Chapitre 226 : Pourquoi

ShiroiRyu
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Dixième axe : Comment s’aimer ?

Chapitre 226 : Pourquoi

« Où est-ce que je suis ? »

Ce fut ses premières paroles alors qu’il ouvrait les yeux, remarquant le plafond de bois. Il était dans une chambre … Et il était dans un lit. Le jeune homme aux cheveux blancs-gris se releva, remarquant juste au dernier moment une fumée noire qui vint s’insinuer en lui.

« Elyséa ? Qu’est-ce que … Pourquoi est-ce que tu étais hors de moi ? » demanda Kéran avec lenteur alors qu’elle lui murmurait faiblement :

« Pour te surveiller. Voilà tout. Rien d’autre. »

« Où est-ce que je suis ? Tu peux me l’expliquer ? J’ai l’impression d’avoir sauté une étape et ce n’est pas vraiment ce que j’appellerai une bonne chose. »

« Je pense qu’elle t’expliquera par elle-même. »

Qui elle ? Il tenta de se remémorer exactement ce qui s’est passé. Il poussa un petit cri de surprise. ELLE ! Il s’en rappelait maintenant ! Il savait ce qui s’est passé ! MAIS POURQUOI ?! COMMENT ?! Il … Il devait partir maintenant !

« On s’en va, Elyséa. On n’a pas une minute à perdre ici. Katérina et Loa doivent se faire du souci pour moi ! Il faut que l’on retourne là-bas ! »

« Je ne crois pas qu’elle te laissera le choix, Kéran. »

Hein ? AH ! Elle était déjà là ! Il ne put s’empêcher d’émettre un grognement de mécontentement tout en regardant Sélia. Il était en colère, vraiment en colère même ! A cause d’elle … Tout … Tout ce qui s’était passé.

« Bonjour, Kéran. Tu as vu ? Tes blessures ont déjà disparu, c’est une bonne chose non ? »

« NON ! Ce n’est pas une bonne chose ! Pourquoi est-ce que je suis ici ?! »

« Kéran … Calme-toi, s’il te plaît. » murmura Elyséa en lui, le jeune homme répliquant :

« Me calmer ?! Et pourquoi est-ce que je le ferai ?! Tu as vu ce qu’elle a fait ! Je ne suis pas avec Katérina et Loa ! Je ne vois pas pourquoi je ferai ça ! »

« Pour une fois que tu devrais écouter le pokémon en toi … Je ne te veux aucun mal, c’est tout. Tu dois juste croire ça. D’accord ? Je te le promets. »

« JE NE VEUX AUCUNE PROMESSE ! Tu m’as séparé de Katérina ! » hurla une nouvelle fois Kéran alors qu’il s’était mis à trembler de tout son corps. Elle l’avait séparé de la femme qu’il aimait ! Comment est-ce qu’elle pouvait croire qu’il allait accepter ça ?!

« Kéran … Calme-toi. Seconde fois que je te le dis. »

« NON ! Elyséa ! Je ne me calmerai pas ! Pourquoi est-ce que je me calmerai à cause de toute cette histoire ? Pourquoi est-ce que je le ferai ? Réponds-moi sincèrement alors ! Pourquoi est-ce que je devrai faire une telle chose ? C’est tout simplement absurde et aberrant ! »

« Ça ne l’est pas mais tu es envahi par la colère. »

« Kéran, je vais chercher à manger. Tu dois sûrement avoir faim. »

« Je veux surtout Katérina et Loa. » répliqua le jeune homme aux cheveux gris alors qu’elle lui souriait tendrement, murmurant :

« Ce n’est plus possible, Kéran. Tu le sais bien. Maintenant, nous sommes tous les deux ensemble. Je ne vais pas te laisser t’échapper de sitôt. »

… … … Elle était folle. Sélia était complètement folle ! Elle ne le comprenait donc pas ? Elle ne comprenait donc pas ce qui se passait exactement ? C’était stupide de sa part ! COMPLETEMENT STUPIDE MÊME ! Qu’elle comprenne ça !

Il vint s’asseoir sur le lit, tremblant de tout son corps. Et qu’est-ce qui prenait à Elyséa ? De lui dire ça ? Elle ne comprenait pas la situation ? Elle ne comprenait pas ce qu’il ne voulait pas ? Ce n’était pourtant pas difficile à saisir ! PAS DU TOUT MÊME !

« Kéran … Devrions-nous avoir une discussion tous les deux ? »

« Pas avec quelqu’un qui est du côté de Sélia. Je suis désolé mais non … Je ne veux pas. »

« Je ne suis pas du côté d’une quelconque femme. Je suis seulement à tes côtés et je pense simplement à ce qui est censé te rendre le plus heureux possible, voilà tout. »

« Me rendre heureux ? Et tu crois vraiment que Sélia peut y arriver ? »

« Tu ne lui laisses même pas une chance. Est-ce que tu trouves cela normal, Kéran ? » me demanda la voix au fond de mon corps. Ce n’est pas normal … mais en même temps, elle me retient contre ma volonté, voilà le souci.

« Est-ce que tu trouves cela normal qu’une femme kidnappe un homme contre son gré ? »

« Ce n’est pas normal … dans le sens où généralement, c’est l’inverse. »

« Hahaha … Petite maligne. Tu sais parfaitement de quoi je veux parler. Sois sérieuse ou alors, j’arrête cette conversation avec toi car j’ai l’impression de perdre mon temps. »

« Oh … Je te fais donc perdre ton temps, Kéran ? »

Voilà qu’elle lui laissait l’imaginer. Assise dans le vide noir de ses pensées, il pouvait la voir. Il pouvait la voir balancer ses pieds nonchanalement alors qu’il la regardait. Elle portait son imposante armure noire sur son corps, sauf au niveau de son visage. Est-ce qu’elle avait un casque auparavant ? Pour accompagner le tout ? Drôle de pensée, il devait le reconnaître. Pourquoi est-ce qu’il se questionnait au sujet d’une chose aussi futile ?

« Je porte un casque … Enfin, je portais … Mais je pensais que tu préférais me voir sans, non ? Du moins, voir le visage de ton interlocuteur. »

« C’est vrai … Je pense aussi que c’est la meilleure chose à faire. »

Il vint s’écrouler sur le lit, fermant les yeux. Elyséa … Heureusement, elle était toujours là pour lui. Elle n’était qu’une chimère … qu’une spectre …. Qu’une créature ténébreuse. Une femme morte il y a des siècles de cela.

« Merci de me rappeler mon état, Kéran. Je te rappelle que je peux lire tes pensées. »

« Pardon … Tu sais parfaitement que je ne pensais pas à mal quand je fais une telle chose, d’accord ? Enfin … Merci pour tout. »

Elle lui répondit que ce n’était pas grand-chose alors qu’il replongeait peu à peu dans son sommeil. Est-ce qu’il devait faire la paix avec Sélia ? Chercher à comprendre ce qui clochait avec elle ? Pourquoi ? Pourquoi le ferait-il ? Pourquoi ne le ferait-il pas ?

« Alors ? Tu es prêt à discuter, Kéran ? »

Voilà qu’elle se tenait en face de lui, assise sur le sol. Ils n’étaient pas dans le décor enneigé, loin de là. Ils étaient plutôt dans une zone boisée. Et elle était assise en face d’un tronc d’arbre, rien que ça ! De quoi est-ce qu’elle voulait parler ?

« Discuter ? Au sujet de Sélia ? Je pense que nous nous sommes tout dit, non ? »

« Pas assez à mon goût, mon grand. »

« Du possessif concernant ma personne ? Depuis quand est-ce que tu me parles ainsi ? »

« Oh … Depuis que je trouvais cela plaisant. »


Il vint s’asseoir en face d’elle, le tronc d’arbre entre eux deux alors qu’il la regardait. Rien que le fait de la voir lui suffisait à le calmer. Elle devait s’en douter, n’est-ce pas ? Elle savait parfaitement que cela lui ferait un tel effet. Il en était convaincu maintenant.

« Je ne peux pas pardonner à Sélia ce qu’elle a fait, Elyséa. »

« Sélia t’aime réellement, Kéran. Je pense qu’il faut qu’elle te le dise de vive voix … Mais il faut aussi que tu comprennes que tu dois lui laisser au moins une chance de l’exprimer. »

« Et comment ça ? En couchant avec elle ? Hors de question, je suis fidèle à Katérina, je le resterai jusqu’à ma mort. Je ne laisserai personne d’autre dans ma vie. Sélia est comme une grande sœur et le restera à jamais. Ce sont des choses qui ne changeront jamais. »

« … … … Vraiment, Kéran. » soupira la jeune femme aux cheveux blancs. Pourquoi est-ce qu’elle semblait si triste ? Quand il la regardait ainsi, il avait l’impression qu’elle souffrait de son choix. Est-ce qu’elle voulait tellement qu’il tente sa chance avec Sélia ? Mais … Sélia … Avec ce qu’elle est devenue … Il ne pouvait pas le croire réellement.

Mais son rêve s’arrêta brutalement lorsqu’il fut secoué par Sélia, lui faisant rouvrir les yeux. Il voyait la jeune femme aux cheveux bleus qui lui souriait tendrement, un plateau sur ses genoux. Qu’est-ce que …

« Je t’ai ramené à manger, Kéran. Dis-moi ce que tu en penses hein ? Les gens ne savent pas encore qui je suis réellement … Enfin, je dois me cacher à moitié mais bon … »

« Sélia … Je … Tu as parfaitement compris pourtant ce que je voulais dire depuis le début non ? Alors … Pourquoi est-ce que tu veux continuer avec ça ? »

« Est-ce que tu veux manger un morceau ? Ouvre la bouche. »

Elle ne lui répondait pas et cela l’exaspérait un petit peu. Pourtant, il s’exécuta, se mettant assis alors que Sélia lui donnait déjà un morceau. C’était un croissant, c’est bien ça ? Il entendit le petit rire de la jeune femme aux cheveux bleus alors qu’il avalait le morceau. Elle rigolait … comme si de rien n’était. Comment devait-il prendre cela ?

Il ne savait pas … Il était perdu et perplexe. Mais il avala un second morceau du croissant qu’elle lui tendait, le regardant avec affection. Il devait se calmer … et voir d’une autre façon Sélia. Non pas comme quelqu’un qui avait voulu le retirer des griffes de Katérina, non pas comme quelqu’un qui avait commis des meurtres … Juste comme la grande sœur qu’il avait toujours connue pendant des années.

« Par contre, ensuite, tu iras te laver, d’accord ? Car comme tu es en sueur et tes habits sont tachés de sang, il faut que tu sois propre. »

« Oui … Oui … C’est bon, n’abusons pas non plus ! Je ne pue pas quand même. »

« Euh … Si en fait. Renifles-toi, tu verras, Kéran. »

« … … … Je ne vais pas faire ça, j’ai quand même un peu de décence. Non mais oh. » rétorqua le jeune homme aux cheveux gris avant de mettre une main dans ses cheveux. Ohla ! Elle avait peut-être quand même raison. Ils étaient gras ! Très gras même !

« Héhéhé … Si tu es gentil, j’irai même te laver les cheveux. Ce n’est pas une petite auberge que j’ai pris … Tu veux voir les autres pièces ? »

« Pourquoi pas ? En même temps, tu m’expliqueras c’est quoi ton véritable problème avec tout ce qui se passe ici. Je n’en peux plus. »

« Tout ce que tu désires … mais seulement quand tu seras propre. »

« Ca te convient comme ça ? » pensa t-il en lui-même, une petite voix lui disant :

« Tu fais des efforts … même bien plus que je ne le pensais. »

« C’est bien parce que tu me l’as demandé. » marmonna le jeune homme dans ses pensées. Il crut entendre rire Elyséa mais il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. La femme aux cheveux blancs n’était pas quelqu’un de très … ouvert de toute façon. Il la connaissait bien.

Elle lui indiqua finalement la pièce où il allait pouvoir se laver mais il était un peu anxieux. Elle n’allait quand même rien faire de bizarre hein ? Bien qu’il était nu et en train de se laver, il tourna la tête sur la gauche pour être sûr de ne pas avoir de mauvaises surprises.

« Tu peux me dire si elle fait quelque chose de louche ? »

« Je te rappelle que te voir nu n’est pas une chose horrible en soi hein ? Je n’arrête pas de te voir nu depuis des années donc bon … »

« Alors fermes les yeux dorénavant ! Je n’ai pas besoin que tu me chaperonnes ! »

« Bien bien bien … J’écouterai donc tes sages conseils. »

Et puis, plus aucune voix de la part d’Elyséa. Il était un peu soucieux quand même. Mais bon … Il restait aussi sur ses gardes, il avait … Enfin, il se méfiait quand même beaucoup en un sens. C’était … problématique, très problématique même. Pourquoi ? Il n’en était pas certain.

Enfin bon … Il put se laver sans aucun problème contrairement à ce qu’il pensait et il en ressortit propre comme un sou neuf. Sélia était assise sur le lit et il remarquait une chose : il n’y avait pas de second lit ? Qu’est-ce que …

« Sélia ? Où est-ce que tu dors normalement ? »

« A côté de toi, bien entendu. Nous avons toujours fait cela auparavant, non ? »

« Quand j’étais encore un enfant, pas maintenant ! Je suis un adulte responsable ! » dit le jeune homme aux cheveux argentés alors qu’elle souriait :

« Et tu as peur justement de ne pas pouvoir prendre tes responsabilités si tu dors avec moi ? C’est bien cela, Kéran ? »

« … … … Pourquoi est-ce que tu fais tout ça ? A quoi est-ce que ça va t’emmener, Sélia ? Sois sincère … Tu sais parfaitement que je suis amoureux de Katérina. Tu peux ne pas accepter ça mais tes méthodes sont trop brutales. »

« Car je t’aime, voilà tout. »

Il s’attendait à une telle réponse de la part de la jeune femme aux cheveux bleus. Il poussa un profond soupir avant de l’étudier pendant quelques secondes. N’importe qui tomberait amoureux d’elle. N’importe qui de sensé … mais il ne l’était pas. Il aimait une femme plus que spéciale, vraiment très spéciale.

« Moi, simplement comme un petit frère envers sa grande sœur. »

« Nous ne sommes pas liés par le sang alors … l’inceste n’est pas un problème. »

Cette réplique ! Il se donna une baffe frontale alors qu’il poussait un profond soupir. C’était visiblement trop compliqué pour elle … Mais bon … Peut-être qu’en restant avec elle, il allait réussir à lui faire comprendre cela ? Et peut-être alors à la calmer définitivement ?

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