Chapitre 244 : Une erreur

ShiroiRyu
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Chapitre 244 : Une erreur

« Hmm … Hmm … Hmm ! »

Il tentait de bouger mais Elyséa l’avait vraiment plaqué au sol. Elle lui retenait les bras, ayant ses mains dessus pour l’empêcher de se mouvoir. Pendant ce temps, elle avait fermé les yeux alors que lui, les avait bien ouverts. Elle était vraiment … en train de l’embrasser ! La femme qui avait toujours évité de ne faire ne serait-ce qu’une réelle … émotion envers lui. Celle qui s’était toujours retenue pendant des mois …

« On dirait … On dirait … que visiblement, je dérange. »

La voix de Sarène résonna dans le lieu alors qu’il remarquait finalement ce qui se passait … Elyséa ouvrit les yeux, ayant maintenant conscience de ce qu’elle était en train de faire. Elle retira aussitôt ses lèvres, rougissante comme une enfant.

« Pardon ! Pardon, Kéran ! C’était … C’était un moment de faiblesse ! »

Lui-même n’avait pas vraiment son mot à dire. En fait, il était dans un autre monde, un monde où lui seul pouvait se trouver. Ce baiser avait un goût de paradis. Il avait une saveur qu’il n’avait jamais sentie chez Katérina ou Sélia. C’était un goût d’interdit mais aussi un goût d’un autre genre, d’un autre niveau.

« Kéran ? Hey ! Kéran ! Ne me refait pas une chute ! S’il te plaît ! »

Voilà qu’elle s’était mise à nouveau à s’inquiéter à son sujet. Elle plaça ses mains sur ses épaules, le secouant un peu avant de le prendre dans ses bras. C’est vrai … Il était dans ses rêves … Il avait besoin d’explications mais là … Il avait juste envie d’une chose.

« Elyséa, je vais bien … Enfin, je vais mieux. Je te le promets. »

C’était lui qui vint la serrer contre son cœur. Il passa une main dans ses cheveux blancs, les caressant pendant de longues secondes pour la rassurer. Il allait bien mieux, oui. Ah … Elyséa … Il entendit quelques soupirs de sa part.

« Tu peux néanmoins … m’expliquer ce qui s’est passé ? »

« Kéran … Quand tu te réveilleras, tu … Enfin, je dois te dire quelque chose … »

« Quoi ? Je … Qu’est-ce qui … Enfin, c’est grave ? Tu m’inquiètes un peu. »

« A cause de cette attaque du Dracaufeu, je tiens à te dire … Enfin … Ton corps a été sévèrement brûlé … mais aussi … Tes cheveux, bref … Tu es devenu chauve. »

« Chauve ? » répéta le jeune homme pour être sûr d’avoir très bien compris.

Elle releva sa tête, le regardant dans les yeux avant d’émettre un sourire qui était aussi pur que du cristal. C’était un sourire comme ça qu’il recherchait depuis toutes ces années.

« Complètement chauve … Plus un cheveu sur le crâne. »

« Vrai de vrai ? » demanda le jeune homme alors qu’elle confirmait d’un hochement de tête. Il éclata de rire avant de reprendre : « Oh bon sang ! Plus un poil sur le caillou ! Je n’y crois pas ! Mais quand même … Et mon corps ? Comment est-ce qu’il va ? »

« Parcouru par les brûlures, il est dans un triste état, je dois l’admettre, Kéran. »

« Mais bon … Je peux encore me mouvoir ? C’est ça ? »

« Bien entendu ! Par contre, après un mois, il y a de fortes chances que tu aies du mal à bouger ou à faire ne serait-ce que les mouvements les plus primaires. »

« Je suis resté un mois … endormi comme ça ? Mais je dois être en train de puer ! Avec l’odeur, la transpiration, puis aussi les brûlures ! ERF ! »

« Ah ça … Hum … » commença à dire Elyséa, rougissante à nouveau. C’était si rare de la voir ainsi mais il comprenait après ce qui s’était passé il y a encore quelques minutes … Il valait mieux ne plus en parler. « Je t’ai pris avec moi et je t’ai lavé une fois par jour. »

« Oh … Je vois … Enfin … »

Est-ce qu’elle avait rêvé au fait en même temps que lui ? Est-ce que leurs esprits s’étaient connectés ? Il n’était même pas au courant à ce sujet. Il valait mieux peut-être ne pas trop en parler pour ne pas la déranger ou sinon …

« Elyséa, tu sais … J’ai fait un étrange rêve … où j’étais un forgeron nommé Kyrum … Et puis … Je … Enfin, tu étais dedans aussi. »

« Je … Je le sais … Je l’ai vécu moi aussi … mais de mon côté. Je … »

« On ferait mieux de ne pas trop en parler, je crois. C’est de ma faute. Je n’aurai pas dû ramener la conversation sur ce point. »

« Ce n’est pas de ta faute, Kéran ! C’est juste que bon … Je n’ai plus rien à cacher, plus rien du tout … Et puis, moi-même, je ne m’en rappelais plus. »

« Je vois, je vois … Enfin, oui … Je comprends parfaitement, Elyséa. »

C’était un peu … dérangeant ce qui se passait. Est-ce qu’elle s’imaginait qu’il avait pu la voir dans son plus simple appareil ? Sauf que non, plongé dans ses pensées pendant cet instant … Ah … Peut-être qu’il devait quand même parler … de ça.

« Elyséa … Au sujet de Kurym, tu l’aimes non ? Enfin, tu l’aimes toujours, n’est-ce pas ? »

« Mes sentiments sont toujours les mêmes … pour lui … jusqu’au bout, Kéran. »

Alors pourquoi est-ce qu’elle l’avait embrassé lui ? Pourquoi ? Pourquoi donc ? Maintenant, il se sentait mal et nauséeux, ça ne lui plaisait pas. Pas du tout même. Il ne voulait pas être un remplaçant, pas du tout même. Ce n’était pas sa position ! Pas du tout même ! Ce n’était pas son rôle ! Ce n’était pas son genre ! Il n’acceptait pas ça ! Il ne l’acceptait pas du tout même ! Il ne voulait pas de ça ! Il …

« Elyséa, est-ce que tu sais comment Kurym est mort ? »

« Non … Je … Je l’ai laissé vivre son existence avec cette femme … Tout ce qui importait, c’était qu’il soit heureux. »

« Elyséa, est-ce que tu veux la même chose pour moi ? » murmura le jeune homme, ne sachant pas du tout comment placer une telle conversation.

« Bien entendu ! Je veux que tu sois heureux avec … la femme que tu aimeras. »

La femme qu’il aimerait. Elyséa… Il vint la serrer plus fortement contre lui, la gardant contre son cœur sans vouloir la lâcher. Elle fut plus que surprise, bredouillant :

« Kéran, tu devrais me lâcher. Ce n’est pas une bonne chose. C’est une erreur… Une grossière erreur. S’il te plaît, Kéran. »

« Elyséa … Je … Non … Rien du tout. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu ces pensées du côté de Kurym, je ne sais pas du tout, je suis vraiment désolé. »

« Ca doit être à cause de la fatigue ou alors du fait que j’étais en toi depuis tout ce temps. A force, ce n’est pas la première fois que tu avais mes souvenirs, non ? Cette fois-ci, c’était plus grave que prévu et il semblerait donc que tu aies eu accès … à certaines parties cachées. »

Non, elle ne comprenait pas. Pas du tout même … Pourquoi est-ce qu’il avait pu être dans les pensées de Kurym … comme si c’était lui ? Et puis, si cela avait été les souvenirs d’Elyséa, pourquoi est-ce qu’il avait su ce qui s’était passé ensuite ? Après sa mort ? Alors qu’elle n’était pas avec Kurym ? Pourquoi ? Non … Il ne devait pas lui en parler. Ca ne la concernait pas et il ne voulait pas la troubler plus.

« Elyséa … J’aime Katérina, tu sais. »

« Je le sais parfaitement, Kéran. Je ne t’arrêterai pas à ce sujet. »

Tant mieux alors. Il voulait juste être d’accord avec elle. Il fallait … oublier ce qui s’était passé. C’était tout. Il fallait que les deux se mettent d’accord à ce sujet. Pourtant, il n’arrivait pas à lâcher Elyséa. Il n’y arrivait pas ! Il tenait fermement le corps de la femme aux cheveux blancs contre lui et elle ne se débattait pas !

« Elyséa … Au sujet de ce qui s’est passé ici … »

« Il ne s’est rien passé. Ce n’était que notre imagination … Et même si cela s’est passé, ce n’était qu’un moment de faiblesse, une monumentale erreur. Cela ne se reproduira plus, Kéran. Je peux te le promettre. Je ne vais pas gâcher ton bonheur. Mais si tu veux que je me scelle à jamais en toi sans plus jamais t’adresser la parole, je le ferai. Car je ne veux pas que tu souffres à cause de moi et je ne … »

« Je le dirai à Katérina. Je n’aime pas lui mentir mais … Je dirai que c’est moi qui a lancé les hostilités. Que j’ai eu un geste malheureux car j’étais heureux de m’en sortir. »

« Mais mais mais … Kéran … Ca serait alors lui mentir. »

« Non, juste modifier un peu la vérité sur ce qui a mené au résultat final. »

Il tentait de la rassurer et de lui sourire mais bizarrement, cela le faisait souffrir, terriblement souffrir même. Il avait mal … à l’idée … Non ! Pas exactement. Ce n’était pas exactement comme ça … Loin de là même.

« D’accord, Elyséa ? Tu comprends ce que je veux faire ? »

« Est-ce que ça te rendra plus heureux de lui mentir à ce sujet ? Le mensonge est horrible … Je ne veux pas de ça de ta part. Dis-lui la vérité, Kéran. Simplement la vérité … Promets-le moi. D’accord ? Regarde-moi dans les yeux et promets-toi de lui dire la vérité. »

La regarder dans les yeux ? A l’heure actuelle, c’était assez difficile vue qu’ils étaient dans la même tenue … mais surtout celles dans laquelle Kurym et elle s’étaient aimés. Donc bon, il n’avait pas réellement la tête à tout ça. Mais pourtant, il observa ses yeux saphir. La rendre malheureuse ? Elle ? Non, il ne voulait pas. Elle avait assez souffert.

« Je te le promets, Elyséa. Je lui dirai que tu m’as embrassé mais que tu étais confuse à ce moment précis. Tu ne savais pas comment réagir exactement. Est-ce que cette vérité-là te convient ? Si c’est le cas … Tant mieux. »

Pfiou ! Pourquoi est-ce qu’il se sentait aussi mal que ça ? Il avait mal au cœur, comme s’il se refusait lui-même la vérité. Enfin … Ce n’était pas normal ! Pas du tout même ! Enfin … Elyséa …Comment lui dire la vérité à son sujet ?

« Je n’aime pas le mensonge … Je n’aime pas qu’on lui cache tout … Loin de là. »

« Je … Je suis d’accord, Elyséa, c’est exactement ça. »

« Je crois que je vais donc vous laisser tous les deux. Vous avez bien des choses à vous dire, non ? » murmura finalement la voix de Sarène. AH ! Il avait complètement oublié la femme aux cheveux bleus !

« ATTENDS UN PEU ! »

Elyséa avait finalement retiré ses mains du corps de Kéran pour se lever aussitôt. Elle prit Sarène par le bras, l’empêchant de s’en aller.

« Tu ne crois pas qu’il mérite de savoir la vérité justement ? Je lui en parle mais si de ton côté, tu commences à lui mentir, mes paroles n’auront aucune valeur. Et puis, il a besoin de savoir qui l’a surveillé pendant un mois à mes côtés. »

« Elle … Elle était là pendant tout ce temps ? » bredouilla Kéran.

« Et plus encore … Sans elle, tu serais surement mort à l’heure actuelle. »

« SARENE ! C’est donc vrai ça ?! Ce qu’elle dit ?! »

« C’est le cas, Kéran. Ton corps était tellement … déchiré par les brûlures qu’il ne pouvait que mourir. J’ai préféré gelé ton corps avec mes pouvoirs pour éviter que tout cela ne s’accentue. Mais maintenant que tu as retrouvé conscience et malgré ton état, tu devrais pouvoir t’en tirer. Tant mieux … Je vais … »

« SARENE ! FAIS-LE MAINTENANT ! Si tu ne lui dis pas la vérité maintenant, tu le regretteras pour le restant de ton existence ! »

« A quoi bon ? Qu’est-ce que cela changerait ? Kéran n’a pas sincèrement besoin de moi, non ? J’étais juste là au bon moment. »

« Et sans toi ? Qu’est-ce que cela changerait ? Tellement de choses. Alors dis-lui maintenant ou je te forcerai à retirer ce masque ! »

« Retirer ce masque … Hum … Si seulement Kéran le désire. »

« Je veux savoir qui tu es réellement, Sarène ! »

« Soit … Alors … Visiblement, je n’ai pas le choix. Elyséa ne me lâcherait pas de toute façon. » murmura la femme aux cheveux bleus avec lenteur.


Elle poussa un léger soupir avant de mettre une main sur mon masque, le retirant doucement. Peu à peu, les traits de son visage commencèrent à apparaître. Des traits féminins, bien entendu mais qui avaient une certaine maturité. Elle n’était pas vieille … mais elle avait déjà des années, un bon nombre d’années en elle.
… … … Ce visage … … … Il le connaissait. Mais comment ? Depuis quand ? Quand est-ce qui l’avait vu ? Cela faisait des années, de très longues années même mais il n’arrivait pas à mettre un nom dessus.

« Et bien alors ? C’est comme ça que tu accueilles celle qui t’a donné la vie après toutes ces années de séparation ? »

Cette voix … Sans le masque, il en était maintenant sûr ! Ces mots ! Il en était sûr ! Il en étiat sûr maintenant ! Il en était convaincu ! C’ETAIT … C’ETAIT …

« Si tu peux me lâcher maintenant, Elyséa ? »

« Je pense que oui … Si tu comptes le voir, Zaryne. »

« Après tout ce temps et puisque tu m’as forcée à me montrer, ça ne serait pas logique de ma part de faire ça donc ? » chuchota la Momartik humanisée.


Elyséa retira sa main du bras de Zaryne, la femme faisant quelques pas en direction de Kéran, arrivant jusqu’à lui. Elle vint s’accroupir, tendant ses mains vers le jeune homme avant de le serrer contre sa poitrine. Finalement, elle avait été obligée de se découvrir mais … Cela avait été une bonne chose. Maintenant, elle savait exactement ce qui allait se passer.

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