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Epilogue : Une ère sombre

ShiroiRyu
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Epilogue : Une ère sombre

« C’est un drame … C’est un drame ! C’EST UN DRAME ! UN DRAME ! PREVENEZ … »

« SEIRY ! SEIRY ! NON ! SEIRY ! »

« Roi Tanator ?! Qu’est-ce que vous faites ici ? La reine … Seiry ? »

Il était difficile de savoir qui parlait alors que tout un attroupement s’était fait autour du cadavre de la fleuriste. Pourtant, lorsque les soldats arrivèrent, accompagnés du roi, tous se poussèrent pour les laisser passer. Le roi était en pleurs, prenant la main de sa femme alors qu’il n’arrivait pas à le croire. Il se redressa, hurlant :

« POUSSEZ-VOUS ! POUSSEZ-VOUS ! Sinon, je vous enferme ! Je vous enferme tous ! Trouvez-moi les coupables ! Trouvez ceux qui ont fait ce crime ! Ils subiront la peine … »

« Ils l’ont déjà subi … Roi Tanator. » répondit l’un des soldats, sûrement plus gradé que les autres pour pouvoir s’adresser au roi.

Le roi tourna son visage vers les cadavres des assassins. Ils étaient recouverts d’entailles alors qu’il observait les alentours. Des Apitrinis étaient assis contre les murs, en larmes mais recouverts de sang. Leurs mains étaient devenues des semblants de griffes. Ils … Ils …

« Pardon … Pardon roi … Tanator … Nous … Nous ne savions pas … Nous ne savions pas qui elle était … Nous n’avons pas eut le temps… »

« Vous n’êtes pas en faute … les enfants. Non … J’ai accepté cette stupidité. Je n’aurai pas … »

Non … Ca ne servait à rien, ce n’était pas l’heure de penser ainsi. Ce n’était pas le moment ! On n’avait pas à trouver des coupables parmi eux ! Les cadavres … Les soldats se rapprochaient d’eux pour les étudier.

« Qu’est-ce que … Qu’est-ce que cette race fait ici ?! Comment est-ce que des Scorplanes ont-ils pu pénétrer dans le royaume ? PREVENEZ L’ARMEE ! »

ASSEZ ! ASSEZ ! ASSEZ ! Il souleva sa femme avec facilité, retenant de nouvelles larmes avant de passer une main sur son visage. Deux lentilles, l’une rouge et l’autre bleue glissèrent de ses yeux pour tomber sur sa robe blanche. Il devait … prévenir sa fille qui n’était pas encore au courant. Déjà cet événement … qui la concernait elle … mais maintenant sa mère. Cela allait être difficile, très difficile.

« Aidez les Apitrinis … Emmenez-les à nos soigneurs … Que tout le monde s’occupe d’eux. Ils ont réussi … à sauver la princesse. » murmura t-il avec un petit trémolo dans sa voix alors que les soldats hochaient la tête pour dire qu’ils avaient compris.


Ces Apitrinis … Les personnes les plus fidèles du royaume. Personne … ne pouvait prétendre le contraire. Si il y avait des personnes dont on pouvait être sûr que la mort de l’Apireine les affecterait tout autant que les proches de celle-ci, c’était bien eux. Il suffisait de les voir … de les regarder … Dès leur plus jeune âge, ils étaient au service de la royauté, toujours prêts à la servir. Et aujourd’hui … En dépit du sacrifice de bon nombre de leurs vies … Elle était morte.

Une cérémonie avait été faite pour son enterrement. Une cérémonie silencieuse … Et le jeune garçon avait eut du mal à rester de marbre. On lui avait expliqué, il n’était pas plus bête qu’un autre. Il avait appris que la fleuriste, celle qui lui offrait des fleurs chaque année était la reine Seiry. Il n’arrivait pas à le croire … Depuis toutes ces années, il n’avait jamais fait la comparaison, il n’était pas le seul dans ce cas précis.

Il avait détourné le regard en voyant les yeux rougis de la princesse. Holikan était à côté d’elle, la jeune fille se serrant dans ses bras en sanglotant plusieurs fois de suite. Elle était en pleurs et il la comprenait. Sa mère … Il avait remarqué à quel point elle tenait à la reine Seiry. Il le savait ! Il le savait parfaitement ! Et lui … ET LUI !

« ZUT ! ZUT ! ET ZUT ! ZUTTTTTTTTT ! »

« Qu’est-ce que tu fais, Earnos ?! Mais arrête ! Chéri ! » s’écria sa mère alors que le jeune garçon aux cheveux blonds frappait le sol avec insistance, s’ensanglantant ses deux poings. Son père vint l’arrêter. C’était ça sa promesse ?! C’était ça ?! Il n’était même pas capable de remarquer ce genre de détails ! Il était complètement stupide !

Pourquoi ? Pourquoi ? Trois jours s’étaient écoulés depuis la cérémonie. Il avait encore du mal à s’en remettre personnellement. Pourquoi ? Pourquoi ? Est-ce qu’il se trouvait devant le roi ? Il voyait la mine triste de la princesse, assise sur le trône où avait siégé sa mère, la reine Seiry, il y a de cela encore quelques semaines. Car oui … Ce n’était pas la véritable reine qui s’était trouvée là pendant qu’elle jouait son rôle de fleuriste. Toute sa famille était présente comme pour un certain événement. Ce n’était pas une distribution de fleurs …

« Walane … Si ce n’était pas à cause de cet événement … Je n’aurai jamais pensé te revoir … dans ces circonstances et ainsi … »

« Tanator, je sais à quel point ton rôle est important. Si tu m’as convoqué ainsi que le reste de ma famille, cela est pour une bonne raison. »

« Seiry … Avant de mourir … Du moins … Elle m’avait prévenue … Durant ces dernières années … Et plus récemment avec ce qui s’était passé lors du premier attentat … Elle me l’avait demandé … Mais avant, faudrait-il peut-être raconter tout à tes enfants ? »

Le roi s’était levé alors qu’un peu de surprise se fit voir dans les yeux de la princesse mais pas uniquement. Que cela soit le jeune Aspicot ou ses sœurs, tout le monde restait un peu étonné. De quoi ? Raconter quoi ? Leur père prit la parole après quelques secondes :

« Je ne serai pas très long … Je suis un ancien général qui était au service de la mère de la reine Seiry mais aussi un ami proche de cette dernière et du futur roi Tanator. Mais durant mon adolescence, j’ai rencontré Niny et il s’avère qu’après la guerre avec les Rapions et les Drascores, j’ai quitté mon rôle de général pour pouvoir être présent auprès de ma future famille. Je n’ai jamais regretté ce choix. »

« Papa … était un Dardargnan général ? » demanda le jeune garçon d’un air éberlué alors que le roi répondit aussitôt en s’adressant à lui :

« Bien entendu. Et pas l’un des moindres. Néanmoins, à part dans la hiérarchie militaire vieillissante, il n’est guère reconnu au statut qu’il mérite. C’est bien dommage mais je respecte son choix et sa décision car je suis convaincu qu’il a fait les bons. Est-ce que je peux continuer Walane ? »

« Bien entendu … Tu es le roi … dorénavant. »

Même si ce n’était pas l’heure, ni le moment pour sourire, le roi en fit un en direction du père d’Earnos. Il se tourna vers le jeune garçon, celui-ci attendant de voir ce qu’il allait dire.

« Les premiers mois furent difficiles pour ton père et ta mère. Il s’avère que quitter le train de vie d’un général, cela était compliqué. Mais ils pouvaient compter sur Seiry et moi-même pour les épauler. Bien entendu, ton père voulait se débrouiller seul car sa fierté de soldat est toujours présente en lui. Je suis sûr que s’il devait reprendre les armes, il n’aurait aucune réticence à le faire maintenant que vous êtes plutôt grands et âgés. »

« Pourquoi … est-ce que … la reine est devenue une fleuriste ? » demanda le jeune garçon une nouvelle fois alors le roi semblait songeur.

« Tout simplement car elle appréciait ta mère, jeune enfant. Je crois même que c’était là la raison qui l’a poussé à choisir de devenir une fleuriste … »

« La reine Seiry voulait aussi voir comment était les enfants que nous avions. » murmura soudainement sa mère. « Lorsque j’étais seule avec elle, nous parlions de la princesse et d’Earnos. En y réfléchissant, c’est même à partir de l’une de nos discussions qu’elle a décidé de présenter la princesse à Earnos. Elle voulait que … sa fille soit proche du peuple … mais aussi de notre famille. C’est pour cela aussi que nous étions invités assez souvent au château bien que nous n’avions pas à parler de notre relation avec la famille royale. »

« Je pense que je dois … passer à la raison de votre présence en ce lieu. Earnos … Ma femme m’a souvent annoncé qu’elle désirait que tu deviennes l’un des chevaliers personnels de ma fille. En l’honneur de sa mémoire, je me dois de respecter ses dernières volontés mais … Je ne peux pas te forcer. C’est à toi de choisir. »

Hein ?! Quoi ?! Il posa son regard sur le roi puis sur la princesse. Celle-ci semblait aussi surprise que lui par les dires de son père. Avant même qu’elle ne dise quelque chose, il décida de répondre à au roi Tanator :

« Mais … La princesse Terria … a déjà … le Yanma et … le Rapion pour la protéger. »

« Réfléchis-y. Je ne peux pas te forcer, jeune garçon. » reprit le roi alors que l’enfant ne savait plus où se mettre. La reine … Si elle devait mourir un jour … Si elle devait …

« Je … Je peux aller demander … de quoi boire ? »

« Bien entendu … Un soldat va te guider vers les cuisines. » répondit le roi Tanator en faisant un geste de la main.
Tous … sauf ses deux jeunes sœurs, comprenaient pourquoi il demandait une telle chose. Il avait besoin de réfléchir … à cette proposition. Tout le monde aurait accepté normalement … Tout le monde … Mais lui, c’était différent. Ca lui rappelait les journées où ses parents tentaient de l’emmener aux arènes. Il avait montré par là sa faiblesse.

Ah … Ah … Ah … Il était là … dans la cuisine royale … Plusieurs personnes le regardaient. Certaines étaient plutôt imposantes et il reconnut de nombreux Caratrocs mais il n’avait pas la tête à ça. Le verre d’eau déposé devant lui, il réfléchissait, il réfléchissait à tout. Il devait prendre une décision. Ses deux mains tremblaient alors qu’il se murmurait pour lui-même :

« Comment est-ce que je suis sensé faire ça ? Je ne pourrai plus voir papa et maman … Puis mes sœurs … Mais … Mais … »

Mais il ne pouvait pas refuser. Il ne le pouvait pas ! Il en était hors … de question … Et puis, un soldat, c’était mieux payé non ? Peut-être que si il rejoignait l’armée, il aurait alors plus d’argent à donner à ses parents. Ca permettrait … Ca permettrait ! OUI ! Ca permettrait à Jiane et Olly d’aller à l’école ! Il était encore temps pour ses deux sœurs ! C’était pour ça … C’était pour ça …

« Alors ? Visiblement, tu sembles avoir pris ta décision, Earnos. »

Il était retourné dans la salle du trône. Ses parents, sa famille, le roi et la princesse étaient toujours là. Ils l’avaient attendu ? C’était normal … Vraiment normal … Il posa son regard sur ses deux plus jeunes sœurs. C’était pour elles … Uniquement pour elles … mais aussi sa famille qu’il allait faire ça.

« Monsieur le roi Tanator … Je … Je … »

Il coupa sa phrase en plein milieu, ses yeux se posant sur la princesse. Non, il s’était trompé sur toute la ligne. Il n’y avait pas que sa famille dans cette histoire, il y avait aussi cette promesse … Tout ce qui tournait autour de celle-ci. Il fit un petit hochement de tête envers la jeune fille aux cheveux blonds, celle-ci paraissant étonnée de sa réaction. Par respect pour la reine Seiry, pour cette promesse et parce qu’il … II … ne voulait pas que Terria soit triste …

« Roi Tanator, je veux bien devenir un soldat de votre armée. »

« Un chevalier. Ce n’est pas le même statut, Earnos. » corrigea le roi avant de se lever de son trône.

A partir d’aujourd’hui, il n’était plus au service d’un Scarabrute … Non … Il allait servir son royaume … Même si il n’avait que dix ans … Même si il était faible … Il continuerait de veiller sur la princesse Terria, comme il l’avait promis à la reine Seiry il y a de cela cinq ans.

Chapitre 32 : Protéger jusqu’à la mort

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Chapitre 32 : Protéger jusqu’à la mort

« Ah … Ah … Ah … AH ! »

Une femme s’était mise à courir à toute allure à travers les ruelles. Cheveux blonds, yeux vairons, la nuit était tombée depuis longtemps. Plusieurs bourdonnements se faisaient entendre derrière elle mais elle ne s’’arrêtait pas, la robe blanche dans son dos se déchirant faiblement alors qu’elle murmurait pour elle-même :

« Il fallait bien … que cela arrive un jour. Visiblement, ils attendaient ce moment, n’est-ce pas ? Hum … Je m’en doutais … Ils ont du courage de vouloir s’en prendre à moi. Dommage que j’ai derrière moi ces nombreuses années de combat. »

Des ailes se formèrent dans son dos alors qu’elle s’envolait, plusieurs voix se soulevant pour dire qu’elle venait de prendre la voie des airs. Dommage pour eux mais la majorité des insectes n’était pas capable d’envoler. C’était leur défaite. Ce n’était pas pour aujourd’hui qu’ils allaient pouvoir la tuer … Mais cela était inquiétant. Etaient-ils au courant ? Il y avait de fortes chances puisqu’elle avait été visée principalement.

« Si tel est le cas … Cela devient plus que problématique. Je vais devoir le prévenir. Dommage … C’était vraiment apaisant de pouvoir vivre ainsi. Qu’est-ce que … Ils sont déjà là ? Je n’ai même pas le temps de souffler. »

Elle s’était trompée … Ils étaient capables de la suivre dans la voie des airs. Visiblement, ils avaient de plus en plus de membres. Elle devait le prévenir avant qu’il ne soit trop tard.

Au loin, bien plus loin, à des kilomètres de là, dans le château, plusieurs personnes se levèrent en même temps dans leurs lits. Comme manipulées par un pouvoir inconnu, elles quittaient leurs chambres, laissant paraître différentes chevelures bien qu’elles ne représentaient qu’une unique race. Tous semblaient se diriger vers un unique endroit : Devant la porte d’une chambre. Sans même parler, certaines personnes, une partie semblant à peine adolescente, s’éloignèrent, marchant pieds nus en quittant les couloirs. Des Apitrinis … Il y avait un nombre plus qu’important d’Apitrinis … Plus d’une vingtaine. Des enfants, des adolescents et quelques adultes.
Dehors, sous le froid et la tempête, d’autres Apitrinis étaient présents, ne semblant guère être dérangés par le gel et le vent. Une fine pluie s’était même mise à tomber, leurs cheveux cachant une partie de leurs visages. Pourtant, malgré les chevelures, des yeux complètement rouges étaient visibles. Soudainement, plusieurs Apitrinis levèrent la tête en même temps, sautant dans les airs en même temps que des ailes apparaissaient dans leurs dos.

« Qu’est-ce que cela veut … »

« Faites gaffe ! Ce n’était pas prévu qu’il y ait des gardes ! »

« Mais ce sont des gamins ?! Des Apitrinis ? »

Plusieurs voix s’étaient levées en même temps que les Apitrinis percutaient une partie des ombres dans le ciel. Des corps tombèrent au sol, les Apitrinis venant les entourer, un vent violent se soulevant, des fissures se créant sur le sol à cause de celui-ci.

Elle se redressa subitement dans son lit. C’était quoi ces bruits ?! A cause de son redressement, elle avait mal au crâne. En plus d’être à moitié endormie, beaucoup trop fatiguée par ce qui s’était passé aujourd’hui. Hihi … Elle souriait quand même. Ca avait été une drôle de journée … Mais elle avait bien aimé. Par contre, qu’est-ce qui se passait ? Elle se leva, quittant son lit avant de mettre des socquettes ainsi que des petites pantoufles noires. Elle ouvrit la porte de sa chambre, poussant un cri de surprise.


C’était … C’était quoi ça ?! Elle se retenait de s’évanouir, ne pouvant que contempler l’horreur. Des corps, il y avait des corps d’Apitrinis sur le sol, des plaies béantes sur ces derniers. C’était … C’était horrible ! Elle posait une main sur sa bouche, s’empêchant de vomir alors qu’elle remarquait que ses pieds trempaient dans le sang. AH ! Elle sauta en arrière, entendant des bourdonnements stridents en même temps que des cris :

« La princesse est sortie ! TUEZ-LA ! Faites tout ce que vous pouvez pour la tuer ! Il ne faut pas qu’elle en sorte ! Ce sont les ordres ! »

« … … … … … »

Un craquement sonore résonna dans le couloir alors qu’elle pouvait apercevoir plusieurs enfants et adolescents en pyjama. Le craquement venait d’eux ? Mais c’était … des Apitrinis ? Ils tournèrent leurs visages vers elle, laissant paraître des yeux complètement rouges. Elle fit quelques pas en arrière, reculant avant qu’un bruit de verre cassé résonne derrière elle, la forçant à se retourner. Des êtres encapuchonnés étaient là, accroupis, des dagues à la main, d’autres possédant des griffes. Ils fonçaient déjà vers elle, n’ayant qu’un but en tête.

Elle était là … immobile … sur le sommet d’un immeuble de pierre. Elle observait le ciel et sa lune … C’était magnifique … Malgré les feuillages, elle pouvait apercevoir la magnificence de l’astre lunaire. Elle tendit sa main, des lignes de sang s’écoulant le long de ses doigts pour venir s’infiltrer à l’intérieur de sa robe blanche déchirée en de nombreuses parties.

« Dommage … Il est vraiment dommage … Pourquoi refuser une telle chose ? Une telle avancée ? Êtes-vous des anciens membres … de l’armée ? »

Elle s’était adressée dans un sourire aux nombreuses personnes en face d’elle. Un sourire qui contrastait avec l’état déplorable dans lequel elle était. Oui … Elle était sanguinolente, prête à tomber au moindre moment. Elle …

« Une partie de nos membres est bien dans cette idée. Enfin … Nous … On a pas participer exactement à la guerre, faut dire qu’on s’en foutait réellement. Mais ceux qui nous ont engagés sont contre vos idéaux … Reine Seiry. »

Elle gardait son sourire, passant une main sur le diadème rouge qu’elle portait habituellement sur ses cheveux blonds. Elle le tapota doucement, l’objet se fissurant avant de tomber en poussière. Pourtant, le rubis restait là, bien ancré dans son crâne.

« Bien au courant … Il semblerait que le secret des Apireines aie été divulguée. Je ne demanderai pas comment cela a été possible. Cela reviendrait à soupçonner mon mari or j’ai pleinement confiance en lui. A quoi pensez-vous que tout cela rime en me tuant ? Vous tenterez de mettre à mal les fondations même de notre royaume. »

« Ca … Ca nous importe peu. On est déjà pas dans votre foutu royaume à la base, juste parce qu’on a des petites « manies » qui dérangent le royaume. Alors … »

« Assez. Vous n’êtes pas là pour discuter mais la tuer. » reprit soudainement une voix qui coupa celle de l’une des personnes qui s’adressait à la femme. Peu à peu, un être ailé atterrissait sur le toit, entre la reine Seiry et les autres personnes. « Alors, mademoiselle la fleuriste Florensia … » reprit l’être aux ailes d’Aeromite tandis que des bourdonnements se firent entendre peu à peu autour d’eux. Il claqua des doigts pour signaler de vérifier ce qui se passait, disant à la femme aux cheveux blonds : « Nous n’avons rien de spécial contre vous … Mais vouloir faire la paix avec les Rapions et les Drascores est une mauvaise idée. Vous êtes un peu trop avant-gardiste … Et comparée à la précédente reine, votre mère, il s’avère que votre mode de pensée déplait à beaucoup plus de personnes que vous ne le croyez. Qu’avez-vous à dire ? »

« Je fais tout ce que j’estime être bon pour le bien du peuple et non le bien personnel. Vos privilèges étaient trop grands dès le départ. »

« Nos privilèges, nos privilèges … Vous avez … Il existe certaines règles dites « officieuses » dans le royaume. Comme celle que nul ne connait au sujet de l’Apireine qui joue un double jeu … Mais généralement, les Apireines restent dans les environs de leur château avec leur seconde « personnalité ». Vous …. Reine Seiry, vous avez décidé de prendre des risques et c’est cela qui va vous perdre. Je vous déconseille de garder ce sourire aux lèvres. Votre fille y passera bien assez tôt. Des assassins sont déjà envoyés chez elle. »

Pourtant, elle continuait d’avoir le sourire aux lèvres malgré son état. Elle n’avait pas peur pour sa fille ? Pauvre folle … L’homme sortit un petit flacon de sa tenue, celui-ci étant bouché. Elle murmura avec tranquillité :

« Ces règles … officieuses … Il semblerait que vous ne soyez pas au courant de ces dernières. Vous n’en connaissez qu’une partie … Bien qu’il soit trop tard pour moi … Ma fille est en sécurité … Qu’importe le nombre d’assassins que vous enverrez. »

Comment pouvait-elle en être aussi sûre ?! Ca ne servait à rien d’attendre plus longtemps ! Le flacon s’ouvrit, une fine poudre en sortant alors qu’elle gardait les yeux grands ouverts. Le royaume … était attaqué de l’intérieur. Qu’importe ce que l’on pouvait croire, c’était la triste vérité … Comment est-ce que des personnes ainsi intentionnées … pouvaient en intenter au royaume ? Tout cela … la rendait triste … Elle gardait son sourire aux lèvres, pensant à l’homme qu’elle avait décidé d’aimer, la fille qu’elle avait eut avec lui … et son royaume … Pour une Apireine … Son royaume était tout … Et elle se sentit trahie … C’était cela qui lui faisait mal … Elle ne pouvait s’empêcher de pleurer, chuchotant :

« Qu’importe ce que j’ai fait … Je l’ai toujours accompli en voulant rendre mon peuple heureux. Visiblement, en plus d’avoir été une mauvaise mère, trop absente pour Terria, il semblerait que j’ai été aussi une mauvaise reine, incapable de comprendre les désirs de mon peuple. Peut-être est-ce alors normal … que je m’éteigne maintenant. »

« Vous n’êtes pas à remettre en cause totalement … reine Seiry. Il est juste impossible de contenter tout le monde. Adieu … »

Il avait entendu des cris alors que l’immeuble s’était mis à trembler. Plusieurs des personnes qui l’accompagnaient revinrent vers lui en sautant sur le toit, blessées avant d’hurler de se dépêcher car ils avaient affaire à des monstres. Il jeta la poudre en direction de la reine, celle-ci restant parfaitement immobile. Ses yeux se fermèrent sur le spectacle d’un homme qui s’envolait alors que d’autres se faisaient sauvagement lapidés par plusieurs adultes issus des Apitrinis. Son corps s’écroula au sol, l’un des rares assassins encore vivants lui laissant une marque significative sur le front. Tout était terminé pour elle mais … Même couchée sur le sol, elle gardait le sourire. En tant que mère … Peut-être qu’elle n’avait pas tout échoué … Sa fille … Sa fille ne serait pas seule dans les futures épreuves qui allaient l’attendre. Qu’elle l’excuse pour le royaume qu’elle lui laissait. Qu’elle lui … pardonne … pour tout. Sa poitrine se souleva une dernière fois avant de ne plus bouger, la femme au rubis ancré dans le front ayant ses deux mains posée sur son ventre. La reine du royaume des insectes n’était plus.

Chapitre 31 : Une pitoyable promesse

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Chapitre 31 : Une pitoyable promesse

« Si je le désire une nouvelle fois ? Je n’avais que cinq ans à cette époque. »

Il avait dit cela sur un ton las et mollasson alors que la jeune fille retournait s’asseoir. C’est vrai … Il n’était pas obligé de le promettre encore une fois. Il pouvait tout simplement refuser. Elle comprendrait parfaitement. C’était normal … de ne pas vouloir après tout ce qu’elle lui avait fait depuis qu’elle l’avait revu. Ce n’était pas très grave … n’est-ce pas ? Alors pourquoi est-ce qu’elle tremblait légèrement ? Elle avait peur … qu’il refuse ? Pourtant, il poussa un profond soupir, s’approchant d’elle avant de se mettre à genoux.

« J’ai vu Holikan le faire alors je pense que je dois faire pareil. » répondit-il avec lenteur, soulevant la main de la jeune fille avec la sienne. Il l’embrassa avec délicatesse tandis qu’elle avait un peu de rouge aux joues. Il reprit après quelques secondes sur un ton neutre : « Je jure de servir la princesse Terria sur mon honneur d’insecte et sur mon âme. Je jure de mettre mes sentiments personnels, ma famille et mon royaume de côté lorsqu’il s’agira des intérêts de la princesse Terria. … … … Bon par contre, je ne sais pas quoi dire de plus. »

« Alors il vaut mieux rien dire ! » répliqua t-elle en retirant sa main, faisant une petite moue mi-boudeuse, mi-gênée. Ce n’était pas vraiment des paroles dignes d’un protecteur mais … C’était quand même passable voir très bien. Enfin bon … Elle n’allait pas dire que ça ne lui faisait pas plaisir. Elle chuchota : « J’accepte que tu me protèges, Earnos. Et puis … Ca serait méchant de ma part de refuser alors que tu as été le premier protecteur … Et puis, si ma mère a voulut que tu deviennes mon protecteur, c’est qu’il y avait une bonne raison non ? Alors … Quand je sortirai du château, je devrais compter sur toi pour me protéger, d’accord ? »

« N’abusez pas non plus de votre pouvoir, princesse Terria. Je ne suis pas votre serviteur personnel. Vous avez le garçon Yanma et le garçon Rapion pour ça. J’ai juste signalé que j’étais d’accord pour promettre une nouvelle fois votre protection. »

« C’est mesquin de ta part, Earnos ! » répondit-elle en tirant la langue à moitié, Florensia rigolant légèrement en voyant la réaction des deux enfants.

« Et bien ? Il reste encore quelques heures de travail mais il s’avère que la nuit va bientôt tomber. Je crois que le palais royal est quand même assez loin non ? » dit la femme aux yeux vairons alors que la jeune fille hochait la tête.

« Oui … Je ferai bien mieux de partir maintenant. Déjà que je suis sûre qu’ils sont tous en train de me rechercher … ou alors de m’attendre car de toute façon, je suis toujours à m’enfuir un petit peu, hihihi ! Merci beaucoup pour cette journée, madame Florensia ! Au revoir, Earnos ! Je reviendrai t’embêter un peu quand je le peux ! »

« Oh … Et bien … Earnos ? Tu comptes laisser une jeune fille rentrer seule en pleine nuit ? Encore plus la princesse ? Encore plus alors que tu viens de lui faire une promesse ? » murmura Florensia tandis qu’il tournait la tête vers la fleuriste.

« Mais elle est capable de … Bon … Euh … D’accord … Merci beaucoup pour tout aujourd’hui, madame Florensia. Les fleurs étaient très belles, comme d’habitude ! » répondit-il avant de se diriger vers la sortie du magasin, invitant la princesse Terria à le suivre. Il lui avait ouvert la porte, la jeune fille souriant avant de passer la première dehors. Brrr, il faisait froid !

Elle était prête à rentrer ? Il connaissait quand même le chemin pour la raccompagné au château. Ils saluèrent la fleuriste, celle-ci refermant la porte de sa boutique alors qu’ils étaient maintenant en route pour le château. Sur le chemin, aucun ne prit la parole, la jeune fille regardant à gauche et à droite sans parler. Elle ne savait pas quoi dire de toute façon …

« On va se dépêcher quand même, princesse Terria. Si il fait nuit, je pense que les gardes, le roi et la reine doivent être très inquiets. »

« Sûrement ! Mais j’ai un bon garde du corps alors je ne devrais pas être en danger, non ? »

« Si on se fait attaquer par un Rapion ou un Yanma, je ne pourrais pas vous défendre. Mais vous aurez le temps de vous enfuir, je peux vous le certifier. »

« … … Je n’aime pas ça ! Tu ne te feras pas encore du mal par ma faute ! Si on se fait attaquer, j’irai me battre avec toi ! » répondit-elle en tapant du poing contre sa poitrine.

« Vous ? Vous iriez vous battre ? C’est assez … »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’un violent coup de vent vint le faire tomber sur le côté, la jeune fille ayant fait apparaître des ailes dans son dos. Celles-ci s’étaient mise à bourdonner plus que rapidement. C’était elle ? Qui produisait ce vent ?

« Tu vois ? Si je fais ça, je peux faire quand même mal ! Tiens … Prend ma main. » chuchota la jeune fille en tendant celle de droite, le jeune garçon l’acceptant, plutôt surpris. Finalement, il marmonna entre ses dents :

« Même la princesse est plus forte que moi … »

Hein ? Quoi ? Elle voyait le visage à moitié dépité d’Earnos, la jeune fille se sentant subitement embarrassée. Elle n’avait pas voulut faire ça pour se mettre en valeur ! Juste pour signaler qu’elle pouvait quand même se défendre un peu aussi ! Elle murmura :

« Euh … Earnos, moi, je ne sais pas me battre non plus hein ? Juste que si … On se fait attaqué, au moins, on saura un peu se protéger hein ? »

« … … Peut-être un petit peu … Je ne sais pas vraiment du tout. » répondit-il sur un ton plutôt distant et dénué d’intérêt. Il n’était quand même pas triste à cause du fait qu’elle savait se défendre ? Ou qu’elle semblait plus forte que lui hein ?

« Dis … Earnos … Est-ce que tu serais en train de bouder ? »

« Hein ? Mais même pas ! Je ne vois pas pourquoi vous dites ça, princesse. Nous devrions accélérer le pas ! Allez ! Vous pouvez courir ? Ou un peu voler non ? Avec vos petites ailes. »

« Dis … Earnos … Je voulais m’excuser pour ce que j’ai fait y a deux ans. Tu sais … Quand je suis tombée sur toi et que j’ai voulut m’amuser à ce que tu me protèges des Apitrinis. » coupa t-elle aussitôt alors qu’il s’était apprêté à courir. Il se retourna vers elle, un peu étonné de ses paroles. Pourquoi est-ce qu’elle parlait de quelque chose d’aussi vieux ? C’était quand même bizarre … Mais bon … Il posa sa main sur le sommet du crâne de la jeune fille, elle était quand même un peu plus petite que lui quand on y réfléchissait bien.

« C’est déjà pardonné tout ça depuis le temps. »

Elle avait fait un effort, elle s’était rappelée de la promesse qu’il avait faite, il n’avait plus aucune raison de lui en vouloir. Elle fit un petit sourire alors qu’ils repartaient. Une bonne trentaine de minutes de marche plus tard, elle s’étai tretrouvée sur son dos, les deux mains autour de son cou, la tête posée contre lui. Elle avait les yeux à moitié clos tandis que le jeune garçon l’avait prise sur lui car elle semblait plus que fatiguée. Ils étaient finalement arrivés au château, plusieurs gardes s’approchant d’eux, armes aux mains avant de le remarquer. Ils dirent tout simplement :

« Ah … Mais c’est son fils … C’est bon, il n’y a aucun souci. Merci d’avoir ramené la princesse. Ah … Mais elle est endormie ? Appelez les Apitri… »

« Non. C’est bon, je suis réveillée. » marmonna la jeune fille, descendant d’Earnos qui la déposa avec douceur sur le sol. Les yeux à moitié clos, elle reprit : « Merci beaucoup pour aujourd’hui, Earnos. Et pour tout ce que tu as fait. Bonne nuit. »

« Bonne nuit princesse Terria. Je dois rentrer, il va être encore plus tard et mes parents vont être inquiets. Bonne soirée, messires. » répondit-il en saluant les gardes et la princesse, celle-ci faisant un geste lent de la main avant de s’enfoncer à l’intérieur du château.

Pfff … Ca avait été une journée bien plus mouvementée qu’il ne l’aurait cru. M’enfin, dès que la princesse était dans les parages, la journée n’allait pas être banale, il l’avait remarqué depuis le temps. Mais bon … Ce n’était pas si déplaisant que ça d’un autre côté. Elle avait fait de véritables efforts et il le reconnaissait parfaitement.

« Ah ! Pardon … Désolé … » dit-il en bousculant par inadvertance une personne encapuchonnée, celle-ci lui répondant d’une voix douce :

« Les enfants ne devraient pas être dehors à cette heure-ci. Tu ferais mieux de rentrer car la nuit sera fraîche aujourd’hui. »

« Mer … Merci beaucoup. » répondit-il tout simplement en accélérant le pas.
Cette personne … Elle se dirigeait vers le palais ? Ah ? Et d’autres l’accompagnait ? Il voyait cela puisqu’il passait à côté d’elles en commençant à courir. C’était bizarre … Il avait bien plus froid depuis que cette personne avait parlé. M’enfin … Il rentra en sécurité chez lui, racontant sa journée avec madame Florensia sans évoquer pour autant la princesse.

Chapitre 30 : Deux enfants et une fleuriste

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Chapitre 30 : Deux enfants et une fleuriste

« Earnos ? Quand comptes-tu te rendre chez Florensia ? Rappelles-toi qu’elle t’a offert des fleurs comme à son habitude pour ton anniversaire. »

« Je comptais y aller aujourd’hui, maman … Est-ce que madame Florensia sera là ? » demanda t-il en s’adressant à sa mère, celle-ci lui répondant aussitôt :

« Elle doit sûrement être là. Tu devrais néanmoins aller vite la voir et passer la journée avec elle pour te faire pardonner d’avoir mis autant de temps à la remercier. »

C’était ce qu’il allait faire ! C’était une très bonne idée même ! Il se leva de sa chaise, prenant sa foreuse dans ses deux mains avant de quitter la demeure familiale. S’il restait toute la journée avec la fleuriste, c’était un bon moyen pour s’excuser. Une bonne vingtaine de minutes de marche et il pénétra dans la modeste boutique … Pourtant, elle ne devait même pas être ouverte ? Comment cela se faisait-il que …

« Madame Florensia ? Madame … Florensia ? Où êtes-vous ? Votre magasin est déjà ouvert ? » dit-il avec un peu d’appréhension dans la voix.

« Et bien … Ne me remarques-tu donc pas, Earnos ? » murmura une voix douce sur le côté, lui faisant tourner la tête vers cette direction. La femme aux cheveux blonds était présente, un sourire aux lèvres, cachée dans l’ombre. Pourquoi est- ce qu’elle faisait cela ?

« AH ! Ne me faites pas peur comme ça, madame Florensia ! Je voulais vous remercier pour les fleurs … Même si c’est assez tard. »

« Oh … Ca ne fait rien … C’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? » dit-elle dans un sourire tandis qu’il rougissait en la regardant. C’était … gênant quand elle réagissait ainsi. Il ne savait pas réellement expliquer pourquoi mais voilà quoi …

« Euh ! J’ai décidé qu’au lieu de travailler aujourd’hui, j’allais vous aider toute la journée ! Je ne suis pas aussi doué que ma maman et mes sœurs mais je sais quand même me débrouiller ! » reprit-il pour éviter de trop réfléchir et de sentir trop gêné par tout cela.

« Hum … Pourquoi pas ? Je suis sûre que tu pourrais m’aider … Tu n’es pas un garçon ordinaire, n’est-ce pas ? Même si tu n’es pas un Coxy comme tes deux sœurs ou ta mère, tu as des connaissances liées à ces derniers. Sache que nos races n’ont jamais notre chemin tracé tout de suite. Nous pouvons dévier de ce dernier pour devenir ce que nous voulons. C’est pourquoi je suis une fleuriste. »

« C’est vrai … Vous n’avez pas l’air d’une Coxy. Tiens … Madame Florensia, vous êtes quelle race d’insecte en fait ? Je n’arrive pas à le savoir en vous regardant. »

« C’est … un … se … cret ! » dit-elle en lui tapotant doucement le nez quatre fois de suite à chaque syllabe, le jeune garçon rougissant en la voyant faire.

« D’accord … C’est comme … vous le voulez. Euh … Alors, vous me dites en quoi je peux vous aider ? » demanda t-il alors qu’elle hochait la tête. Bien entendu ! Qu’il l’accompagne ! Il allait lui montrer quoi faire pour l’occuper.

Plusieurs heures passèrent, trois ou quatre, il n’avait pas réellement cherché à calculer. Lorsqu’il travaillait, c’était pour travailler, pas pour flâner. Tout ce qu’il savait, c’est que tous et toutes étaient surpris de voir un jeune « apprenti » avec la fleuriste. Elle signalait que c’était plus qu’un simple apprenti sans donner plus d’explications à ce sujet. Finalement, ce fut elle qui s’adressa au jeune garçon, lui murmurant :

« Je crois que quelqu’un t’observe discrètement … ou du moins en essayant de l’être. »

Qui donc ? Il déposa le pot de fleurs qu’il avait en main pour se tourner vers la direction que la femme aux cheveux blonds regardait. … … … C’était une blague, n’est-ce pas ? Il apercevait une petite ombre ridicule qui tentait de se cacher sans y arriver réellement. Mais cette ombre … Il la reconnaissait entre mille ! Il sortit de la boutique, l’agrippant par le bras.

« Qu’est-ce que vous faites là, princesse Terria ?! Vous n’êtes pas au château ?! »

« Aie, aie ! Mais lâche-moi ! Ca fait mal ! » s’écria la jeune fille alors qu’il retirait son bras, marmonnant une petite excuse. Elle reprit la parole : « Ne crois pas que je t’ai suivi. Je voulais juste voir où tu allais et puis, quand j’ai demandé à madame Niny, elle m’a répondu que tu étais partie ici. Je suis juste venue voir ce que tu faisais. »

« Vous avez vue, vous pouvez donc partir. » répliqua le jeune garçon sans même chercher à se dire que les paroles de la jeune fille étaient plus que louches.

« Non ! Euh … Je voulais visiter aussi l’intérieur du magasin de fleurs. » répondit-elle, bafouillant à moitié alors qu’elle pénétrait dans la boutique pour confirmer ses dires. Lorsqu’elle vit Florensia, elle parut légèrement surprise, la femme lui souriant.

« Et bien … Si je m’attendais à avoir la princesse devant moi. Bienvenue dans ma modeste boutique, princesse Terria. »

« Euh … Euh … Bonjour madame Florensia. » murmura la jeune Apireine en baissant les yeux, légèrement rouge de honte.

Qu’est-ce qu’elle venait faire ici réellement ? Il n’arrivait pas à le croire mais la princesse lui collait vraiment à l’arrière-train. Il avait cette impression à force de la voir autour de lui. C’était quand même assez inquiétant en un sens. Elle ne cherchait quand même à se faire excuser, n’est-ce pas ? Ca ne servait à rien ! Il lui avait pardonné pour la foreuse mais pour le reste, il en était hors de question !

… … … Qu’est-ce qu’elle voulait faire ? Maintenant qu’il était là … Qu’elle était là … Elle ne pouvait plus reculer ! Elle s’était encore enfuie une fois du palais, ce qui n’était pas dans ses habitudes ! Après avoir revu le jeune garçon il y a quelques jours, elle s’était ancrée en tête de devoir se faire pardonner ! C’était vital à ses yeux ! C’était bête de penser comme ça mais elle voulait se faire pardonner plus que tout ! Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait faire ça pour un simple Aspicot mais elle sentait que c’était important.

« Est-ce que je peux … vous aider dans votre boutique ? » demanda la jeune fille.

« Bien entendu. » répondit aussitôt Florensia, sans même laisser le temps à Earnos de donner son avis sur la question.

Comme il s’en doutait et contrairement à ce qu’il pensait, deux choses contradictoires, elle mettait de l’ardeur à la tâche mais elle ne faisait pas d’erreurs ou de fautes. Enfin, à part être trop zélée, elle semblait bien réussir dans ce que la fleuriste lui demandait. C’était plutôt étonnant quand on la regardait bien … Mais bon …

« C’est … Tu travailles bien, Terria. » dit le jeune garçon après plusieurs heures de travail. Il le reconnaissait … Comme lors de la première fois … où il l’avait revue, elle faisait des efforts pour apprendre. Mais contrairement au forage, jouer les fleuristes était beaucoup moins difficile. Il remarqua que la jeune fille aux cheveux blonds rougissait violemment à ces propos, n’ayant aucune explication à cela.


C’était la première fois qu’elle entendait un compliment de la part d’Earnos. C’était bizarre … Ca lui faisait chaud au cœur d’apprendre ça. Pourtant, des compliments, elle en recevait souvent de la part des nobles, des Apitrinis, d’Holikan … mais c’était peut-être parce … que ce n’était pas habituel de la part d’Earnos que ça lui faisait un tel effet ?

« Ben … Ben … Euh … Euh … Ben … Euh … Merci beaucoup Earnos. Je fais de mon mieux ! »

Elle se remettait au travail. Comme elle portait une fine robe blanche offerte par la fleuriste pour éviter que les gens ne la reconnaissent, elle pouvait travailler sans aucun problème. Elle semblait vraiment très bien se débrouiller … C’était plutôt étonnant pour une jeune fille qui n’avait jamais réellement travaillé quand on y réfléchissait à tout cela.

Pendant ce temps, alors que les deux enfants marchaient à gauche et à droite, la fleuriste les regardait, accoudée au comptoir, un sourire aux lèvres. Elle aussi semblait heureuse … Le jeune garçon tentait de reprocher de nombreuses choses à la jeune princesse mais il ne pouvait que constater et la remercier pour son aide.
Les minutes s’écoulèrent puis les heures. Vint le moment où ils purent se reposer plus que cinq à dix petites minutes. Lui ? Il ne s’était pas attendu à avoir à manger de la part de la fleuriste. Elle avait préparé un repas tout aussi succulent que ceux de sa mère et il remarquait que même la princesse appréciait le met. Il s’était attendu à une petite pique comme quoi, la nourriture n’était pas aussi bonne qu’au château mais visiblement, ce n’était pas du tout le cas. La fleuriste prit finalement la parole en les regardant manger :

« J’espère que cela vous satisfait les enfants. Je n’ai pas l’habitude de cuisiner pour d’autres personnes à part moi-même. Je ne peux donc pas juger sur la qualité. »

« C’est vraiment bon, madame Florensia ! » répondit le jeune garçon.

« Ca ressemble un peu aux repas que ma mère me fait quand elle n’est pas occupée avec les Rapions et les Drascores. » signala la jeune fille aux cheveux blonds, continuant de manger sans attendre réellement de remarques de la part des deux personnes présentes.

« Hum … Je vois, je vois … Je peux vous poser une question les enfants ? Vous semblez très bien vous entendre, n’est-ce pas ? »

Il commença à tousser violemment, s’étranglant à moitié après les paroles de la fleuriste. Lui ? Bien s’entendre avec la princesse ? Même pas en rêve. Il fit un geste négatif de la main pour signaler que c’était tout le contraire tandis que la princesse détournait le regard d’un air triste, arrêtant de manger.

« Ce n’est pas du tout ça, madame Florensia. Il n’y a aucun doute qu’Earnos et moi soyons amis. Je lui ai fait beaucoup de mal. »

Hum ? Il posa son visage sur elle. Si elle pensait que c’était en racontant à quelqu’un d’autre qu’il allait l’excuser pour cette raison plus profonde, elle se trompait lourdement. Pourtant, avant même qu’il ne lui réponde, ce fut Florensia, les deux mains soutenant son visage au-dessus de la table qui prit la parole :

« Tu es sûre de cela ? Pour quelqu’un qui doit t’en vouloir, j’ai l’impression qu’Earnos est souvent là pour éviter que tu ne te fasses mal. Tu n’as pas remarqué ses doigts comparés aux tiens ? Normalement, une débutante en tant que fleuriste a les doigts recouverts de petites entailles et blessures à cause des épines. »

Hein ? Quoi ? Alors qu’elle observait ses doigts qui étaient dans un parfait état, le jeune garçon avait aussitôt caché les siens, les mettant sous la table. Florensia reprit :

« Earnos me donne plus l’impression de te protéger qu’autre chose. Hum … Tiens. Cela me fait penser. Earnos, que penses-tu de faire une promesse à la princesse ? De toujours la servir et la protéger ? Bien que tu ne le montres pas concrètement, tu te préoccu… »

« AH ! » s’écria subitement la jeune fille aux cheveux blonds, pointant du doigt Earnos. Le jeune garçon recula son visage, surpris par cette réaction alors qu’elle se levait de sa chaise. Elle positionna son visage en face du sien, penchant sa tête sur la gauche puis sur la droite. « Tu es le petit garçon très sale de la grotte ! Euh … Euh … Le petit garçon qui a fait la promesse de me protéger à ma mère ! » reprit-elle aussitôt d’un air gêné. Ca n’avait pas été un compliment ses premières paroles, elle le reconnaissait parfaitement.

… … … Il l’observait sans sourciller. Elle s’en rappelait ? M’enfin … Sous la forme du jeune garçon très sale … Il ne pouvait pas s’empêcher d’émettre un discret sourire alors que la jeune fille murmurait :

« C’est mon … premier protecteur. Enfin … Il n’est pas forcément très fort comme Holikan ou alors Olistar mais c’est ma mère qui l’a choisi. Je ne savais pas que c’était toi, Earnos ! »

Elle lui prit les deux mains, le regardant avec un grand sourire, ses deux yeux rubis posés sur son visage. Elle semblait relativement heureuse … et soulagée n’est-ce pas ? Elle avait l’impression que tout était enfin terminé. Il n’avait guère pris la parole alors qu’elle semblait continuer à parler :

« Je ne savais pas que tu étais le fils de madame Niny déjà avant ! En fait, j’aurai dû te voir bien plus souvent ! Mais pourquoi tu ne m’as jamais dit qui tu étais ?! »

« Car ce n’était pas important. Ce n’était qu’une promesse d’enfant. »

« C’était une promesse dont tu t’es rappelé depuis tout ce temps ! » dit-elle en modifiant les dires du jeune garçon. « Et moi … Je ne m’en rappelais même pas … Pardon, Earnos. »

« Ce n’était pas important. Je ne suis qu’un simple garçon dans le fond. Je fais de mon mieux dans ce que je suis le moins doué. Il vaut mieux qu’Holikan et Olis … »

« Et bien, Earnos ? Je ne t’ai pas entendu faire cette promesse si tu le désirais une nouvelle fois. » coupa Florensia en regardant les deux enfants, n’ayant pas pris la parole depuis plusieurs minutes. Elle avait observé l’Aspicot et l’Apireine sans rien dire. Allait-il réitérer sa promesse ou alors conclure que ça ne servait plus à rien ?

Chapitre 29 : En préparation d’un attentat

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : En préparation d’un attentat

« Avez-vous appris les dernières nouvelles au sujet de la reine Seiry ? »

« Ne pas le savoir serait plutôt étonnant ! Pour qui nous prends-tu ? Tout le monde sait que la reine Seiry risque de repartir très bientôt en direction du désert. »

« CESSEZ DE PARLER ET INSTALLEZ VOUS ! Nous devons réfléchir à ce que nous allons accomplir. Nous ne pouvons pas laisser passer cette occasion. »

Le décor n’avait guère réellement changé par rapport à la dernière fois. Néanmoins, c’était le lieu où il se produisait exactement qui était différent. Oui … Comme à chaque réunion, l’endroit était détruit après utilisation. Une simple mesure de sécurité …

« Bon … Nous allons pouvoir reprendre alors le sujet principal de notre réunion. Le retour des Drascores et des Rapions sur le devant de la scène. Le ridicule petit ambassadeur Rapion qui accompagne la princesse semble avoir de plus en plus de partisans et cela est un problème majeur. Si il s’avère que ces … insectes sont avec elle une nouvelle fois, il y a de fortes chances que nous n’ayons guère plus de chances pour réussir à l’assassiner. » reprit une voix, celle de l’unique personne debout dans la salle.

« Que devons-nous faire ? Préparer déjà quelques espions cette fois-ci ? Pour l’éliminer pendant le déplacement ? Mais parmi les gardes qui l’entourent ? Cela risque d’être difficile, très difficile. Il n’y aura que des gardes de confiance. »

« Non … Nous allons recommencer la même tactique qu’auparavant. Mais pour cela, il faut que nous soyons préparés. Nous n’avons pas le droit à l’échec cette fois-ci. » répondit la même personne debout alors que dans l’assistance, plusieurs personnes commençaient à murmurer entre elles. « Pendant que chacun fait l’inventaire de son équipement et des personnes qui lui sont proches et prêtes à partir en mission, je vais réfléchir de mon côté. »

Voilà que l’être s’éloignait de la salle de réunion, quittant la pièce sous le regard des autres. C’était rare … les fois où cette personne considérée comme un chef décidait alors de penser dans son coin. Mais bon … Pendant ce temps …

« Quand même … Si c’était vraiment aussi simple que ça … Mais les Rapions et les Drascores sont trop dangereux. Le pire est qu’ils ne sont pas de notre côté et si nous devons les affronter, nous aurions beaucoup trop de pertes … »

« C’est juste une mission impossible ! Il faudrait vraiment mettre le maximum de nos forces … Mais cela risque d’intriguer … Et cette fois-ci, il n’y aurait même plus l’effet de surprise. »

« Mais si nous avons la puissance et le nombre … Cela devrait suffire, n’est-ce pas ? »

C’était un peu l’effervescence dans la pièce, chacun levant la voix par rapport à un autre pour mieux se faire entendre bien que tout cela semblait particulièrement inutile. Nul n’avait réellement une idée convenable à proposer et c’était bien là tout le souci. Une idée … Une idée qui surclassait les autres et permettrait alors de mettre un terme à la monarchie de l’Apireine en place. Le roi … Ils pouvaient bien attendre, ce n’était pas un problème. Malgré la force de celui-ci, il était beaucoup moins respecté que sa femme. Non, ils devaient frapper un grand coup et pour cela, il n’y avait qu’une cible potentielle … Deux au grand maximum.

Finalement, après une bonne demi-heure, la personne revint, les murmures s’arrêtant presque aussitôt alors qu’elle restait debout son siège. Attendant que le silence plane complètement, elle vint dire :

« J’ai décidé de ce que nous allons faire. Nous allons agir dès la semaine prochaine … Il semblerait que la reine partira à ce moment. Je ne connais pas encore la date précise mais je vous l’apprendrai dès que cela sera le cas. »

« Mais quel est votre plan ? Quand est-ce que nous devons attaquer ? Comment surtout ? » demanda une personne assise alors que celle debout lui répondit :

« L’écrasement par la force … Mais sur plusieurs phases. Cela ne sert à rien de jeter tous nos membres, cela nous emmènerait tout simplement à nous entretuer. C’est pourquoi vous allez envoyer d’abord une première horde composée de nos membres les plus récents et les plus … « dissidents ». Autant se débarrasser de ceux qui ne sont pas nécessaires et nous causent des problèmes. Ensuite, vous attaquerez par vague. Mais pour cela, attaquez-les avant qu’ils ne pénétrèrent dans le désert. Il y a de fortes chances que les Rapions et les Drascores les attendent à l’entrée pour éviter une nouvelle erreur. Est-ce bien compris par tous et par toutes ? Vous n’avez pas à vous mêler en personne de cet assassinat … Ils n’ont nullement besoin de savoir qui est responsable de cela. Si il s’avère que l’un d’entre nous se fait repéré, ils pourraient remonter jusqu’aux autres. Malheureusement, cela n’arrivera pas car il y a de fortes chances que la personne remarquée ne soit plus de ce monde dans la soirée qui suis. Est-ce bien compris ? Si tel est le cas … Vous pouvez tous disposer. »

Peu à peu, la salle se vidait complètement ou presque … Presque ? Car oui … Il ne restait plus qu’une dizaine de personnes dont celle qui dirigeait la troupe.

« Hum … Maintenant, si nous passions au réel sujet de notre réunion ? »

« C’est ce que nous attendions avec impatience. » répondit l’une des personnes assises.

« La reine ne sera pas du voyage … Rares sont ceux qui sont au courant mais il s’avère que cela est mon cas. Ce n’est donc pas notre véritable cible. »

« Autant se débarrasser de ceux qui auraient la bouche un peu trop ouverte. » reprit une autre personne tandis que celle debout lui disait :

« Qu’importe … Nombreux sont ceux qui se sont trompés dans ce que nous avons appris au sujet de la reine Seiry mais aujourd’hui, je peux confirmer notre cible réelle. »

« Ce n’était donc pas une légende ? Ou alors une rumeur ? Il est vrai que les Apireines ont une semblable ? Mais qui alors ? Cela doit être une personne importante, n’est-ce pas ? »

L’être debout fit un geste négatif de la main. Pas le moins du monde … C’était même tout le contraire. La reine Seiry était discrète, très discrète. Elle ne se faisait pas remarquer … sous son autre forme, c’était pour cela qu’il avait été encore plus difficile de confirmer cette rumeur. Mais voilà … Même ainsi, ils avaient réussi à retrouver sa trace.

« Quand est-ce que nous attaquerons alors ? » demanda une voix.

« Dans la nuit … Cela est prévu pour la soirée après le départ de cette fausse reine. »

« Ainsi … La majorité des gardes sera aux aguets et autour d’elle, ne se doutant pas un seul instant de ce qui va attendre la véritable reine. Mais ça ne sera pas tout … N’oubliez pas que nous allons aussi envisager de tuer la princesse. »

« Sans une future Apireine … Le royaume va courir à sa perte. » conclut l’un des membres parmi la dizaine restante assise.

« C’est le but recherché … Nous n’avons rien à craindre car dès l’instant où ils ne seront plus au pouvoir, nous pourrons enfin reprendre nos privilèges. Depuis la venue de l’Apireine Seiry, nos privilèges ne sont guère existants ! »

« Elle nous considère au même niveau que ces insectes pouilleux qui travaillent dans la terre. Nous valons mieux bien qu’eux ! Même les anciennes Apireines nous mettaient plus en valeur que ces créatures ! Elles connaissaient nos places mais … elle … elle … »

« Elle n’arrête pas de nous baratiner avec les Rapions et les Drascores ! Comme si ils étaient au centre de son attention ! Nous ne voulons pas de ces pouilleux dans le royaume ! »

« ASSEZ ! TAISEZ-VOUS BON SANG ! »

La personne qui était debout venait finalement de crier avec force, faisant s’arrêter là toutes celles qui tentaient de parler les unes après les autres.

« Gardez ces paroles pour vous plus tard ! Nous agirons dès qu’elles seront mortes ! Le roi a montré clairement qu’il n’appréciait pas les Rapions et les Drascores. Nous lancerons une nouvelle guerre plus tard. Maintenant … La réunion est terminée. Préparez-vous pour le soir prévu … Nous lancerons l’offensive … bien que cela ne soit pas personnellement. »

Finalement, les rares personnes encore présentes se levèrent, quittant la pièce après cette nouvelle réunion. Lorsque la salle fut complètement vide, le dernier insecte présent se dirigea vers une autre sortie, donnant un coup de pied contre un mur avant de s’éloigner à son tour. Deux minutes plus tard, le bâtiment s’écroula comme un simple château de cartes. Encore une fois … Jamais personne ne saurait ce qui s’était passé en ce lieu.

Chapitre 28 : Une mauvaise nouvelle

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Chapitre 28 : Une mauvaise nouvelle

« Ou … Oui ? Il y a un problème ? » demanda t-il, espérant ne pas avoir mis la personne en colère. C’était la première fois … qu’il voyait une telle personne.

« Dans tes proches … Quelqu’un qui t’es proche … Que cela soit par le sang ou par les sentiments … » commença à dire l’être qui avait une voix masculine mais assez distante. C’était vraiment effrayant en un sens. Il recula, serrant la foreuse entre ses deux mains.


Il ne devait pas avoir peur … Mais cette personne l’angoissait. Et pourtant … Lorsqu’il avait combattu le Rapion, il n’avait pas craint pour sa vie. Il avait voulut protéger à tout prix la princesse mais là … Ce n’était pas la même chose. Il était seul … complètement seul …

« Quelqu’un disparaîtra … Cette personne est à tes côtés depuis le début … »

« De qui … De qui est-ce que vous voulez parler ? Et qu’est-ce que ça veut dire ? » bafouilla le jeune garçon en réponse à l’être masqué, reprenant : « Vous vous … êtes un Maskadra hein ? C’est … C’est la première fois que j’en vois un … Mais d’habitude, ils disent qu’ils sont souvent joyeux mais ce n’est pas votre cas … »

« N’as-tu donc point écouté ce que j’ai dit ? N’as-tu aucune crainte pour ceux que tu aimes ? Car la personne qui disparaîtra est celle qui t’es liée … »

« Mais qu’est-ce que vous racontez ?! Vous ne pouvez pas vous exprimer correctement ?! C’est si dur ?! » s’écria t-il, plus craintif qu’énervé par les propos de l’homme.

« Ne comprends-tu donc pas mes paroles ? Il est vrai que tu n’es qu’au début de ton existence … Mais tu es jeune … bien jeune pour avoir une telle destinée … »

Il en avait assez ! Il allait partir puisque cette personne ne savait pas parler correctement ! Il fit demi-tour sur lui-même, commençant à marcher avant de s’arrêter presque aussitôt. Non … A cause de ses paroles, il était maintenant trop intrigué.

« Mais de qui est-ce que vous parlez ? Ce n’est pas difficile de mettre un nom hein ? »

« Que cela soit bientôt … ou dans les années à venir … Tu seras proche de la déchéance du monde qui t’entoure … »

« ASSEZ ! Comme vous ne savez pas parler correctement, moi, je m’en vais ! » s’écria t-il finalement avec de la colère.
Il se retourna, commençant à courir sans s’arrêter avec sa foreuse. Qu’est-ce que ça voulait dire ?! Qu’est-ce qu’il voulait dire ce Maskara ?! Ils étaient sensés être amusants d’après ce qu’il savait et ce que cet homme avait dit n’avait rien de drôle ! RIEN DE RIEN ! Il s’arrêta après cinq bonnes minutes de course, épuisé et fatigué car il portait sa foreuse avec lui.

Le Maskadra ne l’avait pas suivi. Heureusement hein ?! Il ne voulait surtout plus revoir ce type ! Une personne proche ? Qui allait disparaître ? C’était affreux ! Et c’était plus qu’inquiétant … Il ne voulait pas que cela arrive ! Mais qui ? L’une de ses sœurs ? Sa famille ? Ses amis ? Il n’avait pas d’ami sauf …

« EARNOSSSSSSSSS ! Je me disais bien que tu étais ici ! »

Aie ! Ses oreilles ! Il fronça les sourcils, fermant les yeux en même temps. Ce cri… Il l’avait parfaitement reconnu, il fallait dire qu’avec un tel éclat dans la voix, il était difficile de ne pas mette un nom à cette voix. Il rouvrit ses yeux, se retrouvant face à face avec …

« Herakié ! Bon sang ! Ne me fait pas peur comme ça ! »

« Hihihi ! J’en étais sûre que tu étais là ! Puisque mon papa ne travaillait pas aujourd’hui, il était normal que toi aussi, tu ne travaillais pas ! Coucou Earnos ! Comment tu vas ?! »

« Disons que j’allais plutôt bien avant la perte de mes deux oreilles. » répondit-il assez sèchement bien qu’il n’avait aucune intonation méchante dans la voix.

« Toujours aussi drôle hein ? Tu viens te promener avec moi, Earnos ? J’ai quelque chose à te dire aujourd’hui. Je suis sûre que tu vas être plus que content quand tu l’apprendras ! »

« Une nouvelle ? Je ne suis pas vraiment convaincu que ça me plaise. » répondit-il alors que pourtant, il venait l’accompagner. La présence d’Herakié lui permettait d’oublier un peu celle de la princesse, c’était une bonne chose alors.

Ils commencèrent à marcher côte à côte, le jeune garçon ayant mis sa foreuse dans son dos, l’ayant attachée pour qu’elle ne tombe pas. Bon … Qu’est-ce qu’elle voulait lui dire ? Elle semblait prendre son temps et lui, ça commençait à l’agacer un peu bien que ce n’était pas envers elle mais à cause des paroles du Maskadra.

« Alors … Est-ce que tu vas me le dire ou tu attends que je te pose la question, Herakié ? »

« J’attendais que tu la poses ! Ca veut dire que tu t’intéresses à ce que je dis ! »

« … … Ne tourne pas autour du pot, s’il te plaît. »

« Je vais travailler avec toi ! » s’écria t-elle subitement avec joie, venant l’enlacer contre elle alors qu’il paraissait hébété. Il avait … mal entendu ? Très mal entendu hein ?

« Tu peux répéter s’il te plaît ? » murmura le jeune garçon avec appréhension.

« J’ai forcé mon père ! Je lui ai dit que je préférai quitter l’école pour venir travailler avec toi ! C’est une bonne nouvelle hein ? Tu es content aussi ? »

« Je ne suis pas content du tout ! Pourquoi est-ce que tu as quitté l’école ?! Tu avais la chance de pouvoir y aller et toi, tu … »

« Hihihi ! » rigola t-elle, posant un doigt sur son nez comme pour l’arrêter aussitôt. « Je t’ai pas tout dit … Je vais juste travailler une semaine sur deux ! Comme j’ai de très bonnes notes, je n’aurai même pas de retard ! Dis-le que tu es content ! »

« Euh … Si tu retournes à l’école … Enfin que tu y restes … Mais pourquoi est-ce que tu veux venir travailler avec moi ? Si tu vas à l’école, tu pourras faire autre chose que creuser des tunnels comme moi hein ? Si tu es en plus très intelligente, ça devrait être facile. »

« J’ai pas envie … Je veux juste rester avec toi, Earnos. Moi, ça me suffit complètement. »

« Mais pourquoi ? Ne me dit pas que c’est encore à cause de l’histoire de la fiancée hein ? »

« Et si c’était le cas ? » dit-elle avec un peu d’affront dans la voix alors qu’il poussait un profond soupir. Si c’était le cas … Il n’avait rien du tout à dire malheureusement.

« Arrête de te faire des illusions, c’est tout. Herakié … Tu ne peux pas imposer à un garçon de t’aimer hein ? Tu le sais bien … »

« Non mais je peux l’aider à ça ! Qu’importe le temps que ça prendra, hihihi ! Et puis … Ca fait quand même beaucoup d’années en plus … Trois ou quatre ! »

« Plutôt quatre si tu parles de ça … Je me rappelle la première question que tu m’as posée lorsque tu m’as vu … » marmonna t-il alors qu’elle lui répondait :

« Tu veux être mon amoureux ? »

Il passa une main sur son front. C’était exactement ces termes … La même intonation … Tout était parfaitement reproduit grâce à la voix de la jeune fille aux cheveux bleus. Ah … Vraiment … Il poussa un profond soupir, lui disant :

« Tu es trop jeune pour ça et moi aussi. Bon … Evite de faire des bêtises par contre. Déjà que je vais devoir m’occuper de ma sœur, si je dois en plus m’occuper de toi … »

« Hihihi ! Tu deviendras alors un véritable chef pour ça ! Peut-être que dans quelques années, ça sera toi qui donneras des commandes et des ordres aux autres ? »

Il haussa les épaules sans répondre. Peut-être … Il ne pensait pas vraiment à ça pour l’instant même si sa vie était toute tracée pour qu’il continue à travailler. AH ! Il s’arrêta subitement, observant Herakié qui le regardait avec des yeux surpris. Il y avait un souci ?

… … … Ce n’était pas possible hein ? La seule personne … vraiment proche de lui … à part sa famille … C’était Herakié … Est-ce que ça voulait dire que … qu’elle était en danger ? Si c’était le cas, il devait la prévenir … Lui dire de faire attention. Ou alors, essayer de mettre le maximum de distance avec elle pour qu’elle ne soit pas blessée. Il ne voulait surtout pas que la jeune fille aux longs cheveux bleus soit touchée par ça ! Il allait devoir réfléchir à tout ça plus tard. Pour l’instant, il allait la raccompagner, quitte à oublier le travail quelques temps.

Chapitre 27 : Retour au travail

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Chapitre 27 : Retour au travail

« Hum … » murmura t-il alors que tout le monde avait dû s’arrêter de travailler pour une occasion spéciale. Ca faisait deux ou trois jours depuis son anniversaire et depuis, il n’était plus en froid avec ses parents. Avec une très grande réticence, ils avaient finalement accepté qu’il continue de voir Douély et heureusement … Car c’était bien plus important. Depuis ce jour, il pouvait apprendre de nouvelles choses grâce à elle. Et puis … Elle était vraiment jolie Douély … Il ne l’avait pas remarqué en fait la première fois mais maintenant qu’il la revoyait, il rougissait à chaque fois stupidement. Enfin, il avait de la chance car Herakié n’était pas au courant sinon elle risquait de faire un véritable carnage si elle apprenait cela. Oh … que oui … Rien que le fait d’y penser arrivait à le faire trembler à cette idée. Enfin, aujourd’hui, il n’avait pas plus de temps que cela à y réfléchir. Oui … Aujourd’hui était une nouvelle fois un jour où la famille royale allait se présenter au peuple. Or … Le travail avait décidé de s’accorder une pause cette fois-ci. Et voilà qu’ils étaient tous alignés les uns à côté des autres alors que la foule laissait passer la famille royale, entourée de bon nombre de gardes … et du Rapion ? Celui-ci était à côté de nombreux Apitrinis, marchant sans se préoccuper des personnes qui tentaient d’apercevoir le roi et la reine dans la foule.

« Visiblement, il semble être de nouveau apprécié … »

Il avait dit cela en constatant ce qu’il voyait, sa foreuse plantée dans le sol devant lui. Dire que la famille royale était à nouveau réunie. Elle semblait heureuse la princesse, n’est-ce pas ? Il voyait le roi et la reine qui passaient devant lui. Il haussa subitement un sourcil, remarquant que la reine lui faisait un léger sourire. Il rougit violemment à ce geste, détournant le regard alors qu’il s’aperçut que personne n’avait noté cela. Il vit aussi Holikan qui était non-loin de la princesse. En fait, par rapport à elle, il était à l’opposé de la jeune fille aux cheveux blonds. Tiens, en parlant de celle-ci …

« Coucou … Earnos. » répondit-elle. Du moins, c’est ce qu’il croyait entendre. Mais il l’avait lu sur ses lèvres alors que la jeune fille avait tourné sa tête vers lui à son tour. Elle l’avait remarqué lui aussi ? Mais comment est-ce qu’il avait pu comprendre ce qu’elle disait. Bah … De toute façon, il s’en fichait. Il croisa les bras, l’ignorant superbement ou presque. Il ne pouvait pas s’empêcher de voir sa mine triste et abattue alors qu’elle continuait à marcher. Elle semblait même faire un geste pour tenter de quitter la parade mais … Non. Elle ne fit rien du tout. De toute façon, elle manquait de courage, comme d’habitude.

Elle s’éloigna, continuant sa route en même temps que le Rapion et le Yanma. Lui ? Il continuait d’observer le défilé des Apitrinis et des gardes … Ah … Pourquoi est-ce qu’il était venu ici ? Ah oui … Car les autres auraient refusé qu’il travaille. Pfff … Il poussa un profond soupir qui ne passa pas inaperçu alors qu’un homme qui travaillait avec lui vint lui dire :

« Paraitrait que le petit Rapion va retrouver sa place qu’il avait perdue. »

« Sa place ? Vous voulez dire … avec les Apitrinis ? Enfin, que les gens ne le haïssent plus ? »

« C’est exact, ouep … Suffit de voir … Personne n’a murmuré ou presque quand il s’est présenté avec la famille royale. Ah … La reine Seiry fait vraiment un travail remarquable. Y a peu de personnes qui apprécient les Drascores et les Rapions même si on ne sait jamais réellement pourquoi mais elle … Malgré l’attentat, elle continue de tenter de nouer des liens avec eux. C’est la meilleure chose à faire si elle veut y arriver. »

Lui … Il le savait parfaitement, depuis le début même … Depuis fort longtemps … Qu’elle était forte, la reine Seiry. Qu’elle avait une volonté exemplaire et des idéaux splendides. C’était pour ça qu’elle … Il voulait la protéger bien qu’il n’en avait pas la possibilité. Il baissa le regard, murmurant pour lui-même :

« Je ne suis pas assez fort … pour protéger sa fille … Alors comment je pourrai faire pour protéger la mère ? »

« Qu’est-ce que tu racontes, gamin ? » répondit l’homme avec qui il parlait depuis quelques instants. Il hocha la tête négativement, lui disant :

« Ce n’est rien de bien important. Mais par contre … Les relations sont meilleures avec les Rapions et les Drascores ? Car ça fait quand même beaucoup de temps. »

« Oh … Ca, c’est qu’une rumeur mais il paraîtrait que la reine va repartir là-bas. Finalement, le roi a décidé de la laisser … Faut dire qu’il n’a pas vraiment son mot à dire à ce sujet. »

« C’est vrai … C’est la reine qui décide à la base. Même si le roi est le monarque et la puissance de ce royaume, c’est la reine Seiry qui dirige tout ça. » termina le jeune garçon, replongeant dans ses pensées comme auparavant.

Elle allait repartir après toute cette histoire ? La reine Seiry était vraiment très courageuse … Un modèle pour tous et pour toutes. Pourquoi est-ce qu’il n’était pas aussi fort que ce Yanma et ce Rapion ? C’était la première fois … qu’il pensait à une telle chose. Devenir fort … pour protéger la reine … Ah … Pourquoi est-ce qu’il pensait à ça ?

Pfff … Et voilà qu’il pensait à la princesse. Elle allait recommencer à prendre la tête à tout le monde. Il allait devoir faire attention aux endroits où il creusait. Pfff … Si seulement, elle pouvait ne pas se comporter comme une petite peste. Montrer un peu de respect … envers ceux qui allaient la protéger dans quelques années voir bien plus tôt.

« De toute façon, ça ne sert à rien de penser à tout ça. Bon … Quand est-ce qu’on va retourner au travail sinon ? Car on a autre chose à faire. On a une nouvelle tour à préparer. »

« T’as l’air bien pressé de bosser à nouveau. Tu devrais prendre un peu le temps de souffler, gamin. Le travail peut bien attendre. Ce genre de choses, ça se produit que trop rarement. »

Pas assez rarement à son goût. Il avait l’impression de toujours revoir la princesse et la reine … beaucoup trop même … Bon … Il regardait à gauche et à droite, ne remarquant même pas son père ou sa famille. Car oui … Il y avait de fortes chances que ses sœurs et sa mère soient aussi présentes. Au moins, il aurait pu se distraire à essayer de les trouver mais elles n’étaient même pas présentes.

« Pfff … Bon … Je vais me balader un peu … De toute façon, ça ne sera pas finit avant une bonne heure et on ne reprendra pas le travail avant autant de temps. »

« Fais gaffe à pas te perdre sinon je risque de me faire tabasser par le chef. »

« Je ne suis plus un gamin. J’ai perdu l’âge de me perdre. »

Mais pourtant, il évitait quand même de faire du zèle. Si il ne pouvait pas travailler, ça ne voulait pas dire qu’il allait perdre son temps non plus hein ? Il allait vérifier un peu la structure du sol du village et de ses rues, ça allait l’occuper pendant quelque temps … Et au moins, cela lui servirait à quelque chose pour avoir une base pour de futurs travaux.

Du moins, cela dura un temps, jusqu’à ce qu’il percute une personne. Il poussa un petit gémissement de douleur, relevant la tête avant de la reculer, surpris. Il bafouilla :

« Par … Pardon … Monsieur … Ou madame. »

C’était qui ? C’était … la première fois qu’il voyait une telle personne. Comme les Munjas, il en avait entendu parler … Il savait qu’ils étaient souvent là … Mais comme il n’était pas du genre à s’amuser, c’était la première fois qu’il en voyait une. Cette personne … Elle avait son visage entièrement recouvert par un masque. Un masque qui exprimait une grande inquiétude, les yeux grands ouverts comme la bouche. Le masque semblait crier …

Chapitre 26 : Sous les bandages

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : Sous les bandages

« Hmmm … Hmmm … Sent bon. » marmonna le jeune garçon en bougeant dans un lit.


Il ouvrit ses yeux, remarquant qu’il ne dormait pas chez lui. Ah … Oui … C’était vrai … Il avait oublié … pendant quelques instants … Mais maintenant, tout était revenu. Il se releva du lit, remarquant que Douély n’était plus là.

« Mademoiselle Douély ? Où êtes-vous ? » demanda t-il d’une voix faible sans obtenir de réponses. Il quitta la chambre, entendant quelques murmures comme une chanson qui était chantée. C’était vers la cuisine ? Il se dirigeait vers l’origine des sons, disant : « Hein ? Euh … Qui êtes-vous ? » en apercevant une personne entièrement recouverte de bandages de couleur blanche de la tête aux pieds. On ne voyait rien du tout, même pas ses cheveux ou un simple morceau de peau. Elle n’était pas visible du tout.

« Hum ? Tu ne me reconnais pas, Earnos ? Ne t’inquiète pas, tu sais parfaitement qu’aujourd’hui, tu ne travailles pas, n’est-ce pas ? »

« Trava … AH ! Si ! Je dois aller travailler ! Il est quelle heure ?! » s’écria t-il subitement sans même remarquer qu’il s’adressait à Douély. Celle-ci portait un tablier par-dessus ses bandages, le jeune garçon se demandant si c’était vraiment nécessaire.

« Tu n’iras pas travailler, de toute façon, tu serais déjà en retard de plusieurs heures. Alors retournes t’asseoir et dis-moi ce que tu en penses. Je ne cuisine que très peu pour moi car je n’ai pas besoin de trop manger mais cela devrait être plus que convenable. »

Plus que conve … Ses yeux s’ouvrirent en grand alors qu’il apercevait un gâteau d’anniversaire circulaire sur une assiette. C’était vraiment un petit gâteau … pour deux personnes ou trois au grand maximum. Mais il était juste magnifique. Comment est-ce qu’elle avait réussi à faire ça ? Il la regardait avec émerveillement, la jeune femme disant :

« Et bien … Tu veux que je te chante une petite chanson ? Même si c’est avec un petit jour de retard ? Je ne pense pas que le jour en lui-même soit un problème non ? »

« C’est vraiment vo… toi qui a fait ça ? »

« Et bien … N’aurais-tu pas confiance en mes talents culinaires, Earnos ? Sache que je sais parfaitement cuisiner et faire diverses choses. Une Munja qui a passé autant de temps que moi possède bien plus de connaissances qu’une majorité de personnes. »

« Wah … Mais c’est juste que … Je viens de me lever et manger du gâteau … Même d’anniversaire … Enfin ! Je veux bien un effort ! » dit-il bien qu’il était parfaitement visible de voir qu’il se forçait pas le moins du monde.

« Bon et bien … Je vais devoir chanter, il me semble. »

Elle ouvrit la bouche en même temps que celle du jeune garçon bien qu’à des buts différents. Alors qu’elle chantonnait gaiement, Earnos attaquait une partie du gâteau. Aussi succulent dans le goût que dans l’apparence. Pourtant, il n’arriva même pas à en manger un quart, tendant un morceau à la jeune femme, celle-ci se laissant nourrir par Earnos.

« Alors ? Alors ? C’est bon ? » demanda t-il tandis qu’elle lui répondait :

« Suis-je sensée dire que c’est mauvais alors que je l’ai fait ? Enfin … Je ne suis pas aussi imbue de moi-même pour dire le contraire mais oui, je suis plutôt contente de moi. Il faut dire que j’ai mis tous mes sentiments dans ce gâteau … Comme tu fais de même pour ton travail. »

« Tant mieux alors … Je suis content si tu es contente. »

« Et si tu me racontais finalement ce qui s’est passé hier ? » dit-elle alors qu’il reposait la cuillère sur l’assiette. Lui raconter … D’accord … Il n’avait rien contre mais … C’était juste un peu gênant quand même.

Il commença à parler, lui expliquant la journée d’hier. Le fait qu’il n’était pas parti travaillé, le fait qu’il était vraiment content d’aller la voir alors qu’il avait oublié de prévenir ses parents. Il racontait tout depuis le début jusqu’au moment où il parlait de l’interdiction de ses parents. Dès qu’il eut terminé, elle sembla songeuse, comme réfléchissant à la situation.

« Mais ça ne change rien ! Moi, tu es ma première amie et que tu sois une Munja ne change rien du tout à tout ça ! Moi, je n’ai pas envie de ne plus te voir, Douély ! »

« Que je sois une Munja change beaucoup de choses, je suis désolée de te dire cela, Earnos. Mais à côté, je dois te remercier. Ce sont de très belles paroles de ta part et il est rare qu’une personne porte autant attention à nous. Tu es un petit garçon très spécial … et c’est pour cela que je t’ai choisi. Si cela n’avait pas été le cas, nous ne nous serions jamais vus. »

« C’est pas possible, Douély ! Je n’écouterai pas mes parents ! Je reviendrai te voir quand j’en ai envie ! Tu es ma meilleure amie ! Tu es aussi mon professeur ! »

« Assez perdu de temps … n’est-ce pas ? Earnos ? »

« Euh … Oui … Mais perdu de temps par rapport à quoi ? » demanda t-il avec une soudaine appréhension alors qu’elle se levait pour se mettre devant lui.

« Et bien … Déjà que cela fait un jour de retard, je risque d’être en faute, n’est-ce pas ? »

« Mais en faute par rapport à quoi ? » se répéta t-il ou presque.

« Oh … Ne fait pas l’innocent, Earnos. Mais qu’importe, on ne va pas faire durer plus longtemps. » reprit-elle alors qu’il remarquait qu’elle retirait ses bandelettes autour de ses deux mains, laissant paraître celles-ci.

« Euh … Oui … C’est vrai … C’est mon cadeau … »

« Ne fait pas semblant d’être surpris, d’accord ? Tu seras l’unique personne à m’avoir vue depuis ce jour … C’est vraiment unique. »

« Gloups … Oui. » déglutit-il sachant pertinemment qu’elle avait entièrement raison. Le problème, c’est que c’était lui qui était vraiment gêné alors que c’était normalement le contraire. Il avait l’impression de passer … pour … enfin … De regarder quelque chose qu’il ne devrait pas voir normalement.

Pourtant, les bandeaux tombaient les uns après les autres. Elle avait des vêtements sous tout ça ? Enfin … Qu’est-ce qu’il pensait ?! Douély n’était pas toute nue sous ses bandeaux quand même ! Qu’il était bête de penser ça ! Il voyait deux longues bottes brunes, mais c’était surtout ses collants … Ils allaient jusqu’en haut de ses cuisses, ne laissant pas paraître un morceau de chair ou presque. Par contre, elle portait une étrange tenue au niveau de ses hanches et de ses cuisses … Une tenue grise et elle avait une ceinture jaune de toile autour de la taille, assez grande cette ceinture.

« Ne me regarde pas avec tant d’insistance, jeune homme. » murmura t-elle avec un sourire.

Gloups … Il détourna le regard, bafouillant quelques excuses alors qu’elle rigolait. Voilà qu’elle laissait paraître ses deux bras, ces derniers étant eux aussi recouvert par un long gant brun bien que les doigts n’étaient pas protégés. Enfin, elle avait aussi un ruban rouge attaché à chaque bras. Sa poitrine était vraiment de taille moyenne, loin d’être trop grosse … mais protégée par le même tissu gris. Par contre, il remarquait qu’au niveau du haut des hanches, elle avait … de la maille ? Et en fait, il voyait une longue fermeture éclair qui traversait toute la tenue de haut en bas. Il ne restait plus que le visage …

« As-tu besoin que je te montre ce qui fait de moi une Munja ? »

« Hein ? Comment ça ? Une preuve ? Comme moi avec le fait que j’aime beaucoup forer ? »

« Oh … Même un Dardargnan normal n’aurait pas autant de motivation à forer … Mais oui, c’est cela. Regarde bien mon dos. »

Son dos ? AH ! Il voyait apparaître des sortes … d’ailes de pierre ? C’était drôlement bizarre … On pouvait penser qu’elles avaient été taillées grossièrement. Mais ce n’était pas laid … C’était même tout le contraire. Enfin bon … C’était quand même spécial.

« Et le clou du spectacle, Earnos ? »

« …. Euh … Euh … Oui ? Douély ? » demanda le jeune garçon avec appréhension.


Voilà qu’elle prenait les bandelettes entourant son visage. Peu à peu, les bandelettes descendaient, lui montrant alors une longue chevelure brune. Elle lui allait jusqu’à la hauteur de sa poitrine et du haut de son dos. Puis finalement, elle n’était plus recouverte de bandages, laissant paraître deux yeux bruns.

« Que que … Mademoiselle Douély … Vos yeux … »

« … … … … … »

Elle ne lui répondait pas alors qu’il semblait surpris, triste et inquiet en même temps. Les deux yeux de Douély … Ils étaient bruns … Ils étaient purs … comme deux pierres précieuses polies depuis des millénaires … Mais le plus … déprimant était l’absence de vie. Il avait l’impression de ne rien voir dans le regard de la jeune femme. Aucune réaction … Aucun sentiment … Rien de rien dans les yeux de Douély.

« … … … … … Earnos ! »

Sans même réellement prévenir, elle s’était jetée sur lui, venant l’enlacer tendrement alors qu’il était à nouveau surpris mais agréablement cette fois-ci. Lorsqu’il put revoir les yeux de la jeune femme, ils étaient éclatants de vie. Rieurs, joyeux, ils semblaient si heureux qu’il soit en face d’eux. Elle colla sa joue droite contre la sienne, la jeune femme reprenant :

« Pas trop déçu, Earnos ? Tu t’attendais à peut-être mieux. »

Il hocha la tête d’un air négatif, sans oser prendre la parole. C’était encore mieux que n’importe quel autre cadeau ! Finalement, après quelques secondes, il chuchota :

« C’est le meilleur cadeau … que j’ai jamais eut … »

« Pour l’instant … Es-tu capable d’attendre huit à dix ans ? Et je peux te promettre une nouvelle fois quelque chose, Earnos. »

« De quoi ? Je peux savoir, dis ? Dis ? » demanda le jeune garçon, une nouvelle fois plus qu’intéressé par la proposition de Douély. Pour toute réponse, elle vint simplement l’embrasser sur le front, un sourire aux lèvres.

« Il te faudra simplement être patient, d’accord ? »

« D’a … D’accord … Euh … Je devrais aller parler à mes parents maintenant ? Mais avant … Euh … Mademoiselle Douély ! Vous êtes vraiment très très belle ! Ca valait vraiment le coup d’attendre aussi longtemps ! Est-ce que toutes les Munjas sont aussi jolies ? »

« Oh … Vil dragueur. Tu essaies donc d’avoir d’autres Munjas à part moi ? » dit-elle en lui tirant un peu les joues avec amusement, le jeune garçon ne comprenant pas. « Fais attention, Earnos. Je pourrai être assez jalouse dans le fond. »

« Hein ? Mais non ! Je pensais pas du tout à ça, mademoiselle Douély ! Tu n’as pas à t’en faire ! J’irai pas voir d’autres Munjas. Ils sont plus effrayants que toi … Et c’est bizarre mais j’ai pas du tout peur de toi ! »

Il disait cela en rigolant à son tour, se mettant debout avant de se diriger vers la porte de sortie. Il s’arrêta néanmoins, reprenant la parole :

« Je vais dire à mes parents que je n’arrêterai pas de te voir ! Et que ça leur plaise ou non ! Surtout pas si je dois attendre encore dix années ! »

« Fais donc … Fais donc … » répondit la jeune femme, revenant l’enlacer et l’embrasser une dernière fois sur les joues. « Les prochaines fois, je me présenterai sans les bandages puisqu’il n’y a plus besoin de me cacher. »

Il hocha la tête positivement, poussant un léger soupir apaisé avant de quitter la demeure de Douély. Il était content … et satisfait … Car ce qu’il avait vu dépassait toutes ses espérances. C’était dommage que les Munjas se cachent ainsi mais Douély venait de lui donner toute sa confiance et ça, ça n’avait pas de prix à ses yeux !

« … … … C’est encore plus proche qu’auparavant … Qu’est-ce qui se passe avec lui ? »

Elle l’observait partir, étant la seule à remarquer l’aura noire qui entourait le jeune garçon. Une aura bien sombre … L’aura de la mort. Elle allait peut-être devoir sortir de chez elle finalement. Le jeune garçon était beaucoup trop important à ses yeux. Beaucoup plus qu’un simple futur Dardargnan. Elle en était sûre et certaine.

Chapitre 25 : L’âge de la rébellion

ShiroiRyu
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Quatrième partie : Un royaume en perdition

Chapitre 25 : L’âge de la rébellion

« Mais tu es devenu un véritable Muciole ! On ne t’arrête plus aujourd’hui ou quoi ? »

C’était la mère du jeune garçon qui s’adressait à ce dernier. Contrairement à ses habitudes, celui-ci semblait réellement excité par quelque chose qu’il n’avait pas encore expliqué. Il était une véritable puce incontrôlable, son père semblant surpris, demandant :

« Il n’y a pas un moyen de l’arrêter ? Je ne l’ai jamais vu ainsi … C’est entre l’émerveillement, l’effroi et l’inquiétude. Si tu as une explication … autre que le fait qu’il ait dix ans. »

« Nullement … Mais peut-être qu’il peut nous donner une explication ? Earnos ? » questionna sa mère alors qu’il quittait la pièce, s’arrêtant au beau milieu de son geste.

« Euh … Euh … Euh … Je vais d’abord aller me laver ! »

Il disparut comme une flèche. Bon sang … Il était monté sur ressort ou quoi ? Dire que toute sa famille se demandait ce qui se passait avec lui, il fallait dire que tout ça était arrivé presque inexplicablement à partir de hier soir. Comme ça … D’un coup, lorsque sa mère lui avait murmuré avant qu’il aille dormir que demain, il allait avoir dix ans … Il avait tout de suite montré un zèle incompréhensible.

« Voilà … Je suis prêt. » dit le jeune garçon, ressortant propre et correctement habillé, un petit sifflement admiratif de sa sœur aînée se faisant entendre.

« Et bien … As-tu rendez-vous avec la jeune Herakié ? » le questionna t-elle, un sourire aux lèvres alors qu’il hochait la tête négativement.

« Pas du tout ! Mais par contre, c’est vrai que je peux ne pas travailler aujourd’hui ? »

« Bien entendu, Earnos. Nous n’allons pas t’empêcher alors que c’est la première fois que tu demandes une telle chose. J’ai déjà prévenu le chef et les autres sont un peu tristes. Ils auraient bien aimé fêter cela avec toi mais bon … Ils comprennent. » répondit son père.

Tant mieux alors. Il poussa un soupir soulagé alors que nul ne connaissait la raison. Allait-il expliquer enfin ce qui se passait ? Pourquoi était-il dans un tel état ?

« Grand frère … Grand frère … Tu es content car c’est ton anniversaire ? » demanda Jiane, sa petite sœur qui le regardait avec interrogation.

« Bien sûr ! Mais ne t’en fait pas, un jour, tu auras aussi dix ans. AH ! Maman … Papa … Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? »

« Bien entendu … Qu’est-ce qu’il y a ? » l’interrogea sa mère tandis qu’il reprenait la parole d’une voix un peu plus calme qu’auparavant :

« Euh … C’était pour savoir … Enfin non … C’était juste pour le dire … Ce soir, je vais dormir chez mademoiselle Douély ! C’était juste pour vous prévenir ! »

Tout le monde s’immobilisa et vint se taire. Il venait de dire quelque chose de choquant ou quoi ? Il regarda à gauche et à droite, se demandant si il venait de dire une bêtise ou non. Finalement, ce fut son père qui prit la parole, toussant légèrement comme pour bien montrer qu’il était un peu gêné par toute cette histoire :

« A ce sujet … Earnos … Nous voulions t’en parler mais tu ne nous laisses jamais le temps. »

« Oui … Papa ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu sembles un peu embêté … » murmura le jeune garçon avec un peu d’appréhension en voyant la mine de ses deux parents mais aussi de ses deux grandes sœurs. Il y avait un souci ou quoi ? Ce n’était pas dans leurs habitudes d’après ce qu’il savait … Mais bon … Peut-être que c’était assez grave.

« Nous en avons déjà parlé, n’est-ce pas ? Au sujet de cette … Munja. Nous t’avons même demandé à nous la présenter, au cas où … » reprit son père.

« Mademoiselle Douély n’aime pas vraiment sortir de chez elle. Mais pourquoi, vous, vous ne voulez pas venir la voir ? »

« Ce n’est pas à toi de poser les questions, Earnos. Tu sais parfaitement ce que sont les Munjas. Nous t’avons souvent prévenu … Auparavant, ce n’était pas aussi dérangeant car tu n’y allais pas aussi souvent mais depuis un ou deux mois, c’est à peine si tu es à la maison. Cela est assez inquiétant surtout que nous ne connaissons rien des Munjas. Il vaut mieux que tu évites de la voir dorénavant. Surtout que d’après ce que tu nous as dit, elle vit seule. Tu ne sais pas sur qui tu peu tomber, tu es encore très jeune. »

« … … … Papa, ça fait plus de cinq ans que je connais mademoiselle Douély. Et elle ne m’a jamais rien fait du tout ! Mademoiselle Douély est une femme vraiment très gentille ! Elle m’apprend beaucoup de choses puisque je ne peux pas aller à l’école ! Elle me raconte aussi beaucoup d’histoires ! Elle sait vraiment beaucoup de trucs ! » s’écria l’enfant aux cheveux blonds, une petite mine boudeuse.

« Oui mais nous ne savons pas ce qu’elle prépare. Les Munjas n’ont pas une bonne réputation dans notre village et encore moins dans le royaume. Toujours isolés, ils vivent en communauté alors qu’ils ne s’adressent pas la parole entre eux ou presque. Dans quelques années, lorsque tu seras adolescent voir adulte, tu seras libre d’aller la voir quand tu le désires mais il vaut mieux qu’à partir d’aujourd’hui, tu ne … »

« MÊME PAS ! » hurla Earnos en s’adressant à son père, celui-ci haussant un sourcil de surprise. « Vous ne voulez quand même pas que je n’aille plus la voir aujourd’hui ?! »

« Earnos … Il vaudrait mieux que tu te calmes … Ca ne sert à rien de s’emporter. » murmura sa mère sur un ton inhabituel, autant que ces phrases. Elle ne s’était jamais attendue à les dire au jeune garçon aux cheveux blonds.

« Non ! Je suis calme ! Et je ne vous écouterai pas ! Pas aujourd’hui ! Surtout pas aujourd’hui ! Mademoiselle Douély m’attend ! Moi aussi, j’ai attendu ça depuis beaucoup de temps ! Beaucoup trop même ! Vous ne pouvez pas comprendre ! »

« Mais comprendre quoi, Earnos ? » demanda Cassina avec délicatesse, espérant calmer le jeune garçon alors que celui-ci vociférait :

« Ce que ça fait d’attendre depuis autant de temps ! Je m’en vais maintenant pour la peine ! »

« Hein ? Mais attends … Earnos ! Nous n’avons même pas coupé ton … » commença à dire Passy avant qu’il ne la coupe une nouvelle fois :

« Mangez-le entre vous ! Moi, je n’en veux pas ! C’est plus important d’aller voir mademoiselle Douély que de manger un gâteau ! »

Et il était parti en claquant simplement la porte. Personne n’osait prendre la parole, un mélange de tristesse et d’étonnement se laissant voir sur leurs visages. Cette personne … Cette Munja nommée Douély … Etait-elle vraiment si importante que ça ? Mais pourtant, c’était simplement une Munja … Rien d’autre. Non … C’était une Munja et c’était là le problème … Comme l’était celui des Rapions et des Drascores …

« Oui ? Earnos ? » demanda une voix féminine alors que plusieurs coups venaient tambouriner à sa porte.

« C’est … C’est moi … mademoiselle Douély. » souffla une petite voix alors qu’elle ouvrait la porte. Le jeune garçon était bien présent, la tête baissée, les yeux rougis.

« Je ne m’attendais pas à te voir aussi tôt, Earnos. Mais attends un peu, tu as pleuré ? »

Sans un mot, il vint loger sa tête contre le haut du ventre de la jeune femme, reniflant bruyamment alors qu’elle refermait la porte derrière elle. Elle allait devoir lui demander quelques explications mais pour l’instant, elle …

« Snif … J’avais promis … que je ne devais … pas pleurer … »

« Allons … Allons … C’est surtout la première fois que je vois dans un tel état. Tu vas me raconter tout ce qui s’est passé d’accord ? »

Contrairement à sa position habituelle, il se retrouva installé les jambes de la Munja mais uniquement la tête. Le reste du corps était couché sur un canapé qu’elle venait visiblement de s’offrir puisque la dernière fois qu’il était venu, c’est-à-dire depuis hier ou avant-hier.

« Et bien … Earnos … Est-ce que tu t’es calmé ? »

« Hmm … Hmm … »

Il ne lui répondait que par des murmures tandis qu’elle triturait ses cheveux avec ses mains. Elle allait attendre encore un peu avant de lui poser la question principale : pourquoi ? A quatre ans, elle avait parfaitement compris mais là … Il venait d’avoir dix ans et ce n’était pas dans les habitudes, surtout les siennes, de pleurer autant.

« Earnos ? Est-ce bon ? Tu penses pouvoir me répondre ? Ne te force pas si tu n’en as pas envie, je pense que je peux patienter. » reprit-elle après une quinzaine de minutes, n’entendant plus qu’un léger souffle de la part d’Earnos.

Et bien … Visiblement … Il fallait s’en douter. Le jeune garçon s’était endormi sur ses jambes. Il était si fatigué que ça ? Enfin bon … Elle le souleva avec facilité, l’emmenant dans une autre pièce. Le cadeau allait devoir patienter mais il allait déjà en recevoir une partie. Quelques instants plus tard, alors qu’il dormait, la femme venait l’enlacer, la cape la recouvrant étant tombée au sol.

Chapitre 24 : Simplement des enfants

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Chapitre 24 : Simplement des enfants

« Que la finale commence ! »

Une unique phrase de la part d’un soldat et voilà que deux enfants s’affrontaient … Mais ce n’était pas n’importe qui. Maintenant que les mois s’étaient écoulés, la haine envers les Rapions et les Drascores s’étaient amoindries et il y avait même quelques timides encouragements envers Olistar. Olistar ? Oui … Il y participait aussi et il se retrouvait en final contre Holikan. Un combat qui allait être grandiose et des plus éprouvants visiblement. Et lui ? Il était assis, quelques bandages sur le corps alors qu’il poussait un profond soupir. Il n’avait rien compris à ce qui lui était arrivé mais le roi lui-même s’était excusé de la part de son petit protégé. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il se batte aussi sérieusement.

« … Ce n’est pas du tout la même catégorie que moi. »

Le jeune garçon aux cheveux blonds avait marmonné ses quelques mots avec un peu de dépit, ne détournant pas un seul instant le regard du combat alors qu’il savait pertinemment que la jeune fille n’était pas loin. En fait, elle était même à côté de lui, se triturant les doigts. Pourquoi est-ce qu’elle avait voulut l’encourager ? Il ne comprenait pas sa réaction mais si c’était sur le fait de se faire pardonner, ça ne marchait pas comme ça.

« … … … … Ils savent se battre hein ? Ils font ça depuis longtemps, non ? » demanda t-il alors que la reine lui répondait avec douceur :

« Ce n’est pas parce qu’une personne est moins forte qu’une autre qu’elle est pour autant moins apte à protéger une troisième personne. »

Elle jeta un regard à sa propre fille, celle-ci se demandant la raison d’un tel geste. La reine Seiry perdit son sourire, semblant un peu suspicieuse et étonnée. Normalement, avec de tels mots, cela coulait de source qu’elle parlait bien d’Earnos, Holikan et Terria. Hum … Le jeune garçon aux cheveux blonds détournait son regard de la reine Seiry, marmonnant :

«  De toute façon … Si une personne n’a pas envie de protéger une seconde, il n’aura jamais la force nécessaire pour cela. »

« C’est exact, jeune Earnos. Mais bon … Je suis sûre et certaine que tu en seras capable. » répondit aussitôt la femme aux cheveux blonds et aux yeux vairons.

Non … Il n’en serait pas capable et il avait finalement compris pourquoi il ne pardonnerait pas à la jeune fille aux cheveux blonds. C’était si simple … et si stupide en même temps … Il savait qu’elle faisait des efforts pour se faire pardonner. Et dans le fond … C’était lui qui était stupide de penser que cela avait une importance.

« Grande sœur Passy n’est pas là. Je vais aller la rechercher. »

Il se leva subitement, ayant prononcé quelques mots sans y accorder une réelle importance. Il voulait tout simplement mettre le plus de distance entre la princesse et lui. Voilà … Il le reconnaissait parfaitement. C’était une imbécillité de réagir ainsi … Mais il savait que c’était autre chose qu’il ne pouvait pas lui pardonner. Il l’avait finalement compris en revoyant la reine, en écoutant ses paroles. Ce n’était pas uniquement la destruction de la foreuse … C’était autre chose, de bien plus profondément ancré en lui. Il s’éloigna sous le regard de sa famille et celle royale, remarquant que son père discutait avec le roi de choses plus ou moins importantes. Pourquoi … est-ce que dans le fond … Il se sentait proche de la reine et du roi ? Il ne comprenait pas pourquoi … Il ne savait pas pourquoi …

« Hum … Il me semble un peu perturbé. » murmura la reine en le regardant partir, sa fille se tournant vers elle, attendant qu’elle continue de parler. Néanmoins, aucune autre parole ne sortit de sa bouche.

« Maman … Je … Euh … Holikan m’a demandé quelque chose pendant qu’il pouvait se reposer entre les matchs d’arène. C’est quoi la promesse entre Earnos et toi ? » demanda la jeune Apireine en regardant sa mère longuement.

« Hum ? De quelle promesse parle t-il ? » questionna la femme aux yeux vairons, pendant la tête sur le côté alors que la jeune fille reprenait aussitôt :

« Je ne sais pas justement … Mais Holikan m’a demandé ça car il a entendu Earnos qui parlait d’une promesse faite à toi. »

« Hum … Je ne vois pas de quoi il parle. » annonça sa mère en signalant par là que la conversation était terminée dorénavant.

Pourquoi est-ce que sa mère ne voulait pas lui dire la vérité ? Car elle savait pertinemment qu’elle mentait … Mais pourquoi est-ce qu’elle avait fait une promesse à Earnos ? Et quand ? Elle n’était pas au courant de ça ! Et pourtant, elle était toujours dans les pattes de sa mère. Enfin bon … Il n’y avait qu’une solution à tout cela … Demander à l’autre personne. Elle se leva, reprenant la parole :

« Maman … Papa … Je vais me promener un peu. »

« Hum ? Tu ne veux pas voir la fin du combat ? » demanda son père avant que sa femme ne mette la main sur la sienne, disant à son tour :

« Vas donc ma fille. Je pense que toute façon, ce combat risque de durer. Tu auras largement le temps de revenir. Holikan ne risque pas de perdre et Olistar semble ne pas vouloir abandonner le combat. C’est pourquoi cela va prendre du temps. »

La jeune fille remercia sa mère avant de quitter les tribunes royales, s’éloignant en courant. Il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait lui répondre si sa mère ne voulait pas et c’était … Earnos tout simplement ! Maintenant, ce qu’elle devait faire, c’était le trouver et ce n’était pas une mince affaire.

« Earnos ? Earnos ? J’ai besoin de te dire quelque chose. »

Elle parlait quand même à voix basse pour ne pas se faire repérer. Si on apprenait que la princesse se baladait tranquillement à la recherche d’un … HEY ! En quoi ça devait l’embêter ? Elle faisait ce qu’elle voulait ! Bon ! Où est-ce qu’Earnos se trouvait ? Si elle le trouvait, elle pouvait espérer obtenir une réponse de sa part.

« Au moins … J’espère juste qu’il voudra bien me répondre. »

Où est-ce que sa sœur était partit ? Pfff … Il voulait surtout s’éloigner de cet endroit pour ne plus à avoir à le regarder … Il voulait s’éloigner, c’était tout … Juste partir … Mettre le maximum de distance … Revoir la reine, savoir qu’il était aussi faible … Ca n’avait été qu’une promesse d’enfant, mais il avait considéré … que cette promesse était importante.

AH ! Il trouva finalement sa sœur. Elle s’était quand même bien éloignée de l’arène dans le fond … Mais il avait réussi à la retrouver grâce à l’odeur particulière qui émanait d’elle. C’était bête mais il remarquait qu’il arrivait facilement à définir une odeur pour chaque membre de sa famille. Il ne savait pas pourquoi mais c’était ainsi. Hein ? Mais … Le jeune homme avec elle, c’était …

« Salaros ? »

Il avait murmuré ce nom en remarquant le Coxyclaque qui se trouvait avec sa sœur. Des cheveux verts assez courts, des yeux bruns, il semblait plutôt grand, mesurant plus d’un mètre quatre-vingts alors qu’il était facile de voir de quelle race d’insecte il était grâce à ses vêtements. Oui, sur le dos de ses vêtements verts, quelques points noirs étaient parfaitement visibles, montrant par là l’origine dont il était issu. Mais pourquoi ? Ah … Enfin non …

« Earnos. Earnos ? Tu es où ? Earnos ? Ah ! Tu es … » chuchota une voix féminine.

HEIN QUOI ?! Il se retourna pour apercevoir la petite Apireine dans son dos. Qu’est-ce qu’elle faisait là ?! Il la tira vers lui, lui mettant une main sur la bouche pour lui dire de se taire sans même remarquer l’affront dans le geste qu’il venait de faire.

« Oui, je le veux, Salaros. » murmura soudainement la voix de sa sœur avant qu’il ne se remette bien, l’apercevant … en train d’embrasser Salaros ? Celui-ci semblait s’être mis à genoux tandis que le jeune garçon apercevait un bel anneau argenté sur l’un des doigts de sa sœur aînée. Un anneau avec une améthyste dessus … Ce n’était pas une pierre gigantesque mais ce n’était pas un anneau de pacotille non plus.

« J’ai préféré attendre … que tu sois majeure … et quelques mois après … Je n’ai pas encore demandé à tes parents car je n’osais pas … Je sais parfaitement qu’il fallait commencer par eux au départ mais … Est-ce que tu me pardonnes ? » demanda le Coxyclaque alors qu’Earnos voyait un sourire sur les lèvres de sa sœur. C’était la première fois qu’il la voyait aussi heureuse … La première fois …

« Tu sais parfaitement que si j’ai accepté, c’est que cela m’importe peu … Même si j’estime que je préférai avoir la bénédiction de mes parents. Pourquoi ne viendrais-tu pas à la boutique demain ? Mes deux parents seront là … Et je devrai leur annoncer mon projet. »

« Cela sera tout simplement merveilleux de savoir que la femme de ma vie sera à côté de moi-même pendant mon travail. »

« Et moi, de me dire à chaque instant la chance que j’ai eut de te rencontrer. » termina Passy, serrant la main de Salaros avant de disparaître peu à peu dans les rues.

C’était … C’était quoi ça ? Il avait vu sa grande sœur … D’après ce qu’il avait compris … Elle venait d’accepter la demande en mariage de Salaros ? Mais pourquoi est-ce qu’il s’était caché ?! Pourquoi est-ce qu’il avait essayé de savoir où elle était ?

« Est-ce que tu peux me lâcher, Earnos ? »

Hein ? Quoi ? Il retira sa main de Terria. Ah oui … Il y avait aussi son cas à elle. Il n’avait pas le temps de se préoccuper plus que de cela de sa grande sœur. Il fallait savoir pourquoi elle était ici ? Et surtout … Pourquoi en fait … Ah … Non … Voilà qu’il était embrouillé.

« C’est bon … Mais qu’est-ce que vous faites là, princesse ? » demanda sur un ton neutre, faisant quelques pas en arrière pour mettre le plus de distance avec elle.

« Euh et bien … Je … » commença t-elle à dire, se retrouvant subitement gênée. Elle ne pouvait quand même pas lui dire qu’elle était venue car elle voulait le questionner non ?

« Si c’est pour un cadeau, je vous demande de me pardonner. Je n’aie pas eut le temps de penser à vous en ramener un pour votre anniversaire. Bon anniversaire néanmoins. Si vous voulez bien m’excuser, je vais retourner avec mes parents. »

Co … Comment ça ? Lui ? Il devait se faire pardonner ? Elle avait l’impression que c’était une fausse excuse juste pour ne pas vouloir lui parler. Elle … Elle … Elle …

« Earnos ! C’est quoi la promesse que tu as fait avec ma mère ?! » s’écria t-elle subitement alors qu’il s’immobilisait avant de reprendre, étonnée de se comporter ainsi : « Pardon … Pardon … Je ne voulais pas hurler … C’est juste que … Je tente de … Je tente vraiment de m’excuser pour ce que je t’ai fait mais … mais … »

« Au final, je me demande pourquoi je vous accorde de l’importance, princesse Terria. Si c’est au sujet de la foreuse, considérez que je viens de vous pardonner. J’accepte vos excuses, surtout que vous me les avez dites en face … Mais de l’autre côté, je me dis que ça sert à rien que je perde mon temps avec vous. Si vous ne savez pas pourquoi, vous n’avez qu’à y réfléchir. Dans le fond … J’ai une question dont je n’espère pas de réponse de votre part. Qu’est-ce que je suis par rapport à vous ? Juste une personne comme une autre. Au revoir et bonne route, si vous avez des questions, veuillez les poser à la reine, votre mère. »

… … … Elle resta interdite, le regardant retourner vers l’arène. Il venait encore de lui faire une longue tirade. Elle aurait dû être heureuse de savoir qu’il lui avait pardonnée pour la foreuse mais … mais … Pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? A cause de ses paroles ? Elle ne savait pas du tout de quoi il parlait et c’était sûrement la raison des mots si durs de la part d’Earnos. Qu’est-ce qu’elle lui avait fait pour mériter ça ? Elle avait réussi à lui dire en face qu’elle s’excusait et lui … Et puis, c’était quoi cette promesse ?!

Oui … Il avait finalement compris … Il n’y avait pas que le comportement de la princesse qui était à remettre en cause … Mais aussi sa mémoire … Il n’était au final qu’un garçon comme les autres … Pourquoi est-ce qu’il devait faire une promesse où il la protégerait ? Alors qu’elle-même l’avait oubliée ? Ca servait à quoi de se battre pour une personne qui ne savait même pas que vous existiez ou presque ? Il ne voyait pas ce qu’elle voulait faire avec lui mais il valait mieux pour eux deux de ne pas chercher à discuter. Ca ne mènerait à rien de bon. Il respectait la promesse faite à la Reine … car elle était une adulte et elle n’avait pas oublié.