Chapitre 54 : Un peu de chaleur

ShiroiRyu
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Chapitre 54 : Un peu de chaleur

« Il fait froid, Swar. » murmura l’adolescent aux cheveux argentés.

« Et que veux-tu que cela me fasse ? C’est déjà le cinquième jour que tu me répètes cela. »

« Je voulais juste être sûr que tu savais ce qui se passe autour de toi. Tu ne peux pas ressentir le froid mais moi si. C’est pourquoi je te le signale. » souffla Kéran avec lenteur tandis qu’il tenait une carte dans la main.

La nuit était déjà tombée mais l’adolescent avait décidé de continuer à marcher. C’était aussi simple que cela car il savait qu’il ne pouvait pas perdre de temps avec un tel voyage. Cinq jours … Cinq longues journées où il avait dû se nourrir par lui-même. Il avait été seul, seul et isolé du reste. C’était pour dire ! Il avait vraiment peu de chance … Très peu même.

« Je n’aime pas manger que des fruits. » marmonna Kéran une nouvelle fois.

« Il suffisait alors de tuer quelques pokémons pour te nourrir. Nombreux sont ceux de la forêt qui pourraient te donner un peu de vigueur. Mais j’oubliais : tu es végétarien. »

« Je ne suis pas végétarien ! Ne raconte pas n’importe quoi ! C’est juste que … Je n’aie pas l’habitude de tuer la viande que je veux manger. D’habitude, c’est déjà fait … Ou alors, Sélia le fait … mais moi, je ne fais pas ça. »

« Oh bien entendu … Monsieur ne veut pas se salir les mains. Il a peur d’avoir du sang dessus. » répliqua sèchement l’arme tandis qu’il émettait un grognement de son côté. Non ! Ce n’était pas ça ! Alors qu’il la mette en veilleuse car il ne savait rien du tout ! C’était aussi simple que ça ! Quelle idiote cette épée !

Qu’est-ce qu’elle pouvait comprendre à ses sentiments ? Enfin, à son mode de pensée ! De toute façon, maintenant, c’était sûr et certain. Lui comme elle, ils ne se parlaient plus, sauf quand c’était vraiment nécessaire. Enfin, c’est ce qu’il faisait de son côté mais visiblement, l’épée avait un peu plus de mal à la boucler.

M’enfin, il préférait ne pas le lui dire. La raison était simple : l’épée était très vaniteuse et entêtée. Alors bon, autant ne pas chercher les ennuis pour ne pas avoir de problèmes. Ah … Après quelques heures de marche, l’épée chuchota :

« Kéran … Il est l’heure que tu ailles te coucher. Même s’il est difficile de savoir quand est-ce qu’il faut se lever, quand est-ce qu’il faut aller se coucher, ton corps ne supportera pas un kilomètre de plus. Tu tiens à peine debout. »

« Depuis quand est-ce que tu t’intéresses à ma personne hein ? Je n’ai pas besoin de toi, Swar … mais oui … Je sais bien que je ne pourrais pas faire un pas de plus. »

Il n’était pas stupide et il connaissait son propre corps. Mais bon, toute façon, entre lui et l’épée, c’était comme entre Caninos et Miaouss, c’était impossible de s’entendre. Surtout depuis qu’il était dans sa petite période de rébellion. Même si dans le fond, il n’était pas aussi fier. S’installant contre un arbre, il se recroquevilla sur lui-même. Il préférait ne pas appeler ses pokémons … et dormir tout seul. C’était bien mieux.

Deux nouveaux jours s’écoulèrent et il était maintenant blessé à la hanche. La raison ? Il avait provoqué un Ursaring sans même s’en rendre compte. Cela avait failli mal tourné mais il avait été obligé de le tuer … pour se défendre. Et c’était là qu’il avait pu goûter alors à de la viande … Bon, par contre, la chose ridicule, c’est que Swar lui avait expliquer comment faire du feu avec du bois et des pierres.
Il n’avait jamais su qu’il était possible de faire de la sorte. Lui, le feu, il le connaissait grâce à l’ancien Pyroli de Sélia, pas grâce à ces méthodes rudimentaires. La blessure à la hanche lui faisait mal mais ce n’était pas comme s’il avait le choix. Le choix, le choix, à chaque fois qu’il pensait de la sorte, il avait envie de se baffer et de se mordre.
M’enfin, ça faisait maintenant une semaine qu’il voyageait et rien n’avait entravé son chemin. Il devait avouer qu’il était un peu triste sur le coup. Il ne savait pas, il s’était attendu à voir Katérina dès le premier jour. Elle était toujours là quand il n’avait pas besoin d’elle. Peut-être que comme pour faire exprès, l’adolescente avait décidé de ne pas se montrer ? Ça serait quand même stupide comme tactique mais bon …

« Mais après, elle fait sa vie … Je n’ai pas à décider de ce qu’elle doit faire ou non. »

« Encore en train de te parler. Le manque de compagnie chez toi devient de plus en plus flagrant. Bientôt, tu vas signaler que tu entends des voix. » déclara l’épée après ses paroles.

« Dommage mais c’est déjà le cas, pourtant, je tente de m’en débarrasser mais rien à voir, elle semble être accrochée à voix cette voix. »

« Fais donc l’intéressant … Tu sais parfaitement que tu le regretteras. »

Il haussa les épaules, ce n’était pas comme si ce n’était pas habituel ces petites chamailleries entre eux deux non ? L’épée ne l’avait sûrement pas oublié. Si c’était pourtant le cas, il pouvait toujours essayer de le lui rappeler … mais non … La motivation n’était pas là.

« Pourquoi est-ce que l’Enceinte m’a envoyé aussi loin ? C’est juste aberrant … »

« Encore une question rhétorique, tu accumules les défauts. Ils veulent se débarrasser de toi. Vue la carrure que tu as, ils pensent que tu ne seras pas capable de tenir le voyage. »

Ah ouais ? Si c’était ainsi alors, les autres pouvaient toujours se foutre le doigt dans l’œil car il comptait bien achever ce voyage et ensuite … Ensuite ? Il devait y réfléchir. Est-ce qu’il devait demander à quitter l’Enceinte ? C’était à y réfléchir sérieusement.

« Maintenant, si tu as fini tes questions qui manquent de pertinence, je te conseille d’accélérer le rythme, Kéran. La marche ne se fera pas toute seule. »

« Mais j’ai mal aux pieds ! Ça se voit que ce n’est pas toi qui marche ! Tu n’as même pas remarqué les ampoules que j’ai aux pieds ! Et les ampoules de mes ampoules aussi ! »

S’il avait du temps à se plaindre, alors il avait du temps pour marcher. L’épée bougea faiblement, lui tapant sur la hanche alors qu’il gémissait. D’accord, d’accord ! Il avait compris ! Il allait avancer un peu plus rapidement. Pfff ! Pas besoin de le presser.

Le dixième jour arriva. Dix jours … Dix longs jours où il avait marché sans réelle interruption. Dix jours … Et il n’était pas sûr du tout qu’il avait fait la moitié du voyage. Hahaha … La moitié du voyage quoi ! Est-ce qu’il en était loin ou non ?

« Quand même … Ils n’ont précisé aucune ville sur cette carte. Simplement le chemin pour me rendre dans le quartier général de l’Enceinte. »

« Ils ont choisi le chemin le plus ardu. Il suffit de voir tes frêles petites jambes. »

Oui, il savait pertinemment qu’il se les était égratigné en grimpant de nombreux rochers. Il aurait pu faire le tour mais cela aurait été une perte de temps beaucoup trop important à ses yeux. Alors bon, autant faire ça le plus rapidement possible.
Mais avec du sang sur les genoux, sa hanche qui continuait de le faire souffrir bien qu’il n’était plus blessé, il n’était pas forcément très beau à voir. De même, aucune pluie n’était tombée pour venir l’arroser depuis qu’il était parti. Se baigner dans l’eau froide d’un ruisseau, ce n’était pas vraiment … le plus plaisant.

Pfff … Et voilà … Le dixième jour était terminé. Avachi sur le côté, sa tête posée contre une imposante racine d’un arbre, il ferma les yeux. Les épées se trouvaient à côté de lui tandis qu’il fermait les yeux. Vraiment … Dormir en plein air, s’il pleuvait, c’était pas une bonne idée. Mais après, est-ce qu’on lui avait donné de quoi dormir correctement ? Même pas ! Même pas une tente ou une couverture ! Rien de rien ! L’Enceinte voulait sa mort ! Il le savait pertinemment … Il savait pertinemment qu’on ne voulait pas de lui.

Pourtant, contrairement à ce qu’il pensait, il n’avait pas froid ce soir … mais plutôt chaud, très chaud même. Et d’un autre côté, il avait beaucoup de mal à respirer comme si on l’étouffait. Il rouvrit ses yeux brusquement, apercevant une poitrine généreuse cachée dans un tissu bleu. Une poitrine qu’il commençait à bien connaître.

« Ka… Katé … Tu m’étouffes un peu. »

« Et de quoi est-ce que tu te plains ? La position ne te plaît pas ? » demanda une voix féminine alors qu’elle retirait finalement sa poitrine du visage de l’adolescent.

A quatre pattes sur Kéran, le tissu recouvrant son corps pendait en direction du sol. C’était une vue agréable, très agréable même mais comment dire … Il ne savait pas vraiment comment réagir quand il avait ça. Ah si … En rougissant violemment et en balbutiant.

« C’est pas … que ça ne me dérange pas mais … Il y a d’autres moyens pour réveiller une personne. Enfin, je crois, je ne suis pas sûr. »

« Oh putain … Ne me dit pas que tu voulais que je te fasse une pipe tant qu’on y est ? Même pas en rêve, y aurait pas grand-chose à gober de toute façon. Tes couilles doivent avoir la grosseur d’une petite noix et … C’est quoi ce sourire de con ? »

C’est vrai qu’il souriait, mais pas forcément pour la raison à laquelle pensait l’adolescente aux cheveux argentés. Elle recommença à l’insulter tandis qu’il gardait son sourire. Même la claque sur la joue ne le retira pas de ses rêveries. Finalement, ce fut un écrasement de ses bijoux de famille qui vinrent le sortir de sa torpeur.

« T’es prié de me répondre quand je te cause, c’est compris ? »

« Tu veux venir avec moi, aie, aie, aie, Katérina ? » demanda-t-il en gémissant.

« Et tu penses que je suis venu là pour me taper une branlette ? Tu me prends pour qui ? Ouais, c’est pour ça que je suis venue. Car j’avais rien d’autre à foutre de mes journées et … Mais tu recommences avec ton sourire de con ! T’as pas l’air d’avoir compris le message ou quoi ? »

« Non non … Pas besoin de me frapper, Katérina. Je suis juste content que tu sois là, très content même … Par contre, il se fait tard et il vaut mieux dormir. »

Il ne lui posait pas plus de questions à ce sujet ? Pourquoi est-ce qu’elle était réellement là ? Il ne semblait même pas s’y intéresser. La seule chose qui semblait plaire à l’adolescent, c’était le fait qu’elle était là. L’était franchement bizarre sur le coup.
« Bon … Ben … Euh … Bonne nuit, Katérina. Fais de beaux rêves. »

Et il comptait dormir comme ça ? Sans rien du tout ? Mouais. Elle était pas vraiment la mieux placée pour penser le contraire car de son côté, elle n’était pas mieux. Elle vint s’asseoir à côté de l’adolescent, croisant les bras au niveau de sa poitrine tandis que l’adolescent retournait se coucher contre une racine.

« On a l’air de deux débiles appauvris et incapables de se payer une couverture. »

Ce fut Katérina qui coupa le silence après deux minutes. Elle entendit le petit rire de l’adolescent alors qu’elle répondait aussitôt :

« Ce n’était pas censé être drôle, Kéran ! Tu devrais plutôt avoir honte de dormir de la sorte ! Putain … Faut vraiment tout te faire comprendre chez toi. »

« Je sais bien … Tu n’as qu’à être mon professeur, Katérina, si ça ne te dérange pas. »

« Ouais, ouais … Tu aurais pu balancer le mot maîtresse pour que ça soit encore plus tendancieux. Tu crois que je ne sais pas où tu veux en venir ? De toute façon, ce n’est pas pour ta personne que je suis venue hein ? C’est tout simplement pour déglinguer du pokémon ténébreux et spectral. Oh, si y en a d’autres sortes, je me priverai pas. T’as pas peur de te faire agresser par les pokémons sauvages ? »

« J’ai dû tuer … un Ursaring qui m’attaquait. J’ai encore un ou deux morceaux dans mon sac si tu as faim. Enfin … C’est à toi de voir hein ? »

« … … … Ouais, j’ai la dalle. Je vais me servir. Par contre, je parie que tu ne sais toujours pas faire du feu donc ça doit être de la viande crue. »

Il émit un petit rire sans lui répondre. Y avait encore quoi de drôle dans ses paroles ? Il commençait à être fatiguant à la longue. Bon, y avait quoi dans son sac ? Ouais, une carte, un peu d’eau dans des bouteilles et des cuisses d’Ursaring … cuites ?
Elle tourna son visage vers lui, écarquillant les yeux. Elle l’abandonnait pendant une dizaine de jours et voilà que ce type commençait à se débrouiller seul. Pfff … Elle mordit dans l’une des cuisses, dévorant avec rapidité la viande qui se trouvait autour. Kéran s’était redressé pour se mettre assis correctement, la regardant manger.

« Tu n’as pas l’air d’avoir mangé depuis des jours. Tu es sûr que tu vas bien, Katérina ? »

« J’ai pas que ça à foutre de manger quand je le désire. T’as pas l’air de comprendre dans quel monde tu vis. T’es juste un abruti. »

« Je vois … Bon ben, bonne nuit. » murmura Kéran. Il se remit couché sur la racine, détournant le regard pour ne pas avoir à observer Katérina.

Qu’est-ce qui se passait encore avec lui ? Est-ce qu’il était en train de bouder car elle venait de lui balancer la vérité ? Il lui en fallait peu à celui-ci. Enfin … C’était elle ou alors, le comportement de l’adolescent avait un peu changé entre temps ? Enfin bon … Peut-être qu’elle était en train de rêver.
Elle termina la cuisse, frappant l’os contre un arbre pour briser le premier en deux. C’était sa façon à elle de se distraire après le repas. Là, elle avait plutôt bien mangé. Un Ursaring, c’était toujours un sacré repas contrairement à ce que l’on pouvait penser.

Humpf ? Bon ? C’était quoi son problème à lui ? Il n’avait plus décroché un mot depuis qu’elle lui avait parlé. Elle vint s’installer à côté de lui, fermant les yeux, ses mains posées sur son ventre. Puisqu’il voulait pas parler, elle n’allait pas lui faire la conversation.
Pas que ça à foutre de toute façon … L’adolescente vint s’endormir après une bonne demi-heure tandis que Kéran rouvrait ses yeux. Il n’arrivait pas à dormir et avait perdu son sourire. C’est vrai … Il était content que Katérina soit là mais ça ne changeait rien au fait qu’il en avait assez de se faire insulter.

Un jour, il allait vraiment en avoir marre de tout ça … mais bon pour l’instant, il ne faisait que supporter tout ça. Peut-être qu’un jour, il dirait leurs vérités à ces personnes qui n’arrêtaient pas de l’insulter. Oui ! Elles verraient bien alors comment ça se passe !

« Swar … De toute façon, maintenant que Katérina est là, tu n’oseras plus parler, non ? » demanda-t-il en s’adressant à l’épée.

« Hum ? Car elle est là, je dois alors m’abstenir de parler ? Quelle idiotie … Il en est hors de question. Néanmoins, son manque d’intelligence et de réflexion égal le tien. C’est pourquoi je n’ai pas de temps à perdre à lui adresser la parole. »

« Elle est belle quand même lorsqu’elle dort. » murmura l’adolescent aux cheveux argentés, observant Katérina qui se reposait.

C’est vrai … Le mieux serait quand même d’avoir une couverture … ou une tente … pour aller les recouvrir tous les deux. Même si … il n’aimait pas quand elle l’insultait, il appréciait sa présence. Combien de temps est-ce qu’elle allait rester avec lui ? Il espérait le plus longtemps possible … dans le fond. Il alla chercher le sommeil. Il valait mieux se reposer.

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