Chapitre 237 : Amour et protection

ShiroiRyu
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Chapitre 237 : Amour et protection

« Hyathéna … Je ne crois pas que je suis faite pour aimer Kéran. »

« Hum ? C’est bien ce que je pensais … Du moins, après tes dernières réflexions, je me doutais qu’il s’agissait d’une telle chose mais quand même … »

« Je … Je l’ai remarqué … Je l’ai enfin compris. J’ai compris que je ne pouvais pas l’aimer correctement. Après ce qui s’est passé, je … »

« Tu es sûre de ton choix ? Peut-être que tu étais bien partie pour avoir son cœur. Tu veux vraiment qu’il revienne vers Katérina ? Cette femme … qu’il faut éliminer ? »

« Je ne veux pas de ça ! Katérina ne le mérite pas ! PAS DU TOUT ! JE NE VEUX PAS ! » cria Sélia alors qu’elle se trouvait dans sa chambre, juste à côté de celle de Kéran.

« Alors qu’est-ce que tu comptes faire ? Tu as une idée en tête ? »

« Je … Je ne peux pas m’occuper de lui. Il n’y a qu’une personne qui peut … le protéger. Vraiment … Elle a échoué à cause de moi mais … »

Mais ce n’était pas une raison … Elle avait fait de son mieux. Toujours de son mieux même … C’est pourquoi elle était d’accord que ça soit elle. Voilà tout, Hyathéna reprit :

« Néanmoins, je tiens à signaler que pour l’heure, ce n’est pas vraiment bon pour lui. »

« Je le sais parfaitement ! Pas besoin de me le rappeler ! »

« Allons, allons, ne t’énerve pas, ce n’est pas ce que je voulais. »

Elle le savait … parfaitement, oui. Ce n’était pas son intention, loin de là même. Mais … Comment pouvait-elle aider la jeune femme dans une telle situation ? Il n’y avait malheureusement aucune solution. Enfin … Peut-être car il n’y avait aucun problème.

« Je veux juste que Kéran s’en sorte. »

« Et ensuite, qu’est-ce que tu comptes faire ? Car je ne pense pas que tu désires uniquement cela, n’est-ce pas ? »

« Ce qui se passera à ce moment précis, je ne peux pas le deviner. »

« Mais tu as bien une idée, n’est-ce pas ? Ne ment pas … Tu sais parfaitement que ça ne sert à rien du tout. Qu’est-ce que tu comptes faire ? »

« Je vais le confier … J’aurai dû faire cela depuis le début. Le lui confier … »

C’était là l’unique solution à l’heure actuelle. La seule idée qu’elle avait en tête … La meilleure idée plutôt. Kéran ne … n’avait pas besoin d’elle. Pas du tout même. Comment pouvait-elle prétendre l’aimer et le protéger … si c’est pour qu’il finisse de la sorte ? Cette quête de pouvoir l’avait mené à sa perte, à sa perte … oui …

« Hyathéna, est-ce que tu veux continuer à m’accompagner après que je sois partie ? »

« T’accompagner ? Nous avons encore quelque chose à accomplir … Je pense que tu dois parler de ça, n’est-ce pas ? »

« Maintenant que je suis concentrée sur ça … Je pense que nous pourrons nous y rendre. »

« Là-bas, le froid risque de nous glacer les os. Il nous faudra encore combattre quelques dragons et récupérer leurs pouvoirs avant. »

« Bien entendu mais ça ne sera pas aussi simple. Peut-être qu’il existe des dragons de glace ? Enfin, capables de résister au froid. Le Leviator est un pokémon aqueux et volant donc le souci … C’est le fait qu’il vole. Mais au moins, il était un peu résistant. Enfin bref … Je préfère ne pas réfléchir à cela plus longtemps pour le moment. »

« Comme tu le désires, tu ferais bien alors de te reposer. Il y a de fortes chances qu’Elyséa soit en Kéran pour le moment. »

« Ca ne me dérange plus … Je me sens un peu … soulagée et apaisée de ce côté. » murmura faiblement Sélia en tendant la main en avant comme pour toucher le plafond.
Soulagée … C’était bien le mot à employer dans une telle situation. Elle l’était … Elle était soulagée de ce qui allait se passer. Elle savait … que Kéran allait s’en tirer. Elle le sentait au plus profond de son corps. C’est pourquoi elle n’était plus inquiète maintenant.

« Sarène … Est-ce que tu crois que Kéran est en train de rêver ? »

« Si tel était le cas, il serait conscient ici, n’est-ce pas ? »

« Non … Est-ce que tu crois que ce Kéran … Celui qui est là … est en train de rêver ? »

« C’est une question vraiment très étrange, tu sais ? Je n’ai jamais envisagé une telle possibilité mais pourquoi pas ? Mais de quoi rêverait-il alors ? »

« Je ne sais pas … D’autres choses … J’aimerai tant être dans ses rêves en ce moment. Peut-être que je peux essayer ? »

« Je ne te promets pas une réussite. Et cela risque de créer de graves problèmes. Un rêve dans un rêve … Et imagine donc alors que dans ce rêve à partir du rêve dont il est issu, il est en train de rêver ? Je suis sérieuse, Elyséa. » murmure la femme aux cheveux bleus à travers son masque blanc.

« Ca ne fait rien … Ce n’était qu’une supposition. Est-ce que je peux … »

Elle commença à parler mais s’arrêta dans sa phrase alors que Sarène comprenait parfaitement ce qu’elle voulait faire. Les jambes de Kéran quittèrent celles de Sarène, le jeune homme étant soulevé pour être collé contre Elyséa. L’armure noire autour de son corps disparue complètement, laissant apparaître la même tenue que lui : ce fameux marcel blanc et son pantalon de toile noire. Elle le gardait contre elle, fermant les yeux.

Et pourtant, ce qu’elle avait dit ne manquait pas de sens. Ailleurs, en pleine tempête de neige, il voyait le décor à travers les carreaux d’une fenêtre. Il rêvait ? Cela ressemblait à quelque chose d’assez intrigant … très intrigant même.

« Où est-ce que je suis réellement ? »

Le bruit d’un marteau qui frappe sur le métal. Voilà ce qui résonnait à ses oreilles. Qu’est-ce que … Il était dans une forge ? Non ! Ce n’était pas une forge ! C’était LA forge ! Celle qui avait permis de créer l’épée d’Elyséa !

« Mais je ne suis pas dans son rêve, non ? Comment … »

Comment était-ce possible ? Il avait besoin de faire un peu de ménage dans sa tête. Ce n’était pas normal. Il devait réfléchir à la raison … qui le poussait à être ici. Normalement, il était de l’autre côté de la forge … enfin, de la fenêtre ! Dans le froid ! Alors pourquoi est-ce que maintenant, il se trouvait ici ? Et d’ailleurs, cette forge … Elle était plutôt spacieuse, enfin, il semblait y avoir plusieurs pièces bien qu’il …

« Qui est là ? » murmura une voix masculine, celle du forgeron.

Aussitôt, Kéran tourna sa tête en direction de la fenêtre. Qu’est-ce que … Un mirage ? Des yeux bleus ? Des yeux bleus comme des saphirs … Des yeux magnifiques, vraiment magnifiques … mais qui disparurent dans la tempête. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il avait eu … Non … Ce n’était qu’une illusion !

« Je me demande vraiment … si Kéran rêve. »

Elyséa caressait les cheveux de Kéran dans ce décor enneigé, le gardant contre elle alors que Sarène les observait, amusée par la situation. Elyséa reprit la parole :

« Vraiment … Kéran … Je … Je veux juste qu’il aille mieux. »

« Tu ne fais que répéter cela … Sais-tu que cela fait déjà plus de dix heures qui se sont déroulées hors de cet endroit ? Tu ferais bien d’aller le laver. »

« Je vais le faire maintenant … Mais avec ses blessures et cette carapace de froid que tu lui as mise, il vaut mieux que je ne fasse rien ? »

« Allons … Allons, tu seras plutôt douce non ? »

C’est vrai. Elle était parfaitement d’accord avec ce qu’elle venait de dire. Oui … Il fallait qu’elle sorte un peu. Elle quitta cet endroit, revenant dans ce qu’elle pouvait dire … le monde réel. Sortant du corps de Kéran, elle se matérialisa avec son marcel blanc et son pantalon noir avant de retirer la couverture de Kéran. Ses brûlures … Elles étaient toujours présentes … sur la globalité de son corps. Elle allait surement utiliser de l’eau froide … ou tiède. Hmm … Il valait mieux que … Oui … C’était la meilleure solution. Prenant Kéran avec une extrême douceur et précaution, elle se dirigea vers la salle de bain, remplissant l’imposant conteneur d’eau. Elle se débarrassa de ses habits, nullement gênée avant de plonger Kéran dans l’eau avec elle. Oui … C’était mieux ainsi …

« Doucement … Sans te faire perdre de peau. »

Sans lui faire perdre de peau. Elle nettoyait justement le corps de Kéran avec ses doigts, simplement avec ses doigts. Ses doigts glissaient le long du corps de Kéran, le caressant pour retirer toute impureté. Si elle utilisait le savon directement ou alors un gant, il y avait de trop fortes chances qu’elle le blesse.
Alors qu’avec ses doigts, elle parcourait la moindre parcelle de peau, grattant légèrement quand cela était nécessaire. Son corps … Son corps était tout simplement brûlé … tellement brûlé … Et cette absence de cheveux …

« Ca ne fait rien, l’apparence extérieure importe peu … n’est-ce pas ? Tu l’as bien montré à Katérina mais elle n’en tenait pas compte. »

Quelle idiote cette femme … Vraiment la pire des idiotes qu’elle avait rencontrée durant toute son existence. Voilà … Kéran avait maintenant la poitrine d’Elyséa qui frottait son dos, celle-ci restant imperturbable malgré l’érotisme qui aurait pu sortir de la scène.

« Ah … Kéran … Je vais te soigner … Je ne sais pas comment je vais y arriver … Mais peut-être qu’en dévorant tes rêves … En faisant que tu dévores les miens, ton corps se soignera ? Je ne sais pas … Je n’ai aucune idée pour cela mais je trouverai. »

Elle allait trouver et le soigner. Elle se mit debout, tenant Kéran dans ses bras. Il était temps d’aller le nettoyer. Encore que là … aussi, cela allait être dangereux. Mais malgré le temps qui passait, malgré que le corps de Kéran fût froid bien qu’il fut trempé dans l’eau chaude avec elle … Elle s’occupait de lui.

Elle lui trouva même quelques habits perdus d’une chambre non réservée dans l’auberge. Oui … Elle l’avait habillé pour qu’il soit un peu plus présentable. Mais qu’il ne s’en fasse pas pour ses cheveux, c’était mieux. Oh … Non, ce n’était pas grave.

« Kéran … Ah … Kéran .. »

Elle ne pouvait pas ignorer sa tristesse. Elle ne pouvait pas … Pas du tout même … Elle n’était pas obligée d’être ancrée en lui pour passer du temps avec le jeune homme, surtout lorsqu’il avait besoin d’elle.

Elle … Elle … Ah … Avant … Elle quitta la chambre, toquant à celle de Sélia avant de lui dire de ne pas venir déranger Kéran pendant quelques heures. Elle allait le faire se reposer. Sélia signala qu’il n’y avait aucun problème bien qu’elle trouvait étrange qu’Elyséa lui dise cela. La femme aux cheveux blancs retourna auprès de Kéran, ouvrant le lit avant de s’y engouffrer. Elle regarda Kéran quelques instants avant de glisser ses doigts sur son visage parcouru par les brûlures.

Les brûlures … Elle … Elle allait tout faire pour les soigner. Elle ne savait pas comment, elle ne savait pas du tout comment mais … peut-être qu’avec le temps … Oui … Elle embrassa ce qui restait de joue sur le jeune homme avant de le garder contre elle. En restant ainsi avec lui, elle serait là pour le protéger cette fois. Elle n’allait pas le lâcher, ne serait-ce qu’un instant … que cela soit à l’intérieur de son corps ou à l’extérieur.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi est-ce que je … suis dans la forge ? »

Il continuait de se répéter cette question sans pour autant obtenir de réponse. Ce n’était pas ça … Ce n’était pas normal, pas du tout même. Mais … Il ne pouvait rien faire contre ça, pas du tout … Alors, comment est-ce qu’il devait réagir ?

« Elle ne viendra pas encore aujourd’hui ? »

La voix du forgeron résonnait dans sa tête mais pourtant, il ne le voyait pas. C’était étrange, vraiment très étrange même. Il avait l’impression de ne pas pouvoir contrôler son corps. C’était différent des autres fois. D’habitude, il avait comme une … incarnation dans les rêves, une incarnation … qu’il pouvait déplacer librement.
Mais pas cette fois … Quelque chose l’en empêchait. En fait, il ne pouvait que regarder autour de lui et c’était tout … Et encore, ce n’était pas ses propres yeux. Ah … Qu’est-ce que ça voulait dire ? La voix du forgeron se fit entendre :

« Je ferai mieux de me passer un peu d’eau sur le visage. Je suis en sueur … »

Voilà qu’il quittait la pièce pour se diriger vers un grand bac d’eau. Lorsque le forgeron se pencha en avant pour s’asperger le visage, Kérna poussa un cri de surprise bien qu’il savait parfaitement que personne ne l’entendrait.

« MAIS MAIS MAIS MAIS ! »

Pourquoi est-ce qu’il voyait son reflet exact dans l’eau ?! Pourquoi ?! C’était une blague hein ? Comment c’était possible ?! Pourquoi est-ce qu’il voyait son reflet dans l’eau ! Il avait besoin de comprendre ! IL AVAIT BESOIN DE COMPRENDRE !

Mais … Il n’y avait aucune explication logique ou raisonnable. Aucune explication … qui permettrait de comprendre ça. Pourquoi se voyait-il dans l’eau ? Pourquoi ? Il … Il … Il n’était pas dans ce corps normalement ! C’était quoi ça ?!

« Bon … Je ferai mieux de me remettre au travail. »

Forgeron … Il était le forgeron ? Non … Ce n’était pas normal. Il ne devait pas être le forgeron ! Il ne devait pas l’être ! PAS DU TOUT MÊME ! Pourquoi est-ce qu’il serait un forgeron d’une histoire d’il y a plusieurs millénaires ?!

« J’aimerai tant qu’elle vienne aujourd’hui … »

« MAIS ON S’EN FOUT ! TU NE COMPRENDS PAS LA SITUATION OU QUOI ?! » hurla Kéran à lui-même bien qu’il n’obtenait aucune réponse.

« Cela va faire déjà plus de dix jours … Je sais bien que … ce n’est pas facile d’arriver jusqu’ici mais quand même … »

Mais quand même quoi ? Il parlait de qui ? De cette femme affreuse qui jouait avec ses sentiments ? Ce forgeron était un idiot ! Un véritable idiot ! Mais pourquoi il l’était ?

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