Chapitre 27 : Dans une carapace dorée

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 27 : Dans une carapace dorée

« Dis … Tu as entendu au sujet du royaume ? Les citoyens n’osent même plus sortir de chez eux, de peur de se faire agresser dans la rue. »

« Ouais … Ca me plait moyen pour ma famille si tu veux tout savoir … Mais bon … En même temps, on est plus trop loin du royaume. Purée … Ca fait combien de temps déjà ? »

« J’ai arrêté de compter les mois de mon côté. »

Les soldats discutaient une nouvelle fois entre eux tandis qu’il ne faisait que les écouter. Le lourd bruit métallique qui venait suivre ses pas se faisait entendre à fois qu’il marchait. Oui … Il n’arrivait toujours pas à croire que … Il venait de faire ça … Enfin, qu’il avait passé … son anniversaire, loin de sa famille. Il avait maintenant douze ans … douze ans …
Et les seules personnes à lui avoir … Non, ce n’était pas ça. Les soldats comme ses amis lui avaient souhaité un joyeux anniversaire. Ils faisaient cela quotidiennement, ça mettait un peu de baume au cœur des soldats. Même si ce n’était pas du tout suffisant pour tout le monde. Ils avaient besoin de revoir ceux qu’ils aimaient.

« Aller … Ne t’en fait pas … D’après les dernières lettres, même si la situation est assez dangereuse, ils vont bien non ? » murmura Olistar en passant à côté de lui.

« Si seulement il n’y avait que ça … Mais je ne suis pas sûr qu’ils me mentent … pour que je sois rassuré. » répondit Earnos faiblement, plus en proie au doute qu’il ne le faisait croire.

« Ne dit pas ça ! Si tu commences à penser de la sorte, ça n’ira pas bien du tout. Compris ? Bref … Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet. Et puis bon … Il est temps de montrer la magnifique armure dorée que tu portes à tes parents, n’est-ce pas ? D’habitude, les Coconfort ne portent qu’une armure ressemblant à de l’or, fait dans un métal bien moins précieux. Mais avec tout ce que l’on a récupéré et les quelques forgerons que l’on a avec nous, c’est vraiment remarquable ce qu’ils ont pu faire. En plus, tu es sûrement le seul à pouvoir la porter. »

« Est-ce que tu tentes de me remonter le moral, Olistar ? » demanda-t-il.

« Un petit peu … Il faut l’avouer. Mais je ne retire pas ce que j’ai dit. Tu es vraiment très bien dans cette armure dorée, mon petit Coconfort ? »

« Arrête ça … Je n’ai pas vraiment l’impression d’être un Coconfort. »

« Toi ? Tu n’as pas cette impression ? Demande donc à Férast ce qu’il en pense ! S’il décide de parler un jour … Ou alors tout simplement à tes deux amies. »

« Pfff … Tu sais bien ce qu’il en est réellement. Bon … Je vais arrêter de me plaindre. » termina de dire Earnos alors qu’ils continuaient de marcher.

Oui … Depuis le temps, il n’avait de cesse que de voir le mauvais côté des choses. Il fallait dire que … depuis le début, il ne servait à rien pour attaquer les mercenaires. Alors, ils avaient décidé de se servir de lui comme bouclier. Dis comme ça, ça pouvait paraître monstrueux de faire qu’un enfant protège des adultes mais … Il avait maintenant une lourde armure faite d’or sur le corps. Réellement constituée d’or, il n’y avait que le casque qui avait une partie noire translucide, laissant voir ses yeux bien qu’il était impossible de deviner la couleur de ces derniers. Et bien qu’elle était plus que lourde, il n’y avait que très peu de personnes capable de l’utiliser correctement.
Ces années à forer sans cesse le sol, à travailler ses muscles alors qu’il n’était encore qu’un enfant … Tout cela avait fini par payer … Mais à quel prix ? Comment pouvait-il protéger la princesse s’il ne pouvait pas la défendre ? Olistar lui répliquerait une nouvelle fois qu’avant de s’en prendre à ceux qui tenteraient d’attenter à la vie de la princesse, il fallait d’abord la mettre en sécurité. Et qu’avec lui dans les parages, il n’y avait que peu de chances qu’une personne puisse ne toucher qu’un cheveu blond de Terria.

Il ne savait pas s’il devait s’en vanter ou être heureux … mais il savait juste que ça ne lui faisait aucun effet personnellement. Mais avant tout cela, ils devaient retourner au royaume le plus rapidement possible. Comme ils étaient plus que bien accompagnés, ils n’avaient aucun problème à traverser les lignes ennemies … mais ces dernières étaient aussi toujours plus nombreuses. Ce n’était qu’une question de jours avant qu’ils ne puissent retourner à l’intérieur même du royaume et qu’enfin, il puisse voir ce qui se passait réellement.

« D’après les Ninjask, on sera là-bas dans moins d’une semaine. »

Olistar s’était adressé à lui, comme capable de lire dans ses pensées inquiètes. Il hocha la tête en réponse au Rapion tandis que Férast murmurait :

« S’il n’y a pas d’autres problèmes … ou alors un mur impénétrable qui nous empêche de rentrer. De toute façon, cela continuera jusqu’à ce que l’une des deux armées soit détruite … si elle n’obtient pas de renforts. »

« Merci pour ces paroles très encourageantes. » répondit avec ironie Olistar. Le garçon en armure dorée se tourna vers Herakié et Lisian. Les deux filles étaient toujours ennemies mais maintenant, cela ne s’entendait et ne se voyait plus … C’était juste une certaine rancœur gardée au fond de chacune.
Il voulait rentrer … et le plus vite possible. Malgré les heures qui s’écoulaient, il ne pouvait pas passer une journée sans penser à sa famille dont il était plus qu’inquiet. Et comment est-ce qu’allait son neveu ou sa nièce ? Car il n’avait … toujours pas pu la ou le voir. Il ne savait même pas si c’était un garçon ou une fille en fait !

Rentrer … Rentrer … Il n’avait que cette idée en tête alors qu’il était imperturbable lorsqu’il se déplaçait dans son armure dorée. Tel un rempart impénétrable, il avançait à travers les lignes ennemies, celles-ci étant incapables de passer outre son armure dorée. Oui … Même s’il ne voulait pas le reconnaître, il était devenu quelqu’un sur qui on pouvait compter pour défendre. Mais ça … Il fallait d’abord assumer ce que l’on était.
Et lorsqu’il voyait les personnes autour de lui combattre avec ardeur, il se sentait plus inutile qu’autre chose. Un mur ne servait à rien … à ses yeux. Pourtant, il n’était pas le seul à ne servir que de défense pour les autres … Mais voilà, en tant que l’un des rares enfants à servir de remparts, il n’avait pas un complexe de supériorité. Loin de là même. Il devait juste continuer à faire son travail … mais lorsqu’il rentrerait … Il avait quelque chose à dire à la princesse Terria. C’était plus qu’important.

Ah … Ah … Ah … C’était … terminé … C’était finalement terminé. Il posa un genou au sol, alors qu’un peu de sang s’écoulait au travers des petites failles de son armure dorée. Ils venaient … d’arriver à passer outre les barrières des Scorvols et des Scorplanes.

« Bravo Earnos ! Tu vois, sans toi, on n’aurait jamais réussi ! » cria Olistar en lui donnant une petite tape dans le dos. Le garçon aux cheveux blonds retira son casque, transpirant fortement au visage et sûrement à l’intérieur de l’armure.

« Si tu le dis … Mais maintenant qu’on a réussi à passer, est-ce que tu crois que … »

« Vas-y. Si ça pose un problème, t’inquiète pas que je discuterai avec eux. Tu es pressé … et je ne crois pas que tu sois le seul. Regarde autour de toi. » annonça Olistar.

C’était la débandade … s’ils avaient été en plein combat. Mais après la victoire, de nombreux soldats et soldates étaient parties en courant, empruntant les nombreux tunnels du royaume des insectes pour se rendre chez leurs familles, voir si elles allaient bien.

« Qu’est-ce que tu attends alors ? Ne perd pas de temps au lieu. »

« Euh … D’accord. J’y vais alors si ça ne dérange personne. »

Et malgré sa lourde armure dorée, il s’était mis à courir. Qu’importe la fatigue qui envahissait son corps, les douleurs aux bras et aux jambes, il voulait retourner auprès des siens. Être sûr que tout allait bien … pour eux. Malgré l’épuisement, il arrivait à la boutique de fleurs. Il ouvrit la porte, pénétrant à l’intérieur avant de dire :

« Maman … Papa … Jiane ? Olly ? Je suis de retour. »

Aucune réponse ? Peut-être qu’ils étaient partis se mettre à l’abri en laissant la boutique toute seule ? Non … Si cela avait été le cas, elle aurait été ravagée. Il déglutit, continuant d’avancer dans la boutique pour se rapprocher du comptoir. Il reprit :

« Papa ? Maman ! Répondez-moi ! Jiane ? Olly ? Cassina ? »

Il n’était quand même pas arrivé quelque chose de grave hein hein ? Il commença à trembler, passant dans l’arrière-boutique avant de voir les cheveux rouges de sa mère … Elle lui tournait le dos, préparant à manger pour Cassina et elle. Ah … Ah … L’adolescente et sa mère se retournèrent pour voir le jeune garçon aux cheveux blonds. Celui-ci renifla un grand coup, commençant à pleurer avant de bafouiller :

« Pourquoi vous m’avez pas répondu, j’étais terrifié, moi ! »

« Earnos ? C’est … C’est toi ? » murmura sa mère, arrêtant aussitôt de cuisiner alors que Cassina se levait de sa chaise.

Elles vinrent aussitôt l’enlacer et l’embrasser sur le visage, aussi heureuses que lui de le revoir. Elles lui expliquèrent qu’elles n’avaient pas entendu quelqu’un rentrer dans la boutique avant de s’excuser de l’avoir ignoré. Mais maintenant qu’il était là, elles étaient plus que soulagées de le savoir en vie et en bonne santé … comme lui pour sa famille.

Laisser un commentaire