longtemps ! »

Avant de trépasser de la main de Sélia. Alors, il se rappelait avoir pleuré sans même s’adresser à Sélia qui était encore une jeune adolescente de treize ans à l’époque. Alors, elle était partie se laver pendant qu’il s’était mis à pleurer, recherchant ses parents dans les ruines. Puis une voix s’était adressée à lui, douce et féminine :

« Je suis désolée, Kéran. Ce qui s’est passé … est quelque chose d’horrible, causé par ma présence dans ta maison. Je n’ai rien pu faire pour empêcher tes parents de mourir mais ta mère et ton père se sont battus jusqu’au bout pour te sauver. »

« Qui êtes-vous ? Vous êtes où ? » avait demandé le jeune garçon.

« Je serai toujours auprès de toi. C’est la moindre des choses que je pouvais faire. Normalement, je devais posséder un corps pour me ressourcer mais j’ai décidé de te sauver de ces blessures mortelles causées par l’effondrement. »

« Maman ? C’est toi, Maman ? »

« Je pense qu’il vaut mieux que tu oublies tout ce qui s’est passé. Je vais me charger de cela mais Kéran, sois gentil avec la jeune fille qui est venue te voir, d’accord ? Est-ce que tu peux me promettre d’être gentil avec elle ? Et de tout faire pour être heureux avec elle ? Elle est la personne qu’il te faut après ce drame. Maintenant, Kéran, je vais rester en toi et tout faire pour que tu mènes une vie normale, comme si je n’avais jamais existé. »

« Oui ! Je le ferais ! Je vous le promets ! »
Après ces paroles, le jeune garçon s’était immobilisé, restant complètement stoïque jusqu’à ce que Sélia fasse son apparition. Il avait alors foncé dans ses bras, menant la vie que le jeune homme avait connue pendant des années. Tout redevint noir, une voix féminine, douce et légèrement tremblante se faisant entendre :

« J’ai tué ses parents. Je suis responsable de leurs morts. Il devrait me haïr … Il vaut mieux pour que moi que je reste enfouie sans qu’il ne sache que j’ai existée. Il vaut mieux pour moi que je ne sois plus rien d’autre que son ombre. Pardon, mon petit Kéran. Je veillerai sur toi pendant que tu vivras une vie normale. Pardon … Pardon … »

La voix répétait le même mot comme si pendant des années, elle voulait expier ses pêchés. C’était donc ça … Depuis des années … Swar était à ses côtés. Depuis des années, elle avait tout fait pour le protéger, complètement le rôle de Sélia dans l’obscurité.

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