- Épilogue : Toujours plus - 7 juillet 2021
- Chapitre 59 : Tous ensemble - 30 juin 2021
- Chapitre 58 : Maréchal - 16 juin 2021
Verset 9 : Seuls : Un roi, une reine, deux adultes et enfants
« Ergantia… Que devons-nous faire maintenant ? Ces enfants prennent de l’ampleur… »
« Je le remarque aussi, Pelledoum. Cela est assez inquiétant en un sens… J’ai bien une idée de ce qui risque de se passer mais ce n’est guère joyeux à l’entendre. »
« Est-ce que ce à quoi je pense ? Ou alors, me tromperais-je ? »
« Tu ne te trompes point… Mais il vaudrait mieux pour eux qu’ils s’arrêtent maintenant. »
Les deux adultes observaient les deux enfants avec un petit sourire peiné, un sourire qui fit crisper Hansel. Non… Qu’ils arrêtent de faire ça ! Il allait les exploser ! Oui ! C’était ça ! Les exploser en morceaux ! Les exploser complètement ! Hansel cria alors que ses mains noires se réunissaient sous forme de sphères :
« Ne parlez pas dans notre dos ! Je déteste ça ! Vous préparez un sale coup ! J’en suis sûr et certain ! Vous allez simplement vous taire ! »
« Tant de haine et de colère ne conviennent pas à des enfants de votre âge… »
« NE FAITES PAS SEMBLANTS DE NOUS COMPRENDRE ! »
« Mais nous te comprenons… Je suis celle qui pourrait mieux comprendre les plaies ouvertes dans ton cœur, Hansel… » murmura Ergantia en tendant ses deux mains vers lui, s’accroupissant en lui faisant un petit sourire.
« Je… Je… Vous vous moquez de moi… Vous croyez qu’on va tomber dans le panneau ?! Je vais vous exploser tout les deux ! C’est ce que je vais faire ! Gretel…. Recule ! »
« NON ! Je ne veux pas reculer ! Je ne reculerai pas ! Je veux me battre aussi ! Je veux aussi les combattre ! Ils veulent nous faire croire à des choses qui n’existent pas ! »
« Quelles sont ces choses qui n’existent pas ? Je peux lire dans le cœur des personnes… mais je ne peux pas deviner leur histoire… Est-ce que vous voulez nous la raconter ? A moi ? Et à Pelledoum ? Est-ce que vous le voulez bien ? »
« NON ! JE NE VEUX PAS ! JE NE VEUX PAS DU TOUT ! Vous n’avez pas besoin de le savoir ! Vous n’avez pas du tout à savoir ! »
Ergantia poussa un petit soupir entre l’amusement et la tristesse, se redressant alors qu’elle se tournait vers Pelledoum. Celui-ci mit ses mains blanches pour entourer la sphère noire qui allait les percuter, Hansel continuant de vouloir les attaquer.
« Vous êtes des adultes et… et… Vous faites semblants de nous comprendre ! Vous croyez que je vais tomber dans ce piège ?! Je ne suis plus stupide ! Je ne suis pas stupide ! Depuis des années ! J’ai toujours tout fait pour ma sœur ! Je ne vous laisserai pas abuser de notre confiance ! Pourquoi est-ce que nous vous ferions confiance ?! »
« Qui a parlé de confiance ? Nous voulons simplement savoir ce qui s’est passé… »
« JE VAIS VOUS LE DIRE ! Vous allez voir ! Je vais vous le dire et je vous tuerai ensuite ! Car je veux protéger ma sœur ! Et je ne la laisserai pas dans les mains de personnes comme vous ! Vous voulez tout savoir ?! »
« C’est le cas… Raconte nous donc. Nous t’écoutons. »
L’écouter ? AH ! Quelle bonne blague ! Qu’est-ce qu’ils voulaient écouter ?! Les mains noires disparaissaient peu à peu tandis que Gretel revenait près de son frère, celui-ci regardant d’un air haineux les deux adultes devant eux avant de dire :
« Nous sommes nés dans un petit chalet dans la forêt. A part nous, il n’y avait pas vraiment de trace de civilisation tout autour de nous mais ce n’était pas un problème. Notre père partait tout les matins et revenait le soir avec de quoi nous nourrir. »
« C’était un père très aimant alors… »
« NE M’INTERROMPEZ PAS ! SURTOUT PAS ! UN PERE AIMANT ?! LUI ?! Quand je dit : De quoi nous nourrir, c’est pour lui et notre mère ! Nous ?! Nous n’étions pas désirés ! Ils répétaient à longueur de journée : Ah si ils n’étaient pas là, si ils n’étaient pas là ! Vous croyez qu’on a été à l’école nous ? Non ! On ne sait rien ! On ne sait même pas écrire ou lire ! Rien du tout ! Du moins… Tant que nous étions vivants ! Et plus les années passaient, plus notre père avait du mal à attacher les deux bouts ! »
« Oui… Continue donc… Selon toi, vous n’avez donc eu aucune éducation… » murmura Ergantia en regardant les deux enfants.
« MAIS TU VAS T’ARRÊTER ?! Tu veux que je parle ou non ?! »
Ergantia hocha la tête d’un air positif, Pelledoum se mettant devant elle au cas où le jeune garçon perdait les pédales. Ils avaient arrêté d’enfler tout les deux mais il valait mieux rester très prudent et faire attention à ce qui ne se passe pas de bêtises.
« Et qui dit avoir du mal à attacher les deux bouts… dit avoir des choses pour oublier tout les soucis… Et alors que nous avions déjà du mal à être nourris, ne mangeant que ce qu’ils voulaient que nous mangions, voilà qu’il buvait comme un trou ! Et que sa femme faisait pareil ! De véritables ivrognes ! »
« Les penchants pour l’alcool… sont si dévastateurs… »
« TU ME LAISSES PARLER ?! Plus il buvait, plus il avait besoin d’alcool. Plus il avait besoin d’alcool, moins de nourriture il y avait à table. Et plus il devenait violent envers nous. Combien de fois est-ce que j’ai du cacher Gretel pour éviter qu’il ne la frappe et me prendre les coups à sa place ?! Elle n’avait rien fait ! Nous n’avions rien fait pour mériter ça ! Mais ce n’est pas ça le pire… C’est-ce qui est arrivé après… Oui… »
« Le moment où vous êtes morts, les enfants… »
« Taisez-vous ! SALE FEMME ! SI VOUS VOULEZ TOUT SAVOIR ALORS TAISEZ-VOUS ! Je vais vous le dire ! Oui, c’est bientôt qu’on est morts comme ça ! Vous allez le savoir comment on est morts ! Je vais vous le dire et ensuite, je vous tuerais pour protéger ma petite sœur ! Je vous tuerais tous ! »
« Mais avant, est-ce que tu veux bien continuer de parler, petit Hansel ? » demanda Ergantia d’une voix douce et tendre.
« Arriva un jour où notre père et notre mère décidèrent de se débarrasser de nous. Ils pensaient nous avoir en nous envoyant dans la forêt mais j’étais plus malin qu’eux ! Ils n’ont jamais remarqué que j’utilisais des petites pierres pour nous permettre de retrouver notre chemin ! Vous auriez du voir leur visage quand ils nous ont vu revenir ! »
« Je me l’imagine… Je me l’imagine oui… Continue donc… »
« Mais au bout d’un moment, la chance n’était plus avec nous… Encore que je ne crois pas qu’elle a déjà été avec nous un jour ! Je n’ai plus trouvé de pierres et ils nous emmenaient toujours de plus en plus loin dans la forêt, nous annonçant que certains pokémons très dangereux rôdaient dans les bois… mais nous n’en avions jamais vu un seul ! Et c’est là que nous n’avons pas pu retrouver notre chemin ! Nous étions perdus ! »
« Pauvres enfants… Cela a du être dur… Je me l’ima… »
« VOUS NE VOUS IMAGINEZ RIEN DU TOUT ! VOUS NE POUVEZ PAS VOUS IMAGINER COMME C’ETAIT DUR ! J’ai tout fait pour nourrir ma sœur ! J’ai cherché des baies, des fruits, tout ce qu’il fallait pour la nourrir mais nous étions en hiver ! Allez en trouver en grand nombre ! Et non-gelés ! C’était beaucoup trop dur ! Il y en avait à peine pour elle ! Et je ne vous parle pas de l’eau ! Je ne vous parle pas du … »
Il s’arrêta de parler, serrant les deux poings alors que Gretel prenait enfin la parole :
« Je voyais bien que mon grand frère… ne mangeait pas… mais les baies n’étaient pas comestibles à la base…Et puis… Contrairement à mon frère endurci… J’étais beaucoup… plus fragile… alors même si je mangeais le minimum… C’était mon frère qui était en meilleur état que moi… et puis un jour… »
« Je l’ai retrouvé en train de dormir sous la neige… Nous n’avions même pas trouvé de grotte… Mais ce n’était pas ça le problème… Ce n’était pas vraiment un sommeil… En fait… Ma sœur n’avait pas résisté à l’hiver… alors que j’étais parti chercher… de quoi la nourrir encore… Mais moi-même… A cause de mon corps affaibli, je trouvais de moins en moins de choses… Je ne grimpais plus aussi haut aux arbres… »
« Est-ce que… tu… Hansel ? »
« Oui ! J’ai juste jeté toutes les baies par-dessus bord et je suis resté avec ma sœur jusqu’au bout ! Même si elle n’était pas encore morte, je savais que ça ne servait plus à rien ! Dès l’instant où on dort face à une tempête de neige, c’est la mort qui nous attend ! C’est la mort ! ALORS J’AI PREFERE DORMIR AVEC ELLE JUSQU’AU BOUT ! JE DETESTE TOUS LES ADULTES ! TOUS ! »
« Je vois… Je vois, les enfants… Vous avez eu une enfance difficile, n’est-ce pas ? Enfin… Non… Une vie horrible… »
Elle se tourna vers son fiancé, celui-ci la regardant longuement comme pour la questionner. Ils hochèrent la tête d’un air positif, Ergantia se faisant propulser en arrière, suivie rapidement par Pelledoum. Les deux fiancés se retrouvèrent allongés au sol, du sang coulant de leur visage alors qu’Hansel avait un sourire aux lèvres, un sourire qui n’avait rien de bon.
« Maintenant… C’est terminé ! Fin de cette pathétique histoire pour un garçon tout aussi pathétique ! Si j’avais été plus fort… J’aurais trouvé un endroit pour ma sœur ! Mais je ne l’ai pas trouvé ! JE NE L’AI… »
Deux gigantesques mains blanches allèrent le compresser, ses os se mettant à craquer comme si ils étaient sur le point de se briser. Les deux mains se retirèrent alors que le couple se levait comme si de rien n’était. Hansel crachait du sang, son corps étant légèrement disloqué alors qu’il murmurait :
« Je… Je protégerai ma sœur… Je la sauverai jusqu’au bout… Elle est tout… pour moi… TOUT ! TOUT TOUT TOUT TOUT ! »
« Hansel ! S’il… S’il te plaît… Arrête… »
Avec difficultés, il alla l’enlacer, lui faisant un petit sourire en lui demandant de l’excuser, aspergeant sa joue de sang, lui demandant de lui pardonner d’avoir été un grand frère si faible… Il recommença à gonfler avant de disparaître dans le sol, Hansel criant son nom alors qu’il apparaissait juste derrière Ergantia. La femme aux cheveux verts fut repoussée avec violence, Pelledoum se mettant devant elle alors que les yeux d’Hansel se refermaient, son corps irradiant d’une forte lumière avant d’exploser complètement…
Aucun morceau… Il n’y avait rien du tout… Il avait tout simplement disparu sans laisser de trace de lui… Gretel cria son nom en pleurant toutes les larmes de son corps alors que derrière le nuage de fumée apparaissait Pelledoum. Son corps était recouvert de blessures et de brûlures diverses. Il haletait, cherchant à respirer alors qu’il était possible de se voir qu’il s’était protégé du mieux qu’il le pouvait.
« Grand… Grand frère… Non… Je… Je… Je… Merci… pour tout ce que tu as fait… mais… Une vie… sans toi, n’a pas d’importance… Vraiment aucune importance… à mes yeux… Je suis désolée… de gâcher la chance que tu m’as donnée… Je vais te rejoindre, Hansel… Je t’aime tant… » dit-elle dans un trémolo avant de se mettre à gonfler à son tour.
Elle disparue dans le sol, apparaissant en face de Pelledoum en faisant un petit sourire triste. Pelledoum se retrouva subitement téléporté en arrière, Ergantia se retrouvant à sa place, ses deux mains posées sur les épaules de la jeune fille avant que celle-ci n’explose de la même façon que son frère.
Lorsque le nuage de fumée laissa place à Ergantia, celle-ci se retrouvait dans le même état que son fiancé, se tournant vers lui avant qu’il ne crie de faire quelque chose. Elle eut un petit sourire, lui murmurant que c’était déjà fait alors que son corps laissait apparaître de nouvelles entailles, deux sphères noires tournoyant autour d’elle.
« Palladoum… Mon amour… Il y a une chose que je déteste vraiment dans ce monde… Vraiment… Je ne pensais pas détester… autant que ça… Mais je crois que j’en suis capable… Je suis désolée… »
« Tu n’as pas à l’être… Je crois que nous détestons la même chose… Ergantia ? Mon ange ? Est-ce que tu veux que l’on se soigne ? Nous pourrions le faire… Cela ne serait pas difficile pour nous… Tu t’en doutes bien… Nous pourrions aider le roi noir… »
Il approchait d’elle avec lenteur, et il était possible de se demander s’il n’allait pas tomber au beau milieu de sa marche. Il arriva près d’Ergantia, prenant ses mains dans les siennes avant d’attendre la réponse de la femme aux cheveux verts. De nombreuses entailles apparaissaient sur le corps de l’homme, les deux sphères noires tournoyant autour du couple.
« Mon Pygmalion… Est-ce possible que toi et moi avons la même idée en tête ? »
« Cela ne m’étonnerait pas ma Galatée… Devant… tant d’amour… ne serait-ce pas normal de faire quelque chose ? Pour eux ? »
« Pelledoum… Tu sais très bien ce qui nous attend… si nous faisons cela… »
« Ergantia… Et toi donc ? Est-ce que tu es préparée à partir ? »
« Tant que c’est avec toi… Je pourrais partir au bout du monde, même… dans celui des morts. Je suis prête… toujours prête… »
Il déposa tendrement ses lèvres sur les siennes, les mains d’Ergantia quittant les siennes pour caresser son visage alors le bas de leurs corps commençait à disparaître, laissant des petites boules de lumière blanche à leur place. Ces boules commencèrent à entourer les deux sphères noires tandis que Pelledoum retirait ses lèvres, reprenant d’une voix douce :
« De toute façon… Depuis le début… Nous savions que toute cette ville avait été crée pour elle… Même si Oricalk ne le disait jamais… »
« Nous savions pertinemment… que tout cela provenait d’un cœur pur… Toutes ces choses étaient faites pour cette personne… »
« Comme ce que nous faisons sont pour ces personnes… »
« Pelledoum… Je suis si heureuse… de t’avoir connu… Nous nous retrouverons n’est-ce pas ? Dans une autre vie ? »
« Nos cœurs seront toujours liés… Mais tu es d’accord pour laisser un peu de place ? »
« Pour eux ? Oui… Bien entendu… Adieu… Pelledoum. »
Il murmura les mêmes paroles alors que leurs corps éclataient en bulles de lumière, celles-ci tournoyant autour des deux sphères noires avant de les unir en une seule… Une magnifique sphère blanche qui disparue dans le ciel, s’éloignant nul ne savait où… Maintenant, il n’y avait plus personne… de chaque côté… Il ne restait plus rien… Seule Mana et Oricalk allaient se faire face… Tout avait disparu autour d’eux.
Seuls… Les deux enfants étaient morts seuls…
Seul… Avant ce jour, le couple ne pensait qu’à lui seul…
Seuls… Le roi blanc et la reine noire étaient maintenant seuls…
Mais derrière eux, une ombre restait présente.
Malveillante ? Bienveillante ? Mais néanmoins importante.
Les derniers coups allaient finalement être joués.
Tout cela sous SON œil.
Erèbe, solitude, verset neuvième.