Chapitre 85 : Une mauvaise surprise

ShiroiRyu
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Chapitre 85 : Une mauvaise surprise

« Est-ce que mes données sauront vous convenir ou non ? »

« D’après ce que vous m’avez dit, cela devrait être parfait, j’imagine. »

« Alors pourquoi ce visage déçu depuis hier soir ? » demanda Manelena en croisant les bras, s’adressant au chef des rebelles. Celui-ci répondit dans un sourire :

« Simplement le fait que vous ayez invité tout le monde hier à ma table lors de nos négociations. J’avoue que cela m’a étonné de votre part. »

« Vous ne m’aviez rien interdit, que je saches. Je ne vois pas pourquoi il m’aurait fallut caché de telles informations à Tery et aux autres. » rétorqua la femme aux cheveux argentés.

« Je pensais que vous aviez gardé quelques secret mais il s’avère qu’au final, vous avez une extrême confiance envers toutes ces personnes. Je dois avouer que cela est assez remarquable, mes félicitations. Cela doit être difficile pour vous, non ? »

« Pas vraiment et je n’aime pas vos insinuations. Bon … Je vais retourner voir les autres. J’imagine que l’assaut sera lancé très bientôt, n’est-ce pas ? »

Pour toute réponse, il ne fit qu’hocher la tête positivement, encore avec ce fameux sourire aux lèvres. Elle devait reconnaître qu’il avait du charisme, elle comprenait pourquoi des milliers d’hommes et de femmes avaient décidé de le suivre, alors qu’il n’avait pas de sang noble.

A partir de là … ah … non, qu’est-ce qui lui prenait de réagir de la sorte ? Est-ce qu’elle était fatiguée ? Mais hier, elle avait entendu le nom de ce chef : Hémurion. C’est pourquoi elle avait passé la nuit à chercher son origine sans le trouver. Il était totalement inconnu … et à partir de là, c’est ce qui le rendait plus dangereux, beaucoup plus.

« Oh, Manelena ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu fais une sacrée tête. »

« Humpf, Tery Vanian. Cela ne te concerne pas, retournes plutôt t’occuper des autres. »

Hey, c’était lui ou elle venait de lui répondre encore une fois assez froidement ? Déjà que depuis hier, ce n’était pas vraiment la joie … mais qu’est-ce qui lui prenait ? Enfin bon, il valait mieux ne pas lui demander sous peine de se faire lyncher, comme à son habitude. De ce qu’il avait compris, ils allaient lancer un assaut très bientôt, c’est ça ?
Un assaut … donc s’en prendre directement dans les rues de Midès puis le château hein ? Peut-être même que ça serait le premier et dernier assaut qu’il fera avec Elen et les autres. Vu son groupe, il y avait de fortes chances que tout se joue en un instant. AH ! Depuis quand est-ce qu’il avait autant confiance en ses capacités ?
Depuis quand est-ce qu’il se croyait aussi fort ? Tous les jours, il craignait cette voix dans cette tête. Tous les jours, il avait peur de perdre quelqu’un, de mourir, de disparaître … ou tout simplement pire : de devenir fou à cause de ses cornes.

« Pfff … de toute façon, je vais vivre au jour le jour, comme d’habitude. »

Il se disait cela tout en cherchant du regard où étaient les autres. Encore en train de parler avec les rebelles ? Il allait finir par croire qu’il était vraiment de retour à Shunter … comme auparavant, en fin de compte. Ce n’était pas une mauvaise chose.

« Mais dès qu’ils me verront combattre, ils comprendront que je ne suis qu’un monstre. »

Oh, lui-même ne se prenait pas comme tel mais … ah … il ne faisait pas d’illusions. La masse populaire ne lui fera aucun cadeau. Pour l’heure, ils n’étaient peut-être pas encore tous au courant mais comme une traînée de poudre, cela allait exploser. Surtout lorsqu’ils le verront à l’oeuvre face aux soldats de l’armée de Shunter.

« Je ferais mieux d’aller voir Clari, moi. Ca va pas très fort en fin de compte. »

Pfiou, pas du tout la forme même. Il poussa un profond soupir, mettant ses mains dans les poches. Il sentait qu’il y aurait une attaque lancée dans la journée, peut-être dans la soirée. Et à partir de là … enfin, ce n’était pas aussi dirigiste que l’armée de Shunter. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il avait cette impression que rien n’était préparé ?
Hum … Il ne devait pas se plaindre, ce n’était pas à lui de gérer l’armée rebelle mais est-ce qu’ils allaient réellement pouvoir prendre le château avec ça ? Il n’avait pas tellement confiance dans les capacités des rebelles. Mais à côté, s’ils arrivaient à gagner du terrain par rapport à l’armée de Shunter, c’est qu’il y avait une bonne raison ? Leur chef était doué, très doué mais il n’était sûrement pas le seul. Il devait plutôt se rassurer mais une petite boule dans le ventre était bien présente. Il se sentait mal … sans savoir exactement pourquoi.

Un assaut. Ce fût confirmé par le chef des rebelles. Hémurion, c’est bien ça ? Il avait retenu son nom lorsque Manelena leur en avait parlé. Il allait devoir le garder en tête car il avait l’impression que ce nom deviendrait célèbre dans le futur et très vite même. Un assaut … ils étaient encore à plusieurs kilomètres de la cité de Midès mais qu’importe, ce n’était pas du tout cela le problème dans la situation actuelle.
Ils allaient s’en prendre à la cité … sans blesser les habitants normalement, à cause du fameux couvre-feu dont il avait entendu parler. Mais ce n’était pas vraiment ça le problème, le problème, c’était plutôt ce qu’ils allaient combattre. Est-ce que ça serait les soldats de Midès ? Les milices de la ville ? Quelques magiciens ? Car oui, malgré les années qui passent, il n’oubliait pas les différentes guildes là-bas.

Les guildes … ah … il avait vraiment cette impression de renier toute sa nation à cause de cette histoire. C’était stupide mais bon … il pensait toujours de cette manière. Le problème, c’est qu’il semblait être le seul à réagir de cette manière. Restant auprès d’Elen pour le reste de la journée, il attendit que Manelena vienne les chercher, chose qui ne tarda pas.

« C’est bien pour ce soir. Il a décidé de mettre en pratique mes conseils. La ville sera assiégée avec très peu de pertes des deux côtés, Tery, Elen. »

« C’est décidé … ah … d’accord. Est-ce que les groupes .. enfin, comment est-ce que nous allons faire les groupes, Manelena ? »

« Moi, toi, Elen et Clari d’un côté. Royan, Elise, Sérest et Séran de l’autre, rien de plus. »

« J’aurais demandé si c’était normal de nous mettre tous ensemble mais … »

« Souci d’expérience et combat en commun. Royan et Elise sont complémentaires, comme l’eau et le feu. Sérest et Séran sont mariés donc la question ne se pose même pas. Quant à nous, tu as combattu souvent avec Clari et moi dans l’armée. Et Elen bien avant nous donc tu es le mieux placé. Je ne suis pas au stupide mettre mes sentiments en jeu pour ça. »

« Je n’ai jamais parlé de sentiments ou autres. Je ne vois pas pourquoi tu dis une telle chose, Manelena mais bon, je comprends quand même où tu veux en venir. »

« Et je ne veux aucune insinuation à ce sujet … Clari, compris ? »

« Mais je n’ai rien dit … enfin, pas encore, hahaha ! »

La femme aux couettes blondes observa Manelena avec un grand sourire, celle-ci partant pour ne pas avoir à s’énerver une nouvelle fois. Clari se tourna ensuite vers Elen et Tery, les observant tous les deux avant de tapoter contre son coeur :

« Ca sera très dangereux, Tery mais ne t’en fait pas, avec moi à tes côtés. »

« Je dois m’en faire ou ne pas m’en faire ? » demanda Tery tout en rigolant, se sachant parfaitement en sécurité avec elle. C’est pourquoi il ne se posait aucune question à ce sujet, attendant tout simplement qu’Elen prenne la parole à son tour.

« Avec nous deux à tes côtés, tu n’aurais pas à te soucier de tes blessures, Tery. Nous te soignerons dès la moindre goutte de sang sur ton visage. »

« Me voilà définitivement rassuré, les filles. Merci à vous deux. »

Des paroles sincères venant de sa part, pour ne pas changer. Il n’allait pas leur mentir … bien qu’il ne se sentait pas en confiance dans tout ça. Ah … Pfiou … bon … il devait se donner une petite claque sur les joues puis se préparer mentalement au combat.
Royan et Elise vinrent le voir quelques minutes plus tard, le questionnant au sujet des compositions. Il n’hésita pas à leur expliquer les propos de Manelena, signalant que c’était le meilleur choix possible avec des adeptes de Zélisia et Alzar ainsi qu’un démon dans chaque groupe. Avec cela, impossible de perdre normalement.

« J’ai juste … un mauvais pressentiment. Je ne sais pas comment l’exprimer, Tery. »

« Rassures-toi, tu n’as pas à t’en faire. Elise te collera vraiment, j’imagine qu’elle ne laissera personne s’en prendre à toi. De même, si les soldats sont un peu renseignés et malins, ils te reconnaîtront et … » commença à dire Tery avant que Royan ne le coupe :

« Quand mes propres citoyens ont du mal à me reconnaître sans mes habits royaux, tu dois te dire que cela ne changera pas grand-chose de ce côté. »

« Peut-être que oui … mais par contre, sur la partie d’Elise, je suis sûr et certain de ce que j’avance, Royan. Je ne vois pas pourquoi je me tromperais. »

Pour toute réponse, Royan soupira. Bon … Ils étaient donc finalement prêts ? Mais à bien voir ce qu’avait prévu le chef des rebelles, ils allaient être entourés par d’autres personnes. Logique, ils ne pouvaient pas se déplacer par par petits groupes, l’armée de Shunter ne laisserait pas faire ça. Midès ne valait clairement pas Omnosmos en terme de taille.

Hum … mais est-ce que ça serait trop ou non ? Il n’avait aucune idée. Pfiou … Pfiou … Il était temps de se mettre en marche. Mais à chaque pas, il se sentait le coeur plus lourd. Attaquer la capitale de sa propre nation. Qu’on le veuille ou non, ça lui faisait mal, très mal. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à ça.

« Allons, Tery. Tu ne fais pas ça contre ta nation mais pour ta nation. D’accord ? »

« J’aimerai bien le croire mais je ne sais pas … je reste anxieux pour une raison qui m’est complètement inconnue. Je n’arrive pas à comprendre ce que je dois faire. »

« Alors, fais comme moi, agis sur le moment, ça sera beaucoup plus simple ! »

Clari avait toujours des idées invraisemblables ou des paroles qui pouvaient déranger mais … voilà, bizarrement, ça lui convenait parfaitement. Il eut un léger sourire avant que Clari ne pose une main sur son épaule pour le rassurer. Oui, agir comme d’habitude.
Agir comme d’habitude. Les griffes étaient déjà sur ses poings alors qu’ils arrivaient maintenant à une distance respectable de la capitale. Il n’y avait aucun soldat qui surveillaient les entrées ? Oh merde. Il eut un pincement au coeur. Les soldats qui protégeaient la capitale. Il venait d’y penser à nouveau.

« J’espère qu’ils ne seront pas là même si ça date … »

Même si ça date, il se rappelait des soldats qui montaient la garde. Toujours un sourire aux lèvres quand il quittait la ville pour quelques heures. Merde ! Mais qu’est-ce qu’il faisait là ? Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? IL TRAHISSAIT SON PAYS !

« J’y arriverais pas. J’y arriverais pas du tout, c’est juste impossible. »

« Tery, il faut que tu comprennes qu’à l’heure actuelle, tu n’es plus citoyen d’un empire mais du monde. Comme moi ou Elise. Royan, c’est plus compliqué. Mais j’imagine que Clari est comme nous et Manelena est … »

« Ne me mêlez pas dans votre histoire. Par contre, je tiens à le préciser tout de suite : Tery, si je vois que tu me poses un problème pendant l’affrontement, je n’hésiterais à te mettre hors d’état de combattre, compris ? »

« D’a … d’accord. Aucun souci pour moi. Je vais tenter de retrouver mes esprits, ça sera mieux, oui. Ça sera bien mieux en fin de compte. »

Il n’arrivait pas à être cohérent dans ses paroles. Tout était si compliqué, si problématique. Ah … vraiment … Ils étaient maintenant aux portes de Midès. Aucune garde pourtant tout le monde était sur le qui-vive. Ils allaient vraiment passer par les portes normales ? Vrai qu’ils n’étaient pas une armée avec des échelles et autres mais …

En fait, si. Il avait à peine regardé autour de lui mais c’est bien ce qu’il voyait. Plusieurs rebelles possédaient tout un attirail … et il y avait aussi des béliers ? Des magiciens ? Mais en fait, ils étaient vraiment une armée complète ?!

« Pfiou … reprendre sa respiration, reprendre sa respiration. »

C’est comme ça qu’il devait fonctionner et pas autrement. Pfiou … Ce n’était pas simple, pas simple du tout. Comment est-ce qu’il pouvait faire ainsi ? C’était compliqué, vraiment compliqué. Réagir correctement, ne pas se laisser désarmer.

Un pas, puis un autre et ainsi de suite. L’armée rebelle était maintenant dans la capitale de Shunter. Et lui aussi. Pfiou … Anxieux, mal au ventre, prêt à s’évanouir ou presque. Il devait juste prendre sur lui-même. Il devait juste penser à autre chose.

Pfiou … Pfiou … Chaque pas était une véritable torture pour lui alors qu’il marchait devant lui. Chaque pas … chaque pas … Chaque pas. Il déglutit, observant à gauche et à droite. Les rues étaient désertes. Ils étaient avec une cinquantaine de rebelles. Chaque groupe suivait une ruelle en particulier tandis qu’il haletait.

« Pfiou, je me sens pas bien du tout. J’ai une envie de vomir. »

« La ferme, Tery. La ferme, tu ne peux pas prendre sur toi-même ? Ce n’est pas le moment de tout abandonner. C’est aujourd’hui ou rien. C’est aujourd’hui ou tout sera fini. C’est soit nous, soit eux mais il n’y aura pas de demie-mesure. Alors fais-toi pousser une paire et … Laisses tomber, Tery. S’il faut, tu restes en retrait, tu es vraiment inutile. »

Vraiment inutile. Ah … Des paroles très dures et cruelles … mais véridiques. Sauf que Manelena continuait de le regarder avant de soupirer. Ce n’était même pas de la déception ou du dépit, elle était … plus attristée qu’autre chose.

Rendre Manelena triste, ce n’était pas du tout son envie mais … qu’est-ce qu’il pouvait y faire ? Manelena n’allait pas l’écouter malheureusement et les autres aussi. Il prit une profonde respiration alors que ses yeux vagabondaient autour de lui.

Gauche, droite, les ruelles étaient vides et désertes. Pourtant, il apercevait de la lueur dans certains bâtiments. Ils étaient observés, tous craignant la suite des évènements. Mais cela n’allait pas tarder à dégénérer, il en était convaincu.

« Méfiez-vous, l’attaque peut arriver de n’importe quel endroit. »

« Pour la gloire de Shunter ! » hurla une voix provenant du ciel. Aussitôt, il fit un saut en arrière, évitant de justesse plusieurs hommes qui tombèrent au sol, provoquant plusieurs tremblements de terre, créant des fissures sur la rue pavée.

Quelques rebelles s’écroulèrent sur les fesses, des pieux de glace venant se loger sur leurs corps pour les tuer en un instant. Ils étaient une trentaine, à porter diverses armures sur leurs corps. Une trentaine … qui provenait des toits. Et ils n’avaient rien vus ? Comment était-ce possible d’être aussi idiot ? De ne pas avoir remarqué une telle chose ? Mais bon, il n’était pas là pour faire une leçon de morale mais plutôt préparer à se battre.

« Cela ne devrait pas être trop difficile. De l’eau et de la terre, je m’occupe de ceux qui manipulent l’eau. Ceux qui usent de la foudre, faites de même que moi. Pour la terre, ça ne devrait pas être trop difficile, n’est-ce pas ? »

« Je ne pense pas, je vais aller les balayer et … »

« Poussez-vous, je vais juste faire un tir de prévention. » déclara Elen en coupant la parole à Clari. Elle tira la corde de son arc, les lignes blanches paraissant sur ses bras. Une dizaine de flèches quittèrent son arc en même temps avant que des cris ne se fassent entendre au-dessus d’eux. Elle reprit calmement : « Voilà, les derniers soldats ne devraient pas causer de problèmes dorénavant, du moins, j’imagine. »

« Rapide et efficace, on te reconnaît bien là, Elen ! » s’exclama Clari avec amusement.

« Ce n’est pas le moment de s’mauser si vous ne l’aviez pas encore remarqué. »

« Pfff, je le sais, Manelena, je le sais. Oui bon, ce n’est pas bien dramatique non plus hein ? Pas de quoi s’en faire une raison, quoi. »

Clari avait haussé les épaules, tenant sa lourde lame à deux mains. Bon bon bon, c’était l’heure de faire une grande session de nettoyage mais avant … elle jeta un regard en arrière. Tery était toujours là, c’était le plus important mais … serait-il en état de se battre ?

« Tery, mon petit Tery, restes dans les environs si tu ne te sens pas en confiance ! Je restes auprès de toi si cela peut te rassurer, d’accord ? »

« .. … … Merci mais ça devrait aller. Je vais juste les faire s’évanouir. »

C’était étrange. Il ne pouvait pas imaginer qu’il allait tuer quelques soldats. Pourtant, il y avait quelques jours encore, il avait fait un massacre. Pourquoi est-ce qu’il avait une prise de conscience maintenant ? Car il n’utilisait pas ses pouvoirs démoniaques ?

C’était stupide … tellement stupide de penser de la sorte. Ah … pourquoi penser comme ça et pas autrement ? Pourquoi ? POURQUOI ? POURQUOI ?! Ses griffes étaient recouvertes de terre. Il allait juste blesser salement mais pas mortellement les soldats. Les rebelles allaient finir le travail et ensuite, lui-même partirait et … à qui il se voilait la face ?

Il voulait nier la réalité. La réalité était là, cruelle et violente. Des cris, des sorts, des lames qui s’entrechoquent. Les rebelles luttaient ardemment mais visiblement, les derniers soldats de Shunter, dans Midès, étaient parmi les meilleurs. Ils étaient forts, ils étaient résistants, ils étaient capables de tout ravager sur leur passage. C’est pourquoi ils étaient là, tous les quatre. Mais les groupes qui n’avaient pas leurs capacités ?
Comment est-ce qu’ils allaient se débrouiller ? Comment est-ce qu’ils allaient lutter ? Il en avait strictement aucune idée et c’était bien ça qui inquiétait le plus le jeune homme aux cheveux bruns. Cela allait être une véritable boucherie. AH ! Il fit un pas sur le côté, sa main droite plaquant le crâne d’un soldat contre un mur, lui explosant la tête. Zu … ZUT !

« Tery Vanian, c’est bien ça ? Je … ne m’attendais pas à te revoir. »

Hein ? Comment ça ? Il eut juste le temps de reculer que des pics de glace se plantèrent dans le mur à côté de lui. Vraiment ? Vraiment ? Maintenant ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il devait se présenter maintenant ? Il avait reconnu cette voix bien que cela faisait des années qu’il ne l’avait pas entendue.

Et ce n’était pas … rien. Cette personne qui se présentait au loin, cette personne de forte stature. Un mètre quatre-vingts dix, au minimum. Aussi grand que Manelena ou presque. Mais surtout cette chevelure noire, il la reconnaissait entre mille. Il n’y avait que ce regard dur et froid qui avait tellement changé en quelques années.

« Olin ? Tu es toujours dans l’armée de Shunter, c’est ça ? Olin ? »

« Et je vois que … tu es devenu un rebelle, Tery. J’ai suivi la moindre nouvelle à ton sujet depuis ce moment où tu fus envoyé sur le front à Honoros. Le moindre de tes pas jusqu’à la trahison avec l’ancienne princesse de Shunter. Mais maintenant, tu continues en te tenant aux côtés des rebelles ? Jusqu’où veux-tu descendre dans l’estime que j’avais pour toi ? »

« Ce n’est pas une question d’estime, pas du tout. »

Mais alors, comment est-ce qu’il pouvait faire ? Zut, il ne pouvait pas laisser les autres se battre à sa place contre lui. Il se le refusait. Cet homme n’était pas spécialement dangereux, pas du tout. Il pouvait encore l’emmener à la raison. Il bredouilla :

« Olin, s’il te plaît, je n’ai pas envie de me battre contre toi. On peut éviter tout ça, non ? »

« Il n’y a pas de retour en arrière pour les traîtres. »

Ça ne sert à rien de discuter ? Il ne peut pas se défendre, c’est ça ? On ne lui laisse pas le choix, n’est-ce pas ? Il regarda l’homme avec tristesse, se secouant la tête plusieurs fois. Il ne devait pas … s’en vouloir. C’était comme ça et pas autrement.

« Je m’occupe de cet homme ! » hurla soudainement Tery avant de frapper dans le sol.

« Tu es sûr de ton choix, Tery ? Tu n’as pas l’air très convaincant. »

« Elen, il faut que je le fasses. Je n’ai pas d’autres possibilités. Je ne peux pas régler ça d’une autre manière. Des fois, la parole ne suffit pas. »

Mais il était hors de question qu’Olin meure. Il en était hors de question. Il allait le battre, le mettre ensuite en sécurité. Comme ça, lorsque tout sera résolu, il pourra continuer à vivre comme il l’avait toujours fait.

« Pfiou … Je suis totalement différent de ce que j’étais Olin. »

« Je le sais parfaitement, Tery. Tu n’es plus l’être que j’appréciais auparavant. »

Des paroles très dures mais qui étaient pourtant dites avec une certaine amertume et sincérité. L’homme en face de Tery les pensait. Pour lui, il n’existait. Il fallait dire au revoir à ces mois passés ensemble ? C’était sûrement … le cas. Quel gâchis.

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