Chapitre 68 : La mort dans l’âme

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 68 : La mort dans l’âme

« Alors ? Tu faiblis déjà ? Je pensais que tu étais un monstre d’endurance. »

« Si ce combat me permet de venger la mort de Terria mais aussi d’être accepté comme son mari, je ne compte pas abandonner maintenant ! »

Il devait vérifier par rapport à la pluie et tendre l’oreille. Le vieil homme était déjà disparu de la circulation alors qu’Earnos regardait tout autour de lui. Des traces de pas, il voyait des petits pas très rapides dans les flaques.
Soudainement, il vint abattre sa furie sur la droite, donnant de puissants coups de lance dans le vide ou du moins, ce n’était qu’une impression puisque le roi poussa un cri de douleur, reculant sur quelques mètres en arrière, des petits trous parcourant son corps. Malgré son âge avancé, il ne semblait pas être fatigué, loin de là. Il était surement plus résistant que son père, il y avait même de fortes chances que ça soit le cas !

« Comment as-tu su … Ah … Je vois. » murmura le roi en regardant le sol avant de faire un sourire au jeune homme, un sourire mauvais.
Il avait déjà compris ? En quelques instants ? En une seule attaque ? Si son père était expérimenté, le roi l’était encore plus ! C’était un combat presque perdu d’avance, n’est-ce pas ? Mais non, il ne devait pas avoir peur ! Il ne devait pas croire qu’il allait perdre ! Il pouvait gagner ! IL POUVAIT GAGNER ! Le roi disparut à nouveau de sa vision mais voilà qu’il n’y avait plus aucune trace dans l’eau ? Où ? Dans les airs ? Le jeune homme leva la tête en direction du ciel, aveuglé à moitié par la pluie.

« Ne jamais détourner son regard du combat ! PREMIERE LECON ! »

Deux profondes entailles se firent voir sur le torse du jeune homme, puis d’autres et ainsi de suite. Des griffes ! Les griffes du roi venaient de blesser gravement le Dardargnan qui se retint de crier, faisant plusieurs pas en arrière, une main sur ses plaies ensanglantées. Le roi réapparut devant lui, soufflant entre ses dents :

« Plus le temps passe, plus tu souffriras. Il vaudrait mieux pour toi que tu te laisses tuer. »

Se laisser tuer ? Et puis quoi encore ! Il allait finir par le trouver et comprendre ce qu’il venait de faire ! Le roi disparut de sa vision comme auparavant. Mais cette fois-ci, il tournait sur lui-même pour essayer de le repérer. Il n’attaquait pas en hauteur, il n’attaquait pas au sol … Mi-hauteur ? Juste à quelques centimètres au-dessus du sol pour qu’il ne voit pas ses traces dans la pluie ? TSSS ! Ingénieux et plus que difficile à contrer !

Mais ce n’était pas suffisant pour l’arrêter ! Il avait le moyen de le contrer ! Et d’une manière toute aussi ingénieuse que la sienne ! Il suffisait de voir où la pluie s’arrêtait ! Oui ! Il ne pouvait pas passer entre les gouttes ! Et même s’il continuait de voleter au-dessus du sol sans s’arrêter, il avait bien un chemin à suivre ! D’ailleurs, il commençait à le remarquer, voyant les endroits que le roi passait, ce dernier n’osant pas attaquer. AH ! Il avait peur ? C’était trop tard maintenant ! Il n’hésitait pas ! D’ailleurs il allait lui montrer qu’il l’avait repéré ! Mais dès le moment où il fit les pas pour courir à ses côtés et donc le combattre, de nombreuses pierres vinrent le frapper en pleine face, du sang paraissant le long de son visage.

« Un Yanmega est capable d’utiliser des pouvoirs issus des générations antiques, montrant par là notre présence et notre puissance dans le royaume depuis des siècles. Seuls les Armaldos sont capables de faire pareil. Les Caratrocs peuvent toujours essayer d’apprendre cela et d’y arriver mais c’est très rare. Tout cela pour te dire qu’en tant qu’insecte, tu vas finir écrabouillé sous les rochers ! Tu ne peux pas me combattre ! Tu es bien trop faible ! »

AH OUI ? Il allait le lui dire en quelle langue qu’il ne comptait pas abandonner hein ? IL EN ETAIT HORS DE QUESTION ! Il n’hésiterait pas à utiliser tout ce qu’il fallait pour réussir à abattre le roi ! Il était proche de la victoire ! Ce n’était qu’une question de minutes !

Earnos … Earnos était en train de perdre ! Elle le voyait ! Earnos ne pouvait rien faire contre son père ! Son père était un ancien général, celui du précédent roi ! Il avait été l’un des insectes les plus puissants à son époque alors même maintenant … Elle devait réagir ! Mais non ! Elle ne pouvait pas ! Elle devait attendre le moment, le bon moment ! Là, aucun des deux ne la voyait, il fallait dire qu’elle se cachait derrière l’une des tours. Les rebelles et les soldats étaient encore occupés à se battre entre eux, personne ne viendrait les arrêter.

Le battre ! Le battre ! Il ne s’était pas pris de coups pour l’instant mais ça n’allait pas tarder ! Le Yanmega s’était immobilisé, le regardant pendant quelques secondes. Il allait faire quoi ? L’attaquer ? A cette distance ? Il verrait parfaitement cette attaque et pourrait ensuite l’esquiver avec facilité !

« Sais-tu quels sont les pires insectes existants ? Ceux qui sont avantagés à combattre les autres insectes malgré leurs conditions. Ceux qui sont capables de produire des flammes, d’écraser les insectes ou alors considérés comme des prédateurs volants grâce à leurs capacités. Tu vois où je vais en venir ? Non … Sûrement pas … »

Mais il allait lui faire une démonstration de ce qu’il disait ! Il croisa ses deux griffes, traçant une croix dans les airs qui fusa à toute allure vers le Dardargnan. De l’air ? C’était de l’air compressé pour former comme une lame ? Le jeune homme mit ses deux mains en avant pour protéger son corps mais les plaies furent encore plus profondes, rendant presque inopérantes ses deux mains alors qu’il haletait. Il était fatigué, vraiment fatigué.

Mais bon, il était largement capable de tenir debout ! IL ALLAIT FAIRE LA MÊME CHOSE ! Cette lame d’air … Il allait la renvoyer ! Le Yanmega était immobile, reprenant son souffle après une telle attaque, lui aussi était exténué. Pourtant, malgré son âge avancé, il tenait bon face au jeune homme.

« Alors ? C’est tout ce que tu avais ? De belles paroles et … Qu’est-ce que tu comptes faire ? » demanda le roi, remarquant la posture bizarre d’Earnos.

« Si cette attaque est aussi violente … pour moi, qu’est-ce que ça sera pour un corps aussi vieux que le vôtre, hein ? Je me le demande ! »

« Tu penses vraiment que tu peux apprendre une technique rien qu’en la voyant la première fois ? Cette lame d’air demande une précision et une concentration exemplaires ! Il faut des mois pour y arriver correctement ! »

« Je n’ai que quelques secondes pour y arriver donc bon … » ironisa Earnos.

De la concentration et de la précision ? Le roi ne semblait guère apeuré par Earnos, croisant les bras alors que le jeune homme faisait de même avec ses lances. Il avait vu ce que le roi avait fait. Il n’avait alors qu’à l’imiter. Il suffisait juste de faire des mouvements pour balayer le vent devant lui et le projeter sur son adversaire. Aucune imprécision, aucune imperfection, le tout était juste de ne pas faire de geste inutile.

« Que … » commença à dire le roi, décroisant les bras avant de courir vers Earnos. Ce n’était pas possible ! Il le sentait ! Il sentait qu’il était en train de réussir ! Il devait alors l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard !

Pourtant, le jeune homme lança son attaque en croix, comme celle du roi, la lame d’air venant frapper en plein torse le roi. Mais cela n’arrêta pas le monarque qui, malgré la croix de sang sur son torse, arriva à la hauteur d’Earnos, le projetant sur le sol, une main sur le cou, l’étranglant peu à peu.

« Impressionnant … Vraiment impressionnant ! Apprendre une technique en regardant les autres. Tu n’es peut-être pas aussi faible que tu ne le montres ? Mais ça ne change rien. Il est trop tard maintenant ! BIEN TROP TARD ! »

« J’ai toujours tout fait pour être à la hauteur de Terria ! TOUJOURS ! ARGL ! Je suis prêt à tout pour être digne d’elle, même aux pires sacrifices ! Même aux pires actes ! »

De bien belles paroles qui méritaient son estime … mais ce n’était pas suffisant. S’il ne pouvait pas le battre, cela était inutile. Tout cela était plus qu’inutile même. Le roi leva sa main droite redevenue griffe alors que l’autre maintenait le Dardargnan était au sol, immobilisé et rendu incapable de tout acte.

La griffe alla s’abattre, du sang venant recouvrir le visage, lui rappelant une scène qu’il avait connue. Ce sang … Ce n’était pas le sien mais celui du roi. Le roi qui avait de la surprise dans le regard, une griffe traversant son torse.

« Désolée … Père … Mais cette fois-ci, vous auriez dépassé les bornes. Je ne peux pas vous laisser tuer l’homme que j’aime … Et je suis prête à tout pour ça. »

Cette voix ? Cette voix ?! Les deux personnes se tournèrent vers la jeune femme aux cheveux blonds qui avait retiré sa griffe du corps de son propre père. C’était un rêve ? Une illusion ? Non … Les illusions ne traversaient pas les corps ! Ce n’était pas le cas ! C’était donc …

« TERRIA ! » hurlèrent les deux hommes en même temps, le roi posant un genou au sol, sa griffe droite redevenant une main qui se posa sur le trou béant dans son torse. Il cracha du sang, hoquetant sur le coup alors que la princesse avait les larmes aux yeux :

« Désolée père … Vraiment désolée … mais je … Je ne pouvais pas vous laisser le tuer. Pendant deux longues années, j’ai souffert par l’acte que vous avez commis, Earnos aussi. Mais je ne vous en veux pas, je sais que vous pensiez qu’à mon bonheur. Mais mon bonheur est auprès d’Earnos. Je ne peux pas … vous laisser me le retirer. Pardon. »

Elle continuait de pleurer, regardant sa griffe ensanglantée par son père. Elle avait commis un parricide et un meurtre royal. Elle avait été jusqu’à commettre le même acte que son père.

Laisser un commentaire