Chapitre 14 : Peu de paroles

ShiroiRyu
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Chapitre 14 : Peu de paroles

« Earnos ? Est-ce que nous pouvons parler tous les deux ou non ? »

« Ou non, voilà ma réponse. Est-ce que cela te convient ? » dit-il d’une voix lente alors qu’Olistar haussait les épaules, visiblement peu amusé par tout ça.

« J’aimerai juste pouvoir discuter avec toi, rien de plus, rien de moins. »

« Tu viendras quand même m’embêter donc bon … autant continuer à parler chacun. »

L’enfant aux cheveux violets s’empêcha de sourire tandis qu’Earnos commençait déjà à se mouvoir pour s’éloigner des autres. Il finit par trouver un coin dans le jardin, venant s’asseoir sur un banc tout en regardant Olistar.

« Bon, qu’est-ce que tu veux exactement, Olistar ? Si c’est pour parler d’Holikan, je tiens à te dire qu’il m’adresse rarement la parole, seulement pour savoir ce que tu fais, rien de plus. »

« Et qu’est-ce que tu lui as dit exactement alors ? Je peux savoir ? »

« Rien de spécial, cela ne le concerne pas, cela ne te concerne pas. Faites votre vie chacun de votre côté mais laissez-moi tranquille, je ne veux pas être plongé dans vos embrouilles. »

« Je ne pense pas que nous puisions dire que je cherche les embrouilles, loin de là. Néanmoins, ce garçon-Yanma fait tout pour me compromettre. »

« Je m’en contrefiche. Si ce n’est que pour cela que tu viens me parler, je peux partir aussitôt, j’ai beaucoup mieux à faire de mes journées, Olistar. »

« Ce n’est pas de ça … dont je veux parler … mais de quelque chose qui m’intrigue depuis maintenant plusieurs mois. Il s’agit de toi et de la princesse Terria. »

Hein ? L’enfant-Aspicot regarda Olistar en clignant des yeux. Qu’est-ce qu’il voulait encore savoir à ce sujet ? C’était encore une histoire qui ne le concernait pas. Pourquoi est-ce qu’il s’en mêlerait ? Il marmonna :

« Arrête de fouiner là où tu ne devrais pas, c’est compris ? »

« Je suis chargé de protéger la princesse Terria. Il est normal que je me renseigne sur comment un jeune garçon-Aspicot a put rencontrer la princesse Terria … voire même la reine Seiry puisqu’il semblerait que cela soit le cas. »

« Cela ne te regarde pas ! Tu n’as pas à savoir ce genre de choses ! Mêles-toi de ce qui te regarde, Olistar ! Rien de plus ! Sinon, je devrais te frapper ! »

« Si je te laisse me frapper, est-ce que tu me donneras les réponses à mes questions ? »

« Ca ne changera rien. Tu es du côté de la princesse Terria, je n’ai pas à te dire car tu risquerais de lui répéter cela. Et puis quoi encore ? Pourquoi est-ce que je devrais t’en parler ? Je n’ai aucune bonne raison de t’expliquer mon histoire avec elle, voilà tout ! »

« Tout simplement pour me permettre de savoir ce qu’il faut faire et comment réagir. Je veux juste apprendre quelques points, peut-être pas toute l’histoire. »

« Mais je n’ai rien à te dire à ce sujet ! C’est pas difficile à comprendre ! Rien du tout ! »

« Est-ce que toi … et la princesse Terria, vous vous détestiez dans le passé ? »

Il cligna des yeux une nouvelle fois, étonné par la question d’Olistar. Lui ? Détester la princesse Terria ? C’est vrai qu’avec ses réactions, il doit donner cette impression mais …

« Ce n’est pas du tout ça, tu t’imagines des choses, voilà tout. Je ne la déteste pas. C’est tout le contraire mais elle fait tout pour que je la déteste. »

« Je ne pense pas que ça soit son but réel, tu dois le savoir aussi bien que moi à ce sujet, n’est-ce pas ? Alors pourquoi continuer cela ? Pourquoi ? »

« Car elle a tout oublié, voilà. Si encore, c’était à dessein mais non, elle a juste tout oublié comme si ce n’était que du passé. Et ça, je ne pardonne pas . »

« Tout oublié ? Mais par rapport à quoi ? Qu’est-ce qu’elle aurait oublié qui te mette autant en colère ? Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ? Pourquoi est-ce si important à tes yeux ? Tu en sais tellement à ce sujet. »

« Je n’ai pas à te parler, je ne te parlerai pas, ça ne te concerne pas, ça ne te regarde pas, arrête de me coller, tu commences à m’énerver, Olistar. »

« Je veux connaître toute l’histoire, c’est aussi simple que ça, Earnos. Est-ce que tu lui en veux de vouloir t’offrir cette foreuse ? Même si cela commence à dater. »

« Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? Qu’est-ce qui cloche avec toi ? Ce n’est pas le cadeau le problème, c’est la personne qui le donne ! Si elle savait pourquoi je lui en veux, si elle savait pourquoi je ne veux pas de ce cadeau ! Si elle savait tout cela, il n’y aurait aucun problème, je le prendrais sans aucun souci mais non ! Elle ne se rend compte de rien ! »

« Et tu préfères continuer de lui en vouloir sans chercher à lui expliquer tout cela ? Sans chercher à lui rappeler sa promesse ? C’est bien cela ? Ce n’est pas un peu puéril ? »

« Je ne suis qu’un garçon-Aspicot du peuple. Les reines Apireine sont le symbole même de la monarchie dans notre royaume des insectes. Elles représentent le lien entre la royauté et son peuple. Si une future souveraine est incapable de se souvenri d’une simple promesse faite avec l’un de ces sujets, elle n’en vaudra pas la peine. »

« Je …. Hum, tu es sûr de n’être qu’un enfant, Earnos ? »

Le garçon aux cheveux blonds haussa les épaules comme pour montrer qu’il s’en fichait particulièrement de toute cette histoire. Oui, il n’était qu’un enfant. Mais être un enfant n’empêchait pas d’avoir des responsabilités, chose que la princesse oubliait.

« Est-ce que tu … en veux à la princesse d’être aussi désinvolte ? »

« Ca veut dire quoi ce mot ? Je le connais pas du tout, moi. »

« Tête en l’air. Elle ne prend pas la vie au sérieux mais il y a une chose que tu sembles oublier, Earnos. Elle n’a même pas dix ans. »

« Moi non plus, ce n’est pas une excuse, encore moins lorsque l’on est la princesse du royaume. Voilà tout simplement. Toi aussi, tu es très sérieux. »

« Certaines personnes supportent moins la pression que nous. La princesse a toujours eut une vie rêvée ou presque, cela ne veut pas dire qu’elle ne pense pas à son titre. »

« Je m’en doute mais ça ne changera rien. Je ne veux pas de son cadeau tant qu’elle n’a aucun idée de ce pourquoi je ne veux pas lui adresser la parole, c’est aussi simple que ça. Et avant même que tu dises quelque chose, je sais parfaitement que c’est elle dans le classe. »

« Alors pourquoi ne pas le lui dire ? Car tu lui parles normalement là-bas. Ce qui peut paraître étrange en vue de ta colère envers elle non ? Tu ne trouves pas cela étonnant ? »

« A quoi cela me servirait de dire aux autres qu’il s’agit de la princesse ? Lui pourrir la vie ? L’empêcher alors d’aller à l’école avec d’autres élèves ? Car ils seront tous au courant ? »

« Pourquoi pas ? Tu penses que si tu parlais, ça emmènerait à tout cela ? »

« J’en suis même sûr et certain mais je ne le ferais pas. Mon but n’est pas de la faire souffrir pour le plaisir. Pas de la faire souffrir tout court. »

Olistar poussa finalement un profond soupir. Il n’en avait guère réellement appris par rapport à toute cette histoire mais cela lui suffisait amplement. Car il ne nécessitait pas des réponses pour tout et rien, loin de là.

« J’ai eut ce que je désirais, Earnos. Tu n’as pas besoin d’en dire plus. Dans le fond, je sais juste maintenant que tu aimerais détester la princesse mais que tu n’y arriveras pas. »

« Je préfère m’en aller. Mes parents m’attendent à la maison. Passe une bonne journée même si je ne devrais pas te le souhaiter vu que tu adores fouiner. »

« Parce que j’adore fouiner, je n’ai pas le droit d’avoir une bonne journée ? C’est étrange comme conception dans tes phrases, tu ne crois pas ? »

Pour toute réponse, Earnos n’en donna guère à l’autre enfant, s’éloignant de lui sans plus chercher à communiquer avec l’enfant aux cheveux violets. Celui-ci fit craquer son cou, faisant ensuite un geste de la main tout en disant :

« Bonne route à toi, je ne pense pas que j’ai à t’accompagner non ? »

« Il n’est pas question de m’accompagner ou autre. Ne t’avise pas de me suivre, c’est aussi simple que ça. J’en ait assez de savoir que tu es dans mon dos. »

« Rien que cela ? Enfin bon, nous nous reverrons bien assez tôt, je dirais. »

Hein ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Il l’avait déjà assez vu à ses yeux. Il ne voulait pas qu’il reste dans les environs non plus. Earnos quitta le château, jetant parfois quelques regards derrière lui bien que le Rapion ne le suivait pas. Celui-ci avait décidé de faire quelques pas jusqu’à ce qu’une petite demoiselle encapuchonnée ne s’approche de lui.

« Coucou Olistar. Dis, tu parles de plus en plus à Earnos ! Il te dit des choses sur moi ? Dis dis ? Tu veux bien me les dire ? »

« Je voudrais bien mais j’en suis tout simplement incapable. C’est impossible malheureusement, cela ne serait pas une bonne chose de ma part. »

« Pourquoi ça ? Dis moi pourquoi s’il te plaît ! J’ai toujours peur qu’Earnos apprenne que je sois la princesse à l’école ! Et s’il le savait ? »

« Qu’est-ce qui se passerait selon vous ? Est-ce que vous iriez chercher à réparer la situation ou autre ? Réfléchissez à chacun de vos actes et paroles. Mais ne vous en faites pas, je pense que vous allez pouvoir vous revoir en face à face très bientôt. »

« Comment ça ? Olistar ? Mais où est-ce que tu es passé ? »

Elle avait cligné des yeux pendant un instant quand le garçon-Rapion était passé à côté d’elle mais déjà, il n’était plus là. Elle ne comprenait pas ses derniers propos. Se revoir en face à face ? Et comment est-ce qu’il comptait faire cela ?

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