Chapitre 242 : Journal infantile

« Je n’aime pas rester ici à ne rien faire… Cela m’exaspère énormément. »

« On ne peut rien faire d’autre, Samus… Il vaut mieux attendre plutôt que de faire une bêtise. » répondit le jeune homme alors que la chasseuse soupirait longuement.

« Ta mère et Cynthia sont sur ce livre depuis plus d’une journée… Cela commence déjà à être long… Et j’avoue que je ne suis pas du tout convaincue par ce qui se passe… Ne rien faire alors qu’il y a des metroïdes et du phazon juste à côté de nous… »

« Ils ne nous attaquent pas… Donc on va éviter de faire une bêtise… Il vaut mieux… ne rien faire… Sois raisonnable, Samus… C’est pour notre sécurité à tous et à toutes. »

« Hum… Oui… D’accord… Je veux bien rester ici… Parce que tu me le demandes, Orion… Car si ce n’était pas toi… Je serai déjà repartie. »

Mais elle ne se sentait pas tellement en confiance avec lui non plus. Pourtant, elle n’osait pas lui dire… Elle ne savait pas pourquoi… De quoi est-ce qu’elle avait peur… Ah… Le jeune homme était resté le même. Elle vint prendre son visage entre ses deux mains, l’embrassant longuement et tendrement alors qu’il se laissait faire. Il ne savait pas pourquoi il se faisait embrassé mais il acceptait clairement ce baiser. Lorsqu’elle retira ses lèvres, il demanda néanmoins d’une voix un peu gênée :

« Et bien… Je peux savoir pourquoi autant de dévouement envers ma personne ? »

« Je n’ai plus le droit d’embrasser celui que j’aime maintenant ? C’est-ce que je dois comprendre, Orion ? Ou alors mes baisers ne te suffissent plus ? »

« Oh… Je n’ai jamais dit ça… Loin de là même… Hum… Viens par là… »

Il reprit le baiser, l’embrassant longuement alors qu’il venait joindre sa langue avec elle. Orié fit une mine dégoûtée et révulsée tandis qu’ils restaient sur le fauteuil de la salle de commandes. Plusieurs toussotements se firent entendre :

« Dès que vous avez terminé… Si vous avez le temps de vous retourner… »

Ils arrêtèrent de s’embrasser, Personia et Cynthia se présentant à eux. Du moins, à Samus puisque le jeune homme ne faisait que tourner son visage vers elles. Cynthia comme Personia avait les yeux rougis, reniflant légèrement tandis que Samus haussait un sourcil :

« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que vous êtes dans cet état ? »

« Non… Rien enfin… Si… Tiens… Si tu veux lire… Nous avons terminé… Nous avons décrit tout ce qu’il y avait à décrire… Nous n’avons pas arrêté et nous… aurions… mieux fait de ne pas … le lire… Nous vous laissons… Nous préférons aller nous reposer. »

Les deux femmes partirent sans rien dire d’autre. Le jeune homme semblait surpris à son tour, se tournant vers sa femme en lui demandant ce qui se passait. Il ne voyait pas du tout ce qui s’était passé… ou plutôt pourquoi… Elles reniflaient… Pourtant, il murmura :

« Elles ont pleuré… non ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé, Samus ? »

« Tu crois que je le sais ? Elles m’ont donné la traduction du journal… Visiblement, il n’est pas très long… Tu veux que je te le lise ? »

« Bien entendu… Qu’est-ce que nous pourrions faire d’autre sinon ? »

Il se leva, invitant Samus à s’asseoir pour qu’il puisse venir se loger sur ses genoux. Orié s’était approchée à son tour, se mettant à côté du tableau de contrôle alors que Samus ouvrait maintenant le livre, commençant à le lire :

« Je vais éviter de parler des dates mais bon… Alors par quoi… Ohla… »

« Qu’est-ce qu’il y a Samus ? Il y a un problème ? Dis-le tout de suite avant de tourner du pot. » répondit le jeune homme alors qu’elle reprenait aussitôt :

« Calme-toi un peu… Pfff… Vraiment… Orion, sois un peu patient… Bon… Par où est-ce que je dois commencer ? Ah… Non… L’écriture est vraiment digne d’une enfant… Ca se voit que ta mère et Cynthia ont fait du très bon boulot, c’est presque incompréhensible. Bon… Je vais commencer alors… »

Elle disait cela, se répétant sans cesse car elle n’arrivait pas à expliquer pourquoi… mais elle avait le tract et une sorte de léger malaise… Ce livre avait fait pleurer les deux femmes… Qu’est-ce qu’il pouvait contenir de si atroce ? Elle déglutit, commençant à lire.

… … … … … Cela avait simplement prit une vingtaine de minutes… Simplement vingt minutes… Et pourtant… Elle tressaillait de partout… Elle tremblait de toutes parts… Elle n’arrivait pas à les contrôler… Comment… Comment est-ce que c’était possible… qu’une telle chose… existe ? Même Orié semblait avoir quelques larmes aux yeux, la jeune femme ayant demandé à ce que son grand frère la serre très fort dans ses bras.

« Wah… Wah… Wah… Je ne suis pas du genre à être sans sentiments… Mais vous n’avez pas l’impression de vous emporter toutes les deux ? »

« C’est vraiment… Vraiment horrible… Comment est-ce que les … draniens… ont osé faire ça ? Et les chozos… J’ai honte… des ancêtres de ceux qui m’ont élevée. »

« Bon… Donnez-moi ce livre… Je vais le lire tout seul. »

Ses yeux étaient redevenus normaux alors qu’il gémissait un peu de douleur, Samus lui tendant le bouquin. Il le récupéra, murmurant à sa femme et à sa petite sœur qu’elles aillent dans la chambre avec Personia et Cynthia. Ah… Vraiment… Il n’y aurait jamais cru mais bon… Visiblement… On pouvait toujours être surpris dans la vie.

« Bon… Et bien… Je vais me retrouver seul pour cette lecture… »

La lecture était toujours différente lorsque soit… On l’entendait de la part de quelqu’un d’autre… Soit lorsqu’on la lisait de nos propres yeux… Il allait se forger sa propre opinion sur ce sujet… Ce sujet plus que bouleversant et inquiétant selon les personnes qui l’avait lu.

… … … Trente minutes étaient passées et il posa le livre sur le tableau de bord. Il passa une main sur son front, se cachant les yeux à moitié alors qu’il poussait un profond soupir. C’était quoi ce livre ? Sincèrement… Vraiment… Ce livre…

« A se demander si tout ce qui est marqué est vrai… Bandes d’imbéciles… Deux bandes d’imbéciles… Même si ce ne sont que les écrits d’une enfant… Il n’est pas dur de comprendre ce qu’ils ont fait… Pfff… CA M’ENERVE ! »

Il venait de crier, jetant le bloc de papier au sol alors qu’il serrait les deux poings. Pfff ! Bon ! Il allait parler avec les quatre femmes ! Il pénétra dans la chambre, s’arrêtant aussi dans son énervement avant de pousser un profond soupir.

« C’est bon… J’ai compris… Je les laisse dormir… »

Les quatre femmes étaient allongées sur le lit, chacune avec les yeux rougis alors qu’il se demandait pourquoi est-ce qu’il n’avait pas réagit comme eux. L’intelligence artificielle s’adressa à lui alors qu’il venait s’asseoir sur le fauteuil, bien plus calmé :

« Orion… Je sais très bien que ce texte est… spécial… Mais tu n’as pas besoin de… »

« Noxis… Tu as très bien entendu… aussi bien que moi… Ce texte… Depuis la nuit des temps… Arceus a crée ces deux races en premier… Elle les avantagées… C’était normal… Puis ensuite, elle a décidé de créer le reste de l’univers… Mais qu’importe les autres planètes, celle-ci était la plus développée… Mais ce qui a été développé n’était pas forcément une bonne chose… Non… Il y avait même pire… »

« Je sais très bien… Je le sais très bien… J’ai écouté aussi, Orion… »

« Non mais c’est pas la même chose, Noxis ! Le peuple des draniens qui se développait et qui commençait peu à peu à s’ouvrir aux autres… Pourtant, les draniens et les chozos étaient d’accord… Ils ne devaient jamais quitter cette planète ! Cette planète était un don d’Arceus ! La plus belle planète qui soit ! Et dès l’instant où les draniens ont décidé de faire du troc et de vendre leurs créations, les chozos ont abandonné cette idée ! C’est là qu’à commencer cette guerre stupide ! Parce que les draniens étaient des marchands ! »

« Et alors ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise… Orion ? »

« Cette gamine… En fait… Non… Votre mode de vie… Ou plutôt… Votre corps… Cette gamine… AH ET PUIS ZUT ! Je m’embrouille ! »

« Cet enfant… a voulu tout écrire… pour qu’un jour… D’autres personnes puissent lire et comprendre l’histoire de son peuple… »

« Hum… Non… Noxis… Ce n’est pas exactement ça… Je ne vois pas les choses de cette manière personnellement… Oh que non… Pas du tout même… »

« Ah bon ? Et de quelle manière vois-tu tout ceci ? » dit l’intelligence artificielle alors qu’il reprenait le bloc de papier, le mettant sur le tableau de bord. Il s’était mis à marcher, faisant les cent pas comme pour réfléchir… Ca… Ce n’était que le début de cette histoire.

« Pour moi… Arceus… Alors que la guerre continuait de se faire, toujours plus violente… La déesse Arceus… ne voulait pas voir disparaître ses deux peuples… Alors… Elle a décidé de leur offrir… Un présent… Une chose que jamais elle n’avait jamais offerte… »

« Et qu’est-ce donc que cette chose ? Son sang et sa chair ? »

« Oui… C’est exact… Son propre sang devenu le phazon… Un sang capable d’intelligence et de se mouvoir tout seul… Ce liquide avait tout les pouvoirs… Il pouvait soigner les gens, servir comme combustible sans jamais vider les réserves de carburant… Sa puissance aussi était surprenante… Le sang de dieu était capable de tout… Oui… »

L’intelligence artificielle s’était tue, le jeune homme semblant plongé dans ses paroles alors qu’il reprenait avec entrain :

« De l’autre côté… Les chozos… avaient obtenu la chair de dieu… Douée de sa propre vie et capable de produire de l’énergie, les metroïdes étaient un élément important pour la génétique. Pouvoir combattre les maladies, le virus SA-X, un terrible virus qui pourtant avait été éradiqué ou presque par les metroïdes… Enfin… Cette chair de dieu était le parfait exemple de ce que pouvait être un compagnon… Enfin non… »

« Orion… Tu vas bien ? Tu m’as l’air un peu fatigué… et perturbé… »

« Hein ? C’est l’impression que je te donne ? Mais je vais très bien… Par contre… Ce qu’Arceus n’avait pas prévu… C’est le fait que les deux peuples, malgré le cadeau de la déesse originelle, allaient continuer à se battre inlassablement et peu à peu… Les cadeaux se faisaient pervertir… Le phazon n’était plus utilisé à des fins honorables comme soigner les personnes… mais peu à peu à les insérer dans les armes et les armures… Les armes de phazon étaient nées… De l’autre côté, les chozos n’étaient pas en reste… Au fur et à mesure que le temps passait, les metroïdes se modifiaient, prenant des apparences qui reflétaient la monstruosité qui les envahissait à force de côtoyer la guerre et les morts. »

« Orion… C’est bon… J’ai parfaitement compris, tu sais… »

« Et voilà qu’une nouvelle guerre, bien plus dévastatrice se produisait ! Comme on aurait pu s’en douter, avec la déesse Arceus de chaque côté, les combats étaient devenus mortels… dévastateurs… C’était même l’armageddon ! »

« … … … … … … … … … … Je vais réveiller Samus. Tu commences à m’inquiéter, Orion. » murmura l’intelligence artificielle alors que le jeune homme reprenait aussitôt :

« Pourquoi est-ce que tu t’enfuis ? J’approche de la fin du récit ! Ce merveilleux récit apocalyptique qui se termine devant la lâcheté des draniens et des chozos ! Devant tellement de désastres, devant cette planète qui était maintenant presque morte, les dômes apparaissaient peu à peu, seule survie des deux races qui continuaient cette guerre inlassable… Tout le reste… En-dehors des dômes… C’était là que les guerres se déployaient… Puis vint le moment où… La déesse Arceus décida de se mêler au combat. Ce n’était pas ce qu’elle voulait… Cela n’avait jamais été ça qu’elle désirait ! Alors que l’un des affrontements des plus sanguinaires allait se produire, elle s’interposa… au beau milieu de la bataille… Voir son propre sang… et sa propre chair… se retourner contre soi-même… Cela avait été horrible… »

Il était complètement plongé dans son récit… Complètement… Elle-même ne disait plus rien, ayant prévenu les quatre femmes de bien vouloir se réveiller car le jeune homme l’inquiétait sérieusement cette fois-ci.

« Enfin… Là… Ils comprirent leurs erreurs… Mais le mal était déjà fait… Cette planète n’était plus viable… Et allongée sur une gigantesque pierre ressemblant à un autel de sacrifice… La déesse Arceus pensait ses plaies… Mais maintenant que le phazon et les metroïdes avaient goûté à cette haine… cette colère… cette violence… ce sang… Ils ne pouvaient plus s’en passer… Les draniens et les chozos abandonnaient cette planète, délaissant la technologie et tout ce qu’ils avaient crée… pour envahir deux autres planètes. Il était maintenant hors de question… de se combattre… Dommage… Vraiment dommage… »

« Tu vois… Samus ? Il m’inquiète… Il croit qu’il me parle… »

Samus s’était mise légèrement à bâiller, se frottant les yeux pour apercevoir le jeune homme qui faisait les cent pas. A moitié endormie, les yeux légèrement pliés, elle écoutait ce que le jeune homme racontait, celui-ci reprenant :

« Dommage… qu’ils aient décidé, dans leur vanité mal-placée de vouloir garder les metroïdes et le phazon… De toute façon… Le phazon et les metroïdes se seraient quand même invités dans leur vaisseau… Maintenant… Il n’y avait plus rien… Les dômes étaient abandonnés… Et ceux qui étaient trop faibles et inutiles… étaient simplement la cible… et la proie… des… metroïdes et du phazon… »

« Samus… Je me demandais… Tu as déjà parlé à Orion du virus SA-X ? »

« Hein ? Non… Je ne crois pas… Je lui ai déjà expliqué que j’avais du sang de metroïde en moi… Puisque j’ai été sauvée… Mais je ne lui ai jamais parlé du virus SA-X. »

« Alors… Pourquoi est-ce qu’il est au courant de son existence ? »

Elle haussa les épaules, ne sachant pas du tout quoi répondre à cette question alors qu’Orion terminait enfin sa longue tirade, murmurant lentement :

« Ce journal… est simplement… celle d’une pauvre enfant… qui était parmi les dernières survivantes… Elle a vu tout simplement la mort… de près… de très près… Mais son corps… montre… qu’elle n’a pas été tuée… Simplement morte… de faim… et de soif. »

« Orion ? Tu vas bien ? »

Le jeune homme se tourna vers elle, lui faisant un grand sourire alors qu’elle reculait un peu. Il avait quelque chose… de vraiment effrayant… surtout lorsqu’il murmurait :

« Je vais très bien… Pourquoi ? J’ai fini de lire… Vraiment… captivant ce livre… »

« Captivant ? Tu es sûr de ça ? »

Il hocha la tête d’un air positif alors qu’elle s’approchait de lui… Orié, Cynthia et Personia n’avaient rien raté de tout ça… Le jeune homme était bizarre… depuis qu’ils étaient arrivés.