Chapitre 5 : Une famille brisée

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Une famille brisée

« Comment ça, elles sont parties ?! Et sans prévenir ?! »

C’était la voix de Sarila qui s’adressait à lui bien qu’il ne semblait pas réellement s’en soucier plus que cela. Ce fut quand il reçut un coup de liane qu’il tourna enfin son regard vers elle. Metsubi était en train de manger sans un mot, Sarila reprenant :

« Alors ? Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me répondre, Personne ?! Pourquoi ?! »

« Car je n’ai pas à décider de leur choix … Elles sont assez grandes et adultes pour décider ce dont elles ont envie. » coupa t-il sur un ton légèrement sec, posant ses yeux rubis sur ceux de l’adolescente aux cheveux verts. Celle-ci s’était mise à trembler, tapant contre la table.

« Ce n’est plus drôle … Ca ne m’amuse plus le moins du monde. »

« Je n’ai rien fait pour cela, Sarila. Par contre, je pensais me rendre chez Perrine. » annonça t-il avec lenteur alors qu’elle fronçait les sourcils. Aller là-bas ? Maintenant ? Alors que pendant la nuit, les trois oiseaux légendaires étaient partis ?! Il se moquait … Non … Il ne blaguait pas … Il était sérieux, terriblement sérieux dans ses paroles et c’était cela le plus effrayant quand on le remarquait bien. Bon sang … Elle n’aimait pas le voir depuis des mois … Elle ne pouvait pas … Pfff … Elle poussa un profond soupir, posant une main sur son front alors qu’elle était déjà en sueur, marmonnant :

« Je ne viendrais pas avec toi, Personne. Vas-y seul ou avec Metsubi mais je ne viens pas. »

« Hein ? Pourquoi cela ? Est-ce que tu es en colère contre moi à cause de ce que je viens de te dire ? Je ne voulais pas te froisser. » répondit-il sans pour autant changer de ton. En réponse à cela, l’adolescente se leva subitement, son plateau repas dans ses mains.

« Je ne viendrais pas … Je m’exprime pourtant clairement, Personne. Bon voyage et tu la salueras de ma part ! »

« Comme tu le désires … Je ne vais pas te forcer si tu ne veux pas venir. »

Mais raaaaaaaaaaaaah ! Il lui prenait sérieusement la tête à se comporter comme ça ! Quand il se comportait comme ça … Elle ne pouvait pas … lui parler … Elle posa une main sur sa poitrine, à la hauteur de son cœur. Non …

« Ce n’est qu’un idiot … Il ne se pose même pas de questions … Il s’en fiche complètement. »

Alors elle n’allait pas perdre plus de temps avec un imbécile. Tout était prévu pour dans un mois environ. C’était ce qu’elle avait demandé … Elle était libre de ses choix … Libre de choisir ce qu’elle voulait … Et elle avait pris la décision qui semblait lui convenir le mieux.

« Et lui … ne semble même plus s’intéresser … à ce qui l’entoure. »

Snif … Aller … Elle était toujours en train de sourire alors pleurer … Ce n’était pas dans ses habitudes. De toute façon … Qui s’intéressait réellement à ce qu’elle ressentait ? Si même Personne s’en fichait alors … Elle n’avait plus aucun intérêt.

Voilà … Quelques heures plus tard, au beau milieu de l’après-midi, ils étaient arrivés devant la modeste maison de la famille de Malixo. Oh … Malgré les années, malgré les épreuves, il n’oubliait jamais de s’y rendre. Remarquant que Perrine ne venait pas les voir contrairement à ses habitudes, il s’avançait en direction de la maison, prêt à toquer.

« Ne t’avises même pas de frapper à la porte, espèce d’idiot. Et je vois que tu as ramené seulement ta petite copine aujourd’hui ? »

La voix provenait de son dos, le faisant se retourner. Elle aussi … Perrine … était une demoiselle en devenir. Même si elle n’avait que qu’onze ans et demi voir bientôt douze, malgré son caractère, elle était en train de devenir de plus en plus féminine. Ses cheveux semblaient prendre une couleur entre le blond et la crème tandis qu’elle les laissait pousser. Enfin, elle laissait maintenant son nombril paraître, portant néanmoins une longue robe de couleur rouge ainsi qu’un haut de même couleur. Des petites formes significatives étaient visibles au niveau de sa poitrine, signe qu’elle était en train de grandir de ce côté. Pourtant, elle semblait plutôt en colère en observant la poitrine de Metsubi, portant quatre sacs plutôt lourds avec ses deux mains. L’adolescent s’approcha de Perrine, Metsubi faisant de même de son côté. Sans rien dire, Perrine laissa les deux personnes prendre ses courses.

« Qu’est-ce que vous faites là d’ailleurs ? Et où se trouvent les trois piafs ? »

« Elles ne viendront plus. » coupa court à la discussion l’adolescent aux cheveux noirs alors qu’elle haussait un sourcil. Ah ouais ? Comme ça ? Cash ? Il disait ça sans même en avoir quelque chose à faire ? Sympathique de sa part … Mouais … Chacun sa vision des choses hein ? Fallait pas se leurrer non plus.

Dès qu’ils pénétrèrent dans la maisonnette, des petits cris résonnèrent avant que le sol ne se mette à trembler sous la déferlante de pas qui arrivaient en leur direction. Il y avait tellement d’enfants … Plus jeunes que Perrine. Et tous étaient en train de se diriger vers eux.

« HEY ! Devinez il y a qui avec notre grande sœur ?! »

« PERSONNE ! PERSONNE EST LA ! OUAISSSSSSSSSSSSSSS ! Et il a ramené sa drôle de copine qui ne parle jamais ! »

« Où est-ce qu’elles sont les dames avec des ailes dans le dos ? Et puis la fille qui fait apparaître des lianes ? »

Tous et toutes parlaient en même temps tandis que Personne et Metsubi se retrouvaient débarrassés des courses. Ah … Sincèrement … Ils étaient agités, très agités … Mais bon … Ce n’était que des enfants … D’un geste de la tête auquel Metsubi acquiesça, l’adolescent laissa la Carmache distraire les enfants tandis qu’il accompagnait Perrine sans qu’elle ne le remarque. Il la vit rentrer dans une chambre, la porte restant à moitié ouverte. D’un geste discret, il regarda à travers l’ouverture, remarquant …

« Qu’est-ce que tu fais là ? Je déteste par-dessus qu’on me suit comme un pervers. »

Hum ? Il n’avait pas eut le temps de jeter un œil que la porte s’ouvrit complètement. Il avait été pris en flagrant délit tandis que la Goupix se tenait en face de lui, les bras croisés, l’air colérique … mais surtout peiné ?

« Ouais … Enfin bon … Vas-y … Rentres … De toute façon, ta présence semble la rendre heureuse. Je ne vais pas l’empêcher d’être heureuse, ça serait le comble. »

Il hocha la tête tandis qu’il pénétrait dans la pièce. Il ne venait plus qu’une fois par mois … Et en un mois, les personnes pouvaient changer terriblement. Il voyait une femme aux traits tirés par la fatigue …. Une belle femme malgré cela … Une femme Lockpin dont une couverture en laine était posée sur ses jambes. Elle restait assise, les yeux fixées vers la fenêtre dont les rideaux avaient été tirés pour lui permettre de regarder dehors. Le visage de la femme se tourna vers lui, faisant un grand sourire avant de tendre ses deux mains.
Sans même réfléchir un seul instant, il s’était approché d’elle, se faisant enlacer par la femme aux cheveux bruns et aux rides … Non … Ce n’était pas à cause de la fatigue. Il y avait autre chose ? Mais quoi ? Il posa ses lèvres sur les joues de la femme, murmurant sur le même ton neutre et habituel depuis ces derniers mois :

« Comment allez-vous depuis un mois ? J’espère que vous vous portez comme un charme. »

Les yeux de la femme s’ouvrirent en grand, laissant paraître deux yeux rubis … mais ternes … comme dénués de vie. Elle paraissait … surprise … du ton employée mais elle vint caresser sa joue avec tendresse. Il se laissa faire, restant parfaitement de marbre tandis que Perrine ne disait rien, croisant simplement les bras.

Une dizaine de minutes plus tard, ils avaient quitté la chambre, la jeune Goupix lui demandant de le suivre tandis qu’ils marchaient dans les couloirs pour redescendre à l’étage inférieur. Sur le chemin, elle l’arrêta, le plaquant contre un mur avant de poser une main juste à côté de sa tête. Elle était plus petite que lui mais elle semblait n’en avoir rien à faire.

« … … … Perrine ? Quelque chose à me dire ? Ou alors, puis-je poser ma question ? »

« Non … Rien du tout … Personne … Tu peux poser ta question. »

Là encore, Perrine semblait vouloir lui dire quelque chose sans y arriver. Elle retira sa main, l’adolescent se mettant correctement en face d’elle avant de dire :

« Comment vas ta mère ? Elle me semble un peu … pâle. »

« Comme si … Comme ça … Tu sais aussi bien que moi qu’elle ne va pas très bien depuis déjà une année ou deux. Ce n’est rien de bien grave, le médecin vient la voir chaque semaine. Et toi ? Comment est-ce que tu vas sinon ? Car vue la tronche que tu tires… »

« Ca peut aller … Les trois sœurs qui m’accompagnaient ne sont plus avec moi. » murmura t-il sans émotions, la jeune fille se sentant un peu … gênée ? Comme si elle avait quelque chose à dire à l’adolescent sans y arriver.

« Bah … Trois de perdues, dix que tu retrouveras ! De toute façon, vue les femmes que tu te trimballes à chaque fois que tu viens ici, tu as de quoi te faire un vrai harem ! »

« Peut-être … Ce n’est pas vraiment le but que je recherche. »

« Et arrêtes de parler comme ça, j’ai l’impression de m’adresser à un mort ! » s’écria la jeune fille avant de lui taper dans le dos. Il posa son regard vide sur elle, Perrine poussant un profond soupir. Elle passa une main dans ses cheveux, gardant son air gêné.
Et cela continua jusqu’à ce qu’il soit l’heure de partir. Elle semblait toujours vouloir lui adresser la parole mais semblait bloquée par quelque chose. Comme si … Lui parler reviendrait à véritablement voir la jeune fille … ce qu’elle était réellement. Et ça, elle n’y arrivait pas … Lorsqu’il fut devant la porte d’entrée avec Metsubi qui avait eut le droit à une nouvelle coiffure de la part des enfants, il salua Perrine en lui disant :

« A dans un mois … Je reviendrai avec l’argent, comme d’habitude. »

Elle ne lui répondit pas, l’adolescent haussant simplement les épaules avant de dire à Metsubi qu’ils partaient tous les deux. Elle hocha la tête, les deux personnes mettant de la distance entre elles et la famille de Malixo. Les enfants les saluaient avec joie avant de rentrer à l’intérieur de la maison, contrastant avec le regard triste de Perrine qui murmura avec lenteur :

« Adieu … grand frère … »

Il s’était arrêté, se statufiant sur place en entendant ce nom. Qu’est-ce que … que cela voulait dire ? Il se retourna, voyant tout simplement la porte qui claqua au loin. Il pencha la tête sur le côté, n’ayant pas saisit la portée des paroles de Perrine à cet instant. Ce fut la dernière fois qu’il vit la famille de Malixo.

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