Chapitre 74 : Un secret bien gardé

ShiroiRyu
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Chapitre 74 : Un secret bien gardé

« Téo ? Comment est-ce que tu vas ? »

Percila avait un ton maintenant un peu chaleureux, se rapprochant de lui alors que Cynthia sembla surprise. Puis un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, celle-ci donnant un petit coup d’épaule à Thierry avant de lui chuchoter quelque chose. Du moins, elle voulut commencer à parler mais Percila coupa :

« Cynthia, je te rappelle que je suis capable de lire dans tes pensées. J’aimerai qu’elles restent à l’état de santé et rien d’autre. Merci beaucoup. »

« OUPS ! Visiblement, je ne passe pas inaperçue, n’est-ce pas ? Hahaha … Cela m’apprendra. » déclara Cynthia tout en émettant un petit rire. Percila reposa son regard sur Téo, attendant la réponse de ce dernier. Comment est-ce qu’il devait lui répondre ? Que ça n’allait pas vraiment très fort ? Percila semblait le connaître donc bon …

« Ca peut aller mieux on va dire. Tu n’es pas au courant de mes dernières actions, n’est-ce pas ? Enfin, si tu lis dans les pensées, je pense que ça ne restera pas un secret très longtemps. Donc … Tu peux faire ton office. »

« Je lis dans les pensées des gens qui me posent quelques problèmes. Du genre … Cynthia qui allait proférer des paroles qu’elle aurait pu regretter amèrement. »

« Tu vois, Téo ? Comment elle me menace ? Je te conseille de faire très attention. » répondit la jeune femme aux cheveux blonds tout en rigolant une nouvelle fois.

« Je vois … Je vois … Enfin bon … Carolina, merci pour la balade. Maintenant, je vais me diriger tout de suite vers l’arène pour mon septième badge. »

« N’oublie pas ta promesse ! Moi, je dois aller contacter les ouvriers pour qu’ils aillent décharger l’avion-cargo. Il ne faut pas croire que je vais faire ça toute seule ! »

Elle s’approcha de lui, l’embrassant sur la joue alors qu’ailleurs, à quelques mètres de là, plusieurs branches se brisèrent soudainement au sol. Percila resta de marbre, regardant Carolina qui partait alors que Téo poussait un soupir.

« Bon … Je dois m’en aller aussi de mon côté. C’était agréable de te revoir, Percila. »

« Tu en as strictement rien à faire surtout. »

« Ohla … Percila, c’était un peu directe comme remarque. » murmura Cynthia, se plaçant à côté de l’adolescente alors que celle-ci reprenait aussitôt :

« Je l’ai prévenu que je lisais dans les pensées quand c’était nécessaire. Or, Téo n’en a strictement rien à faire de ma personne. Il veut juste récupérer son septième badge et partir d’ici le plus tôt possible. »

« Ce n’est pas totalement vrai. » rétorqua Téo, un peu confus alors que c’était plutôt le cas. Sans que pour autant ça soit ça … Il n’avait rien contre la présence de Percila. Juste qu’elle était occupée avec autrui et qu’il n’avait pas envie de déranger, c’était aussi simple que ça.

« AH ! Je me suis trompée ! » bredouilla subitement Percila, prenant la main de Téo dans la sienne avant de reprendre : « Ce n’est pas exactement ça qu’il pensait. Il a un peu peur de nous déranger de par sa présence mais ce n’est pas le cas, n’est-ce pas, Cynthia ? Thierry ? »

« Je ne pense pas que ça dérange Thierry ou moi-même. Qu’est-ce que tu en penses, Thierry ? » demanda Cynthia, s’adressant à l’homme qui l’accompagnait.

« De toute façon, où tu iras, j’irai. Donc bon … Il est hors de question que je te laisse seule, Cynthia. Bref … Pour ma part, ça ne me dérange pas. Et au moins, Percila aura quelqu’un de son âge avec qui elle pourra discuter. Surtout s’ils se connaissent tous les deux. »

« C’est quoi cette insinuation, Thierry ? Fais attention à tes paroles si tu ne veux pas le regretter amèrement. » souffla Percila, pointant son visage vers l’homme.

« Rien du tout ! Rien du tout ! Et ne lis pas mes pensées, s’il te plaît, hahaha ! »

Il se prit une petite claque derrière le crâne, Cynthia lui disant d’arrêter ces bêtises alors qu’il gémissait un peu de douleur. AIE ! Ca faisait mal quand même sur le coup ! Même si elle y avait été doucement, ça faisait toujours mal ! Qu’est-ce qu’il avait fait de mal ? Il avait juste dit quelques mots ! Rien de plus ! Mais néanmoins, Téo poussa un soupir, regardant la main de Percila qui tenait la sienne.

« Est-ce que tu es sûre de vouloir me tenir la main ? Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. » chuchota-t-il faiblement à l’adolescente.

« Et pourquoi ça ? Je ne vois pas le problème. Je ne veux pas lire dans tes pensées donc tu es prié de t’exprimer plus clairement s’il te plaît. »

« Ce n’est rien de bien spécial si tu veux tout savoir. Juste qu’on se tient la main si on est proches … or … Je ne crois pas que ça soit le cas. »

« Bien plus que tu ne le crois … mais je ne pense pas que ça soit le moment pour en parler. »

Pour en parler ? Pas le moment ? Qu’est-ce qu’elle racontait ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Enfin bon … Qu’elle fasse comme elle voulait. Il fut emmené pendant la balade de Percila, Cynthia et Thierry. Le couple visitait les villes d’Unys et Percila leur servait de guide ? D’accord … Si c’était ainsi que ça leur plaisait.

« Ce n’est quand même pas si mal dans le fond, Téo, non ? » dit Percila après quelques minutes, Téo haussant les épaules avant de demander :

« De quoi ? Qu’est-ce qui n’est pas si mal ? Si tu veux bien me le dire. »

« De passer du temps avec d’autres personnes, tu ne trouves pas ? Enfin, personnellement, ce n’est pas si mauvais que ça. Ça doit te faire du bien après toutes ces années quand tu étais enfermé chez moi. Tu ne trouves pas ? Enfin … Je comprendrai si tu n’aimes pas. »

Ce qu’il voulait comprendre, lui, de son côté, c’est comment l’adolescente était au courant de tout ça ? Enfin, si elle était capable de lire dans ses pensées, ça serait normal mais elle semblait avoir des détails dont même lui ne se rappelait pas. Qu’est-ce que ça voulait dire ?

Ils s’installèrent à une terrasse. Comme ils n’étaient pas encore en hiver, loin de là, le temps était plutôt bon même pour la ville de Flocombe. Assise à côté de lui, Percila lui jetait quelques regards discrets, cherchant à communiquer.

« Téo … Alors, comme ça, tu as déjà ton sixième badge ? Tu as bien progressé depuis la dernière fois, non ? C’est vraiment une bonne nouvelle. »

« Oui … Si tu le dis. C’est un peu tard, je trouve. Je mets trop de temps pour ça. Et encore, j’étais occupé avec diverses autres choses à la base. »

« Mais dis-moi, sinon … Où est-ce qu’elle … se trouve ? L’adolescente qui t’accompagnait ? Que j’ai vue la dernière fois ? Elle est où ? »

« A Janusia pour obtenir le dernier badge qui lui manque. Elle a pris un peu d’avance par rapport à moi mais je vais la rattraper le plus vite possible. »

« Je vois … Je vois … Je n’aurai pas dû poser une telle question, je suis vraiment désolée. » souffla l’adolescente aux longs cheveux châtains.

« Je ne vois pas pourquoi tu n’aurais pas pu la poser. Je n’ai aucun problème avec ça si tu veux tout savoir. Ca ne me dérange pas vraiment … »

« Si tu le dis, je te fais confiance, Téo. » dit-elle avant de baisser la tête. Elle … commençait à prendre les mêmes expressions que lui.

« Si tu le dis … J’ai juste à t’écouter, Percila. Enfin bon … Je n’ai pas spécialement faim. J’ai mangé avant de venir jusqu’ici. Mais ça ne me dérange pas de rester ici en attendant. »

« Comme tu le veux, Téo. » répondit Percila sur le même ton que lui.

Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression d’avoir affaire à un miroir ? C’était bizarre, franchement bizarre et assez déplaisant en un sens. Mais bon … Il valait mieux ne rien dire. Il discuta avec Thierry pendant que les deux demoiselles parlaient entre elles. Puis les minutes s’écoulèrent jusqu’à ce que leur repas soit terminé. Il se leva, murmurant :

« Je crois que je vais aller maintenant combattre en arène. »

« Tu ne pars pas déjà, Téo ! S’il te plaît ! » dit Percila avec une voix un peu plaintive alors qu’il paraissait étonné d’une telle réaction de sa part. Elle était généralement … calme non ?

« Oh … Percila … Est-ce que je peux te dire quelque chose ? »

Cynthia s’était adressée à l’adolescente alors qu’ils étaient au beau milieu du chemin. Elle s’approcha de Percila, commença à lui adresser la parole. Elle lui chuchota quelques mots dans le creux de l’oreille, l’adolescente s’empourprant subitement.

« MAIS NON ! NON ! Ce n’est pas du tout ça ! Pas du tout même ! »

« Alors pourquoi tu te mets dans cet état, hum ? Ce que c’est mignon de te voir embarrassée comme ça, Percila. C’est si rare et étonnant. »

« MAIS JE NE SUIS PAS EMBARRASSEE ! »

Qu’est-ce qui se passait ? Téo s’était tourné vers Percila, remarquant que quelque chose clochait dans l’atmosphère. Il n’arrivait pas à mettre la main sur quoi mais ce fut quand Cynthia fut repoussé qu’il comprit que ça provenait de Percila.

« Percila ! Je rigolais ! Calme-toi ! Bon sang, j’ai complètement oublié son problème ! »

Son problème ? De quoi est-ce que Cynthia était en train de parler ? Ca commençait à être un peu effrayant là. Très effrayant même. Mais bizarrement, il avait l’impression que ce n’était pas la première fois que ça se passait ainsi.

« Percila ! C’est bon ! Tu ne vas pas tout dévaster non plus ! Calme-toi ! » s’écria Téo, sachant pertinemment que ça ne suffirait pas à l’arrêter.
Arrêter Percila … Mais comment ? L’adolescente était déjà en train de plier des poteaux rien que la force de la pensée. Elle était douée dans le psychisme ! Elle allait tout casser ! Comme la dernière fois ! Il fallait qu’il l’arrête !

« Percila ! Si tu ne te calmes pas, tu n’auras aucune fleur de ma part ! »

Il avait dit les premières paroles qui lui venaient à l’esprit mais pourtant, elles firent mouche. Pourquoi il avait parlé de fleurs ? Normalement, à part Carolina maintenant, personne n’était au courant qu’il adorait ça. Qu’il adorait s’occuper des fleurs.

« Pas de fleurs ? C’est vrai ? Si … Je ne me calme pas ? »

L’adolescente bredouilla ces quelques mots alors qu’il se massait maintenant le front. Il avait mal ! Très mal au crâne ! Et il ne savait même pas pourquoi ! Pourquoi est-ce qu’il avait mal au crâne ? Pourquoi ? Ce n’était pas normal d’avoir autant mal à la tête ! Quelque chose s’était passé mais quoi ? Thierry vint vers lui, demandant :

« Téo ? Tu as la migraine ? Cynthia ! On a des médicaments contre la migraine ? »

« Je ne sais pas ! Il faudrait que je regarde dans mon sac mais je m’occupe de Percila. Percila ? Est-ce que tu as retrouvé tes esprits ? Tu t’es calmée ? »

« Je … Je me suis calmée mais Téo … Il est perturbé. Je ne peux pas le laisser plus longtemps dans cet état. Je dois aller le voir … »

L’adolescent était épaulé par Thierry tandis que Cynthia et Percila arrivaient vers eux. Aussitôt, Percila posa une main sur le front de Téo. Elle lui chuchota doucement :

« Pardon Téo. Visiblement, je n’apprends jamais de mes erreurs. Je suis encore trop faible … psychologiquement. Mais maintenant, on va régler ce problème. »

Une petite aura rose se fit voir autour de l’adolescente alors que Téo fut parcouru par quelques soubresauts avant de trembler pendant plusieurs secondes. Puis finalement, plus rien ne se passa. Seule la voix de Percila se fit entendre :

« Téo ? Comment est-ce que tu vas ? Tu n’as pas trop mal au crâne ? »

« Disons justement que si … Mais c’est à cause de ce que tu as fait. Mais la question est : qu’est-ce que tu viens de me faire, Percila ? »

« Simplement desceller ce que j’avais mis dans un coin de ta mémoire en ce qui me concerne. Mais maintenant, ça devrait être bon. Tu es libéré. »

Libéré ? Il n’était pas vraiment sûr que ce fût le terme à utiliser. Mais néanmoins, lorsqu’il la regarda, il commençait à se rappeler de quelque chose. C’était bizarre … mais oui … Elle lui donnait l’impression de la connaître. Soudainement, il s’exclama :

« Mais tu es Percila ! Enfin … Tu es la jeune fille qui est venue chez nous ! »

« C’est le cas, Téo. » murmura Percila, se triturant les cheveux avec les doigts d’un air gêné. Cela montrait bien que l’amnésie qu’elle lui avait donnée avait parfaitement disparu. Mais ce n’était pas forcément une bonne chose. Si elle avait fait cette amnésie, c’est qu’il y avait bien une raison derrière tout ça. Et maintenant, il était trop tard pour retourner en arrière.

« Enfin … Tu es restée pendant quelques temps … Je crois… »

« Allons ailleurs. Je n’aime pas vraiment parler de ce moment précis, Téo. »

Elle lui avait tendu la main, Téo venant la prendre. Maintenant, il s’en rappelait ! Il s’en rappelait parfaitement de ce qui s’était passé ! Percila … Il la connaissait depuis des années ! Ca faisait même une paye qu’il ne l’avait plus vue !

« Vous voulez que l’on vous laisse tout seul, tous les deux ? »

Cynthia avait dit cela avec une petite pointe d’ironie amusée alors que Téo hochait la tête négativement, répondant faiblement :

« Ca ne me dérange pas. J’ai encore un peu mal au crâne mais … Si Percila veut bien de vous, il faudrait que je trouve un endroit où me reposer. J’ai besoin de faire un peu le vide dans mon esprit avant de dire ce qui s’est passé. »

« Tu n’es pas forcé d’en parler, Téo. Je pense que ça peut rester secret. »

« Si je n’en parle pas, je risque de l’oublier une nouvelle fois. Je préfère éviter ça. »

Oui … Mais pour le moment, il fallait trouver un banc. Il était essoufflé, comme s’il venait de parcourir plusieurs kilomètres à la course. Chose impossible à cause de sa maladie. Percila … Elle avait été présente dans sa vie … depuis déjà quelques années.

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