Chapitre 6 : Seul

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Seul

« Pourquoi est-ce qu’ils ne la retrouvent pas ? Pourquoi ? »

Il faisait les cent pas dans sa chambre, semblant soucieux pour la première fois depuis fort longtemps. Un mois s’était écoulé … Un long mois … Et il avait eut la mauvaise surprise d’apprendre que Perrine et toute sa famille avaient déménagé sans même le prévenir. SANS MÊME LE LUI SIGNALER ! Metsubi le regardait, adossée contre un mur.

« Metsubi ? Tu le sais peut-être ? Quand tu jouais avec les enfants … Ils ont rien dit de spécial ? Non ? Rien du tout ? » demanda t-il en s’adressant à l’adolescente.

«  Rien du tout. Ils ne semblaient pas être au courant si déménagement, il y a eut. »

« Alors … Tout a été fait à partir de Perrine … mais pourquoi ? Comment ? Qu’est-ce qui peut … Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle a fait ça ? »

« Je ne sais pas du tout, Personne. Pas le moins du monde. » répondit une nouvelle fois Metsubi avant de se redresser, l’adolescent se tournant vers elle. Il voulait … savoir … Il voulait vraiment le savoir … Mais il n’avait aucun indice …

« Et pourquoi est-ce qu’ils ne veulent pas m’aider ? Avec leurs moyens, ils devraient pouvoir la trouver non ?! Ca ne devrait pas être si difficile pourtant ! Ou alors … Metsubi ? Est-ce que tu crois … Que Perrine ne veut plus me voir ? » dit-il alors qu’elle paraissait surprise par ses paroles, ses deux yeux complètement blancs dirigés vers lui.

« Pfff … BON SANG ! MAIS BON SANG ! Pourquoi ?! Qu’est-ce que j’ai fait ?! Pourquoi est-ce que l’on me fait ça ?! Pourquoi ?! »

« Personne ? Est-ce que je peux te parler ? » demanda une voix derrière la porte, l’adolescent s’arrêtant aussitôt dans sa colère. Ah … Il reconnaissait cette voix.

« Sarila … Oui … Tu peux rentrer … Pfff … Dis-moi ce que tu me veux … »

« … … … Non, je crois que c’est bon. » répondit la voix alors qu’il entendait déjà des bruits de pas qui s’éloignaient. BORDEL ! C’était vraiment pas le moment ! Il ouvrit la porte, se dirigeant vers Sarila avant de lui attraper le bras pour la ramener vers lui.

« Tu vas me dire ce qui se passe avec toi ?! Vas-y ! Je t’écoute ! »

« Tu me fais mal … Et si tu me fais mal … Je ne vois pas pourquoi je devrais te parler. Lâches ma main … et calmes-toi … On m’a déjà tout expliqué. »

« Ouais … Et alors ? C’est pour ça que tu es venu me parler ? Tu n’avais pas besoin de te déplacer … Ce n’est pas comme si tu allais pouvoir m’aider. » dit-il avec neutralité, comme à son habitude dorénavant. Sa colère avait disparu aussitôt qu’il s’était adressé à elle.

« … … Je reviendrai quand tu seras plus calme. » murmura Sarila tout en commençant à partir.

« Tu restes ici et tu me dis ce que tu as à me dire. Allez … Encore une mauvaise nouvelle. Laisses-moi deviner, toi aussi tu pars, c’est ça ? »

Il s’adressa à elle avec une certaine ironie non-dissimulée. Et pourtant … Pourtant … Le sourire narquois se changea en un masque de stupeur en voyant le regard qui s’assombrissait de la part de Sarila. Il murmura avec lenteur :

« Je disais ça … sans le penser vraiment, Sarila, hein ? »

« Désolée … Personne … Je suis désolée … » chuchota t-elle en baissant la tête, l’adolescent passant une main sur son visage, bafouillant :

« Désolée de quoi … Désolée de … Vous êtes toutes désolées … Depuis le début … Comme si vous avez quelque chose à vous reprocher ! Vous êtes désolées à quel sujet ?! Ne me dit pas que toi aussi, tu veux partir ?! TOI AUSSI ?! »

« Pardon … Je ne pensais pas que … ça te mettrait dans cet état … Mais mon corps … Ce poison … Mes poisons … Mes poudres … Même si je les contrôle mieux … Il s’avère que j’ai encore des problèmes avec … Et comme j’ai grandi … Ils sont bien plus forts et puissants. Ils sont devenus trop dangereux, même pour toi, Personne. » dit-elle en s’étant mise à trembler, l’adolescent posant ses deux mains sur ses épaules, la plaquant contre un mur.

« C’est une blague ! UN MENSONGE ! Ce n’est pas la vraie raison ! Dis-la-moi ! Donnes-moi ! C’est de ma faute ?! Hein ? C’est de ma faute ! J’en suis sûr et certain ! C’est de ma faute ! C’est parce que je me montre distant envers vous toutes ! D’abord Lasty et ses sœurs … Puis Perrine … Et maintenant toi ! Vous me punissez ! »

« Ce n’est pas du tout ça, Personne ! Tu te trompes complètement ! » répondit l’Herbizarre mais il ne semblait pas l’écouter, quittant la chambre en courant à toute vitesse.

Il mettait un maximum de distance entre les deux filles et lui. Il ne voulait plus les voir ! Il ne voulait plus rien savoir par rapport à elles ! Elles ne voulaient plus le voir ?! Alors c’était la même ! C’était peut-être un comportement infantile pour son âge mais il s’en fichait complètement ! Ce n’était pas à elles de lui dire ce qu’elles pensaient de tout ça ! Ah … Ah …

Voilà … Voilà … Il se retrouvait sur le toit du bâtiment de l’ultime élément … Même si quelqu’un décidait de voler à cette hauteur … Il ne verrait rien si il ne faisait pas partie de l’ultime élément … Il s’en fichait … Il s’en fichait complètement … Ses jambes remontées vers son visage alors qu’il était assis, il ne se retourna pas un instant en entendant les bruits de pas qui s’avançaient vers lui. Sarila vint s’asseoir à côté de lui, chuchotant :

« Je n’aime pas être sérieuse … C’est pour ça que je ne voulais pas t’en parler avant, Personne. Je n’aime pas lorsqu’on est obligé d’en arriver là … Tu sais très bien que j’adore m’amuser … Et que je ne veux pas … Je ne veux surtout pas … »

« Tais-toi … De toute façon, tu es comme Perrine et les autres … »

« Personne. Tu ne crois pas que tu es fautif aussi dans l’histoire ? Si seulement, tu souriais et rigolais comme avant hein ? Que tu montrais un peu plus que tu étais vivant … Ca serait beaucoup plus simple … Mais tu ne félicites la tâche de personne comme ça ! »

« Tu voulais dire … facilites, n’est-ce pas ? Je sais … Je sais que depuis la mort d’Omera … J’ai changé … Je le sais bien … Je sais que je ne veux plus … Que je ne veux plus poser de problèmes. Enfin … Je ne veux plus qu’ils meurent autour de moi … »

« Et c’est pour ça que tu nous parles comme si nous étions des inconnues ? C’est ça ? Regardes-moi Personne ! C’est moi qui devrais être triste de te quitter, surtout après tout ce que tu as fait ! C’est toi qui ne veux plus souffrir mais tu me fais souffrir, moi ! »

Il … la faisait souffrir ? Il releva la tête, observant le visage attristé de Sarila. Elle aussi … Elle devenait une jolie fille … bien qu’elle semblait encore un peu garçon manqué sur les bords … Mais c’était normal … quand on la connaissait … Le visage attristé fit un petit sourire avant que des lianes n’apparaissent dans le dos de Sarila. Les lianes forcèrent Personne à se serrer contre elles, les deux adolescents étant côte à côte.

« Sarila … Tu peux me promettre quelque chose s’il te plaît ? Sarila ? »

« Pour cela, il faudrait que tu me dises ce que tu veux que je te promette. »

« Promets-moi de m’écrire ! Promets-moi-le moi s’il te plaît ! » dit-il en criant presque à l’adolescente, celle-ci haussant un sourcil de surprise. Puis elle éclata de rire, se jetant à son cou avant de se retrouver à quatre pattes au-dessus de lui.

« Bien sûr que oui, Personne ! On s’écrira souvent ! Tu es ma famille ! Tu es l’unique personne qui la constitue mais tu es ma famille … et je ne veux pas me séparer d’elle. C’est un au revoir, pas un adieu. Je peux te le promettre solennellement. Et quand ça ira mieux, je reviendrai, encore plus frivole qu’avant ! »

« … … Et si tu as besoin d’aide, tu m’écriras aussi hein ? Et je viendrais aussitôt ! » dit-il alors qu’il s’était mis à trembler sans aucune explication.

« Bien entendu. Mais bon, tu sais très bien que je suis une forte tête ! Moi, on ne m’embêtera pas aussi facilement que ça ! »

« Je … Je n’en doute pas … Sarila … Par contre … Euh … Tu peux te pousser ? C’est un peu gênant quand même cette position. » marmonna le garçon aux cheveux noirs.

« Hum ? Non … Car je n’ai pas terminé … Au moins, il faut que je garde un dernier souvenir de toi avant de m’en aller. »

Elle retomba sur le torse de l’adolescent, des lianes venant les entourer avant qu’il ne pousse un petit cri de douleur. Que… Quelque chose s’était planté dans son dos … Mais quoi ? Ca faisait mal ! Comme une piqûre ! Quelques secondes après, il vit Sarila qui présentait la pointe d’une liane légèrement ensanglantée. C’était … C’était son sang ? Quelques gouttes tombèrent dans la bouche de l’adolescente tandis qu’elle continuait de le garder contre elle.

« … … Ce n’est pas grand-chose … mais … J’ai une reconnaissance particulière des parfums, des goûts et des poisons … Maintenant que je sais à quoi ressemble ton sang … Je n’aurai plus aucune difficulté à te retrouver. On reste comme ça pendant quelques minutes encore ? » marmonna t-elle, un grand sourire aux lèvres.

Et voilà … Un quart d’heure plus tard, une marque de baiser ensanglanté sur la joue droite, il se retrouvait à nouveau seul … Complètement seul … Pourtant, la porte du toit s’ouvrait une nouvelle fois, l’adolescent ayant repris sa position.

« Metsubi ? Est-ce que … toi aussi … Tu vas m’abandonner ? »

C’était une voix plaintive qui s’adressait à elle. Elle avait préféré attendre que Sarila soit partie, les laissant seuls. Mais maintenant … Elle était la seule … avec lui. Elle pouvait en profiter ? Non … Elle ne pouvait pas car rien n’était terminé de ce côté. Sans un mot, elle s’était rapprochée de lui, posant sa main sur son bras avant qu’elle ne se couche sur le sol. Elle le tira vers elle, enfouissant sa tête dans sa poitrine qui avait déjà pris quelques formes depuis ces dernières années.
Il aurait pu se sentir gêné … très gêné … Mais c’était simplement des larmes et des sanglots, rien d’autre. Il ne pensait à rien d’autre alors qu’il pleurait, Metsubi, caressant ses cheveux noirs avec douceur. Elle observait le ciel à partir de ses deux yeux blancs, ne parlant pas une seule fois. Elle n’avait pas besoin de parler … Avec Personne, ce n’était pas les paroles qui étaient importantes … mais simplement les gestes. Elle continua de le serrer avec tendresse contre elle, poussant un petit soupir de plaisir.

« Snif … Metsubi … Tu n’as pas répondu … »

« Moi, je reste avec toi pour toujours. » répondit-elle finalement, l’embrassant dans ses cheveux noirs. Elle aussi était en train de mûrir. Ils n’étaient plus des enfants et leurs sentiments devenaient plus vrais, plus tendres, plus … adultes.

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