Chapitre 62 : Espionner l’ennemi

ShiroiRyu
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Chapitre 62 : Espionner l’ennemi

« AIE ! Ça fait vraiment mal là ! »

Il fut projeté contre un arbre alors que l’adolescente croisait les bras autour de sa poitrine. Ils étaient sortis du bâtiment ou plutôt il avait été éjecté de ce dernier par Katérina. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Depuis qu’il avait parlé de le protéger, elle était énervée, très énervée même. Ca faisait vraiment mal quand elle s’y mettait !

« Réfléchis un peu à tes gestes et tes actions. »

« J’ai déjà réfléchis à tout ça et je pense sincèrement que si je ne m’éloigne pas trop du chef de l’Enceinte, je n’ai pas grand-chose à craindre des autres membres. »

« MAUVAISE REPONSE ! » hurla-t-elle en prenant l’une de ses lames, venant la planter dans l’arbre, juste à quelques centimètres de la chevelure de l’adolescent. Celui-ci poussa un cri d’effroi avant de se recroqueviller sur lui-même. Qu’elle ne le tue pas ! Qu’elle ne le tue pas ! C’est bon ! C’est bon ! Là, il ne trouvait pas ça drôle du tout ! PAS DU TOUT !

« Fais chier ! FAIS CHIER ! FAIS CHIER ! PUTAIN ! TU M’ENERVES KERAN ! »

Mais pourquoi est-ce qu’elle s’emportait autant ? Il n’avait rien fait de mal. Rien du tout même. Mais l’adolescente était folle de rage. Elle serrait les dents, le reprenant par le col pour le soulever au-dessus du sol, à environ cinquante centimètres. La poigne qu’elle avait était plus effroyable qu’autre chose, difficile à croire qu’elle provenait d’une femme aussi chétive qu’elle et pourtant, c’était le cas.

« Mais pourquoi, Katérina ? Pourquoi ? Qu’est-ce que je t’ai fait ? Pourquoi tu t’énerves comme ça ? HEIN ? POURQUOI ? »

« Car tu es un mec beaucoup trop con et simplet ! Il faut quoi pour que ça te rentre dans le crâne ? Il faut quoi pour que tu arrêtes de donner ta confiance à n’importe qui ?! IL FAUT TE MUTILER ?! Te priver d’un bras ?! Tuer cette salope de femme aux cheveux bleus ? Ouais … Si je la bute devant tes yeux, tu m’en voudras tellement … Tu ne feras confiance à plus personne hein ? Ou alors, il suffirait de demander à cette arme de merde de faire le boulot à ma place. Elle en serait capable, en quoi ça la gênerait de tuer une femme ou deux. Si on te prive de celle que tu aimes tant, ça serait bien plus simple hein ? Tu n’aurais plus de famille, plus aucune famille … Et bien entendu, j’irai écraser tes noigrumes et torturer les pokémons qui s’y trouvent à l’intérieur. Hahaha … Hahaha … »

« Tu es juste folle … Katérina. A quoi ça te servirait ? A quoi … est-ce que ça te servirait de faire tout ça ? Alors que je suis celui qui serait concerné ? » bredouilla l’adolescent.

« A TE FAIRE RENTRER DU PLOMB DANS LE CRÂNE ! CONNARD ! »

Elle retira sa main du col mais pour la poser sur son visage. Avec rage, elle le fit percuter l’arbre sur lequel il avait été adossé depuis qu’ils avaient quitté le bâtiment. Une fois, deux fois, trois fois, un peu de sang se fit voir sur le bois de l’arbre avant qu’elle ne retire sa main. Elle grogna plusieurs fois, émettant de puissants râles tout en transpirant. Ce n’était pas l’effort qui la mettait ainsi, c’était autre chose. Autre chose … de plus rageant.

« J’ai … mal … vraiment mal … là, Katérina. »

« Et si tu continues à le blesser, je serai obligé d’intervenir. » murmura une voix.

L’une des deux épées autour de la taille de Kéran fut recouverte d’une puissante aura noire tandis que Katérina sortait ses deux lames. Nullement inquiète, elle cria :

« Et tu crois que tu vas me faire peur comme ça ? VIENS DONC ! Visiblement, comme spectre, tu es complètement à la ramasse puisque tu ne sais même pas comment t’occuper de ce type qui ne sert à rien ! »

« Je ne pensais pas te faire peur. Je te mets simplement en garde, catin. » reprit calmement Swar tandis que Kéran se frottait le dos du crâne, gémissant de douleur. A cause de Katérina, il s’était ouvert et cela faisait horriblement mal.

« Ne vous battez pas tous les deux. Ça ne mènera à rien de bon. » marmonna-t-il avant de soupirer. Pourquoi fallait-il que ça se termine toujours comme ça ? En même temps, il eut un petit sourire aux lèvres. Il n’avait pas rêvé d’une chose …

« Et ça te fait marrer cette situation ? T’as pas l’air de comprendre ce qui se passe ducon ! »

« C’est juste que Swar n’aurait pas hésité à me protéger si tu avais continué. Même si je ne l’entends plus beaucoup depuis pas mal de temps, je sais qu’il est là. »

« Hum … Je retire ce que j’ai dit. Tu peux continuer à le malmener. » annonça l’épée.

« HEY HEY HEY ! NON ! SWAR ! Ne me fait pas retirer ce que je viens de dire s’il te plaît ! Tu étais très bien ! Vraiment très bien ! »

« Si j’ai même l’autorisation de l’arme inutile … Je vais aller te forger le caractère, moi. » murmura avec une fausse douceur Katérina avant de remettre correctement ses armes. Elle craqua les os de ses deux poings, un sourire sadique aux lèvres. « T’en fais pas … Je vais y aller doucement … Un os par un … Tu vas comprendre ce qu’est la vie réelle. »

La vraie vie ? Il la connaissait déjà ! Mais ça ne changeait rien à ce qu’il comptait faire ! Même si cela ne fut pas voulu, il dit sur un ton effronté :

« Je vais continuer de rester dans l’Enceinte aux Esclaves. Je donnerai même une réponse positive à Ranor, Katérina. »

« Hahahaha ! Bien sûr ! » répondit-elle en émettant un grand rire tonitruant.


Elle trouvait cela drôle ? Pourtant, il ne plaisantait pas ! Pas du tout même ! Pourtant, elle arrêta de rire, passant une main sur la partie droite de son visage. Et alors, il comprit … Le rire n’avait rien eu de gentil ou sympathique.

« Tu penses que tu seras encore vivant pour lui répondre ça, Kéran ? » chuchota avec douceur Katérina avant de sauter sur lui. Il fit une roulade sur le côté pour l’éviter, se redressant avec rapidité. Il tituba sur place, ayant du mal à rester correctement debout.

Il devait s’éloigner avant qu’il ne soit trop tard ! Katérina était incontrôlable ! Il commença à courir mais s’écroula au sol. Ses jambes ne lui répondaient même pas ! Qu’est-ce qu’il pouvait faire contre ça ? Ce n’était pas normal !

« Tu ne pensais pas t’enfuir non ? Tu crois que les petits coups derrière le crâne, c’était par plaisir ? Enfin non … C’était à moitié par plaisir. L’autre petite chose amusante dans tout ça, c’est ce que cela me permet de t’empêcher de t’enfuir. Si facile … Et pourtant, rares sont les personnes qui sont capables de faire une telle chose. »

« Katérina … Katérina … Lâche-moi un peu s’il te plaît … Je t’en supplie mais laisse-moi tranquille ! J’en ai marre là ! Vraiment marre ! »

« Et ? Tu veux que ça me fasse quoi que tu en aies marre ? Tant que tu ne refuseras pas la proposition de ce type, je continuerai à te faire souffrir. »

« MAIS CA TE SERT A QUOI ?! Si tu t’en fous de moi, tu n’as qu’à me laisser crever ! »

Voilà qu’il recommençait à avoir ses mauvaises pensées. Tout ça alors qu’encore hier, la nuit avait été merveilleuse. Maintenant, tout ça avait été brisé par l’adolescente qui cherchait à le mettre en colère ou à faire quelque chose qu’il ne comprenait pas.

« Bon ben, vas-y. Dégage le cloporte. »

Hein ? Comment ça ? Elle le laissait partir ? L’adolescente le fixa de ses deux dorés, venant s’adosser à un arbre. Elle allait vraiment le laisser tranquille ? Il avait du mal à y croire mais il fit quelques mouvements avant de remarquer qu’elle ne le suivait pas.

« Katé … » commença-t-il à dire avant de se faire paralysé sur place.

« Imbécile. » murmura l’épée sur un ton irrité. « Maintenant que tu as fait ton choix, ne cherches même pas à lui demander de t’accompagner. Ce que tu viens de faire, tu l’as amplement mérité, est-ce bien compris ? »

« Je … Je … D’accord. Je voulais juste … » bredouilla l’adolescent avant de recevoir une nouvelle décharge dans son corps, l’épée laissant apparaître une aura noire autour d’elle.

« Je viens de te dire quoi ? Tu ne peux pas réfléchir un instant ? »

« D’accord, d’accord, je te promets de la laisser tranquille. Je ne peux rien te promettre d’autre mais ne me fait pas mal. Je vais aller voir … »

« Cela me semble obscure et irraisonné d’avoir de la peine pour cette gourgandine. » murmura l’épée. « Vouloir accompagner un imbécile de la sorte, il y a de quoi la plaindre. Je pense que son idée de te mutiler serait une bonne chose. »

« Je n’ai pas envie de perdre un membre ! » cria-t-il avant de demander à pénétrer à nouveau dans l’Enceinte pour donner sa réponse au chef. On le laissa passer, les deux soldats semblant un peu étonnés de le voir converser avec son arme. Celle-ci n’était-elle pas « maîtrisée » comme les leurs ? Ça serait un problème assez grave.

Après quelques minutes, il fut à nouveau devant Ranor. Celui-ci était toujours assis sur son trône, remarquant l’état déplorable dans lequel était l’adolescent. Pourtant, il ne lui posa pas de questions à ce sujet, murmurant tout simplement :

« Alors … Quelle est ta réponse ? Comptes-tu quitter l’Enceinte ou continuer à la servir ? »

« Je compte la servir encore … pendant quelques temps. Mais je voudrais des garanties comme quoi, je ne serai pas attaqué pendant … »

« Je ne peux rien te garantir à ce sujet. Mais je peux simplement te conseiller de ne pas te lier trop souvent à ton arme. Cela risque de poser un gros problème dans le futur … Tu ne peux jamais te fier à personne, même pas à ceux qui te sont proches. »

« … … … Elle m’a dit le même discours. » souffla l’adolescent bien qu’aucun son ne sortit de ses lèvres ou presque. Cela n’avait été qu’un murmure inaudible pour l’homme.

« Est-ce que tu veux apercevoir la lumière dans ce monde ? L’atteindre ? La trouver ? »

Hein ? C’était quoi cette question ? La lumière ? De quelle lumière est-ce qu’il voulait parler ? Est-ce que c’était celle … du ciel ? Si c’était le cas, alors, sa réponse était très simple. Il la connaissait depuis maintenant longtemps.

« Je veux la retrouver … pour permettre à celle-ci de nous éclairer … mais aussi parce qu’à chaque fois qu’elle apparaît, elle chante … Elle chante tellement bien, d’une si belle voix qu’il serait dommage que je ne puisse pas l’entendre plus souvent. »

« Hum ? La lumière ne chante pas … Tu dois te tromper, je pense. Ou alors, le chant ne provenait pas de la lumière mais de la jeune demoiselle qui t’accompagne. »

Il vint rougir, comme pris en faute avant de se caresser le dos du crâne. Une caresse qui s’arrêta brutalement puisqu’il gémit de douleur. Aie, aie, aie … Ca faisait mal après tous les coups qu’il avait reçus. Néanmoins, l’homme ne s’était pas trompé.

« Oui, je parlais bien de Katérina et j’ai pu apercevoir deux fois la lumière dans ce monde. »

« Deux fois ? » demanda Ranor, quelques peu surpris par les paroles de Kéran. Il ne décelait aucun mensonge ou vantardise dans les paroles de l’adolescent. D’ailleurs, celui-ci n’avait pas l’allure d’une personne un peu trop sûre de soi. C’était même tout le contraire. « Hum … Soit … Ainsi, sache que pour obtenir définitivement la lumière dans ce monde, il nous faudra combattre les plus grands pokémons spectres et ténébreux qui existent. »

« Ça, je m’en doutais … Enfin, après que j’ai remarqué que dès qu’ils mourraient, la lumière revenait … avant de repartir quelques heures ou jours plus tard. Mais même si ce n’est que pour quelques jours, montrer la lumière est une bonne chose … Enfin, je crois. Je ne suis pas sûr que ça soit pas stupide ce que je dis. »

« Ce n’est pas stupide … Loin de là, Kéran. Tes paroles sont un peu candides mais elles font preuve d’une certaine foi indéniable. Je pense que tu pourras réussir ce que tu veux entreprendre … mais il te faudra faire preuve de maturité. Puisque tu as décidé de rester avec nous, je vais te confier une nouvelle mission. »

Une nouvelle mission ? Tout de suite ? Ce n’était pas un piège ? Comme il devait se méfier de tout le monde … Il préférait alors rester sur ses gardes. Il attendit que l’homme reprenne la parole, pensant à son épée en même temps.

« Cela ne sera pas forcément une mission très difficile puisqu’il s’agit d’aller espionner une troupe de la Sainte Alliance. Comme je remarque que tu ne portes pas notre emblème, il y a des chances que tu ne te fasses pas repéré. »

« Mais je possède quand même une épée possédée, non ? Ils se poseront surement des questions à ce sujet … Surtout que je ne vais pas me présenter comme ça non ? »

« Je te laisse te débrouiller seul. Il faut que tu apprennes par tes propres moyens. Je suis convaincu et certain de ta réussite. » annonça l’homme aux cheveux rouges.

C’était bizarre que quelqu’un le complimente. Il en avait si peu l’habitude. Cet homme … Il était sûr d’une chose : même s’il faisait des trucs horribles, il ne devait pas être fondamentalement mauvais. Il devait avoir un côté très sympathique.

« Bon … Je vais y aller tout de suite pour ne pas perdre de temps. Par contre, où se trouvent-ils ? Vous le savez, je pense non ? »

« Quand tu quittes l’enceinte, tu tournes vers l’Ouest. Normalement, tu devrais trouver une petite clairière. Ils doivent se trouver dans les environs. »

« Merci beaucoup, j’essayerai de ne pas vous décevoir. » répondit l’adolescent en s’inclinant respectueusement devant son chef.

« Je ne pense pas tu me décevras. Je n’ai aucune haine par rapport à tes choix … Je t’ai maintenant mis en garde par rapport à ton arme. Je n’ai plus rien d’autre à te dire. Tu peux maintenant t’en aller. »

Chose qu’il allait faire. Il quitta la salle puis le bâtiment de l’Enceinte aux Esclaves. Il se retourna brièvement, regardant le fameux symbole de l’Enceinte. C’est vrai que dans le fond, il n’était toujours pas considéré comme l’un de leurs membres.

Il chercha Katérina du regard. Avec tout ce qui s’était passé, il comprendrait s’il elle s’en était allé. Mais non, elle était toujours au même endroit, les bras croisés, adossée à un arbre. Une mèche de cheveux cacha son œil gauche tandis que celui de droite le fixait de son éclat doré. Il s’approcha d’elle, gêné et confus :

« J’ai une nouvelle mission … Je dois me rendre dans une clairière. Là-bas, il y a des personnes de la Sainte Alliance. Il faut qu’on aille les espionner. Tu vois ? Ce n’est rien … de dangereux. Je vais y aller. »

Il ne lui proposait pas de l’accompagner. C’était à elle de décider si elle voulait le suivre ou non. Il ne pouvait pas la forcer … De toute façon pour réussir à forcer Katérina, il fallait se lever de bonne heure. Et … Il n’était pas motivé à ça.

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