Chapitre 183 : Une cheffe peu commune

ShiroiRyu
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Chapitre 183 : Une cheffe peu commune

« ELYSEA ! VRAIMENT ! »

Le jeune homme aux cheveux gris était debout, les bras croisés, vraiment en colère. Il se trouvait au beau milieu d’un domaine de pierre, semblant en colère alors que de derrière une pierre de forte taille, une voix féminine murmurait :

« Oui ? Que se passe-t-il, Kéran ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« TU LE SAIS PARFAITEMENT ! Ne te moque pas de moi ! Je déteste ça ! » cria une nouvelle fois le jeune homme aux cheveux gris alors que finalement, elle apparaissait de derrière la pierre. Simplement vêtue d’un pantalon de toile noir et d’un marcel de couleur blanc qui serrait un peu trop sa poitrine, elle reprit :

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Est-ce que tu veux t’exprimer plus ? S’il te plaît ? »

« … … … Arrête de te moquer de moi ! Je suis vraiment sérieux sur ce coup ! Elyséa ! Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?! Hein ? Pourquoi ?! »

« Car je n’avais pas envie que tu vois ma forme de pokémon. Où est donc le problème ? »

… … … Elle se moquait de lui, ce n’était pas possible autrement ! Elle ne voulait pas le problème ? Mais lui le voyait parfaitement ! Il voyait parfaitement le problème contrairement à elle ! Pourquoi est-ce qu’elle ne comprenait pas qu’il aurait voulu en savoir plus ?!

« Et pourquoi tu ne voulais pas que je te vois sous cette forme ? »

« Car tu m’as toujours vue en tant qu’humaine … Alors … Si tu commences à me considérer comme une pokémon et non comme une humaine, je … »

« Euh … Enfin, Elyséa, qu’est-ce qui vous prend à toi et à Dumasch ? Enfin, je … Je vous trouve un peu bizarre depuis ce matin. Et puis, maintenant, à cause de toi, je ne saurais pas du tout ce qui va se passer. Je ne connaitrai pas cette histoire et … »

« Si tu veux, je peux te la raconter ici … en privé. »

Drôle de proposition de la part d’Elyséa mais … Elle était sérieuse, vraiment sérieuse même. C’était assez étonnant de sa part mais il ne pouvait pas refuser cela. Enfin … Pourquoi en privé et pas devant tout le monde ? Il pensait que …

« Pourquoi est-ce que tu ne me laisses pas me réveiller plutôt ? Ça serait mieux non ? »

« Tu semblais un peu anxieux et sur les nerfs à cause de l’apparition d’Hokan sous sa forme humanoïde. Comme je te l’ai dit, il n’y a rien entre lui et moi. »

« Pourquoi est-ce que tu me répètes cela ? Je le savais parfaitement … Enfin … Tu ne fais que me le répéter depuis le début. Je crois que j’ai bien compris. »

« Tu poses beaucoup de questions mais est-ce que tu veux des réponses ? »

Il allait réplique que oui mais … La phrase qu’elle venait de dire avait une connotation différente. Elle vint s’asseoir contre un rocher, tendant bien ses jambes comme pour inviter Kéran à s’y installer. Avec lenteur, le jeune homme accepta, posant sa tête.

« Qu’est-ce que tu veux … réellement, Elyséa ? Je … ne comprends pas vraiment. »

« Je ne sais pas ce que je veux aussi … Ainsi, nous sommes deux à être plongés dans l’incompréhension, j’en suis vraiment désolée … si tu attendais quelque chose. »

Ah … Oui … D’accord. Ca n’expliquait pas grand-chose mais bon … Il préférait ne pas faire de remarque envers la jeune femme aux cheveux blancs. Il resta imperturbable tandis qu’Elyséa faisait de même. Pendant plusieurs minutes, rien ne se fit entendre, rien du tout. Seulement le silence présent autour d’eux … rien d’autre. Finalement, Elyséa vint le briser, disant d’une voix neutre :

« Hokan est quelqu’un d’assez spécial si tu veux tout savoir. Mais … Il était humain, comme nous tous, voilà tout. Mais aussi un enfant … Et un enfant a besoin d’un père ou d’une mère. Pour Hokan et Hyathéna, l’unique parent qu’ils avaient … était un Dracolosse de couleur blanche. Vraiment exceptionnel … Et il était possédé lui aussi. »

« Mais s’il était possédé, est-ce qu’Hokan et Hyathéna l’étaient aussi ? »

« Non … Eux … Bizarrement, cette gelée infecte ne semblait pas vouloir posséder les deux enfants. Mais ce n’est pas tout … Ce Dracolosse blanc était considéré comme le plus puissant dragon au monde … mais aussi celui qui était le plus possédé. »

« Mais comment ont-ils survécu avec les dragons possédés ? »

« Je ne sais guère comment. Peut-être qu’ils restaient une parcelle … d’humanité chez les pokémons ? Dis comme cela, ça semble stupide et pourtant, je sais que tu comprends où je veux en venir, n’est-ce pas, Kéran ? »

« Bien entendu … Bien entendu … Enfin … Oui … Et ensuite ? »

« Ensuite ? Hum … Je vais tout te raconter plus exactement. Installe-toi correctement. »

Il ne l’était pas déjà sur les genoux de la femme aux cheveux blancs ? Pour elle, visiblement, ce n’était pas le cas. Elle prit son visage entre ses deux mains pour que sa tête soit posée correctement sur ses genoux … mais aussi contre le ventre d’Elyséa.

« Est-ce que ça te convient mieux comme ça, Elyséa ? »

« Ne dit pas cela comme si c’était toi qui avait fait ainsi, Kéran. Mais oui … Cela me semble plus convenable. Où en étais-je donc ? »

« Bref, tu as pu savoir d’où provenaient Hokan et Hyathéna. Peut-être devrai-je maintenant parler de moi, non ? Ca ne serait pas une bonne idée ? »

« Parler de toi est toujours une excellente idée. »

Elle lui donna une petite pichenette sur le nez, lui arrachant un petit cri de douleur alors qu’elle murmurait qu’il était un parfait imbécile de parler de la sorte. Ça ne marchait pas comme ça avec elle, il devrait le savoir pourtant, n’est-ce pas ?

« Tu en sais déjà tellement à mon sujet. Mais quand même … Pourquoi est-ce que je te parle tellement de moi ? Pourquoi est-ce que je vais jusqu’à discuter avec toi dans tes rêves ? »

« Car tu m’aimes bien ? » répondit le jeune homme, cherchant à rigoler, Elyséa murmurant :

« Si je te haïssais après plus de dix ans à posséder ton corps, cela serait problématique et … »

« Enfin, c’est pareil pour moi, tu sais hein ? Si j’avais décidé de te haïr, je l’aurai fait bien avant … Mais je ne peux pas te haïr, pas du tout. Si je suis en vie, c’est grâce à toi et à personne d’autre. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas. Voilà tout … »

« … … … Kéran. Merci pour tout. » souffla Elyséa, penchant sa tête en avant pour l’embrasser doucement sur le front, comme on le ferait à un enfant.

Hey hey hey ! Il n’avait rien contre ça ! Mais bon, maintenant, il faudrait qu’elle continue à parler, n’est-ce pas ? Car elle avait surement beaucoup à lui dire, il en était sûr et certain ! Mais bon … Il ne faisait que patienter et visiblement, elle aussi. Elle passa une main dans ses cheveux, les caressant tendrement. Ils pouvaient patienter et …

« Dis … Est-ce que tu crois que c’est considéré comme une trahison ? De me laisser caresser les cheveux par une autre femme que Katérina ? Sachant que je suis sur les genoux de cette femme justement et que je … »

« Que cela gêne Katérina est le dernier de mes soucis. Ce n’est pas la première fois que je le fais, ça ne sera pas la dernière fois. Avant même que tu ne la connaisses, je le faisais déjà. »

« Hein ? Mais comment est-ce possible ? Je ne savais même pas que j’étais possédé ! » dit le jeune homme, se relevant un peu alors qu’elle restait imperturbable.

« Et ? Tu ne crois pas que … Non. Rien du tout. Ce n’est pas important. »

« Tu en as déjà trop dit ! Maintenant, parle, Elyséa ! »

Il avait arrêté de rester sur ses genoux, la regardant en attendant qu’elle lui réponde. Elle savait quelque chose ou alors, il y avait autre chose ! Mais quoi donc ? Qu’elle parle ! La jeune femme le fixa pendant quelques secondes, soufflant :

« Kéran … Quand tu étais enfant, tu ne faisais pas de cauchemars, tu crois ? »

« Si … Ca m’arrivait souvent. Enfin, je ne m’en rappelais que très peu mais avec la mort de mes parents, qui ne ferait pas de cauchemars hein ? Mais en même temps, bizarrement, ça se passait bien mieux quand je me réveillais. Il y avait Sélia à mes côtés et en même temps, mes rêves n’étaient pas si obscurs que ça et … Attends, un peu … Tu veux dire que si je dormais plus paisiblement que prévu, c’était … Elyséa, c’était grâce à toi ? Mais quand même, je … Enfin, Elyséa ! Qu’est-ce que tu n’as pas fait pour moi ?! »

Sans prévenir, il se jeta sur elle, la femme se cognant contre le rocher alors qu’il venait l’enlacer tendrement, très tendrement même. Elle resta imperturbable, du moins, autant qu’elle pouvait l’être alors qu’il continuait de la garder contre lui.

« Ce que je n’ai pas fait pour toi ? Tellement de choses … Kéran … Tellement. »

« Mais tu en as déjà fait trop. »

Peut-être ? Elle ne savait pas. Elle ne s’était pas posé la question alors que le jeune homme restait sur elle. Dans cette position, c’était assez gênant, très gênant même. D’ailleurs, il s’était mis à rougir faiblement à cause de cela.

« Euh … Je vais me pousser, ça sera bien mieux. »

« Je pense que ça sera mieux, oui, Kéran. Si tu veux que je reprenne l’histoire. »

Il vint se placer à côté d’elle, attendant qu’elle raconte ce qui s’était passé. A force de parler de tout et de rien, il faisait n’importe quoi et il n’avait pas la suite de l’histoire. Il attendit qu’elle reprenne, chose qui arriva après quelques secondes.

« Kéran … Donc je disais … Enfin, tu connais une partie de mon passé, n’est-ce pas ? »

« Je sais aussi que tu t’entrainais comme une dingue et que tu étais du genre solitaire. C’est bien ça non ? Ou alors, je me suis trompé sur ton compte ? »

« … … … Disons que tu ne modères pas tes propos, ce qui est assez embêtant en un sens. »

« Hey … Je ne fais que dire ce que je vois … Mais je me tais ! Reprends la parole ! » répondit le jeune homme, faisant un geste pour sceller ses lèvres.

« Hum … Je l’espère. Soit … En quelque sorte, tu as remarqué que j’étais douée au combat, n’est-ce pas ? Tout cela m’a ouvert des « portes », si on peut dire. »

Des portes ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Il attendit qu’elle reprenne la parole, chose qui arriva peu de temps après alors qu’il l’écoutait attentivement :

« Dès ma majorité, quelques temps après, je fus celle qui dirigeait les humains pendant cette bataille contre les pokémons dragons. Tu imagines le poids des responsabilités ? A dix-huit, j’étais déjà celle sur qui le monde entier comptait dessus. »

« … … … Une héroïne. Je suis possédé par une héroïne. Mais en même temps, je commence à comprendre pourquoi tu as donc ce caractère. »

« Ça veut dire quoi ça, Kéran ? » répliqua la femme aux yeux bleus en le regardant avec intensité. HEY ! Il avait rien dit de mal normalement !

« Que je comprends que souvent, tu préférais être seule et isolée. Tu avais besoin de cela, que l’on te laisse tranquille. Je comprends parfaitement … Enfin, à force, je trouve que ça te correspondait plutôt bien, Elyséa. Vraiment très bien, oui … »

« Si tu veux tout savoir, c’est à partir de là que … Enfin … Grâce à … Comment je pourrai te le dire … Je ne sais pas vraiment. »

Elle ne savait pas vraiment quoi ? Elle n’arrivait pas à trouver ces mots ? C’était étonnant de la part de la femme aux cheveux blancs mais bon, il attendrait. Rien n’était pressant pour le moment. Qu’elle cherche ce qu’elle avait à dire et il l’écouterait.

« Ah … Oui … Je m’en rappelle maintenant. Je sais ce qui s’est passé à ce moment-là. Je te parlais de la guerre entre les dragons et l’alliance formée par les humains et les pokémons. A ce moment, nous ne savions pas qu’ils étaient possédés. »

« Et qu’est-ce que vous avez fait alors ? Enfin … Tu parles comme si tu avais … »

« J’ai combattu le Dracolosse Blanc … Et j’ai réussi à le battre mais à un prix des plus horribles : je l’ai tué en visant Hokan. Le Dracolosse Blanc a fini par se sacrifier en défendant le jeune homme. Je le considérais comme un ennemi, je les considérais comme des monstres sanguinaires. Mais tu vois … C’est à ce moment précis que j’ai compris que quelque chose clochait avec eux … lorsque j’ai vu qu’il n’y avait pas que du sang qui s’écoulait de son corps. Et puis … Maintenant, je me dis que dans le fond, le Dracolosse Blanc, bien que possédé, a réussi à surpasser cette gelée … qui le possédait. »

« Je vois … Est-ce que tu t’en veux aujourd’hui, Elyséa ? »

« M’en vouloir ? Je m’en veux toujours … J’ai éliminé le père de deux enfants. Tu sais … Combattre et tuer, je ne le fais pas par plaisir. Je n’ai jamais voulu cela. »

« Ne t’en fait pas … Je comprends parfaitement ce que tu veux dire, Elyséa. »

Mais il voyait la mine déconfite et triste de la femme aux yeux bleus. Il tapota doucement le sommet du crâne d’Elyséa, celle-ci soufflant :

« Kéran … Je n’ai jamais voulu que tu mettes à combattre. Ce n’était pas une vie de la sorte que je voyais pour toi. Mais plus tu grandissais, plus tu allais te joindre aux missions de Sélia. Et plus je me disais que … tu allais devenir comme moi. »

« Et ? Où est le problème ? Est-ce que c’est une mauvaise chose ? »

« Arrête tes idioties, je suis sérieuse, Kéran. Je ne veux pas que tu deviennes comme moi, pas de la même façon … Pas de cette façon, je suis vraiment désolée mais … »

« Je suis le seul à décider de qui je dois prendre comme modèle ou non. Si je veux suivre tes pas, je le ferais … et pour l’heure, mon modèle principal est à côté de moi. »

« Je ne répondrai même pas à cela. »

Pas du tout. Elle ferma les yeux, cherchant le prochain pan de l’histoire qu’elle allait lui raconter. Elle murmura qu’elle allait revenir d’ici quelques minutes, disparaissant du rêve de Kéran qui restait au beau milieu du cercle de pierres, seul. Où était donc parti Elyséa ? Peut-être aller voir où en était Dumasch avec les autres.

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