Chapitre 62 : Une différence flagrante

ShiroiRyu
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Chapitre 62 : Une différence flagrante

« Princesse Terria, je vous raccompagne jusqu’à votre père. Olistar m’a un peu parlé de ce qui s’était passé. Je ne veux pas que vous … Qu’il lève la main envers votre personne une nouvelle fois. Nous ne devrions pas perdre de temps. » murmura le garçon sous son casque doré. Elle l’observa pendant quelques secondes avant de froncer les sourcils.

« Je n’obéirai pas aux demandes de la part d’un garçon qui ne montre même pas son visage à sa princesse. » rétorqua l’adolescente, surprenant le Coconfort. Celui-ci s’apprêta à retirer son casque mais elle fut la plus rapide. D’un geste assez violent, elle envoya le casque sur le sol tandis qu’il remarquait quelque chose de déplaisant, très déplaisant même.

« Je suis plus petit que vous, princesse Terria. » souffla le Coconfort. Elle devait faire à peine cinq à dix centimètres de plus que lui mais suivant cette allure, dans quelques années, ça risquait d’être bien plus visible … et risible.

« Mais tu es devenu … Ah non, tu as toujours la même tête qu’il y avait quelques années. » annonça l’Apireine avant de lui pincer les joues. « Aller ! Fais-moi un sourire, Earnos. »

« Princesse Terria, ce que vous faites est complètement ridicule. » répondit Earnos, la laissant lui pincer les joues comme pour montrer que ça ne le dérangeait pas le moins du monde. « Ce n’est pas digne du statut de princesse que vous portez. On ne peut pas sourire sur demande. Ça ne marche pas de … »

« Ne dit pas n’importe quoi, Earnos. Pfff … Ca fait plus de deux ans qu’on ne s’est pas vus et tu es toujours aussi triste avec moi. Tu n’es jamais heureux quand tu parles avec moi. J’ai vraiment l’impression que ma présence te dérange. » murmura l’Apireine avant de baisser la tête. Peut-être qu’en étant un peu déconfite, il changerait d’avis ? Et ferait un sourire ?

« Ce n’est pas du tout le cas. Simplement, vous avez des obligations, j’ai les miennes. D’ailleurs, je devais vous demander quelque chose, princesse Terria. »

« Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce que tu dois me demander ? » dit l’adolescente, plus qu’intéressée par ce qu’allait dire Earnos. Si elle pouvait l’aider … elle ne se priverait pas pour ça !

« J’ai appris au sujet d’Olistar. S’il vous plaît … Ne faites plus ça. C’est juste me rendre encore plus faible que je ne le suis déjà. Comment est-ce qu’une personne comme moi peut prétendre servir de chevalier protecteur de la princesse si cette même personne doit avoir besoin d’une personne pour être protégée ? Je vous remercie d’avoir pensé à moi … mais ce n’est pas une bonne chose. Je ne suis qu’un simple Coconfort et vous êtes la future reine d’un peuple. Ce n’est pas à vous de faire cela. »

« Ce que le peuple pense de moi n’a aucune importance si on ne me laisse pas me préoccuper d’une seule personne ! » s’écria-t-elle avec colère, en serrant les poings.

« Je … Euh … Princesse … » balbutia Earnos, plus que choqué par ce qu’il venait d’entendre. C’était juste impo …

« Quoi encore ? Tu veux en rajouter ? Tu peux aussi dire que je n’arrête pas de te coller hein ? J’ai parfaitement compris le message ! Je ne suis pas idiote ! Je fais tout ça car tu as promis que tu continuerais de me protéger bien que tu ne sois plus mon chevalier selon mon père ! »

Ce n’était pas vraiment ça. Pas du tout même, c’était autre chose. Il semblait troublé, plus que troublé pour une raison obscure qu’il était le seul à connaître … ou presque. Mais la princesse Terria n’était pas au courant donc ça ne servait à rien de la prévenir. Et puis bon, il ne voulait pas mettre la princesse en colère.

« Princesse, pardonnez-moi … » dit-il tout simplement en s’inclinant devant elle. Il récupéra son casque doré, le remettant sur le sommet de son crâne. Ca ne servait à rien de se focaliser là-dessus. Rien du tout même … Il fallait juste tirer un trait sur ce qu’il avait appris. La princesse avait d’autres préoccupations en tête.

« Et te pardonne pour quelle raison ? Hein ? Donne-moi une bonne raison d’accepter ton pardon. Tu ne fais jamais rien pour tenter de te faire pardonner. »

« … … … C’est vrai. Laissez-moi vous raccompagner jusqu’à la salle du trône. » reprit-il en s’inclinant une nouvelle fois, la princesse commençant à trembler. C’était Earnos qu’elle avait en face d’elle ! Elle pensait pendant un court instant qu’il lui avait manqué mais ce n’était même plus sûr ! Elle savait pertinemment que …

« Je ne parle pas aux personnes qui cachent leur visage. » rétorqua-t-elle, ayant un ton qui aurait fait penser à une enfant de six ou sept ans, boudeuse car elle n’obtenait pas ce qu’elle voulait. Elle perdait quand même du temps avec lui. Il ne faisait rien pour arranger les choses. C’est vrai quoi ! Même si elle était la princesse du royaume, ce n’était pas pour ça qu’ils pouvaient discuter normalement ! En fait, non, son problème, c’était le fait qu’il refuse ce qu’elle faisait depuis des années : le protéger grâce à Olistar. Pourquoi était-ce si important pour lui de ne pas être protégé ? Elle avait le droit d’avoir un peu peur pour une personne qu’elle appréciait non ? Ca n’avait rien de si choquant …

« Toute façon, tu ne sais rien d’Olistar, Earnos. » dit-elle sur le ton du secret.

« Je pense que chacun a ses secrets personnels et qu’il faut qu’il les garde pour lui s’il ne veut pas les révéler. Je ne veux pas savoir un secret d’Olistar si ce n’est pas lui qui m’en parle. »

« ARRÊTE ! T’es énervant à force, Earnos ! Je ne veux pas d’un chevalier incapable de comprendre ce qui se passe ! » dit-elle avec énervement.

« Je comprends parfaitement que je dois vous ramener dans la salle du trône, princesse Terria. Veuillez me suivre s’il vous plaît. Je ne suis plus votre chevalier de toute façon. »

Alors s’il n’était plus son chevalier, qu’est-ce qu’il faisait encore là ? De toute façon, elle n’allait pas l’écouter. Juste par pur souci de contradiction. Elle s’éloigna de lui, ne prenant pas le chemin de la salle du trône. He … HEY ! Elle n’allait quand même pas tenter de s’enfuir ! Elle tenta de passer par le trou, y arrivant tandis que lui-même ne pouvait pas faire grand-chose. Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? Elle allait s’enfuir sans même qu’il ne puisse l’arrêter ! Il retira toute son armure dorée, la laissant dans les buissons avant de passer dans le trou. Lorsqu’il en ressortit, la princesse l’attendait sur le côté, un sourire de vainqueur aux lèvres. Elle avait encore réussi à le piéger !

« Princesse Terria, retournez maintenant de l’autre côté, nous devrions … »

« Hors de question. Je refuse. » dit-elle tout simplement en s’apprêtant à courir, Earnos la prenant par le bras. Elle tira de toutes ses forces pour s’échapper, l’adolescent aux cheveux blonds se retrouvant projeté en sa direction, tombant dans l’herbe.


De l’autre côté du mur, le Rapion n’avait rien loupé du retrait de l’armure dorée d’Earnos. Il était adossé à un pilier, attendant de revoir les deux personnes revenir de l’autre côté. Mais ce fut une voix masculine qui le fit tourner son visage.

« Qu’est-ce que tu fais là toi ? » dit le Yanma en l’apercevant, serrant les dents et les poings.

« J’étais en train de visiter les alentours. N’ai-je pas le droit de me promener seul sans que tu sois toujours derrière moi ? J’ai l’impression que rien n’a changé en quelques années. Tu devrais un peu grandir, Holikan. » répondit le Rapion en souriant.

« Est-ce que tu veux te battre ? Si c’est ça que … »

« Pourquoi pas ? » reprit le Rapion en se redressant. Le Yanma parut surpris avant de se mettre en position de combat. Il était temps de donner une petite leçon à Holikan. De l’autre côté du mur, le Coconfort était tombé sur l’Apireine, sa tête logée juste au-dessus de sa poitrine. Il poussa un petit gémissement, secouant la tête avant de reprendre conscience de l’endroit où il était. L’Apireine ne bougea plus, le fixant tout simplement en rougissant.

« Heureusement que tu ne portais pas ton armure. » chuchota-t-elle sans détourner le regard.

« Je viens de commettre un crime. Je suis impardonnable. » répondit le Coconfort en se redressant vivement. Aucune réaction de sa part ? Elle resta au sol, ses lèvres bougeant. Même si c’était un accident, cette froideur de la part d’Earnos … C’est bon, elle comprenait. Elle comprenait parfaitement. Finalement, elle se leva, le Coconfort disant :

« Princesse Terria, veuillez me pardonner. Vous devriez rentrer dès … »

« Je le fais, Earnos. Et je te pardonne. C’était un accident. » chuchota l’Apireine avant de passer par le petit trou. Elle ne voulait plus en entendre parler. Elle se sentait démoralisée sans savoir réellement pourquoi. Lorsqu’elle se remit debout et qu’Earnos passa de l’autre côté lui aussi, ils s’arrêtèrent pour apercevoir quelque chose de vraiment surprenant. Holikan était tout simplement au sol, son corps parcouru de soubresauts alors qu’Olistar était debout. Il poussa un profond soupir avant de dire :

« C’était la dernière fois, Holikan. Je n’ai malheureusement plus de temps à perdre avec cela. Je me suis entraîné avec les Libegons. Essaye d’avoir un peu d’humilité et de prendre sur toi-même. Si j’étais vraiment aussi dangereux que tu le penses, il y aurait longtemps que j’aurai attenté à la vie de la princesse. Ce n’est pas avec toi qu’elle est en sécurité. Maintenant, si tu veux bien me laisser définitivement tranquille, j’en ai assez de ces batailles de gamins. De toute façon, je ne serais bientôt plus là donc tu iras voir ailleurs. »

Le Rapion se tourna vers Earnos et Terria, leur faisant un petit sourire triste avant de s’éloigner sans aucun autre mot. Qu’est-ce qui se passait avec Olistar ? Il semblait … seul.

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