Chapitre 28 : Abandonner son rôle

ShiroiRyu
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Chapitre 28 : Abandonner son rôle

« Ah … Mon fils … Te voir dans cette armure, ça me rappelle à quel point ce fut difficile pour moi lorsque j’étais un simple Coconfort. Mais regarde-moi, maintenant, je suis un Dardargnan et bientôt, tu seras aussi un Dardargnan. »

« Oui, papa. » murmura le garçon aux cheveux blonds alors qu’il avait eu le droit à une autorisation d’une semaine pour se reposer. Bien entendu, seuls les enfants avaient une telle permission alors que les adultes devaient juste se reposer à la caserne. Mais bon … Bien qu’il était heureux d’avoir pu rentrer chez lui, il lui restait une chose plus qu’importante à faire. Mais avant, il s’était tenu au courant de tout ce qui s’était passé.

Comme la situation militaire, les problèmes, toutes ces choses qui importaient bien plus qu’on ne le croyait. Mais en même temps, il y avait autre chose … de plus personnel. Et il n’était pas sûr qu’il puisse le faire s’il mettait trop de temps à faire cela. Du courage, c’était tout simplement du courage. Il murmura à ses parents :

« Papa … Maman … Je vais retourner au château tout de suite. »

« Mais tu as une semaine de repos. Tu l’as très bien méritée ! De même, tu n’as fait que … Bon, je ne discuterai pas à ce sujet, tu es libre de tes choix, Earnos. » annonça sa mère calmement en voyant le regard de son père sur la question. Oui … Il était assez grand et responsable pour cela. Son père reprit :

« Fais donc ce que tu as à faire. Tu nous as montré que même à onze ans, tu savais te débrouiller. Tu n’as plus besoin d’être chaperonné par tes parents … tant que tu ne commets pas de méfaits bien entendu hein ? »

« Papa … Tu sais très bien que je ne suis pas du tout comme ça hein ? » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’il se levait de table. Il embrassa ses trois sœurs sur les joues, sa mère lui signalant rapidement :

« Au passage, n’oublies pas de passer chez ta grande sœur hein ? Le parrain doit quand même voir son neveu de temps à autres. Tu ne crois pas ? »

« AH ! D’accord ! C’était donc un garçon ? Je n’étais même pas au courant ! » s’écria t-il avant de sourire à sa mère. Il quitta la boutique de fleurs, le sourire disparaissant aussitôt. Il n’avait pas à penser à ça … pour l’instant. « Direction le château. J’espère que je pourrais voir la voir car sinon … Non. »


Il ne devait pas penser à la mauvaise chose … Il était possible de la voir. Il n’avait pas à s’inquiéter à ce sujet. Il avait quelque chose d’important à lui dire. Avec rapidité malgré le fait qu’il portait son imposante armure dorée, il se dirigea vers le château du roi. Là-bas, on le laissa pénétrer à l’intérieur. Il passa à côté de la zone où les personnes s’entraînaient, plusieurs d’entre elles le saluant d’un geste de la main.

« Bon entraînement ! » cria-t-il après les salutations, passant à côté de la zone pour se diriger dans les couloirs. Malgré sa petite taille, certaines personnes étaient impressionnées par l’imposante armure qu’il avait sur le corps. Pourtant, il évitait de s’en vanter. Ah … Plus le temps d’y réfléchir … Il se trouvait finalement devant l’endroit où il devait se rendre.

Ah … Bon … Quatre gardes se trouvaient devant la double porte. Des gardes parmi les plus entraînés … Des Yanmegas et des Cizayox … Que l’élite … Rien que pour elle. Il s’approcha d’eux, l’un des soldats prenant aussitôt la parole :

« Que viens-tu faire ici ? Ce sont les quartiers de la princesse. Par ordre du roi, personne n’est apte à venir la déranger, qu’importe la raison, qu’elle soit importante ou non. »

« Même si je suis l’un de ces chevaliers personnels ? » demanda-t-il calmement.

« Même si tu es l’un de ces chevaliers … Désolé, petit … Mais ce sont les ordres. »

« Qui est-ce ? » questionna une voix de l’autre côté de la double porte alors que celle-ci s’ouvrait. La jeune fille avait elle aussi commencé à grandir. Ses longs cheveux couleur miel étaient maintenus attachés en deux belles nattes alors qu’elle avait toujours le magnifique rubis incrusté dans son front, signe qu’elle était une véritable Apireine. Quant à sa robe, elle époussetait maintenant ses formes naissantes. Ses yeux rubis se posèrent sur le garçon en armure dorée tandis qu’elle reprenait la parole : « Pardon … Mais qui est-ce ? »

« Nous ne le connaissons pas, mademoiselle Terria. Vous ne devriez pas sortir de votre chambre. Ce sont les ordres du roi. »

« Princesse Terria. C’est moi … Earnos. J’ai quelque chose d’important à vous dire. »

« Earnos ? C’est toi ? Dans cette armure ? Mais qu’est-ce … Ah ! Laissez-le rentrer tout de suite ! » s’écria la jeune fille aux cheveux blonds avec un peu de zèle dans la voix.

Elle prit le bras recouvert d’or du jeune garçon, le tirant vers elle pour l’emmener à l’intérieur de la chambre. Que les soldats le voulaient ou non, ils n’avaient pas le choix ! Elle allait discuter avec lui ! Ca faisait quand même pas mal de temps qu’ils ne s’étaient pas vus. Mais d’abord, la question la plus importante qui lui brûlait les lèvres :

« Pourquoi est-ce que tu portes une armure aussi lourde, Earnos ? »

« Hum ? Hein ? Ah … Euh … C’est parce que je suis maintenant quelqu’un qui sert de rempart pour les autres. J’ai juste besoin de me positionner devant les autres pour les protéger. Mais … En même temps, je ne sais toujours pas me battre. »

« Elle est plutôt jolie comme armure … Tu es donc devenu un Coconfort, c’est ça ? Toutes mes félicitations, Earnos ! C’est une très bonne nouvelle non ? »

« Euh … Je ne sais pas vraiment, princesse Terria. » murmura le jeune garçon. Elle s’approcha de lui, lui retirant son casque à la visière noire avant de faire un petit sourire.

« Ca sera déjà bien mieux comme ça non ? Mais pourquoi est-ce que tu étais là ? Tu devais me dire quelque chose d’important alors ? »

« … … … Oui, princesse Terria. C’est concernant mon rôle de chevalier. J’ai pu remarquer pendant les mois où j’ai été au beau milieu des batailles … que je ne pourrai jamais vous protéger correctement. C’est pourquoi je tenais à vous annoncer que je quitte la chevalerie. Je suis vraiment désolé … Mais je ne pourrai pas tenir ma promesse dans ces conditions. »

« Hein quoi ? Mais mais mais … Attends un peu, Earnos ? Tu pars pendant des mois, tu ne m’as même pas envoyé ne serait-ce qu’une simple lettre en tant que chevalier, et là, tu reviens pour me dire que tu ne veux plus être à mon service ? Mais pourquoi ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal, Earnos ? Tu peux me le dire hein. »

« Non non … Princesse Terria, vous n’avez rien fait de mal. Loin de là même … C’est plutôt le contraire. C’est bien parce que je ne sais rien faire correctement que je préfère  … »

« Mais attends un peu ! De quoi est-ce que tu me parles ? Tu racontes n’importe quoi ! Tu es très très bien comme chevalier ! Personne n’a rien à te reprocher ! » dit-elle alors que le jeune garçon détournait le regard pour ne l’avoir en face de lui. « Et c’est très impoli de ne pas regarder la personne à qui on s’adresse, Earnos. »

« Pardonnez-moi, princesse Terria. Mais ma décision est prise. Tant que je ne serai pas capable de me battre convenablement, il vaut mieux que je ne vous protège plus. Du moins, pas de la sorte. Je continuerai … sans être votre chevalier. Je ne suis pas assez bien pour cela, princesse Terria. »

« … … … Donc je ne te verrais plus du tout, Earnos ? Et la promesse que tu as faite à ma mère ? Tu l’oublies comme ça ? Tu n’en as plus rien à faire ? » chuchota la jeune fille aux cheveux blonds miels. Il hocha la tête négativement avant de répondre :

« Pas du tout … Mais je ne suis pas assez bien pour vous, princesse Terria. Pensez-vous vraiment que je suis capable de vous défendre si vous vous faites agressée ? »

« Je le pense. Tu parles de me défendre, pas d’attaquer les autres ! Et c’est pour ça que tu es parfait dans ce rôle, Earnos ! »

… … … A l’entendre, elle croyait vraiment en ses capacités. Peut-être qu’il avait réagi un peu trop rapidement ? Mais non ! Comment était-ce possible ? Il avait décidé … cela pendant plusieurs mois et là, ses convictions fondaient comme neige au soleil ! Non, non et non ! Il ne devait pas … Il ne devait pas …

« Pardonnez-moi, princesse Terria. Je suis tout simplement un idiot. Je ne devrai pas penser à ce dont je ne suis pas capable … pour vous servir. Mais je devrais plutôt penser à ce que je suis … » commença-t-il à dire avant de se faire arrêter par Terria. Celle-ci avait fait un simple geste de la main, lui chuchotant doucement :

« Ce n’est pas grave du tout. Au moins, tu es venu me parler. C’est le plus important. »

« Permettez-moi de me retirer alors, princesse Terria. »

Hein ? Pourquoi ça ? Elle parut surprise de la rapidité du jeune garçon aux cheveux blonds à réagir ainsi. Maintenant qu’il avait fini de lui parler, il s’en allait comme ça ? Et avec toujours cet air froid … Elle avait vraiment l’impression qu’il ne pensait jamais à rien d’autre qu’au travail. Ou alors, peut-être qu’il ne l’appréciait pas, voilà tout. Les années défilaient … mais ils restaient les mêmes. C’est ça … qu’il voulait lui dire en partant.

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