- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Chapitre 89 : L’élément en soi
« Si je les attrape, ils vont le regretter amèrement. »
« Kéran, calme-toi, ne recommence pas la même imbécilité que la dernière fois. » répondit Swar tandis qu’il avait réussi à suivre à la trace ces foutues personnes encapuchonnées de jaune. Heureusement pour lui car sinon … sinon … Ah …
« Je ne recommencerai pas, Swar. Je veux juste récupérer mes pokémons et me débarrasser d’eux ! Ce n’est pas bien compliqué non ? Juste les faire disparaitre comme auparavant ! »
« Je suis d’accord avec Swar, Kéran. Ce n’est pas bon de t’emporter de la sorte. De toute façon, ils ne le savent pas encore mais mon Mélancolux est déjà derrière eux, en train de les suivre. Nous ne les perdrons pas de vue, ne t’inquiète pas. Il faut néanmoins que tu évites de t’emporter. Calme-toi et ensuite, nous verrons la marche à suivre. »
D’accord ! D’accord ! Il était calme ! Il était calme ! Ça ne se voyait pas ? Il était calme ! Ah … Ah … Il prit une profonde respiration. C’était simplement qu’il ne voulait pas perdre de temps. Si ces pokémons se retrouvaient blessés, il allait faire un véritable malheur. Loa le força à s’asseoir contre un arbre en attendant que son Mélancolux ne revienne.
Harno ne tarda pas à se montrer, signalant qu’il avait repéré l’endroit. Isolé de la ville, enfoui au milieu d’une clairière, il semblerait qu’il y ait un sous-sol car le bâtiment n’a pas l’air très imposant d’après ce qu’il a remarqué. Néanmoins, il vaudrait mieux faire attention car l’endroit semble bien gardé d’après les soldats vus.
Le jeune homme se redressa, déjà prêt à partir alors que Loa l’observait avec un peu d’inquiétude. Néanmoins, elle ne vint rien dire, ne faisant que l’accompagner alors qu’ils se dirigeaient maintenant tous les deux vers l’endroit dont parlait Harno. Regardant à gauche et à droite, Kéran semblait plus que soucieux et toujours un peu sur les nerfs.
« Si je les attrape … Si je les attrape … Ils vont le regretter … Ils vont vraiment le regretter. »
« Calme-toi, encore une fois, Kéran. Ça ne sert à rien de s’emporter. »
OUI MAIS NON ! Hum … Vraiment, il savait pertinemment que Loa avait raison. Il le savait parfaitement mais c’était juste qu’on parlait de ses pokémons ! De ses petits pokémons à lui et à personne d’autre ! Il ne pouvait pas imaginer ce qui allait se passer s’il perdait trop de temps à les rejoindre ! Ses pokémons … Il venait à peine de les retrouver ! Il venait à peine de les avoir dans ses bras et voilà qu’on tentait de les lui retirer. Il en était hors de question … Il en était hors de question, il ne voulait pas que ça se reproduise.
« Swar …. Kéran me fait étrangement peur. Est-ce que tu peux … lui parler ? »
« Malheureusement, le fait que je lui parle ne changera rien. »
« Est-ce que tu ne veux pas lui parler … de femme à homme ? » murmura Loa sans pour autant révéler à Swar qu’elle savait au sujet de son autre forme.
« Je ne suis plus une femme, simplement une entité ectoplasmique. Je ne vois pas pourquoi j’aurai alors à discuter avec lui et surtout pour une raison aussi futile. »
« Si Kéran perd la tête sans que tu l’aides, j’espère alors que tu te sentiras un peu responsable de ce qui lui arriver, Swar. » répondit Loa avant de tapoter doucement le dos de Kéran.
Il valait mieux ne pas perdre de temps mais elle lui faisait promettre d’être discret. Le jeune homme hocha la tête avant qu’elle ne lui sourît. Les deux personnes s’enfoncèrent dans la forêt, suivant le Mélancolux jusqu’à ce qu’il les emmène dans une petite clairière. Aucun chemin tracé dans la terre pour s’y rendre même si quelques arbres avaient été retirés pour qu’une route soit « visible » si on s’y forçait un peu.
Trois hommes montaient la garde devant une petite porte. Sans même qu’ils ne fassent quelque chose, Kéran et Loa remarquèrent que les trois hommes tombèrent au sol, soudainement endormis. Pourtant, Loa fit un petit sourire, apercevant le Mélancolux qui arrivait vers elle. Non ? Ils n’étaient pas endormis ?
« Hum … Harno je préfère que tu évites de les tuer si possible, d’accord ? Nous ne sommes pas des personnes violentes par nature. »
« Désolé … mais cela semblait être un cas de force majeure et je ne pense pas que l’être dans l’épée de ce jeune homme voulait réellement s’occuper de cela. »
« Merci beaucoup Harno. Et ne t’en fait pas pour Swar, elle n’est pas très loquace mais elle sait se rendre utile quand il le faut. Je lui fais entièrement confiance. » répondit Kéran, quittant sa cachette pour se diriger vers le bâtiment.
Il fut rapidement rejoint par Loa et son pokémon, les deux personnes pénétrant à l’intérieur du bâtiment. Aussitôt, plusieurs escaliers étaient possibles à descendre. Ça lui rappelait … Ça lui rappelait quelque chose de malsain.
Quelque chose de vraiment déplaisant et qu’il n’appréciait pas du tout. S’il tombait sur une arène, sur un endroit de la sorte, il allait faire un malheur. Il allait commettre un massacre ! Et il ne s’en priverait pas du tout ! Il ne s’en priverait pas de tous les tuer si ça s’avérait nécessaire ! Il voulait tout simplement les éliminer !
Il décida de prendre les escaliers les plus à gauche, accompagné de Loa. Tendant sa main pour qu’elle ne tombe pas, la jeune femme déposa la sienne alors qu’ils vérifiaient à faire le moins de bruit. Ils devaient trouver Sarène et les autres … rapidement !
Rapidement … Rapidement, rapidement … Ca recommençait. C’était en train de recommencer ! Il s’en doutait ! Il venait de s’en douter maintenant ! Il en était sûr ! Il en était sûr et certain maintenant qu’il l’avait en face ! Il était encore chez le Marché de la Mort ! Il revoyait les objets de torture, les caisses remplies de noigrumes et …
Il se retourna au même moment qu’il entendait quelque chose qui s’effondrait au sol. Loa venait de s’écrouler au sol, ses jambes ne la supportant plus. Elle posa une main sur sa bouche, ne pouvant s’empêcher de vomir alors qu’elle paraissait plus que révulsée. Elle ne connaissait pas un tel endroit, n’est-ce pas ? Il avait eu … la même réaction.
« Loa … Reprend tes esprits. Je vais aller m’occuper d’eux dès mainten … »
« Non. Kéran ! Non … Il ne faut pas … On ne peut rien y faire mais … Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi est-ce qu’ils font ça ? C’est quoi leurs raisons ? »
« Le Marché de la Mort fait partie de l’Antre des Artisans. Leurs buts est de vendre les pokémons ou alors de les dresser pour qu’ils combattent dans une arène où ils peuvent prendre des paris et diverses autres choses mais … »
« Kéran, ce n’est pas le Marché de la Mort que tu as en face de toi. » coupa Swar.
Ce n’était pas le Marché ? Alors, qu’est-ce que c’était ? Il écarquilla les yeux, regardant brièvement Loa avant d’observer à nouveau ce qu’il voyait. C’était pourtant des objets de torture et aussi … Ah ! Il le sentait que maintenant mais … Il faisait drôlement chaud ici. Qu’est-ce que … Des coulées de métal chaud ?
On pourrait presque croire à une forge. Mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi est-ce qu’il y avait une forge ici et maintenant ? Dans le Marché de la Mort, ils ne faisaient pas cela, non ? Finalement, il aperçut les trois personnes encapuchonnées, chacune tenant les trois pokémons qui appartenaient à Kéran. Le Makuhita ? Il se trouvait adossé contre une caisse, toujours évanoui. Il pouvait entendre la conversation entre les trois personnes à cette distance, une conversation dont il se serait bien fait passé.
« Alors … Pour les deux pokémons psychiques, je pensais à ce que l’on crée des lames jumelles. Il semblerait qu’elles soient sœurs jumelles donc ça leur correspondrait bien. »
« Quant à la Stalgamin ? On en fait quoi ? »
« Je me disais que peut-être, le mieux avec elle serait de s’en faire un jouet. Des fois, il fait sacrément chaud donc un truc qui permet de nous alerter sur la présence de spectres dans les environs mais aussi de nous rafraîchir, ça serait une bonne idée. »
Ce n’était pas les mêmes personnes. Ce n’était pas les mêmes personnes ! Ils ne faisaient pas partie du Marché de la Mort ! Il … Il … Il était où alors ? C’était qui ces types ? Y avait combien d’organisations qui faisaient des magouilles de ce genre ? ASSEZ ! ASSEZ ASSEZ ! IL EN AVAIT ASSEZ ! Il allait … Il allait …
Pendant que les hommes discutaient entre eux, déposant les pokémons au sol pour bien montrer qu’ils seraient les suivants, ce n’était … Ce n’était pas normal. PAS NORMAL DU TOUT ! Il devait se calmer mais il n’y arrivait pas ! La seule chose qui l’inquiétait plus que ça, c’était la réaction de Loa. Elle semblait apeurée et n’arrivait toujours pas à marcher. Il était hors de question de la laisser seule ici.
« Bon, je vais voir et faire un peu l’inventaire ! » annonça une voix alors qu’il ne regardait pas ce qui se passait. Un homme d’une trentaine d’années passa devant eux, ne les remarquant pas alors que Kéran jetait un regard. Personne … Personne ne les voyait, tous étaient trop occupés hein ? Trop occupés à mutiler et à tuer !
Sans hésiter, il vint attraper l’homme par le col, le tirant en arrière avant de mettre un bras pour le bloquer, la lame de l’épée posée sur son cou. Il allait perdre patience ! Vraiment perdre patience devant tout ce qui était en train de se passer devant lui !
« Je te conseille de ne pas faire un bruit. Tu alertes, je te tues, c’est compris ? » murmura faiblement le jeune homme, ensanglantant légèrement le cou en l’entaillant un peu.
« O… Oui mais ne me faites pas de mal, je … »
« Tu ne parles pas quand je ne t’en donne pas l’autorisation. Où est-ce que l’on est ? Ce n’est pas le Marché de la Mort ici non ? Alors, où est-ce que l’on se trouve ? »
« Vous vous rendez dans un endroit et vous ne savez pas où ? Mais vous … AH ! Je … Je vais vous le dire. Nous sommes chez les Créateurs Elémentaires ! »
« Continue donc … » souffla Kéran, peu enclin à attendre très longtemps.
« Nous … Nous sommes de la Sainte Alliance. Nous créons leurs armes et leurs armures. Nous créons de l’équipement qu’ils utilisent pour combattre les spectres et les créatures ténébreuses, c’est tout, c’est tout ! Je vous le promets ! »
« Et ensuite ? Continue … Car il n’y a pas que ça. Avec quoi vous les créez ? Comment est-ce que vous les créée ? PARLE ! »
« Avec des pokémons ! Tous les pokémons servent à créer les armes, armures et autres objets ! Nous nous servons de leurs capacités, de leurs pouvoirs, pour les insuffler dans des armes, c’est tout ! Ne me faites pas de mal ! »
« Tous les pokémons ? Vous tuez alors des créatures innocentes pour forger des armes et des armures qui vous protégeront, c’est cela ? Vous tuez des êtres vivants juste pour être sûr de ne pas être blessés, c’est cela ? »
« Je ne fais rien du tout moi, je ne fais que noter l’inventaire et dire où on dépose ces choses. Je ne fais pas l’écartèlement ou toutes ces choses moi ! »
« Oui … Bien entendu … Tu es pur et innocent. » bredouilla le jeune homme, pris de tremblements et de nausées. Une idée horrible venait de lui traverser la tête.
Remarquant les tremblements, l’homme lui donna un coup de tête, s’abaissant pour éviter la lame de l’épée avant de commencer à crier. Aussitôt, Kéran planta son arme dans le corps de l’homme devant les yeux surpris de Loa.
« C’est trop tard … C’est bien trop tard … Maintenant, je ne peux pas me le retirer de la tête, je ne peux pas m’empêcher de penser ça ! Je ne peux pas ! »
« Ké … Kéran … Tu viens de tuer un homme … sans … de sang-froid. »
« Et alors ? Reste près de moi, demande à Harno de te protéger s’il le faut mais je vais tous les buter ! Je vais tous les tuer ! Je vais tous, tous, tous ! »
« Swar ! Arrête Kéran avant qu’il ne devienne fou ! » cria Loa une nouvelle fois en direction de l’épée mais celle-ci avait déjà fait apparaitre son aura noire autour d’elle.
« Pourquoi cela ? La haine est un très bon vecteur. »
La haine ? C’est vrai que le jeune homme semblait parcouru par ce sentiment mais le ton froid et neutre de l’arme qu’il avait en main n’avait rien à voir avec celui de Swar.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Il y a des intrus ! ATTENTION ! JE REPETE ! IL Y A DES INTRUS ! TUEZ-LES AVANT QU’ILS NE COLPORTENT CE QUI SE PASSE ICI ! »
« Vous croyez vraiment que je vais le balancer à tout le monde ? Je suis sûr que déjà bon nombre de personnes le savent. Je suis sûr que beaucoup savent comment on fait ces armes et ces armures. Il n’y avait que moi … que moi qui ne savais rien, comme d’habitude. »
C’était une habitude chez lui. C’était vraiment une habitude chez lui d’être pris pour un imbécile ! Un imbécile comme il n’en existait pas deux ! Il le savait parfaitement ! Depuis le début, depuis le début, on lui mentait !
« Depuis des années … Depuis des années … »
« Depuis des années ? » demanda Loa, espérant par-là que le jeune homme n’allait pas commettre une bêtise. De toute façon, il était déjà trop tard puisqu’ils avaient été repérés.
« DEPUIS DES ANNEES, ELLE SAVAIT ! J’EN SUIS SÛR ! »
Elle ? De qui elle ? Ce n’était pas de l’épée dont il parlait puisque d’après ce qu’elle savait, le jeune homme ne l’avait que depuis une année voir un petit peu moins. Mais alors de qui est-ce qu’il était en train de parler ? Peut-être de cette Katérina ou alors de Sélia ?
« Attends un peu … Ce gamin … Je le connais ! » dit l’un des hommes, faisant déjà apparaître un Cizayox tout en sortant une épée qui s’enflamma.
« Ouais ? Et c’est qui alors ? Car il n’a pas l’air très net. »
« C’est le type du Marché de la Mort ! Le gamin qui n’a pas arrêté de tuer tous ses geôliers ! Il paraitrait qu’il avait fait un véritable massacre un soir ! »
« Oh putain … Et on est sensé faire quoi nous ? On n’est pas paré pour ce genre d’occasions ! On se barre ? Qu’est-ce que tu crois ? »
« Vous … pensez vraiment … que je vais vous laisser vous enfuir ? Est-ce que les pokémons ont eu cette chance ? » murmura doucement le jeune homme, sortant sa seconde épée.
« On a pas le choix … Faut espérer le buter, les autres vont arriver rapidement. »
Oui mais il faisait quand même drôlement peur. C’était quoi cette lueur de folie dans les yeux de ce gamin ? On aurait pu croire qu’ils avaient affaire à un psychopathe qui avait commis des meurtres en série sans jamais s’arrêter. Tout ça pour des pokémons dont tout le monde s’en foutait complètement ou presque !