Chapitre 192 : Mémoire effacée

ShiroiRyu
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Chapitre 192 : Mémoire effacée

« Alors … Qu’est-ce que tu veux savoir au sujet de cette épée, Kéran ? »

Les deux personnes étaient assises par terre, au beau milieu d’un cercle de pierres, comme celui du précédent rêve. Au milieu d’elles, les deux lames étaient plantées, jumelles mais pourtant différentes. L’une comme l’autre émanait une aura glacée et froide.

« Comment est-ce que tu l’as obtenue ? A partir de là, on pourra remonter plus haut. »

« Hum ? Je ne sais plus … Enfin, je ne crois pas savoir … mais je sais que j’avais une épée avant celle-ci. Attends un petit peu, ça va me revenir. »

Ca allait la revenir ? Tant mieux ! Car pour l’heure, il ne savait rien du tout par rapport à ce qui se passait ! Et ça ne lui plaisait pas vraiment tiens ! Cette épée était la clé qui gardait les secrets … des derniers secrets de Swar !

« Voilà … Cette épée a été forgée avec les crocs du Dracolosse Blanc ! C’est pour cela qu’elle était capable d’abattre les dragons aussi facilement ! »

Une épée capable de battre les pokémons dragons aussi facilement ? C’était donc ça ? Comme il était dans son rêve, il pouvait récupérer l’épée sans aucun problème, la faisant tournoyer sur elle-même tout en la regardant pendant quelques secondes.

« Bizarre … Enfin … Bizarre … Mais un pokémon dragon ne doit pas produire de la glace, non ? Et puis … Je ne savais pas que tu étais capable de créer des épées. Tu es forgeronne ? »

« For … ge … ronne, » murmura la jeune femme avec appréhension.

Qu’est-ce qu’il y avait ? Elle s’était mise assise, tenant maintenant sa propre épée comme pour l’étudier longuement. Il y avait quelque chose de bizarre … Quelque chose qui la bloquait mais elle ne savait pas quoi exactement. Qu’est-ce que cela voulait dire exactement ? Qu’est-ce qu’elle devait faire exactement ? Hein ? Avec son arme ? Forgeronne ? Elle ? Non … Elle ne l’avait jamais été.

« Je n’ai jamais forgé d’arme … Kéran. »

« Alors qui aurait pu t’en faire une ? Si cette personne a réussi à forger une arme à partir des crocs du Dracolosse Blanc, elle devait être exceptionnelle. »

« Exceptionnelle … Oui … Elle l’était … Je crois. »

Elle croyait ? Qu’est-ce qui clochait avec elle ? Il s’approcha d’Elyséa, posant une main sur elle au niveau de son front. Elle était un peu chaude … comme une certaine fièvre. Cette épée … Cette forgeronne … Enfin … Non …

« Cette personne qui a forgé ton épée, est-ce que tu la connais, Elyséa ? Car tu dois surement la connaître, elle doit être vraiment puissante, n’est-ce pas ? »

« Je crois oui … Elle était … exceptionnelle, je crois. »

« Tu crois ? Mais qu’est-ce qui se passe avec toi ? Regarde-moi un peu. »

« Cette épée est vraiment importante, très importante … C’est … mon souvenir. »

Ohla ! Elle n’allait vraiment pas bien là ! Elyséa n’allait pas bien du tout ! La jeune femme était en train de caresser l’arme de sa joue, la frottant longuement de haut en bas sans pour autant s’entailler. Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle était devenue folle ?

« Hey hey hey ! Elyséa ! Réveille-toi ! Elyséa ! »

Il claqua des doigts, cherchant à la faire réagir mais la femme aux cheveux blancs était comme perdue dans ses souvenirs, frottant sa tête contre l’épée sans même que cela ne la dérange. Finalement, Kéran vint lui donner une claque, légère mais qui laissait toujours un peu de trace sur son passage.

« Ké… Kéran ? » bafouilla la jeune femme, sortant de sa rêverie.


HEY HEY HEY ! Non ! Là, ça ne lui plaisait pas ! Ca ne lui plaisait pas du tout ! Il voyait une larme qui coulait de l’œil gauche d’Elyséa ! Il lui avait fait mal ? QUEL CON ! Il avait frappé Elyséa et elle pleurait ! Aussitôt, il vint l’enlacer, bredouillant :

« Pardon, pardon, Elyséa ! Je ne voulais pas te faire de mal ! Je ne voulais pas ! »

« Tu ne voulais pas quoi ? Qu’est-ce qui te prend ? »

« Je t’ai fait plus mal que je ne le croyais mais tu ne répondais pas ! Tu ne me répondais pas ! Tu regardais l’épée comme si tu étais possédée ! »

Regarder l’épée comme si elle était possédée ? Quelle ineptie était-il en train de raconter ? Ah non … Il était sérieux, vraiment sérieux. Car oui, il tremblait de tout son corps. Avec tendresse, elle vint lui caresser le dos, l’embrassant sur la joue.

« Ce n’est rien, ce n’est pas grave, Kéran. Je ne t’en veux pas. »

« Tu ne comprends pas … Tu ne comprends pas tout ! Tu pleurais ! Toi ! Toi, tu pleurais ! »

« Je suis vivante … dira-t-on. Je peux pleurer comme les autres, tu sais ? »

NON ! Elle ne comprenait pas ! Il ne l’avait jamais vue pleurer avant aujourd’hui ! Même si ce n’était qu’une larme discrète ! Même si ce n’était que ça ! Il ne voulait pas la voir pleurer ! Il ne voulait pas ! Pas du tout même ! Ah … Ah … Elle … Elle … Il ne voulait pas … la voir pleurer … C’est tout. Il ferma les yeux, collant sa tête contre l’épaule d’Elyséa.

« Kéran … Penses à ce que je t’ai dit, n’est-ce pas ? Je ne suis pas une femme parfaite, loin de là. Moi aussi, j’ai mes faiblesses, moi aussi, je peux pleurer, moi aussi, je suis … sans défense en certains moments. Voilà tout … Kéran ? »

« … … Tu étais vraiment bizarre. Je ne sais pas … si c’est bon que tu découvres qui a forgé ton arme. Je veux que tu restes … comme d’habitude. »

« Arrête donc de faire l’enfant. J’ai l’impression que tu profites de la situation. »

Peut-être ? Il ne savait pas vraiment. Mais il ne voulait pas qu’elle ait de problèmes. Cette épée … Qui avait réussi à la forger ? Qui donc ? Car cette personne était problématique. Il sentait qu’elle était celle qui … savait ce qu’était Elyséa réellement.

« Kéran ? Qu’est-ce que j’ai fait exactement avec l’épée ? » demanda doucement Elyséa.

« Tu t’es frottée la joue contre … Ca ressemblait un peu … Enfin … C’était bizarre … Mais cela ressemblait un peu à de la perversité. »

De la perversité ? Elle ? Elle était étonnée mais le jeune homme ne mentait pas. Qu’est-ce que cette épée avait de si spécial dans le fond ? Car pour la mettre dans un tel état, selon les dires de Kéran, c’était quand même … étonnant.

« Kéran, est-ce que tu peux te pousser ? Je veux étudier l’arme. »

NON ! Il en était hors de question ! Sans prévenir, il la poussa pour qu’elle se couche au sol, se retrouvant à quatre pattes au-dessus d’elle. Il aurait pu en profiter … Il aurait pu … puisqu’elle se montrait … si désirable et si faible. Mais elle le regardait avec neutralité … avec ses yeux bleus si neutres. Il avait toujours cette impression que rien ne l’atteignait mais pourtant, il savait que tout cela était possible.

« Tu es même capable de sourire … et de pleurer … Elyséa. »

« Je le sais parfaitement … Pourquoi dis-tu cela alors, Kéran ? »

« Car tu as l’air … si intouchable quand tu me regardes comme ça. » répondit le jeune homme avec lenteur, cherchant des mots qui ne la blesseraient pas.

Des mots qui ne feraient pas de mal … Mais il n’était pas sûr de cela. Avec lenteur, il vint rapprocher son corps de celui d’Elyséa, finissant par se coucher dessus. Comme elle ne portait aucune armure, il n’avait aucun mal, c’était même tout le contraire. Il comprenait Katérina … Il comprenait parfaitement que ce qu’il faisait était un peu mal … mais il n’y avait rien de saugrenu entre lui et Elyséa. C’était exactement ça. Ils étaient … normaux … Ils ne faisaient rien, rien du tout de mauvais.

Enfin … C’est ce qu’il se disait … mais en regardant Elyséa de plus près, il ne pouvait pas nier que … la jeune femme était désirable. Non ! Déjà, elle avait plusieurs siècles, c’était une pokémon et pas une humaine ! Pfff ! Il fit une roulade sur le côté, se redressant alors qu’elle restait couchée au sol. Avec lenteur, elle vint récupérer l’épée.

« Kéran … Celui qui a forgé cette épée … »

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? Celui ? Tu sais qui c’est ? »

« Je ne sais pas … Je ne sais pas du tout en fait. Je tente … mais je n’y arrive pas. Je n’y arrive pas du tout. Je tente de lui donner un visage mais je n’y arrive pas. Tout est si brouillé, je ne comprends pas, je ne comprends pas ! »

Elle s’exclama avant de se rouler au sol, gémissante de douleur sans même qu’il ne puisse y faire quelque chose. Elle hurla soudainement en disant que ça lui faisait atrocement mal au crâne, Kéran venant à sa hauteur.

« CALME-TOI ! ELYSEA ! CALME-TOI ! ELYSEA ELYSEA ! »

« JE NE VEUX PAS ! Je ne veux pas m’en souvenir ! Je ne veux pas ! Je ne veux plus ! Je ne veux plus du tout ! Plus du tout ! Ca ne sert à rien de me souvenir ! Rien du tout ! »

Mais bon sang ! Qu’est-ce qu’il pouvait faire ?! Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour la calmer ? Il vint la prendre par les deux bras, l’empoignant pour tenter de l’immobiliser. Mais rien à faire, elle utilisait toute sa force pour se débattre. Il avait du mal à la garder. Il avait énormément de mal à la garder calme !

« Je ne veux pas être une plaie ! Je ne veux pas revenir ! Il … Il est heureux ! C’est tout ce qui compte ! Je préfère encore disparaître ! »

Il ? Il qui ? De qui est-ce qu’elle parlait ? Il ? Ne pas revenir ? Être heureux ? OHLA ! C’était bien plus grave qu’il ne le pensait ! Bien plus grave même ! Il plaqua violemment Elyséa au sol, n’hésitant pas à utiliser à son tour tout ce qu’il fallait. Coinçant les jambes en les croisant avec les siennes, il serrait Elyséa contre lui.

« ELYSEA ! C’est Kéran ! ELYSEA ! Ecoute ! C’est moi ! KERAN ! »

« J’ai été stupide ! Complètement stupide ! Si j’étais morte, pourquoi j’y croyais encore ?! »

« ELYSEA ! CALME-TOI ! ELYSEA ! »

La femme aux cheveux blancs s’immobilisa subitement, son visage se tournant vers Kéran, ses yeux bleus s’ouvrant en grand, comme surpris. Puis soudainement, elle rapprocha son visage de celui de Kéran, tendant ses lèvres comme pour aller l’embrasser. Néanmoins, à quelques centimètres de lui, alors qu’il sentait son souffle chaud, elle s’immobilisa.

« Ké… ran ? » chuchota-t-elle avec une extrême lenteur.

Elle semblait avoir repris ses esprits mais le jeune homme tremblait de tout son corps, ne sachant pas quoi faire en ce moment. Il vint déglutir, Elyséa se laissant tomber en arrière. Et à nouveau, des larmes vinrent parcourir ses joues, s’écoulant de ses yeux.

« Elyséa ! C’est qui cet homme dont tu parles ?! Tu parlais d’un homme ! »

« JE NE SAIS PAS ! JE NE SAIS PAS DU TOUT ! VOILA TOUT ! JE NE SAIS PAS ! »

« Calme-toi, pardon, Elyséa ! Viens … Je vais essuyer tes joues. »

Essuyer ses joues ? C’est vrai … Kéran vint caresser ses joues, passant ses doigts sur les larmes pour les faire disparaître. Qu’est-ce qui s’était passé avec elle ? Ce n’était pas dans ses habitudes de se comporter de la sorte. Elle s’était perdue … brièvement. Mais elle avait retrouvé ses esprits quand Kéran … s’était rapproché d’elle.

« Kéran … Je crois qu’il faut vraiment … ne plus me déranger avec l’épée. »

« Je crois que c’est la meilleure chose à faire. »

C’était l’unique chose qu’il avait à faire … Car il ne voulait pas faire souffrir Elyséa. Il ne voulait pas la faire souffrir. Il l’aida à se relever, s’excusant pour ce qu’il avait fait, évitant de penser à ce qui aurait pu se passer entre eux deux.

« Merci pour tout, Kéran. Pardon … au sujet de l’épée. »

« Ce n’est pas grave, ce n’est pas de ta faute, hein ? Comment est-ce que tu aurais pu penser à cela, n’est-ce pas ? Hahaha … »

« Je veux me faire pardonner … car je sais que je me suis montrée bien ridicule. »

« Euh ? Hein ? Et comment tu voudrais te faire pardonner ? » dit le jeune homme avec étonnement, Elyséa baissant la tête avant de chuchoter :

« Tu peux me demander ce que tu veux … »

« Alors, je veux que l’on s’entraîne tous les deux ! Et en même temps, je veux que l’on sue comme des bêtes ! Tu vas voir, Elyséa ! »

« Nous … entraîner ? » dit-elle pour être sûr d’avoir bien entendu.

« Bien entendu ! Et on va suer comme des bêtes ! Je crois que tu ne te relèveras pas ! »

« Je ne suis pas sûre que mon épée … soit … » commença à dire Elyséa, Kéran répliquant :

« Arrête de dire des bêtises de la sorte. Auparavant, ça ne te dérangeait pas. Pense plutôt au fait que tu m’entraînes et à rien d’autre, d’accord ? »

Hum … D’accord. Elle allait se concentrer sur cette pensée-là. Et puis, elle pouvait le remercier en faisant ce qu’il demandait. Elle savait pertinemment qu’il avait choisi cela pour qu’elle pense à autre chose que …ce qui s’était passé.
Reprenant l’épée en main, elle la pointa en direction de Kéran, le jeune homme faisant de même avec la sienne. Il se mit en position d’attaque, se jetant en sa direction, faisant plusieurs pas avec zèle.
La femme vint parer le coup avec une certaine aisance, Kéran commençant à en donner plusieurs à la suite, cherchant à faire des coups d’estoc alors qu’Elyséa ne faisait que reculer, remarquant que Kéran se donnait à fond.

« Tu me donnes presque l’impression de vouloir me tuer, Kéran. » dit-elle.

« J’ai dit que tu allais suer comme une bête ! Je tiendrai parole ! Tu vas finir sur les rotules ! » répliqua le jeune homme en rigolant, Elyséa faisant un léger sourire. Il fallait faire attention à ne pas être trop prétentieux … oh que non. Sinon, il risquerait d’être surpris.

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