- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 245 : Une âme en lui
« Maman … » murmura tout simplement le jeune homme aux cheveux argentés alors que la femme Momartik continuait de le serrer dans ses bras.
« Oui, oui, Kéran. C’est moi … Tu as bien grandi depuis tout ce temps. »
« Mais mais mais … Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas répondu toutes ces fois ? Et puis, lorsque j’ai cru que c’était toi et qu’en fait, ça l’était mais tu as tout fait pour me tromper à ce sujet. Pourquoi est-ce que tu as fait ça, maman ? »
« Car tu n’avais pas besoin que j’étais là. Tu as déjà une personne pour te protéger … et cela depuis des années. Alors pourquoi m’immiscer entre vous ? »
« Mais pourquoi est-ce que tu n’es pas venue plus tôt ? Après tout ce temps … » bredouilla le jeune homme, plongé en pleine confusion par les actes de la femme qu’était sa mère.
« Lorsque l’on meure, on ne revient pas tout de suite à l’état de pokémon spectral ou ténébreux. Je pense qu’Elyséa peut confirmer cela … n’est-ce pas ? »
« Il m’a fallu environ cinq ans avant de retrouver cette volonté qui m’a permis d’avoir cette forme, Kéran. Tout dépend de la personne … Enfin, je ne peux pas le dire réellement, je ne sais pas exactement comment cela se passe. »
« D’’accord, Elyséa … Je comprends donc … Enfin … MAMAN ! »
Il resta collé contre sa mère pendant de longues secondes, n’étant pas motivé à bouger de cette position. Zaryne eut un petit rire, murmurant :
« Quand même … Sur ce point, tu n’as pas changé d’un iota, Kéran. Toujours aussi pot de colle. Il est vraiment temps que tu te trouves une femme à qui tu pourras faire une telle chose, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu en penses ? »
« Je … J’en ai déjà une. Tu la connais hein ? C’est Katérina. »
« Tu veux un conseil de la part de ta mère ? »
« Euh … Je ne sais pas trop … Un conseil à quel sujet, maman ? » bafouilla le jeune homme aux cheveux argentés, un peu inquiet.
« Au sujet des femmes qui t’entourent … Hmm … Non … Je ne devrais pas donner mon avis à ce sujet. Ce n’est pas à moi de m’occuper de cela. »
« Euh … Comme tu veux mais ça concernait quoi ? Tu ne m’as pas dit. »
« Katérina … Cette jeune femme qui t’accompagne. Je tiens à te signaler que ce n’est pas une bonne chose … Enfin non. Tu es maintenant un adulte, tu es libre de comprendre par toi-même et de faire tes propres réflexions. »
« D’accord … Même si je ne comprends pas tout. »
Pfiou. Il était vraiment perturbé. Il fut poussé par sa mère dans les bras d’Elyséa, celle-ci le réceptionnant avec un peu d’étonnement. Qu’est-ce que ça voulait dire ? La femme Momartik reprit la parole avec douceur :
« Je suis venue simplement car tu étais en danger de mort, Kéran. »
« Sinon, tu ne te serais jamais présentée à moi ? C’est bien ça ? »
« C’est exact. Si je ne suis pas nécessaire, je ne me présenterais pas. Et puis bon … Vous êtes quand même bien mignons, tous les deux ensemble, non ? »
« Maman ! Ce n’est pas ce que tu penses exactement ! Et puis, Elyséa aime Kurym ! Je ne sais pas si tu as pu voir ce que nous avons vus mais … »
« Kéran, Kéran, Kéran … Sais-tu ce qu’est la réincarnation ? Elyséa s’est réincarnée en une pokémon ténébreuse, ça ne change rien à son précédent physique. C’est une réincarnation différente de celle dont tu es sujet. »
« De quoi est-ce que tu veux parler exactement, maman ? Moi ? Réincarné ? Mais en quoi ? En quoi est-ce que je serai réincarné ? Et puis, je ne suis pas mort. »
« Et si … Kurym était en toi, Kéran ? Si tu étais sa réincarnation ? Qu’est-ce que tu ferais exactement alors ? » murmura Zaryne en s’adressant à son fils, celui-ci se retirant des bras d’Elyséa qui le laissa faire sans le retenir ne serait-ce qu’un instant.
« Même si c’était le cas … Kurym est Kurym … Je suis Kéran. Elyséa aime Kurym, pas Kéran. Ca se voit parfaitement. Ce qui s’est passé … Non, il ne s’est rien passé du tout. Rien du tout ! Voilà ! Elyséa ! Tu peux lui dire parfaitement ? La situation ? »
« Kéran est juste Kéran, Zaryne. Ca ne changera pas. Kurym était un forgeron de mon temps, rien d’autre. Pourquoi est-ce que cela changerait ? »
« Toi … Kéran. Pars d’ici … Maintenant. »
Hein ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Il ne comprit pas réellement mais sa mère était en colère. Il fit quelques pas en arrière, un peu inquiet. Qu’elle ne fasse pas de mal à Elyséa hein ? Il ne voulait pas qu’elle souffre ! Pas du tout même !
« S’il te plaît … Ne te met pas en colère contre Elyséa, elle n’a rien fait de mal. »
« Je vais avoir une discussion de femme à femme avec elle, c’est tout. »
« Mais mais mais … » bafouilla Kéran jusqu’à Zaryne crie :
« Tu vas écouter ta mère, oui ou non ?! »
OUI ! Il s’éloigna aussitôt à toute allure, prenant ses jambes à son cou dans son propre rêve. Qu’est-ce qu’elle allait dire ? Qu’est-ce qu’elle allait dire à Elyséa ? Il ne voulait pas qu’Elyséa ait de problèmes ! Pas du tout même ! AH NON NON ! Pas du tout ! Ce n’était pas ça qu’il voulait ! Pas du tout même ! Mais mais mais …
« Bon, mettons les points sur les i si tu veux bien, Elyséa. Je suis la mère de Kéran, tu t’en doutes, n’est-ce pas ? Et tu sais aussi que le rôle d’une mère est de tout faire pour que son enfant soit heureux, n’est-ce pas ? »
« Je le sais parfaitement, madame Zaryne. » murmura Elyséa, employant ce qualificatif car elle ne lui laisserait pas vraiment la tutoyer.
« Alors … Maintenant que je suis là, quel va être ton rôle envers Kéran ? »
« Hein ? Mon rôle ? Mais il ne va pas changer … Je vais le protéger … comme d’habitude. Je vais tout faire pour qu’il soit heureux et … »
« Je viens de te dire que c’était à moi d’agir ainsi. Tu n’es plus là pour le rendre heureuse de cette façon. Tu n’es plus sa protectrice. »
« Mais je suis censé être quoi alors ? Si vous me retirez l’unique chose pour laquelle je suis bonne, qu’est-ce que je suis censé être ? »
« Toi-même ? Réponds-moi sincèrement. Est-ce que tu as tiré un trait sur Kurym ? »
« Je … Tiré un trait … Non … J’avais juste scellé dans ma mémoire tout ce qui se rapportait à lui mais Kéran a réussi à me redonner mes souvenirs et puis, je … »
« Ca ne répond pas à ma question. Si tu avais scellé ta mémoire sur ce point, par rapport à Kéran … Qu’est-ce que cela aurait fait ? »
« Madame Zaryne, sauf votre respect, je vais vous le dire clairement : je n’aime pas Kéran. Je ne pourrai pas l’aimer et vous savez pourquoi ? Vous le savez parfaitement. Regardez votre corps, regardez le mien, regardez le sien. Maintenant, je vais retourner auprès de lui pour voir s’il a besoin de mon aide ou non. »
Elle fit un petit geste de la main pour s’en aller mais un mur de glace l’en empêcha. Elle se retourna, Zaryne faisant un petit sourire mauvais et malveillant bien qu’en même temps, Elyséa ne se sentait pas en danger par rapport à elle.
« Je ne crois pas que tu saisis l’importance d’une relation humaine, n’est-ce pas ? Je pense qu’après tous ses millénaires, tu n’as pas seulement scellé ta mémoire … mais bien d’autres choses, Elyséa. »
« Cela ne vous concerne pas, je suis désolée de devoir vous le dire de la sorte. »
« Cela me concerne grandement. Elyséa … Je ne vais pas t’embêter plus longtemps à ce sujet. Je vais juste te dire une chose : rappelles-toi de ce que tu as fait au moment où Kéran a ouvert les yeux. C’était ta véritable apparence, tes pensées vraies. Sur le moment, tu n’avais aucune contrainte, aucune restriction, tu ne t’étais imposée aucune barrière. Kéran est Kurym … L’âme de Kurym est celle de Kéran. Même si je sens que mon fils t’a caché quelque chose, je n’ai aucun doute à ce sujet. Mais même si Kéran n’aurait pas été Kurym, tu n’as pas hésité un instant quand tu l’as vu ouvrir les yeux. »
« C’était une erreur ! Une monumentale erreur ! Une erreur qui ne se reproduira plus jamais ! PLUS DU TOUT ! Rien ! Vous ne comprenez pas ?! Je vais vous le dire ! Regardez bien ce que je suis … et ce que vous êtes. Je vais vous le dire : MORTES ! Voilà ! NOUS SOMMES MORTES ! Et ça ne changera jamais ! »
« Et parce que tu es morte, tes émotions et tes sentiments le doivent être aussi ? »
« Vous ne comprenez donc pas … hein ? Regardez votre fils. La dernière fois que vous l’avez vu, il avait quel âge ? Huit ans, n’est-ce pas ? Maintenant, il en a bientôt dix-neuf voire vingt ! Il a eu ses dix-huit ans avec moi ! Mais ce n’est pas ça le problème ! Le problème, c’est que vous êtes restée la même ! Et moi aussi ! Nous sommes figées dans le temps ! Nous ne vieillissons pas ! Nous ne vieillirons pas ! »
« Oh … Cela m’étonne de ta part … mais je comprends finalement quel est ton problème. Oui … Je crois que je vais le dire à Kéran, ça sera bien mieux. »
« De quoi ? Qu’est-ce que vous allez lui dire ? Ne racontez pas n’importe quoi à mon sujet ! » s’écria Elyséa, tremblant de tout son corps.
« Tu veux rester avec lui pour toujours … mais tu as peur de le voir vieillir … de le voir mourir. Elyséa … Si tu aimes vraiment une personne, l’âge n’a aucune importance. La seule chose qui compte, ce sont les moments passés ensembles. Est-ce que tu veux être brouillée avec lui à jamais ? Bloquer par un mur indestructible tes sentiments envers lui ? Car tu le verras gagner des rides sur son visage, ses cheveux devenir encore plus blancs qu’il ne le sont ? Tu ne voudras pas être celle qui l’accompagnera dans ses derniers moments ? »
« … … … Je veux être là à ses côtés … jusqu’à son ultime souffle. »
« Qu’importe ce qui se passera entre vous deux ? »
« Qu’importe … où Kéran se trouvera, qui l’accompagnera sur sa route, ce qui se passera … Je veux juste être avec lui. »
« Bon, alors, tu as parfaitement compris où je voulais en venir. »
« Mais je ne pourrai jamais lui offrir ce qu’il veut. Kéran veut des enfants … Kéran veut une famille … Il veut tellement de choses. »
« Je pense qu’il consentira à quelques sacrifices … après tous ceux que tu as faits pour lui, n’est-ce pas ? Tu crois que Kéran est … ainsi ? Qu’il se fiche des autres ? »
« … … … Je ne veux plus en parler. Je vais attendre Kéran hors de son corps puisqu’il va se réveiller. Vous êtes perturbante, madame Zaryne. »
« Je suis une descendante de Kurym, il est donc normale que je sois ainsi, tu t’en doutes, n’est-ce pas ? » répondit la femme Momartik, finissant par mettre à nouveau son masque su son visage. Elyséa resta sur place, songeuse à ce qu’elle avait dit.
Ailleurs, dans son lit, le jeune homme aux yeux bleus ouvrit ces derniers, regardant le plafond. Il avait mal … tellement mal … Et il ne pouvait pas bouger, pas du tout même. Il tourna juste son visage vers la gauche, remarquant Sélia.
Elle était assise et endormie sur place. Elle avait surement veillé sur lui pendant tout ce temps. Elle devait se sentir responsable de son état, n’est-ce pas ? Mais il ne lui en voulait pas, pas du tout même. Même si c’était de sa faute, il n’allait pas lui jeter la pierre.
« Par contre, ce qu’Elyséa m’a dit … C’était vrai. »
C’était particulièrement vrai. Il pouvait voir ses mains. Il n’avait plus vraiment … Enfin si … Il avait de la peau mais elle semblait si fragile … comme du papier. C’était horrible, il était vraiment dans un état déplorable.
« Kéran, ne fait plus aucun mouvement, d’accord ? »
« D’accord, Elyséa … D’accord … Qu’est-ce que … »
La femme aux cheveux blancs était sortie de son corps sans même le prévenir. Elle était là, de l’autre côté du lit, regardant Sélia. Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Je vais m’occuper de toi mais d’abord … Je pense qu’une personne serait ravie de voir que tu vas bien. Sélia … Sélia. »
« Sélia, tu m’entends ? Sélia. »
Lui aussi avait murmuré le nom de la jeune femme aux cheveux bleus alors que celle-ci remuait un peu sur sa chaise, commençant à ouvrir les yeux à son tour. Lorsqu’elle les posa sur Kéran, ils se figèrent.
« Je … Je … Kéran ! Tu es réveillé ! KERAN ! »
Elle voulut commencer à l’enlacer mais remarqua son état et s’arrêta dans son mouvement, faisant un petit sourire tendre avant de murmurer :
« On va éviter si tu veux bien … »
« Je ne suis pas vraiment en état, c’est vrai. Alors … Tu as réussi à avoir ce Dracaufeu ? »
« Je … Je … Je … » bredouilla Sélia avant de commencer à pleurer, Elyséa soupirant en donnant une petite tape sur le crâne dégarni de Kéran bien que maintenant, une faible chevelure cherchait déjà à repousser.
« Espèce d’idiot. Blessé ou non, tu ne demandes pas si elle a réussi à battre celui qui est à l’origine de ton état. Elle s’en veut terriblement et toi, tu prends des nouvelles de ça. Tu n’as pas autre chose à lui dire plutôt ? »
« Non … Je … Ce n’est pas grave. Mais il est enfin réveillé, je vais pouvoir alors lui parler. Elyséa, Hyathéna, vous pouvez nous laisser seuls, s’il vous plaît ? »