Chapitre 25 : L’âge de la rébellion

ShiroiRyu
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Quatrième partie : Un royaume en perdition

Chapitre 25 : L’âge de la rébellion

« Mais tu es devenu un véritable Muciole ! On ne t’arrête plus aujourd’hui ou quoi ? »

C’était la mère du jeune garçon qui s’adressait à ce dernier. Contrairement à ses habitudes, celui-ci semblait réellement excité par quelque chose qu’il n’avait pas encore expliqué. Il était une véritable puce incontrôlable, son père semblant surpris, demandant :

« Il n’y a pas un moyen de l’arrêter ? Je ne l’ai jamais vu ainsi … C’est entre l’émerveillement, l’effroi et l’inquiétude. Si tu as une explication … autre que le fait qu’il ait dix ans. »

« Nullement … Mais peut-être qu’il peut nous donner une explication ? Earnos ? » questionna sa mère alors qu’il quittait la pièce, s’arrêtant au beau milieu de son geste.

« Euh … Euh … Euh … Je vais d’abord aller me laver ! »

Il disparut comme une flèche. Bon sang … Il était monté sur ressort ou quoi ? Dire que toute sa famille se demandait ce qui se passait avec lui, il fallait dire que tout ça était arrivé presque inexplicablement à partir de hier soir. Comme ça … D’un coup, lorsque sa mère lui avait murmuré avant qu’il aille dormir que demain, il allait avoir dix ans … Il avait tout de suite montré un zèle incompréhensible.

« Voilà … Je suis prêt. » dit le jeune garçon, ressortant propre et correctement habillé, un petit sifflement admiratif de sa sœur aînée se faisant entendre.

« Et bien … As-tu rendez-vous avec la jeune Herakié ? » le questionna t-elle, un sourire aux lèvres alors qu’il hochait la tête négativement.

« Pas du tout ! Mais par contre, c’est vrai que je peux ne pas travailler aujourd’hui ? »

« Bien entendu, Earnos. Nous n’allons pas t’empêcher alors que c’est la première fois que tu demandes une telle chose. J’ai déjà prévenu le chef et les autres sont un peu tristes. Ils auraient bien aimé fêter cela avec toi mais bon … Ils comprennent. » répondit son père.

Tant mieux alors. Il poussa un soupir soulagé alors que nul ne connaissait la raison. Allait-il expliquer enfin ce qui se passait ? Pourquoi était-il dans un tel état ?

« Grand frère … Grand frère … Tu es content car c’est ton anniversaire ? » demanda Jiane, sa petite sœur qui le regardait avec interrogation.

« Bien sûr ! Mais ne t’en fait pas, un jour, tu auras aussi dix ans. AH ! Maman … Papa … Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? »

« Bien entendu … Qu’est-ce qu’il y a ? » l’interrogea sa mère tandis qu’il reprenait la parole d’une voix un peu plus calme qu’auparavant :

« Euh … C’était pour savoir … Enfin non … C’était juste pour le dire … Ce soir, je vais dormir chez mademoiselle Douély ! C’était juste pour vous prévenir ! »

Tout le monde s’immobilisa et vint se taire. Il venait de dire quelque chose de choquant ou quoi ? Il regarda à gauche et à droite, se demandant si il venait de dire une bêtise ou non. Finalement, ce fut son père qui prit la parole, toussant légèrement comme pour bien montrer qu’il était un peu gêné par toute cette histoire :

« A ce sujet … Earnos … Nous voulions t’en parler mais tu ne nous laisses jamais le temps. »

« Oui … Papa ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu sembles un peu embêté … » murmura le jeune garçon avec un peu d’appréhension en voyant la mine de ses deux parents mais aussi de ses deux grandes sœurs. Il y avait un souci ou quoi ? Ce n’était pas dans leurs habitudes d’après ce qu’il savait … Mais bon … Peut-être que c’était assez grave.

« Nous en avons déjà parlé, n’est-ce pas ? Au sujet de cette … Munja. Nous t’avons même demandé à nous la présenter, au cas où … » reprit son père.

« Mademoiselle Douély n’aime pas vraiment sortir de chez elle. Mais pourquoi, vous, vous ne voulez pas venir la voir ? »

« Ce n’est pas à toi de poser les questions, Earnos. Tu sais parfaitement ce que sont les Munjas. Nous t’avons souvent prévenu … Auparavant, ce n’était pas aussi dérangeant car tu n’y allais pas aussi souvent mais depuis un ou deux mois, c’est à peine si tu es à la maison. Cela est assez inquiétant surtout que nous ne connaissons rien des Munjas. Il vaut mieux que tu évites de la voir dorénavant. Surtout que d’après ce que tu nous as dit, elle vit seule. Tu ne sais pas sur qui tu peu tomber, tu es encore très jeune. »

« … … … Papa, ça fait plus de cinq ans que je connais mademoiselle Douély. Et elle ne m’a jamais rien fait du tout ! Mademoiselle Douély est une femme vraiment très gentille ! Elle m’apprend beaucoup de choses puisque je ne peux pas aller à l’école ! Elle me raconte aussi beaucoup d’histoires ! Elle sait vraiment beaucoup de trucs ! » s’écria l’enfant aux cheveux blonds, une petite mine boudeuse.

« Oui mais nous ne savons pas ce qu’elle prépare. Les Munjas n’ont pas une bonne réputation dans notre village et encore moins dans le royaume. Toujours isolés, ils vivent en communauté alors qu’ils ne s’adressent pas la parole entre eux ou presque. Dans quelques années, lorsque tu seras adolescent voir adulte, tu seras libre d’aller la voir quand tu le désires mais il vaut mieux qu’à partir d’aujourd’hui, tu ne … »

« MÊME PAS ! » hurla Earnos en s’adressant à son père, celui-ci haussant un sourcil de surprise. « Vous ne voulez quand même pas que je n’aille plus la voir aujourd’hui ?! »

« Earnos … Il vaudrait mieux que tu te calmes … Ca ne sert à rien de s’emporter. » murmura sa mère sur un ton inhabituel, autant que ces phrases. Elle ne s’était jamais attendue à les dire au jeune garçon aux cheveux blonds.

« Non ! Je suis calme ! Et je ne vous écouterai pas ! Pas aujourd’hui ! Surtout pas aujourd’hui ! Mademoiselle Douély m’attend ! Moi aussi, j’ai attendu ça depuis beaucoup de temps ! Beaucoup trop même ! Vous ne pouvez pas comprendre ! »

« Mais comprendre quoi, Earnos ? » demanda Cassina avec délicatesse, espérant calmer le jeune garçon alors que celui-ci vociférait :

« Ce que ça fait d’attendre depuis autant de temps ! Je m’en vais maintenant pour la peine ! »

« Hein ? Mais attends … Earnos ! Nous n’avons même pas coupé ton … » commença à dire Passy avant qu’il ne la coupe une nouvelle fois :

« Mangez-le entre vous ! Moi, je n’en veux pas ! C’est plus important d’aller voir mademoiselle Douély que de manger un gâteau ! »

Et il était parti en claquant simplement la porte. Personne n’osait prendre la parole, un mélange de tristesse et d’étonnement se laissant voir sur leurs visages. Cette personne … Cette Munja nommée Douély … Etait-elle vraiment si importante que ça ? Mais pourtant, c’était simplement une Munja … Rien d’autre. Non … C’était une Munja et c’était là le problème … Comme l’était celui des Rapions et des Drascores …

« Oui ? Earnos ? » demanda une voix féminine alors que plusieurs coups venaient tambouriner à sa porte.

« C’est … C’est moi … mademoiselle Douély. » souffla une petite voix alors qu’elle ouvrait la porte. Le jeune garçon était bien présent, la tête baissée, les yeux rougis.

« Je ne m’attendais pas à te voir aussi tôt, Earnos. Mais attends un peu, tu as pleuré ? »

Sans un mot, il vint loger sa tête contre le haut du ventre de la jeune femme, reniflant bruyamment alors qu’elle refermait la porte derrière elle. Elle allait devoir lui demander quelques explications mais pour l’instant, elle …

« Snif … J’avais promis … que je ne devais … pas pleurer … »

« Allons … Allons … C’est surtout la première fois que je vois dans un tel état. Tu vas me raconter tout ce qui s’est passé d’accord ? »

Contrairement à sa position habituelle, il se retrouva installé les jambes de la Munja mais uniquement la tête. Le reste du corps était couché sur un canapé qu’elle venait visiblement de s’offrir puisque la dernière fois qu’il était venu, c’est-à-dire depuis hier ou avant-hier.

« Et bien … Earnos … Est-ce que tu t’es calmé ? »

« Hmm … Hmm … »

Il ne lui répondait que par des murmures tandis qu’elle triturait ses cheveux avec ses mains. Elle allait attendre encore un peu avant de lui poser la question principale : pourquoi ? A quatre ans, elle avait parfaitement compris mais là … Il venait d’avoir dix ans et ce n’était pas dans les habitudes, surtout les siennes, de pleurer autant.

« Earnos ? Est-ce bon ? Tu penses pouvoir me répondre ? Ne te force pas si tu n’en as pas envie, je pense que je peux patienter. » reprit-elle après une quinzaine de minutes, n’entendant plus qu’un léger souffle de la part d’Earnos.

Et bien … Visiblement … Il fallait s’en douter. Le jeune garçon s’était endormi sur ses jambes. Il était si fatigué que ça ? Enfin bon … Elle le souleva avec facilité, l’emmenant dans une autre pièce. Le cadeau allait devoir patienter mais il allait déjà en recevoir une partie. Quelques instants plus tard, alors qu’il dormait, la femme venait l’enlacer, la cape la recouvrant étant tombée au sol.

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