Chapitre 4 : Une mentalité à suivre

ShiroiRyu
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Chapitre 4 : Une mentalité à suivre

« Que tu sois prêt ou non ne changera rien à ce qui va t’attendre ! »

« Je n’ai pas envie de me battre dans de telles conditions. Je préfère vous signaler que … »

Il ne laissa pas la personne prendre la parole. Il ne se préoccupait pas de ce type ! Il voulait juste lui infliger une bonne correction ! L’éducation, même militaire, était parfaite dans sa famille ! Prétendre le contraire, cela revenait alors à insulter sa famille et il n’allait pas laisser faire ça ! Il en était hors de question ! HORS DE QUESTION !

« Je tiens à me présenter quand même. Je me nommes Klork de la famille de la Rage. »

« Zéran de la Vanité est celui qui te mettra à terre pour te faire ravaler tes paroles ! »

« Il n’est pas question de me faire ravaler mes paroles ou autre. Je ne comprends pas pourquoi vous réagissez de la sorte mais … bon. »

Et il pouvait le vouvoyer autant qu’il le désirait, ça n’allait rien changer ! Ce Klork semblait des plus calmes malgré qu’il avait insulté sa famille ! Le jeune homme aux cheveux blonds chercha à frapper dans la hanche non-couverte par l’armure de métal rouge. Avec de tels actes, il allait être facile de repérer ses points faibles à ce type !

« Tu ne pourras plus lutter très bientôt. Tu as tellement d’ouvertures. »

« Je crois que vous vous méprenez complètement, Zéran de la Vanité. Si je ne suis pas couvert sur de nombreuses parties de mon corps, c’est pour me permettre une meilleure aisance dans mes déplacements. En voilà une preuve. »

Un mouvement sur le côté et il esquiva facilement le coup d’épée en bois de la part de Zéran. Celui-ci, un peu étonné, secoua la tête négativement. Ce n’était pas le moment de se faire avoir comme ça ! Il valait mieux, beaucoup mieux que ce type ! Son professeur était un bretteur hors-pair ! C’était un humain qui, pourtant, vivait avec eux depuis si longtemps. Un étrange humain mais c’était bien un humain !

« Je ne te laisserais pas continuer de la sorte ! Qu’importe si tu penses pouvoir esquiver mes coups, ça ne changera rien du tout ! RIEN DU TOUT ! »

« Vous vous emportez trop facilement. Cela est néfaste si vous voulez obtenir des résultats. Calmez-vous mais gardez cette hargne pour vos coups. Cette force peut être terrifiante si utilisée à bon escient. N’est-ce pas ce que vous désirez ? »

« Mais tais-toi ! Arrêtes de me parler ! Tu ne pourras pas me déconcentrer ! Je ne suis pas aussi faible que ça pour me laisser avoir de cette façon ! » hurla le jeune homme aux cheveux blonds, serrant les dents en tentant d’atteindre sa cible. Rien à faire malheureusement. C’était tout simplement impossible … mais c’était mal le connaître !

« Vous allez finir par vous épuiser et cela ne colle pas avec votre stature qui se veut calme et disciplinée. Nous devrions arrêter ce combat avant que vous ne vous fassiez mal, c’est pour votre bien. Je ne voudrais pas être mal vu par votre père, comprenez donc. »

« Laisses mon père hors de tout ça ! IL N’A RIEN A VOIR ! » hurla Zéran avec colère.

Pourquoi parler de lui alors qu’ils sont en plein combat ?! Ce jeune homme en armure rouge, il continue de se moquer ouvertement de lui ! Il semble en avoir rien à faire de ce qu’il ressent ! Il se fichait complètement de lui, ça n’allait pas se passer comme ça ! Une fois, deux fois, mais pas trois ! Il allait exterminer l’existence même de cet enfoiré !

Enfin, c’est ce qu’il avait prévu mais il n’était pas sûr d’y arriver. Ses coups, à chaque fois, ils ne touchaient pas sa cible ou du moins, pas directement. Cet homme arrivait à se battre avec une telle aisance mais surtout à parer ses coups comme si de rien n’était.

« Qu’est-ce que tu me cherches exactement ? Qu’est-ce que tu as à y gagner ? »

« Cela me permet de voir ce qu’est réellement l’héritier de la Vanité. Rien de plus, rien de moins. Si cela me permet aussi de constater sa force, je ne suis que gagnant dans l’histoire. »

Comme s’il venait de commettre un impair à parler de la sorte, l’homme posa une main devant sa bouche pour se taire. Visiblement, il était grandement gêné par ce qu’il venait de dire et il hocha la tête négativement plusieurs fois.

« Je devrais plutôt ne plus parler. Ce n’est pas dans mes habitudes de m’exprimer ouvertement envers une personne qui m’est complètement inconnue. Je tiens d’ailleurs à me présenter une nouvelle fois: je me nommes Klork de la Rage et comme vous vous en êtes sûrement douté, je suis le représentant de la famille de la Rage. Enchanté. » dit-il en une longue tirade.

« Enchanté ? Tu te fous de ma gueule ? En plein combat ? Mais tu me prends vraiment pour un mec ridicule, c’est ça hein ? Tu crois que je n’ai aucune chance contre toi ou quoi ? »

Il allait lui montrer à quel point il se trompait complètement ! Il allait bien finir par l’atteindre ! Mais en même temps, le souffle commençait à lui manquer et il sentait bien que sa tête tournait. Dans le fond, depuis le début de la journée, il s’entraînait presque sans cesse. Bien entendu, il se reposait entre mais ça ne changeait pas grand-chose.

« Je ne veux pas vous paraître insultant, ce n’est pas du tout le cas, Zéran. »

Alors … Qu’il arrête ce petit jeu stupide. Peut-être qu’en s’excusant d’avoir insulté son professeur et indirectement sa famille, il pouvait lui pardonner. Non … Ce Klork, il le regardait sans avoir de la pitié. C’était pire que ça. Il semblait … vraiment gêné par ses propres paroles. Est-ce qu’il s’en voulait réellement ?! Zéran marmonna à voix haute :

« C’est tout simplement absurde. Pourquoi est-ce que tu as voulu m’affronter ? »

« Hein ? Mais je n’ai pas voulu cela. Vous vous trompez complètement, n’est-ce pas ? »

Le jeune félémon aux cheveux blonds émit un petit rictus de colère. Il ne pouvait pas nier ça … Ce type, malgré sa taille et son allure, il ne semblait pas médisant ou méchant mais il l’avait provoqué ! Il devait se battre avec lui ! C’était par respect pour son maître !

« Qu’importe qui ou quoi est à l’origine de tout ça, je combattrais jusqu’au bout. »

« Et si au lieu de considérer cela comme un désir de revanche, on voyait ce combat comme un entraînement, qu’en dites-vous, Zéran ? »

« Un entraînement ? Pourquoi est-ce que j’accepterai un entraînement avec vous ? Donnez-moi une bonne raison que de m’entraîner avec vous ! »

« Et bien … Simplement pour mieux se connaître ? Je suis sûr que cela est une bonne chose et nous permettra de partir sur de bien meilleures bases, non ? »

Il commençait presque à perdre toute envie de se battre. Ce type, malgré qu’il était de la famille de la Rage, il lui donnait plus l’impression d’être de l’Oisiveté. Ses parole étaient calmes, beaucoup trop calmes pour le candidat de la Rage ! Il voyait plus ces êtres tout ravager sur leurs passages, ne laissant que désespoir et perdition derrière eux.

« Tu me fatigues … Même si c’est un entraînement, tu n’aurais aucune chance de me battre. Je suis l’aîné de la famille de la Vanité. Mon père est le monarque actuel. Ma puissance est donc sans pareille contrairement à la tienne. » continua de dire Zéran avec moins de véhémence.

« Cela reste encore à prouver. Mais donc …Considérons donc ce combat comme une méthode pour apprendre à mieux nous connaître. D’ailleurs, c’est ainsi que les membres de ma famille font pour mieux se comprendre. »

Ah mais qu’il se taise ! Il lui donnait mal au crâne à s’exprimer de la sorte. Haletant, il reprenait sa conversation en fixant l’homme aux cheveux verts en face de lui. Il ne souriait pas, il ne montrait aucune émotion ou expression sur son visage. Mais qu’est-ce qu’il avait un air des plus sérieux. Rah … Ce type voulait vraiment le connaître ?

« Qu’est-ce que tu as à gagner en apprenant des choses à mon sujet ? »

« Rien de spécial mais un combat nous permet de nous donner à fond dans ce que l’on fait. J’ai remarqué à quel point vous étiez enjoué en combattant ce qui semble être votre petit frère. Je me suis dit que pour vous, la famille est vraiment importante, n’est-ce pas ? »

« Ne faites pas comme si vous saviez exactement ce que je ressens. Je ne tomberais pas dans un piège aussi grossier, je tiens à vous le signaler tout de suite. »

« Qui a parlé de piège ? Non, seulement, je trouves cela admirable les personnes qui font ça pour leur famille. C’est pourquoi le fait que vous me proposiez un affrontement, même sous le coup de la colère est une bonne opportunité. »

Opportunité, opportunité, c’est bon, ce type a commencé à l’user réellement. Il ne pensait pas ça possible mais il était vraiment fatigué par cet homme. Pfiou … Il n’avait plus envie de lui faire ravaler ses paroles. Quelqu’un comme lui n’aurait jamais cherché à insulter délibérément les enseignements de son maître bretteur.

« Pourquoi … est-ce que tu as dit que mes mouvements à l’épée n’étaient pas parfaits, loin de là ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Avant que l’on se combatte. »

« Tout simplement car ils sont irréguliers. Vous n’êtes peut-être pas fait pour l’épée. »

« Je me suis toujours entraîné et battu à l’épée depuis mon plus jeune âge. Il est peut-être un peu tard pour prétendre que je ne suis pas bon avec, non ? »

« C’est exact ! Alors, l’éventualité que vous soyez juste inefficient avec votre style de combat à l’épée est tout à fait possible, je suis désolé de vous l’annoncer. »

C’est tard, trop tard pour lui dire ça. Il ne se moquait pas de lui. Cela s’entendait dans le ton de sa voix. Cet homme était sérieux. Les membres de la famille de la Rage étaient les spécialistes du combat. Si ce Klork … déclarait une telle chose …

« Ça ne changera rien. Je vais continuer, jusqu’au bout. »

Pour l’honneur de sa famille, même s’il doit finir sur les rotules, il va encore se battre ! Ce n’était pas le moment de flancher. S’il abandonnait maintenant, autant dire qu’il abandonnait tout ! Il devait … encore tout … recommencer. Comment est-ce qu’il pouvait alors prétendre pouvoir devenir le candidat de la Vanité … s’il ne cherchait pas à dépasser ses limites ?

Voilà que malgré l’interruption, le combat venait de recommencer, sans même que le jeune homme aux cheveux blonds ne cherche à trouver un avantage à battre Klork. Zéran donnait des coups qui partaient généralement dans le vide, frappant à côté de l’homme dans son imposante armure rouge. Ah … Ah … Ah … Il était maintenant bien essoufflé.

« Tu n’as pas du mal à te déplacer ? L’armure n’est pas trop lourde ? Comment est-ce que tu fais malgré celle-ci pour y arriver ? Ce n’est pas … normal de se déplacer ainsi. »

« Comme vous l’avez dit de votre côté, vous avez été habitué pendant des années à vous battre à l’épée. De mon côté, les lourdes charges ne sont plus un problème. »

« C’est … normal … Ah .. Mais ça ne changera rien ! Armure ou pas, je vais te vaincre ! »

Il devait arrêter de parler pour ne rien dire. Le combat n’allait pas pouvoir avancer sinon dans de telles conditions. Il avait déjà l’impression qu’il était retardé depuis pas mal de minutes. En même temps, ses chances étaient infimes de gagner … mais pas inexistantes !

Un coup, un second coup, un troisième coup … et voilà que son épée quitta sa main sans même qu’il ne comprenne pourquoi. Le mouvement de la lame de son adversaire avait été si vif et rapide qu’il ne l’avait pas remarqué. Bafouillant, il observa Klork :

« Qu’est-ce que … Ça veut dire ça ? Tu … Tu as fait quoi ? »

« Votre main n’était pas assez serrée sur la garde de votre arme. Je vous l’aie pourtant déjà dit, non ? A partir de là, il ne me fût pas trop difficile de pouvoir prendre l’ascendant sur vous d’une petite frappe, rien de plus, rien de moins. Est-ce que l’on doit considérer que ce combat est terminé ou non ? J’aimerai … vous parler si c’est possible. »

« Ce combat sera terminé seulement lorsque je l’aurai décidé. » déclara Zéran, récupérant sa lame en bois … avant de la planter dans le sol devant lui. « Il l’est maintenant. S’il a suffit d’un seul coup pour me battre, ça prouve que je suis vraiment en retard dans le domaine du combat et que je ne peux pas faire jeu égal avec vous, Klork de la Rage. »

« C’est … vraiment étrange comme réaction. Étrange mais ce n’est pas déplaisant. »

L’homme aux cheveux verts parut surpris des propos de Zéran. Assez surpris au point de se rapprocher de lui, lui faisant face avant de tendre avec lenteur sa main en sa direction :

« Je tiens à clarifier une nouvelle fois tout cela. Je ne suis pas venu dans le but d’insulter votre famille, Kéran de la Vanité. Je tiens à me présenter : Klork de la Rage. »

« Cela ne fera que la troisième fois vous vous présentez est-ce que vous le remarquez au moins ou non ? Car j’en ait pas vraiment l’impression. »

« A ce point ? Je n’ai guère compter. Je tiens à m’en excuser. Ce n’était guère voulu de ma part que de vous donner cette impression. »

« Ah … Laissez tomber et plutôt, expliquez-moi pourquoi vous ne vous êtes pas moqué de moi comme les autres ? Je ne suis pas aveugle. » marmonna Zéran en faisant un mouvement de la tête pour désigner les autres candidats. Sa défaite n’allait pas arranger les choses, il le savait parfaitement. Entre son petit frère et maintenant ce Klork, autant dire qu’il ne faisait pas bon d’être lui-même. Klork haussa les épaules, répondant :

« Pourquoi le ferais-je ? Je n’ai aucune raison à cela. Vous vous entraînez en famille, ne vous l’ai-je pas dit justement auparavant ? Pourquoi devrais-je en rire ?

« Si bien entendu mais ça ne change pas … enfin, qu’est-ce que vous avez à y gagner ? »

« Vous allez devenir le futur candidat de la Vanité, non ? Alors, il n’est pas anormal que d’entretenir une bonne relation avec quelqu’un qui sera un prochain partenaire dans notre prochaine expédition et … Pourquoi ce regard désolé ? »

« Ce n’est pas envers … vous. » murmura Zéran. C’était étrange. Cet homme ne laissait transparaître aucun mensonge dans sa voix. Pourtant, il savait pertinemment que les êtres de la Rage étaient connus pour être toujours francs, c’était surprenant… très surprenant mais pas dans le mauvais sens, loin de là. Autant être honnête jusqu’au bout : « Rien n’est sûr par rapport à ma nomination. Mon père ne sait pas s’il me choisira. Disons qu’il m’a signalé que je manquais de beaucoup de choses sauf que je n’arrive pas à percevoir de quoi il s’agit. »

« Oh … Il faut avouer que cela est assez problématique. Sans savoir ce qui nous attend, il est parfois difficile de progresser dans l’inconnu. »

« Mais il est hors de question d’abandonner maintenant ! J’arriverai à devenir le candidat de la Vanité mais surtout le prochain monarque ! »

« Gardez cette volonté, Zéran de la Vanité. » lui dit Klork, faisant un petit sourire. Zéran le remarqua, un peu perturbé par ce dernier. Hey … C’était quoi ça ? Pourquoi est-ce qu’il était en train de sourire comme ça ? Désarmé par ça, il bredouilla :

« Oui, je vais la garder mais il faut voir si ça va payer un jour, ça, j’en suis pas certain. »

« Je ne peux pas vous aider pour le reste mais j’ai une proposition à vous faire. »

« Hum ? Quoi donc ? » questionna le jeune homme aux cheveux blonds, devenant aussitôt suspicieux. Bien entendu, voilà bien. C’était logique, il y avait toujours un piège et …

« Laissez-moi donc vous servir de partenaire pour votre entraînement au combat. »

« Hein ? Que … Enfin … Pourquoi cela ? » dit Zéran, ne s’étant visiblement pas attendu à une telle proposition de la part du candidat de la Rage. Encore un peu surpris, cela commençait à faire beaucoup en une journée, il reprit : « Qu’est-ce que vous avez réellement à y gagner en vous exprimant ainsi, je peux savoir ? »

« Comme je vous l’ai dit, j’ai apprécié votre entraînement contre votre petit frère. Vous avez un esprit familial très fort et cela est une qualité remarquable pour un félémon. »

« Est-ce que vous n’auriez pas pris un coup de trop sur la tête à vous exprimer comme ça ? Une qualité remarquable ? Il n’y a bien que la famille de la Vanité qui pense de la sorte et encore, ce n’est pas totalement vrai. Vos mensonges ne m’affecteront pas, je vous préviens. »

« Il est nul question de mensonges, loin de là ! J’ai … le désir de vous entraîner pour vous permettre d’accéder à votre rêve. J’ai le sentiment que si je ne le fais pas, je regretterais le fait de ne pas vous avoir laissé cette chance même si ce n’est pas moi qui prendra la décision finale. Si vous ne devenez pas candidat de la Vanité, j’ai cette sensation que vous perdrez toute volonté de vivre et … ce n’est pas possible. »

« Arrêtez vos imbécillités et … taisez-vous. Je crois que j’en ait assez entendu pour aujourd’hui. Vous en avez fini avec mon père, n’est-ce pas ? Alors, il n’y a plus aucune raison pour vous de rester ici aujourd’hui. »

Cet homme. Qu’est-ce qu’il se permettait ? Pourquoi est-ce qu’il en savait autant à son sujet ? Il avait presque l’impression de lire dans ses pensées les plus secrètes. Est-ce que ça voulait dire que son père … l’avait prévenu à son sujet ? C’était n’importe quoi.

« Comme … vous le désirez. Je ne peux pas vous forcer la main, loin de là. »

« Néanmoins, vous pouvez convenir d’une heure matinale dès demain. Mais je tiens à vous prévenir : je ne comptes pas m’arrêter avec un simple entraînement d’une heure ou deux. Vous finirez sur les rotules sans pouvoir reprendre votre souffle. Est-ce que vous comprenez ? »

« Je n’en attendais pas moins de votre part, Zéran de la Vanité et il me tarde simplement d’être demain. Est-ce que cela vous dérange si je ramène plusieurs équipements pour l’entraînement ? Nous pourrons juger alors comment vous améliorer. »

« Tant que vous n’empoisonnez pas la garde des armes que vous allez ramener, je ne vois aucune raison de refuser ça, loin de là. Bref … Je vais retourner dans mes quartiers. Je crois que pour aujourd’hui, j’ai été assez atteint par la défaite »

Sans aucune salutation de sa part, il se retourna pour s’éloigner de Klork de la Rage. De toute façon, il passa en ignorant les autres candidats, sans même un regard en leur direction. Ces types avaient parfaitement entendu ce qu’il avait dit, n’est-ce pas ? Les sept familles étaient donc au courant qu’il allait être entraîné par celle de la Rage.

Pfiou … Aujourd’hui, cela avait été vraiment une journée mentalement épuisante. Il ne s’était pas attendu à une telle rencontre avec un membre provenant d’une autre famille. Ce Klork, c’était étrange de vouloir chercher à l’entraîner. Surtout pour prétendre que cela avantagerait tout le groupe. D’ailleurs, il n’avait même pas vu ses cornes.
C’était … si … bizarre. Il y avait un piège quelque part. Accorder à sa confiance à une autre famille reviendrait à signer son arrêt de mort. Cela avait toujours été ainsi et pas autrement. C’était son seul mode de pensée. La seule façon pour lui de voir les choses. Pourtant, ce Klork, il était vraiment trop honnête. Il prétendait que c’était plaisant de voir un félémon se comporter comme ça envers sa famille.
Etant retourné dans sa chambre, ses pensées continuaient de tournoyer dans son esprit, l’invitant à se coucher sur son lit avant de sombrer dans le sommeil. Est-ce que ça voulait dire que Klork réagissait de la même manière envers sa propre famille ? Il était vraiment très étrange ce type. Il n’arrivait pas à le chasser de son esprit.

Enfin bon, ce n’était pas bien grave dans le fond … c’est ce qu’il aurait aimé se dire. Lorsqu’il se réveilla, il était toujours sous le choc. Encore perturbé par cette rencontre, il ne toucha guère à son repas dans son assiette au dîner, son petit frère lui en faisant la remarque.

« Dis, dis, grand frère, tu es malade ou quoi ? Tu as à peine mangé aujourd’hui ! »

« Zéran. Je n’ai pas voulu faire la remarque devant les employés mais tu as osé oublier l’un de nos rendez-vous ? J’avais demandé à ce que tu me rejoignes dans la salle du trône mais tu ne l’as guère fait. Une servante m’a signalé que tu t’es combattu contre l’un des candidats et qu’ensuite, tu es parti directement dans ta chambre pour te reposer. »

« Que … Euh … Oui … C’est vrai, père. Je suis vraiment désolé. » dit le jeune homme aux cheveux blonds, comme pris en défaut une nouvelle fois. C’était … la première fois qu’il avait oublié un tel rendez-vous. Son père devait être furieux et …

« J’ai aussi entendu dire que tu avais déclaré que ce candidat pouvait revenir demain pour participer à tes entraînements au combat, n’est-ce pas ? Et cela, sans même chercher à avoir mon autorisation. Est-ce que je me trompes ? »

« N.. N… Non ! C’est peut-être de l’impudence de ma part et dès demain, je lui dirais de retourner chez lui tout en m’excusant de la gêne occasionnée. » bredouilla Zéran, ne sachant plus où se mettre. Ses yeux rivés sur son assiette, il sentait bien que c’était définitivement fichu pour lui que d’espérer devenir le candidat de la Vanité.

« Non, tu iras honorer ce que tu as proposé à ce jeune homme de la Vanité et tu iras profiter de l’entraînement qui en sortira. Pour une fois que tu acceptes une aide extérieure à la famille, c’est une bonne chose. Continues sur cette voie, Zéran. »

Hein ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que son père le félicitait ? Ce n’était … pas normal non ? Ce n’était pas ce à quoi il s’était attendu de sa part. Ce n’était pas ça qu’il pensait obtenir comme réponse. Pourtant, quelque part, dans son cœur, un soulagement s’était fait ressentir. Était-ce parce le fait qu’il allait pouvoir confirmait ce qu’il avait prévu avec Klork ? Ou le fait que son père lui avait dit ces quelques paroles ? Il … n’en savait rien du tout.

Chapitre 3 : Abus de méfiance

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Chapitre 3 : Abus de méfiance

Qu’est-ce que ces types voulaient ? Ils étaient toujours là, en train de le regarder. Est-ce qu’ils avaient envie de se battre ? Car si tel était le cas, il n’aurait aucune hésitation. Enfin non, il fallait être un peu sérieux, c’était tout simplement impossible de gagner contre autant de personnes. Néanmoins, qu’est-ce qu’ils avaient tous à le fixer de la sorte ?
Certains étaient en train de sourire, d’autres non. Il ne cherchait même pas à les étudier plus en détail. Il remarquait juste qu’il y avait autant de filles que de garçons, comme il l’avait bien vu la première fois qu’ils étaient passés dans les couloirs. Hmm … Bon, ce n’était pas bien grave. Il n’avait pas à s’intéresser à ces types.
Il se pencha en avant, récupérant les épées et les boucliers en bois que lui et Kosmor avaient utilisés pour leur entraînement à deux. Bon puisqu’il en était ainsi, autant continuer sur cette voie et ensuite, il verrait par lui-même ce qu’il allait faire. Ça allait être bien mieux. De quelle voie il parlait intérieurement ?
Celle de l’ignorance complète de ces personnes dont il ne connaissait rien du tout. Pourquoi continuer à les regarder et les observer alors qu’il ne s’y intéressait pas ? Mais bon, ceux qui ne se moquaient pas de lui … En fait, il n’y avait bien qu’une seule personne qui n’avait visiblement aucun sourire en le regardant. Elle était impressionnante en taille, non ?
Et ces atours … Hmm … Non, il était hors de question de commencer à trouver un quelconque intérêt pour une autre famille. Si cette personne était une pince-sans-rire dans sa propre famille, ça ne le regardait pas le moins du monde. Mais … vraiment …

De toute façon, ces personnes, même si Kosmor voulait qu’il devienne ami avec elles, c’était tout simplement impossible. La mission qui était confiée aux sept candidats pour nommer parmi eux le futur chef des félémons était du genre très sanglante. Bien entendu, à chaque fois, c’était la famille de la Vanité qui avait son représentant qui finissait par gagner mais ce n’était pas qu’un simple détail à noter.

« Ces types, ils attendent de moi un adversaire à leur hauteur. Non, c’est le contraire, ils se moquent de moi. Ils se disent que j’ai l’air bien ridicule. »

Ridicule ? Tout simplement car il n’est pas aussi bien que son père. Car il s’est entraîné avec son petit frère et qu’il s’est fait battre à plate couture ou presque. Il n’était pas assez bien aux yeux de tous et de toutes ! Il n’était pas con ou aveugle ! Il avait parfaitement compris ça ! Il savait parfaitement ce que …

« Maître Zéran, que se passes t-il ? Vous vous êtes encore sali ! »

« Désolé mais mon petit frère voulait que je l’entraîne. Je n’ai pas put refuser sa demander comme d’habitude Vous savez comment il arrive à faire son regard larmoyant, n’est-ce pas ? Il est si efficace avec cette arme, ça en est surprenant. Ah … Dites, pourquoi est-ce qu’ils sont encore là ? Je pensais que c’était fini ? »

« Hmm … En fait, de ce que j’ai cru comprendre, votre père veut les voir, individuellement. C’est pourquoi ils attendent l’ordre avant d’aller se présenter à lui sûrement pour un interrogatoire un peu plus poussé. C’est tout ce que je sais d’un des gardes, pardon. »

« Oh, vous n’avez pas à vous excuser. C’est déjà pas mal comme information. Qu’ils ne viennent pas saccager néanmoins le jardin pendant qu’ils le visitent. »

Il y tenait. Il ne pouvait pas dire que c’était un souvenir de sa mère ou autre. Il n’en avait aucun souvenir. C’était aussi simple que ça. Son père lui avait juste signalé qu’il s’agissait d’une femme d’une extrême beauté, difficile à oublier … alors pourquoi lui-même ne s’en rappelait pas le moins du monde ? C’était … déplaisant.
Grumpf. Par contre, le fait que son père veuille voir les candidats, un par un, là, c’était intrigant. Ce n’était pas dans les habitudes de son père de faire ça. Etait-ce pour faire quelques préparatifs ou autres avant le lancement de l’expédition ?
Mais pourquoi faire que ça soit un par un. Etait-ce alors juste un message personnel à l’encontre de chaque candidat ? Pour mieux apprendre à les connaître et tout ? Etait-ce pour avoir un avantage à confier au candidat de la famille de la Vanité ?

« Non, il n’est pas du tout comme ça. Il a sûrement une idée derrière la tête mais je parie que ce n’est pas du tout ce à quoi je pense. »

Son père n’envisageait pas de tricher. Il était toujours droit et intègre. D’ailleurs, même pour un peuple aussi traître que celui des félémons, là où une certaine ambiance de trahison, vengeance et violence, était présente en permanence, son père faisait office de monarque incontesté et nul n’osait contredire son titre. Il avait toujours été assez impressionné par ça d’ailleurs. De voir en lui l’âme d’un chef qui se faisait respecté malgré leur race.

« Est-ce que je dois réussir à obtenir leur confiance ? »

Il s’était tourné brièvement vers ces hommes et femmes entourés par leurs soldats et serviteurs. D’ailleurs, l’un des groupes n’était plus présent pendant qu’il avait eut le dos tourné. Hmm, sûrement le premier à aller discuter avec son père, n’est-ce pas ? Mais ça servait à quoi d’acquérir leur confiance ?
Dans l’idée, il n’y allait avoir plus qu’un seul candidat à la fin de cette expédition, comme d’habitude. Six des sept candidats étaient destinés à mourir pour la gloire du dernier. Chercher à se rapprocher d’êtres dont il allait oublier le visage juste après qu’ils meurent, ça n’avait aucun intérêt, non ?

Pfff … Il avait envie de recommencer à s’entraîner à l’épée mais pas devant une foule spectatrice. Il n’était pas là pour se mettre en valeur et s’amuser avec son arme, c’est pourquoi il restait quand même réticent par rapport à ça.

« Maître Zéran ? Maître Zéran ? Que voulez-vous faire ? »

« Oh ? Euh … Hum, de quoi est-ce que nous parlions exactement ? J’avoue que je n’ai plus suivi tout le fil de la conversation, je tiens à m’excuser. »

« Par rapport à vos vêtements. Vous ne pouvez pas vous présenter devant ces envoyés dans cette tenue non ? Et il nous faut ranger ces épées et ces boucliers. Je vais appeler une autre servante pour venir les récupérer alors que j’irais vous accompagner pour vous changer. »

« Hmm … Je n’ai pas besoin d’aide pour me changer hein ? »

« Oh que si, vous laissez traîner vos affaires comme à votre habitude. Je dois ensuite ramasser derrière vous. J’avoue que c’est une tâche épuisante mais bon … »

« Zyréna, s’il te plaît … Évites de le dire à voix haute. Les gens peuvent nous entendre. »

Et il avait même des petits rires provenant des personnes au loin. Certains avaient visiblement une audition très développée pour pouvoir entendre ce que venait de dire la servante. Plaçant une main devant sa bouche en voyant qu’elle allait la rouvrir, il finit par dire d’une voix lente, très lente :

« Qu’est-ce que je viens de déclarer ? Tu n’as pas écouté ce que j’ai dit ? »

« Hmpf ! Hmpf … Hmm … Hmpf hmpf ! » tenta dire dire la servante tout en cherchant à se débattre mais sans aucune efficacité malheureusement. Finalement, elle arriva à faire retirer la main de Zéran de sa bouche, prenant une profonde respiration : « Pfiou … J’ai compris le message mais je continuerai si vous n’allez pas vous changer. »

Bon sang. Elle était vraiment intransigeante quand elle s’y mettait. Ce n’était pas parce qu’avec ses cheveux rouges avec cette petite frange de couleur bleue et le fait qu’elle soit sa cousine de cinq ans plus jeune que lui, qu’elle pouvait se permettre un tel langage. Il avait vraiment l’impression qu’il se faisait marcher par les plus jeunes de la famille, même si elle était éloignée. Bon … Il avait compris le message la deuxième fois.

Pfiou, dans sa chambre, il se permettait enfin de souffler un peu. Ce n’était pas tout ça mais mentalement, c’était relativement épuisant. Il avait sentit tous les regards qui se posaient sur lui. Des regards moqueurs, calculateurs. Tous jugeaient ses chances de devenir le candidat de la Vanité. Tous jugeaient alors le fait qu’il soit un adversaire de taille ou non.

« Et tous doivent se dire que je suis plus que pathétique, tsss … »

C’est pour ça qu’il n’avait pas envie de voir ces types. C’était lui qui devait les considérait comme inférieurs par rapport à ses origines. C’était lui qui devait tout simplement les voir comme des êtres incapables de pouvoir rivaliser avec sa famille.

Grumpf. Il entendit quelques frappes à la porte, c’était Zyréna qui lui demandait s’il avait terminé pour qu’il puisse récupérer quelques affaires. Non mais sérieusement. Autant les autres serviteurs et servantes gardaient vraiment une certaine distance avec lui, son père et son petit frère, autant elle, deux minutes après le début d’une discussion, elle n’avait plus rien à faire du protocole et des règles de conduite.

« Des fois, je me demandes si un petit coup sur le sommet du crâne du ne serait pas parfait pour lui remettre un peu les idées en place dans ces moments précis. »

Mais bon, il était pas le mieux positionné à l’heure actuelle pour parler de tout ça. Ah … Bon, voilà, vêtements propres, est-ce que cela conviendra à Zyréna ? Il n’en avait strictement aucune idée. De toute façon, avec sa chevelure rouge, elle était facile à reconnaître et il se rappelait parfois qu’il tentait de l’éviter. Oui, rien que ça !

Le voilà à nouveau en train de se promener dans les jardins royaux. Un bref coup d’oeil lui montrer qu’ils sont toujours là : eux. Les candidats des autres familles. Certains se sont éloignés des autres. En fait, trois sont réunis et discutent entre eux malgré leurs gardes tandis que les deux autres attendent leur tour d’après ce qu’il pensait remarquer.

« Ils auront bientôt fini. Vivement qu’ils partent de là. Plus vite ils disparaîtront de mon champ de vision, mieux je me porterais, tsss. »

C’était méchant et mesquin de sa part mais il en avait toujours été ainsi. Il n’arrivait pas à supporter les autres familles, ça n’allait pas changer maintenant. Pourquoi est-ce qu’il devrait se forcer à voir tout d’une autre façon pour ces personnes dont il ne se rappellera pas l’existence ? Il devait être plus pragmatique … mais était-ce que son père désirait ?

Non, il ne savait pas le moins du monde ce que son père voulait de lui et il ne pouvait pas lire dans les pensées de ce dernier. S’il ne lui demandait pas de façon directe, il n’obtiendra jamais de réponse et à partir de là, autant ne pas se bercer plus longtemps d’illusions. Recommencer l’entraînement comme si de rien n’était ?


En ignorant les autres ? Cela était plus facile à dire qu’à faire. Malheureusement, il y avait de fortes chances qu’il n’y arrive pas. Difficile de se concentrer quand on se savait épié. Il avait un style de combat plutôt rudimentaire et son petit frère était déjà bien plus ingénieux sur de nombreux qu’il était difficile d’ignorer.

« Il m’est déjà supérieur même dans l’expertise du combat. Ça en est presque pathétique de ma part hein ? Humpf … Ils sont sûrement en train de se moquer de moi. »

Il se répétait sans cesse cela, comme pour tenter de se convaincre lui-même. Peut-être que dans le fond, ils n’en avaient strictement rien à faire de lui et ils discutaient simplement de la réunion avec son père. Chacun ayant un point de vue différent, ça permettait alors de savoir ce qui s’était passé. Oui, c’était peut-être ça dans le fond …

« Je ne devrais pas me préoccuper plus longtemps de tout ça. »

C’était peut-être la seule phrase qu’il devait se répéter en boucle. A partir de là, ça serait parfait et il … Ah … Est-ce que les candidats étaient sympathiques ? Il se rappelait justement la phrase de son petit frère. Un bref regard lui indiquerait aisément de quelle famille était issu chaque candidat mais bon …
Il n’avait pas envie de lever ses yeux vers eux. Il ne les baissait pour personne mais les regarder reviendrait à se sentir concerné par eux, par ce qu’ils pensaient, ce qu’ils étaient, ce qu’il voyait. Il ne voulait pas … Son seul intérêt était vraiment pour sa famille. Commencer à porter un quelconque sentiment envers autrui, ça ne pouvait lui être que néfaste même si son père prétendait le contraire.

« Bon … Il faut juste que je souffle un peu, rien de plus, rien de moins. »


Une longue et profonde respiration. Ah … Il ne restait plus qu’une personne, n’est-ce pas ? D’ailleurs, pour la peine, malgré tout ce qu’il avait dit, malgré tout ce qu’il avait pensé, il allait regarder qui était cette dernière personne, le dernier candidat à aller voir son père.

Il fait un peu sa taille … mais il semble si imposant pourtant. Avec ces morceaux d’armure, il n’est pas difficile de savoir de quelle famille il provient. Il n’y a qu’une seule famille vraiment axée sur la guerre et il s’agit de celle de la Rage même loin du champ de bataille. Cet homme a une balafre qui traverse son œil gauche tandis que l’autre est de couleur dorée. Malgré la distance, oui, la rareté d’une telle couleur fait qu’il est facile de la reconnaître.

D’ailleurs, son armure est couleur rubis, comme si elle était capable de produire des flammes et même les endroits où il est possible de voir du tissu, ce dernier est de même couleur que l’armure. Par contre, pour la chevelure verte, il fallait reconnaître un sacré contraste avec l’armure et elle semblait plutôt en bataille bien qu’un peu longue pour un homme.

« Hum ? Est-ce qu’il m’a remarqué ? Bah … Qu’importe. Ils me fixaient, je n’ai pas à m’en vouloir de faire de même de mon côté. Et puis quoi encore. Manquerait plus que je sois honteux de ce que je fais maintenant, ah ! »

Pour la peine, il allait tout simplement recommencer l’entraînement. Se battant contre un ennemi invisible, voilà qu’il tentait pour autant de faire comme s’il affrontait son petit frère. Celui-ci, avec son uppercut fait à la rondache, avait réussi à le surprendre et pas forcément du bon côté. C’est pourquoi il devait tout mettre en œuvre pour trouver une solution face à ça.

Mais comment faire ? Donner un coup de bouclier pour parer celui qu’il risquait de recevoir si son épée était encore déviée ? Faire un mouvement sur le côté ? En arrière ? C’était bien trop compliqué d’envisager toutes les possibilités en plein combat. Et ce genre de réflexions pouvait être plus que mortel pendant un combat, n’est-ce pas ? Il ne devait pas oublier ça.

« Hum ? Oh … Tiens … C’est maintenant à son tour visiblement. »

Voilà qu’ils étaient cinq à discuter entre eux alors qu’il voyait le jeune homme en armure rouge partir vers la salle du trône avec ses soldats et ses serviteurs. Bon … Ben … Ce n’était pas tout ça, n’est-ce pas ? Il pouvait maintenant recommencer comme si rien ne l’intéressait.

Les cinq personnes discutaient entre elles mais cela ne serait qu’une perte de temps que de toutes les détailler. Peut-être que s’il finissait par être nommé candidat par la grâce de son père, alors, il voudra bien laisser un peu de son temps pour ça. Mais pour le moment, il ne voyait pas le besoin. Il l’avait fait sur un candidat, pas besoin que ça soit sur d’autres.

Le combat, était-ce vraiment ce qui lui manquait ? Il y avait sûrement du social aussi mais à part avec son père, son petit frère et les serviteurs de la maison, il était difficile de le voir discuter avec autrui. Mais ils … allaient former un groupe s’il devenait candidat de la Vanité Peut-être que son petit frère avait raison dans le fond ?

« Maître Zéran ? J’ai un message à vous faire passer de la part de votre père. »

Oh ? Elle était de retour pour venir lui parasiter son existence, ne serait-ce que pour quelques minutes. Pourtant, il fit un sourire à la servante à la chevelure bleue, disant :

« Bien entendu, si ce sont pour les habits, je tiens à préciser que c’est fait, je me suis changé. »

« Non non ! Ce n’est pas pour cela. Votre père désire vous voir après le dernière entrevue. »

« Hmm ? Qu’est-ce qu’il me voudrait exactement ? Il ne vous l’a pas dit ? »

« Je n’en sais pas le moins du monde. J’imagine qu’il veut vous montrer ce que vous devez devenir si vous désirez être l’un des leurs ? »

« Attention à ton langage, Zyréna. J’ai l’impression que tu outrepasses déjà ton rôle. »

« Ce n’est pas dans mes intentions, maître Zéran. Vous le savez parfaitement, non ? »

« Hmm … Et j’ai même l’impression que cela est en train de t’amuser, n’est-ce pas ? Ou alors, est-ce que je serais en train de me tromper ? Bref, je viendrais quand cela sera terminé avec le dernier candidat. Ce n’est pas encore le cas, non ? Si je me trompes pas, il doit être de la Rage. Cette famille-là n’est pas portée sur la réflexion et l’intelligence. Ils sont plus connus pour être des soldats militaires avec une vision très droite de l’éducation. De purs combattants. »

« C’est … exact. Je crois que votre père sera ravi de voir que vous vous êtes intéressé au candidat de la Rage. C’est une bonne chose, très bonne chose. Je ne peux que confirmer cela de mon propre côté. C’est … très plaisant, oui. »

« Ne commences donc pas à raconter n’importe quoi. Simplement, il était seul et isolé de son côté, en attendant son tour. Il n’a pas cherché à converser avec les autres candidats, donc, en se mettant dans son coin, il était plus aisé de le voir contrairement aux autres qui s’agglutinent et se collent les uns aux autres. »

« De bien vilaines paroles de votre part, maître Zéran. Néanmoins, qu’importe ce que vous tentez de contredire, vous savez parfaitement que les faits sont là. Je vais alors prévenir les gardes au sujet de votre réponse et je reviendrais vous chercher à ce moment précis. »

« Oui, oui, fais donc comme tu veux. Tu n’as pas besoin de moi, je crois, non ? »

« Nullement mais je tenais à vous le préciser. Bon entraînement en solitaire. Vous savez, continuez à faire des efforts, envisagez le monde qui vous entoure et vous pourrez alors essayer de devenir un grand monarque comme votre père. »

« Qu’est-ce que tu … Allez zou ! Du balai ! Tu dépasses carrément ta fonction ! »

Non mais oh ! Il n’allait pas se faire complimenter par une servante. Du moins, pas par Zyréna. Il ne fallait peut-être pas exagéré. Mais voilà qu’il entendait le petit rire de l’adolescente cornue, celle-ci s’éloignant avec amusement, comme plus que satisfaite de ce qu’elle venait d’accomplir. Ah … vraiment. Il finit par s’asseoir dans l’herbe. Pour la peine, qu’importe s’il venait se salir, ce n’était pas dramatique.

« Ça lui apprendra. Elle n’aura alors qu’à recommencer à laver mes vêtements, ah ! De toute façon, elle n’aura pas vraiment le choix. »


Hahaha ! Voilà qu’il rigolait de sa propre bêtise. Ce n’était pas dans ses habitudes de rire pour un acte aussi infantile mais il fallait vraiment avouer que ça faisait particulièrement du bien dans cette situation. Bon … Quelques minutes à rester dans l’herbe, reprendre une respiration normale et le voilà en train de serrer son arme une nouvelle fois.

L’entraînement se déroulait plutôt bien. La discussion avec Zyréna l’avait un peu embrouillé mais en même temps, il se sentait plus serein. Est-ce que le fait qu’il se soit intéressé à un autre candidat avait vraiment une importance aussi grande ? Ce n’était pas possible, non ? Est-ce que c’était vraiment ce que son père voulait ?

« Ca ne peut pas être ça. Du moins, pas de cette manière. Si c’était aussi simple que ça, je l’aurai fait depuis longtemps. C’est vrai que je n’ai aucun ami mais … bon … Ce n’est pas vraiment très utile dans ces moments-là. »

Bien entendu, c’était à se demander à qui il s’adressait mais finalement, quelques murmures se firent entendre alors qu’il se demandait ce qui était en train de se passer. Ce fût lorsqu’une voix s’adressa à lui, dans son dos, le faisant sursauter, qu’il se retourna aussitôt :

« Vous devriez mieux tenir votre arme. La poigne n’est pas assez forte pour ça. »

Hum hein ? Voilà qu’il … remarquait la personne en armure rouge. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? D’ailleurs, ça ne voulait pas dire qu’elle en avait terminé avec son père ? Donc, c’était à lui d’aller le voir, n’est-ce pas ? Pfff … Ouais, bon, elle s’adressait à lui mais ça ne voulait pas dire qu’il devait lui répondre non plus :

« Vous ne pensez quand même pas que je vais vous remercier non plus hein ? Enfin, pourquoi est-ce que vous me dites ça ? C’est vraiment si moche la façon dont je tiens mon arme ? J’ai pourtant eut l’un des meilleurs professeurs à la lame qui existe dans le royaume des félémons. Me dire ça est un peu étrange, non ? »

« Le meilleur des professeurs est inutile si l’élève n’est pas capable de suivre. Peut-être qu’il aurait mieux valu avoir un professeur plus adapté pour cela. »

« Est-ce que vous êtes en train de critiquer les choix de mon père ? Si tel est le cas, je vous préviens qu’en plus, vous êtes dans notre domaine, je vous le ferais amèrement regretté. »

« Il est nul question de critique ou autres mais de simplement faire une constatation pour que vous puissiez vous améliorer. Vous semblez très motivé dans ce que vous tentez d’accomplir, je trouve cela dommage que vos efforts soient voués au néant car vous avez eut la malchance de ne pas avoir appris correctement ce qu’il vous faut. » continua à dire le félémon.

« D’accord, vous l’aurez voulu. C’en est trop. Je ne vous laisserais pas insulter plus longtemps ma famille et mon maître épéiste. Prenez cette épée, je pense que je vais vous octroyer une petite leçon. Cela vous apprendra à quelle place vous devez vous trouver. »

S’emporter face à un simple type comme ça, ce n’était pas son genre mais dans le cas présent, il allait faire une petite exception pour ce type. Voilà qu’il vint lui envoyer l’épée en bois qu’il utilisait, lui disant de patienter pendant qu’il allait en chercher une seconde. Les boucliers ? Même pas en rêve, il ne comptait pas les utiliser.

« J’espère que vous êtes prêt, candidat de la Rage. »

« Pas le moins du monde car ce n’était pas mon but de vous mettre en colère. J’en suis désolé. » dit tout simplement le jeune homme aux cheveux verts, soupirant de désarroi.

Chapitre 2 : Les règles de l’expédition

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : Les règles de l’expédition

« Encore, encore et encore … »

Rien à faire. Même en cherchant des informations sur les différentes familles, il ne voyait pas pourquoi il s’attardait plus longtemps sur elles. Ce n’était pas tout ça mais sincèrement, en quoi est-ce que ça devait l’intéresser ? Elles étaient inutiles ! Plus qu’inutiles même ! Il n’y avait rien à faire d’elles. Et même les candidats choisis ne seront jamais à la hauteur de cette tâche. Bon … Néanmoins, il se répétait à voix haute :

« Alors, les sept différentes familles sont celle de la Vanité, celle de la Cupidité puis aussi celle de l’Avidité. A ces trois-là, il faut rajouter celle de la Rage, de la Débauche mais aussi de la Gloutonnerie et enfin celle de l’Oisiveté. »

Maintenant, où est-ce qu’elles étaient installées ? Son intérêt pour elles était proche du néant ? Il préférait encore passer une heure ou deux à s’entraîner au combat plutôt que de chercher un quelconque intérêt aux autres familles. Mais … s’il ne faisait pas ça, c’était donc impossible pour lui que d’espérer obtenir l’aval de son père.

« Et sans son aval, autant considérer que c’est impossible pour moi d’être choisi. »

Ah, les six autres candidats pour l’expédition qui permettrait de nommer le futur ou la future monarque du royaume des félémons. Une place très convoitée, qui n’était pas forcément liée au sang contrairement à ce que l’on pensait.

« L’expédition sera de se lancer dans le royaume des célestiens pour récupérer le coeur de l’actuel roi des félémons. En ramenant ce dernier, celui ou celle qui aura réussi à traverser toutes les épreuves, combattu les célestiens et vécu de nombreuses aventures pourra alors devenir le nouveau seigneur des félémons. »

C’est une histoire des plus courantes car elle se répète sans cesse. Par contre, ce n’est pas tous les trente ans ou autres, ce n’est pas une date précise. C’est simplement que … Enfin bon … Il sait juste que s’il veut devenir le prochain monarque, il va devoir retrouver le coeur de son père pour le lui ramener et ainsi pouvoir s’asseoir sur le trône.

« Bon, tout ce qu’il faut savoir, c’est que même ainsi, ça sera un voyage de plusieurs mois voire années. J’ai bien fait de prévenir Kosmor si je dois partir. »

Comme ça, au moins, son petit frère est prévenu à son sujet et il peu donc se préparer à devoir se débrouiller tout seul. CA, de ce côté-là, bizarrement, il ne s’en faisait pas le moins du monde. Il était sûr et certain qu’il s’en tirerait sans aucune difficulté. C’était quand même un enfant des plus remarquables et dont il était fier.

« Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que les sept candidats ne deviendront plus qu’un à la fin de cette série d’aventures et épreuves qui les attendront. Il y a de fortes chances qu’ils meurent, les uns après les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. »

Oui, jamais, au grand jamais, il y avait eut plusieurs survivants dans l’une des expéditions pour récupérer le coeur du précédent monarque. Non, il n’y en avait toujours eut qu’un seul et à partir de là, la question ne se posait jamais si pareille situation arrivait.

Mais si c’était le cas ? Hum … Est-ce qu’il y aurait un combat à mort ? Non, ça ne pouvait pas être aussi simple normalement. De toute façon, les sept candidats allaient très vite s’entretuer, il le savait bien. C’était toujours ainsi. Même si bien entendu, il n’avait jamais assisté à ça, vu que la précédente expédition datait tout simplement de l’époque où son père avait obtenu la couronne après avoir ramené le coeur du précédent monarque donc son grand-père. Oui … C’était toujours ainsi.

« Est-ce que père serait inquiet que je ne survive pas à tout cela ? Mais si je ne participes pas, cela reviendrait à mettre fin à des siècles de contrôle du royaumes félémons ! »

Et c’était pour cela qu’il ne pouvait pas accepter cette idée. Par tous les moyens, qu’importe les sacrifices à accomplir, il devait absolument être choisi ! ZOU ! Dehors, arme à la main, voilà qu’il se dirigeait vers les jardins royaux. Là-bas, il savait qu’il allait être tranquille et surtout qu’il allait pouvoir se concentrer calmement sans que l’on vienne le déranger.

« Bon, on va récapituler quelques mouvements. Peut-être qu’en me vidant l’esprit, j’arriverai alors à trouver ce qui déplaît tant à mon père. »

C’était une bonne méthode pour souffler un peu. Il en était sûr et certain. Se rappeler les bases du combat à l’épée ne serait pas une mauvaise chose. Le jeunne homme aux cheveux blonds fit quelques mouvements plus élégants que vraiment utiles dans un combat, gardant les yeux fermés pendant ces derniers.

« Pourtant, cela ne me pose aucun problème. »

Il ne voyait pas où il avait un défaut, c’était stupide. Ses mouvements étaient propres et soignés, il n’y avait aucune chance qu’il se plante dans les exercices les plus élémentaires. Hum ? Pourquoi est-ce qu’il y avait autant de murmures autour de lui ?

Il finit par rouvrir les yeux, remarquant dans le fond qu’il y avait bien plus de monde que prévu. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Qu’est-ce qu’ils faisaient tous là ? Il cligna de ses yeux rouges, fixant tout simplement les petits comités qu’il voyait dans les couloirs au loin. Se rapprochant d’une servante, il finit par demander :

« Est-ce que l’on a une explication pour tout ça, mademoiselle ? »

« Oh, maître Zéran. Auriez-vous oublié que c’est aujourd’hui que votre père reçoit les différents candidats des six autres familles principales ? »

« Oh ? Oui … J’ai oublié, je dois l’avouer. Je considère que cela n’avait aucune importance à mes yeux mais bon … Je ne compte pas les rencontrer. Ils peuvent continuer leur chemin. Que je saches, les autres serviteurs sont en train de les guider, n’est-ce pas ? »

« C’est exact mais vous êtes certain de ne pas vouloir vous présenter ? »

« Tant que je n’ai pas été nommé directement par mon père, ils n’ont pas besoin de savoir qui je suis. Je ne suis qu’un illustre inconnu à l’heure actuelle. Mais merci pour ces informations. »

« Comme vous le désirez, maître Zéran. Je vais retourner à mes obligations. »

La servante s’inclina respectueusement alors qu’il jetait un bref regard vers les nouveaux arrivants. Humpf … Bien entendu, il n’était pas aveugle. Il voyait parfaitement combien ils étaient : Il y avait trois femmes et trois hommes qui n’étaient sûrement pas plus jeunes ou vieux que lui. Oui, visiblement, c’était toujours ainsi. De jeunes adultes qui étaient parfaits pour accomplir leur future mission commune.
Il s’en doutait mais ces personnes n’étaient pas seules. Accompagnées chacune par quatre soldats et autant de serviteurs, le bruit des pas avait de quoi rendre sourd mais il ne devait pas s’en préoccuper. Pourquoi le ferait-il ? Ces personnes étaient tout simplement de plausibles futurs adversaires et ennemis mortels. Dans ce royaume, on ne pouvait avoir confiance qu’en une seule chose : sa famille. Et encore, ce n’était pas totalement vrai.

« Certains n’hésiteraient pas à tuer père et mère pour accomplir leurs desseins. »

BAH ! Ce n’était pas son cas et il n’envisageait pas le moins du monde une telle pensée. Que certains aient besoin de ça pour obtenir le pouvoir montrait bien là leur faiblesse d’esprit. De son propre côté, il était tout simplement hors de question de dériver du chemin qu’il comptait prendre depuis le début. Ah … Pfiou.

« Bon … Une, deux, trois et quatre. Une, deux, trois et quatre. »

« Grand frère, grand frère ! » s’écria une petite voix avant qu’une petite forme à la chevelure de neige ne vienne le percuter au niveau du ventre. « Tu viens pas voir les autres gens ? Ce sont de futurs amis non ? Si tu décides d’aller leur parler et tout, non ? »

« Ce ne sont pas de futurs amis, Kosmor, loin de là. Je te l’ai pourtant déjà dit, n’est-ce pas ? »

« Mais mais mais … Pourquoi ça, grand frère ? Vous allez aider à récupérer le cour de père, non ? C’est pourtant une chose très importante, n’est-ce pas ? Donc en travaillant tous ensemble, ce n’est pas beaucoup mieux que d’y aller tout seul ? »

« Tu es vraiment trop gentil et candide. Par contre, ça m’étonne que tu saches autant de choses en étant si jeune. Tu n’aurais pas commencé à fouiner un peu dans mes livres ou ceux qui ne sont normalement pas de ton âge, hmm ? »


Petit sourire qui se voulait innocent mais sur le coup, il savait parfaitement qu’il voulait le charmer par cette idée. Il n’allait pas tomber dans ce piège aussi grossier hein ? Oh et puis en fait, si … à pieds joints même. Sa main se plaça sur la chevelure blanche de Kosmor avant qu’il ne reprenne sur un ton doux :

« Peut-être que ce seront des amis pour une journée mais le lendemain, ils risqueront de se retourner contre toi sans même que tu ne puisses te défendre. »

« Hein ? Mais pourquoi est-ce qu’ils feraient ça si ce sont tes amis ? Ce n’est pas logique non ? C’est pas normal ! Moi, je comprends pas pourquoi tu penses comme ça en fait ! »

C’est bien pour ça qu’il le considérait encore trop innocent. Dire que dans certaines familles, à son âge, on lui apprendrait déjà quelques abominations comme le massacre d’autres félémons ou alors la chasse aux Célestiens.

Il avait de la chance d’être de la famille de la Vanité mais cela, Kosmor était encore trop jeune pour saisir ce concept. Il dit dans un léger soupir :

« Je penses ainsi car ce n’est pas possible autrement, Kosmor, voilà tout. »

« Ben que si ! Il faut que tu répètes après moi : Je vais penser autrement. Je vais penser autrement. Je vais penser autrement. »

« C’est plus du lavage de cerveau qu’autre chose, Kosmor, si je commences à répéter sans cesse ce que tu me dis hein ? Tu n’as pas cours ? »

« Hmmm … Hmmm … Ben … En fait … Euh … Je … Comment dire … »

Oh. Sujet fâcheux. Voilà que Zéran fronce les sourcils, se penchant en avant pour avoir le visage de son petit frère en face du sien. Est-ce qu’il avait quelque chose à lui dire ou alors, il devait interroger ses précepteurs ? Car oui, le jeune garçon en avait plusieurs.

« Tu dois m’avouer un truc ou deux, Kosmor ? Attention à ce que tu vas dire hein ? »

« Mais mais mais mais … Promis ! J’ai tout fini et puis, je savais déjà tout ce qui était dit ! Mais le professeur, il m’a dit que je devais rester toute l’heure, ce n’est pas drôle du tout. J’ai juste envie de passer du temps avec toi, grand frère ! »

Encore l’attaque des yeux trop mignons. Il n’était pas assez stupide pour se faire avoir deux fois de suite par la même technique de la part de son petit frère. Sa main se posa sur les yeux de l’enfant avant de lui dire d’une voix calme :

« Je dois m’entraîner encore. Et ensuite, j’ai mes propres leçons. Je suis peut-être un adulte mais ça ne change pas que j’ai beaucoup à apprendre malheureusement. »

« Dis, dis, je peux venir m’entraîner avec toi, grand frère ? Mais juste, tu combattras pas pour de vrai hein, hein ? Pour pas qu’on se fasse mal non plus ! »

Hmm ? Un combat avec son petit frère. Dans l’idée, cela pouvait paraître ridicule mais en réalité, il était vraiment intéressé par tout ça. Le jeune homme aux cheveux blonds fit un petit hochement de tête avant de lui dire de patienter quelques minutes.


Voilà. Quelques secondes après, il était revenu avec deux épées en bois mais aussi des petits boucliers circulaires. Ils pouvaient paraître très ridicules tous les deux mais cet équipement était parfait pour l’entraînement et il ne fallait pas l’oublier. Le plus important était la sécurité avant tout le reste et ça, c’était primordial.

« Alors, comment est-ce que l’on fait, Kosmor ? Jusqu’à ce que l’un de nous deux abandonne, c’est bien ça ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« OUIIIIIIIIIIIII ! JE VIENS TOUT DE SUITE ! »

Il ne lui avait même pas laissé le temps de terminer sa phrase que déjà l’enfant courait à toute allure vers lui. On pouvait croire qu’il n’y avait aucune technique mais il n’était pas stupide.

« La prochaine fois, tu pourras essayer de prévenir avant de jeter sur moi ? » dit Zéran avec un petit sourire. Son petit frère n’était pas n’importe qui ! Il n’avait peut-être qu’une dizaine d’années mais … il avait parfaitement conscience qu’il devait s’en méfier.

« Dans un vrai combat, les gens ne préviennent pas quand ils attaquent, grand frère ! Si tu te fais avoir comme ça, je vais gagner, hahaha ! »

Mouais ! Il s’en doutait un peu mais son petit frère aimait bien le titiller hein ? Bon, il était temps de montrer ce dont il était réellement capable ! Voilà qu’il paraît les coups de son petit frère, visant un peu ses épaules sans trop forcer dans chaque frappe. Le but n’était pas de le faire pleurer mais … il ne faisait pas confiance en Kosmor.


Et à raison, bien entendu ! S’il affrontait son petit frère, c’est bien parce qu’il savait que le combat allait être bien plus ardu que prévu. Malgré son jeune âge, son petit frère était un vrai prodige et ça, il ne pouvait que le reconnaître de nombreuses fois. D’ailleurs, ce combat le prouvait aussi bien que les précédents.

« Tu ne me laisseras même pas souffler un peu, hein, Kosmor ? »

« Moins de blablas, plus de combat, grand frère ! Si tu parles trop, tu vas t’essouffler et donc, tu tiendras pas assez longtemps ! Il faut que tu fasses attention ! »

Voilà qu’il recevait des conseils de la part de son petit frère. A quel point est-ce que tout ça était ridicule hein ? Mais voilà, c’était son petit frère et ce n’était pas pour n’importe quelle raison, hahaha. Cela lui mettait un peu de baume au coeur. Il finit par lui dire :

« Et toi aussi, tu parles beaucoup vu que tu me réponds, non ? Tu es facile à lire. »

« Facile ? Oh, tu veux dire que tu sais par où je vais frapper ? Bon ben alors, même si c’est comme ça, ben je vais très vite me débrouiller ! »

Et voilà qu’il avait compris où voulait en venir Kosmor. Rapidement, les coups accélèrent de plus en plus vite et Zéran devait reculer. Il frappait à une telle vitesse que cela devenait difficile de pouvoir parer les frappes de son petit frère.

C’est ça. Son petit frère n’avait pas encore une puissance suffisante à cause de son jeune âge mais ça ne changeait pas que la déferlante arrivait et qu’il avait du mal à la contenir. Gauche, droite, gauche, gauche, droite, gauche et … ZUT !

« Ne soit pas aussi prétentieux que ça, Kosmor ! Tu es encore trop jeune pour ça ! »

Bon, il n’aimait pas mettre trop de force mais il fallait parfois calmer son petit frère. Il était l’aîné dans la famille ! Il devait montrer l’exemple ! HEHO ! Ce n’était pas comme ça que ça allait se passer ! Voilà qu’il frappa lourdement sur le bouclier de son petit frère, sachant parfaitement qu’il allait le faire tomber et …

« Désolé grand frère mais à chaque fois, tu fais pareil donc j’ai changé ! »

« Hein ? Qu’est-ce que tu … » bredouilla Zéran, ne comprenant pas où il voulait en venir.

Son coup d’épée venait d’être dévié sur le côté. Oui, tout simplement sur le côté. Son petit frère venait non pas seulement de parer son coup mais de lui faire taper le sol avec sa lame en bois mais aussi perdre son équilibre.

« Désolé, grand frère mais la victoire, elle est à moi ! »

Il ne comprit pas tout de suite où voulait en venir le jeune garçon aux cheveux blancs avec cette petite mèche noire. Puis soudainement, comme un uppercut, le bouclier en bois vint le frapper dans le menton, lui faisant perdre tout simplement l’appui sur ses jambes et le faire tomber au sol des plus lourdement. Aie … Il venait … de perdre contre son petit frère.
Le pire dans cette histoire, c’est que ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Non, le pire, c’est que son petit frère pensait qu’il faisait exprès de le laisser gagner … mais ce n’était pas du tout le cas. Son petit frère gagnait toujours par ses propres capacités. Il perdait contre un enfant de dix ans. Dans de telles conditions …

« Grand frère, ça ne va pas ? Est-ce que j’ai fait mal ? »

« N… Non, j’ai juste envie de rester couché pour quelques minutes. Il fait plutôt bon donc j’en profite un peu. Bravo à toi, Kosmor. »

« Tu as encore fait exprès de me laisser gagner. Normalement, mon bouclier peut pas te faire aussi mal que ça ! Si ça t’a pas fait mal, pourquoi est-ce que tu es tombé alors, dis ? »

Il lui répondit brièvement que c’était plus la surprise que la force du coup qui avait réussi à l’étonner dans toute ce combat. Rien de plus, rien de moins, voilà tout ! Ah … Son petit frère vint s’écrouler à côté de lui, bras tendus sur les côtés, ayant jeté son équipement.

« J’ai pas envie que tu partes, grand frère mais … euh … les cousins dans la famille, ils ont l’air vraiment pas sympathiques du tout ! » vint dire Kosmor après quelques secondes.

« Je le sais parfaitement, Kosmor. Mais bon, dis toi que si j’y vais, peut-être que je deviendrais le futur roi et toi, j’ai déjà une place. Tu deviendras mon bras droit ! »

« Wow … Pourquoi ton bras droit et pas ton bras gauche ? Moi, je sais plutôt écrire de la main gauche, grand frère. Ca serait pas mieux, non ? »

« C’est une expression et rien d’autre. » dit-il tout en rigolant. Il avait perdu de vue la raison de son entraînement … comme bien souvent dès que Kosmor était là. Mais avoir Kosmor à ses côtés, ça lui permettait de comprendre bien vite qu’il avait beaucoup de travail. Malheureusement, tout seul, il n’avait aucune chance d’y arriver.

« Dis, tu veux que je demandes à père comment faire pour qu’il te nomme ? Mais je lui demande discrètement, comme ça, il saura pas que c’est pour toi ! »

« Je préfère éviter. Il serait capable de croire que je l’ai ouvertement trompé et que j’ai préféré utiliser mon petit frère pour une tâche indigne de notre famille. Je me chargerai de trouver les réponses à mes questions par moi-même, mais en temps et en heure ! Pour le moment, on va plutôt souffler quelques minutes et ensuite, tu partiras à ton prochain cours, compris ? »

« Hmm … D’accord grand frère mais bien parce que tu me le demandes. »

« Et tu continueras aussi quand je ne serais plus là ! Est-ce bien compris, petit bonhomme ? »

« Hmm … Mais c’est pas aussi bien que les entraînements au combat, grand frère. »

Il le savait parfaitement et il avait compris à quel point son petit frère allait être une terreur sur les champs de bataille mais c’était bien parce qu’un jour, il sentait que ce dernier allait se retrouver là-bas qu’il voulait améliorer ses chances de survie, coûte que coûte.

« Ah ! Enfin bon, allez zou, debout Kosmor ! Je n’ai pas envie que les servantes nous voient nous rouler dans l’herbe. Tu sais bien à quel point ça peut les agacer de voir nos habits salis par les tâches vertes, non ? »

Pour toute réponse, l’enfant eut un petit rire cristallin. Oui, il en était convaincu que lui aussi s’en rappelait parfaitement, c’était le genre de petits détails qui faisait toute la différence à leurs yeux. Même si les servantes étaient tenues de respecter le protocole et leur différence de statut social, même si lui n’avait que du mépris pour les autres familles, il considérait les serviteurs comme des membres de leur famille.

En un sens, c’était le cas bien qu’on le criait pas sur tous les toits. Certaines personnes étaient des branches cousines de la famille de la Vanité et indirectement ou non, servaient pour celle principale. C’est pourquoi il se sentait bien même s’il n’allait pas l’avouer à voix haute. Il avait une certaine retenue à avoir dans de telles conditions.

« Je ne peux pas me permettre de paraître faible aux yeux de tous. »

« Euh grand frère, on devrait vraiment se lever. Y a les gens des autres familles qui nous regardent là. Ils ont l’air de rigoler. »

Hein ? Comment ça ? Il se redressa aussitôt dans l’herbe, regardant à gauche et à droite. Qu’est-ce que son petit frère venait de dire ? Ils avaient déjà terminé ? Ce n’était pas possible ! Non non ! Il venait de dire quoi à l’instant ? Ne pas paraître faible ! Et là, il était en train de montrer tout le contraire, ce n’était pas bon !

« Petit frère, est-ce que tu peux me laisser seul ? S’il te plaît ? »

« Hein mais … Euh … grand … frère ? » dit l’enfant, étonné que son aîné ne l’appelle pas par son prénom comme d’habitude. S’étant remis correctement debout, Zéran laissa son petit frère s’éloigner, celui-ci le regardant une dernière fois sans vraiment comprendre.

« Bon bon bon … Qu’est-ce que nous avons là ? Je n’ai pas envie que l’on croit que je me suis donné en spectacle devant nos invités. »

C’était déplaisant. Vraiment déplaisant de n’avoir remarqué que trop tard ce qui venait de se passer. Si seulement il s’était préparé depuis le début à cette éventualité. Et ils étaient là depuis quand ? Plongeant une main dans sa poche, il en sortit une petite boîte en cuir qu’il ouvrit, en extirpant ce qui semblait être une paire de lunettes. Si les candidats voulaient rire de sa présence, ils pouvaient être plusieurs à ce petit jeu déplaisant.

Chapitre 1 : Déception

ShiroiRyu
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Chapitre 1 : Déception

« D’ici un mois, les choix seront arrêtés pour les candidats de chaque famille. Cela laisse à chacune d’entre elles la possibilité de faire les dernières modifications avant qu’il ne soit trop tard. Comprends-tu ce que cela veut dire ? »

Voix impériale. Assis sur un trône tout de noir en tissu, un imposant homme s’adressait à une personne en face de lui. Un genou au sol, celle-ci avait la tête baissée en direction de ce dernier, ne la relevant pas. Sa chevelure blonde, un peu hirsute, laissait paraître des cornes en spirale alors qu’une voix calme et masculine sortit de ses lèvres, répondant :

« C’est exact, père. Néanmoins, je pense que la majorité d’entre elles ont déjà pris leurs décisions depuis bien longtemps, si je peux me permettre cette remarque. »

« Tu le peux et tu n’as guère tort, certains ne sont pas indécis, contrairement à nous, Zéran. »

« V… Vous voulez dire que … » dit le jeune homme, bredouillant en gardant la tête toujours baissée. « Vous ne savez toujours pas qui vous désirez pour représenter notre famille ? »

« C’est exact. » répondit nonchalamment l’homme assis sur son trône. Une chevelure aussi blonde que celle de la personne en face de lui, ses yeux argentés semblaient comme lire dans le coeur de la personne à ses pieds. Lui aussi avait le même genre de cornes.

« Mais mais mais … Vous savez parfaitement que je suis plus que prêt pour ça ! »

« Insinuerais-tu que tu es donc capable de devenir le candidat de la famille de la Vanité ? »

« C’est exact, vous pouvez me faire confiance, je serais à la hauteur de cette tâche. »

« Je ne suis guère convaincu par tes propos. Tu manques beaucoup trop d’estime personnelle et de confiance en toi pour accéder à une telle responsabilité. »

« Mais je viens de vous… » commença à déclarer le jeune homme, ayant finit par relever la tête pour laisser paraître ses yeux rubis sur l’être assis sur son trône. « Pourquoi est-ce que vous n’accédez pas à ma requête ? »

« Car il s’agit d’une tâche des plus importantes, que je ne peux pas confier à n’importe qui, même s’il s’agit de mon propre fils, Zéran. »

« Je ne suis pas n’importe qui. J’ai les compétences nécessaires pour accomplir cette quête et il s’agit d’une affaire familiale et … »

« SILENCE ! Par ces paroles, tu viens de te discréditer ! Tu sais parfaitement qu’il s’agit là de la sauvegarde du royaume des félémons ! »

« Je … Je … Je suis vraiment désolé, père. » bredouilla le félémon aux cheveux blonds.

« Tu peux l’être. Si tu as fini de m’importuner, tu peux quitter cette salle. J’ai des affaires bien plus importantes à régler. Le groupe des sept candidats sera formé d’ici un mois. A toi de faire tes preuves mais tu pars avec un sérieux désavantage. »

Le jeune homme s’apprêtait à ouvrir sa bouche mais le regard froid provenant de son père lui coupa tout usage de la parole. Déglutissant, comme pris en défaut, il évita le regard des nombreux soldats présents dans la salle du trône, quittant celle-ci d’un pas rapide.

« Un mois … J’ai qu’un mois … »

C’était l’unique phrase que le jeune homme se répétait en boucle dans la tête alors qu’il espérait trouver une solution pour réussir à se faire valoir. Malheureusement, d’après les paroles de son père, il était très mal parti. Il avait vingt ans ! Il était en âge de participer à sa destinée ! Oui, il pouvait utiliser le terme de destinée pour une telle mission.

Un tel événement n’arrivait que très rarement, cela se comptait en décennies voire peut-être siècles ! Les livres d’histoire en parlaient sans cesse et c’était pour cela qu’il avait lu tout ces fichus bouquins pendant des années ! Pour se préparer à ce jour tant attendu ! Et là ? Son père venait de lui déclarer qu’il y avait de fortes chances qu’il ne soit pas choisi.

« C’est injuste, beaucoup trop injuste ! Moi, plus que les autres, je mérite d’y être ! »

Il ne voulait pas décevoir sa famille. Il ne voulait pas que tout cela s’arrête maintenant alors … pourquoi ? Pourquoi est-ce que son propre père se mettait en travers de son chemin ? C’était tout simplement incompréhensible de sa part ! Il n’avait pas à faire ça !

« Je … Je … Ah … Ça sert à rien. Il ne changera pas d’avis. »

« Grand frère, ça ne va pas ? Tu as l’air pas joyeux du tout. »

Oh ? Il s’arrêta dans sa marche, se tournant vers la petite voix enfantine qui venait de s’adresser à lui. A quelques mètres devant lui se tenait un enfant qui devait peut-être avoir une dizaine d’années au grand maximum. L’enfant avait une chevelure blanche plutôt courte, une simple mèche de cheveux noirs venant contraster en son milieu par rapport au reste. Ses petits yeux dorés le regardaient avec inquiétude, attendant une réponse de l’intéressé :

« Oh ? C’est toi, Kosmor ? Qu’est-ce que tu fais de beau ? »

« Je me suis entraîné à l’épée ! On m’a dit que j’étais trop jeune pour ça, comme d’habitude mais ils ont pas aimé quand ils étaient à terre, hahaha ! »

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Zéran. Son petit frère, dire que contrairement à lui, semblait naturellement doué pour tout ce qui était combat. Tapotant doucement le crâne de Kosmor, faisant attention à ses petites cornes en spirale, il lui dit :

« Mes félicitations. En même temps, tu as parmi l’un voire le meilleur professeur pour ça, n’est-ce pas ? C’est normal et logique que tu sois aussi fort. Bravo. »

« Je le suis pas encore autant que toi, grand frère mais un jour, oui ! Mais sinon, tu as changé la conversation ! Pourquoi est-ce que tu semblais triste ? » demanda son petit frère. Humpf … Visiblement, il avait donc décidé de vraiment tenter de lui sortir les vers du nez.

« Disons que j’ai eut une discussion assez vive avec père et que ça s’est mal passé. »

« C’est par rapport à quoi ? Tu peux me le dire ou pas ? »

« Je peux te le dire, bien entendu mais … Je ne sais pas si c’est une bonne chose dans le fond. C’est pas contre toi hein ? Tu t’en doutes, petit frère. »

Voilà que ce dernier lui fit une petite moue boudeuse, signe qu’il n’appréciait pas que son grand frère le laisse de côté. Celui-ci répondit par une mine amusée, continuant de tapoter son crâne tout en reprenant :

« C’est juste quelque chose que j’avais prévu depuis très longtemps et que père ne veut pas que je fasses. Je suis prêt … mais il ne veut pas le comprendre ! Je suis plus que prêt ! »

« Mais tu es prêt à quoi, grand frère ? Tu m’as pas dit c’était quoi exactement. »

« Hein ? Ah … Euh … Je suis juste prêt à devenir un candidat, voilà tout. »

« Un candidat ? C’est quoi un candidat ? » demanda Kosmor qui, visiblement, avait besoin de plus d’informations que ne le pensait son grand frère. Celui-ci se gratta la joue, un peu embêté, ne sachant pas trop quoi répondre exactement.

« Tu es peut-être trop jeune pour ça mais disons que si je suis choisi comme candidat, je risque de devoir partir longtemps, très longtemps. Mais quand je reviendrais, ça sera moi le roi des félémons ! Je prendrais la place de père ! »

« Wooooow … HEIN ?! PARTIR ?! Mais longtemps ?! Mais mais mais ! Nan ! J’ai pas envie que tu partes, moi ! Grand frère ! C’est pas drôle comme blague ! »

« Ce n’est pas une blague, petit frère. C’est pour ça que je fais toutes ces choses de bon matin, comme m’entraîner, courir, lire, c’est pour cette unique raison. »

« Mais … Mais … Maiiiiiiiiiiiiis ! Je ne veux pas moi ! J’ai pas envie que tu t’en ailles ! »

« Tu n’es pas le seul, visiblement. Père ne semble guère motivé à me laisser cette chance mais je devrais te remercier, Kosmor. Je crois que je vais aller retourner dans ma chambre pour trouver un moyen de réussir à le convaincre. J’ai un mois … un seul mois. Ça va aller si vite, il faut vraiment que j’ai une solution d’ici là. » murmura le jeune homme aux cheveux blonds, songeur, commençant à nouveau à avancer sans même regarder son petit frère.

« Dis … Est-ce que tu veux t’amuser avec moi, grand frère ? »

« Hum ? Kosmor, je viens de te dire que … enfin … »

« On m’a dit que j’avais le droit à une heure de repos avant de recommencer à m’entraîner mais à la magie. Tu veux bien, dis, dis ? »

Entraînement vraiment horrible, n’est-ce pas ? Malgré qu’il n’avait que dix ans, l’enfant devait faire autant d’exercices et cela qu’importe son jeune âge. Ah … Il était aussi passé par là mais il ne se rappelait pas que ce fût aussi long et difficile dans ses souvenirs. Non, ce n’était pas le cas. Bon, ce n’était pas grave. Devant son regard doré, il pliait.

« Bon, si tu as une unique heure, la mienne peut attendre alors. Ne t’en fait pas, nous allons nous amuser tous les deux, je te le promets. Suis-moi, petit frère. A quoi est-ce que tu veux jouer ? Tu veux bien me le dire ? »

« Pfff ! Je sais pas du tout ! Moi j’ai dit qu’on allait faire, c’est toi qui décide alors ! » s’exclama Kosmor, maintenant bien plus heureux qu’il y a quelques secondes. Ah … Un vil manipulateur dans le futur, il en était sûr et certain. Mais pour l’heure, ils allaient se contenter d’un moment fraternel.

Le temps passa bien rapidement, peut-être plus que prévu aux yeux du jeune garçon. Car dès l’instant où Zéran signala qu’il devait retourner à ses occupations, Kosmor l’implorait de rester mais cette fois-ci, le jeune homme tenait bon :

« Hors de question. Tu as aussi des devoirs à faire, Kosmor. Je me disais bien que ça me paraissait étrange mais en fait, tu n’as pas envie d’aller en cours, n’est-ce pas ? Tu es du genre à préférer les activités physiques. Petit malin ! Hop, vas-y vite sinon, je ne jouerai plus avec toi la prochaine fois, compris ? »

« Maiiiiiiiiiiis ! Grand frèreeee ! C’est méchant de ta part ! Très méchant même ! Je boude et pas qu’un peu, na ! Je boude vraiment ! »

Pour toute réponse, Zéran tira la langue. Oui, ce n’était pas très élégant de sa part mais qu’importe, il savait que ça marchait puisque Kosmor lui rendit le geste. Ah … Même s’il ne voulait pas l’avouer, cette heure lui avait permis de retrouver le calme dont il avait besoin.

Maintenant qu’il était seul, dans sa chambre, il songea à tout ce qu’il devait faire. Couché sur son lit, des papiers devant lui, il marmonnait pour lui-même quelques paroles dont il était le seul à pouvoir comprendre le sens. Est-ce que c’était une épreuve physique qu’il devait accomplir ? Morale ? Politique ?

Il n’avait aucune idée de ce que son père désirait pour qu’il puisse le choisir comme candidat de la famille de la Vanité. Sa famille était la plus puissante parmi les sept majeures des félémons. Il était de son devoir de se comporter en tant que tel ! Mais comment faire pour que ça se termine à peu près correctement ? Autant dire qu’il n’avait pas trente-six mille solutions malheureusement. Il devait trouver … le moyen d’être bien vu.

« Ah … Je n’ai aucune idée en tête. A me demander si je devrais pas poser la question à Kosmor. Jamais je n’aurai cru qu’il serait déjà aussi loin malgré son jeune âge. »

C’en était presque rageant et il avait même une petite pointe de jalousie envers son petit frère. Ses progrès étaient tels qu’il n’y avait que peu de doute que si lui n’arrivait pas à devenir le successeur de la famille malgré qu’il soit choisi, Kosmor était encore parfaitement placé pour le remplacer. Ah … Son adorable petit frère.

« Normalement, nous devrions nous battre mais … j’y arrive pas. »

Souvent, il entendait de nombreuses nouvelles par rapport aux conflits entres frères et sœurs au sein d’une même branche de la famille de la Vanité. Celle-ci était connue pour ses querelles incessantes internes et qui pouvaient mener à quelques malheureux accidents.

Oui, accident était le terme qu’il fallait utilisé quand une personne décédait de façon assez horrible et mystérieuse. Dans ce royaume, c’était monnaie courante et rares étaient les êtres qui pouvaient se sentir relativement en sécurité. Sécurité toute relative, oui …

« Ah … Enfin bon, ce n’est pas comme si j’avais vraiment à m’inquiéter de ça. »

Il faisait justement partie de ces personnes. En étant le fils du monarque actuel du royaume des félémons, il était pourtant une cible de choix. Mais en conséquence, les visiteurs étaient très rares et lui-même ne pouvait pas sortir sans plusieurs approbations, chose qui n’arrivait guère réellement. De toute façon, il n’avait aucune raison de sortir. Seule sa propre famille comptait dans ces moments précis.

Et même quand ce n’était pas dans ces moments. Elle était l’unique chose qui lui importait dans ce monde plus que futile. Pourquoi devait-il s’inquiéter des autres félémons ? La famille de la Vanité était celle au sommet de la hiérarchie, il n’y avait pas besoin de s’intéresser à cela pour que ça lui convienne.

« Devenir plus fort, encore plus fort, oui … ah … »

Il devait se rentrer ça dans le crâne, pour être au niveau que son père désirait. Du moins, si c’était ce que son père désirait qu’il devienne, chose dont il n’était pas certain. Mais bon, maintenant qu’il avait discuté un peu avec son petit frère, tout allait devenir bien mieux, il en était sûr et certain. Tout allait s’arranger.

« Je vais le faire aussi pour lui, que je devienne au moins un grand frère dont il serait fier. Je ne peux pas le laisser avoir tous les honneurs non plus ! »

Non pas qu’il était jaloux de son petit frère, enfin, un peu quand même, vu toutes les qualités qu’il avait. Il était même certain que son petit frère allait faire chavirer bon nombre de coeurs quand il deviendra adolescent voire adulte. Il devra aussi se méfier des personnes qui tenteront de le séduire pour profiter de son niveau social.

« Enfin bon, ce n’est pas à moi de gérer tout ça et on a encore le temps. Ce n’est qu’un enfant pour le moment, rien de plus, rien de moins, hahaha. »

Alors, ce n’était pas le bon moment pour ça. Reprenant les divers papiers sur son bureau, il s’était mis à les lire avec intérêt. De nombreuses notes sur ce qui allait se passer dans un mois. La chance d’une vie, que tout le monde désirait mais que la majorité n’allait jamais pouvoir ne serait-ce que caresser l’idée. Et oui, la vie était injuste mais c’était ainsi.

Dans ce monde, il y avait les puissants et les faibles. En tant que futur héritier de la famille de la Vanité, se trouvant au sommet de celle-ci en son sein même, il ne devait laisser paraître aucun défaut. Le fait que son père lui refuse la possibilité de participer, c’était un désaveu des plus complets … et cela devant les soldats qui devaient bien rire de la situation.

« Ah … Père, vous m’avez infligé la pire des hontes qu’il soit possible à mes yeux. Pour cela, il me faut absolument me racheter et pour cela … il faut absolument que je sois choisi. Je dois … vraiment le devenir. Devenir le candidat de la Vanité. »

Maintenant qu’il se faisait tard, on vint toquer à sa porte, une servante lui déclarant qu’il était l’heure du dîner et qu’il devait donc venir à table pour rejoindre le reste de sa famille. Bon et bien, d’autres responsabilités lui incombaient visiblement et il était donc hors de question de les ignorer. Il allait devoir se concentrer sur celles-ci et pas autrement.

« Ah … J’arrive tout de suite. Je serais présent d’ici quelques minutes. »

Dire qu’il devait se retrouver face à son père. Bien qu’il ne lui en voulait pas indirectement, sachant parfaitement que si son père ne voulait pas de lui en tant que candidat, c’était pour une bonne raison, le fait de dîner avec ce dernier n’était guère plaisant à imaginer. Mais bon, il était son fils, il lui devait le respect et il le respectait sans aucun problème. Il considérait son père comme un excellent monarque bien qu’il désirait énormément de ses enfants.

« Je ne peux pas lui en tenir rigueur, un échec causerait beaucoup trop de déshonneur. »

Le déshonneur, il n’avait que ce mot à la bouche mais c’était bel et bien le terme le plus important à retenir en tant que membre de la famille de la Vanité. Ah … Il n’avait pas envie d’y réfléchir plus longtemps mais cette pensée le taraudait beaucoup trop. Pourtant, il n’était pas le genre de jeune homme à s’enfoncer délibérément dans une complexité inutile mais à l’heure actuelle, dans cette situation, depuis cette scène dans la salle du trône, tout se remémorait à une vitesse folle dans sa tête.

« Père, je suis arrivé, comme vous le désiriez. »

« Bien, Zéran. Tu peux t’asseoir. Ton frère Kosmor est déjà là bien qu’il préférait attendre que tu sois arrivé pour commencer à manger. »

« Tu n’étais pas obligé, Kosmor, tu sais. Surtout si tu as faim après ton entraînement. Enfin, je tiens à m’excuser de mon retard. » continua de dire Zéran en hochant la tête.

« Nous allons considérer que ce n’est pas bien grave même s’il faut éviter que cela se reproduise, d’accord ? J’imagine que ta déception était grande cette après-midi, n’est-ce pas ? »

« Tout de suite les pieds dans le plat, père. C’est juste une brève infortune qui me touche mais je n’en tiens guère compte si cela peut vous rassurer. »

« Il te reste un bon mois pour trouver les raisons qui m’ont poussé à ne pas te nommer candidat tout de suite et ainsi à changer pour que mon avis diffère à ce moment précis. D’ailleurs, en parlant de candidat, je vais bientôt rencontrer ceux qui proviennent des autres familles Il semblerait que leur décision soit arrêtée depuis bien longtemps. »

« Ces familles prétendent pouvoir égaler la nôtre, père, mais c’est bien pour la famille de la Vanité que je veux devenir notre candidat ! »

« Et ce n’est pas en pensant en solitaire que tu pourras devenir le futur monarque de notre royaume. Le royaume ne tourne pas qu’autour d’un seul homme mais de toute une nation. »

« Je le sais parfaitement, père … mais la famille de la Vanité … »

« Est peut-être celle qui a régné depuis des générations ancestrales mais qu’importe. »

« Qu’importe ? Comment ça, qu’importe ? »

« Car ce royaume ne s’est pas fondé qu’avec seulement la puissance de notre famille mais aussi celle des six autres. Sans elles, nous n’aurions jamais gagné contre les célestiens. »

Grrr. Un petit grognement arriva aux lèvres de Zéran. Les célestiens. Ces êtres ailés étaient l’abomination venue du ciel. Les ennemis mortels des félémons et cela depuis des temps immémoriaux. Une guerre continue et perpétuelle entre leurs deux races, toujours présente actuellement. Et il n’y avait rien pour empêcher tout ça, loin de là.

« Mais il vous faut quand même reconnaître que notre famille est la plus grande ! »

« Zéran. Combien de fois devrais-je te le répéter ? Ce n’est pas ainsi que ça se passe, loin de là. Ce n’est pas en nous considérant supérieurs aux autres familles que nous nous en sortirons. La famille de la Vanité, n’est-ce pas celle de cette dernière mal-placée. Nous sommes forts, nous sommes puissants, nous sommes sans égaux et au sommet des félémons mais ça ne veut pas dire que nous devons ignorer nos concitoyens. »

Son père … Il savait parfaitement qu’il avait raison sur toute la ligne mais non. La famille de la Vanité méritait ce nom et ce titre. Bien sûr, il n’était pas possible de diriger un royaume aussi grand qu’avec sa propre famille … mais considérer les autres familles comme toutes aussi importantes ? C’était tout simplement impossible à concevoir. Il ne pouvait pas s’y plier et cela, qu’importe ce que son père pensait.

« Tu as un mois pour changer ce mode de pensée. Un long mois pour commencer à modifier tout ce qui faisait ta personnalité. »

« Je ne pourrais pas être quelqu’un de différent simplement pour devenir un candidat, père. »

« Dites, est-ce que vous vous disputez, grand frère ? Père ? Ce n’est pas bon les disputes. Ça fait refroidir le repas. Vous devriez manger avant qu’il ne soit trop froid hein hein ? Vous n’êtes pas d’accord tous les deux, dites ? » coupa le garçon à la mèche noire.

« Bien entendu que nous le sommes, je suis désolé, Kosmor. Père, je garderai vos paroles sagement ancrées dans ma mémoire. Nous devrions écouter Kosmor. »

« C’est exact. Mangeons donc, Kosmor, avant que ça ne soit trop froid pour que cela soit digeste. Nous avons eut chacun une rude journée. » termina de dire le seigneur des lieux mais aussi du royaume des félémons, Zéran baissant la tête dans son assiette après ses paroles.

Un mois. Il se répétait inlassablement cette date limite. Un mois … Et même si maintenant le repas était devenu bien triste et silencieux, il jeta un bref regard à son petit frère qui tentait de lui sourire comme pour le remercier de bien l’avoir écouté. Ah … Son petit frère adoré, bien entendu, qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour lui, n’est-ce pas ?

Peut-être qu’il valait mieux en apprendre un peu plus sur les autres familles des félémons ? Bien entendu, il connaissait leurs noms et aussi leurs localisations mais peut-être qu’un rappel ne lui ferait pas de mal. Et une autre pensée lui avait traversé l’esprit : A quoi est-ce que les candidats des différente familles pouvaient ressembler ? Il en avait aucune idée.