Chapitre 47 : La Haine

ShiroiRyu
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Chapitre 47 : La Haine

« Et toi, la petite princesse qui profite honteusement d’Earnos. » rétorqua la Munja avec une pointe d’amertume dans son ton. Terria se redressa aussitôt, s’écriant :

« Ce n’est pas du tout le cas ! Je ne profite pas d’Earnos ! Pourquoi est-ce que tu dis ça ? »

« Tu es priée de ne pas me tutoyer, merci bien. Je ne pense pas que toi et moi avons élevé les insectes ensembles. Tu es donc priée de respecter tes aînées. »

Qu’est-ce qui lui prenait à cette femme ? Elle était un peu trop prétentieuse à son goût ! Elle n’était qu’une Munja et en tant que princesse du royaume des insectes, elle était libre de tutoyer et de vouvoyer qui elle voulait. C’était aussi simple que ça, compris ?

« Tu m’es apparemment très antipathique et j’ai la sensation que c’est réciproque. » annonça l’Apireine, clairement peu décontenancée par les paroles de la Munja.

« C’est bien à cause de ta personne qu’Earnos m’a demandé un tel service. Il n’y avait que toi et ton imbécile de père pour demander une telle chose. » reprit Douély, clairement peu encline à parler autrement à la princesse de son royaume.

« Au moins, nous sommes d’accord sur un même point. De toute façon, je ne vois même pas pourquoi je parle d’Earnos avec toi. Ca ne te concerne pas le moins du monde. Earnos a décidé de m’offrir ce cadeau pour que je me rappelle de ma mère disparue bien trop jeune. Sans lui, j’aurai pu être triste pendant des années mais grâce à Earnos, j’ai pu passer outre la mort de ma mère pour continuer son œuvre. »

« Ca ne répond pas à ma question. Pourquoi est-ce que toi et mon Earnos dormiez dans le même lit ? Dans mon lit ? Je n’arrive pas à croire que les enfants de votre âge soient aussi précoces … Surtout de la part d’une princesse dévergondée. »

Hein ? De quoi est-ce qu’elle parlait ? Dévergondée ? Et précoce ? C’était quoi ces termes ? Elle n’avait jamais entendu de tels mots auparavant. Devant la réaction de l’Apireine, Douély poussa un profond soupir avant de reprendre :

« Non … C’est vrai que j’oubliais que j’avais affaire à une gamine. Comme si Earnos avait quelque chose à craindre de ta personne. Je me suis inquiétée pour rien. »

« Une gamine ? Continues tes insultes et je n’hésiterai pas à demander à ce que l’on t’emprisonne pour insultes envers la royauté. Je suis bien gentille mais il ne faut quand même pas exagérer non plus hein ? »

« Hum ? Et sinon ? Qu’est-ce que tu feras ? Je suis pressée de savoir ce que tu comptes faire. J’ai cru entendre parler d’emprisonnement … Tu ne veux pas aussi me guillotiner jeune fille ? Je vais te montrer quelque chose qui risque de couper court à la conversation. »

De couper court à la conversation ? Qu’est-ce qu’elle comptait faire ? Hey ! Pourquoi est-ce qu’elle montrait à nouveau l’une de ses lames. Elle commença à la lever. Elle n’allait quand même pas essayer de la tuer hein ? Si c’était le cas, les Apitrinis réagiraient et elle-même, elle n’hésiterait pas à combattre s’il le fallait ! Pourtant, la lame s’abaissa pour se planter dans le corps de la Munja, Terria poussant un cri :

« Mais qu’est-ce que tu fais, Douély ? Si Earnos sait que tu es blessée, il va être … »

« Tais-toi, petite princesse. J’ai dit que je te donnais une petite démonstration de pourquoi je ne crains pas tes pouvoirs d’Apireine, ni même le royaume. »

Mais c’était quoi ce langage ? Elle ne manquait pas de culot, du moins, jusqu’à ce qu’elle comprenne que malgré ce qui venait de se passer … Elle n’avait aucun problème. La Munja ne semblait même pas souffrir de son arme plantée dans son corps. Elle l’extirpa, aucune trace de sang n’en sortant.

« Est-ce que tu comprends finalement pourquoi nous sommes craints par ton père ? Et par les autres insectes ? Car nous ne pouvons pas ressentir la douleur physique. Tu voudrais une autre preuve ou est-ce que cela te suffit ? »

« … … … Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Et puis, d’abord, j’attendais que tu aies terminé de te montrer en spectacle mais Earnos ne t’appartient pas ! Aucun insecte n’appartient à un autre ! C’est comme cette Cheniti qui n’arrête pas de le coller ! Les insectes ne sont pas les objets d’autres insectes ! » s’écria l’Apireine, se levant finalement du lit pour faire front à Douély. Celle-ci eut un petit sourire mauvais aux lèvres, reprenant :

« Tiens donc … La petite Apireine a décidé d’avoir un peu de courage ? Est-ce que tu n’aurais pas un peu l’instinct rebelle actuellement ? »

« Ce n’est pas avoir l’instinct rebelle. Je fais juste ce que je pense être bon. Earnos n’a pas arrêté de me protéger depuis le début mais si je vois que tu lui veux du … mal, je n’hésiterai pas à prévenir la garde royale pour qu’ils te capturent. » rétorqua Terria.

« D’ailleurs, où est mon Earnos ? Puisque maintenant que tu veux te l’approprier, il est toujours à tes côtés. Je ne le vois pas … » dit la Munja, semblant changer complètement de conversation mais aussi de caractère. Elle montrait … un visage inquiet alors que les lames disparaissaient de ses bras. La blessure à son ventre disparut elle aussi.

« Earnos est parti dans le désert … car il voulait savoir la vérité sur l’histoire du royaume des insectes mais aussi devenir plus fort. Il n’était plus mon chevalier à cause de mon père mais il m’a promis de continuer à me protéger, même si pour ça, il ne devait plus être mon chevalier ! » s’écria la princesse Terria.

« Earnos … Dans le désert ? Chez les Libegons ? Qu’est-ce qu’il est par … Non, tu viens de me répondre. S’il voulait vraiment découvrir la vérité sur le royaume, je lui aurai tout raconté ! Pourquoi est-ce qu’il partit là-bas ? A cause de toi ? Tsss … »
Pourtant, le ton employé par la jeune femme restait maintenant distant et ponctué de tristesse. Savoir qu’Earnos n’était pas là l’avait rendu bien malheureuse. De même, les paroles de la princesse avaient eu un certain effet sur la Munja. Est-ce qu’elle avait finalement compris qu’Earnos continuerait son rôle de protecteur ? Ou alors, était-ce sur ça que justement, la Munja avait du mal à accepter ? Ou autre chose ? Elle était perturbée à cause de Douély ! Cette femme était vraiment plus que bizarre ! Elle ne savait pas quoi penser avec elle !

« Qu’est-ce que tu fais là encore ? Je peux le savoir ? » demanda Douély.

« Je ne comptais pas partir … avant de savoir pourquoi vous avez disparue … il y a quelques années. Earnos était vraiment triste que vous ne soyez plus là. Je vous déteste, Douély. Vous arrivez à le faire sourire et à le rendre heureux. »

Elle venait de la vouvoyer ? Et elle venait aussi de dire qu’elle l’a détestait ? Elle aurait bien exprimé que c’était réciproque mais cet enfant … Cette Apireine lui rappelait quelqu’un. D’ailleurs, si on considérait ce qu’Earnos allait devenir bien plus tard …

« Tsss … Allons dans le salon. Je vais te raconter ce qu’Earnos aurait pu apprendre sur le royaume des insectes s’il avait été là. Quant à ma disparition, elle ne concerne que ma personne. Mais je suis contente de savoir qu’Earnos était inquiet à mon sujet. »

Contente de le rendre anxieux ? Cette femme était un vrai monstre dans le fond ! Ou alors, c’était encore une fois autre chose ? Peut-être était-ce parce que … la femme tenait à cœur le Coconfort ? C’était sûrement ça. Douély appréciait énormément Earnos et donc, elle était rassurée de voir que l’adolescent continuait de penser à elle et à la recherche. Une femme qui aimait se faire désirer … C’était ça qu’était Douély ? Elle se trompait surement. Elle suivit néanmoins la Munja, venant s’asseoir sur le canapé alors que Douély restait debout. Elle allait donc lui raconter une histoire sûrement perdue depuis des siècles, c’est cela ? Car c’était vrai qu’elle ne s’était jamais posé la question … de savoir comment le royaume fut créé. Pourtant, c’était quelque chose de relativement important non ? De très important même si on y pensait plus longuement. Bon, elle était prête à écouter Douély.

« Bon sang … Ca ne sert à rien. J’abandonne ! »

C’était un Kraknoix qui s’écroula au sol, venant s’asseoir dans le sable alors qu’Earnos était en train d’haleter sous son armure dorée. Pourtant dans un sale état d’après son corps qui se soulevait rapidement, l’adolescent était toujours debout, Férast à côté de lui, légèrement blessé. Le Kraknoix poussa un cri de rage avant de dire :

« Je peux plus rien faire contre vous deux ! Ca ne sert à rien ! Lui, il ne bougera plus de son emplacement et continuera de te protéger ! Tu m’auras à force ! Déjà que l’autre Rapion … Enfin … Olistar arrive à être au niveau des Vibraninfs, vous, vous allez pouvoir m’affronter en un contre un … On peut même envisager bientôt que vous alliez vous entraîner contre un Vibraninf aussi. Mais je crois que madame Sania voulait vous parler. »

Leur parler ? Lorsqu’ils allèrent la voir, Olistar était déjà présent, assis sur un tabouret alors que la Libegon leur annonçait qu’en vue des efforts qu’ils avaient fait, ils avaient le droit d’en apprendre un peu plus sur le royaume des insectes.

« Je vais vous raconter pourquoi les Libegons et les Drascores ont quitté le royaume des insectes, si bien entendu, c’est ce que vous voulez connaître. »

Bien entendu ! Enfin, peut-être qu’Olistar connaissait l’histoire aussi ? Il posa la question au Rapion, celui-ci répondant qu’il valait mieux avoir une histoire extérieure à celle de son peuple. Cela permettait d’avoir son propre avis sur la question et surtout d’avoir un peu plus d’objectivité. Mais est-ce que toutes les histoires étaient bonnes à dire ?

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