Chapitre 30 : Une soirée en tête à tête

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : Une soirée en tête à tête

« Oh … Tiens donc ! Mais je connais cet endroit … Enfin, ça n’a pas changé en plusieurs années. C’est l’endroit où tu habites non ? Enfin … La partie du royaume où tu habites. »

« C’est exact, princesse Terria. Néanmoins, je ne crois pas que vous emmenez chez mes parents soit la meilleure chose à faire. Je pense même que ça finirait très très mal s’ils savaient ce que je viens de faire. » répondit le jeune garçon aux cheveux blonds.

« T’en fais pas … Si on se fait repéré, je serai là pour te protéger verbalement. Ils n’oseront pas s’en prendre à la princesse des insectes ! »

Elle remarqua le petit tic qui anima les lèvres d’Earnos lorsqu’elle avait prononcé le mot « protéger ». Oups … Elle venait encore de commettre une bêtise. Mais quelle idiote ! Pardon, pardon, pardon ! Elle allait devoir s’excuser encore une fois. Mais avec lui, c’était difficile de comprendre comment réagir correctement. Elle ne savait pas s’il allait mal le prendre ou non … si elle tentait de s’excuser. Pfff … Elle voulut néanmoins essayer mais ce fut lui le plus rapide à prendre la parole :

« Je sais où nous allons nous rendre … si vous le voulez bien. »

« Oh ? Surprends-moi ! C’est tout ce que je te demandais hein ? » répondit-elle aussitôt en lui souriant. Voilà … Si elle était gentille, alors, elle était sûre qu’il le serait aussi.

« Nous allons nous rendre chez Douély. Là-bas … Il n’y aura personne. »

Chez Douély ? C’était cette Munja ? Elle ne savait pas pourquoi mais … ça l’énervait un peu. Enfin bon, c’était à lui de la guider comme elle le lui avait annoncé. Sans aucune réticence, elle décida de le suivre, le jeune garçon aux yeux rubis comme les siens vint l’emmener jusqu’au quartier des Munjas. A cette heure tardive, même eux dormaient visiblement.

« C’est calme … Vraiment très calme. Tu crois qu’on a le droit d’être là ? Enfin … De s’inviter chez Douély alors qu’il n’y a personne ? »

« J’ai besoin d’aller la voir … Enfin … Je crois en avoir besoin. »

Il croyait en avoir le besoin ? C’était quoi ce genre de phrases ? Elle était maintenant plus que perplexe alors qu’ils arrivaient devant la maison de Douély. Avec lenteur, il toqua deux fois, espérant une réponse qui ne vint pas. Il poussa un petit soupir, pénétrant dans la demeure de la Munja. Bizarrement, rien n’était recouvert par la poussière mais elle évita d’en faire la remarque. Elle attendit qu’Earnos soit dans la cuisine pour jeter un regard autour d’elle. Bizarre … Cet endroit était encore plus bizarre que dans ses souvenirs.

« Euh … Princesse Terria ? Auriez-vous faim ? Il y a de quoi se nourrir si vous le voulez. Enfin … Je ne sais que très peu cuisiner … Enfin, pas assez bien. » dit Earnos dans la cuisine. Elle eut un petit rire amusé avant de lui répondre :

« Earnos ! Tu sais quelle heure il est ? Tu crois vraiment que j’ai faim à cette heure ? Et toi ? Si tu as faim, tu peux manger, ça ne me dérange pas du tout hein ? Tu n’as pas à te forcer de ne pas manger parce que je suis là, Earnos ! »

« Je n’ai pas faim du tout à la base. Bon … Par contre, le sentiment de liberté que vous vouliez avoir, je ne suis pas sûr que ça soit celui-là que vous désiriez … »

« J’ai enfin pu quitter ma chambre … C’est pourquoi je trouve que c’est déjà beaucoup trop ce que tu as fait … Et c’est pour ça que je te remercie ! »

« Il n’y a pas de quoi, princesse Terria. » murmura Earnos avant de sortir de la cuisine. Elle était assise sur le canapé de Douély, bien trop grand pour une seule personne. Lui ? Il restait debout, croisant les bras alors qu’il se tenait près d’un mur.


Un silence s’installa pendant plusieurs minutes, personne ne prenant la parole. Elle le regardait et le fixait sans tourner le visage tandis qu’il avait les yeux fermés et le visage tourné vers le sol. A quoi est-ce qu’il pensait ? Et surtout, il n’avait pas mal à force de rester debout sans rien faire ? Généralement, quand c’était elle, elle souffrait un peu car les minutes s’écoulaient sans bouger et c’était tout simplement horrible.

« Euh … Earnos, si tu veux, tu peux venir t’asseoir hein ? »

« Je ne crois pas que ça soit une bonne chose. Vous êtes déjà assise sur le canapé. »

« Earnos. C’est un ordre. » dit-elle soudainement, un peu étonnée de sa propre réaction alors qu’Earnos ouvrait ses yeux rubis. Elle venait de lui donner un ordre ? C’était … la première fois depuis longtemps ? Et encore, c’était à se demander si c’était … pas la première fois depuis longtemps. D’habitude, elle lui demandait quelque chose … mais un ordre ?

« Suis-je réellement obligé d’y obéir, princesse Terria ? »

« Puisque c’est un ordre, tu n’as même pas à poser la question, Earnos. »

Elle tremblait un peu à l’idée d’avoir ordonné une chose aussi futile. Mais il était quand même très énervant à parler de la sorte ! C’est pourquoi elle avait décidé de réagir de la sorte. Le garçon aux cheveux blonds vint s’asseoir à l’autre côté du canapé.

« Pardonnez-moi, princesse Terria. Vous pensiez sûrement à aller ailleurs … ou du moins, à bouger beaucoup plus. Douély n’était pas le genre de femmes à avoir beaucoup d’activités. »

« Pourquoi tu n’arrêtes pas de parler d’elle ? Elle n’est plus là ! C’est dommage car elle avait des pouvoirs vraiment très intéressants mais on ne peut rien y faire. »

« Douély me manque beaucoup quand même. Je me demande si elle va bien. Mais elle a sûrement pris peur de votre père, le roi. Elle n’aimait pas utiliser ses pouvoirs, elle l’avait dit … C’est pourquoi elle a sûrement préféré s’enfuir. »

« Dis … Earnos ? Tu parles souvent d’autres filles quand il y en a une à côté de toi ? » demanda-t-elle alors qu’il hochait la tête négativement.

« C’est simplement que je n’ai aucun sujet de conversation avec vous, princesse Terria. Je ne vois pas de quoi je pourrais parler sans vous offenser ou paraître idiot. Je ne suis qu’un Coconfort, vous une Apireine, n’est-ce pas ? »

« Et alors ? On peut parler de n’importe quoi aussi ! Je ne suis qu’une fille normale lorsque je quitte le château ! Tu n’as pas à te poser ce genre de question. »

« Si seulement c’était aussi simple … Mais … Par ma faute, vous êtes en danger. Je n’aurai pas dû accepter cela. Je suis responsable de votre sécurité. »

Pourquoi ça tournait toujours autour de sa sécurité et de sa protection ? Earnos n’avait que ce mot en tête dès qu’il s’agissait d’elle ! Elle cria soudainement :

« Tu es juste un imbécile, Earnos ! Je sais me débrouiller ! »

Elle s’était levée du canapé mais revint s’asseoir aussitôt. Elle posa une main sur son front, commençant à bailler. Qu’ils le désiraient ou non, ils étaient en fait tout aussi fatigués l’un que l’autre. Il se leva à son tour, restant debout sans pour autant répondre à l’insulte de la princesse. Il tendit sa main vers elle.

« Je vais vous emmener dans la chambre de Douély. Là-bas, vous pourrez dormir, princesse Terria. Ca sera la meilleure chose à faire. »

« On ferait mieux de rentrer au château … puisque c’est juste ma sécurité qui t’intéresse. » dit-elle avec un peu d’ironie entrecoupé par quelques bâillements. Pourtant, il vint la soulever avec facilité, la prenant dans ses bras alors qu’elle se laissait faire. Il pénétra dans la chambre de Douély, déposant la jeune fille aux cheveux blonds.

« Tu pourrais quand même répondre quand on te parle, Earnos. » reprit la princesse Terria après quelques minutes dans le lit. Elle voyait Earnos qui était adossé contre le mur, juste à côté du lit, les yeux clos. « Comment tu fais pour dormir debout ? T’es vraiment bizarre. »

Mais de toute façon, elle n’attendait pas de réponses de la part du Coconfort. Elle ouvrit le lit correctement. Elle tira ensuite un peu sur le vêtement d’Earnos, celui-ci tombant sur le côté avant d’atterrir sur le lit. Elle commença à le placer correctement dans le lit avant de remonter la couverture sur lui. Elle se plaça de l’autre côté du lit.

« Ca fait le chevalier protecteur mais en fait, c’est même pas capable de tenir aussi longtemps que moi avant de tomber de sommeil. » murmura-t-elle.

Pourtant, elle ne faisait pas du tout la fière elle aussi. Elle était fatiguée … Quelle idée d’avoir voulu s’enfuir en pleine nuit. Ils avaient été aussi fatigués l’un que l’autre. Mais bon … Ce n’était pas une mauvaise idée. Sans manipuler Earnos, elle savait que le Coconfort était toujours prêt à tout faire pour qu’elle soit heureuse. C’était bien ça qu’elle devait lui reconnaître. Il se préoccupait trop d’elle.

« Beaucoup plus qu’Holikan qui est toujours en train de se crêper le chignon avec Olistar. D’ailleurs … Oh … Non … Demain, ça peut attendre. »

Elle allait réfléchir à tout ça demain. Elle était trop exténuée pour penser correctement. Elle se tourna vers Earnos. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas ce visage si serein avec elle ? Elle était quand même … triste à cause de lui. Il était toujours si stoïque et neutre à son égard. Il faisait souffrir la princesse de son royaume ! Elle vint se déplacer près de lui avant de dormir.

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