Chapitre 15 : Coupable

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 15 : Coupable

« ALAN ! TU ES LA ! DIEU MERCI ! »

Il n’eut pas le temps d’ouvrir sa bouche qu’il se faisait enlacer par sa mère, voyant le visage inquiet de son père. A la télévision, les images du lycée en flammes en train de se faire éteindre, passaient en boucle.

« Tu vas bien ? Nous… Nous avons appris… »

« Oui… Je vais bien Maman… Ne t’en fais pas… J’ai mon diplôme… et celui de Zena. »

« Mais mais mais… Tu montes déjà dans ta chambre ? »

« Je suis un peu fatigué… Mana… Tu viens avec moi, d’accord ? »

L’adolescente aux cheveux gris hocha la tête avec un grand sourire, observant les deux parents puis Alan. Son sourire alla s’élargir, comme si elle avait prévu quelque chose de malsain et douteux. Ils se dirigèrent tout les deux vers l’escalier, le montant avant d’arriver dans la chambre d’Alan. Celui-ci se coucha sur le lit, posant son regard sur Mana :

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit ? »

« A quel sujet, Alan ? Je ne comprends pas de quoi tu veux parler. »

« Du lycée ! Il a été complètement détruit ! Heureusement qu’il n’y avait que quelques personnes… et qu’on n’était pas au beau milieu de la matinée… »

« Heureusement ? Tu penses exactement comme moi. Tu t’en fous des morts tant qu’ils sont en petite quantité, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai jamais dit ça ! Je ne suis pas comme toi, Mana ! »

« Tiens donc ? Pas comme moi ? Alors je suis comment pour toi ? Dis le moi héhéhé ! Et ton sablier est bizarre, tu l’as remarqué ? Il descend grain de sable par grain de sable ! »

« Oui… Merci, je l’ai vu. Je ne sais pas ce qui cloche avec lui. »

« T’es son propriétaire, héhéhé. Tu crois qu’il y a besoin d’une autre explication ? »

« Oui… Qu’il vaudrait mieux que tu te taises des fois. Je vais dormir un peu. »

« Hey… Alan. Regarde-moi. Regarde-moi maintenant. »

Il se tourna finalement vers elle, l’observant pour voir ce qu’elle voulait. Elle tendait l’une de ses mains vers lui, le plaquant contre le mur de la chambre mais il n’allait même pas réagir. A quoi cela servait de toute façon ? Il ne voulait pas lui parler. Elle s’approcha de lui alors qu’il restait collé et couché contre le mur, se mettant à quatre pattes devant lui. La pression fut accentuée, le jeune homme semblant avoir le souffle coupé sans pourtant être plus souffrant que ça. Elle grogna, pestant contre lui :

« Evite de me faire croire que tu ne ressens rien ! »

« Je suis fatigué… Mana… »

« Mon œil ! Ne te fous pas de moi, je vais devenir très méchante si tu continues comme ça. Excuse toi maintenant pour ce que tu viens de dire ! »

« Je m’excuse pour ce que je viens de dire. Bonne nuit, Mana… Je vais dormir. »

« ARRÊTE CA ! CA M’ENERVE L’INDIFFERENCE ! »

Ohla ! Elle venait de crier et il haussa un sourcil d’appréhension. Ce n’était pas un petit cri comme d’habitude, non… C’était autre chose… Bien plus violent et inquiétant. Sa paralysie fut retirée et il retomba contre le lit, émettant un petit pouf à l’atterrissage. Elle était à quelques centimètres de lui, son œil posé sur les siens.

« Tu crois que jouer à l’indifférent parce que Zena est morte et parce que ton lycée a cramé vas t’aider ?! Tu veux jouer à quoi ?! Au spectre ?! Tu n’es même pas mort mais si tu continues comme ça, je vais t’aider à accéder à ce titre ! »

« Tu voudrais me tuer alors ? Ca ne serait pas… une mauvaise idée ? Non ? »

« Une mauvaise idée ? Oh que non, ça ne serait pas une mauvaise idée mais puisque tu veux t’amuser à ça, on va être deux… Tu peux tout faire, essayer de te suicider, de te pendre, de te couper les veines, TOUT mais tu sais quoi ? Je t’empêcherais de mourir ! »

« Et pourquoi ça ? Pourquoi est-ce que tu ferais ça ? »

« Car ça serait abandonner le combat ! »

« Abandonner… le combat ? Comment ça ? Qu’est-ce… que tu veux dire ? »

Elle lui demanda de s’asseoir contre le mur, commençant à lui parler longuement d’une voix neutre avant de s’arrêter. Elle lui signala de d’abord s’excuser correctement avant qu’elle ne continue à lui parler. Il prit une légère inspiration, lui signalant à quel point il était désolé d’avoir haussé la voix envers elle. Elle lui murmura finalement qu’ils allaient plutôt parler cette après-midi maintenant qu’elle avait obtenu ce qu’elle voulait.

« C’est injuste, Mana. Tu m’as menti pour que je m’excuse. »

« Et j’ai réussi, c’est ce qui fait la différence entre toi et moi. Je suis intelligente, toi tu as encore beaucoup de boulot avant d’arriver à mon niveau. »

« C’est mesquin… Vraiment mesquin de ta part… Bon, je vais quand même me coucher. »

« Je viens dormir avec toi. Remercie-moi de te laisser la grâce de ma présence, pauvre idiot. Après cela, peut-être que je t’expliquerai ce que j’ai voulu dire. »

Il s’était mis de côté, remontant les draps sur lui alors qu’il gardait ses vêtements malgré la chaleur torride qu’il y allait avoir. Elle fit de même, se mettant de dos par rapport à lui tout en dormant sur le côté comme le jeune homme. Elle alla se calfeutrer tout en disant d’une voix amusée et railleuse :

« Tu sais pourquoi je fais ça ? Car je vais te faire suer comme un Caninos ! Tu vas tellement suer que tu vas perdre les petits bouts de gras qui sont apparus ces deux dernières semaines ! »

« Tu veux me faire perdre du poids ? C’est quelque chose… de bizarre… Et la méthode n’est pas franchement efficace… Je tiens à te le signaler avant que tu ne crois que ça va servir à quelque chose. Et toi aussi, tu vas suer… »

« Mais je ne risque pas de perdre du poids contrairement à toi. De toute façon, que tu mouilles ton lit ou non, c’est pas ce qui m’intéresse le plus. Maintenant, vas dormir. »

Il s’exécuta, s’envahissant dans le pays des songes alors qu’elle lui prenait les deux mains pour qu’il les pose sur son ventre. Voilà, bien… Brave enfant… Avec ça, elle était sûre de savoir ce qu’il allait penser pendant ses songes. Il ferma les yeux alors qu’elle faisait de même. Elle n’avait pas réfléchie à cette chose… Si elle aussi, elle dormait… Comment pouvait-elle l’espionner dans ses rêves ?

Lorsqu’elle se réveilla, elle remarqua tout de suite qu’elle était en sueur, que ses vêtements étaient trempés… et qu’Alan continuait de dormir ? Mais attendez un peu ! Elle observa la fenêtre, remarquant que le soleil était bientôt en train de se coucher. Combien de temps avaient-ils dormis ?! Elle se retourna, voyant le visage apaisé d’Alan. Et bien, visiblement, soit ses rêves allaient mieux, soit le fait qu’elle dorme à proximité de lui l’empêchait d’avoir des cauchemars… Ou alors, il souriait avec des cauchemars dans sa tête. Ah ! Ca devait être sûrement ça. Elle le força à se réveiller, lui disant d’une voix neutre :

« Tu as mouillé tes draps, espèce de sale gamin. Vas donc te laver dans la douche ! »

« Oui… oui… Pas besoin de crier. J’ai dormi combien d’heures ? »

«  Je ne sais pas mais je dirais bien une dizaine… Me regarde pas comme ça ! C’est pas de ma faute ! Je me suis endormie aussi hein ! »

« Tiens… Tu es capable de dormir aussi ? Enfin bon… J’y vais, j’y vais. J’ai faim maintenant. Tu peux prévenir mes parents s’il te plaît ? »

« Je le fais mais laisse moi de l’eau chaude. »

Il hocha la tête alors qu’elle s’enfonçait dans le sol pour descendre à l’étage inférieur. Elle se dirigea vers la cuisine, la mère d’Alan lui faisant un grand sourire en lui disant qu’elle ne voulait pas les déranger. Ils semblaient si bien dormir tout les deux… Elle grogna, signalant qu’ils avaient tout les deux faim et qu’ils allaient se laver avant de remonter les marches, les unes après les autres. Si bien dormir ? Un moment de faiblesse.

Elle arriva alors qu’il était rentré dans sa chambre, s’étant séché le torse, apparaissant à moitié nu devant elle alors qu’elle se déshabillait complètement. Il la regarda un bref instant, détournant le regard alors qu’elle repartait de la chambre pour aller se doucher à son tour. La mère d’Alan poussa subitement un cri, le faisant sortir à vive allure de sa chambre pour descendre les escaliers en trombe. L’air de rien, entièrement nue et recouverte de gouttes d’eau parsemant son corps, elle alla à sa suite, descendant les escaliers d’un pas nonchalant.

Alan vit son père qui aidait sa mère à cacher son bras, du sang s’écoulant sur le sol. Il allait s’approcher d’eux mais son père l’en empêcha, lui signalant que sa mère s’était coupée les veines et assez profondément en préparant le repas. Il lui indiqua que le repas ne pouvait pas être terminé sauf si il s’en occupait mais Alan rétorqua qu’il s’en fichait royalement. Il allait les accompagner ! Son père lui cria qu’ils avaient autre chose à faire que de se disputer et qu’il valait mieux pour lui qu’il reste ici ! Alan regarda son père partir en serrant les dents.

«  Ploc, ploc, ploc, ce sont les petites gouttes qui tombent. Ta mère s’est entaillée les veines, mais tu sais quoi. Elle n’a pas de chance, elle s’est ratée. »

« Mana… Non… Je ne le dirais pas… Enfin, si, je te demande une chose. »

« Et c’est quoi ? «

« Est-ce que tu peux aller t’habiller et te sécher ? Ou plutôt faire l’inverse ? »

Elle éclata de rire avant de dire que cela ne la gênait pas de traîner ainsi. Enfin bon… Elle fit apparaître sa cape bleue, s’engouffrant à l’intérieur avant de garder son sourire. Elle était maintenant sans rien… ou presque. Il poussa un profond soupir, faisant les cent pas, montant et descendant les escaliers. Sa mère qui se coupait par inadvertance… Ah… Ah… Ah… ZUT DE ZUT ! Il devait rester calme ! Ne pas perdre son calme ! Il se dirigea vers sa chambre, remarquant le sablier avant de le prendre en main. Oui, voilà ce qu’il allait faire !

Il s’installa sur le canapé à côté de Mana, celle-ci s’étant mise en position du yoga. Elle observa le sablier tandis qu’il faisait de même. Il lui dit que cela allait lui permettre de passer ses nerfs et de se calmer. Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, le jeune homme regardant les grains descendre un par un avant qu’elle ne dise d’une voix douce, chose qui n’allait pas du tout avec elle :

« Dit… J’ai une bonne blague à te raconter. »

« Vas-y… Tant que cela me permet d’éviter de m’en faire pour mes parents. »

« Tu connais l’histoire de Boum la Voiture ? C’est l’histoire d’une voiture qui traverse un passage à niveau au même moment où un train passe ET BOUM LA VOITURE ! »

Il la regarda d’un air neutre alors qu’elle se roulait sur le canapé, fière de ce qu’elle venait de dire. A quoi cela lui servait de proférer de telles paroles hein ? A quoi ça lui servait ? Elle se jeta sur lui, continuant de rire alors qu’il ne comprenait pas ce qu’elle faisait. Elle le regarda longuement, lui montrant ses dents avant de sortir sa langue. Elle lui murmura :

« L’odeur de la mort reste omniprésente, Alan ! OMNIPRESENTE TU M’ENTENDS ?! »

« Tu divagues pour pas changer ! Mana, sincèrement, je devrais t’emmener voir un psychologue, tu me fais vraiment peur des fois. Pourquoi tu m’as raconté cette blague complètement stupide ?! Enfin, non, je ne veux pas savoir. »

« Après ces informations sur les émeutes qui se déroulent au sud de Chiss, reparlons de ce malheureux incident qui s’est produit dans l’est de Chiss, il y a quelques minutes. »

« Un incident ? Où ça dans l’Est ? »

« La Voie C permettant de rejoindre le centre de Chiss a malheureusement été le théâtre d’un accident tragique… Une voiture s’est retrouvée bloquée dans un passage à niveau et ses occupants n’ont pas eu le temps de pouvoir s’en sortir avant que le train ne passe. Les policiers s’interrogent sur un évènement rarissime car comme tout le monde le sait, les voitures et les trains ne sont guère que peu utilisés depuis le système de téléportation mis en place par les nombreuses entreprises. »

« Dis, la Voie C, ce n’est pas celle que tes parents doivent emprunter pour se rendre au centre ? Car pour une blessure comme celle de ta mère, ils ont du se rendre là-bas. »

« Tais… TAIS-TOI ! Ne dit pas de bêtises comme ça ! »
Il se tenait la tête entre les deux mains, son sablier posé devant lui, les grains tombant les uns après les autres. Non… Ce n’était pas possible… Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ce n’était pas ses parents… Ce n’était pas la voiture de ses parents… Hahaha… Il rigola d’un rire nerveux alors que le visage de Mana arrêtait de sourire. Elle chercha à prendre la télécommande mais Alan fut le plus rapide.

« Arrête de regarder la télévision, cela t’abruti ! »

« J’ai besoin de savoir ! Ils vont sûrement dit qui était dans cette voiture ! Je veux savoir ! JE VEUX SAVOIR ! »

« Les policiers viennent enfin de se concerter et de lancer un appel à témoins. Les plus puissants pokémons psychiques mettent ainsi devant nos yeux un portrait-robot de la personne qui semblerait être responsable de la mort d’Orian et de nombreuses autres personnes. Rappelons pour ceux qui ne sont pas au courant que cet évènement s’est produit il y a une quinzaine de jours et que nous n’avions guère d’informations avant aujourd’hui. »

Peu à peu sur l’écran apparaissait le visage d’une adolescente aux cheveux gris, un cache-œil sur son œil droit tandis que celui de gauche était rouge rubis. Elle avait un sourire démoniaque et portait une capuche bleue sur le crâne. Le commentateur reprit :

« D’après les nombreux dires, cette personne serait un pokémon d’une extrême rareté et très dangereuse. Capable de disparaître à volonté, nous vous conseillons de faire attention et d’appeler au numéro qui apparaît sur votre écran si vous avez des informations. »

« Ma… Mana… Mana, tu…. Mana, tu é… Mana, tu étais… »

Il avait énormément de mal à faire une phrase, son visage se tournant peu à peu vers l’adolescente aux cheveux gris. Celle-ci tendit sa main vers la télévision, l’explosant comme si de rien n’était alors qu’elle avait le regard sombre. Elle ne disait rien alors qu’il pointait lentement son doigt vers elle. Elle… Elle était là-bas… Elle était à l’endroit où Zena avait été assassinée… Ha… Haha… Hahaha… Hahaha… C’était normal. Elle la détestait. Normal…

Laisser un commentaire