Chapitre 1 : Un chevalier problématique

ShiroiRyu
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Premier signe : A l’école des chevaliers

Chapitre 1 : Un chevalier problématique

« Aie, aie, aie ! MAIS MERDE ! On est quatre ! »

Un poing qui frappait au sol avec rage, plusieurs personnes étant au sol alors qu’une seule restait debout. Toutes avaient un air juvénile, caractéristique de l’adolescence bien que les personnes au sol saignaient en de nombreux endroits, que cela soit à cause d’éraflures causées par la chute ou au visage par un poing ou un pied bien placé.

« Vous en avez assez ou vous voulez que l’on continue ? »

« C’est quoi cette blague ? Depuis quand est-ce qu’un adolescent se doit d’être plus fort que quatre d’entre nous ? Et c’est même pas du judo ou du karaté ! »

« Visiblement, vous n’avez pas encore votre compte. Vous voulez continuer. Aucun problème, ça ne me dérange pas du tout. Vous vouliez me faire les poches ? Je vais faire les vôtres. »

Il s’était déjà mis à se pencher en avant pour rentrer la main dans le pantalon d’un des adolescents au sol … mais l’un de ses comparses tenta de faucher les jambes de celui qui voulait récupérer quelques pièces dans la poche.

« Je peux savoir ce que tu essaies de faire ? »

Le genou vient frapper contre le pied de l’adolescent aux cheveux noirs, celui-ci le toisant de ses yeux rubis, un sourire mauvais aux lèvres. Sans aucune once d’hésitation, son pied se soulèva, sa semelle venant frapper violemment sur le genou de l’adolescent au sol, un craquement sonore se faisant entendre. Un cri accompagna rapidement le tout :

« Putain ! Mais putain, il m’a cassé la jambe ! J’en suis sûr ! »

« Vous pensiez que j’allais juste vous mettre quelques claques et vous dire de déguerpir ? Je ne suis pas comme ça, pas du tout même. »

Un autre coup de pied mais cette fois en plein ventre et voilà qu’un second adolescent se retrouva projeté contre un mur. Le même adolescent fut soulevé par le col, celui aux cheveux noirs hirsutes et aux yeux rouges ayant un sourire mauvais aux lèvres :

« Tu me donnes tout ton argent tes amis aussi sinon … »

« Mais cet argent, on en a besoin, nous ! On doit le garder pou … »

« J’en ai strictement rien à faire. Il ne fallait pas me provoquer si tu craignais de perdre. »

C’est maintenant la tête qui alla percuter le mur. D’une main, il commença à fouiller les poches de l’adolescent, les trois autres cherchent à se relever pour commencer à s’enfuir. Néanmoins, celui aux cheveux noirs projeta leur compagnon sur eux.

« Ne commencez donc pas à galoper. Je n’en ai pas terminé avec vous. »

« N … NON ! NON ! Lâche-nous un peu au lieu ! »

Des cris, des cris fusèrent un peu partout et au bout de cinq minutes, l’adolescent aux cheveux noirs quitta la ruelle, laissant quatre corps presque inanimés derrière lui. Remettant correctement sa veste noire sur son haut rouge, un petit rire se fit entendre.

« Ce n’est pas le moment d’en plaisanter. »

« Oh, je trouvais juste cela assez drôle en soit. »

Il se fichait particulièrement du regard étonné des personnes autour de lui. Alors qu’il marchait, une créature quadrupède faite de métal se tenait à ses côtés, semblant pouvoir lui faire la conversation. Dans ses mains, il commençait à compter l’argent récupéré.

« C’est plaisant de voir des imbéciles qui espèrent pouvoir récupérer de l’argent facilement. »

« Ce n’est pas comme si nous avions totalement besoin d’argent aussi. »

« Je le sais bien. Maintenant, tais-toi, ils nous observent. »

Il savait parfaitement comment les gens le considéraient. Surtout quand la créature de métal qui marchait à côté de lui se mettait à parler. Ce n’était pas vraiment des plus rassurants en fin de compte, loin de là même. Mais qu’importe, il n’en avait strictement rien à faire. Il ne se battait pas pour la veuve et l’orphelin mais simplement sa propre personne.

« Avec cela, je devrais avoir normalement de quoi bien manger quelques jours. »

« Il faut que tu renforces ton corps et … »

« Humpf. Je vois, il fallait s’en douter de toute façon. »

Il venait d’attirer l’attention de quelques personnes de la justice, rien que ça. Bon … il fallait donc se mettre à courir, n’est-ce pas ? Il tapota du pied sur le sol avant de commencer à accélérer le mouvement sans même regarder derrière lui. Quelques minutes plus tard, il se savait déjà en sécurité, ayant facilement distancé les autres personnes.

« C’est donc ainsi la vie qui nous attends ? »

« Cela fait déjà trois ans. Tu peux répéter cela, rien ne changera dans le fond. »

« Je m’en doute, n’est-ce pas ? Mais rien ne m’empêche d’essayer. »

« Tu parles trop, je te l’ai déjà bien souvent dit. »

« Si je ne parle pas, qui le fera pour te tenir la conversation ? »

L’adolescent aux cheveux noirs ne répondit pas, fermant les yeux avant de s’adosser à un mur, les bras croisés. Il ferma les yeux, cherchant le sommeil pour quelques minutes. Ensuite, il reprendrait la route et se mettrait en quête d’un endroit où dormir pour la nuit.

« Debout, ça fait une bonne heure. »

Il rouvrit ses yeux, se les frottant avant de mettre une main devant sa bouche. Une heure ? La créature quadrupède, faite de métal bleu et noir hocha la tête, reprenant :

« Une bonne heure. Tu manquais vraiment de sommeil, hein ? Maintenant, il va falloir que l’on trouve un endroit où manger. »

« Je ne veux pas une auberge. Quelque chose pour la route me suffira amplement. »

De toute façon, dans les grandes villes, c’était monnaie courante. Il y avait beaucoup de petits commerces qui jouaient là-dessus. Le repas facile à emporter mais cher. Ce n’était pas forcément la meilleure chose qui pouvait se dérouler de toute façon.

« Pff … qu’importe. Comme si ça m’intéressait réellement. »

Il disait cela avec nonchalance, sans même se sentir ne serait-ce qu’un peu concerné par la suite des évènements. Il avait de l’argent, il pouvait faire alors ce qu’il désirait. Il recommença à se mouvoir, se dirigeant vers un étal qui vendait quelques fruits. Pour ce soir, ça allait suffire normalement. Il paya plusieurs pommes, recommençant à s’éloigner.

« Tu pourras m’en donner une, par contre ? »

« Pommes ? Est-ce que tu blagues ? Tu serais incapable de la manger. »

« Tu sais parfaitement que si. »

Il haussa les épaules, lui envoyant une pomme alors que la créature de métal ouvrit la gueule pour la réceptionner dans celle-ci. Quelques secondes plus tard, bruit de mastication et un peu de jus de pomme s’écoulèrent de la bouche de la créature.

« Essaye néanmoins de manger à peu près correctement s’il te plaît. »

« Baaaaah ! Il n’y a pas de quoi en faire un drame non plus hein ? »

« … … … si. » soupira l’adolescent aux cheveux noirs avant de croquer à son tour dans une autre pomme tout en réfléchissant à ce qu’il allait devoir faire.

Il ne remarqua pas que, juché sur un toit, une autre personne était en train de le surveiller, accroupie et ayant un petit sourire aux lèvres. Elle murmura avec amusement :

« On dirait bien que c’est notre cible, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Hihihi ! Pas vraiment de chance de se tromper hein ? Un adolescent avec une créature de métal, tu n’en trouves pas à chaque coin de rue, hihihi ! »

« C’est vrai. Mettons-nous en route dès maintenant. » reprit la même personne avant de sauter du toit pour arriver à celui d’un autre bâtiment, bien plus grand que le précèdent. La hauteur ne semblait pas déranger cet être plus que ça.

Le constat avait été simple : ils ne dormiraient pas dans un hôtel ce soir. Il en avait décidé ainsi en vue du peu d’argent qu’il avait récupéré sur ces voyous. De plus, vu les rares bâtiments un peu chics de la ville dans laquelle il se trouvait, ça ne servait à rien d’espérer qu’ils loueraient une chambre à un adolescent, même s’il avait de l’argent plein les poches.

« On dort à la belle étoile, c’est ça que ça veut dire ? »

« Ce n’est pas difficile de l’imaginer, non. » murmure l’adolescent en réponse à créature faite de métal alors que celle-ci reprenait aussitôt :

« Dommage, dommage. Enfin bon, on ne va pas s’en plaindre hein ? »

« Il vaut mieux éviter, c’est ça. » répond l’adolescent sur le même qu’auparavant, distant et las avant de continuer à marcher dans la ville. Dans ce genre d’endroits, il y avait bien souvent un parc ou deux. Souvent surveillés par des policiers, il n’y avait que peu de chances de pouvoir trouver un endroit correct où dormir. Mais en même temps, il n’en avait pas encore terminé avec cette ville donc il devait rester à l’intérieur, voilà tout.

« Cela me semble correct, n’est-ce pas ? »

« Ca peut aller. » souffle-t-il en mettant une main sur son front.

Un simple blanc, isolé des autres, voilà ce que ça suffisait. Rien de plus, rien de moins. Qu’est-ce qu’il pouvait en faire d’autre ? Il s’installa sur le banc, venant s’allonger avant d’ouvrir son sac à dos. Une petite couverture, assez fine et faite de laine bleue, voilà ce qu’il récupéra dans son sac avant de se le mettre sur le corps. Il allait surement avoir mal au dos mais ça, c’était devenu une habitude à force.

« Installe-toi sur mon ventre et ne bouge plus. »

« J’y comptais bien. » déclara la créature faite de métal avant de se mettre à bailler.

« Qu’est-ce que tu es lourde. »

« Je suis faite de métal, ça ne change pas que je ne te permets pas de me dire ça. »

Il poussa un profond soupir avant de bien se positionner. Malgré la lourdeur de la créature de métal sur son corps, il ne semblait avoir aucun mal à la supporter. Il ferma ses yeux rubis pour le reste de la soirée, sachant pertinemment qu’il ne serait pas dérangé. La créature de métal veillera sur lui de toute façon.

« Dors bien quand même, hein ? »

« Oui, oui … pareil pour toi. Si tu es vraiment capable de dormir. » murmura l’adolescent aux cheveux noirs, cherchant le sommeil. Quelque chose qui ne tarda guère en vue des petits évènements de la journée. Bien entendu, tabasser des adolescents en bande qui pensaient faire leur petite loi, c’était divertissant … mais au fur et à mesure, ça devenait peu à peu épuisant donc bon … autant se reposer complètement pour la journée.

Le lendemain matin, il s’était déjà réveillé à l’aurore. Normalement, il avait beaucoup à faire d’après ce qu’il avait imaginé pour la journée. Il donna un petit coup de doigt sur la créature de métal, la forçant à se réveiller, celle-ci marmonnant :

« Hum … quelques heures de plus, s’il te plaît. »

« Tu blagues, non ? Debout ou alors, je m’emporte. » répliqua l’adolescent, la forçant à se lever de lui alors qu’il craquait déjà les os de son cou.

« D’accord, d’accord, merci monsieur le ronchon. Même pas capable de dormir correctement. Pfff … et qu’est-ce que monsieur tête de mule a décidé pour la journée ? »

Il ne répondit pas, se levant du banc, passant une main sur ses cheveux noirs. Ce qu’il avait pensé ? Pour l’heure, rien du tout de spécial. Pas du tout même. Il poussa un profond soupir comme à son habitude, déclarant :

« Nous verrons sur le moment. Pour l’heure, mettons-nous en route. »

« Encore deux minutes, le temps que je sois bien éveillée. »

Vraiment ? Elle se moquait encore de lui ou quoi ? Non, bon … attendre quelques minutes, ce n’était pas un véritable problème. Il pouvait bien patienter si elle ne se moquait pas trop de lui. Pfiou … Bon, ils étaient en pleine matinée, personne n’était debout et …

« Ah ! Enfin debout ? Dire que j’ai attendu ton réveil par esprit chevaleresque. »

Hum ? Il cligna des yeux plusieurs fois, pour être sûr d’avoir très bien compris ce qui venait de se passer. Quelqu’un venait de lui adresser la parole délibérément, n’est-ce pas ? Il n’avait aucune crainte et … Oh. Il fronça les sourcils, se mettant correctement en position de défense. Ils étaient peut-être …

« Hihihi ! Il semble bien sur ses gardes ! Pourtant, il ne s’attendait pas à ce que l’on arrive non ? Tu crois qu’il savait que nous étions là ? »

« Je ne pense pas, Istiti. Pas du tout même. »

Istiti ? L’adolescent aux cheveux noirs se désintéressa de celui en face de lui, observant la créature qui l’accompagnait. Une autre créature faite de métal ?! Principalement faite d’une couleur orange, elle marchait sur deux pattes et avait … une queue enflammée bien que celle-ci aussi était en métal ? Qu’est-ce que …

« Je suis le chevalier du Ouisticram et voilà mon compagnon, Istiti ! »

« Qu’importe. Je ne m’intéresse pas à la chevalerie. » rétorqua l’adolescent aux cheveux noirs avant de faire quelques pas. Il était hors de question qu’il se batte contre un chevalier pokémon. Cela ne le concernait pas.

« Pourtant, tu es comme nous, tu possèdes bien une armure pokémon. Quel est son nom d’ailleurs ? C’est la première fois que je vois cette espèce. »

« Ne lui répond pas, Sarine, compris ? »

« Bon, bon, bon … tu devrais plutôt être content, non ? Qu’on trouve quelqu’un. »

Elle savait parfaitement son opinion à ce sujet ! Il ne voulait rien à voir avec les chevaliers pokémon ! Pas du tout même ! Il fixa Sarine avec énervement, la regardant pendant plusieurs secondes. Qu’elle se taise et ne prenne plus la parole !

« Il paraitrait d’après les rumeurs qu’un jeune chevalier pokémon de bronze crée de nombreux problèmes dans les environs. J’ai été envoyé pour m’occuper de lui. »

« Je ne vois pas de qui est-ce que tu veux parler. Maintenant laisse-moi, nous avons bien mieux à faire, Sarine et moi. Nous nous en allons. »

Il se retourna, faisant un geste de la tête à sa pokémon de métal pour qu’elle se mette à le suivre. Un petit soupir se fit entendre de la part de Sarine puis une main se posa sur l’épaule de l’adolescent aux cheveux noirs. Il n’avait même pas daigné étudier celui qui venait de faire ça bien que ce dernier reprenait la parole :

« Ohla, ohla, ohla, tu n’as pas besoin de t’enfuir, je … »

« Vires ta main de mon épaule. »

Sans même prévenir, l’adolescent aux cheveux noirs donna un coup de pied en arrière, frappant le ventre de celui qui avait osé faire ce geste malheureux. Il se retourna vivement, faisant face à l’autre adolescent. Des cheveux couleur feu, il devait surement avoir son âge. Il avait aussi une longue pointe dans les cheveux, qui tendait vers le ciel.

« Aie, aie, aie … tu m’aurais presque fait mal. »

Hum ? Le coup n’avait eu aucun effet, c’est bien ça ? Pourtant, il n’avait pas lésiné sur la force dans le pied. Tsss ! C’était visiblement bien un chevalier pokémon de bronze, n’est-ce pas ? Il fallait s’en douter que ça n’aurait pas duré plus longtemps.

« Bon, tu ne me laisses pas le choix. »

« Qu’est-ce que j’ai causé comme problème pour que l’on me colle un chevalier pokémon ? »

« Tu dois pourtant bien le savoir, non ? Tu es aussi l’un d’entre nous. »

« Ne me mettez pas dans le même panier que vous. Je te laisse la possibilité de partir de ma vie et de ne plus me provoquer sinon … » murmure l’adolescent aux cheveux noirs avec lenteur alors que sa compagnon faite de métal lui dit avec lenteur :

« Ce n’est pas forcément une bonne chose que de le menacer. »

« Je m’en contrefiche ! Il n’avait pas qu’à se mettre en travers de mon chemin ! »

« Tu m’excuseras mais malheureusement, ça ne va pas être possible. J’ai eu cette mission qui est de te ramener, coûte que coûte. Je ne peux pas revenir les mains vides. »

Ah oui ? Le ramener où ? Il n’avait aucun endroit où revenir ! L’adolescent aux cheveux auburn fit un mouvement vers lui mais aussitôt, il se jeta sur lui. Il n’allait pas se laisser faire ! Il n’allait pas se laisser emporter ! Il en était hors de question ! Il poussa un cri de rage et de colère avant de commencer à donner des coups de poing et de pied. Malgré la vitesse particulièrement grande de ses coups, aucun n’arriva au contact de son adversaire :

« Ohla ! Ohla ! Hey, hey ! On n’est pas obligé d’utiliser la force quand même hein ? Je disais ça comme ça ! Hey, hey ! T’as compris au moins ce que je dis ? »

« Je me contrefiche de ce que tu veux dire ! Tu ne m’auras pas ! HORS DE QUESTION ! JE NE ME LAISSERAI PAS ATTRAPER PAR TOI ! »

« Hey, hey, hey ! Zut zut ! Il y va vraiment ! Je fais quoi, Istiti ? Je dois me battre aussi ? »

« Soit malin comme un Ouisticram ! » répond la créature de métal orangé avant de pousser un petit rire, l’adolescent faisant de même de son côté.

Ah oui ? Il le prenait comme ça ? Il allait voir quand il allait réussir à le toucher ! Ses os allaient se briser, un par un ! Il allait lui faire comprendre qu’il ne fallait surtout pas le provoquer dans ce genre de cas ! CLAIREMENT PAS ! Mais pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas à le toucher ? POURQUOI ? C’était un vrai singe ou quoi ?! Ce n’était pas normal de ne pas pouvoir l’atteindre ! Malgré tout ce qu’il faisait !

« Ne m’oblige pas à sortir les grands moyens ! Tu risquerais de le regretter ! » hurle l’adolescent aux cheveux noirs, devenant comme enragé par la situation. Il allait se les faire tous les deux ! Ils allaient comprendre leur douleur !

« Il s’emporte beaucoup trop, hihihi ! » s’écrit le Ouisticram de métal alors que l’adolescent qui l’accompagne n’a aucun mal à éviter les coups.

« La colère empêche la raison, s’il ne garde pas son calme, ça sera plus simple que prévu. Bon, juste quelques coups pour le prévenir. »

Qu’est-ce que … cette fois-ci, c’était lui qui devait se défendre ? C’était une blague, n’est-ce pas ? C’était une blague non ? Il tenta d’esquiver les coups mais rien à faire ! Il ne pouvait pas ! Vite ! Il devait les parer ! Protection au bras, protection sur les côtes, la hanche, le torse ! Il ne lui laisse même pas souffler ne serait-ce qu’un peu !

« JE VAIS VOUS APPRENDRE A VOUS MOQUER DE MOI ! SARINE ! »

« Oh zut … Vraiment ? Bon … D’accord, comme tu le désires. »

Le corps de métal chez la dragonne se met à luire avant de se séparer en plusieurs morceaux. Flottant dans les airs pendant quelques instants, les quatre pattes de la créature s’ouvrent, venant se loger autour des bras et des cuisses de l’adolescent. Ce qui composait le corps de la créature se colla sur sa poitrine, formant une armure noire recouverte de fourrure parcourue par des taches rouges. Enfin, la tête de la créature s’ouvrit à son tour, son visage s’ancrant dans ce qui allait maintenant devenir un casque noir avec une pointe sur le sommet du crâne. L’adolescent, nouvellement en armure, regardait son adversaire. Il était l’heure de souffrir.

Chapitre 85 : Une mauvaise surprise

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Chapitre 85 : Une mauvaise surprise

« Est-ce que mes données sauront vous convenir ou non ? »

« D’après ce que vous m’avez dit, cela devrait être parfait, j’imagine. »

« Alors pourquoi ce visage déçu depuis hier soir ? » demanda Manelena en croisant les bras, s’adressant au chef des rebelles. Celui-ci répondit dans un sourire :

« Simplement le fait que vous ayez invité tout le monde hier à ma table lors de nos négociations. J’avoue que cela m’a étonné de votre part. »

« Vous ne m’aviez rien interdit, que je saches. Je ne vois pas pourquoi il m’aurait fallut caché de telles informations à Tery et aux autres. » rétorqua la femme aux cheveux argentés.

« Je pensais que vous aviez gardé quelques secret mais il s’avère qu’au final, vous avez une extrême confiance envers toutes ces personnes. Je dois avouer que cela est assez remarquable, mes félicitations. Cela doit être difficile pour vous, non ? »

« Pas vraiment et je n’aime pas vos insinuations. Bon … Je vais retourner voir les autres. J’imagine que l’assaut sera lancé très bientôt, n’est-ce pas ? »

Pour toute réponse, il ne fit qu’hocher la tête positivement, encore avec ce fameux sourire aux lèvres. Elle devait reconnaître qu’il avait du charisme, elle comprenait pourquoi des milliers d’hommes et de femmes avaient décidé de le suivre, alors qu’il n’avait pas de sang noble.

A partir de là … ah … non, qu’est-ce qui lui prenait de réagir de la sorte ? Est-ce qu’elle était fatiguée ? Mais hier, elle avait entendu le nom de ce chef : Hémurion. C’est pourquoi elle avait passé la nuit à chercher son origine sans le trouver. Il était totalement inconnu … et à partir de là, c’est ce qui le rendait plus dangereux, beaucoup plus.

« Oh, Manelena ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu fais une sacrée tête. »

« Humpf, Tery Vanian. Cela ne te concerne pas, retournes plutôt t’occuper des autres. »

Hey, c’était lui ou elle venait de lui répondre encore une fois assez froidement ? Déjà que depuis hier, ce n’était pas vraiment la joie … mais qu’est-ce qui lui prenait ? Enfin bon, il valait mieux ne pas lui demander sous peine de se faire lyncher, comme à son habitude. De ce qu’il avait compris, ils allaient lancer un assaut très bientôt, c’est ça ?
Un assaut … donc s’en prendre directement dans les rues de Midès puis le château hein ? Peut-être même que ça serait le premier et dernier assaut qu’il fera avec Elen et les autres. Vu son groupe, il y avait de fortes chances que tout se joue en un instant. AH ! Depuis quand est-ce qu’il avait autant confiance en ses capacités ?
Depuis quand est-ce qu’il se croyait aussi fort ? Tous les jours, il craignait cette voix dans cette tête. Tous les jours, il avait peur de perdre quelqu’un, de mourir, de disparaître … ou tout simplement pire : de devenir fou à cause de ses cornes.

« Pfff … de toute façon, je vais vivre au jour le jour, comme d’habitude. »

Il se disait cela tout en cherchant du regard où étaient les autres. Encore en train de parler avec les rebelles ? Il allait finir par croire qu’il était vraiment de retour à Shunter … comme auparavant, en fin de compte. Ce n’était pas une mauvaise chose.

« Mais dès qu’ils me verront combattre, ils comprendront que je ne suis qu’un monstre. »

Oh, lui-même ne se prenait pas comme tel mais … ah … il ne faisait pas d’illusions. La masse populaire ne lui fera aucun cadeau. Pour l’heure, ils n’étaient peut-être pas encore tous au courant mais comme une traînée de poudre, cela allait exploser. Surtout lorsqu’ils le verront à l’oeuvre face aux soldats de l’armée de Shunter.

« Je ferais mieux d’aller voir Clari, moi. Ca va pas très fort en fin de compte. »

Pfiou, pas du tout la forme même. Il poussa un profond soupir, mettant ses mains dans les poches. Il sentait qu’il y aurait une attaque lancée dans la journée, peut-être dans la soirée. Et à partir de là … enfin, ce n’était pas aussi dirigiste que l’armée de Shunter. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il avait cette impression que rien n’était préparé ?
Hum … Il ne devait pas se plaindre, ce n’était pas à lui de gérer l’armée rebelle mais est-ce qu’ils allaient réellement pouvoir prendre le château avec ça ? Il n’avait pas tellement confiance dans les capacités des rebelles. Mais à côté, s’ils arrivaient à gagner du terrain par rapport à l’armée de Shunter, c’est qu’il y avait une bonne raison ? Leur chef était doué, très doué mais il n’était sûrement pas le seul. Il devait plutôt se rassurer mais une petite boule dans le ventre était bien présente. Il se sentait mal … sans savoir exactement pourquoi.

Un assaut. Ce fût confirmé par le chef des rebelles. Hémurion, c’est bien ça ? Il avait retenu son nom lorsque Manelena leur en avait parlé. Il allait devoir le garder en tête car il avait l’impression que ce nom deviendrait célèbre dans le futur et très vite même. Un assaut … ils étaient encore à plusieurs kilomètres de la cité de Midès mais qu’importe, ce n’était pas du tout cela le problème dans la situation actuelle.
Ils allaient s’en prendre à la cité … sans blesser les habitants normalement, à cause du fameux couvre-feu dont il avait entendu parler. Mais ce n’était pas vraiment ça le problème, le problème, c’était plutôt ce qu’ils allaient combattre. Est-ce que ça serait les soldats de Midès ? Les milices de la ville ? Quelques magiciens ? Car oui, malgré les années qui passent, il n’oubliait pas les différentes guildes là-bas.

Les guildes … ah … il avait vraiment cette impression de renier toute sa nation à cause de cette histoire. C’était stupide mais bon … il pensait toujours de cette manière. Le problème, c’est qu’il semblait être le seul à réagir de cette manière. Restant auprès d’Elen pour le reste de la journée, il attendit que Manelena vienne les chercher, chose qui ne tarda pas.

« C’est bien pour ce soir. Il a décidé de mettre en pratique mes conseils. La ville sera assiégée avec très peu de pertes des deux côtés, Tery, Elen. »

« C’est décidé … ah … d’accord. Est-ce que les groupes .. enfin, comment est-ce que nous allons faire les groupes, Manelena ? »

« Moi, toi, Elen et Clari d’un côté. Royan, Elise, Sérest et Séran de l’autre, rien de plus. »

« J’aurais demandé si c’était normal de nous mettre tous ensemble mais … »

« Souci d’expérience et combat en commun. Royan et Elise sont complémentaires, comme l’eau et le feu. Sérest et Séran sont mariés donc la question ne se pose même pas. Quant à nous, tu as combattu souvent avec Clari et moi dans l’armée. Et Elen bien avant nous donc tu es le mieux placé. Je ne suis pas au stupide mettre mes sentiments en jeu pour ça. »

« Je n’ai jamais parlé de sentiments ou autres. Je ne vois pas pourquoi tu dis une telle chose, Manelena mais bon, je comprends quand même où tu veux en venir. »

« Et je ne veux aucune insinuation à ce sujet … Clari, compris ? »

« Mais je n’ai rien dit … enfin, pas encore, hahaha ! »

La femme aux couettes blondes observa Manelena avec un grand sourire, celle-ci partant pour ne pas avoir à s’énerver une nouvelle fois. Clari se tourna ensuite vers Elen et Tery, les observant tous les deux avant de tapoter contre son coeur :

« Ca sera très dangereux, Tery mais ne t’en fait pas, avec moi à tes côtés. »

« Je dois m’en faire ou ne pas m’en faire ? » demanda Tery tout en rigolant, se sachant parfaitement en sécurité avec elle. C’est pourquoi il ne se posait aucune question à ce sujet, attendant tout simplement qu’Elen prenne la parole à son tour.

« Avec nous deux à tes côtés, tu n’aurais pas à te soucier de tes blessures, Tery. Nous te soignerons dès la moindre goutte de sang sur ton visage. »

« Me voilà définitivement rassuré, les filles. Merci à vous deux. »

Des paroles sincères venant de sa part, pour ne pas changer. Il n’allait pas leur mentir … bien qu’il ne se sentait pas en confiance dans tout ça. Ah … Pfiou … bon … il devait se donner une petite claque sur les joues puis se préparer mentalement au combat.
Royan et Elise vinrent le voir quelques minutes plus tard, le questionnant au sujet des compositions. Il n’hésita pas à leur expliquer les propos de Manelena, signalant que c’était le meilleur choix possible avec des adeptes de Zélisia et Alzar ainsi qu’un démon dans chaque groupe. Avec cela, impossible de perdre normalement.

« J’ai juste … un mauvais pressentiment. Je ne sais pas comment l’exprimer, Tery. »

« Rassures-toi, tu n’as pas à t’en faire. Elise te collera vraiment, j’imagine qu’elle ne laissera personne s’en prendre à toi. De même, si les soldats sont un peu renseignés et malins, ils te reconnaîtront et … » commença à dire Tery avant que Royan ne le coupe :

« Quand mes propres citoyens ont du mal à me reconnaître sans mes habits royaux, tu dois te dire que cela ne changera pas grand-chose de ce côté. »

« Peut-être que oui … mais par contre, sur la partie d’Elise, je suis sûr et certain de ce que j’avance, Royan. Je ne vois pas pourquoi je me tromperais. »

Pour toute réponse, Royan soupira. Bon … Ils étaient donc finalement prêts ? Mais à bien voir ce qu’avait prévu le chef des rebelles, ils allaient être entourés par d’autres personnes. Logique, ils ne pouvaient pas se déplacer par par petits groupes, l’armée de Shunter ne laisserait pas faire ça. Midès ne valait clairement pas Omnosmos en terme de taille.

Hum … mais est-ce que ça serait trop ou non ? Il n’avait aucune idée. Pfiou … Pfiou … Il était temps de se mettre en marche. Mais à chaque pas, il se sentait le coeur plus lourd. Attaquer la capitale de sa propre nation. Qu’on le veuille ou non, ça lui faisait mal, très mal. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à ça.

« Allons, Tery. Tu ne fais pas ça contre ta nation mais pour ta nation. D’accord ? »

« J’aimerai bien le croire mais je ne sais pas … je reste anxieux pour une raison qui m’est complètement inconnue. Je n’arrive pas à comprendre ce que je dois faire. »

« Alors, fais comme moi, agis sur le moment, ça sera beaucoup plus simple ! »

Clari avait toujours des idées invraisemblables ou des paroles qui pouvaient déranger mais … voilà, bizarrement, ça lui convenait parfaitement. Il eut un léger sourire avant que Clari ne pose une main sur son épaule pour le rassurer. Oui, agir comme d’habitude.
Agir comme d’habitude. Les griffes étaient déjà sur ses poings alors qu’ils arrivaient maintenant à une distance respectable de la capitale. Il n’y avait aucun soldat qui surveillaient les entrées ? Oh merde. Il eut un pincement au coeur. Les soldats qui protégeaient la capitale. Il venait d’y penser à nouveau.

« J’espère qu’ils ne seront pas là même si ça date … »

Même si ça date, il se rappelait des soldats qui montaient la garde. Toujours un sourire aux lèvres quand il quittait la ville pour quelques heures. Merde ! Mais qu’est-ce qu’il faisait là ? Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? IL TRAHISSAIT SON PAYS !

« J’y arriverais pas. J’y arriverais pas du tout, c’est juste impossible. »

« Tery, il faut que tu comprennes qu’à l’heure actuelle, tu n’es plus citoyen d’un empire mais du monde. Comme moi ou Elise. Royan, c’est plus compliqué. Mais j’imagine que Clari est comme nous et Manelena est … »

« Ne me mêlez pas dans votre histoire. Par contre, je tiens à le préciser tout de suite : Tery, si je vois que tu me poses un problème pendant l’affrontement, je n’hésiterais à te mettre hors d’état de combattre, compris ? »

« D’a … d’accord. Aucun souci pour moi. Je vais tenter de retrouver mes esprits, ça sera mieux, oui. Ça sera bien mieux en fin de compte. »

Il n’arrivait pas à être cohérent dans ses paroles. Tout était si compliqué, si problématique. Ah … vraiment … Ils étaient maintenant aux portes de Midès. Aucune garde pourtant tout le monde était sur le qui-vive. Ils allaient vraiment passer par les portes normales ? Vrai qu’ils n’étaient pas une armée avec des échelles et autres mais …

En fait, si. Il avait à peine regardé autour de lui mais c’est bien ce qu’il voyait. Plusieurs rebelles possédaient tout un attirail … et il y avait aussi des béliers ? Des magiciens ? Mais en fait, ils étaient vraiment une armée complète ?!

« Pfiou … reprendre sa respiration, reprendre sa respiration. »

C’est comme ça qu’il devait fonctionner et pas autrement. Pfiou … Ce n’était pas simple, pas simple du tout. Comment est-ce qu’il pouvait faire ainsi ? C’était compliqué, vraiment compliqué. Réagir correctement, ne pas se laisser désarmer.

Un pas, puis un autre et ainsi de suite. L’armée rebelle était maintenant dans la capitale de Shunter. Et lui aussi. Pfiou … Anxieux, mal au ventre, prêt à s’évanouir ou presque. Il devait juste prendre sur lui-même. Il devait juste penser à autre chose.

Pfiou … Pfiou … Chaque pas était une véritable torture pour lui alors qu’il marchait devant lui. Chaque pas … chaque pas … Chaque pas. Il déglutit, observant à gauche et à droite. Les rues étaient désertes. Ils étaient avec une cinquantaine de rebelles. Chaque groupe suivait une ruelle en particulier tandis qu’il haletait.

« Pfiou, je me sens pas bien du tout. J’ai une envie de vomir. »

« La ferme, Tery. La ferme, tu ne peux pas prendre sur toi-même ? Ce n’est pas le moment de tout abandonner. C’est aujourd’hui ou rien. C’est aujourd’hui ou tout sera fini. C’est soit nous, soit eux mais il n’y aura pas de demie-mesure. Alors fais-toi pousser une paire et … Laisses tomber, Tery. S’il faut, tu restes en retrait, tu es vraiment inutile. »

Vraiment inutile. Ah … Des paroles très dures et cruelles … mais véridiques. Sauf que Manelena continuait de le regarder avant de soupirer. Ce n’était même pas de la déception ou du dépit, elle était … plus attristée qu’autre chose.

Rendre Manelena triste, ce n’était pas du tout son envie mais … qu’est-ce qu’il pouvait y faire ? Manelena n’allait pas l’écouter malheureusement et les autres aussi. Il prit une profonde respiration alors que ses yeux vagabondaient autour de lui.

Gauche, droite, les ruelles étaient vides et désertes. Pourtant, il apercevait de la lueur dans certains bâtiments. Ils étaient observés, tous craignant la suite des évènements. Mais cela n’allait pas tarder à dégénérer, il en était convaincu.

« Méfiez-vous, l’attaque peut arriver de n’importe quel endroit. »

« Pour la gloire de Shunter ! » hurla une voix provenant du ciel. Aussitôt, il fit un saut en arrière, évitant de justesse plusieurs hommes qui tombèrent au sol, provoquant plusieurs tremblements de terre, créant des fissures sur la rue pavée.

Quelques rebelles s’écroulèrent sur les fesses, des pieux de glace venant se loger sur leurs corps pour les tuer en un instant. Ils étaient une trentaine, à porter diverses armures sur leurs corps. Une trentaine … qui provenait des toits. Et ils n’avaient rien vus ? Comment était-ce possible d’être aussi idiot ? De ne pas avoir remarqué une telle chose ? Mais bon, il n’était pas là pour faire une leçon de morale mais plutôt préparer à se battre.

« Cela ne devrait pas être trop difficile. De l’eau et de la terre, je m’occupe de ceux qui manipulent l’eau. Ceux qui usent de la foudre, faites de même que moi. Pour la terre, ça ne devrait pas être trop difficile, n’est-ce pas ? »

« Je ne pense pas, je vais aller les balayer et … »

« Poussez-vous, je vais juste faire un tir de prévention. » déclara Elen en coupant la parole à Clari. Elle tira la corde de son arc, les lignes blanches paraissant sur ses bras. Une dizaine de flèches quittèrent son arc en même temps avant que des cris ne se fassent entendre au-dessus d’eux. Elle reprit calmement : « Voilà, les derniers soldats ne devraient pas causer de problèmes dorénavant, du moins, j’imagine. »

« Rapide et efficace, on te reconnaît bien là, Elen ! » s’exclama Clari avec amusement.

« Ce n’est pas le moment de s’mauser si vous ne l’aviez pas encore remarqué. »

« Pfff, je le sais, Manelena, je le sais. Oui bon, ce n’est pas bien dramatique non plus hein ? Pas de quoi s’en faire une raison, quoi. »

Clari avait haussé les épaules, tenant sa lourde lame à deux mains. Bon bon bon, c’était l’heure de faire une grande session de nettoyage mais avant … elle jeta un regard en arrière. Tery était toujours là, c’était le plus important mais … serait-il en état de se battre ?

« Tery, mon petit Tery, restes dans les environs si tu ne te sens pas en confiance ! Je restes auprès de toi si cela peut te rassurer, d’accord ? »

« .. … … Merci mais ça devrait aller. Je vais juste les faire s’évanouir. »

C’était étrange. Il ne pouvait pas imaginer qu’il allait tuer quelques soldats. Pourtant, il y avait quelques jours encore, il avait fait un massacre. Pourquoi est-ce qu’il avait une prise de conscience maintenant ? Car il n’utilisait pas ses pouvoirs démoniaques ?

C’était stupide … tellement stupide de penser de la sorte. Ah … pourquoi penser comme ça et pas autrement ? Pourquoi ? POURQUOI ? POURQUOI ?! Ses griffes étaient recouvertes de terre. Il allait juste blesser salement mais pas mortellement les soldats. Les rebelles allaient finir le travail et ensuite, lui-même partirait et … à qui il se voilait la face ?

Il voulait nier la réalité. La réalité était là, cruelle et violente. Des cris, des sorts, des lames qui s’entrechoquent. Les rebelles luttaient ardemment mais visiblement, les derniers soldats de Shunter, dans Midès, étaient parmi les meilleurs. Ils étaient forts, ils étaient résistants, ils étaient capables de tout ravager sur leur passage. C’est pourquoi ils étaient là, tous les quatre. Mais les groupes qui n’avaient pas leurs capacités ?
Comment est-ce qu’ils allaient se débrouiller ? Comment est-ce qu’ils allaient lutter ? Il en avait strictement aucune idée et c’était bien ça qui inquiétait le plus le jeune homme aux cheveux bruns. Cela allait être une véritable boucherie. AH ! Il fit un pas sur le côté, sa main droite plaquant le crâne d’un soldat contre un mur, lui explosant la tête. Zu … ZUT !

« Tery Vanian, c’est bien ça ? Je … ne m’attendais pas à te revoir. »

Hein ? Comment ça ? Il eut juste le temps de reculer que des pics de glace se plantèrent dans le mur à côté de lui. Vraiment ? Vraiment ? Maintenant ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il devait se présenter maintenant ? Il avait reconnu cette voix bien que cela faisait des années qu’il ne l’avait pas entendue.

Et ce n’était pas … rien. Cette personne qui se présentait au loin, cette personne de forte stature. Un mètre quatre-vingts dix, au minimum. Aussi grand que Manelena ou presque. Mais surtout cette chevelure noire, il la reconnaissait entre mille. Il n’y avait que ce regard dur et froid qui avait tellement changé en quelques années.

« Olin ? Tu es toujours dans l’armée de Shunter, c’est ça ? Olin ? »

« Et je vois que … tu es devenu un rebelle, Tery. J’ai suivi la moindre nouvelle à ton sujet depuis ce moment où tu fus envoyé sur le front à Honoros. Le moindre de tes pas jusqu’à la trahison avec l’ancienne princesse de Shunter. Mais maintenant, tu continues en te tenant aux côtés des rebelles ? Jusqu’où veux-tu descendre dans l’estime que j’avais pour toi ? »

« Ce n’est pas une question d’estime, pas du tout. »

Mais alors, comment est-ce qu’il pouvait faire ? Zut, il ne pouvait pas laisser les autres se battre à sa place contre lui. Il se le refusait. Cet homme n’était pas spécialement dangereux, pas du tout. Il pouvait encore l’emmener à la raison. Il bredouilla :

« Olin, s’il te plaît, je n’ai pas envie de me battre contre toi. On peut éviter tout ça, non ? »

« Il n’y a pas de retour en arrière pour les traîtres. »

Ça ne sert à rien de discuter ? Il ne peut pas se défendre, c’est ça ? On ne lui laisse pas le choix, n’est-ce pas ? Il regarda l’homme avec tristesse, se secouant la tête plusieurs fois. Il ne devait pas … s’en vouloir. C’était comme ça et pas autrement.

« Je m’occupe de cet homme ! » hurla soudainement Tery avant de frapper dans le sol.

« Tu es sûr de ton choix, Tery ? Tu n’as pas l’air très convaincant. »

« Elen, il faut que je le fasses. Je n’ai pas d’autres possibilités. Je ne peux pas régler ça d’une autre manière. Des fois, la parole ne suffit pas. »

Mais il était hors de question qu’Olin meure. Il en était hors de question. Il allait le battre, le mettre ensuite en sécurité. Comme ça, lorsque tout sera résolu, il pourra continuer à vivre comme il l’avait toujours fait.

« Pfiou … Je suis totalement différent de ce que j’étais Olin. »

« Je le sais parfaitement, Tery. Tu n’es plus l’être que j’appréciais auparavant. »

Des paroles très dures mais qui étaient pourtant dites avec une certaine amertume et sincérité. L’homme en face de Tery les pensait. Pour lui, il n’existait. Il fallait dire au revoir à ces mois passés ensemble ? C’était sûrement … le cas. Quel gâchis.

Chapitre 84 : Des rues désertes

ShiroiRyu
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Chapitre 84 : Des rues désertes

« Nous y sommes. Midès est à notre portée. »

Ils se retrouvaient à nouveau dans un camp de rebelles mais à une distance raisonnable de la capitale de Shunter. Celle-ci … était visiblement peu éclairée alors qu’ils étaient déjà en pleine nuit. Quelque chose ne tournait pas rond mais quoi ?

« Comment cela se fait-il que la capitale soit si peu illuminée ? »

« Il semblerait que le roi ait donné quelques ordres à son armée et aux citoyens de la capitale. Nous n’en savons pas encore tous les détails mais cela concernerait principalement les restrictions de nuit. Nul ne peut sortir sous peine d’être enfermé ou considéré comme un rebelle. Autant dire que ce n’est pas vraiment la joie de ce côté. »

« Je vois, je vois … mais bon, vue la situation, ça n’a rien d’étonnant. » termina de dire Manelena après avoir complété les propos du rebelle qui lui avait répondu.

« Pour les prochains jours, nous allons mettre en place les différents assauts. Nous compterons sur vous pour arriver à de bons résultat. »

« Ne vous préoccupez pas de ça. Ca prendra moins de temps avec les dernières informations que je vous donnerais pour arriver jusqu’au château du roi. »

« De nouvelles informations ? Vous aviez encore de telles … mais pourquoi ?! »

« Vous pensiez vraiment que j’allais tout vous donner aussi facilement ? Il serait alors bien plus facile pour vous de vous débarrasser de nous, n’est-ce pas ? » rétorqua Manelena sans sourire, visiblement d’un air mauvais.

« Et qu’est-ce que … vous voulez en échange des ces informations ? »

« Tout simplement rencontrer votre chef. Soit vous voulez en terminer avec le règne du roi, soit vous pouvez continuer à perdre des hommes dans les ruelles de Midès, à vous de voir. Décidez-vous vite car je vais très rapidement oublier tout cela. »

« Je vais aller voir avec mes supérieurs ! Laissez-nous quand même le temps d’y réfléchir, s’il vous plaît ! On ne peut pas aller plus vite ! »

Le rebelle était parti aussi vite qu’il était venu, visiblement surpris par les propos de Manelena. La femme aux cheveux argentés le regarda pendant quelques secondes avant de soupirer, se retournant vers le reste du groupe.

« Ca sera peut-être nos derniers jours ensemble. Si le roi tombe, j’en aurais fini de mon côté. Ne vous attendez donc pas à des effusions de larmes ou autres. »

« Est-ce que tu es sûre de ta décision, Manelena, tu ne comptes pas revenir en arrière ? » questionna Tery avant qu’elle n’hoche négativement la tête. Elle en était sûre et certaine. Elle avait pris cette décision depuis quand ? Assez longtemps ? Car même lui n’en savait rien. Encore qu’après leur discussion sur … son devenir en tant que reine … oui, c’était logique.

« Impossible de te faire changer d’avis, j’imagine, c’est ça ? »

« Malheureusement non, Tery. J’en suis sûre et certaine au sujet de ma décision, vous ne pourrez pas me faire revenir en arrière. »

« D’accord … c’est vraiment dommage dans le fond mais bon, nous avons décidé de t’aider … jusqu’au bout. Tu nous diras quand tu voudras que l’on partes. »

« Je verrais par rapport à ça. J’ai d’autres projets en tête. » répondit Manelena alors qu’il penchait la tête sur le côté. Quoi donc comme projet ?

« Bon, je pense que tu ne nous diras rien pour le moment. Qu’est-ce que l’on fait maintenant ? On se réunit dans un coin en attendant de rencontrer le chef des rebelles ? »

« Il y a des chances que je sois la seule à pouvoir aller le rencontrer vue la sécurité qu’il met pour qu’on ne sache pas de qui il s’agisse. J’imagine que cela doit être un ancien noble ou gradé militaire. Si c’est l’un ou l’autre, je le reconnaîtrais aisément. »

« Restes néanmoins sur tes gardes, comme toujours, d’accord ? »

« Tu ne veux quand même pas que je te fasses une promesse tant qu’on y est, c’est ça, Tery ? » demanda Manelena alors qu’il hochait la tête positivement. Elle marmonna un vague : « Bon, je te le promets, je ferais attention, tout ça. Je vous jure, je ne suis pas une gamine qui a besoin d’être maternée par quelqu’un comme toi. Je crois être assez adulte pour ça. »

« Je n’ai jamais dit cela mais tu vas encore dire que je pense du mal de toi donc … je me tais ! Et pour la peine, on va plutôt se concentrer sur ce qu’il faut faire. »

La femme aux cheveux argentés le fixa de ses yeux rubis, attendant de voir ce qu’il comptait faire. Il n’avait pas expliqué mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait ignorer Tery. C’était quoi son idée qu’il avait en tête plus exactement ?

« Et Tery, ce n’est pas dangereux, je l’espère ? »

« Pas du tout, Elen. C’est rien de bien surprenant mais bon, ça reste efficace donc on ne va pas s’en plaindre si tu veux tout savoir. Je te montrerais même si je pense que ça sera inutile vu que Manelena a sûrement déjà tout préparé de son côté. »

« Je vais aller voir si ce foutu rebelle me laisse voir leur chef. »

Manelena avait décidé de s’éloigner, laissant entendre une pointe d’agacement dans la voix tandis que Tery ne cherchait même pas à comprendre la raison. Le chef des rebelles … est-ce qu’il était vraiment dans les environs ? Il y avait très peu de chances que ça soit le cas. Manelena devait pourtant le savoir, non ?


Lorsqu’elle revint une demie-heure plus tard, elle était encore plus énervée qu’au départ. Comme quoi ils allaient devoir éviter de la provoquer pour les prochaines heures. Demain, ça irait mieux non ? Ce fut Elise qui posa la question à Manelena, celle-ci déclarant qu’ils rencontreront les rebelles dans les prochains jours, du moins les plus importants.

Logique. Pour les assauts sur la capitale, il fallait un maximum de rebelles et comme Manelena avait promis son aide si elle pouvait communiquer avec le chef d’entre eux, ils allaient donc se décider bien plus tôt que prévu à lancer un assaut des plus importants sur Midès … pour faire tomber le roi. Mais Tery restait toujours réticent : le roi était le père de Manelena. Pourquoi est-ce qu’elle n’avait aucun remord à ce qu’elle accomplissait ?

« Dans le fond, je sais que je n’en aurais aucun pour lui non plus. »

Son propre père, il ne pouvait même pas espérer quelque chose de lui. De toute façon, il était mort et enterré, tué par les Gnomolds, comme les autres membres de la milice à l’époque. Et ça, c’était le passé mais … le roi était encore vivant donc Manelena pouvait arranger les choses non ? Eviter qu’il ne meure ? Ce n’était pas à lui de se mêler de cette histoire, il le savait mais bon … ça continuait de l’embêter.

Il suffisait d’attendre le lendemain, ils auront tous l’esprit plus clair. Mais pour ça, il fallait dormir. Le jeune homme aux cheveux bruns alla se coucher bien plus tôt que les autres jours, n’ayant pas besoin de monter la garde puisqu’ils étaient dans un autre de ces nombreux campements rebelles. Leur chef devait être quelqu’un d’exceptionnel pour réussir à diriger toutes ces troupes mais ça … ce n’était qu’une supposition.
Elen vint se placer à côté de lui, se collant contre son corps avant de lui frotter le dos, lui demandant ce qui se passer. Il murmura juste qu’il avait l’impression que quelque chose de mauvais allait se passer très bientôt mais qu’il n’allait rien pouvoir faire pour arrêter tout ça. Elle vint doucement l’embrasser sur le bord des lèvres, lui chuchotant :

« Et si nous profitions un petit peu du repos que as grandement mérité ? »

« Je ne sais pas, Elen. Je suis assez fatigué, je ne suis pas en grande forme, je dois t’avouer. Je ne penses pas que ça soit la meilleure des idées. »

« Qu’est-ce que tu en sais ? Je pense qu’il va me falloir utiliser tous mes talents pour ça. Si tu veux bien te laisser faire, Tery. »

Il allait se laisser faire. Il allait … oui. Il regarda doucement Elen avant de l’embrasser à son tour. Et puis zut, il pouvait bien penser à autre chose. Elen était parfaite pour ça. Parfois, elle ne comprenait pas la situation mais elle avait toujours été là pour qu’ils puissent s’aimer tous les deux. C’était ainsi et pas autrement.

Mais bien rapidement, les habits furent envoyées un peu partout dans la tente avant qu’il ne se retrouve sur elle. Elle avait placé ses mains autour de son cou, le regardant avec tendresse avant de lui dire d’une voix douce :

« Et si tu me montrais un peu ce dont un démon du sexe est capable, Tery ? »

« Cette allusion est très mal placée, Elen. Voire même un peu insultante. Je vais devoir donc te punir pour de tels propos. J’imagine que tu en comprends les raison, n’est-ce pas ? »

« J’accepte pleinement cette punition, quitte à ce qu’elle soit exemplaire et inscrite en profondeur dans mon corps, monsieur le bourreau. Appliquez votre sentence. »

Avec de telles paroles, comment pouvait-il résister ? Couché sur Elen, il l’embrassa longuement, sur plusieurs parties de son visage et au cou, laissant quelques marques avant de remplir son rôle de « mâle ». La jeune femme poussa quelques râles de plaisir, haletant :

« Ah … Ah … Ah … Est-ce cela ma punition ? Je ne peux qu’en réclamer d’autres. »

« N’y prenez pas trop goût, mademoiselle. Si j’en fais tous les jours, cela ne ressemblera plus à une punition. » corrigea Tery, toujours appliqué dans son travail.
Vu que la dernière fois qu’ils avaient put profiter chacun de l’autre datait depuis quelques temps, le jeune homme puisa dans toutes ses ressources, jusqu’à finir complètement épuisé, endormi sur le corps nu d’Elen, après une bonne heure avec elle. La jeune femme aux cheveux blonds avait un air hébété aux lèvres, bouche entrouverte, respiration courte.

« Peut-être que … peut-être que … oui … attendre un peu, c’est plaisant. »

Elle avait du mal à encore comprendre la situatio, balbutiant tout en caressant le crâne de Tery, logé contre son sein droit. La dernière fois remontait à plusieurs semaines. Lui comme elle avaient été frustrés, très frustrés et … ils s’étaient déchaînés comme deux beaux diables.

« Je devrais dormir … moi aussi, ça me ferait le plus grand bien. »

De toute façon, elle ne pouvait pas bouger et ne voulait pas bouger. Sa seconde main posée sur le dos de Tery, elle plongea dans le sommeil à son tour, sourire béat aux lèvres.

Le lendemain matin, c’était à ses côtés, bras coincés entre les siens, qu’elle vient se placer lorsque ce fût l’heure du déjeuner. Bien que gêné, Tery la laissa faire, les remarques interloqués et à moitié accusateurs se posant tous sur lui.

« Euh … pas besoin de me regarder comme ça hein ? Je ne suis pas un monstre, vous savez. Je n’ai rien fait de mal hein ? »

« Nous n’avons pas dit ça, Tery. Mais visiblement, quelqu’un fût très contente hier. Comment est-ce que tu vas, Elen ? »

« Euh … Je vais très bien, Clari. Merci de t’en préoccuper et oui, je fus très heureuse hier, mais je le suis encore plus aujourd’hui ! »

« On s’en doute, on s’en doute, ça se lit parfaitement sur ton visage. »

« Tant que ça ? Hihihi … Enfin bon, vu que Tery et moi avons dormis pendant quelques heures de plus que vous autres, est-ce que des nouvelles sont arrivées ? »

« Aucune pour le moment, rien de rien. Je pense que la réponse devrait arriver d’ici la fin de la journée, voire moins si le chef des rebelles se décide à venir nous voir et qu’il n’était guère très loin au départ. » déclara Manelena, croisant les bras machinalement, comme un simple automatisme de sa part. Tery termina son repas avant que Royan ne dise :

« Cela serait trop dangereux pour lui de se présenter, non ? Surtout devant toi, Manelena. »

« Trop dangereux, oui. C’est bien pour ça que je veux qu’il le fasse. Voir s’il a vraiment les caractéristiques d’un leader ou non. Ce n’est pas en restant caché derrière ses troupes qu’un homme se fait reconnaître. S’il est incapable de diriger ses hommes en étant en première ligne, il ne mérite guère que l’on s’intéresse à lui. »

Des paroles très dures de la part de celle qui fût l’ancienne maréchale de l’armée de Shunter mais il pouvait parfaitement la comprendre. C’était bien elle qui n’avait pas hésité un instant à servir de sacrifice. Un sacrifice dont il aimerait oublier les images dans sa tête. Le jeune homme aux cheveux se renfrogna, mécontent d’y repenser.

« S’il sait ce qui est bon pour lui, il ne devrait pas y réfléchir à deux fois. »

« On ne sait jamais ce à quoi pense réellement une personne. Je me demande juste à quoi il ressemble. » se questionna Tery avant de se gratter le sommet du crâne, comme confus.

« Peut-être un futur concurrent potentiel, Tery ? »

Clari avait dit cela avec amusement, se tournant vers le jeune homme. Celui-ci la regarda en clignant des yeux, ne semblant pas comprendre où elle voulait en venir. Ce fût après quelques secondes qu’il lui demanda d’une voix qui se voulut calme :

« Euh, de quoi est-ce que tu parles exactement, je peux savoir ? »

« Oh, de rien, de rien. Rien du tout même. Je ne sais pas de quoi je parles. » répondit Clari alors que Tery soupirait, murmurant qu’il en avait l’habitude avec elle.

« Bon bon bon, puisqu’il en est ainsi, allons-y dès maintenant, non ? »

« Tu préfères ignorer ma question, c’est ça ? Tu fais bien, Tery, tu fais bien. »

Bof, il haussa les épaules comme pour montrer sa complète indifférence aux propos de Clari. Ce n’était pas qu’il en avait pas envie mais c’était un peu tout comme. La femme aux cheveux blonds regarda Manelena, comme pour voir si elle s’était sentie visée. Mais là encore, une totale ignorance de la part de la princesse de Shunter.

« Vous savez que c’est très mesquin de se moquer des autres, mademoiselle Clari ? » demanda Elise en se rapprochant d’elle.

« Mesquin mais si amusant. Sincèrement, tu ne peux pas savoir comme c’est distrayant. Et puis, si cela ne te plaît pas, je suis sûre que je peux être mesquine avec toi, Elise. »

« Hein ? Que … comment ? Vous savez, je suis issue d’une auberge où j’ai été serveuse pendant des années donc ça ne m’affecte pas tellement et … »

« Ah bon ? Alors, s’il te plaît, laisses-moi te dire ça, pour voir. » déclara Clari avant de rapprocher sa bouche de l’oreille d’Elise. Celle-ci écouta les murmures de la femme aux couettes blondes avant de rougir violemment, bredouillant :

« D’… D’accord, mais pas de mesquinerie envers moi, s’il vous plaît. »

« Et voilà encore la terreur de Clari qui fait son effet. Pauvre Elise, je ne penses pas qu’elle s’en remettra. Je suis vraiment désolé de la voir partir si jeune. »

« Hey ! Tery, je ne suis pas si monstrueuse que ça non plus hein ? »

Oh ? Ah bon ? Il regarda Clari d’un air interloqué comme pour montrer toute sa surprise avant de placer une main devant sa bouche. Il ne l’aurait jamais remarqué ! C’était surprenant, vraiment très surprenant ! Hey, elle ne plaisantait pas ? Manelena marmonna qu’elle allait voir ailleurs si elle y était, semblant être dérangée par le fait que personne ne prenait au sérieux toute cette histoire avec Midès.

Installée sur un banc, éloignée des autres, elle était maintenant songeuse, réfléchissant à toute cette histoire. Comment allait-elle faire pour trouver le chef des rebelles si ce dernier ne faisait rien pour se présenter à elle ? Humpf. Quelle idiotie. Elle ne remarqua pas le rebelle qui vient s’asseoir à côté d’elle, ce dernier lui demandant :

« Et bien, si je m’attendais à ce que la princesse de Shunter soit aussi mélancolique. A croire que vous avez été abandonnée par vos compagnons. »

« De quoi est-ce que vous vous mêlez ? Ca ne vous regardes pas. Disparaissez de mon champ de vision si vous ne voulez pas avoir de gros problèmes, compris ? »

« Pourtant, n’est-ce pas vous qui avez demandé à me voir ? Je pensais qu’après toute cette attente, j’aurais un meilleur accueil de votre part. »

« Un meilleur accueil ? Hum … Vous êtes donc ce fameux chef ? »

Elle avait fini par tourner son visage en direction de son interlocuteur. Contrairement à ce qu’elle pensait, il n’était pas bien âgé, peut-être une trentaine d’années, tout au plus. C’était étrange, ses cheveux noirs étaient frisés tandis qu’une barbe et une moustache étaient en train de naître sur le bas de son visage. Ses yeux bleus, rieurs, regardaient Manelena pendant qu’elle était en train de l’étudier.

« Oh vous savez, je ne mords pas tant que ça, mademoiselle la maréchale Nali. »

« Evitez d’utiliser à nouveau ce nom qui ne veut plus rien dire dorénavant. »

Par contre, il était plus grand que Tery, elle le reconnaissait aisément. Un mètre quatre-vingts et au moins, avec presque deux fois plus de muscles, chose qui n’était pas si difficile. Tery n’était peut-être pas très chétif et il avait bien un corps entretenu mais … ça s’arrêtait là. Comme il n’était plus un soldat de Shunter, il n’y avait bien qu’aux cuisses où, grâce à la marche de tous les jours, le muscles étaient en parfait état.

« Que puis-je faire alors pour vous ? Ou plutôt, que pouvez-vous faire pour moi ? »

« Nous verrons ça en temps et en heure. Le simple fait que vous daignez vous présenter devant moi vous donne déjà quelques points. Vous pouvez me faire un bilan de la situation concernant Midès ? Car ce ne sont pas vos membres lambdas qui peuvent correctement m’informer à ce sujet. A part des rues désertes et encore … »

« Oh, si vous le voulez, je peux vous expliquer tout cela au cours d’un repas, ce soir. Nous ne sommes pas pressés, loin de là. Chaque jour qui défile est un affaiblissement dans l’armée du roi de Shunter. Vous devriez en savoir quelque chose. »

« Je sais surtout que vous n’avez aucune méfiance envers la puissance de vos ennemis. Si vous réagissez de la sorte, vous risquez d’avoir des surprises … de très mauvaises surprises même, pour tout vous dire. »

Il haussa un sourcil avant de faire un grand sourire. Visiblement, elle avait refusé sa proposition même si cela était de façon indirecte. Il fit un petit tour d’horizon du regard avant de reprendre d’une voix calme :

« Hum, où est donc ce jeune homme qui vous accompagne toujours ? Tery, c’est ça ? »

« Qu’est-ce que vous lui voulez ? Faites attention à ce que vous allez dire, je pourrais très mal le prendre, je tiens à vous le dire. Si vous touchez à une personne de mon gr… »

« Je ne savais pas que vous étiez aussi proches de vos compagnons. Les rumeurs à votre sujet sont donc infondées. Beaucoup de rebelles vous pensent inaccessibles et à raison, en vue de votre histoire dans l’armée de Shunter. »

« Et si vous arrêtiez de vous renseigner sur des stupidités de la sorte ? D’ailleurs, vous connaissez mon nom mais je ne crois même pas connaître le vôtre. Vous n’avez donc aucune formule de politesse ou quoi ? »

« Oh, c’est exact. Mais bon, cela n’est pas nécessaire pour le moment. »

Elle émit un grognement en fronçant les sourcils. Bien entendu qu’il n’allait pas le lui dire sinon, elle serait déjà en train de réfléchir pour savoir de quelle famille il appartenait, si son nom lui disait quelque chose ou autre.

« Je vous attendrais donc ce soir, maré… mademoiselle Manelena. »

« Soit, nous verrons ça ce soir. » reprit Manelena avant de se lever, signe qu’elle partait rejoindre les autres. Elle émit un second grognement au bout de quelques pas avant de se remettre en route. Qu’il évite ça, elle risquait de lui casser la gueule s’il continuait.

Mais pour le moment, elle allait plutôt se concentrer sur retrouver les autres et leur expliquer la situation, c’était le mieux à faire. Où est-ce qu’ils étaient passés ? Ah tiens donc, Tery et Elise s’étaient éloignés tous les deux pour discuter entre eux ? Qu’est-ce ce qu’ils cachaient ? Surtout que c’était vraiment à l’abri des regards.
Une petite bouffée de colère l’envahit sans qu’elle n’en sache la raison. Décidant de les suivre discrètement, elle finit par arriver non-loin d’eux, se cachant de telle façon qu’elle pouvait écouter leur conversation. Ils parlaient des démons …

Des démons ? Mais surtout d’autre chose ? Elle cligna des yeux en écoutant leurs paroles. C’était quoi ça ? Depuis quand est-ce qu’ils cachaient qu’ils entendaient des voix tous les deux ? Et pour quelle raison ? POURQUOI est-ce qu’ils faisaient ça ?

Chapitre 4 : Ne jamais mettre de côté

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Ne jamais mettre de côté

« Ton idée est loin d’être mauvaise… »

Exelie parlait à Mylidie bien qu’elle ne savait pas où elle était. Néanmoins, elle ferma ses yeux orange, comme si elle réfléchissait à quelque chose. Elle rouvrit ses yeux, faisant un saut en arrière alors qu’un trou se formait à l’endroit où elle se trouvait auparavant ? Rapidement, le serpent de lave autour de son bras alla pénétrer le trou, un cri se faisant attendre. C’était la voix de Danya qui venait de résonner dans la place.

« Danya… Je sais très bien ce que tu comptais faire. Il en est de même pour toi, Mylidie. »

Soudainement, un halo de magma alla entourer Exelie avant qu’un nuage de fumée blanche apparaisse à nouveau, le jet d’eau ne venant pas de l’atteindre malheureusement. La fumée disparue peu à peu alors que Mylidie et Danya se présentaient devant elle, la jeune femme reprenant la parole :

« Vous pourriez parler toutes les deux. Vos camarades ont bien comprises que ça ne servait à rien de m’affronter maintenant. Mylidie : Est-ce que tu pourrais m’expliquer en quoi consiste cette promesse si cela ne te dérange pas ? »

« Tu n’es pas mon ennemie ? Cela pourrait te paraître ridicule. »

« L’existence est ridicule… lorsqu’elle est éternelle. Tu peux me raconter. »

« J’ai fais une promesse… comme quoi je serais membre de l’Horoscopie et que je deviendrais la générale la plus puissante là-bas. J’ai fais cette promesse à un jeune garçon qui n’est plus là… C’est même pour ça que nous sommes toutes présentes ici. Ce jeune garçon était, il paraît, un descendant de la lignée des Olirakion. »

Exelie haussa un sourcil : Connaître le nom de la lignée royale était déjà surprenant en soi. La Tétrarchie avait sûrement du les mettre au courant mais pourquoi ? Et l’enfant dont elle parlait… Etait-ce le jeune enfant qu’elle avait vu ?

« Il est bizarre que vous connaissiez le nom de la lignée mais ça ne changera rien. Pour cette promesse, il va falloir que tu la respectes et pour cela… Il faudra me battre. »

Elle frappa dans le sol, créant un violent tremblement de terre, les six femmes tentant de contrôler leurs mouvements pour ne pas tomber avant que Mylidie ne se mette à sauter. Elle ne pouvait pas utiliser la glace : Celle-ci allait fondre et était de toute façon inutile contre cette femme. Alors qu’est-ce qu’elle devait utiliser ?

« Essaye quand même, Mylidie ! Envoie lui tout ce que tu peux ! »

« Danya ? Je… te fais confiance si c’est ainsi. »

C’était bizarre de savoir que Danya était de son côté après la mort d’Erol. Mais bon… Elle ne devait pas se poser de questions. Elle fit apparaître un courant d’eau ressemblant au serpent de lave qu’avait utilisé Exelie avant bien qu’il était deux fois plus grand. Rapidement, elle envoya le serpent en direction de la jeune femme aux cheveux bruns alors que celle-ci observait la technique de son adversaire.
Il y avait quelque chose qui clochait : Danya ne bougeait pas d’un poil et avait annoncé pourtant qu’elle allait l’aider. Tandis que le serpent constitué d’eau se dirigeait vers elle, elle fit apparaître rapidement un halo de lave autour de son corps comme auparavant pour le contrer. Soudainement, l’halo de lave disparu complètement pour apparaître autour de Danya, Exelie murmurant avec surprise :

« Tu es folle, Danya. Il te faut réussir à absorber les flammes pour ne pas souffrir par ces coulées de lave qui t’entourent. »

« Néanmoins, tu ne peux pas te protéger puisque ton halo disparaît toujours pour venir m’entourer. C’est vraiment dommage. »

« Ce n’est pas pour ça que je n’ai rien pour éviter l’attaque. »

Exelie pointa son bras droit vers le serpent d’eau qui venait vers elle, un flot de métal allant se former autour du bras. Quelques instants plus tard, un bouclier se trouvait à la place de sa main droite, le serpent venant le percuter de plein fouet, la faisant tomber en arrière. Avec une très faible difficulté, elle se releva, observant Mylidie d’un air inquisiteur.

Cette jeune femme… était surprenante, c’était le cas de le dire. Bien que son attaque avait été réduite à cause de son bouclier, elle avait réussi à être repoussée pour tomber au sol. Et cela n’était encore qu’une partie de sa force, elle en était sûre… et certaine. Elle allait devoir se méfier d’elle. Quand à Danya, elle avait résistée tant bien que mal aux jets de lave, mais une partie de sa tenue avait brûlée, laissant apparaître quelques trous dans celle-ci. Pour les quatre autres femmes, elles restaient ensembles, parlant entre elles.

« Nous devons réagir… Mais générale Winy, Mylidie n’était-elle pas sensée partir après son échec contre la générale du Poisson ? »

« C’était ce qui était prévu mais vous remarquerez aussi bien que moi qu’elle est plus forte… Bien plus forte que nous… Et elle est capable d’utiliser l’eau contrairement à nous. Je me demande même… si… Ca ne serait pas possible. »

« De quoi, grande sœur ? Tu sembles songeuse. »

« Non, non… Rien… Je réfléchissais à quelque chose. »

Et si… Mylidie était plus forte qu’elle ? Ce n’était pas impossible car même si elle avait perdu contre Testaline, cela ne voulait pas dire qu’elle était plus faible que les autres générales. En fait… Etrangement, le combat avait été privé car c’était la première fois que quelqu’un tentait de combattre la générale en chef. Mais là… Ce n’était pas le moment de réfléchir à tout ça ! Elle se tourna vers les trois autres femmes, s’adressant à elles en regardant longuement Sizé.

La jeune femme aux longs cheveux bleus hocha plusieurs fois la tête, acceptant la proposition de Winy alors que les deux autres femmes lui demandaient ce qu’elles devaient faire. C’était simple pour elles… Couvrir leurs arrières. Danya et Mylidie allaient avoir du renfort ! Elles allaient montrer à Exelie qu’il ne fallait pas les oublier !

« Devons nous continuer ce combat ou voyez vous qu’il est inutile ? »

« Danya… Est-ce que tu peux reculer ? »

« Mylidie, espèce de gamine, ne me met pas sur la touche parce que je suis un peu blessée. »

« Je… ne pensais pas à ça. Simplement… Je vais utiliser une nouvelle technique et je ne sais pas ce que ça donnera comme effet. Je préfère que tu sois à l’abri… Erol… n’aimerait pas que tu sois blessée ou défigurée… Même si… Il t’aimerait quand même. »

Elle savait de quoi elle parlait : Elle qui était si laide dans le passé, elle qu’Erol avait embrassée malgré ses boutons, elle qui avait tant besoin de l’adolescent. Devant le ton attristé de l’adolescente, Danya poussa un léger soupir, se retournant pour s’éloigner. Elle remarqua que les quatre femmes du domaine des Gémeaux semblaient avoir une idée en tête.

Il fallait attendre le bon moment pour attaquer ! Mais quand ? C’était ça le petit problème qu’elles avaient. Peut-être quand Mylidie en aurait terminé avec ce qu’elle comptait faire ? Oui, c’était une bonne idée. Il suffisait maintenant d’attendre que Mylidie finisse son attaque et elles pourraient accomplir ce qu’elles voulaient.


En y réfléchissant, Exelie n’avait jamais réellement attaquée depuis le début du combat. Qu’est-ce qu’elle manigançait ? Etait-ce l’une de ses techniques ? Elle ne pouvait pas le savoir ! Bon, de toute façon, l’heure n’était pas à la réflexion ! Elle fit apparaître un magnifique dragon entièrement constitué d’eau, Exelie s’adressant à elle :

« Comment tu es capable… de faire une telle chose ? »

« Je ne le sais pas moi-même… mais mes convictions me poussent à devenir toujours plus forte non pas pour protéger ou sauver les autres… mais pour lui. »

« C’est beau d’avoir un tel idéal mais… Ce que tu accomplis est voué au déclin. »

Deux flots de lave se réunirent aux mains d’Exelie, formant deux têtes ressemblant à celles d’une hydre, des jets de flamme en sortant alors qu’elle regardait avec amusement la réaction de Mylidie. Les deux personnes se ressemblaient presque… même dans leurs techniques. C’était quelque chose d’assez étonnant… et bizarre.

« Vois-tu… Je crois qu’au final, toutes mes questions trouvent peu à peu leurs réponses. Je pensais que tout était terminé… »

« Où veux-tu en venir ? Si cela ne te dérange pas de me le révéler. »

« Oh… Non… Non… Tu trouveras ce que tu cherches derrière ce volcan mais avant… IL FAUDRA REUSSIR A ME BATTRE ! »

Elle s’écria de toutes ses forces, contrastant avec la tranquille femme qu’elle avait été depuis son apparition. Les deux têtes d’hydre se dirigèrent à toute allure vers Mylidie alors que celle-ci lançait sa création aqueuse en direction d’Exelie en restant parfaitement calme. Elle devait réussir à l’atteindre cette fois et surtout réussir à la battre !

La première tête de l’hydre alla frapper le dragon sur le flanc gauche, la créature aqueuse perdant une partie de son corps en même temps que la tête de l’hydre se mettait à disparaître. De sa patte droite, le dragon alla frapper la seconde tête de l’hydre, celle-ci devenant de la fumée blanche comme cela devait de passer. Il ne restait plus que la tête du dragon constitué d’eau et au regard acéré, Exelie ayant un petit sourire :

« Bien… Très bien… C’était normal… A quoi aurais-je du m’attendre de toute façon ? »

Le dragon aqueux vint la percuter de plein fouet mais cette fois-ci, la jeune femme aux cheveux bruns ne tomba pas en arrière. Elle cracha simplement du sang sans pourtant souffrir grandement. Pourtant… Pourtant le coup avait été d’une puissance et d’une violence rare. Mylidie n’arrivait pas à le croire.
Comment c’était possible ? C’était la technique dont elle était la plus fière ! Celle… avec laquelle elle avait réussie à … Ce n’était pas réel. Ca ne pouvait pas être vrai ! Elle était donc vraiment aussi faible que ça ? Elle devait encore s’entraîner ! Devenir encore plus forte ! Ce n’était pas comme ça qu’Erol allait être… Erol allait être…

« Qu’est-ce que… »

Exelie arrêta de sourire, le sol se mettant à trembler subitement alors que des racines entouraient Mylidie et Danya pour les faire maintenir debout. Des pans entiers de roche tombèrent dans la lave, de nombreuses fissures apparaissant alors que les yeux orange d’Exelie se posaient sur Winy et Sizé. Les deux femmes levaient en synchronisation leurs pieds droits avant de frapper le sol. C’étaient donc elles ? Ces quatre femmes qu’elle avait complètement ignorées ? Tsss… Quelle idiote ! Elle s’écroula au sol, de nombreux morceaux de pierre venant entailler son corps de toutes parts, Winy prenant la parole d’une voix calme et délicate, ses yeux verts montrant tout le sérieux qu’elle possédait :

« La prochaine fois, évitez donc de nous considérer comme inutiles. Il y a toujours un moyen d’être efficace, qu’importe la méthode utilisée. »

« Ha… Hahaha… Mais quelle imbécile ! J’ai beau avoir passée tellement de temps à combattre des personnes qui voulaient traverser le volcan que je crois que je me surestimais beaucoup trop ! Les personnes liées aux plantes ne sont pas si faibles ! »

Elle se redressa, observant ses nombreuses plaies sans y prêter plus attention alors que les tremblements s’arrêtaient finalement. Bon… Maintenant, elle était sûre de son choix. Surtout que Winy avait très bien montré ce dont elle était capable, de plus… Ses yeux orange se posèrent sur Mylidie avant qu’elle ne dise :

« Vous pouvez passer. Je ne vous retiendrais pas. Faites juste preuve de calme et de sérieux lorsque vous pénétrez dans le royaume de Drakoni. De même, soyez respectueuses envers le Roi et sa fille. Enfin… Mylidie… Ne sois pas triste et soit plutôt fière. Venez, je vais vous guider vers la sortie maintenant. »

Ne pas être triste ? Être fière ? De quoi est-ce qu’elle parlait ? Dommage qu’elle ne puisse pas retirer son masque, elle aurait bien montré son visage pour dévoiler sa surprise. Il y avait vraiment quelque chose là-bas… qui la concernait ? Le groupe se mit enfin à suivre Exelie jusqu’à la sortie du volcan et arriver au royaume de Drakoni.

Chapitre 83 : Pour l’adopter

ShiroiRyu
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Chapitre 83 : Pour l’adopter

« Tery ? Il est l’heure de se réveiller. Tu sais que tu me fais mal au dos ? »

« Hum … Hein ? Euh … Quoi ? » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns, bougeant légèrement de sa position. Il ouvrit un peu les yeux, regardant autour de lui avec appréhension avant de demander d’une voix faible : « Qu’est-ce qui se passe ? »

« Il est l’heure de se réveiller. Tu as dormi toute la nuit. » répéta Clari avant qu’il ne puisse enfin la voir. Il était encore sur ses genoux?Il voyait ses couettes blondes au-dessus de son visage. Dormi ? Il avait vraiment dormi toute la nuit ici ?

« Mais mais mais … attends, on était pas dans la tente et il faisait plutôt froid et … »

Il se redressa finalement en comprenant la situation. Elle n’était pas morte de froid avec tout ça ? Même s’il ne l’avait pas dit, elle avait parfaitement compris son appréhension, faisant un geste négatif de la tête. Mais … bon sang … pfiou …

« Les autres ne sont pas encore réveillés, Clari ? »

« Disons que dehors, c’est assez difficile de ne pas se réveiller assez tôt. Hum … J’ai un peu mal au dos et aux épaules, je dois avouer. »

« Pardon, Clari, ce n’était pas voulu. Il aurait mieux valu que tu me réveilles. » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns, se plaçant aussitôt dans son dos avant de chercher à masser ses épaules .Il frotta ensuite son dos avec ses mains, reprenant : « Sincèrement, qu’est-ce qui t’a pris de me laisser dormir comme ça ? C’est juste fou ! »

« Tu étais si mignon à dormir sur mes genoux. Je ne voulais pas te réveiller. »

Si mignon ? Il la regarda, rouge comme une pivoine. Purée ! Elle était la seule à pouvoir le gêner comme ça ! Mais … ce n’était pas du tout déplaisant dans le fond. Pas vraiment, pas vraiment du tout. Hahaha … oui, sûrement.

« Arrêtes tes bêtises. Les autres vont finir par le croire ! Je vais aller réveiller Elen. »

Pourtant, il déposa deux baisers sonores sur les joues de Clari, celle-ci les lui rendant. Malgré ses paroles, il serait stupide de nier qu’il adorait la jeune femme, celle qui lui permettait de retrouver un sourire à chaque fois qu’il allait mal. Il rentra dans la tente, observant le corps qui dormait encore dans le sac de couchage.

« Bonjouuuuuur Elen. Bonjouuur Elen. »

Il commença à l’embrasser doucement sur les lèvres, la jeune femme gémissant, cherchant à retrouver sa respiration dans son sommeil. Tery continua jusqu’à ce que les yeux d’Elen finissent par s’ouvrir, laissant place à la surprise.

« Hmm … c’est le genre de réveil qui me plaît bien … Aaaah. » dit Elen après qu’il ait stoppé le baiser, accentuant cela d’un long bâillement. Elle se frotta les yeux, se mettant assise dans le sac de couchage avant de tendre les bras. Il vient la serrer contre elle avec tendresse.

« Je ne te demanderais pas si tu as bien dormi, j’imagine que ça ne doit pas être aussi bien que si j’étais là, non ? Hahaha … Euh moi … disons que j’ai mal au cou et au dos mais ça, c’est ma position. Mais Clari a vraiment été merveilleuse. »

« Je n’en doute pas un seul instant, Tery. Je n’en doute pas un seul instant. Mais je peux t’avoir un peu pour moi pour le moment ? »

« Bien entendu, viens donc par là, toi. » dit le jeune homme, recommençant à l’embrasser. Elle eut un petit rire jusqu’à ce qu’il finisse par grimper sur elle, se retrouvant à quatre pattes au-dessus d’elle. Elle chuchota :

« Je crois que ce n’est pas le bon moment pour ça, vilain garçon. Ou alors … hum, non. J’imagine que Clari est réveillée aussi. »
« C’est exact donc je vais juste me contenter d’un simple baiser dans le cou. » répondit Tery avant de placer ses lèvres sur le cou de la jeune femme, laissant un long baiser s’y installer jusqu’à ce qu’il finisse par reprendre : « Et voilà, ça me semble parfait, une vilaine marque. »

« Que je vais te rendre aussitôt, Tery ! » s’exclama Elen, faisant une roulade sur le côté en l’emportant avec elle. Échangeant leur place, ses lèvres se collèrent sur la gorge de Tery avant qu’elle ne finisse par enfin se lever. « On sort ? Je pense que les autres ne vont pas tarder à se réveiller, eux aussi. Et surtout … je ne t’ai pas posé la question mais … tu vas bien ? Tu ne semblais pas avoir la grande forme hier mais Clari s’occupait déjà de toi. Je n’ai pas voulu m’en mêler alors, j’espère que tu comprends. »

« Oui, oui. Ne t’en fait pas. Je vais bien mieux maintenant mentalement. J’ai juste eut besoin de souffler un peu mais c’est bon, c’est passé, hahaha. »

« Sûr et certain ? Tu ne me mentirais pas pour me rassurer, hein ? »

« Je ne suis pas comme ça, Elen. Je vais bien. C’était juste un peu de fatigue, rien d’autre. Si je n’allais pas bien, de toute façon, cela se verrait trop facilement sur mon visage, non ? » dit-il dans un sourire alors qu’elle hochait la tête positivement. Il n’avait pas tort, il arrivait rarement à cacher ses sentiments.

Mais ce n’était pas le moment d’y réfléchir. Ils allaient devoir se remettre en route et retrouver les autres rebelles. Plus ils mettaient de distance avec les cadavre des soldats, mieux ce sera pour tout le monde. Bon, contrairement à ce qu’il pensait, la journée se passa bien plus tranquillement que prévue.
Aucun souci d’armée de Shunter aux environs, visiblement, ils n’étaient pas encore au courant. Ou alors, ils prévoyaient d’engager plus de forces pour les retrouver. D’ailleurs, les campements rebelles devaient aussi faire attention. Un jour, leur petite astuce concernant la magie d’illusion serait perdue et ainsi … impossible pour eux de s’échapper.

« Au final, ça ne change pas grand-chose de nos voyages habituels non ? A part que nous ne nous faisons pas de village en village mais de camp rebelle en camp rebelle. »

« Et cela te pose un problème, Tery Vanian ? » rétorqua Manelena presqu’aussitôt.

« Pas le moins du monde, Manelena. Ça me laisse indifférent si tu veux tout savoir. »

Il se demandait pourquoi il n’arrivait pas à avoir une aussi bonne relation avec Manelena qu’avec Clari. Mais bon, tout cela était à cause du comportement de la première, si différent de celui de la seconde. Il n’allait pas faire de reproche car il allait encore se faire lyncher par elle et il préférait ne pas trop s’en mêler car il ne voulait pas de problèmes.

« Puisqu’il en est ainsi, on va accélérer le pas aujourd’hui. Si vous avez des complaintes, vous pouvez remercier Tery pour ça. Ca lui apprendra. »

« Tout ça pour ça ? Diantre, je suis sûr que je vais être hait maintenant. »

« Bien entendu que l’on te hait de tout notre coeur, Tery. » déclara Clari avant de le coller contre elle. « Je te h’aime de tout mon coeur, oui ! »

« Et voilà comment on fait une déclaration dans toute sa splendeur. Mes félicitations, Clari. C’était tout simplement magnifique de ta part. Je te h’aime aussi vachement beaucoup. »

« Meuh. » répondit la femme aux couettes blondes avant de le relâcher.

La scène pouvait paraître surréaliste, c’était même le cas lorsqu’on se rappelait qu’hier encore, ils avaient livré une bataille contre l’armée de Shunter. Mais pourtant, c’était bel et bien la réalité. Tery était tout simplement avec Clari et ils avaient trouvé le moyen de ne plus trop se préoccuper de tout ça.

Sur le chemin, avec Manelena qui les guidait en les forçant à accélérer, il discutait avec Clari de tout et de rien. Depuis hier soir, c’était à peine s’il voulait la lâcher, à la grande surprise du reste du groupe. Ce n’était pas une simple discussion mais plutôt comme … une crainte que Tery cherchait à calmer grâce à Clari.

« Et alors donc, Tery, tu as besoin d’être câliné ? Te voilà devenu un sacré pot de colle. »

« Ne dit pas ça de la sorte, les autres vont croire des choses, je n’ai pas envie qu’ils s’imaginent n’importe quoi à force de dire n’importe quoi. »

« Si tu ne voulais pas que je dise ça, il ne fallait pas agir ainsi. Viens donc par là et racontes-moi tous tes chagrins, petit Tery. »

Arf ! Quand elle parlait ainsi, il avait l’impression d’être pris pour un gamin. Néanmoins, il n’avait pas fait grand-chose pour changer cette vision de la part de Clari. Il la regarda avec une pointe de tendresse avant de chuchoter :

« Juste envie de rester un peu avec toi, Clari. Rien de plus. Je me rappelle de tes paroles d’hier. Et je dois avouer que … ça me tracasse un peu. Tu te voyais toujours comme une soldate auparavant ? Mais maintenant ? Je veux dire, qu’est-ce que tu feras après ? »

« Ce que je ferai après ? Comment cela, Tery ? »

« Je ne sais pas … tu ne vas pas retourner chez toi ? Ta famille doit t’attendre non ? »

« Ma famille ? Sûrement mais je ne la considères plus comme telle, Tery. Tu le sais bien. »

Ah oui, sujet fâcheux. Il se rappelait que la jeune femme aux cheveux blonds lui avait signalé qu’entre elle et ses parents, ce n’était pas vraiment une relation amicale et courtoise. C’est pourquoi il évitait de trop en parler mais aujourd’hui, il avait commis une faute.

« Pardon, Clari, je ne voulais pas trop te relancer là-dessus. »

« Hum ? Hein ? Mais ce n’est pas de ta faute, Tery. Qu’est-ce que tu pouvais en savoir réellement hein ? Non, non, ne t’en fait pas à ce sujet. Tu n’as vraiment pas à t’en préoccuper, je me demandais simplement hum … hum … hum … De toute façon, Tery, je n’ai plus d’endroits où rentrer donc tu vois, ce n’est pas bien grave. »

« Hum ? Mais si, mais si, il ne faut pas dire ça, Clari. Tu auras toujours un endroit chez moi. Je suis sûr que ma mère sera ravie de t’héberger. Tu n’as pas à te préoccuper de ça. Je dirais que le mieux pour toi, c’est … pourquoi est-ce que tu souris ? »

« Oh, je me disais que Clari Vanian, ça sonnait plutôt bien, tu ne crois pas ? »

Hein ? Qu’est-ce qu’elle racontait là ? Il comprenait mal où elle voulait en venir. Avoir son nom de famille ? Mais pourquoi ça ? Et comment ça ? Devant l’incompréhension du jeune homme, Clari reprit la parole avec amusement, disant :

« Tu crois que ta mère accepterait d’adopter une jeune femme comme moi ? Bien sous tout rapport ? J’ai un bon pedigree, du sang noble, toutes ces choses. »

« Mais qu’est-ce que … enfin, euh … tu voudrais être adoptée ? »

« Oh, ça risque d’être compliqué car dans le fond, je suis quand même reliée à ma propre famille. Je ne suis pas orpheline mais bon, tu en penses quoi ? »

« Je ne sais pas trop, c’est surprenant et … ce n’est pas ça que tu attends comme réponse de ma part, n’est-ce pas ? Ou je me trompes ? » dit-il alors qu’elle hochait la tête d’un air négatif bien que son sourire transparaissait sur son visage.

« Pas le moins du monde. Alors, qu’est-ce que tu en dis exactement, Tery ? »

« Que je serais ravi de t’avoir comme grande sœur, Clari même si dans le fond, c’est déjà le cas officieusement, non ? »

« Hmm, toi ,tu veux marquer des points. » s’exclama t-elle avant de rire, rire communicatif puisqu’il eut le même en se grattant la joue, un peu rouge sur cette dernière.


Il devait avouer que oui, c’était une bonne chose. Enfin, il pouvait peut-être en parler réellement à sa mère ? Est-ce qu’elle serait d’accord ? Elle savait que Clari lui avait fait une bonne impression. Enfin, toutes les personnes ramenées dans sa demeure semblaient l’apprécier et réciproquement. Mais bref, pour tout ça, il n’y avait qu’une chose :

« Dès qu’on en finit avec cette histoire et que l’on retrouve ma mère, on lui demandera. »

« Tu prenais au sérieux mes propos, Tery ? »

« Bien sûr que oui, je suis toujours sérieux pour de telles demandes. Et donc, ça ne me dérange pas, c’est pourquoi je le ferais. »

Une main passa dans ses cheveux, comme pour les caresser et le remercier. Visiblement, elle était très contente de la situation, plus que contente. Il se laissa faire, se disant qu’ils avaient pris un peu de retard par rapport au reste du groupe. Ils allaient devoir accélérer par nécessité pour les rattraper.

« Vous êtes vraiment deux mollassons. Depuis hier, vous êtes complètement en retrait. » déclara Manelena, agacée par les deux personnes.

Mais bon, elle pouvait l’être, ça n’allait pas changer grand chose pour Tery. Le jeune homme aux cheveux bruns avait pris cette décision pour Clari. Il était maintenant sûr et certain de son choix. A partir de là, il n’y avait même plus à se poser de questions.

« De quoi est-ce que vous parliez, toi et Clari ? » demanda Elen lorsqu’il se rapprocha d’elle. Il valait mieux pour lui qu’il ne reste plus trop à côté de Clari pour ne pas trop les ralentir.

« Oh de nos familles, tout ça. Rien de bien important si tu veux tout savoir mais bon, ça nous a occupé pendant quelques heures, oui. Mais à part ça, il n’y avait rien d’autre qui vaille la peine que tu t’y intéresses. Rassurée maintenant ? » dit-il dans un sourire qui se voulait charmeur, sourire qui fonctionna parfaitement sur la jeune femme aux cheveux blonds.

« Très rassurée. Disons que je ne l’étais pas auparavant. Mais je ne sais pas, depuis le combat d’hier, toi et elle êtes toujours collés ensemble. Déjà que je me méfiais de Manelena. Si maintenant, je dois aussi le faire pour Clari, je n’aurai jamais … »

« Arrêtes donc tes bêtises, tu sais aussi bien que moi que ça ne marche pas comme ça avec Clari. Elle n’est pas ainsi et elle ne le sera jamais. J’ai des sentiments pour elle mais pas de la façon à laquelle tu crois, Elen. »

« Je le sais, je le sais, je sais de quelle façon tu penses, Tery. »

C’est juste que c’était beaucoup plus visible aujourd’hui que depuis tout ce temps où Clari était avec eux. Impossible d’effacer cette image de Tery avec sa tête posée sur les genoux de Clari, celle-ci lui caressant les cheveux.

Il y avait une telle complicité, une telle confiance que même elle n’avait pas avec Tery. Alors bon, cela faisait mal, très mal. Mais bon, elle devait prendre cela avec le sourire … contrairement à Manelena et Tery. Elle n’avait pas retiré cette image de sa tête, lorsqu’il y avait eut cette petit fête de victoire chez les rebelles.

« Un souci, Elen ? Tu fais une drôle de tête, c’en est presque effrayant. »

« Hein ? Mais non, mais non, Tery. Qu’est-ce que tu vas imaginer là ? Ne t’en fait donc pas, je n’ai pas de soucis. Si tu me dis que pour toi et Clari, tout va bien, je ne vais pas mettre ta parole en doute. Je sais que tu ne me mentirais pas. » dit-elle après quelques secondes.

Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression d’entendre comme un reproche de la part d’Elen ? Il valait mieux ne pas lui poser la question. Manelena … voulait les user très rapidement ou quoi ? C’était à peine s’ils avaient le temps de souffler. Elle avait pris une cadence presque infernale. Était-ce parce qu’ils se rapprochaient inexorablement de Midès ?


Tout ce qu’il remarquait, c’est que la jeune femme aux cheveux argentés était motivée, très motivée et que cela ne les empêchaient pas alors d’accélérer le pas. Tant qu’elle pouvait les laisser souffler un peu, rien que ça, ça serait parfait.

« Bon, dix minutes de repos et on repart aussitôt. Nous y sommes presque. »

« Manelena, tu crois sincèrement qu’ils vont nous laisser participer à cet assaut sur Midès ? »

« Tu parles des rebelles ? Ils n’attaqueront pas la capitale, loin de là. C’est inutile, ils ne pourront pas vaincre toute l’armée de Midès. S’ils sont assez malins, ils envisageront plutôt un assaut « discret » directement dans le château. »

« Et tu comptes les aider, c’est bien ça ? »

« Je ne l’ai jamais caché, Tery. Je le ferais s’il s’avère que utile … pour obtenir ce que je désire. Et de tout façon, les autres parlent à peine et ne donnent pas leurs avis. »

« Ce n’est pas une excuse pour ne pas les prendre en considération, Manelena. » répliqua le jeune homme sur un ton un peu sec. Ils étaient un groupe, elle ne devait pas l’oublier.

« Je n’ai jamais dit ça, Tery. Ne me fait pas dire de tels propos alors que ce n’est pas le cas, je ne tolérerais pas une moquerie comme ça sur ma personne. »

« Je ne me moques pas, je n’ai pas que ça à faire, Manelena. Je veux juste confirmer que tu ne penses pas ça de façon malveillante. »

« Je ne pense pas ça de façon malveillante alors arrêtes ça tout de suite. Pour la peine, on stoppe la pause dès maintenant et on se remet en marche. Midès ne sera plus qu’à une ou deux journées de marche au grand maximum si nous continuons jusqu’à ce soir. »

Ah bon. Comme d’habitude, il suffisait de quelques mots pour que Manelena s’effarouche comme une jeune demoiselle prise en faute. Il ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait toujours été ainsi, pourquoi cela devrait changer du jour au lendemain ?

Mais la soirée arriva plus tôt que prévu, la raison première étant la pluie qui tomba aussi soudainement qu’elle était apparue, les arrosant copieusement. Ne s’y étant pas attendus, tous trouvèrent un refuge dans la forêt, cherchant une grotte où s’abriter. Heureusement que Shunter, nation liée à la terre et à la végétation, avait un bon nombre de ces grottes sur son territoire. A chaque fois, c’était une petite découverte.

« Ah … ça me rappelle quelques petits souvenirs. » se murmura t-il pour lui-même. Bien qu’il ne sortait que très peu durant son enfance après l’incident … avec les Gnomolds, il se rappelait qu’il aimait chercher dans les environs très proches du village de Leskar quelques petits endroits discrets. Mais bon, il n’en avait pas le droit, surtout à cause des Gnomolds.

Par contre, cette idée d’avoir Clari comme membre de sa famille, il l’aimait bien. Il trouvait qu’elle le méritait, dans le fond. Il eut un petit sourire aux lèvres avant de mettre une main devant sa bouche, baillant légèrement.

Enfin, ce n’était même pas une question de mérite. C’est juste qu’il penait vraiment que Clari pouvait devenir sa grande sœur sans que ça ne le dérange le moins du monde. C’était ainsi et pas autrement alors qu’ils finissaient par trouver une grotte creusée dans un rocher assez important. Mais bon, il suffisait de creuser encore sur cinq mètres au fond de la grotte pour traverser complètement le rocher. Comme quoi …

« C’est plutôt pas mal comme endroit, il faut dire. »

« Mais malheureusement pour allumer un feu, il sera assez léger si on ne veut pas étouffer à cause de la fumée. Ce n’est pas très haut comme endroit. » dit Sérest alors qu’elle avait replié ses ailes, signe qu’elle ne pouvait pas se déplacer aussi librement qu’elle aurait aimé.

« Ce n’est pas faux, je suis sûr que Clari et Manelena peuvent se cogner si elles se mettent sur la pointe des pieds. A côté, c’est assez spacieux pourtant. »

« Pas assez pour mes ailes si je les déploies complètement mais c’est mieux que rien pour éviter la pluie. Par contre, on ne pourra pas mettre nos tentes, Tery. » termina de dire Sérest tandis qu’il hochait la tête. Elle avait raison à ce sujet.

« Pas grave, on se collera les uns contre les autres s’il faut vraiment se réchauffer mais je ne pense pas que ça soit nécessaire, nous avons notre propre magie pour ça. »

« Je ne pense pas que ça dérange quelques personnes. Pour ma part, vu que je suis quelqu’un possédant des lignes liées à l’élément de l’eau, autant dire que la pluie ne me dérange pas le moins du monde. » déclara Royan d’un air nonchalant.

« Là, par contre, je pense qu’il y aura une déçue. » répondit Tery en rigolant. Royan se tourna vers lui, demandant de quoi il parlait mais Tery ne fit qu’hausser les épaules comme pour dire qu’il n’en savait trop rien au final.

« Vraiment, je me demandes parfois pourquoi est-ce que je poses quelques questions dont je ne sais que je n’obtiendrais rien du tout en retour. »

« Tout simplement car tu n’as pas trop le choix, tu dois t’en douter, n’est-ce pas ? »

Clari avait répondu avant même que Tery ne le fasses, celui-ci commençant à préparer de quoi manger pour tout le monde. Moins d’une quinzaine de minutes plus tard, ils étaient tous adossés aux murs, chacun face à une autre personne pendant qu’ils mangeaient.

Il espérait qu’aucun d’entre eux n’avait peur des espaces trop petits. Il savait que pour certaines personnes, c’était une une maladie voire plus. C’est pourquoi il jetait un regard à gauche et à droite pour vérifier l’état de chaque personne.

Non, ils semblaient aller tous bien. Pfiou, tant mieux en un sens. Les esprits commençaient à fatiguer comme les corps. Au bout d’un moment, ils allaient craquer. Mais qui en premier ?

Chapitre 82 : Auparavant

ShiroiRyu
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Chapitre 82 : Auparavant

« Deux démons ? Il faut absolument que quelqu’un aille prévenir l’armée de Shunter ! Leur donner la localisation de la princesse Manelena et des autres ! »

La femme aux lignes de Zélisia dirigeait le groupe de soldats bien qu’elle n’était pas forcément la plus haute gradée. Mais néanmoins, tous l’écoutèrent alors qu’elle signalait aux soldats qui l’entouraient de venir avec elle pour qu’elle puisse fuir.

« Nous ne pouvons pas les combattre ! Cela reviendrait à nous suicider ! Il faut absolument que l’on se disperse tous et vite ! »

Ils étaient tous en train de s’échapper, se séparant en plusieurs groupes. Malgré la mort de plusieurs d’entre eux, ils gardaient la tête froide, signe qu’ils étaient expérimentés, plus que ne l’aurait cru Manelena. Mais ce n’était pas le plus inquiétant à l’heure actuelle, c’était plutôt Tery qui était resté un genou au sol, se tenant le crâne entre deux mains. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’il utilisait ses pouvoirs démoniaques alors pourquoi maintenant ? Pourquoi la situation était-elle si différente par rapport à avant ?

« Surveillez Tery pour être sûr qu’il ne fasse pas de … »

Trop tard. Elle n’avait pas eut le temps de prévenir les autres. Tery s’était redressé, ses yeux complètement rouges avant de foncer vers les soldats et l’adepte de Zélisia. Elle n’avait rien put faire pour empêcher cela. Ça allait être un véritable massacre.

« Bon, ça ne sert à rien. De toute façon, ils devaient mourir. Eliminez tous les autres ! »

Elle pouvait bien commander la petite troupe tandis que le jeune homme aux cheveux bruns allait commettre un carnage. Il valait mieux ne pas être présent. Bon … elle n’avait pas l’habitude d’utiliser la foudre de cette manière mais puisque les soldats étaient déjà assez loin, elle allait devoir donner son maximum.

Aussi vive que l’éclair, elle profitait de cette vitesse pour rejoindre les archers encore vivants et les éliminer avec aisance. Il suffisait de quelques coups d’épée et tout fût réglé. Mais les autres avaient encore leur part du travail.
Sérest était seule, volant dans les airs, pour voir où un trio de soldats avait décidé de fuir, au beau milieu d’un bois de petite envergure. Humpf, ils étaient plus malins que prévu. Sans être de l’élite militaire, ils étaient plutôt bien entraînés.

« Rien d’anormal, seuls ceux qui sont capables de suivre le roi jusqu’au bout sont encore présents. Hum … Il fallait s’en douter. »

Mais ce n’était pas suffisant pour la stopper, elle. Ses pieds se modifièrent légèrement, les lignes de Zélisia apparaissant sur ce qui semblait être deux serres alors qu’elle se mettait à crier à la façon d’une prédatrice carnassière, reine du ciel.

Une serre se planta dans le crâne d’un soldat, la seconde faisant de même avant qu’elle ne presse avec force jusqu’à ce que les têtes finissent par exploser. Le troisième soldat au sol, effrayé par la violence de de cette pression. Mais cela ne dura qu’un instant.

Il s’était relevé, tenant fermement ses épées courtes dans ses mains pour mieux regarder Sérest. Celle-ci haussa un sourcil, faisant un léger sourire avant de dire :

« Impressionnant de ne voir aucune peur dans ton regard. Tu es un soldat vraiment très bien entraîné. Je pense que l’armée de Shunter était fière de toi. »

« Contre les rebelles qui profitent du désarroi du roi pour tenter de faire un coup d’état, on ne peut compter que sur peu de personnes. »

« Belles paroles, il faut reconnaître, très belles paroles mais ça ne changera pas la finalité de la chose, loin de là. Désolée pour toi mais la pitié n’est pas possible face à vous. »

De fausses excuses car la femme ailée aux cheveux noirs faisait claquer ses serrer l’une contre l’autre en restant à mi-hauteur au-dessus du ciel, battant des ailes. Le soldat la craignait mais il restait droit, prêt à se battre.

« Pff. Enfuis-toi donc. Tu n’auras qu’à prévenir l’armée de Shunter voire le roi si tu en as l’occasion. Sa fille compte prendre le pouvoir, tu peux le lui signaler, je ne pense pas que ça changera grand-chose de toute façon. Oh, et signale par ailleurs qu’elle a quelqu’un dans sa vie, je pense que le nom importe peu. Zou, vas t-en. »

« Pour qui est-ce que vous me prenez ? Je ne vais pas … Non. Ma mission est de transmettre ce message. Vous le regretterez plus tard, je tiens à vous le signaler. » déclara le soldat alors que Sérest ne perdait guère son sourire en le voyant s’éloigner. Bon bon bon … Ce n’était pas prévu tout ça mais qu’importe, ce n’était pas bien grave.

Une demie-heure plus tard, tous étaient revenus … tous sauf Tery. Celui-ci n’était toujours pas là alors que chacun expliquait le déroulement de leur combat. Sérest n’évoqua pas le soldat qu’elle avait laissé fuir, Manelena émettant un grognement :

« On ferait mieux de trouver cet idiot avant qu’il ne commette plus de bêtises. Mettons-nous en route dès maintenant et vite ! Est-ce bien compris ? »

« Oh, je pense que Tery doit se débrouiller correctement, il n’a pas besoin de nous et … »

« CLARI ! TA GUEULE ! Tery peut facilement éliminer quiconque, c’est plutôt les conséquences et la suite ! Tu as envie de laisser Tery seul après ses actes ? Je ne suis pas comme ça ! J’y vais tout de suite ! »

Manelena n’avait pas laissé le temps aux autres de s’exprimer, courant à toute allure vers la direction que Tery avait prise. Plus choquée qu’autre chose, Elen la regarda faire avant de se tourner vers Clari. Que Manelena lui crie dessus ne la dérangeait pas le moins du monde.

« Euh … bon, on ferait bien de la suivre. Je ne sais pas qui est le plus en danger actuellement : les soldats, Tery ou Manelena. »

« Tu voulais dire le plus dangereux, j’imagine ? Car ça bataille dur entre les deux. »

« Et si on arrêtait de raconter des bêtises et qu’on se met à sa poursuite dès maintenant ? »

Royan fût la voix de la raison, partant en premier à la suite de Manelena. Rapidement rejoint par Elise, celle-ci avait encore ses cornes sur le crâne mais un sourire aux lèvres, adressé à Royan, signe qu’elle se contrôlait parfaitement :

« Ne vous en faites pas, messire Royan, tout se passera bien. »

« Aucun problème … n’est-ce pas ? Aucun souci ou autre ? Pas de fatigue mentale ? Vous arrivez à tenir bon, mademoiselle Elise ? »

« Bien entendu, bien entendu. J’ai un peu mal au crâne mais en ce qui me permet de contrôler mon corps, je n’ai aucun souci de ce côté, je peux vous le certifier et vous le confirmer ! »

Tant mieux alors. Il poussa un petit soupir soulagé avant de placer une main sur son front. Ce n’était pas une chose des plus aisées mais bon … il savait qu’Elise tiendrait bon. Celle-ci avait évité de lui signaler au sujet de cette voix qui était étrangement intervenue dans son crâne juste avant que le combat ne commence. Est-ce que Tery avait eut le même souci ?


Elle lui poserait la question quand tout serait terminé. Comme ce n’était pas encore le cas, elle allait aider aux recherches. Où est-ce que Tery était parti ? Où donc ? Les traces de sang étaient visibles au sol, est-ce qu’il était blessé ? Avait-il déjà blessé quelqu’un ?

« Ils ne veulent pas mourir … n’est-ce pas ? »

« Je les maintiens en vie grâce à mes pouvoirs. Tant que je suis vivante, ils seront vivants. Tant qu’ils sont vivants, je serais vivante. »

« Il suffit alors de tous vous éliminer pour régler ce problème une bonne fois pour toutes. »

« C’est la première fois que je rencontre un démon. Sûrement la dernière fois. Vous n’avez rien d’humain. Même votre physique est repoussant. Ces cornes sont horribles … et ces yeux globuleux complètement rouges … »

« Je suis un être démoniaque. Je ne suis plus totalement humain mais ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave du tout. Ce n’est pas important. Je vais tout simplement vous exterminer. »

Il ne faisait que suivre les ordres de cette voix dans sa tête. Cette voix qui imposait son autorité sans même qu’il ne puisse la combattre. Cette voix … et les soldats qui entouraient la femme adepte de Zélisia. Cette foutue adepte.

« Pendant que tu recules avec nous, les autres seront déjà en train de prévenir l’armée de Shunter. Vous ne pourrez plus rester sur nos terres après ce combat. »

« Les autres sont déjà tous morts. Je ne suis pas seul … mais je suis seul. Hahaha. Je suis seul dans cet état. Même Elise ne peut pas comprendre ce qui se passe avec moi, hahaha. Je suis seul, tellement seul, TELLEMENT seul ! Hahahaha ! Tellement … »

La femme avec son épée et son bouclier le regarda, surprise par cette excitation de la part de Tery mais aussi la peur qui semblait animer son regard. Il avait peur mais de quoi ? Ce n’était pas d’eux, elle le savait parfaitement. Mais qu’est-ce qui pouvait terrifier un démon ?

« Qu’est-ce que vous êtes vraiment ? De quoi est-ce que vous avez peur ? »

« De cette voix ! Cette voix dans ma tête qui n’arrête pas de m’ordonner ce que je dois accomplir ! Mais ça s’arrêtera quand vous serez tous morts, oui, comme ça que tout sera résolu, hahaha … on va vite régler cela. »

Il avait dit cela avec une petite pointe d’amusement alors qu’un rictus se dessinait sur ses lèvres. Il n’allait pas bien, il n’allait pas bien du tout mais qu’importe, ce n’était pas important. Qu’est-ce qu’il en avait à faire de ne pas aller bien hein ? Qu’est-ce que cela était réellement dans le fond ? Hahaha ! Il n’allait pas bien !

« Tout était calme pendant des jours ! Je n’entendais plus rien ou presque mais maintenant … hahaha … mais maintenant … on va tous vous tuer … »

« On ? Qui est-ce on ? » murmura la femme adepte de Zélisia, chuchotant aux soldats de recommencer à reculer avec elle. Si elle arrivait à gagner du temps, ils pourront alors s’échapper. Elle en avait les moyens et les capacités.

« LUI ET MOI ! On est ensemble ! On ne pourra pas être séparés … tant que je ne l’aurais pas vu de mes propres yeux mais je ne sais pas à quoi il ressemble et … qu’est-ce que vous faites ? Je peux le savoir ? »

Le jeune homme avait murmuré cela tout en plaçant une main sur la moitié gauche de son visage. Il fallait tous les effacer de la surface de ce monde. C’est ce qu’il allait accomplir. Sa tête pencha sur la droite avant qu’il ne disparaisse du champ de vision des soldats.

« Où est-ce qu’il est passé ? Je ne le vois plus ! Faites attention à vous et … »

Le soldat qui avait pris la parole en était maintenant incapable. Sa tête avait quitté le reste de son corps, maintenu dans ce qui ressemblait à une griffe de saurien. Recouverte d’écailles, elle serrait avec force la tête avant de la projeter contre un arbre.

« C’est simple … très simple de vous arrêter. Il suffit juste de vous tuer avant même que vous puissiez les soigner, non ? On va s’en charger. »

« Faites attention à vous tous ! Il est devenu incontrôlable ! »

Devenu incontrôlable ? Il se contrôlait … il se contrôlait parfaitement ! Mais Zélisia, cette fichue déesse, offrait ses pouvoirs à une bonne femme ! Une femme qui s’opposait à lui et au reste de son groupe ! Une femme qui devait mourir comme les autres !

« Ca sera si simple de ne plus laisser aucune trace de votre existence. Hahaha … Hahaha. Je me répète, n’est-ce pas ? Je continue de me répéter, hahaha. »

C’était une autre frayeur qui animait les visages de l’adepte et des soldats qui l’accompagnaient. Une frayeur bien réelle. Le jeune homme avait complètement perdu la tête mais surtout, sa véritable puissance était tellement supérieure par rapport à eux.

« Nous ne pouvons pas nous séparer. Il pourra nous atteindre encore plus aisément. »

Elle n’eut qu’à peine le temps de parler qu’un second soldat se retrouvait avec une griffe dans le corps, le traversant complètement. VITE ! Elle devait le … non. Un mouvement et voilà que le corps était séparé en deux au niveau du ventre.

« Je te garde pour la fin, petite adepte de Zélisia. Oui … Vos pouvoirs … issus de ces deux dieux, je les hais, je les hais tant. Je hais ces pouvoirs, je hais ces dieux, je vous hais tous. Je vous déteste tous, je vous déteste, hahaha … je vais vous le faire payer. »

Leur faire payer ? Rien que ça ? Il était très étrange, trop étrange … mais elle savait qu’il était inutile de chercher à s’enfuir. Malheureusement, elle ne se faisait plus aucune illusion à ce sujet … Elle avait compris que ça ne servait à rien.

« Je vais entamer une purification du démon. Excusez-moi, soldats … »

Aucune réponse de leur part. Logique, ils étaient déjà tous morts. Ils n’avaient guère put lutter contre Tery qui était maintenant à quelques centimètres d’elle. Ses yeux rouges, rongés par la folie et la détresse. Oui, de la détresse … comme s’il ne voulait pas cela.

« Je vais pouvoir vous libérer de tout cela … en vous emportant avec moi. »


Une lumière assez forte s’était mise à irradier de l’intégralité du corps de la femme. Si elle pouvait l’emmener avec elle, le monde serait beaucoup plus … Elle hoqueta lorsqu’elle sentit son coeur exploser à l’intérieur de sa poitrine. Elle avait mis trop de temps … elle n’allait pas pouvoir … l’éliminer. Une explosion se produisit quelques secondes plus tard, un nuage de fumée se soulevant là où elle s’était enclenchée.

« TERY ! C’était quoi ça ?! »

Ce ne fut ni Elen, ni Manelena qui avait crié le nom du jeune homme mais Clari. Celle-ci s’était déplacée avec une vélocité folle en direction de l’explosion, finissant par arriver jusqu’à l’endroit où un nuage de fumée empêchait toute vue. Tsss ! Ele fit un mouvement de la main, balayant ce brouillard de poussière.

« Te … Tery. TERY ! »

L’explosion aurait normalement dût en terminer avec lui mais le jeune homme n’avait que des brûlures assez légères sur une bonne partie de son corps. Et puis, il s’était retourné vers elle, lui faisant un grand sourire avant de murmurer :

« Oui, Clari ? Il n’y a plus d’adepte de Zélisia. Elle est morte … j’ai réussi à la tuer avant qu’elle ne termine ce qu’elle avait débuté. Mais … tous les adeptes de Zélisia peuvent faire ça ? Tous ? Comment c’est possible ? »

« Disons que ce n’est pas forcément une magie dont on aime parler, Tery. Viens, on va retourner auprès des autres. Ils sont sûrement déjà derrière moi. »

Il hocha la tête positivement avant de faire quelques pas en sa direction. Il tendit sa main vers elle, se concentrant un peu comme pour réfléchir. C’est étrange, très étrange mais elle avait une sensation déplaisante. Elle vit sa main qui tâtonnait le vide.

« Tery ? Tes yeux … ne me dit pas que … »

« Si, j’ai du mal à voir, à cause de la poussière mais ce n’est rien de spécial. Tu veux bien me raccompagner, s’il te plaît ? Tu seras un amour. »

Un amour ? Ah, elle retrouva rapidement le sourire avant de plaquer le jeune homme sous son épaule, le gardant auprès d’elle avec une grande tendresse. Puisqu’elle devait se montrer comme un « amour », autant le faire non ?

Lorsqu’il retrouva les autres, les questions affluèrent de partout, Tery signalant tout simplement qu’il n’y avait rien de bien grave. Il n’était pas au seuil de la mort et les brûlures n’étaient pas si dangereuses que ça. Mais bon … ils avaient réussi … ce que les rebelles désiraient. Si avec ça, ils ne gagnaient pas leur confiance.

« Pour l’heure, nous allons nous reposer. Je pense que nous l’avons bien mérité. Bon, je ne suis pas une charognarde mais avez-vous vérifié leurs cadavres ? Peut-être qu’ils ont des vivres ou autres. Pour l’adepte … hum … il ne faut plus rien espérer. »

Manelena avait repris les commandes du groupe tandis qu’Elen cherchait à voir ce qui clochait chez Tery. Celui-ci restait accroché à Clari, murmurant à Elen qu’il avait juste besoin de se reposer, rien de plus. Elle ne chercha pas à obtenir plus d’informations, ne faisant que murmurer qu’elle voudrait être à la place de Clari. La femme aux couettes blondes eut un grand sourire avant de confier Tery à Elen, disant au premier que la seconde pouvait parfaitement s’occuper de son homme.

Finalement, après vérification, les soldats n’avaient que le strict minimum. Soit ils avaient été près de rentrer, soit ils n’avaient rien du tout et ils auraient dut vivre en milieu hostile. Mais ce fut Elen qui corrigea les propos de Tery, disant calmement :

« Une adepte de Zélisia est capable de produire la nourriture et l’eau de base. Même si pour une trentaine de personnes, cela me semble beaucoup. Elle devait s’épuiser à la tâche chaque jour pour pouvoir les nourrir. »

« Mais ça ne changera pas que la nourriture produite de cette manière est vraiment très basique et sommaire. Elle nourrit et elle abreuve … mais elle ne fait que ça. C’est à peine si elle a un goût et encore. Je ne le conseilles pas, sauf pour survivre. »

Séran avait complété les propos d’Elen avant que tous ne se réunissent pour installer les tentes et justement préparer le repas. Autant en profiter pour se reposer … et surtout qu’ils avaient mis une distance respectable par rapport au massacre orchestré.
Le repas fut des plus calmes, Tery étant visiblement épuisé par rapport à ce qu’il avait accompli. Il avait remarqué les bref coups d’oeil d’Elise. Hum, visiblement, il n’avait pas été le seul, n’est-ce pas ? Il ne fit qu’hocher la tête pour lui signaler que oui, lui aussi avait entendu la voix comme la dernière fois.

« Je vais aller faire le tour de patrouille cette nuit et … »

« Je vais rester avec Tery pour lui tenir compagnie. Il risque de s’endormir sinon. »

Le jeune homme tourna son visage vers Clari. Si elle voulait ? Elle avait compris qu’il voulait surtout être seul pour le moment ? Mais cela ne dérangeait guère le jeune homme. Lorsque tous fûrent au lit, Clari se plaça à côté de lui, murmurant :

« Alors … Comment est-ce que tu vas, Tery ? Ca n’a pas l’air d’aller … n’est-ce pas ? »

« Clari, je … je … ah … comment je peux dire ça .. j’ai juste peur de ne plus pouvoir me contrôler, plus du tout. Cela me fait terriblement mal et … »

« Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet, loin de là .Tu es plus que capable de gérer ce problème et tu as déjà montré que tu n’auras aucun souci. Pourquoi est-ce que tu t’en fais maintenant ? Quelque chose a changé par rapport à la dernière fois ? Ne me dit pas que tu as peur de mourir à cause de cette explosion, quand même ? »

« Je ne sais pas. Lorsque mon corps s’est enfin apaisé, je craignais de ne pas survivre mais en plein combat, ça ne m’a pas dérangé, comme si je n’avais peur de rien du tout. Je ne comprends pas trop … ce qui se passe avec mon corps. Je ne comprends pas du tout. »

« Ah mon petit Tery adoré. » soupira Clari avant de le presser contre elle, caressant ses cheveux bruns. Comme d’habitude, il se laissa faire tandis qu’elle chuchotait : « Tu es et tu resteras toujours le même Tery que je connais, celui qui m’a permis de m’afranchir de mon rôle de soldate. Je suis certaine que Manelena pense pareil de toi. Tu nous as permis de voir plus loin que nos obligations à chacun, tu nous permets d’être libre comme le vent. Tu me permets de penser … à autre chose, à un avenir meilleur. »

« Tant que ça ? Toutes ces choses, tu es certaine que je peux te les emmener ? »

« Sûre et certaine, Tery. Tu es spécial et unique. Allez, restes donc comme ça. »

Il n’était pas sûr que ça soit vraiment très .. bien mais oui, pourquoi pas ? Il plaça aussi ses mains dans le dos de Clari, celle-ci caressant le sien avec tendresse. Il ne fallut que quelques minutes pour que Tery se retrouve tête posée sur les genoux de Clari, en train de dormir.

« Tu sais, Elen. Ce n’est pas la première fois que tu l’observes pendant son tour de garde. Tu peux sortir de la tente, hein ? Personne n’est dupe. C’est l’avantage d’avoir une tente pour vous deux, tu ne fais pas de bruit pour ne pas réveiller les autres. »

« … … … Tery a juste besoin d’un soutien familial … et sa mère n’est pas présente. Je n’ai pas à me mêler de tout ça. »

« Tery reste un fils à sa maman. Un garçon qui continue d’avoir ses peurs et ses craintes. Malgré les années qui passent à nos côtés, il a besoin des personnes proches autour de lui. Tu ne devrais même pas avoir peur de tout cela. »

« Facile à dire … mais non pas à faire. Mais je vais le laisser auprès de toi. Par contre, s’il a froid, est-ce que tu peux … »

C’était déjà fait. Elle avait utilisé ses lignes de Zélisia pour récupérer une couverture peu épaisse mais capable de protéger Tery du froid. Elen retourna dans la tente, sans un mot.