Chapitre 184 : Des alliés et des traîtres

ShiroiRyu
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Chapitre 184 : Des alliés et des traîtres

« Te voilà de retour, Swar. » murmura calmement l’homme aux cheveux blonds toujours en face de l’assistance à laquelle il s’adressait normalement.

« Arrête de draguer Kéran dans ses rêves ! C’est compris ? » commença à s’énerver Katérina alors que la femme aux yeux bleus posait son regard sur elle.

« Je ne fais guère cela. Néanmoins, je lui raconte toute l’histoire, la même que celle que vous entendez normalement de la part d’Hodan. »

« … … … Je m’en contrefous de ça ! Je viens de te mettre en garde, c’est compris ?! »

« Comme je vois que ma présence n’est pas acceptée ici, je ne vais guère rester plus longtemps en ces lieux. » déclara la femme aux cheveux blancs, commençant à se dissiper avant de pénétrer à l’intérieur de Kéran. Cela n’avait duré que quelques minutes mais visiblement, si Katérina avait voulu que Swar ne retourne pas auprès de Kéran, elle s’était largement trompée à ce sujet. Elle s’était lourdement trompée même.

« Putain ! HODAN ! Dès que t’as fini de raconter tes histoires, on va dans le crâne de Kéran et on vire Swar de là ! C’est compris ?! »

« Katérina, il y a des choses plus importantes que ta jalousie à l’heure actuelle. »

Les paroles d’Hodan furent des plus dures alors qu’il fronçait les sourcils en ciblant la jeune femme. Celle-ci fut légèrement apeurée, se renfrognant un peu avant de croiser les bras au niveau de la poitrine. Visiblement, elle avait été piquée à vif.
Ailleurs, Kéran était toujours assis contre une pierre, les jambes recroquevillées au niveau de son visage alors qu’il avait les yeux fermés. Il était patient et il attendrait le retour de la jeune femme aux cheveux blancs. Elle était déjà là mais ne faisait pas acte de présence envers lui. Se trouvant au sommet de la pierre contre laquelle Kéran était adossé, elle vint s’asseoir dessus, le regardant longuement, attendant de voir ce qu’il allait faire.

« Elle en met du temps … Peut-être qu’elle apprécie quand même plus la compagnie des autres. Ils sont nombreux, plus nombreux que moi. Enfin bon … »

C’était bête … mais à cause de Dumasch, il se sentait mal par rapport à Katérina. Elle semblait complètement subjuguée par la beauté naturelle de l’homme. Peut-être que dans le fond, ils iraient mieux ensemble ? Ou alors, il se trompait lourdement ?

« Kéran ? Je suis de retour. » murmura-t-elle doucement, apparaissant dans le dos de la pierre, étant descendue quelques secondes auparavant.

« AH ! Ne me fait pas peur de la sorte, Elyséa ! Je t’attendais ! »

Il avait crié mais n’avait pas bougé d’un poil. Le regard toujours porté sur l’avant bien qu’il n’avait pas ouvert les yeux, il restait parfaitement immobile, attendant que tout cela se passe. Il ouvrit les yeux pendant un instant puis les referma avant de se lever. Il se présenta en face d’Elyséa, reprenant la parole d’une voix lente :

« Sinon, qu’est-ce que ça a donné ? »

« Tu veux vraiment savoir ? Je peux te laisser deviner. Cela concerne Katérina. » répondit la Darkrai humanisée, Kéran poussant aussitôt un profond soupir.

« C’est bon, j’ai rapidement deviné. Elle ne peut pas s’arrêter donc ? Ne serait-ce qu’un simple instant ? Parfois, elle est … Enfin, c’est comme ça que je l’aime. J’ai accepté ses défauts au moment même où j’ai décidé de l’aimer. »

« Tu as parfaitement raison, Kéran. C’est une bonne mentalité, très bonne même. Mes félicitations … Mais maintenant, si tu le veux bien, on va reprendre mon histoire. Où nous en étions exactement ? A la mort du Dracolosse Blanc ? »

« C’est exact ! Mais ensuite, je ne vois pas de quoi tu peux parler … Enfin, je crois … »

Enfin, il croyait … C’est plus exact. C’est bizarre … Enfin … Avec Elyséa, là, il ne voyait pas du tout où ils allaient en venir tous les deux. Il vint attendre que la femme aille se rasseoir, celle-ci restant de marbre. Puis finalement, sans un mot, il plaça sa tête sur les genoux d’Elyséa, se laissant caresser le crâne avec douceur.

« Ca me fait du bien … Beaucoup de bien même. »

« Tant mieux car c’est le but voulu, Kéran. Je … »

« Tu sais, Elyséa. Si je n’avais pas connu Katérina, je crois que … »

Elle ne lui laissa pas la possibilité de terminer sa phrase, mettant une main sur la bouche du jeune homme pour qu’il se taise. Elle rapprocha son visage du sien, retirant la main qu’elle avait posée sur la bouche. Penchée en avant, elle n’était plus qu’à quelques centimètres de lui.

« Plus un mot … Kéran. Il y a des choses que l’on peut regretter durant toute une vie. »

« … … … Mais regretter, ça voudrait dire que je n’assume pas mes propos et mes pensées. En tant qu’adulte, cela est normal de … »

« Les adultes ne sont pas plus responsables que les enfants, sache-le. C’est là l’erreur la plus commune de ceux qui sont passés à l’âge adulte. Les adultes sont plus mauvais que les enfants car ils ont conscience de l’imbécilité de la majorité de leurs actes. »

« Est-ce que j’ai dit une bêtise ? » demanda-t-il, ayant l’impression de subir la morale de la part d’Elyséa. Ce qui n’était pas normal à ses yeux.

« Hum ? Peut-être Kéran … Peut-être … Si ce n’était pas le cas, tu allais en dire une, tu ne crois pas ? Kéran, je sais parfaitement ce que tu comptais dire et … »

« Est-ce que tu aurais alors peur de cela ? Ce n’est qu’une remarque, rien de plus. Je ne pensais pas à des choses perverses, loin de là. »

« Peur ? Ne te moque donc pas de moi et … »

Sans prévenir, il colla son front contre le sien. Ses yeux en face des siens, il étudiait longuement la femme aux cheveux blancs, celle-ci restant imperturbable. Il aimait bien lui couper la parole … cela lui permettait alors de … enfin non … Il ne savait même pas pourquoi il aimait ça. Quel idiot ! Mais quel idiot !

« Kéran, je n’ai peur de rien et personne, sache-le … d’accord ? »

« J’ai pourtant l’impression que c’est le cas. Enfin … Pas une véritable peur … mais tu ne laisses pas vraiment t’exprimer tes sentiments et … »

« Tu me bloques et me paralyses, Kéran. Je pense t’apprécier mais je n’en connais pas la raison. Pourtant, je n’avais rien de cela auparavant mais depuis que tu as grandi et est devenu un adulte, cela est assez perturbant en soi. Mais j’en ai assez… alors maintenant, je ne veux plus que l’on perde de temps. Installe-toi correctement et … »

Et quoi donc ? Il attendait la suite de la phrase d’Elyséa mais elle n’arriva pas. Qu’est-ce qu’il devait faire ? Il aimait Katérina non ? Mais … Elyséa était devant lui … et malgré sa grande taille, plus grande que lui … sa force imposante … Ses capacités physiques bien supérieures à lui … Il ne savait pas … Il la sentait bien plus fragile qu’on ne pourrait le croire. Avec lenteur, il prit son bras droit, tirant légèrement dessus pour l’emmener jusqu’à lui. Elle se laissa faire, Kéran posant ses mains sur son dos sans pour autant coller son corps contre le sien. La raison était simple, très simple : Il était plus petit qu’elle donc son visage n’était pas vraiment à la même hauteur que le sien. Néanmoins, ce fut Elyséa qui vint le garder contre elle, n’ayant guère d’intimidation sur le fait que le jeune homme ait la tête plongée contre sa poitrine. Elle reprit :

« Je ne sais pas ce qui se passe réellement … Kéran. Mais … J’ai l’impression qu’avec toi, je retrouve quelque chose que j’avais perdu depuis longtemps. Mais en même temps … Je crois que je ne veux pas m’en rappeler. Mais maintenant, ne t’en fait pas. Ce n’est pas grave à mes yeux, loin de là. Kéran ? »

« J’ai … un peu de mal à respirer … Tu … me bloques un peu la respiration. »

« Ce n’est pas grave … Je vais continuer à te parler. Je vais te raconter l’histoire maintenant. Ca sera bien plus simple. Après la mort du Dracolosse Blanc, les dragons furent abasourdis et incapables de se battre. Mais en même temps, nous venions de tuer … »

« Tu venais de tuer, Elyséa. Je préfère que l’on ne cache pas cela. Tu es forte, très forte même.  Et ça, je ne veux pas que l’on l’oublie. »

« Bref … Tout cela pour dire qu’après la mort du Dracolosse Blanc, les dragons étaient déboussolés mais il a fallu que cette gelée verte se mêle encore de cette histoire. Enragée par la défaite de celui qui était le plus fort dans ce monde, elle décida de forcer les autres dragons à ravager avec plus de violence tout ce qui se trouvait autour d’eux. »

« L’enfoiré … Il est vraiment horrible ! Enfin, cette gelée est horrible ! Mais je te comprends parfaitement … Je comprends parfaitement ce que tu veux dire. »

« Et donc … Nous étions perdus. Malgré notre alliance, nos forces commençaient peu à peu à perdre de la puissance. Les dragons semblaient comme galvanisés. Cette gelée est vraiment au-dessus de tout ce que tu as pu voir. »

« Je vois … Je vois où tu veux en venir, Elyséa. Tu peux continuer ? »

« Alors … Nous avons décidé d’avoir recours à des créatures qui étaient quand même capables de tenir tête aux pokémons dragons : les pokémons de métal. Tu les connais déjà, Kéran, n’est-ce pas ? Tu les as rencontrés. »

« C’est le cas. Même s’ils étaient tous possédés. »

« Nous avons compris que si une personne ou un pokémon se faisait posséder par un pokémon spectre ou ténébreux, sa puissance s’en retrouverait dédoublée. C’est pourquoi nous avons alors décidé de … faire que les pokémons de métal soient possédés. »

« HEIN ?! Mais vous êtes fous ! Comment est-ce qu’ils … »

« Ils ont accepté de leurs plein gré. Mais voilà … Avoir une telle puissance peut pervertir une bonne partie des êtres et les pokémons ténébreux et spectraux n’en font pas exception. C’est pourquoi les premiers incidents se firent sentir en même temps que les combats recommençaient les uns après les autres. »

Les premiers incidents ? Qu’est-ce que … Ah oui, bien entendu. Les premiers actes criminels de la part des pokémons possédés. Bien que cela n’était pas de leurs fautes. Bien entendu … Mais il n’avait pas encore tout entendu, il en était sûr. Et en même temps, il avait plutôt chaud et était un peu … excité.

« Euh … Est-ce que je peux quitter ta poitrine, s’il te plaît ? »

« Hum ? Ah … Oui … Tu commences à tremper mon haut avec ta sueur. »

Hein quoi ? Que ? Il retira sa tête, regardant la poitrine d’Elyséa avant de rougir violemment. C’est vrai que là … Euh … Enfin … Il valait mieux … Il fit un demi-tour sur lui-même, essayant de penser à autre chose. Cela n’avait été que de petits morceaux de chair transparents, pas la globalité des seins mais … C’était suffisant pour le mettre en émoi. Il était faible comme homme, très faible même.

« Kéran … Est-ce que par hasard, mon corps t’exciterait ? »

« Je crois que le froid même dans un rêve est problématique. Enfin … Je crois, je n’en suis pas si sûr que … Et ensuite, je … »

« Cela doit être le froid aussi … de mon côté. Kéran, il vaut mieux que nous ne nous regardons plus tous les deux. Du moins, jusqu’à ce que nous soyons plus calmes. »

Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Il se retourna avant même qu’elle ne soit plus de face. AH ! Euh … A travers le tissu trempé et même si ce n’était pas à ce niveau, il voyait parfaitement que … Enfin, l’excuse du froid … ET ZUT ! QU’EST-CE QUI LUI PRENAIT ?! Pourquoi est-ce qu’il réagissait ainsi ? POURQUOI ?

« Les combats continuaient sans cesse, sans jamais s’interrompre. »

« Hein quoi ? AH ! Tu as repris l’histoire ? Je peux … enfin m’asseoir contre un rocher ? »

« Fais donc … Je fais de même mais nous ne nous regardons pas. »

Elle disait cela alors qu’il s’exécutait. Peut-être que oui ? Ca serait la meilleure solution pour eux deux. Enfin … A ses yeux. Il vint s’installer contre un rocher mais du côté extérieur au cercle de pierres, ainsi, il était sûr de ne pas la voir.

« Mais peu à peu, grâce à l’aide des pokémons métalliques, nous avons fini par reprendre le dessus. Encore une fois … Encore une fois … Et cette gelée n’était plus qu’un mauvais souvenir ou presque. Je pense qu’il faut t’en dire encore plus à ce sujet. »

« Peut-être que tu préférais le vivre ? Le vivre en direct ? »

« Hein ? Tu es sûre de cela ? Je croyais que tu n’aimais pas parler de ton passé. » bredouilla Kéran, étonné de la proposition de la femme aux cheveux blancs.

« Cela est un cas assez spécial qui mérite que tu le vois … Je ne veux pas en parler sans que tu ne comprennes ce qui s’est passé. »

« Je … Enfin … D’accord … Est-ce que tu veux mon haut, Elyséa ? Comme ça, il n’y a plus de problèmes pour la tenue et … »

« Kéran … Je vais te montrer les derniers instants de ma vie. »

QUOI ?! Il se redressa aussitôt, se retournant avant de sursauter. Elyséa était à quelques centimètres de lui, le visage neutre et impassible. Elle venait de dire quoi ? Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Il n’avait quand même pas mal entendu non ?

« Je … Elyséa … Tu veux me montrer ta … »

« Mort ? Pour le bien de ta compréhension, cela est nécessaire, oui. »

Le bien de sa compréhension était justement un bien grand mot. Il la regarda avec appréhension, ne sachant pas réellement s’il devait l’écouter ou non. Mais elle lui prit la main et tout le décor devint noir autour d’eux. Noir … avant de devenir une zone qu’il connaissait bien … Puisque c’était celle où, d’habitude, ils allaient s’entraîner.

« Cette fois-ci, nous allons voir … mes derniers moments. »

« … … … Elyséa, je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure chose qui soit. »

Mais elle ne répondit pas. Alors … Il prit sa main plus fortement, la serrant en croisant ses doigts avec les siens. Déjà … Il se sentait un peu défaillir. Assister à une mort … d’une personne proche. Il ne voulait pas … Mais assister à sa propre mort ? Il ne savait pas comment Elyséa allait réagir mais il serait à ses côtés au cas où. Car il ne voulait pas que cela la brise … même si elle semblait déjà préparée au pire.

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