Chapitre 270 : L’emporter définitivement

ShiroiRyu
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Chapitre 270 : L’emporter définitivement

« Si on m’avait dit … que je finirai dans l’estomac d’un Noctunoir géant et dément. »

L’homme aux cheveux noirs poussa un soupir alors qu’il tentait de voir ce qui se trouvait à l’intérieur. Du moins … Ils étaient à l’intérieur. Heureusement, Anély fit apparaître des flammes violettes autour d’elle, ses bras se recouvrant de plus en plus de brûlures.

« Hum … Charmant spectacle. » murmura la femme aux cheveux violets, remarquant les différents visages qui sanglotaient, d’autres disant :

« Tuez-le ! Emportez-le ! Eliminez-le ! Libérez-nous de ce fléau ! »

« C’est ce que je compte faire … ou presque. Je ne peux rien vous promettre de plus, je tiens à vous le signaler, malheureusement. Je vais juste vous promettre d’en terminer avec lui à jamais. » répondit Anély, Zaryne étudiant les visages.

« Nous devrions nous préparer maintenant … Hansanio, il n’y a plus de retour possible. Je vois que mon fils a réussi à te faire retrouver … le calme. »

« Il a surtout réussi à me tuer … ou presque … Alors … Comment est-ce que je peux vous aider concrètement ? Je vous protège pendant que vous faites ce que vous avez à faire ? Car il y a peu de chances que ce Noctunoir nous laisse tranquille. »

« Très peu même … Oui … Mais c’est cela. Si tu veux commencer à chanter … Du moins, si elle veut bien commencer à chanter. »

« Tu es prête ? » demanda Hansanio, une voix féminine se faisant entendre en lui.

« Cela fait très longtemps que je n’ai plus chanté. J’espère en être encore capable. » dit la Magirêve qui semblait bien plus heureuse maintenant.

« Je suis sûr que tu y arriveras. Tu as toujours eu une très belle voix. »

Elle émit un petit rire, Anély et Zaryne souriant toutes les deux alors que les visages crachaient de la gelée verte. Néanmoins, la Momartik créa un voile de glace, la gelée se gelant subitement avant d’exploser en morceaux.

« En fait, je vais plutôt nous protéger. Pendant ce temps, Anély … Je te laisse préparer ta « bombe » artisanale … Ensuite, j’irai la geler … et nous irons finir par la libérer. Une telle déflagration de froid et de feu détruira tout en ce Noctunoir. »

« NON NON ET NON ! JE VOUS EN EMPÊCHERAI ! »

Une voix provenait de l’un des visages … Un visage avec un unique œil rouge ? Un visage qui semblait se déchirer pour s’extraire des autres. Le Noctunoir ! Le véritable corps du Noctunoir ?! Celui-ci cria :

« Vous ne m’arrêterez pas ! Je vais me venger de Kéran ! Il m’a enlevé ma fille ! Ma belle petite fille ! Ma petite fille … Ma douce petite fille ! JE VOUS EN EMPËCHERAI ! »

« Tu n’es pas à jour … Katérina est maintenant avec le spectre en elle nommé Hodan. D’ailleurs, après ta mort, je pense qu’ils vont dire la vérité à Kéran. Dommage, n’est-ce pas ? Même en tuant Kéran, tu n’aurai pas obtenu ce que tu désirais. » rétorqua Anély, un sourire mauvais aux lèvres, le Noctunoir faisant apparaître une aura ténébreuse qui fut repoussée par celles des trois êtres côte à côte.

« Je vais vous protéger toutes les deux. Préparez le tout. »

« Toi … Toi … TOI ! ESPECE DE TRAITRE ! ESPECE D’INCAPABLE ! »

« Tu pensais vraiment que j’étais de ton côté ? Depuis le départ, je t’ai dit que je n’étais pas avec toi … Juste que nos objectifs étaient les mêmes. »

« Sale petit … JE VAIS VOUS TUER TOUS LES TROIS ! »

« Non, tu ne feras rien du tout. » coupa le jeune homme, une douce voix mélodieuse sortant de son corps, commençant à chantonner.

Des petits gémissements se firent entendre de la part de la Momartik, d’Hansanio et Anély alors que déjà, cette dernière était en train de concentrer une flamme entre ses mains. Hansanio, quant à lui, utilisait les pouvoirs de la Magirêve pour repousser le Noctunoir.

« Tu es bien plus faible sans personne pour te défendre, n’est-ce pas ? Tu n’es qu’un lâche qui a toujours eu besoin des autres pour obtenir ce qu’il désirait ! »

« LA FERME MOMARTIK ! Toi aussi … Je vais te briser ! Je vais te briser ! »

Elle n’attendait que de voir cela de sa part. Mais le Noctunoir était beaucoup de paroles, peu d’actes … Dommage n’est-ce pas ? Mais ce n’était pas le moment de s’attarder sur cet être pathétique qu’était Karos.

« Hansanio, nous te faisons confiance. Nous allons avoir besoin de concentration. Je veux juste savoir une chose : est-ce que tu as peur de la mort ? » demanda la Momartik.

« Peut-être auparavant … Mais maintenant … Non … Je sais que je vais mourir mais je me sens serein et apaisé … Car je sais qu’elle m’attendra … Peut-être plus sous cette forme de Magirêve … Peut-être que je me réincarnerai … Peut-être ? Mais je suis heureux. »

« Heureux ? C’est assez … singulier en soi mais c’est le bon état d’esprit. Vous serez deux âmes soulagées et non-tourmentées. Je suis sûre que même si vous deviez devenir des spectres ou des créatures ténébreuses, vous vous retrouverez. C’est toujours ainsi avec les âmes sœurs … Lorsque deux âmes sont faites pour exister ensembles. »

« Est-ce la même chose avec Kéran et la femme en lui ? » demanda Hansanio.

« Il y a de fortes chances. En fait, j’en suis convaincue personnellement. Mais bon … Je ne vais plus parler, je préfère écouter la douce musique de celle qui t’est jointe. »

« Elle chante divinement bien, je le sais … C’est pour ça que je l’aime. Et pour d’autres choses. Hahaha … Hahaha … Ah … »

Le jeune homme aux cheveux noirs eut un léger rire tendre, le premier depuis la mort de la Magirêve quand elle était encore humaine. Il renifla, ayant une petite larme qui s’écoula de son œil gauche avant qu’il ne se positionne en face du Noctunoir.

« ATTENDS UN PEU QUE JE VAIS TE … »

« Je ne te laisserai pas continuer plus longtemps ton travail de carnage. »

Hansanio courait vers le Noctunoir, les deux êtres pointant leurs mains en avant. Mais l’une du Noctunoir vint traverser le ventre d’Hansanio, ressortant de l’autre côté. Le jeune homme cracha du sang, un sourire mauvais aux lèvres.

« Je t’avais dit que j’en terminerai avec toi ! »

« Est-ce que tu n’entends pas ce chant funeste autour de toi ? Ecoute … Ecoute toutes tes victimes … Elles chantent avec celle que j’aime. Elles chantent pour ta destruction. »

« NE RACONTE PAS N’IMPORTE QUOI ! ELLES … »

Non … Le Requiem avait déjà lieu. Il continuait inlassablement. Mais il était déjà mort ! Ca ne lui ferait aucun effet ! NON ! Le Requiem pouvait aussi tuer ce qui était mort une seconde fois ! NON ! ET NON ! IL N’ALLAIT PAS MOURIR !

« J’ai la gelée verte avec moi ! J’AI CETTE GELEE ! JE REVIENDRAI A LA VIE ! ALORS QUE VOUS SEREZ MORTS ! COMME DES PANTINS ! »

« Hum ? Et tu crois vraiment que nous ne préparons pas le terrain pour tout ça ? Pour éviter que la gelée utilise son pouvoir ? »

« Qu’est-ce que vous comptez faire ? AH ! Je m’en fiche ! Je vais vous éliminer toutes les deux et … QUOI ?! TU N’ES PAS ENCORE MORT ?! »

« Ne m’enterre pas … trop vite … Cette chanson t’emportera à jamais. »

Il retenait son bras de son unique main mais le Noctunoir en possédait une de libre. Une qu’il utilisait pour frapper l’homme aux cheveux noirs en plein visage. Mais deux mains violettes vinrent stopper la seconde du Noctunoir, la tête de la Magirêve sortant du corps d’Hansanio.

« Il a déjà assez souffert ! Je ne te laisserai pas le blesser encore plus ! Je t’empor … »

« Malié … Continue de chanter … s’il te plaît. Si tu ne chantes pas, je crois que … »

« Je le fais, je le fais … Mais je te défendrai … jusqu’au bout. »

« ASSEZ ! ARRÊTEZ DE CHANTER ! POURQUOI EST-CE QUE VOUS VOUS INTERPOSEZ TOUS ENTRE MOI ET MA FILLE ?! POURQUOI ?! POURQUOI ?! JE NE VOUS PERMETTRAIS PAS DE M’EMPÊCHER DE LA RAMENER A MOI ! »

« Car tu es un être abject qui ne mérite pas de vivre. Anély ? »

« … … … Tu peux la geler. »

Une flamme d’une étrange intensité. Une flamme qui se fit recouvrir de glace. Une glace brillant comme un cristal alors que la flamme continuait de brûler. Une telle chaleur semblait s’en échapper. Une chaleur dévorante … capable de tout ravager.

« Qu’est-ce que vous manigancez toutes les deux ? VOUS ! LÂCHEZ-MOI ! »

Le Noctunoir se débattait pour se libérer du bras d’Hansanio et de ceux de la Magirêve mais rien à faire. La créature au chapeau de sorcière continuait de chantonner doucement, Hansanio ayant fermé les yeux, un sourire aux lèvres, du sang s’écoulant de ses lèvres.

« Ce que nous faisons ? Nous t’emportons avec nous. Tu étais une aberration de ton vivant … Tu le fus encore plus durant ta mort. Mais aujourd’hui, ton règne s’arrête enfin. »

« Malié ? Continue de chanter pour lui … Car il entendra ta voix, qu’importe l’endroit où il se trouvera … Et mes félicitations. » souffla la Momartik, le cristal qu’elle avait formé autour de la flamme commençant à se briser.


La tête de la Magirêve hocha faiblement, son chant étant parcouru de trémolos bien qu’elle continuait sans s’arrêter. Il avait voulu qu’elle chante … Qu’elle chante même quand tout serait terminé … Qu’elle chante jusqu’au bout alors elle chantait.
Le cristal continua de se briser, des flammes sortant des fissures alors que la Momartik regardait Anély et inversement. Anély tendit la main droite en l’air, un sourire aux lèvres alors que sa main gauche était en train de se réduire en cendres.

« Kéran ne sera jamais seul … Même si nous ne serons plus là. »

« Il est très bien accompagné de toute façon. Qu’ils terminent ce que nous avons commencé … Ce que les Doctes préparaient depuis des décennies … depuis des siècles … Espérons que ton message passera, Anély. »

« Il sera entendu … par tous et par toutes. »

Sa seconde main se désagrégea en cendres alors que le cristal se brisai finalement, provoquant une violente déflagration bleue … comme des flammes gelées … Mélangeant la glace et le feu, cette combinaison allait permettre de tout éradiquer … que cela soit le Noctunoir ou alors la gelée verte qui l’habitait.

« Ce fut un plaisir de vous rencontrer, madame Zaryne. Je sais de qui Kéran tient son caractère. Vous avez été une Grande Docte remarquable … »

« J’avais fait mon temps. Je pensais plus à vivre avec ma petite famille après la mort de ma sœur. Et puis, celle qui m’a succédée fut splendide. »

« Merci du compliment … et adieu. » chuchota Anély, disparaissant dans les flammes.

A l’extérieur du Noctunoir, tous et toutes ne pouvaient que regarder ce qui était en train de se produire. De la glace se formait tout autour du Noctunoir géant, créant un cocon protecteur alors que des flammes venaient le ravager et le consumer … De la gelée verte ricochait contre la paroi de glace, ne pouvant pas la traverser.

« Maman … Loa… »

Il hoquetait sur le coup. Il… Il venait de perdre une seconde fois sa mère. Et cette fois-ci, il n’y aurait pas de retour … Il le savait parfaitement. Il eut une boule dans la gorge, Elyséa faisant son apparition devant lui pour le prendre dans ses bras.

« J’espère ne pas te faire mal … Kéran … Je l’espère réellement. »

« Qu’est-ce que ça … changerait de toute façon ? Regarde … Elyséa … Regarde … Karos est en train de disparaitre mais avec lui … Ma mère … Et Loa. Oui, elle était Loa. »

Et non Anély. Anély, c’était pour les autres. Loa, c’était pour lui et Katérina. Il entendit une douce symphonie alors que le Noctunoir géant se brisait, morceaux par morceaux, se réduisant en une poussière qui avait des allures d’étoiles.

Mais lui … Aujourd’hui, il venait de perdre deux d’entre elles. La pluie tombait peu à peu, le chant qui accompagnait la destruction du Noctunoir s’atténuant peu à peu comme un écho. Elyséa serra avec plus d’insistance le jeune homme dans ses bras.

« Kéran … Je … Non. »

« Je veux juste que ça se termine. On y est presque, n’est-ce pas ? »

« Oui … Kéran, nous y sommes presque. » murmura la femme aux cheveux blancs, l’embrassant sur la joue plusieurs fois de suite, avalant les larmes qui coulaient dessus.

Elle le recouvrait de baiser pour le consoler, elle ne touchait jamais à ses lèvre, elle se montrait douce et délicate, comme elle l’avait toujours été dans ces moments-là, dans ces moments où le jeune homme était désemparé, seul au monde, isolé de tous.

« J’ai l’impression de mourir … J’ai cette impression que ce monde veut me punir … Elyséa … Me punir et me retirer tout ce qui tient à moi. »

« Ne dit pas ça, même si le monde était contre toi, je serai là. »

« Je pense que j’ai assez souffert … Oui … J’ai assez souffert pour les années à venir. »

« Et je serai là pour soulager tes peines. Kéran, je vais y aller doucement. »

Très doucement même. Elle posa ses mains sur le dos du jeune homme, l’emmenant jusqu’à elle pour le serrer contre son cœur. Ils pouvaient rester ainsi … le temps que la situation retrouve son calme. Kéran avait besoin de tranquillité … en attendant de retrouver Iyasminé et Katérina … et les membres du Dominion Naturel. Cela pouvait bien attendre, n’est-ce pas ? Karos était finalement mort … sans possibilité de revenir.

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