- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 55 : Une sacrée verve
« Aller ! Debout grosse larve ! Lève-toi un peu ! »
Un coup de pied dans le ventre et il se redressa aussitôt, surpris par ce qu’il venait de subir. AIE, AIE, AIE ! Qu’est-ce que ça voulait dire ? AIE ! Ca faisait mal ! AIE ! Qu’elle arrête ! Il se positionna en face de Katérina, celle-ci faisant un grand sourire machiavélique avant de reprendre la parole sur un ton neutre :
« Et bien, t’es du genre à dormir pendant des heures ou quoi ? On se dépêche ! Paraîtrait qu’il faut accélérer le rythme non ? Alors, tu bouges ton gros cul et … AIE ! »
Il venait de lui pincer la joue, elle lui répondit par une baffe dans la figure, le faisant pencher sur le côté. Non mais bordel ! Pour qui est-ce qu’il se prenait ce type ? Il n’allait pas la peloter aussi tant qu’on y est ? Fallait peut-être pas trop la pousser car sinon …
« Tu es bien réelle … Je pensais que c’était un rêve, hier. » murmura l’adolescent en gardant son sourire, Katérina haussant un sourcil.
« C’est juste pour ça que tu me touches ? Pour savoir si je suis bien réelle ? Et celle-là, est-ce que tu crois qu’elle est bien réelle ? CONNARD ! »
Un coup de poing s’enfonça dans le ventre de l’adolescent, celui-ci pouffant sur le coup. Il s’écroula à genoux, les mains posées sur son ventre alors qu’il rigolait. Ce n’était pas qu’il était masochiste mais au moins, il était sûr d’une chose : elle était bien réelle … très réelle même. Donc, hier … et cette nuit … Il avait quand même bien dormi avec Katérina.
Enfin, c’était spécial … mais en même temps, il devait reconnaître que ce n’était pas déplaisant. Il se releva, craquant les os de son cou alors qu’il gardait son sourire, son éternel sourire, il devait être heureux avec elle … car elle le rendait heureux rien que par sa présence. Il savait que l’adolescente était digne de confiance, dans le fond, il commençait à ne plus en douter. Il fallait dire que cette personne … était vraiment très spéciale … que cela soit par ses tenues vestimentaires, son allure, sa personnalité, tout.
« Et arrête de me regarder avec ces yeux de pervers ou alors, je te les crève. »
« D’accord, d’accord, j’ai parfaitement compris le message, je ne ferai plus rien du tout. Mais si j’ai compris, tu viens faire un bout de chemin avec moi ? C’est vraiment une bonne nouvelle. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plai… »
« Tu bandes, je parie. Tu remues la queue comme un Caninos bien que chez lui, c’est pas la même dont on parle. » coupa aussitôt l’adolescente.
Hahaha … Pourquoi est-ce qu’il arrivait à supporter aussi facilement les paroles de Katérina ? Car sa joie passait outre ses insultes ? Surement … Il y avait de fortes chances que ça soit ça. Et en même temps, il fallait régler un souci.
« Swar … Est-ce que tu peux saluer Katérina ? Ça serait une bonne chose non ? » annonça l’adolescent en tournant son visage vers l’épée. Aucune réponse n’en sortit avant que Kéran ne pousse un soupir. Il donna une petite tape sur la garde.
« Je ne vois pas l’intérêt de lui adresser la parole. Cela risquerait de m’abrutir d’avoir une conversation avec elle. Je tiens à mon intelligence. »
« Oh putain, je sens que je vais me la faire cette saleté d’épée. Elle a à peine ouvert la bouche et elle me gonfle déjà. Fais quelque chose pour qu’elle la ferme. » commença à s’énerver Katérina alors que Swar lui répondait aussitôt :
« N’en fait pas, Férosinge. Je ne perdrai pas mon temps à essayer d’avoir une discussion cohérente et un peu sensée avec toi. »
Katérina poussa un hurlement de colère, prête à écraser l’arme de mille façons mais Kéran soupira une nouvelle fois. Il donna une petite tape sur son épée. Voilà … Qu’elle se taise donc puisqu’elle ne voulait pas parler. Il demanda à Katérina si elle voulait vraiment l’accompagner car la marche risquait d’être sacrément longue.
L’adolescente aux cheveux gris argentés haussa les épaules comme pour bien montrer qu’elle n’avait surtout rien d’autre à foutre de ses journées. Alors, bon, ça allait l’occuper d’une meilleure façon que celle actuelle. Alors, il était temps de se mettre en route ! Avec un grand sourire, il s’approcha de Katérina, celle-ci le regardant avec suspicion.
L’adolescent était franchement bizarre à son goût, trop bizarre même. Mais ça, elle ne pouvait pas vraiment y faire quelque chose. Sauf peut-être à coups de poing dans la gueule ? Le pire est qu’il cherchait à avoir une discussion avec elle. ELLE quoi ! Marchant côte à côte, l’adolescent n’arrêtait pas de lui parler, comme s’il n’avait jamais eu de compagnons.
Au bout de quatre heures de marche, exaspérée, elle se tourna vers lui, le prenant par le col avant de commencer à le secouer comme un prunier. L’adolescent secoua sa tête sur le côté, cherchant à comprendre ce qu’elle faisait alors qu’elle criait :
« Sincèrement ! Tu ne peux pas la boucler deux minutes ? Ça t’arrive pas ou quoi ? »
« Mais ça fait si longtemps … Tu sais, j’ai pas vraiment beaucoup de compagnie. Ma Stalgamin n’est pas capable de parler comme les humains … même si elle deviendra un futur spectre. C’est pourquoi je … »
« Ouais, ouais, j’ai entendu hein ? T’as pas d’amis, mon pauvre petit Kéran. Tu veux venir faire un gros câlin à tatie Katérina ? »
Elle lui demandait cela tout en tendant ses mains. C’était une vraie invitation ? Non, non. Il hocha la tête négativement. Elle se moquait de lui et elle essayait d’en rajouter. Enfin, elle n’essayait pas, elle en faisait tout simplement des tonnes.
« J’ai compris, Katérina. Je m’abstiens de parler … mais le voyage va être bien triste. »
« Hum ? Pas du tout. On parle quand il le faut, on la boucle quand il le faut, on va chier et on fait nos besoins quand c’est nécessaire. On mange quand on en ressent le besoin. Ce n’est pas très compliqué pourtant à cerner … mais ça va rentrer dans ta petite tête ? »
« Oui … Oui … C’est bon, Katérina. » termina de dire l’adolescent.
Donc, ils pouvaient repartir sans qu’il l’ouvre à nouveau ! Enfin une bonne nouvelle ! Elle allait pouvoir reposer ses oreilles ! Maintenant qu’il ne parlait plus, il était vrai que le calme était bien présent … trop présent même. Pourtant, elle n’allait pas lui adresser la parole, elle n’avait pas que ça à faire.
La première journée ensemble se termina. Elle avait décidé de chasser quelques créatures pour la viande tandis que lui-même préparait un peu pour la soirée. Lorsqu’elle revint, ce fut avec le cadavre d’un Ursaring mais surtout les habits tachés de sang et le visage aussi. Il cligna des yeux, la trouvant un peu … bizarre sur le coup.
« Euh … Tu es sûre que ça va aller ? Ce n’est pas le tien j’espère ? »
« L’Ursaring ? Je pense que l’on peut le partager en deux si c’est ça qui te dérange. Ou alors, tu parlais du sang et non, ce n’est pas le mien. Tu crois vraiment qu’un petit pokémon aussi merdique risque de me blesser ? Tu me prends pour qui ? Ta copine dans son armure ? »
« Non non … Pas du tout. Enfin, tiens, tu sais comment faire ? Pour retirer la peau ? » demanda-t-il alors qu’elle le regardait avec surprise.
« Comment ça, retirer la peau ? Je bouffe comme ça, les poils roussis, ce n’est pas dérangeant pour moi et … OH PUTAIN ! Je viens de comprendre ! » s’écria l’adolescente avant de se donner une baffe sur le front. Elle trancha une cuisse de l’Ursaring qu’elle avait traîné. Avec agilité, elle commença à découper la peau et les poils, laissant paraître à vif les muscles et la chair de la cuisse. « Pourquoi j’y ai pas pensé auparavant ? Bordel ! Apprendre ça de ta part ! Je préférais encore me trancher la tête ! »
« Il n’y a pas besoin de méthodes aussi radicales … quand même. »
Mais bon, au moins, maintenant, elle avait appris quelque chose de lui Il n’était pas forcément aussi inutile qu’elle ne le pensait. Hahaha … Il préférait en rire car il trouvait cela amusant même si c’était un peu insultant de savoir ce qu’elle pensait de lui.
Néanmoins, comme elle lui avait si gentiment proposé, il resta bouche close tandis qu’ils commençaient à manger tous les deux. Pour une première journée, elle ne s’était pas déroulée aussi mal que prévue. C’était bien la première fois qu’il passait autant de temps avec Katérina. Une adolescente de son âge … courte vêtue aussi …
Qu’est-ce qu’il pouvait demander de plus ? Oh … Être moins peureux et surtout avoir un peu plus confiance en soi. Finissant de manger, il vit qu’elle se levait, époussetant sa tenue avant de se mettre à marcher et s’éloigner. HEY ! HEY !
« Où est-ce que tu vas, Katérina ? » demanda-t-il, un peu inquiet. Ils n’allaient pas recommencer à partir non ? Ils venaient à peine de finir de manger. Il valait peut-être mieux quand même digérer un peu entre temps.
« J’ai envie de pisser, t’en as d’autres des questions à la con ou je peux me barrer et m’éloigner ? Sauf si tu as envie de me voir en train de faire ce genre de trucs mais là, tu passerais de puceau à un cinglé. Les cinglés, je te préviens, je les aime pas, je préfère les tuer avant qu’ils ne fassent une connerie qu’ils pourraient regretter plus tard. »
C’était si élégamment dit … Néanmoins, il ne lui répondit pas, la laissant s’éloigner. C’est vrai que pour ce genre de petits détails, il aurait pu éviter de lui poser la question. Ahem … Enfin bon, ce qui était dit était dit. D’ailleurs, en y réfléchissant … Lui aussi avait une petite envie pressante.
Il se dirigea vers un arbre, baissant son pantalon avant de commencer à uriner. A cette distance, s’ils restaient pour la nuit, l’odeur ne viendrait pas les importuner. Bon, maintenant que c’était terminé, retour de l’ustensile dans le pantalon ! Il se retourna après avoir terminé, remarquant Katérina qui le regardait avec un sourire pervers. Elle se léchait les lèvres et les dents alors qu’il rougissait violemment.
« Euh … Je peux t’aider ? Je croyais qu’on évitait de … se montrer comme ça, Katérina. »
« Ouais, ouais, mais moi, j’ai terminé et toi, ne t’avise pas de m’espionner de la sorte. Par contre, t’étais de dos mais il semblerait que tu aies de quoi distraire les femmes non ? »
« Je … Je ne sais pas … Je n’ai pas posé la question, désolé. » balbutia Kéran, plaçant aussitôt ses mains sur son entrejambe par précaution.
« Hahaha ! Poser la question ! Non mais t’écoute un peu ce que tu racontes des fois ? Tu vas aller demander à une femme : « coucou, tu veux voir ma bite ? » HAHAHA ! Préviens-moi quand tu fais ça, je veux voir le spectacle de la baffe dans la gueule que tu recevras ! »
« JE N’AI JAMAIS DIT CA ! Puis bon, tu me traites de pervers ou de … Mais toi, tu n’es pas vraiment mieux, Katérina. » tenta-t-il de dire en les désignant, elle et ses habits ! Puis aussi son comportement ! Elle n’était pas un enfant de chœur non plus !
« Sauf que contrairement à toi, moi, je m’assume comme je suis. Le jour où tu te sentiras pousser des poils sur les couilles, peut-être que l’on pourra « discuter » entre pervers. » répondit-elle au tac-à-tac tandis qu’il était plus que confus.
Comme elle venait d’appuyer sur le mot discuter … Il comprenait ce qu’elle voulait dire. Ce n’était pas une vilaine idée, pas du tout même. Loin de là … Enfin, ça ne le gênait pas d’y penser un peu plus que ça. D’ailleurs, il allait devoir faire attention chaque nuit … car bon, il était à l’âge où ce genre de choses arrivait souvent.
« Si tu veux, je te montrerai mes seins quand t’auras une autre « envie ». Toute façon, un puceau comme toi, ça doit se branler souvent. »
Il éclata soudainement de rire alors qu’elle reculait, un peu étonnée sur le coup. Qu’est-ce qui lui prenait maintenant ? Il avait complètement perdu la tête ? Fallait bien qu’il craque un jour, l’était du genre très fragile mentalement et psychologiquement. Elle croisa les bras, redemandant d’une voix calme :
« C’est bon ? T’es complètement déglingué dans le sommet de ton crâne ? »
« Non … Non … Sans mentir, c’est juste que ça fait vraiment du bien … Beaucoup de bien même … Ce n’est pas pareil qu’avec Swar. C’est vraiment différent quand tu es là, donc je pense que je devrais te remercier, Katérina. »
La remercier ? Elle se massa le front pour ne pas l’insulter, pourtant, l’envie la démangeait mais elle se retenait. Bon, de toute façon, elle s’était assez foutue de sa gueule pour la journée même si y avait sûrement un truc qui déconnait chez l’adolescent.
Peut-être trop de coups dans la gueule ? Pour la soirée, il chercha à faire la conversation bien qu’elle ne lui répondait pas. Qu’est-ce qu’il comptait faire ? Faire copain-copine avec elle ? Ça ne marchait pas comme ça dans la vraie vie. Il allait devoir l’apprendre un jour ou l’autre. S’installant contre un arbre, les jambes repliées vers son visage, elle entendit l’adolescent annoncer d’une voix enjouée :
« De que l’on trouve un village, je pense que j’irai acheter une tente et une couverture ou deux, Katérina. Qu’est-ce que tu en penses ? Ça serait mieux que de dormir dehors, non ? »
« Ouais et avec quels sous ? Tu vas peut-être les voler ? Vu ton faciès, personne ne s’en douterait donc ça risquerait de passer. »
« Mais non ! J’ai quand même accomplit quelques missions et j’ai aussi un peu d’argent pour le voyage, c’est bien la seule chose qu’ils m’ont donnée en plus de la carte … » murmura Kéran, la dernière phrase étant dite sur un ton triste.
Et il espérait quoi ? Qu’elle allait le remercier ? Même pas en rêve, elle ne remerciait pas les cons et les gens trop gentils. Ils attendaient toujours quelque chose. Elle ferma ses yeux, venant s’endormir rapidement tandis que l’adolescent l’observait. Enfin, il ne savait pas, c’était dans ces moments où elle était très calme qu’elle était la plus belle.
« Je ne pourrais pas la supporter très longtemps, Kéran. »
« Ah … Swar … Ça me fait bizarre d’entendre ta voix. Je pensais l’avoir perdue à jamais. Katérina ne t’a pas adressé la parole de la journée alors pourquoi est-ce que tu dis ça ? » questionna l’adolescent envers son épée.
« Rien que le fait de l’écouter est énervant. De quel droit se permet-elle de te juger et de t’insulter ? » annonça Swar avec neutralité. L’adolescent resta muet pendant quelques instants avant de dire d’une voix étonnée :
« Tu n’es quand même pas jalouse que l’on m’insulte et non toi ? »
« Ce n’est pas de la jalousie mais de la possessivité. C’est bien différent en soi. Cette fille ne te connaît même pas et se permet de te juger. »
« Euh … Tu sais, tu ne me connais pas depuis très longtemps non plus hein ? Je ne sais pas, ça fait peut-être quelques mois, tout au plus. Donc bon, me connaître, me connaître … C’est un bien grand mot, Swar. Et Katérina, je ne prends pas au sérieux ses paroles. »
« Méfies-toi toujours de ceux qui te sont proches … Ils ont souvent une facette cachée … guère reluisante. » annonça l’épée tandis qu’il haussait les épaules.
C’était comme ça et pas autrement. Une première journée avec Katérina qui s’était déroulée très bien … du moins, de son point de vue.