Chapitre 29 : A bras ouverts

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : A bras ouverts

« Pour la séance de la journée, est-ce que l’on considère qu’elle est terminée ? »

« C’est exact, Manelena. Nous avons légèrement progressé et ceci est une bonne chose. »

« Ca dépend du point de vue car je ne suis pas vraiment sûre du résultat … mais bon, ce n’est pas bien important. Pour le dîner, pas besoin de me chercher, je serais dans la chambre d’invité, Royan. Je vais plutôt me reposer. »

Hochement positif de la tête de la part de Royan. Il semblait avoir bien compris le message alors qu’elle quittait la salle de conférence. Quelques minutes plus tard, elle s’écroulait sur l’imposant lit, posant une main sur son front. Elle était en sueur … et cela malgré le froid glacial qui émanait du lieu où elle se trouvait. Oh, pas dans la chambre spécifiquement mais hors du château, il ne faisait pas vraiment chaud.

« Il m’a filé la migraine avec ces imbécillités. Il croit … vraiment que j’ai la tête à ça ? »

Malgré tout ce qui s’était passé, il avait absolument voulu qu’ils parlent tous les deux de Tery et Elise. Mais elle-même ne le désirait pas. Pourquoi est-ce qu’elle voudrait évoquer ce sujet qui posait bien plus de problème qu’autre chose ? En allant directement en première ligne pendant qu’ils combattront contre les démons, elle risquait sa vie, oui, elle le savait parfaitement mais en même temps …

« Je ne comptes pas me sacrifier pour des futilités du genre. »

Il en était hors de question. Elle ne comptait pas se sacrifier pour son pays. Même si dans l’idée, elle avait déjà envisagé ça dans le passé, elle n’allait pas reproduire les erreurs de ce dernier alors qu’elle épongeait son front du dos de la main.

« Je ne veux plus entendre parler de ce nom. Je ne veux pas. Je n’ai pas envie de réfléchir à ce que je dois faire, à ce que je veux faire. C’est trop … compliqué. »

Oui. Elle avait envie d’une vie simple sur le moment, d’une journée où … elle n’était rien aux yeux de personne sauf d’une seule qui n’était plus là. Bien sûr, cette personne ne savait pas ce qu’elle ressentait en ce moment, personne ne le savait puisqu’elle n’en parlait pas. Couchée sur le lit, ses yeux rubis se fermèrent pendant quelques secondes alors qu’elle murmurait :

« Ni pour mon royaume, ni pour Elen, ni pour la mère de Tery. Pour personne, je ne dois plus me sacrifier. Ca serait … gâcher la vie qu’il m’a offerte. »


Cette vie qu’elle avait été prête à abandonner, il y a de cela quelques années, lorsque les différentes armées s’étaient alliés pendant un bref instant, tout simplement pour se venger des nombreux envoyés de Shunter. Ces envoyés qui avaient récupérer les médaillons. Cela faisait déjà tellement longtemps. Tellement d’évènements s’étaient déroulés.

« Et pourtant, combien de fois j’aimerai les recommencer ? Peut-être les modifier. Pour que le futur … ou le passé maintenant … soit différent. L’un ou l’autre. » chuchota t-elle à elle-même. Mais voilà, le passé resterait le même et le futur ne prévoyait rien de bon, loin de là. Elle devait juste accomplir ce que son rôle de reine de Shunter lui incombait.

« Manelena ? Est-ce que tu dors ? » demanda la voix masculine qu’elle reconnut facilement comme celle de Royan. Elle se redressa sur le lit, disant :

« Non, pas du tout. Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as besoin de rentrer ? »

« Vu que j’aimerai te parler de quelques points privés, j’avoue que cela me serait vraiment préférable entre nous. Est-ce que je peux ou non ? »

« Tu ne peux pas, j’aimerai être seule mais vu que nous sommes dans ton domaine, je pense que tu peux rentrer sans même me demander l’autorisation. »

« Si c’était aussi simple que ça, je le ferais depuis longtemps … mais ce n’est pas le cas. Je vais rentrer alors, Manelena. »

Qu’il rentre, qu’il rentre. La femme aux cheveux argentés s’était mise assis sur le lit. Elle n’allait pas se mettre debout pour lui. De toute façon, il parlait de choses privées, mais n’avait-il pas déjà dit tout cela pendant la conférence avec les conseillers militaires ? Bref, ce n’était pas tout ça mais voilà que la porte vint s’ouvrir pour laisser paraître Royan.

« J’imagine que tu vas m’expliquer ce que tu veux exactement, n’est-ce pas ? »

« J’ai juste envie de te parler. Est-ce que cela m’est interdit ou nous pouvons ? »

« Tu sais aussi bien que moi que je ne suis pas très loquace comme femme. Cela dépendra du sujet que tu veux aborder avec moi, Royan. Cette fois, il n’y a aucun garde autour de toi pour tendre l’oreille donc dis ce que tu as sur le coeur. »

Elle évitait de se moquer de lui car si le jeune homme aux cheveux bleus avait pris la peine de venir jusqu’à elle pour parler, c’est qu’il y avait une très bonne raison. Du moins, c’est ce qu’elle voudrait se dire mais … il avait le regard fuyant ?

« Je ne suis pas vraiment certain que tu sois la personne la mieux placée pour ça mais … »

« Non mais si c’est pour venir m’insulter, tu peux repartir aussitôt, Royan, je ne retiendrais pas, est-ce bien clair entre toi et moi ? »

« D’accord, le message est très bien passé. Mais que tu ne sois pas la meilleure personne ne change pas que j’ai envie de t’adresser la parole. »


Humpf. Il avait visiblement un gros souci pour qu’il en prenne la peine de venir la voir. Elle tapota doucement le lit à côté d’elle comme pour l’inciter à s’asseoir alors qu’une petite pensée venait se former dans sa tête : Royan avait bien quoi ? Sept ou huit ans de différence avec elle ? C’était presque … ah … comme un petit frère qui demandait conseil à sa grande sœur ? Elle qui n’avait jamais eut ça, c’était une pensée vraiment absurde, preuve de sa fatigue mentale à l’heure actuelle.

« Vas-y, je t’écoute. Quel est le sujet que j’aille ensuite t’ouvrir aussitôt la porte pour que tu partes sans même que je te retienne ? » posa finalement Manelena comme question alors qu’il était songeur, ses yeux rubis étudiant les réactions du jeune homme aux cheveux bleus.

« Cela concerne … Elise. » commença à dire Royan, Manelena poussant un léger soupir. Elle s’en doutait mais en même temps, quoi de plus logique que de … « Mais aussi Tery. J’aimerai te demander ton avis et j’ai besoin qu’il soit sincère. »

« Si tu penses que nul n’avait compris que tu étais prêt à tout pour Elise, je pense que tes directives depuis ton intronisation parlent pour toi. »

« Ce n’est pas vraiment de ça dont je veux parler ! Enfin, je … Enfin … C’est si visible que ça ? Mais non, ce n’est pas ça. Manelena, si par chance, on retrouvait Tery et Elise. »

Chance. C’était le bon termine pour expliquer dans quelle galère ils étaient tous les deux à espérer trouver ce duo. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais bon, Royan n’avait pas terminé sa phrase et elle attendait la suite maintenant.

« Je voudrais savoir : comment est-ce que tu réagirais ? Mais vraiment, je ne veux pas de mensonges à ce sujet. Je veux la vérité. Je … Je sais que tu as dit que tu n’hésiterais pas un instant à le tuer mais … est-ce que c’est vrai ? »

Il la regardait et c’était peut-être la première fois qu’elle le voyait comme un enfant. Depuis qu’elle le connaissait, il avait toujours été cet adolescent un peu froid qui avait finit par s’ouvrir au reste du groupe et encore plus grâce à l’apparition d’Elise. Est-ce qu’avec elle, il avait fini par découvrir de nouveaux sentiments ? Enfin, c’était une question rhétorique qu’elle se posait intérieurement. Elle connaissait la réponse depuis quelques temps. Mais bon, voilà qu’il attendait la sienne. Qu’est-ce qu’elle devait dire à ce moment là ?

« Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? Est-ce que ma réponse influencerait sur la tienne ? Si tel est le cas, c’est complètement ridicule, tu sais ? »

« Je le sais parfaitement mais … j’ai besoin de savoir. Est-ce que tu le … tuerais ? »

« Je le ferais et cela sans aucune once de remord. Cela lui apprendra à avoir décidé de trahir Elen et avoir mis en danger leur enfant. »

« Mais aussi trahir le groupe … et te trahir, n’est-ce pas ? Je vais juste répéter ma question une nouvelle fois, Manelena. Est-ce que tu … irais vraiment le tuer ? »

« Tu es vraiment fatiguant, Royan ! Que tu sois le roi de Traslord n’y changera rien ! Est-ce bien compris ou quoi ?! » s’exclama la femme aux cheveux argentés avant de finir par se redresser, visiblement en colère et agacée

« Je le sais bien, c’est pour cela que je t’ai posé la question ici et pas ailleurs. J’aimerai vraiment que tu me donnes une réponse sincère, Manelena. »

« Pourquoi est-ce que je devrais être sincère pour ce genre de choses, tu peux me dire ? Qu’est-ce que ça t’apporterait exactement hein ? »

« Du soulagement ou non, tout dépendra de ta réponse, Manelena. Je veux … savoir. »

« Bon, Royan. On va être clairs : Je suis la reine de Shunter, tu es le roi de Traslord. »

« Cela n’est pas difficile de le remarquer, Manelena mais … »

« En tant que tels, nous avons des responsabilités Peut-être qu’il est un peu tard pour tout ça mais il n’est jamais trop tard. Nous sommes les symboles de nos deux nations. Est-ce que tu crois vraiment que l’on peut faire comme si de rien n’était et aller les prendre dans nos bras en leur souhaitant la bienvenue ? Ce n’est pas possible ! »

« Je … le sais parfaitement. Enfin, je pensais le savoir mais je ne suis plus aussi sûr maintenant, Manelena. Je … Est-ce que ça veut dire que … »

« J’en ait pas envie mais il faudra le faire. C’est pourtant pas plus compliqué que ça. On doit mettre nos sentiments de côté et juste nous concentrer sur ce qui nous attends. Si on les retrouve, même s’ils ne sont pas belliqueux, il faudra agir en conséquence, voilà tout. »

« Donc, tu penses quand même beaucoup à lui, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai pas envie de me répéter. Si je dois le faire, Royan, cela va TRES mal se finir, est-ce que le message est très bien passé cette fois ou alors, je dois me répéter ? »

« Je … D’accord. Manelena, j’ai eut ce que je voulais. Juste, je suis rassuré de voir que je pensais pareil. On ne peut pas les oublier mais nos rôles sont trop grands pour que nous puissions mettre en péril nos royaumes. »

« C’est exact. Maintenant, si tu veux bien, j’étais parti me reposer à la base avant que tu ne viennes me déranger. J’aimerai continuer ça. »

« Je comprends, je vais te laisser tranquille alors. Je suis désolé. »

« Ce n’est pas bien grave. Maintenant que tu es rassuré sur ce que je penses réellement, tu peux refermer la porte derrière toi. Et évites de trop y penser. Nous sommes encore bien loin de les avoir retrouver, hein ? »

« Ce n’est pas faux mais peut-être que je nourris ce maigre espoir néanmoins. Est-ce que c’est trop que de vouloir ça, Manelena ? »

« Ce n’est pas à moi de te répondre. Chacun à sa conception de l’espoir. Cela fait depuis bien longtemps que le mien est mort. Allez zou, du vent. »

Et qu’importe s’il s’agissait du roi de Traslord, il restait le plus jeune du groupe, c’est pourquoi elle pouvait se permettre de le considérer de la sorte, du moins pas pour le moment. Un dernier regard de la part du jeune homme aux cheveux bleus et voilà que la porte se refermait derrière lui. D’un geste un peu rageur, elle frappa du poing dans l’oreiller.

« Espèce d’imbécile. M’obliger à dire ça, j’en avais pas besoin. Et toi, tu n’es qu’un idiot, Tery. C’est à cause de toi que tout ça se produit. »

Mais elle ne pouvait pas le lui dire en face. Si cela devait arriver, il y avait de fortes chances que ça ne soit pas de telles paroles qui sortent de ses lèvres. Peut-être même qu’il n’y aurait aucun mot à ce moment précis. Qui sait … comment elle réagirait vraiment ?

Tellement de sentiments contradictoires mais elle ne faisait rien pour les en empêcher à ce moment précis. Elle voulait étreindre le jeune homme aux cheveux bruns mais en même temps, elle voulait l’étrangler pour ses fautes commises.

« Tout ça car il a fallut que Royan m’en reparle comme si de rien était. Est-ce qu’il n’a pas compris que ce n’était pas ça que je recherchais ou quoi ? »

Elle voulait et aspirait au calme, pas à la pensée envers Tery. D’ailleurs, le fait que Royan lui demande directement ce qu’elle pensait de Tery ou plutôt ce qu’elle comptait faire à son sujet, cela l’avait perturbé. Elle n’aimait pas être honnête. Ce n’était pas avec de l’honnêteté que l’on dirigeait un royaume, ni même que l’on restait en vie.

« Trop honnête … On connaît le résultat, n’est-ce pas ? On a bien vu où est-ce que ça menait de toujours vouloir rester droit dans ses bottes. »

La presque mort d’une personne proche avec qui on avait une relation amoureuse. Tery était peut-être possédé à ce moment précis, ça n’excusait qu’à moitié son geste. Et encore possédé était un bien grand mot, n’est-ce pas ?

« C’est juste un peu de manipulation mentale mais dans le fond, il restait le même. »

Encore qu’elle n’était pas certaine de ce qu’elle avançait. C’était assez compliqué … à imaginer mais dans un autre sens : pourquoi ? Pourquoi est-ce que le jeune homme aux cheveux bruns ne revenait pas ? Il avait les capacités pour ça !

« S’il était revenu aussitôt, il y avait encore une possibilité de le pardonner mais là … »

Il faisait tout pour leur échapper, pour les repousser. Est-ce qu’il se sentait fautif et ne voulait pas assumer ses fautes ? Non, il n’était pas comme ça. Elle le connaissait bien. Ce n’était pas le plus intelligent des hommes, loin de là, mais jamais, il ne chercherait à fuir.

« Alors pourquoi faire une telle imbécillité ? Qu’est-ce qui lui a pris se de comporter comme ça ? Si seulement … il comprenait … RAAAAAAAAH ! »

Elle en avait assez ! C’était toujours comme ça ! TOUJOURS ! Qu’importe ce qui se passait ! Qu’importe ce qui se déroulait, c’était TOUJOURS ainsi ! Ça l’énervait et ça l’agaçait ! Elle poussa un râle de colère, comme le ferait une enfant trop gâtée avant de frapper plusieurs fois de suite du poing dans l’oreiller.

« Tu vas passer un sale quart d’heure, je te le promets ! Je vais te faire regretter d’être né. »

Mais cette fois-ci, ce n’était pas envers Tery qu’elle était en colère mais le coussin qui n’avait rien demandé pour subir un tel traitement. Pour autant, elle ne lésinait pas sur les coups et c’était à se demander si le lit allait supporter bien longtemps de tels assauts de sa part. Puis enfin, au bout d’une quinzaine de minutes, elle finit par s’avouer vaincue, retombant lourdement sur le coussin déformé par les coups.

« Tu fais … chier, Tery. Pourquoi as t-il fallut que tu ouvres ces foutues portes démoniaques ? Ça ne pouvait pas être vers un pays merveilleux ? »

Autant ne pas se leurrer et autant ne pas se voiler la face. Il n’y avait pas que l’ouverture des portes démoniaques qui incombait à Tery et Elise. Il fallait aussi compter sur la mort des créatures légendaires, le décès des deux dirigeants de Mékalarma et cela à la suite, le sauvetage de la princesse de Shunter qui était prête à se sacrifier aux autres armées pour que son peuple puisse vivre. Oui … Contrairement à ce que l’on pouvait penser, il avait maintenant une liste de fait d’armes de plus en plus longue et qu’importe ce qu’il allait faire pour tenter de l’effacer, elle ne disparaîtrait jamais.

« Si tu voulais juste terminer ta vie dans un coin où nul ne te trouverait, tu pouvais me demander … Ta mère et Elen se sentent seules. »

Elle était repartie dans ses paroles en solitaire. Si une personne un peu sensée était en train de l’écouter, elle se poserait tellement de question à son sujet. Enfin, il valait peut-être mieux ne pas trop s’interroger et juste laisser s’écouler comme si de rien n’était.

« A cause de lui, c’est bon, je n’arriverai pas à dormir pour la prochaine heure. »

Est-ce qu’elle parlait de Royan ? De Tery ? Difficile à savoir mais elle était maintenant debout, regardant sa tenue qu’elle arborait après le départ du roi de Traslord dans sa chambre. Humpf … Vraiment … Même si elle était féminine physiquement et qu’elle pouvait posséder des tenues se mettant en valeur, qu’importe le moment de la journée, il n’y avait bien qu’un seul moment où elle se sentait bien.

« Reine Manelena de Shunter ? Que faites-vous dans les couloirs à cette heure-ci ? Et dans votre armure ? Y aurait-il eut un acte de malveillance à votre encontre ? »

« Pas du tout, je comptais faire simplement une promenade. Y a t-il des environs que je pourrais visiter à cette heure tardive ? »

« Euh … C’est une très bonne question. Il faut avouer que l’on ne s’attendait pas vraiment à ce que vous fassiez votre apparition pendant notre tour de garde. Peut-être que vous pourriez vous promener dans les environs du château ? Il faudra simplement que vous portiez ceci par mesure de précaution. » dit l’un des gardes, tendant ce qui semblait être l’emblème d’une baleine. Oh ? Ce n’était pas le symbole de Royan parmi sa famille ? « Avec ceci, si on commence à vous interroger, montrez juste cet emblème et cela devrait vous permettre d’être tranquille. Tout le monde n’est pas forcément au courant que vous portez une lourde armure noire sur le corps. Nous en sommes désolés. »

« Pas besoin de l’être. Je devrais être revenue d’ici une heure, le temps de fatiguer mon corps et de pouvoir ensuite dormir comme une souche. »

« Comme vous le désirez ! Faites donc néanmoins attention à vous pendant que vous vous promènerez et gardez donc cette emblème. »

« Bien bien bien. Faites donc une bonne ronde de votre côté, je ne vais pas trop tarder. »

Simple mouvement de la main et la voilà qui vagabondait à nouveau à travers les couloirs comme si de rien n’était. La femme au visage caché par l’épais casque noir installé sur son crâne se dirigea vers la sortie du château, présentant le badge donné par les soldats.

« Ne vous éloignez pas trop, reine Manelena. La nuit, même si les rues sont sûres, vous pourriez aisément vous perdre si vous décidez de vous éloigner du château. »

« Ce n’est pas dans mes intentions si vous voulez tout savoir mais merci de la recommandation. Je vais juste faire un peu de promenade, rien de plus. »

Et dans tout ça ? Ce qu’elle disait était vrai. Elle n’avait pas dans l’idée d’aller ailleurs. Elle avait juste besoin de souffler un peu et d’aérer son esprit. Le seul problème à l’horizon était tout simplement le froid glacial qui était en train de l’envahir. Bon sang, on se les gelait par ici ! C’était encore pire la nuit !

« A se demander comment est-ce qu’ils font pour tenir aussi aisément. Je sais bien que leurs corps sont habitués mais quand même … »

Ce n’était pas normal qu’il fasse aussi froid ! Mais au moins, si elle se plaignait de la température, cela lui permettait d’éviter de penser trop longtemps au reste. Et voilà, rien qu’à cette remarque qu’elle venait de se faire intérieurement, elle pensait à nouveau à Tery. Tery, Elen, leur enfant, la mère de Tery, ses grands-parents. Même en cherchant à se focaliser sr son royaume, ses pensées étaient toujours tournées vers eux. Elle n’aimait pas le reconnaître, cela ressemblerait à une marque de faiblesse mais …

« Brr mais bon sang ! On se les gèle vraiment ! »

Elle portait son armure sur son corps mais elle avait l’impression que le vent glacé arrivait à pénétrer à travers celle-ci. Elle ne savait pas comment et où mais la seule chose qui la perturbait, c’était bien le fait qu’elle était tellement gelée qu’elle avait juste envie de retourner à l’intérieur du château et se blottir sous les draps.

« Comme quoi, au moins, si la promenade fut plus courte que prévu, elle a réussi à me faire penser à autre chose. C’est le moment où je dois rire, non ? »

Dommage que ça ne soit pas son genre. S’il avait suffit juste de se prendre un souffle glacé dans la tête, elle l’aurait fait depuis longtemps. Bien qu’elle poussa un long soupir, elle finit par retirer son casque, laissant la brise hivernal nocturne frapper sa chevelure argentée.

« Dans quel pétrin est-ce que je me suis fourrée ? Tout ça car j’ai eut l’idiotie de montrer que je pouvais être aussi faible que les autres. »

C’était bien là sa plus grande erreur mais … elle ne regrettait rien. Pendant des années, elle avait vécu comme une poupée dénuée de sentiments et de vie. Là encore, elle se mentait à elle-même. Elle avait des sentiments à cette époque, un seul prédominant sur les autres : celui de la haine qu’elle portait envers son père.

« Mais voilà où nous en sommes aujourd’hui. En train d’errer comme une âme perdue. »

Tout ça car elle avait décidé de laisser place à la futilité de ses émotions et sentiments. Elle allait lancer cette guerre contre les démons. Elle allait gagner cette guerre contre les démons, qu’importe les sacrifices. Elle allait récupérer Tery et Elise. Elle allait leur faire comprendre leurs erreurs et enfin, ils pourront alors tous vivre en paix et se reposer.

2 réflexions sur « Chapitre 29 : A bras ouverts »

  1. 😮 Un monstre produit du froid et va agresser malena pendant la nuit 😡 , ou elle a juste froid 🙂 .
    Je ne pense vraiment pas que Tery fuit , il veut juste ne plus revoir malena et royan en restant caché mais pour combien de temps 🙁

  2. On va dire que ce n’est pas aisé pour lui. il a vraiment l’impression de ne plus être du même monde qu’eux. 🙂
    Mais bon, qui sait ? Un jour ?

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