- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Septième partie : Un geste incompris
Chapitre 61 : De surprise en surprise
« Ainsi, à partir d’aujourd’hui, nous allons vous trouver un endroit où vous pourrez vous installer. Je ne pensais pas que … »
« Pour l’heure, le problème n’est pas de nous trouver un endroit où loger mais tout simplement de régler le souci de ce … siège de la part des Scorvols. » dit Sania en coupant la parole au roi, pourtant sous un ton loin d’être sec. Le roi toussa un peu, hochant la tête alors que déjà, plusieurs Apitrinis s’affairaient à nettoyer tout ce sang qui se trouvait dans la salle du trône mais aussi les nombreux cadavres. Autant dire qu’il y avait un peu de travail quand même hum ? Mais bref, ce n’était pas le plus important.
« Nous ne sommes qu’une partie des Drascores et des Libegons qui sont autour du royaume des insectes. Néanmoins, nos hommes et nos femmes n’hésiteront pas à cohabiter avec le reste des insectes le temps qu’il faudra. Ensuite, nous … »
Il n’avait même pas cherché à entendre le reste de la conversation. Au final, ça ne le concernait pas plus que cela. Il vit le regard de la princesse Terria sur lui alors qu’il amorçait quelques pas en arrière. Il hocha la tête à son tour avant de faire un demi-tour sur lui-même pour quitter la salle du trône discrètement. Il n’était pas venu ici pour écouter le roi et les autres personnes en train de parler entre elles.
« Où est-ce qu’il se trouve ? Il n’est quand même pas … Non … Sinon, j’aurai été au courant mais quand même … Euh … Est-ce qu’il est rentré à la maison en attendant ? Ca serait peut-être possible. Je ne devrais pas m’emporter pour rien. » murmura le garçon aux cheveux blonds alors qu’il se promenait dans les couloirs du château.
Le bâtiment n’avait pas vraiment changé entre temps. Du moins en quelques années, il avait peut-être grandi entre temps mais après … Non … Ce n’était pas bien important. Ca ne le concernait vraiment pas plus que ça. Ce n’était plus son monde dorénavant. Ah ! Maintenant qu’il y pensait … Qu’est-ce qu’il allait faire ? Il ne voulait vraiment pas retourner dans les mines, pour forer ou autre. Il en était hors de question !
« Quoi ? C’est quoi ce délire ? Vous pourriez être quand même un peu plus costaud ! Je ne suis même pas sérieuse ! Aller ! Venez à trois si vous le désirez ! »
Hein ? Il entendit une voix féminine sur la gauche, une voix qu’il n’avait plus entendue depuis des années, vraiment beaucoup d’années. Il tourna son visage vers la gauche, regardant les nombreux soldats adolescents qui se trouvaient au sol, en train de gémir de douleur ou assommés. Qu’est-ce que …
« Un peu de sérieux, quoi ! Vous n’êtes pas des chiffes-molles non plus ! »
« Herakié ? » murmura-t-il, un peu surpris de la voir ici avant de se rappeler qu’elle était maintenant dans l’armée depuis quelques temps … Enfin très longtemps même. En entendant son prénom, l’adolescente se tourna vers lui. Elle avait une année de moins que lui mais semblait avoir dix centimètres de plus. Et puis, ses cheveux bleus cachaient la globalité de son dos, comme pour former une carapace. Lorsqu’elle le vit, un sourire se dessina sur ses lèvres avant qu’elle ne commence à crier :
« E … AR … NOOOOOOOOOOOOOOOS ! »
Aie … Aie … Aie ! Il devait plutôt penser à courir et à s’enfuir ! Il aurait mieux fait de se taire ! Il s’apprêtait à bouger mais il se rappela qu’avec son armure dorée sur le corps, elle le rattraperait. Bon au moins, elle allait se faire mal si elle le lui sautait … Il percuta le mur, derrière lui, celui-ci tremblant sur le coup, des petites fissures apparaissant sur les pierres. Hey ! HEY ! Il avait une armure sur le corps ! Alors pourquoi il avait l’impression de sentir ses os en train de se briser lorsqu’elle venait l’étreindre ?
« Earnos ! Earnos … Tu es enfin de retour ! Espèce de vilain garçon ! » dit Herakié en continuant de le serrer contre elle, nullement dérangée par le spectacle qu’elle était en train de donner. Aie, aie, aie … C’est bon, il avait compris.
« Ca faisait un bail, Herakié … Tu as changé … en bien. »
« Héhéhé … Regarde un peu, Earnos. » dit l’adolescente, tirant un peu sur son haut pour qu’il puisse voir un peu ce qu’il y avait dessous. Oh … Dans cette position, difficile de regarder en détails mais il remarquait bien qu’elle avait pris quelques formes.
« Euh … Très intéressant, Herakié mais sincèrement, je ne crois pas que ça le bon endroit pour ça et surtout que je sois la bonne personne. Mais content de te revoir. »
« Et moi donc ! Tu étais quand même parti où ? Je me suis renseigné un peu et ton père m’a dit que tu étais avec les Libegons ? Ce sont ces personnes en vert non ? Quand même … Elles ont l’air très impressionnant. Je me demande si elles sont fortes ou non. Il faudrait que j’aille en combattre une ou deux un jour ! Aller, je dois encore aller tabasser les autres adolescents ! » s’écria l’adolescente aux cheveux bleus avec entrain.
« Je ne crois pas que ça soit un bon entraînement … »
« Il paraîtrait qu’auparavant, un garçon n’a pas arrêté de se faire frapper par un Rapion pour qu’il l’entraîne à être plus endurant. Tu ne saurais pas qui c’est ? » demanda-t-elle en tirant un peu la langue. Elle vint ensuite l’embrasser sur la joue avant de retourner avec les autres soldats. Ah … Au moins, elle semblait avoir abandonné l’idée d’être toujours fixée sur lui. C’était une bonne chose … Une très bonne chose même.
Il fit un petit geste de la main vers la Scarhino qui était en train de soulever deux adolescents par le col en même temps. Elle lui fit un petit sourire, les projetant sur deux autres adolescents avant de recommencer à crier qu’ils devaient faire beaucoup mieux ! A cette allure, il était certain qu’elle allait devenir une fille très connue dans l’armée. Il voyait de très grandes choses pour elle.
« Contrairement à moi. » rétorqua-t-il à lui-même.
Il devait continuer son chemin et aller ailleurs. Peut-être devait-il quitter le château ? Ça serait une bonne chose. Sa place n’était plus ici dorénavant. Mais quand même, c’était bizarre d’être aussi nostalgique d’un endroit alors qu’il n’était qu’un simple adolescent.
Quel idiot. Quel idiot il était. Il marcha à travers les couloirs, ne pouvant pas réellement mettre les mains dans les poches vu l’armure dorée qu’il avait sur le corps. Plusieurs fois on l’arrêta, plusieurs fois on lui demanda ce qu’il faisait. Il répondait tout simplement qu’il vagabondait. Il était ennuyé … Il était ennuyeux surtout. Il avait décidé de remettre son casque doré pour qu’on ne le reconnaisse pas.
« Comment est-ce qu’elle a pu s’échapper encore une fois ? Le roi n’a même pas remarqué sa disparition ! Tant qu’il est occupé avec les Libegons et les Drascores, il ne saura pas qu’elle est partie mais si on ne la retrouve pas, on est fichu ! »
« Qu’est-ce qui lui prend de s’enfuir ? Elle n’a pas compris la leçon ou quoi ? »
Des gardes passèrent à côté de lui sans même s’arrêter. Tiens donc … Il avait vraiment l’impression d’être revenu en arrière. La personne qui avait disparu, ce n’était pas difficile de savoir qui c’était. Ah ! C’était la princesse Terria. Il murmura :
« Quelle idiote … Pourquoi est-ce qu’elle continue de faire ça ? N’a-t-elle pas passé l’âge ? »
Non … Sûrement pas. Si elle était encore enfermée quotidiennement, il y avait peu de chances qu’elle puisse sortir alors, elle pouvait profiter de la confusion mais … En même temps, ça serait trop risqué et stupide. Elle allait au-devant de trop de problèmes. Ne pouvait-elle pas devenir un peu plus responsable ? Bon … Il fallait qu’il la trouve.
« Elle n’est pas à cinquante endroits différents de toute façon. » se dit-il.
Il savait où se rendre … Il n’y avait pas d’autres solutions … Et il l’attendrait là-bas. Du moins, c’est ce qu’il comptait faire. Il se dirigea vers l’endroit où d’habitude, elle passait par le petit passage secret. Enfin, c’est l’endroit où il comptait l’attendre … Et lui dire quelques petites choses. Il s’installa contre le mur, espérant que personne ne découvrirait le trou qui s’était un peu agrandi au fil des années, sûrement pour permettre à l’adolescente de passer. C’est sûr qu’entre il y a dix ans et maintenant, c’était différent.
« De toute façon, avec sa grosse robe bouffante, elle ne devrait quand même pas pouvoir passer par ce trou à la base. »
« On fait les paris, Earnos ? » murmura une voix de derrière un buisson. Il sursauta, sur le moment, un bruit métallique se faisant entendre en même temps. Le buisson commença à bouger jusqu’à ce que l’adolescente aux couettes blondes ne fasse son apparition. Elle avait un grand sourire aux lèvres, reprenant : « J’ai cru entendre aussi une vilaine chose de ta part, Earnos. Ainsi, tu estimes que je suis trop grosse dans cette robe ? »
« Je n’ai jamais voulu dire cela … princesse Terria. Je tiens à m’excuser si vous l’avez considérez de la sorte. Ce n’était vraiment pas voulu. D’ailleurs, je pensais vous attendre mais il s’avère que c’était plutôt l’inverse. » répondit-il avec neutralité.
« C’était bien le seul moyen que j’ai trouvé pour que l’on puisse parler tous les deux. » annonça-t-elle en rigolant. « Tu étais le seul à connaître ce petit passage secret. J’étais sûre que tu viendrais ici. Ca faisait longtemps, Earnos … » reprit l’adolescente, invitant le Coconfort à marcher avec elle. Ils pouvaient passer un peu de temps ensemble non ?