Chapitre 17 : Dans un lieu isolé du monde

ShiroiRyu
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Chapitre 17 : Dans un lieu isolé du monde

« Préparez-moi mon cheval »

« Bien mais est-ce que vous désirez être accompagnée ou non ? »

« Le second choix à votre question. Je dois me rendre à un endroit où nul autre ne doit avoir accès. Pendant ce temps, je laisserai Hémurion se charger des mouvements de l’armée, comme d’habitude. Je veux mon cheval d’ici trente minutes au grand maximum. »

Deux journées s’étaient écoulées et maintenant, elle n’avait plus qu’à patienter. Elle avait répondu à la lettre de Royan et elle s’était mise au courant des dernières actualités de son royaume, pour ne pas changer. Elle aussi avait fort à faire avec quelques démons mais ce n’était pas le même degré d’application que pour Traslord. De plus, le fait de laisser les armées être dirigées par Hémurion et d’autres haut-gradés militaires étaient suffisant pour qu’elle leur fasse confiance.
Du moins, faire confiance était tout relatif dans ce monde. Elle n’avait confiance en rien, ni personne. Surtout pas dans une telle situation. Elle ne voulait plus l’accorder à quiconque même si Tery aurait dit qu’elle devait s’ouvrir à plus de personnes. Elle n’avait pas besoin d’être l’amie de tous et de toutes. Seul un cercle très fermé lui était suffisant. Sauf que ce cercle avait été brisé. Dans sa chambre, elle avait déjà préparé quelques affaires. Dans sa tenue actuelle, difficile de croire qu’il s’agissait de la reine de Shunter mais les apparences, elle n’y accordait plus aucune importance. Elle se rappelait de ces jours où elle faisait passer pour Manelena et la maréchale Nali comme deux entités différentes.
Une époque révolue maintenant. Elle était Manelena, la reine de Shunter mais tout ce qui était protocole ou autre ne l’intéressait pas. Bon, avec ces affaire, elle devait pouvoir tenir une ou deux journées. De même, elle avait récupéré une petite bourse en cuir, y déposant une quantité raisonnable de pièces dorées. Voilà, avec ça, elles allaient pouvoir tenir encore un bon nombre de jours. Quelqu’un toqua à la porte de sa chambre, une petite voix féminine disant avec quelques tremblements :

« Rei… Reine Manelena, votre cheval est hors de l’écurie. Il … Il n’attend que vous. »

« Bien, prévenez le palefrenier que je serais là d’ici cinq minutes. Une dernière chose à finir et cela sera bon. » répondit calmement la femme aux cheveux argentés, se plaçant face au nouveau miroir disponible dans sa chambre.

Vraiment … Ce physique. Non, on allait pas exploser un nouveau miroir sinon, certaines boutiques risqueraient de fermer par manque de fourniture. Ce n’était pas le bon moment. Elle finit par sortir de la chambre, quelques gardes la saluant respectueusement ainsi que les servants du château. Quittant les couloirs pour finalement se retrouver hors de l’imposant bâtiment fait de pierre, elle se dirigeait vers les écuries, là où l’attendait sa monture.

« Ah ! Dame Manelena, reine de notre beau royaume, voilà donc la meilleure monture qui n’attendait que vous depuis tout ce temps. »

« Pas besoin de faire des courbettes et des ronds de jambe. Je ne suis pas assez dupe. Je sais ce qu’elle vaut vu qu’il s’agit toujours de la même bête, n’est-ce pas, Selphar ? »

Pour toute réponse, la bête hennit une première fois … puis une seconde. La raison ? Tout simplement que la monture à la robe noire rayée de vert possédait deux têtes. Et ces dernières étaient en train de la regarder longuement avant que la femme ne grimpe sur le cheval bicéphale, sac sur le dos.

« Est-ce que vous êtes certaine de ne pas vouloir être accompagnée ? »

« La question n’a pas à se poser. J’ai déjà dit ce que je pensais de cela, n’est-ce pas ? Je peux me débrouiller seule. Je serais de retour d’ici une journée ou deux, au grand maximum. A partir de là, je vais m’en aller tout de suite. »


Et sans même attendre qu’ils lui répondent, la femme aux cheveux argentés ordonnait déjà à sa monture de galoper. Pas de temps à perdre dans cet endroit. Elle n’avait pas envie de discuter encore pendant une heure pour leur faire comprendre qu’elle n’était pas une femme chétive et faible. Bon … Elle en avait pour deux ou trois heures d’après ses souvenirs.
La première heure se déroula sur les chemins de terre, hors de Midès. Ensuite, elle avait commencé à prendre des détours, vagabondant à travers les chemins escarpés d’une forêt. En sortant de celle-ci, elle avait alors finit par atterrir dans une prairie, observant à gauche puis à droite. Hum … Maintenant …

« Ah … C’est toujours par ici que je finis par me perdre. Vraiment … »

Même après plusieurs mois, connaître parfaitement la route à suivre n’était pas dans ses cordes. Bon … Il suffisait juste de faire une marche dans l’ensemble de ce qu’elle voyait. Ralentissant le cheval, ils commencèrent à marcher au trot, tranquillement. De toute façon, l’équiné devait se reposer un peu.

« Tu as bien mérité ça, oui … Bon … Où est-ce que je vais les retrouver ? »

Cette prairie était plate ou presque. Impossible alors de ne rien voir au loin. La seule chose qui empêchait les gens d’arriver ici était la forêt derrière elle. Assez épaisse et imposante, il était difficile d’en sortir pour arriver ici. Comment est-ce qu’elle y arrivait alors ? Tout simplement que durant son enfance, ses premières années en tant que soldate de Shunter, elle avait réussi à se perdre dans ce coin. Bon … Ce n’était pas un souvenir des plus flatteurs mais qu’importe. Ce souvenir avait maintenant une certaine importance.

« Bon … Si j’arrive à retrouver le cours du ruisseau, je pourrais ensuite le suivre. »

Le problème était de trouver le ruisseau. Pas bien grand, cela n’allait pas être simple mais en se focalisant un peu sur tout ce qui l’entourait, elle finirait par entendre le bruit du cours d’eau non ? D’ailleurs, elle flatta la tête de gauche de Selphar, lui disant :

« Si tu arrives à entendre de l’eau à portée, tu peux t’y rendre pour aller t’abreuver. J’imagine que tu l’as bien mérité, n’est-ce pas ? »

Comme unique réponse, le cheval vint hennir deux fois avant de se mettre à se déplacer vers la droite. Hum ? Est-ce qu’il avait parfaitement compris ce qu’elle voulait dire ? Car plus il avançait, plus elle finissait par entendre l’eau qui s’écoulait non loin d’eux.

« Et bien, mes félicitations, Selphar. Comme quoi, j’ai bien fait de te faire confiance. »

Donc pour la prochaine fois, elle saura qu’elle doit partir vers la droite. Maintenant, il était temps de le laisser se reposer. Elle avait délaissé son armure pour pouvoir jeter un coup d’oeil au soleil qui planait dans le ciel. De toute façon, là où elle se rendait, elle n’avait pas besoin de son armure. C’était un endroit isolé de tout et nul ne pouvait le trouver … ou presque. Elle avait pris ses précautions pour ça.

« Tu as assez bu ? Pour chaque tête ? Si c’est le cas, on va reprendre la route. On a encore un bout de chemin à faire normalement. »

Mais cette fois-ci, pas besoin de grimper sur sa monture, elle pouvait marcher. Elle le tenait par les rênes, la monture se laissant promener. Elle pouvait presque paraître normale aux yeux de tous, n’est-ce pas ? Mais … ici, il n’y avait personne … ou presque personne.

Quelques minutes continuèrent de s’écouler et enfin, elle arriva jusqu’à son objectif. Non-loin du cours d’eau, une cabane en bois était visible. Assez grande et spacieuse, elle possédait même un étage bien que nullement de cheminée. Le plus important n’était pas la demeure en elle-même mais la personne assise sur un fauteuil à bascules sur le palier devant l’entrée.

« Elen, comment est-ce que tu te portes aujourd’hui ? Je suis de retour pour une journée ou deux. Bon … Elle est là, j’imagine, non ? »

Difficile de faire réellement la conversation avec la jeune femme aux cheveux blonds. Celle-ci avait son regard perdu au loin, ayant pourtant relevé la tête pour sourire à Manelena. Aucun son ne sortit de ses lèvres, comme si elle était devenue muette depuis tout ce temps. Ses mains posées sur son ventre, il était maintenant un peu plus gonflé après ces derniers mois.

« Selphar ? Tu peux te promener dans les environs ou rester auprès d’elle. »

Le cheval bicéphale était vraiment une créature intelligente. Elle avait l’impression qu’il la comprenait parfaitement. C’était tant mieux, ça permettait d’établir une relation durable. La compréhension de l’autre … dire que cela lui avait fait défaut dans le passé. Elle continua de regarder Elen, les yeux bleus de la jeune femme posés sur elle.

« Essaies vraiment d’aller mieux … surtout pour ce qui t’attends. C’est la dernière preuve qu’il était tout pour toi. Tu ne voudrais pas la gâcher, n’est-ce pas ? »

Aucune réponse, encore une fois. La monarque de Shunter poussa un profond soupir avant de se mettre en route. Bon, ce n’était pas tout ça mais … elle avait une autre personne à aller voir. S’approchant de la porte, elle finit par toquer avant de dire d’une voix calme :

« Madame Vanian ? Madame Vanian ? C’est Manelena. Je suis là pour … »

« Rentres donc, Manelena ! Tu sais bien que tu es toujours la bienvenue ! A part toi, il n’y a guère personne qui peut se présenter chez nous. »

Le fait qu’elle était aussi polie avec la mère de Tery n’était pas si anodin que ça. Une part d’elle respectait cette femme qui avait élevé son fils en quittant tout le reste.

Elle pénétra à l’intérieur de la cabane en bois, ne pouvant qu’apprécier l’entretien apporté spécialement à cet endroit. Pourquoi vivre ici, n’est-ce pas ? Pour une raison qui ne concernait que peu de gens dont les trois femmes présentes ici actuellement. En voyant le visage souriant de celle qui avait donné naissance à Tery, Manelena se sentit plus soulagée, sans pour autant pouvoir expliquer correctement pourquoi.

« Bonjour à toi, Manelena. Comment te portes-tu ? Si tu viens ici, c’est pour prendre de nos nouvelles ? C’est bien aimable à toi malgré le fait que tu sois la reine de Shunter. »

« Vous êtes bien la seule à me tutoyer sans que cela ne vous dérange, madame Vanian. Si vous pouvez juste éviter de me rappeler mon titre quand je suis ici, je vous en remercierais infiniment. J’ai … besoin de souffler un peu. »

« Alors souffles-donc. Qu’est-ce qui t’emmène de beau ici ? Nous n’avons pas encore de soucis de nourritures ou autres commodités pour la journée. »

« C’est bien parce que j’ai des nouvelles à vous apporter …  même si elles sont brèves. »

La femme qui commençait doucement à accuser le poids de son âge arrêta de sourire, vérifiant qu’Elen n’avait pas entendu dehors avant de fermer la porte derrière elle et Manelena. Aussitôt, ses yeux étaient presque en train de foudroyer l’actuelle monarque bien que ce n’était pas envers elle qu’elle était en colère.

« Où est donc ce bougre d’idiot ? Si je l’attrape, je risque de lui faire passer un mauvais quart d’heure et il comprendra que … »

« Je viendrais sûrement terminer votre travail mais pour l’heure, il n’est pas à Shunter. Il se trouve actuellement à Traslord, du moins, sous Traslord. L’un des soldats de Royan a réussi à le voir ainsi qu’Elise. Visiblement, ils sont toujours ensemble. »

« Traslord ? Ce n’est … pas si loin que ça mais quand même … Qu’est-ce que qu’il faisait là-bas ? Est-ce qu’il a pris la parole ? Du moins, il … »

« De ce que Royan a marqué dans sa lettre, il semblerait qu’ils se sont battus avec les soldats de Traslord mais que Tery a préféré en laisser un en vie pour transmettre un message. Je ne sais rien de plus actuellement mais je crois qu’il n’a pas perdu complètement la tête. »

« Alors, qu’est-ce qu’il attend pour revenir avec Elise ?! »

Elle ne pouvait pas avouer à la mère de Tery que c’était la même question qui la taraudait depuis hier. Il était hors de question de montrer encore une faiblesse aux yeux des autres. Restant stoïque et immobile, elle répondit avec le plus grand calme qu’elle pouvait :

« Je ne sais guère à ce sujet. Par contre, il semblerait donc que les souterrains démoniaques soient de véritables dédales. Si je pars de Shunter vers l’une des portes démoniaques, je pourrais peut-être atteindre Traslord et le … »

« N’y pense guère. Tant que tu n’as pas de détails plus concrets, il vaut mieux ne pas prendre de risques inutiles, d’accord ? Et pour … Elen ? Que veux-tu que l’on fasse ? »

Qu’elles fassent ? Hum … C’est vrai. Si une personne devait être mise au courant que Tery était toujours vivant, c’était bien elle. Mais en même temps, là où résidait un problème, c’était dans la réaction d’Elen si elles commençaient à en parler. Si Elen était dans cet état, ce n’était pas dû au hasard mais bien à cause de Tery.

« Peut-être que l’on devrait attendre un peu, comme vous le dites, d’avoir plus d’informaitons à ce sujet. Si j’arrive à avoir un contact avec Tery, je … »

« Que compterais-tu faire à ce moment, Manelena ? » coupa doucement la mère de Tery.

« Je n’en sais … rien du tout. Je n’en ait aucune idée, je dois vous avouer. Qu’est-ce que je devrais faire, selon vous ? J’ai envie de le punir, de lui faire comprendre une bonne fois pour toutes que ce qu’il a fait, il ne pourra plus recommencer et … »

« Si tu veux le tuer, tu peux me le dire ouvertement. Mon fils est mon fils. Avant que mes parents me pardonnent à Omnosmos, je n’avais plus que lui. Ne va pas croire que je vais l’abandonner mais … s’il doit être arrêté d’une manière ou d’une autre, je préfère la perte de l’enfant d’une mère à celle de milliers d’autres. »

« Je … Je … » commença à dire Manelena sans pour autant réussir à laisser échapper les mots de sa bouche. Cette femme … n’avait aucune hésitation à ce que son fils soit tué. Elle ne se voilait pas la face : elle déclarait ouvertement que la perte de son unique enfant la terrasserait mais … si cela devait en sauver des milliers d’autres, elle comprendrait. La demoiselle aux cheveux argentés baissa les yeux, comme prise de honte avant de continuer à dire d’une voix bien plus faible : « Vous … êtes forte, madame Vanian. »

« Allons, Manelena. Disons plutôt que la vie d’une veuve est très difficile et que pour cela, il faut savoir serrer les poings et montrer les crocs. Je ne peux pas me laisser abattre. »

« Je … Tery, je suis sûre qu’il reviendra s’il vou revoyait, vous ou vos parents. Je suis sûre que ça serait de même avec Elen. J’en suis certaine. »

« Oh ? Pourquoi seulement nous quatre ? Tu n’as pas l’impression qu’il manque quelqu’un ? Je ne sais pas … Une certaine personne qui a été seule pendant des années, elle aussi. »

« Tery et moi, nous n’avons pas de relations aussi proches que ça et … »

« Huuuum ? » vint dire la mère de Tery, se rapprochant de quelques pas en direction de Manelena. Celle-ci sentit ses joues légèrement s’empourprer, sans arriver à comprendre la raison derrière ceci. « Je ne suis pas vraiment certaine de pouvoir croire cette réponse. »

« Pourtant, vous devriez. Moi-même et Tery, ce n’est pas ainsi que les choses se font. Je resterai toujours celle qui lui donnait des ordres dans l’armée. »

« A ses yeux ou alors aux tiens ? Car je ne suis pas certaine que dans le premier cas, Tery te voit de la sorte mais bon … Nul n’est plus aveugle que celui qui se cache les yeux. »

Ah non, les phrases philosophiques, elle n’en avait pas besoin maintenant ! Elle détourna le regard, un peu gênée par tout cela avant de se frotter le bras. Oui … Enfin bon … Voilà.

« Est-ce que vous avez besoin de quelque chose ? J’ai ramené une bourse pour faire les achats nécessaires. Elen ne vous pose aucun souci ? Et comment … est-ce que son ventre va ? Elle ne fait pas trop la difficile pour se nourrir ou autre ? »

« Nullement. Elle réagit toujours aussi peu mais écoute ce que l’on dit et à partir de là, il n’est pas trop difficile de se faire comprendre. C’est une bonne chose en un sens mais … »

« Oui, je vois parfaitement de quoi vous voulez parler. Le mieux serait qu’elle prenne la parole ou du moins, qu’elle retrouve un peu de volonté de vivre. Elle me fait plus penser à une poupée qu’autre chose. »

« De plus, sans la présence de Sérest et Séran, ce couple qui se prétend être ses parents, je … »

« Il y a de fortes chances que ça soit réellement le cas même si j’avoue que cela dépasse ma compréhension et que j’ai du ma à tout saisir par rapport à cette histoire. Mais … Oui, ce sont bien ses parents, j’en suis sûre et certaine. »

« Si tu le dis, Manelena, je ne peux que te faire confiance. Bon, si tu veux bien me suivre, nous allons voire toutes les deux ce dont j’ai besoin pour Elen et moi. »

« Ce n’est pas trop difficile de vivre seule, isolée du reste de la civilisation ? » questionna Manelena alors que la mère de Tery ne faisait que sourire en hochant la tête négativement. Elle avait vécu ainsi pendant de longues années … et elle n’était pas vraiment seule, n’est-ce pas ? Il ne fallait pas oublier la présence d’Elen, même si elle était minime.

Enfin … Elle n’avait pas tort. Difficile de croire que Sérest et Séran étaient les parents d’Elen. Même encore maintenant, plusieurs mois plus tard, elle n’arrivait pas à y croire. Comment pouvait-on espérer apporter du crédit à deux personnes qui … se prétendaient être les réincarnations d’Alzar et Zélisia ? En même temps, cela reviendrait à dire qu’Elen était l’enfant de deux dieux millénaire.
« Des fois … On cherche vraiment à me compliquer l’existence pour pas grand-chose »

Elle se parlait à elle-même alors que madame Vanian était occupée dans les autres pièces, notant mentalement tout ce dont elle avait besoin. Cette femme était cultivée, elle avait du sang noble, elle ne se plaignait pas de sa condition et elle avait accepté aussitôt d’aider Elen quand elle avait le plus besoin.

« Si seulement le monde pouvait être peuplé de personnes comme elles. »

Tout irait beaucoup mieux dans ce dernier alors. Mais voilà, c’était une envie factive, impossible réellement à combler malheureusement. Il ne fallait pas se leurrer, il ne fallait pas ignorer la réalité. Avec les démons qui arrivaient dans chaque royaume, de nouvelles batailles allaient débuter et elle allait devoir …

« Comment se porte le jeune Royan, sinon ? Après tout ce temps … »

« Disons que sa mentalité actuelle n’a pas trop changé malheureusement. Il ne va pas beaucoup mieux à cause de tous ces événements et surtout … celui dont je vous ai parlé. »

« Le fait d’entendre parler à nouveau d’Elise doit l’avoir chamboulé. Elle semblait être une si gentille jeune fille. C’est vraiment étrange comment ce monde peut parfois être si cruel, n’est-ce pas ? Je trouve cela … déplaisant. »

« Vous n’êtes pas la seule à penser de la sorte, je tiens à vous le dire. »

« Je le sais bien … Enfin bon … Voilà ce dont j’ai besoin. S’il le faut, tu peux faire ça en plusieurs fois, n’est-ce pas ? Ne va pas trop brusquer ton cheval et toi-même. »

Pourquoi est-ce que cette femme … se montrait aussi prévenante avec elle ? Elle-même était rustre et violente. Inamicale et agressive. A partir de là, normalement, personne ne cherchait à être sympathique avec elle, n’est-ce pas ? Alors … pourquoi ?

« Je vais voir de mon côté. Ne vous préoccupez pas de ça. »

« Je tiens à me préoccuper autant de toi que je me préoccupes d’Elen et les autres. Vous êtes des proches de Tery, à partir de là, je dois veiller autant sur vous que sur lui … bien que je ne peux plus le faire pour mon fils. »

Une simple phrase suffisait à lui faire comprendre qu’elle souffrait du départ de son fils. Elle cherchait à combler sa tristesse en venant s’occuper des autres, n’est-ce pas ? Ah … Elle pouvait aisément comprendre ça bien qu’elle-même n’y arrivait pas.

« Je reviendrais d’ici quelques heures. Je vais me dépêcher, ne vous inquiétez pas. »

« Je ne m’inquiètes guère à ce sujet, Manelena. Tu es une jeune femme digne de confiance. »

« Et accessoirement reine de Shunter, parfois, je l’oublie moi-même. » répondit la femme aux cheveux argentés avec un faible sourire avant de se mettre sur le départ, rappelant sa monture avant de grimper dessus.

« Bonne chance, reine de Shunter. Que la terre nourricière vous protège. »

Elle devait se retenir d’agrandir son sourire mais de tels propos étaient peu utilisés de nos jours. C’était bien le genre de phrase que dirait de vieilles personnes assises sur un banc, priant pour la sécurité de leurs petits-enfants et autres. Ah ..

« Surveillez bien Elen pendant mon absence. J’ai cette impression qu’elle a entendu une partie de notre conversation, malgré qu’elle n’était pas à côté. »

Oh ? La mère de Tery se tourna vers la jeune femme aux cheveux blonds, celle-ci restant impassible, une main posée sur son ventre, le caressant doucement et de façon machinale, comme un automatisme.

« Et bien … Toute réaction est un progrès qu’il ne faut guère ignorer, n’est-ce pas ? »

La mère de Tery avait posé sa main sur l’épaule d’Elen, celle-ci finissant par relever faiblement son visage, souriant un peu. Avec le temps, les blessures les plus profondes, celles qui n’étaient guère physiques, allaient disparaître. Avec du temps … et de la patience.

2 réflexions sur « Chapitre 17 : Dans un lieu isolé du monde »

  1. Ah oui Elen est vraiment devenue , faible émotionellement , je me demande si elle réagirait violement à la venue de Tery ou elle lui pardonnerait car elle l’aime :$

Répondre à aombre45 Annuler la réponse.