Chapitre 236 : La femme des glaces

ShiroiRyu
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Chapitre 236 : La femme des glaces

« Kéran … Kéran … »

« Cela ne changera rien. » murmura la voix autour d’elle alors qu’Elyséa relevait la tête, regardant autour d’elle avant de dire d’une voix un peu irritée :

« Montrez-vous donc … Je sais que vous êtes là. Vous n’êtes pas une ennemie. »

« Je ne le suis pas, je le confirme. Je suis loin de l’être même … » répondit la voix avant que des bruits de pas ne se fassent entendre derrière Elyséa. La jeune femme aux cheveux blancs se retourna pour se tenir face à la personne qui venait d’arriver.

« Qu’est-ce que … Non … C’est impossible sauf … »

Sauf si … Pourtant, c’était bien ce qu’elle apercevait en face d’elle actuellement. Elle ne rêvait pas, loin de là même. C’était même tout le contraire. Cette personne en face d’elle … Vraiment … Comment la définir ? Elle portait un kimono blanc avec un obi rouge autour de la taille. Les manches étaient néanmoins bleu ciel.

Mais il n’y avait pas que ça … Loin de là… La femme portait un masque blanc qui cachait la majorité de son visage sauf ses deux yeux dorés. Ses yeux dorés qui la fixaient avec douceur … Elle avait aussi des cheveux à la couleur du ciel et réunis en deux chignons.

« Momartik … Enfin Sarène … n’est-ce pas ? »

« C’est bel et bien le cas. Qu’est-ce que je peux faire pour te servir ? »

« Je voudrai tout d’abord te remercier pour Kéran. Sincèrement … Sans toi … Il … »

« Je ne pense pas que je mérite ces remerciements en vue de ce qu’est devenu Kéran, non ? Mais au moins, tu continues de veiller sur lui, c’est le plus important pour l’heure. Est-ce bien cela ? » répondit la femme avec tendresse.

« Je veux juste que Kéran aille mieux … Est-ce que c’est trop demandé ? »

« Pourquoi est-ce que tu ne le lui dis pas en face ? Maintenant qu’il est auprès de toi ? Est-ce bien trop difficile de s’exprimer lorsque la personne est éveillée ? »

« J’ai juré de le rendre heureux … et je pensais que son bonheur était avec Sélia. Je pensais réellement que Sélia lui apporterait tout ce dont il désire. Katérina le trompe, Sélia n’est plus réellement consciente du danger. Qui est-ce qui lui reste ? Qu’est-ce qu’il va devenir ? Oh … Mon petit Kéran … Qu’est-ce que tu vas devenir ? »

« Qui pourrait-il lui rester à part sa pokémon ? Peut-être quelqu’un qui fut toujours à ses côtés ? Pendant des années ? Toujours prêt à le protéger ? »

« Je ne mérites pas cela … Je n’ai pas réussi à le protéger cette fois-ci … Comme lors de ce moment … Je devrai le laisser tranquille. Le laisser seul, ça sera bien mieux. » répondit la femme aux cheveux blancs avant de déposer Kéran sur le moment.

« Tu vas donc l’abandonner ? Ne pas discu … Qu’est-ce que … tu fais ? »

« Je ne peux pas le laisser dans cet état … Il aurait froid … »

Le bruit d’un vêtement qui tombe … puis d’un second. Elle tenait maintenant son marcel blanc et son pantalon noir. Elle ? Elle était complètement nue … nue comme un ver.

« Penses-tu réellement que cela va changer quelque chose ? »

« Non … Pas le moins du monde … Mais sur le moment, j’espère qu’il ne se réveillera pas car je ne saurai pas alors où me mettre. »

Un petit rire se fit entendre de la part de la femme aux cheveux couleur ciel alors qu’Elyséa commençait à habiller Kéran avec ses habits. Elle le regarda pendant quelques instants, un faible sourire se dessinant sur ses lèvres avant qu’elle n’approche celles-ci de son oreille, lui chuchotant tendrement :

« Je ne pensais pas qu’ils t’iraient si bien … Kéran … Enfin, ils sont un peu grands mais j’ai cette impression que tu as toujours porté cela … Tu sais … Kéran, si tu te réveillais maintenant, je serai vraiment dans de sales draps. Je suis complètement nue car je t’ai donné mes vêtements, tu verrais quelque chose que personne n’a jamais connu pendant des millénaires. Alors … tu ne sais pas la chance que tu risques de te louper. Tu ferais bien de te réveiller, Kéran … C’est un conseil pour toi, que tu ne le regrettes pas. »

Mais aucune réaction de Kéran. Rien du tout … Aucun mouvement de la part du jeune homme. Avec lenteur, des morceaux de métal noir vinrent recouvrir l’entrejambe d’Elyséa puis sa poitrine … puis le reste de son corps.

« Avec une telle armure, tu ne risques pas d’avoir de problèmes de chaleur … »

« Et pourtant … J’ai si froid. Je … Je vais sortir de Kéran. Il faut que je discute avec Sélia au sujet de Kéran. Elle voulait me parler … Je crois. »

« Comme tu le désires … Cela te dérange-t-il si je reste ici en attendant ? »

« Tu n’es pas une ennemie. Pourquoi cela m’embêterait-il ? »

« Oh … Pour rien … Pour rien … Tu peux t’en aller alors. » murmura la femme aux allures de Momartik humanisée. Elyséa fit quelques pas pour s’éloigner, remarquant qu’en un court laps de temps, Sarène avait déjà pris la tête du jeune homme pour la déposer sur ses genoux. Elle était d’ailleurs sur cette position, assise sur ses cuisses, comme pour une cérémonie. Mais elle glissait ses doigts dans les cheveux du jeune homme, un sourire aux lèvres. Un sourire … qu’Elyséa semblait déjà connaître depuis bien longtemps.

« Je le lui demanderai plus tard. Pour le moment, j’ai une affaire plus importante à accomplir. » murmura-t-elle avec lenteur.


Une affaire qui consistait en … Sélia. Elles avaient besoin de s’expliquer toutes les deux et ce pour beaucoup de choses … concernant Kéran. Oh que oui …

Quelques instants plus tard, elle était assise sur le lit, à côté du corps inanimé de Kéran. Ces cheveux … Les cheveux du jeune homme. C’était horrible de ne plus en avoir. Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire ? Sincèrement ? Il fallait plusieurs mois pour espérer que ça repousse correctement. C’était vraiment … affligeant.

« Tu es là ? Je pensais que tu étais partie … »

« Je ne compte pas partir de Kéran. Tu voulais que l’on parle toutes les deux. »

Même si cela avait dit avec une certaine véhémence, elle cherchait quand même à se contrôler. Sélia semblait déjà assez affligée pour qu’elle n’en rajoute pas.

« Comment est-ce que … qu’il va ? Il … Il est vivant ? »

« Il est plongé dans un sommeil profond dont il ne se réveillera peut-être plus jamais. Grâce à Sarène, la Momartik qui l’accompagne, son corps n’est plus en danger de mort mais les blessures causées sont trop importantes. »

« Je … Je … Qu’est-ce que je peux faire ? »

Elyséa croisa les bras au niveau de sa poitrine, fixant de ses yeux saphir la femme aux cheveux bleus qui semblait déboussolée. Avec lenteur, elle continua de la regarder pendant plusieurs secondes, disant finalement :

« Qu’aimerais-tu faire pour lui ? Tout est inutile maintenant. Tu t’en doutes parfaitement. »

« Je … Non … Ce n’est pas pour moi que je suis venue. C’est pour Kéran. »

« Hmm ? Tu peux lui parler si tu veux, je ne vais pas t’en empêcher. Tu veux que je te laisse seule ? Je peux quitter la chambre. »

« S’il te plaît … Je voudrai lui dire quelque chose de vraiment personnel. » chuchota Sélia alors qu’Elyséa hochait la tête positivement, quittant la pièce.

Seule avec Kéran, Sélia prit une profonde respiration. Elle devait le faire … C’était de sa faute … Elle le savait parfaitement. Mais une voix en elle lui chuchota :

« Est-ce que tu es sûre de toi, Sélia ? Je ne veux pas que tu le regrettes. »

« Je le regretterai … toujours. Ce qui s’est passé est de ma faute. Je l’ai emmené dans un danger bien trop grand et puis … Tu as pu voir comme moi… »

« Je l’ai parfaitement vu, je le confirme mais cela ne changera rien à la situation. Si tu laisses tout cela se passer alors … »

« Je ne changerai pas d’avis, j’en suis désolée. Ce qui doit être fait … doit être fait, c’est comme cela que ça marche dans le monde actuellement, Hyathéna. »

« Soit … Mais je sais que tu le regrettes … mais en même temps, tu veux mieux … »

Elle lui chuchota de se taire. Elle voulait juste être tranquille … Vraiment tranquille pour Kéran. C’était tout ce qu’elle désirait pour le moment. Les yeux fermés, elle prit une profonde respiration avant de se rapprocher de l’oreille de Kéran. Elle commença à lui chuchoter quelques mots que seul lui pouvait entendre … ou presque.

« Mais ne t’en fait pas, j’attendrai que tu te réveilles pour cela … Et quand ça sera le cas … Alors … Je … Je … Je … »

C’était bien trop difficile. Elle n’y arrivait pas ! Elle devait prendre son courage à deux mains ! Mais elle n’y arrivait pas ! C’était quand même horrible ce qu’elle comptait faire ! Pour elle … Après tout ce temps.

« Il vaut mieux patienter un peu. Faut-il rappeler Elyséa, Sélia ? »

« Je crois que oui … J’attendrai qu’il se réveille, ça sera vraiment … plus facile. Je l’entendrai alors me parler … et ça sera bien mieux, oui … »

« Comme tu le désires. »

Sélia se redressa pour se rendre jusqu’à la porte, l’ouvrant pour se retrouver en face d’Elyséa. Elle avait attendu debout, de l’autre côté de la porte, sans même bouger de cette position. Avec un faible sourire, Sélia murmura :

« J’attendrai son réveil … Et quand ça sera fait … Est-ce que je pourrai lui dire deux mots ? »

« Pourquoi je le refuserai ? Tu es libre de cela … Mais s’il se réveille seulement. »

« Je suis sûre qu’il se réveillera … J’en suis certaine. Il a une personne qui le protège depuis toutes ces années. S’il veut la revoir, il faut qu’il se réveille. »

Elyséa haussa un sourcil, ne comprenant pas réellement où elle voulait en venir. Mais Sélia quitta la chambre à son tour, un petit sourire aux lèvres. Un sourire intrigant. Mais pour le moment, ce n’était pas important.
Elle retourna auprès de Kéran, disparaissant en lui comme auparavant, se retrouvant une nouvelle fois dans ses pensées … ou son absence de pensées. Enfin presque ? Il y avait maintenant un décor enneigé bien qu’il ne faisait pas froid … Mais il n’y avait que de la neige à perte de vue.

« Comment est-ce possible ? Normalement … »

« Tu es donc de retour ? Il y a une maigre avancée … Tu t’en doutes ? » murmura la voix de Sarène alors qu’elle arrivait jusqu’à elle. La femme aux cheveux bleus était toujours à genoux dans la neige, la tête de Kéran sur elle. « Il n’a pas froid, loin de là. Ce froid est issu de son imagination … sans réellement l’affecter. »

« Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? »

« Oh … Que même s’il est plongé dans un sommeil profond, il pense à cette neige. Maintenant que tu es de retour, il vaut mieux alors que je m’en aille. Nous échangeons nos places ? Tu es prête ? »

« Non … Je ne suis pas prête. Où est-ce que tu vas te rendre ? »

« Hmm ? Je n’ai plus besoin de rester dans son corps, que je sache. »

« Non … Ce n’est pas la réponse que je veux entendre de ta part. Je veux te tutoyer … et surtout, est-ce que tu veux vraiment le laisser seul ? »

Pour toute réponse, Sarène se leva sans aucune difficulté, déposant le jeune homme dans la neige. Elle marcha jusqu’à Elyséa, passant à côté d’elle avant de chuchoter :

« Je pense qu’il est entre de très bonnes mains. Je ne vois pas pourquoi je m’inquièterai plus longtemps à son sujet. Il faut juste que tu aies confiance. »

« … … … Je voudrais que tu restes ici … non pas pour moi … mais pour lui. »

La Momartik humanisée s’immobilisa à côté d’elle, semblant songeuse sous son masque blanc. Vraiment … Qu’est-ce qu’elle pouvait être … autoritaire ? Ce n’était pas le bon terme, loin de là. Mais elle savait utiliser les mots qu’il fallait.

« Ce n’est pas pour moi que je te le demandes mais … Il a besoin de toi. »

« Qu’est-ce que cela changerait réellement que je sois là ou non ? »

« Tu sais parfaitement ce que cela changerait. Puisqu’il n’est plus conscient, tu peux … rester à ses côtés, toi aussi. »

« Vraiment, Elyséa. Ce que tu ne m’obliges pas à faire, tu le sais ? »

« Je le sais parfaitement … Et je sais aussi que c’est pour le mieux. » murmura la femme aux cheveux blancs alors que Sarène revenait aux côtés du corps de Kéran. Elle le souleva, se mettant dans la même position qu’avant bien que cette fois-ci, elle invitait Elyséa à faire de même de son côté.

Elyséa avait la tête du jeune homme sur ses genoux, Sarène seulement ses jambes. Mais au moins, il n’était pas dans la neige. Elyséa, ne portait pas son casque, ne faisant que fixer Kéran avec lenteur.

« Cette neige … Est-ce qu’il y a une chance que … »

« C’est une maigre avancée, une très maigre avancée … mais cela ressemble à une étincelle comme quoi Kéran n’est peut-être pas définitivement irrécupérable. »

« Tant mieux … Vraiment tant mieux … Mais pourquoi de la neige ? » demanda Elyséa sans obtenir de réponse de la part de Sarène. Etait-ce parce que c’était ce qui liait le plus le jeune homme à autre chose ? A elle ? Non … A elle, ce n’était pas important. Le plus important restait le fait que Kéran devait se réveiller … le plus vite possible.

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