Chapitre 3 : Rien que la famille

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Rien que la famille

« Bonsoir … Perrine. » murmura le jeune garçon alors que les griffures sur sa joue disparaissaient peu à peu, ses marques s’étant mises à briller.

« Pars de là ! Que je ne te revois plus ! Je t’ai dit de ne pas revenir ! »

Une jeune fille qui devait avoir huit ou neuf ans se tenait en face d’eux. Elle avait deux oreilles caractéristiques des Goupix alors que six queues bien touffues ornaient son derrière. Des tresses, des couettes, toute sa chevelure semblait assez épaisse et généreuse, on pouvait même se demander si la majorité de son poids n’était pas à cause de toute sa fourrure. Elle portait une robe lui allant jusqu’aux genoux, un long nœud papillon blanc par-dessus elle alors qu’elle avait un regard rageur en direction de Personne.

« Nous avons retiré déjà l’argent, Perrine. »

« Tu es sourd ou tu le fais exprès ?! Je ne veux plus de ton argent ! Je ne veux plus te revoir ! Je ne veux pas que tu restes ici, assassin ! »

Des paroles bien dures pour une enfant de son âge mais … Cela se voyait dans son regard qu’elle haïssait le garçon en face d’elle. Le garçon qui accusait parfaitement le coup, observant simplement la jeune fille. Il déposa un porte-monnaie sur le sol, faisant quelques pas en arrière avant de reprendre :

« Voilà … Il y a tout l’argent de ce mois-ci. Cela devrait vous suffire pour ce mois encore … J’ai aussi quelques économies et primes qui traînent si cela n’est pas assez … Maintenant que je suis passé, je crois que je vais repartir. »

Il fit quelques pas en arrière, hochant la tête en direction de Lasty lorsqu’il se retourna alors que la jeune fille récupérait le porte-feuille. Elle le rentra dans l’une de ses poches, criant :

« Et maintenant, c’est comme ça ?! Tu t’enfuis comme toujours ?! Tu as tué mon grand frère ! Tu ne crois pas que c’est ton argent qui va le faire revenir ! Ne crois pas que c’est ton argent qui va te permettre de te faire pardonner ! »

« … … … … … Nous devrions y aller, Lasty. » répondit le jeune garçon en refaisant quelques pas, des flammes passant subitement à côté de Personne.

« Quand je te parle, tu m’écoutes, d’accord ?! C’est bien compris ?! Tu te retournes et tu me fais face, Personne ! »
Il tiqua légèrement, hochant la tête une nouvelle fois à Lasty. Non … Ce n’était rien du tout … Il se tourna vers lenteur vers la jeune fille, ses yeux rubis sur ceux de même couleur que Perrine. Des yeux complètement vides d’émotion …

« Que puis-je faire pour toi, Perrine ? »

« … … … … … Tu me parles encore comme si tu n’en avais rien à faire de ce que je te dis … et .. Je te promets que je te fais ravaler toutes tes dents ! »

« Si tu n’as pas besoin de moi … Il vaudrait mieux que je reparte … Je dois encore travailler pour mes prochaines missions. C’est une chose nécessaire si je dois vous nourrir. »

« Dois … Dois … TE MOQUES PAS DE MOI ! Comme si tu nous devais quelque chose ?! Je veux juste que mon grand frère revienne ! Et ça … Ca … Ca ne sera jamais possible par ta faute ! Et puis pourquoi est-ce que tu m’as dit ça la première fois que tu es venue ?! »

« … … … … … Car c’est véridique. »

« Véridique ou non, moi je m’en fiche ! Comme si tu étais vraiment désolé ?! Comme si tu étais vraiment triste qu’il soit mort ! Tu t’en fiches de nous ! Tu fais ça pour juste te donner une bonne conscience ! Mais tu n’es qu’un meurtrier et un tueur ! Tu as tué Malixo ! »

« … Personne … Il faudrait peut-être le lui … » commença Lasty alors que le jeune garçon fit un petit geste de la main pour lui dire de se taire. L’enfant n’avait pas besoin de savoir que le meurtrier direct était en fait la femme à côté de Personne et non lui-même.

« … … Tu vois ! Tu caches des choses ! De toute façon, tu n’en as rien à faire ! Comme tous les autres ! Comme toutes les grandes personnes ! Comme mes grands frères et mes grandes sœurs ! Ils ne sont plus là et ils nous ont tous abandonnés ! »

Hein ? Il haussa un sourcil. C’était la première fois que … Perrine parlait de sa famille dans son énervement. Lui ? Il n’avait jamais osé la voir … Il n’osait pas se présenter devant la famille … Car il n’avait pas à le faire … Car il n’avait pas à la regarder … Si il voyait cette mère … Cette femme … Ah … Ah …

« Qu’est-ce que tu regardes encore ?! C’est quoi cette fausse mine triste ?! »

« Rien du tout … Je peux partir maintenant ? »

« NON ! Tu restes ici et tu ne t’enfuis pas cette fois ! Tu viens ! » s’écria la jeune fille alors qu’elle prenait avec force sa main droite, le tirant avec elle.

AIE ! Elle lui faisait mal ! Elle le griffait à moitié mais il valait mieux ne rien dire car elle était visiblement très en colère à cause de lui. Il se laissa traîner, s’étant mis à trembler de tout son corps alors que Lasty suivait les deux enfants.

… … … Il n’y avait vraiment pas de quoi rire … C’était même à pleurer … Il y avait sept à huit enfants … Certains étaient même dans des berceaux. C’était affreux … Tous étaient des enfants pokémons. Et l’endroit où ils dormaient … C’était un endroit très propre et très bien nettoyé. Visiblement, tout le monde faisait des efforts mais ils manquaient tellement d’espace … Et il voyait une femme Lockpin qui donnait le sein à un bébé avec des yeux dorés et habillé d’une tenue violette et rose. Une petite queue à sonnette était visible au niveau des fesses du bébé, montrant par là que c’était un jeune Abo.

Ah … La femme Lockpin … C’était la mère de toute cette progéniture ? Elle devait avoir une quarantaine d’années et malgré son visage ravagé par la fatigue, elle semblait très calme et douce. Elle posa son regard sur lui et Lasty, leur adressant un petit sourire avant d’observer à nouveau son bébé qu’elle avait entre ses mains.

« Tous les autres nous ont abandonnés … Dès qu’un enfant a dix ou onze ans, il quitte la maison en disant à quel point il déteste cet endroit et cette vie. Moi, je ne suis pas comme ça ! » s’écria la jeune fille, s’arrêtant aussitôt avant d’entendre les pleurs d’un bébé.
Il se faisait légèrement tiré dessus sur les vêtements par deux enfants de trois ou quatre années. Ce n’était pas une vie … Il s’agenouilla devant les enfants, ces derniers lui demandant son nom. Il leur répondit, des petits rires se faisant entendre. Ils trouvaient son nom très drôle. Il fit un petit sourire aux enfants, Perrine revenant, un biberon et un bébé d’environ une année dans ses mains.

« AH ! Tu n’as pas intérêt à déranger, Personne ! T’es prévenu ! Je veux juste que tu vois ce qui se passe maintenant depuis … »

Elle s’arrêta dans ses paroles, tournant son visage vers sa mère. Celle-ci avait levé le regard d’un air curieux, penchant la tête sur le côté. Elle n’avait toujours pas pris la parole et il remarqua aussitôt qu’il avait oublié ses bonnes manières. Il bafouilla :

« Euh … Euh … Bonjour, je m’appelle Personne et elle, c’est Lasty. Je suis euh … un … »

Il n’osait pas le dire car ce n’était pas le cas. Il n’était pas …

« C’est un ami, Maman ! Tu n’as pas à t’inquiéter ! »

Un grand sourire orna les lèvres de la femme aux cheveux couleur crème, celle-ci faisant plusieurs hochements de tête positifs alors qu’il paraissait étonné.

« Est-ce qu’elle est … euh … »

« Muette, ça fait quelques deux ans environ. Le … géniteur de Clisa est le responsable. Une vilaine entaille au niveau du cou mais plus de peur que de mal. A part la voix, elle va très bien. » murmura la jeune fille avant d’entendre quelques toussotements de la part de sa mère. « Ah ! Prends donc Clisa pendant quelques minutes ! »

Elle venait de lui donner le couffin ainsi que le biberon, courant à travers les autres enfants avant de foncer vers la cuisine. Elle en revint avec un verre d’eau et plusieurs médicaments, les donnant à sa mère qui la remercia affectueusement d’une petite caresse sur le sommet du crâne. La jeune fille poussa un glapissement de joie, contrastant complètement avec la majorité de son comportement habituel.

« … … … … … »

Il ne savait pas quoi dire. Il n’avait pas sa place ici … Il ne voyait que des enfants en bas âge. Des enfants dont Perrine était l’aînée. Elle s’approcha de lui, récupérant le bébé avant de le remettre dans son berceau, posant son regard sur Personne. Elle fit un petit geste de la tête, demandant à Lasty et à Personne de l’accompagner dehors.

Il salua d’un hochement de main la femme et les enfants, tous ayant un grand sourire en le lui rendant. Lasty fit de même de son côté avant d’accompagner le jeune garçon et la jeune fille hors de la modeste demeure … Ah … Dire que c’était ici qu’ils dormaient … Cet endroit était un peu plus éloigné des autres. Sûrement que le jeune homme … avait trouvé des moyens pour les emmener ailleurs avant de …

« Maman est beaucoup trop gentille … Elle ne penserait même pas un instant que son fils aîné soit mort … par la main de l’enfant qu’elle a vu. »

« … … … … … Tu as une gentille famille. » répondit-il prestement alors qu’elle haussait un sourcil d’étonnement … Elle serra les dents, ses mains devenant des griffes avant de s’arrêter dans son élan. Non … Ca ne servait à rien …

« Ca ne le fera pas revenir … mais ne redit plus jamais ça ! Ma mère souffre énormément de tout ça ! Je suis toujours là quand elle donne naissance à un nouvel enfant ! Car ces hommes viennent quand même la … »

Hein ? Elle ne finissait pas sa phrase, se frottant les deux bras d’un air frénétique. Il y avait un problème … Il prit subitement ses deux mains, la jeune fille poussant un cri alors qu’il remontait ses deux manches, laissant voir des blessures.

« Mais c’est … » commença t-il alors qu’elle retirait aussitôt ses mains.

« Ca ne te concerne pas ! VAS T’EN ET NE REVIENS PAS ! »

Elle était folle de rage, il le voyait parfaitement. Il ne vint rien dire, s’éloignant de la maisonnette alors qu’à côté d’eux, un homme passait. Il semblait bien faire deux mètres, recouverte d’épais vêtements gris … et plutôt imposants … Comme son corps. Un Rhinocorne, c’est bien cela ? Il s’arrêta, entendant le cri de la jeune fille :

« NON ! VOUS N’IREZ PAS LA VOIR ! MAMAN EST MALADE ! »

« J’ai de l’argent pour cela. »

« ON N’EN VEUT PAS DE CET ARGENT ! NE VOUS APPROCHEZ PAS DE MA MERE ! » hurla la jeune fille avant qu’une violente baffe ne la fasse voler sur le côté.

« C’est pas une gamine qui va m’empêcher de m’octroyer un peu de plai… »

« Mais moi, si. »

Il avait été des plus directs, s’étant présenté devant le Rhinocorne avant de le projeter avec une trombe d’eau en arrière. L’homme tenta de se relever mais Lasty était au-dessus de lui, ses yeux rubis le fixant froidement :

« Je vous conseille … de vous éloigner d’ici … et de ne pas revenir … Je vous conseille aussi de prévenir tous les malandrins qui espèrent faire souffrir cette famille de ne plus remettre un pied en ce lieu sinon … Il pourrait s’avérer que je gèle complètement vos corps. »

Elle avait fait apparaître une magnifique serre de glace au bout de sa main droite, l’homme à l’épaisse protection grise hochant la tête en tremblant. Il s’était relevé pour s’enfuir d’un air pataud et cela malgré ses quelques blessures. Le jeune garçon s’approcha de Perrine, tendant sa main en lui demandant :

« Est-ce que … ça va ? »

« NE ME TOUCHE PAS, TOI ! Je pouvais me débrouiller seule ! »

« Je reviendrai dans une semaine. » répondit-il alors qu’elle fronçait les sourcils.

« Je t’ai déjà répondu … que … »

« Je reviendrai dans une semaine. » répéta t-il une nouvelle fois tandis qu’elle s’époussetait, se dirigeant vers la maisonnette en répondant :

« Fais comme tu veux ! Moi, j’en ai plus rien à faire ! »

« Et … Si ils recommencent, je les arrêterai. »

Elle s’immobilisa, s’étant mise à trembler alors que ses six queues de Goupix se redressaient subitement. Il venait de faire mouche dans ses paroles. Il l’observa rentrer chez elle, claquant la porte avec une légère violence alors qu’il demandait à Lasty de le ramener à l’Ultime Elément. Pour aujourd’hui, il en avait fini … Mais il n’allait pas se priver de revenir. Surtout pas après avoir finalement découvert le revers du décor qui n’était déjà pas très joyeux à la base. Oui … Il allait continuer à revoir cette famille … pour espérer que son cœur s’apaise.

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