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- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 3 : Si proche et pourtant si loin
Une nouvelle ville, un nouvel endroit, un nouveau lieu. C’est là qu’il décide de s’y rendre pour espérer, peut-être, obtenir plus d’argent. Il ne sait jamais s’il a assez ou non. Loin de là même … Assis contre un mur, sa gamelle devant lui, il se tient déjà prêt.
Et voilà qu’il commence à jouer de l’ocarina, comme auparavant. Mais cette fois-ci, étrangement, il sent une présence autour de lui. Enfin, ce n’est pas la première fois non plus que des personnes continuent de le regarder discrètement.
« Maman, maman … Pourquoi est-ce qu’il a des pieds bizarres le garçon ? »
« Car il est malade, gravement malade. »
Malade ? Il haussa un sourcil sans pour autant arrêter de jouer de l’ocarina. Ce n’était pas vraiment une maladie sinon, il l’aurait depuis longtemps, très longtemps même. Depuis qu’il était né. Bon, peut-être qu’il ne peut pas courir comme tout le monde mais ce n’est pas bien grave. Pourquoi courir ? Alors que l’on peut marcher lentement et en sécurité, n’est-ce pas ?
Au-dessus du centre commercial, juchée sur le toit de ce dernier, une petite créature à la chevelure verte est couchée sur le ventre, les yeux fermés, fredonnant quelques sons pour accompagner celui de l’ocarina qu’elle entend. Elle ne sait pas à qui il appartient et avec tout ce monde, il est trop dangereux de vouloir vérifier cela. Alors, elle écoute tout simplement et ne il vaut mieux ne pas trop en faire. Mais c’est une douce musique, très douce et belle, c’est étrange qu’un humain soit capable de ça.
Puis finalement, la musique s’arrête et elle rouvre les yeux. Peut-être qu’en jetant un œil sur les personnes qui bougent, elle sera capable de deviner qui vient de jouer de cette musique ? C’est étrange, très étrange mais elle a apprécié. C’est bien la première fois même qu’elle apprécie autant une musique.
Rien. Elle ne trouve pas la personne qui a joué de cette musique. Il faut dire qu’avec la centaine d’humains qui passent devant elle, difficile de la trouver mais quand même. C’est bien dommage. Peut-être qu’en tendant l’oreille et en voletant au-dessus de tout le monde, elle pourrait entendre une nouvelle fois cette musique ?
L’adolescent aux cheveux verts ayant fini de jouer de l’ocarina, s’en va vers les ruelles marchandes. Bien que cela soit difficile pour lui de se repérer dans une nouvelle ville, il regarde les différentes vitrines avec une certaine appréhension avant de s’immobiliser. Cette vitrine … a ce qu’il recherche.
Un magasin de musiques, vendant différents instruments mais il n’y en a qu’un seul qui l’intéresse du regard. Un seul instrument à cordes frottées. Un violon … Un beau violon pour lui. Il n’y connait rien, rien du tout même.
Mais il apprécie ce qu’il voit. Il ouvre son sac, observant sa bourse d’argent de plus en plus rembourrée. Aujourd’hui, il va tenter sa chance. Pourquoi pas ? Il saura alors s’il a assez ou non. Il pénètre à l’intérieur de la boutique, personne ne s’y trouvant à part lui et le vendeur qui semble plongé dans un magazine. Lui ? Il ne fait que regarder les différents instruments avec étonnement. Il y en a tellement … tellement. Même si ce n’est pas la première fois qu’il rentre dans une boutique, c’est tellement rare qu’il reste toujours aussi émerveillé par cela.
« Qu’est-ce que … PARS D’ICI ! Je ne veux pas de mendiants dans mon magasin ! »
Ah. Le vendeur l’a visiblement trouvé … et il est énervé, très énervé même. Il s’approche de lui à toute allure mais l’adolescent aux cheveux verts sort aussitôt sa bourse,, l’ouvrant pour faire apparaître un bon nombre de pièces.
De son autre main, il désigne le violon mais le vendeur lui donne une tape sur la main, faisant tomber la bourse et les pièces au sol. L’adolescent commence à les récupérer, le vendeur tapant du pied sur le sol, exaspéré par ce qui se passe.
« Récupère tes pièces et pars d’ici ! Je ne veux pas de personnes comme toi dans mon magasin ! Aller ! Zou ! Du balai ! »
Mais pourtant, l’adolescent récupère ses pièces, les mettant dans sa petite bourse avant de désigner le violon. L’homme semble encore plus exaspéré alors l’adolescent aux yeux bleus sort son ocarina, commençant à en jouer.
« Ne fait pas de musique ici ! C’est compris ?! JE … »
L’homme s’arrête dans son énervement, s’immobilisant. Qu’est-ce que … ça voulait dire ? La musique de l’adolescent a une intonation particulière. Plus que particulière même. Il n’a jamais ressenti une telle chose auparavant. C’est étrange … mais il se sent calmé et apaisé. Tranquille … Très tranquille même.
Lorsque l’ocarina s’arrête, l’adolescent pose ses yeux sur le vendeur, celui-ci se sentant maintenant un peu gêné. L’adolescent rouvre sa bourse, montrant toutes les pièces qu’il a dans sa main avant de désigner le violon de l’autre.
« Ah … Bon … Montre-moi ça … »
L’homme se montre bien plus calme et tranquille maintenant. Il prend les pièces de l’adolescent, commençant à les compter tout en les regardant. Certaines semblent usées depuis bien longtemps, très longtemps même. Depuis combien de temps est-ce qu’il économise ? Depuis un bon bout normalement.
« Hmm … Je suis vraiment désolé mais malgré le fait que tu aies beaucoup de pièces, c’est largement pas assez pour espérer t’acheter ce violon. Il te faudrait au moins deux voire même trois fois plus pour l’obtenir. Est-ce que tu comprends ? »
L’adolescent hocha la tête positivement, l’homme allant vers sa caisse enregistreuse avant de lui ramener un billet et le mettre parmi les pièces.
« Ce n’est pas grand-chose mais tu sembles être un amoureux de la musique et donc, j’espère quand même que tu arriveras à collecter assez d’argent pour te sortir de cette vie de misère. Le billet que je t’ai donné correspond quand même à une bonne partie de tes pièces. Plus exactement ce nombre. J’ai l’impression que tu ne sais pas compter, n’est-ce pas ? En plus d’être muet … Vraiment … »
L’homme pousse un profond soupir, mettant le billet dans l’une de ses mains puis un certain nombre de pièces dans l’autre. L’adolescent observe le tout avec attention avant d’hocher la tête une seconde fois. Il semble avoir compris.
« Tant mieux alors … Tiens, garde donc tout cela et continue de jouer de cet instrument. Quelqu’un comme toi, capable de procurer de tels sentiments rien qu’avec sa musique, ne mérite pas de vivre dans la pauvreté. Essaies de t’en tirer, d’accord ? »
Ce n’est pas la première fois qu’une personne soit aussi gentille avec lui après avoir entendu sa musique … mais bon … Celle-ci fait des efforts. Il hoche encore la tête, la remerciant par ce geste avant de partir de la boutique. Visiblement, il a encore beaucoup de choses à faire.
Il s’éloigne, remarchant dans la ruelle où bon nombre de personnes sont présentes. Il va peut-être devoir s’acheter à manger car il n’a plus de biscuits. Peut-être envisager un sandwich aujourd’hui ? Mais il va devoir racheter des gâteaux aussi. Car bon, le sandwich n’est là que pour un moment, rien de plus.
« Hey … Tu as vu ce que j’ai vu ? Le vendeur lui a filé un sacré billet quand même. »
« Dire qu’il a gueulé comme un malade, il a entendu sa musique et ensuite, il lui file du fric ? C’est facile comme méthode ! Mais bon … »
« On fait quoi ? On le surveille ? »
« Le gamin pouilleux ? Bien sûr. T’as bien remarqué ? Il ne parle pas et il a l’air muet. Personne ne l’entendra alors lorsque l’on ira lui prendre son argent. »
Les deux compères éclatent de rire ensemble avant de se mettre à suivre l’adolescent aux cheveux verts. Celui-ci, après ses petits achats, a décidé de quitter la ville. Il ne préfère pas rester là-bas plus longtemps. Il n’aime pas que l’on le prenne en pitié. Alors qu’il se dirige vers l’une des sorties de la ville, il reprend son ocarina, commençant à en rejouer.
« Melo ? »
Une tête se tourne dans le ciel, une tête accompagnant un corps invisible comme elle. Elle a bien entendu le son de l’ocarina. Maintenant, elle en est sûre, ça vient de là. Elle se dirige à toute allure vers l’origine du son, remarquant un adolescent dans de vieux vêtements rapiécés. C’est lui qui joue de l’ocarina ?
Elle commença à voleter au-dessus de lui, étant quand même à une dizaine de mètres de hauteur. Il a quitté la ville mais elle aussi. Flottant dans les airs, elle ferme les yeux, se laissant bercer par le son de l’ocarina de l’adolescent.
« On attends encore un peu ? Il est trop proche de la ville. »
« Une dizaine de minutes et on lui rentre dedans. »
Les deux adultes suivent discrètement l’adolescent, leurs pokéballs à leurs ceintures. Il suffit juste d’une attaque éclair pour le détrousser et récupérer son argent.