Chapitre 2 : Refus de le voir partir

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : Refus de le voir partir

« Olistar ! Olistar ! Je peux savoir ce que tu as décidé de faire ?! »

« Oh ? Tu es là ? On t’a déjà mis au courant non ? Je ne devrais pas me répéter. »

« Mais mais mais … T’es super jeune ! C’est juste n’importe quoi ! Pourquoi est-ce qu’ils t’envoient là-bas ? C’est pas normal ! T’as à peine cinq ans ! Peut-etre six ! »

« Car j’ai gagné le tournoi auquel tu as décidé de ne pas participer, c’est tout. Enfin, la mêlée générale, rien de plus, rien de moins. »

« Mais … pourquoi tu as accepté ça ? Est-ce que je dois te rappeler ce que le royaume des insectes a fait aux Rapions et aux Drascores ? Mais surtout à nous ? »


L’enfant aux cheveux violets pose son regard sur l’autre qui lui fait face. Bien plus grand que lui, il doit avoir une dizaine d’années alors que ses cheveux de même couleur sont plaqués sur son visage, une mèche cachant son œil gauche.

« Je me le rappelle parfaitement. C’est pour cela que je vais là-bas. Pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent dans l’avenir. »

« Mais tu n’es … tu n’as que cinq ans ! Juste cinq ans ! Rien de plus ! Rien de moins ! Pourquoi est-ce que tu n’acceptes pas ça ? Ce n’est pas à toi de le faire ! »

Les yeux violets de l’enfant se posent sur celui du garçon plus grand que lui Ils le toisent avec lenteur, comme pour tenter de le cerner avant que l’enfant ne soupire. Il se retourna pour reprendre la route, chuchotant :

« Ma décision est prise. Nul ne pourra m’en empêcher, Novon. »

« Mais tu .. Je vais en parler avec le chef du village. Ça sera bien plus facile de le convaincre que c’est juste complètement stupide et bête ! Un enfant de cinq ans ! »

« Il ne t’écoutera pas. Je pars dans la soirée normalement. »

« RAAAAAAAH ! » s’exclama le Rapion âgé de dix ans alors qu’Olistar haussait les épaules. Novon était son principal ami dans le village. Il fallait dire que tous les deux avaient quelque chose en commun mais … cela, il avait préféré le mettre de côté. Ce n’était pas très intéressant et dans le fond, ça n’aurait mené à rien. Il n’avait plus le temps pour ces sottises.

« Je dois me préparer … quelques affaires. »

Quelques affaires. Rien que cette idée a de quoi faire sourire. Le tout fût facilement mis dans un baluchon alors qu’il quittait sa petite demeure. Près de la sortie du village, il attendait, il attendait, encore et encore. Mais au bout de deux heures, Novon était revenu, en colère.

« Le chef du village et le vénérable n’ont pas voulu m’écouter ! »

« Ce n’est pas étonnant. Tu n’as pas participé à cette mêlée générale. »

« Mais réfléchis un peu, Olistar ! Tu seras loin de tout le monde, loin de moi ! »

« Ce n’est pas comme si j’avais quelqu’un à qui je tiens, Novon, à part toi. »

« Si tu tiens à moi, pourquoi est-ce que tu ne m’écoutes pas ? C’est de la folie ! Aller au royaume des insectes ne te créera que des problèmes, rien de plus ! Ils ne méritent pas que l’on se déplace pour eux ! Il vaut mieux tous les éradiquer ! »

« Tu racontes encore des choses déplaisantes, tu ne t’en rends pas compte. »

« Je m’en rend plus que compte, justement ! C’est pour ça que je tente de t’arrêter ! Pour que tu ne fasses pas de bêtises ! Ils ne nous accepteront jamais et même si la plupart des Rapions veulent la paix, il ne faut pas oublier tout ce qui s’est passé ! »

« Ta haine t’aveugle, Novon. S’il te plaît, laisses-moi tranquille. Je partirais, que tu le veuilles ou non, ma décision est prise et je ne comptes pas revenir en arrière. »

« Tu es un imbécile. Tu ne comprends pas à quel point tu fais souffrir les autres. »

Souffrir les autres ? Il ne s’en rendait jamais compte. Pour lui, rien ne lui importait. Rester dans ce village ne le dérangeait pas … mais en même temps, le quitter non plus. Voilà tout, c’était aussi simple que cela et il ne voyait rien d’autre.

« Maintenant que tu as terminé, est-ce que tu peux partir ? J’attends ceux qui vont m’emmener. Je n’ai pas que … »

« Est-ce que tu pourras au moins essayer de m’écrire de temps à autre ? Que je tentes de te convaincre par les mots puisque je n’y arrive pas avec la parole. »

« Il me faudra apprendre l’écriture donc … oui. »

« Alors bon voyage même si je n’accepte pas que tu partes. » déclara finalement le Rapion avant de s’éloigner sans plus de conversation entre eux.

C’est fini ? Il abandonnait enfin ? Le garçon poussa un soupir, fermant les yeux. Il commençait à avoir froid. Pourtant, il ne dormait pas. Quelques heures passèrent et enfin, on chercha à le réveiller mais dès l’instant où la main s’approcha, ses yeux s’ouvrirent :

« Nous pouvons y aller dès maintenant, je vous attendais. »

« Tu es bien pressé. Tu sais que ce voyage sera très long ? Peut-être d’un ou deux mois ? »

« Je le sais, le vénérable m’a prévenu à ce sujet. »

« Et tu n’as que ça comme objets personnels à prendre? » demanda l’un des Drascores en regardant le baluchon avec étonnement. « Tu sais que tu risques de partir pour quelques années hein ? Tu reverras personne. »

« Ce n’est pas grave. Est-ce que nous pouvons y aller dès maintenant ? »

« Tu es bien pressé … rien ne t’oblige à aller aussi vite. »

Pourtant, l’enfant prend les devants par rapport aux deux Drascores. Ce n’est même pas de l’entrain qui est peint sur son visage, rien du tout. Il avance juste plus vite que les deux hommes qui se mettent en route.

Ils marchèrent, marchèrent, marchèrent … et cela sans interruption. L’enfant aux cheveux violets ne semblait pas vouloir s’arrêter et ce furent les deux adultes qui demandèrent une pause, reprenant leur souffle tout en disant :

« Hey mais t’es … intenable en fait, non ? »

« Pourquoi dites-vous cela ? Nous n’avons fait qu’une partie du voyage. »

« Qu’une partie du voyage, oui. Nous sommes loin, très loin d’être arrivé. Nous devons ménager ton corps, tu n’es qu’un enfant. »

« Je peux encore marcher quelques heures. Je n’ai guère faim aussi. Vous ne devriez pas vous préoccuper trop de ma personne. Je peux encore me déplacer. »

« Mais pas nous. Laisses-nous souffler une dizaine de minutes, peut-être une heure en fin de compte et nous reprendrons alors la route. »

« Comme vous le désirez. » déclara l’enfant avant de chercher un rocher. Il s’y installe derrière, en plein ombre avant de fermer les yeux, bras croisés. Il semblait s’être endormi bien rapidement car au bout de cinq minutes, son corps se soulève légèrement.

« J’y crois pas. Il fanfaronne mais c’est le premier qui s’endort. »

« Ca reste un enfant hein ? Bon, par contre, les prochaines fois, faudra le forcer à faire une pause. Sinon, il ne tiendra jamais ces prochaines semaines. »

« Quand même, quelle idée que de prendre un enfant aussi jeune Je sais bien que … »

Le premier Drascore intima au second de fermer la bouche et de ne rien dire. Difficile d’ignorer que l’enfant ne dormait pas. Il avait légèrement tressaillit en attendant la suite de la conversation, chose qui n’arrive pas.

Quelques heures plus tard, les revoilà en route. Cette fois-ci, l’enfant avait décidé de rester non-loin des deux adultes. Ces derniers n’avaient aucun problème à le nourrir et le faire boire, lui montrant comment s’abreuver par rapport aux Cactus. Il n’avait fallut que quelques minutes pour que l’enfant comprenne exactement faire.

« Mais tu n’es pas un petit prodige par hasard ? Enfin, ça expliquerait pourquoi le vénérable te confie cette mission. » déclara l’un des deux Drascores tandis que le Rapion ne répondit pas, regardant uniquement devant lui comme si de rien n’était. Il ne voulait pas chercher la confrontation et il n’allait pas le faire. Ce mois allait paraître long pour les deux hommes, très longs, surtout que l’enfant n’était pas des plus éloquents ou souriants. Mais voilà, cela avait toujours été ainsi depuis des années.

« Nou y voilà ! Les portes du royaume des insectes ! Nous avons normalement prévenu par un Ninjask que nous arrivions ! Tu as bien tenu le coup. Par contre, lorsque tu seras là-bas, essaies alors de manger un peu, ça te fera du bien. Tu es chétif et ridicule. »

« Je verrais cela … tant que je reste en pleine forme. »

« Allez, bonne route et ne t’en fait pas, des Ninjasks nous font réceptionner les lettres que tu nous envois et inversement. Malgré la haine et le dégoût du royaume des insectes envers notre peuple et inversement, les Ninjasks sont toujours là pour transmettre le courrier. »

S’ils le disaient. Il les regarda partir sans aucune parole, haussant simplement les épaules alors qu’il se dirigerait vers les deux gardes. Ouvrant son baluchon, il en sortit un bout de papier, portant le sceau royal : un petit visage souriant avec un triangle rouge sur le haut intérieur du visage. Le tout était entouré par un hexagone.

« C’est donc toi le futur ambassadeur des Rapions et des Drascores ? Ben bon sang, ils les prennent au berceau. Suis-nous, on va t’emmener jusqu’à la Reine Seiry. »

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